Mémoire de Fin d'Etude - Juin 2011

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Vivre à nouveau au Marché de Meaux

Colette Nouis Claude Eveno > Di recteur de mémoire Diplôme 2011



Dominique Boutin, pédologue et professeur à l’ENSNP, Président du Jury Claude Eveno, Urbaniste, cinéaste, écrivain et professeur à l’ENSNP, Directeur de travail de fin d’étude Jean Grelier, paysagiste et architecte DPLG, professeur à l’ENSNP, Enseignant de l’ENSNP Emeline Davres, Direction de l’urbanisme de Meaux, Personnalité représentant la maîtrise d’ouvrage Fabio Piccioli, paysagiste DPLG, Personnalité reconnue pour ses compétences professionelles



Mes professeurs Claude Eveno et Jean Grelier Mesdames Emeline Darves, Caroline Jaroszek et Aurélie Gauthier Monsieur Philippe Leterme Martin & Aliette, Antoine & Armelle, Eric & Florence Eloyse notre «promo sauvage»


L’Homme & la Rivière, une histoire en cinq tableaux

Cinq images pour un lieu unique : une boucle de Marne à Meaux

Voyage culturel

Regard par dessus l’épaule

Dans mes yeux

Prélude au projet


page 11 Premier tableau : La Rivière Paysage

Second tableau : La Rivière Nourricière Troisième tableau : La Rivière loisir Quatrième tableau : La rivière Industrielle Cinquième tableau : La Rivière Circulation

Membres du Jury Remerciements Sommaire Introduction

De la Brie & de ses belles boucles

page 23 Deux coeurs pour une même ville : le Marché & la cathédrale Les ponts & les moulins Par voie de terre Par voie d’eau Chapelet industriel meldois La Marne plaisir

page 39 Premier voyage : La rivière romantique Second voyage : l’Ecole de Barbizon Troisième voyage : le Courant Impréssionniste Quatrième voyage : Première moitié du 20ème siècle Cinquième vayage : Seconde moitié du 20ème siècle «Meaux, Ville d’Art & d’Histoire», préoccupation des élus meldois

page 49 L’exponentiel pour développement Le corps du quartier Des veines végétales dans la ville Fenêtres sur eaux Se laisser surprendre Par mes pieds page 63 Reflexion «La ville réduite à la voiture» D’une berge à l’autre La promenade

Etablir le périmètre du site Echanges page 87 Boulevard urbain & prolongements Aborder Un lieu commun

Conclusion Bibliographie Annexes



es foires médiévales de la cité briarde ont façonné et construit la ville. Le quartier du marché est alors un bastion de sécurité et de résistance économique, culturel et religieux. Le quartier s’entoure d’eau, s’isole en insulaire. Meaux s’érige en deux coeurs, de part et d’autre de sa rivière, la Marne. La vie bouillonne et bat son plein sur les bords de l’eau, cadencée par les crues et les étiages des saisons.

siècle. La révolution industrielle s’est installée sur la rivière, transformant les économies locales. La force motrice de l’eau est intensément exploitée, le trafic fluvial atteint son apogée. L’automobile fait son appartition et tout se transforme. Les modes de transports mutent et les trames urbaines se modifient en profondeur pour « adapter la ville à la voiture ».

Le quartier du Marché subit aujourd’hui les conséquences de cette mutation rapide et radicale. Il doit gérer à la fois son statut d’entrée de ville et de centre ancien. Le quartier n’est plus qu’un lieu de passage, il s’est isolé de sa rivière fondatrice. Le Marché s’est affranchi de l’eau et de ses liens avec elle. La vie du quartier étouffe, scindée en son centre par la dissolution d’une autoroute et emprisonnée dans la pauvreté de ses relations à la rivière. Mon travail tente d’établir de nouveaux liens entre l’habitant et son lieu de vie : les déplacements au coeur du quartier, ses liaisons à la rivière et à l’eau, sa place dans l’agglomération, comme porte sur la ville. Enfin, il tente de trouver des outils pour magnifier ce joyau urbain qu’est le canal Cornillon et aider la ville dans son désir d’améliorer le cadre de vie de chacun et dans sa quête de qualité urbaine.




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C. Monet Les Peupliers au bord de l’Epte

Les rapports de l'homme à l'eau sont infinis. Et infiniment différents. L'eau est essentielle à la survie de l'espèce humaine. Mais avec le temps, au delà du besoin vital, l'homme a développé un « partenariat » indispensable avec l'eau. Ces rapports varient beaucoup suivant la présence de l'eau : lac, torrent, rivière ; si elle est de montagne, de plaine ; si nous sommes à sa source, ou bien à son confluent... Nous pourrions aussi extrapoler jusqu'à la forme des rapports qu'entretient l'Inuit avec la neige...

