Les crépuscules des dogmes

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ORIGINE ET CHUTE DES DOGMES

Le pouvoir exécutif est confié à un conseil d’état (Consilio Supremo). Fixée, dans un premier temps (1755), à cent quarante-quatre membres, nommés à vie, sa composition est ramenée à neuf en 1764, renouvelables annuellement à raison de six pour le Deçà et de trois pour le Delà. Le conseil d’état est soumis au contrôle du « Sindaco » formé de Paoli et de quatre « syndics » désignés par la Dieta. Les syndics sont chargés de veiller au bon fonctionnement de l’administration et de contrôler les magistrats. Néanmoins, celui qui détient la réalité du pouvoir exécutif est le général en chef, le « Capo Generale », désigné à vie. En tant que président de droit, il a la haute main sur le conseil d’état : sa voix compte double et en matière de guerre, sa voix est décisive. Il préside également deux des trois sections du conseil d’état : la « Giunta della Guerra » et la « Camera di Giustizia ». La justice est entièrement réorganisée. Les fonctions de Podestat, assistés de deux « pères du commun », à la fois maire et juge de paix, sont conservées. Une juridiction provinciale est instituée, composée d’un président et de deux assesseurs désignés par la Dieta Generale ainsi que d’un avocat nommé par le conseil d’état. Au sommet de la hiérarchie est créée une Rota Civile, sorte de cour d’assises supérieure, formée de trois docteurs en droit, nommés à vie. La Rota est assisté d’un jury de six pères de famille, créée à cette occasion. Enfin, un tribunal spécial, semblable à une haute cour de justice, la Giunta est mis en place. Composée de trois membres, présidée par Paoli, la Giunta a pour fonctions d’instruire et de prévenir les crimes. Dotée de pouvoirs exorbitants que ne compense pas le contrôle des Syndics, elle est chargée de faire régner l’ordre et, dans ce domaine, elle s’est acquis une réputation de rigueur et même de terreur, connue sous le nom de « giustizia paolina. » La constitution de Paoli est une république de notables, voire une dictature de salut public, tempérée par l’influence des notables ; Paoli étant un homme d’action plus que législateur. En effet, si le suffrage est en principe universel, seuls sont appelés à voter dans les communautés villageoises, les chefs de famille. En 1764, le suffrage indirect remplace le suffrage universel. La souveraineté populaire est contrebalancée par les prérogatives dont dispose Paoli de convoquer aux séances de la

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Collectif des 12 Singes


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