Nous allons nous cantonner à observer le rapport de l'homme avec la rivière de plaine. La rivière « calme », celle dont le flux est relativement constant, celle dont les abords et l'approche sont aisés. Celle qui est peut être la moins spectaculaire, mais qui, sans aucun doute, présente les liens les plus riches avec l'homme. Ces liens sont forts. J'irai jusqu'à dire épais. Ils sont vieux, ils sont usés, mais ils sont toujours poursuivis, renouvelés.


Premier tableau 14 de gauche à droite A. Renoir - Le déjeuner des canotiers C. Monet - Baigneurs à la Grenouillère C. Pissarro - Le Petit Pont, Pontoise C. Pissarro - L’Oise

La notion de paysage est modulable à travers les cultures et les époques. Pourtant l'eau, et en particulier la rivière, est une composante très marquante de nos paysages. Leur beauté, comme appréciation subjective, nous permet de nous attarder sur chacun de ces paysages. A condition que nous parvenions à en relever les caractéristiques singulières. Le paysage d'une rivière peut être le regroupement d'une infinités d'appréciations, de regards.

Nous pouvons regarder la rivière avec différents yeux : ceux du géologue, du géographe, de l'urbaniste, du peintre, de l'hydraulicien, du marinier, du pêcheur, du photographe, de l'autochtone, du promeneur, du botaniste, de l'ornithologue... Je la regarderai avec les yeux du paysagiste. Pour l'homme antique, la rivière est souvent un milieu protecteur et favorable à son installation. Elle est à la fois un rempart naturel et l'assurance de sa survie. Elle rythme son temps par ses crues et décrues et elle marque son


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espace, en créant une limite, mais aussi en les repoussant lorsqu'elle lui permet de voyager. Elle lui apporte eau et nourriture. La rivière est alors un tout. Un peu mystérieux, mais vivant et mouvant. Aujourd'hui nous expliquons beaucoup de choses. Mais la part ressentie est encore un moyen fin et juste pour s'approprier et comprendre un lieu. Ma sensibilité à la rivière est aussi le fruit d'une culture et d'une éducation.

Parfois les artistes - peintres, photographes, poètes, écrivains et musiciens - réussissent à traduire, avec leurs outils, un paysage. Et ce sont aussi tous leurs regards qui forment notre sensibilité et nos propres yeux. Ainsi, je ne peux pas nier que « la Marne » dans mon imaginaire, se raccroche immédiatement à un paysage familier. Celui de mon enfance, des promenades le long des berges, à Champignysur-Marne, chez mes grandsparents. Mais elle se raccroche aussi à un imaginaire façonné par les peintres impressionnistes.

Piégeurs de grandes fresques vibrantes et colorées, la Marne de Renoir et Monet, l’Oise de Pissarro ; la rivière inscrite en mythe. Le mythe impressionniste, guinguettes et canotage. La rivière véhicule une image de plaisir et de loisir. Généralement, elle s'associe aussi à un milieu campagnard, du moins végétal et calme. Dans nos villes, ce sont des espaces en redécouverte, des espaces que l'on veut respiration et sérénité. Ce sont aussi des milieux-images, des vitrines sur nos villes.


Second tableau 16

L'eau est essentielle pour la vie. L'homme a su trouver dans la rivière un réservoir multiple pour son alimentation et sa survie. Les rivières sont de précieuses ressources en eau potable pour les hommes. Jusqu'à notre ère contemporaine, les hommes viennent puiser leur eau directement dans la rivière. L'eau de la rivière, courante, constamment renouvelée, est une garantie de qualité. Les rivières courantes, bien oxygénées, sont aussi des viviers. Les hommes ont toujours pêché et la rivière de plaine, facile d'accès, est une alliée précieuse.

Enfin, un aspect essentiel de la rivière nourricière s'observe sur les terres même, aux alentours de son lit. Avec le système de crues – décrues et les mouvances de lit du cours d'eau, s'établit sur les sols une importante quantité de limons. En principe, ces terres limoneuses suivent le cours de la rivière, sur une largeur variable. Les terres sont alors riches et particulièrement favorables aux cultures. L'homme sait tirer parti de ces concours de circonstance.

Cette fécondité des rivières a une inscription directe dans le territoire.

page suivante, de gauche à droite > Baignade dans la Marne > Canotage sur la Marne > La Guinguette, image extraite du film «La Belle Equipe» de Julien Duvivier


Troisième tableaux 17

Une des principales images que nous avons de la rivière contemporaine est l'amusement, le plaisir, le temps libre : le loisir. La vulgarisation du loisir est peut être une des « inventions » les plus significatives de notre société. La rivière est un lieu qui a très vite véhiculé cette image. La rivière de plaine offre des berges simples d'accès, son cours est calme et régulier. C'est l'endroit idéal pour la pratique de toutes sortes d'activités nautiques.

Autour des années 1830, les villes sur l'eau voient fleurir les établissements de bains. Les équipements sont d'abord très éphémères. Ce ne sont que de simples piquets de bois, plantés dans le lit de la rivière puis tendus de toiles. Très vite, ces aménagements font place à des pontons flottants qui délimitent un bassin. A la fin du 19ème siècle et au cours du 20ème, les établissements de bain sont maçonnés, proposent vestiaires et équipements annexes ; les plus importants présentent hôtel, casino, restaurant, dancing...

La rivière est le lieu de l'amusement et du divertissement. Avec les bains, se développent les cercles nautiques et toute sorte de clubs de sports aquatiques. C'est aussi la gloire des guinguettes. Avec tout l'imaginaire de ces établissements et de leur atmosphère : le petit vin blanc, l'accordéon et les après-midis de danse ; les rencontres, les rires, le verbe haut et les promenades en barques sur une rivière champêtre... C'est l'heure de la campagne proche pour tous les citadins.


1950

Vitry s/ Seine

1934

Louvres

1929

Bonnière s/ Seine

Boulogne Billancourt

1904

Bonnière s/ Seine

1860

Noisiel

1850

Corbeil-Essonne

Papeterie Darblay / Chocolaterie Menier / Acierie / Usine Renault / Usine Singer / Silos à grains / Roue-Pelle

1960

Quatrième tableau 18

L'activité artisanale était intense sur les bords des rivières en ville. Ces activités avaient plus où moins directement besoin de l'eau courante. Les plus connues sont la meunerie et la tannerie. Viennent s'ajouter d'autres artisanats, pour la plupart disparus : cordier, blanchisseur, mégissier, rouisseur, teinturier... mais aussi passeur de bateaux et porteur d'eau ! La révolution industrielle installe de nombreuses usines sur les cours d’eau. En particulier sur les rivières d'Ile-de-France. La force

hydraulique est directement exploitée, ou transformée (turbines). Aujourd'hui ces usines sont souvent au coeur même des villes. Pourtant à leur construction, elles se plaçaient à leurs franges. Par la suite, les faubourgs ouvriers se sont construits tout autour. La rivière avait alors un rôle multiple. C'était à la fois une ressource en eau proche, pour faire « tourner » l'usine ; mais aussi parfois un réseau d'assainissement aisé et de proximité ; mais surtout, la rivière était un élément essentiel dans

le fonctionnement commercial de l'industrie : les marchandises transitent par le réseau fluvial. L'Ile-de-France est riche de ce patrimoine industriel. Un rapide tour d'horizon nous fait découvrir une industrie de secteurs très diversifiés. La plupart d'entre elles sont désormais désaffectées. Pour diverses raisons l'activité s'est déplacée ; laissant derrière elle une architecture bien particulière et souvent très forte dans son paysage.


LA FERME DU BUISSON (1880 - 1960) Des cultures agricoles aux cultures artistiques Ancienne ferme industrielle de la chocolaterie Menier. Site de production et de transformation des produits agricoles necessaires à la confection du chocolat. Depuis les années 80, la ferme est une fabrique culturelle. Plusieurs équipements publics y ont pris place : > un cinéma de deux salles > un théâtre > un centre d’art contemporain > une médiathèque > une salle de concert > un restaurant

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Ces usines sont à la fois la marque et l'emblème d'une époque. Leurs ensembles font désormais parti du paysage des rivières d'île-de-France. Ils sont à la fois l'objet d'une mémoire collective, des composantes de paysage, la restitution d'une histoire, un patrimoine architectural. Au même titre que d'autres monuments historiques, ils sont dépositaires d'une marque de l'histoire de notre société. Peut être aussi, par leur implantation et par leurs formidables et graves silhouettes, d'une partie de nos

erreurs et de nos tâtonnements. Incontestablement ils restent les silhouettes d'une croissance formidable et insouciante. La rivière n'est alors qu'un outil passif dans le processus de production et de développement de notre société. Notre seule préoccupation en est la maîtrise hydraulique. Depuis quelques décennies, alors que son utilisation est moindre dans les flux de marchandises, nous découvrons toute la complexité de ce milieu. Et sa fragilité. Ce nouveau souci de la rivière s'exprime sous différents mots :

écologie, développement durable, qualité de vie, biodiversité. La rivière industrielle n'existe plus vraiment comme au 20ème siècle. Arrivées à bout de souffle, les anciennes usines ne sont pas reconstruites sur les traces de leurs aînées. Développement des villes, recherche d'une nouvelle qualité de vie, contraintes environnementales et sanitaires, sont autant de nouvelles préoccupations qui ont repoussé les usines loin de nos rivières.


Cinquième tableau 20

Transport de marchandises, tous produits et tous bassins confondus, en France entre 1975 et 1999

Notre dernier tableau est celui de la rivière voie de circulation. Pendant longtemps, les rivières ont été des voies de circulations privilégiées. L'apogée du trafic fluvial naît avec la révolution industrielle et meurt avec le règne du « tout automobile ». Les rivières sont alors un mode de transport rapide et économique. Rapide, car l'automobile n'a pas la place qu'elle occupe aujourd'hui et que la force motrice principale sur les routes reste animale. Et économique, car les quantités de matériaux transportées sont considérables par rapport à un convoi de terre.


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Mais le trafic fluvial connaît un essor tout particulier au milieu du 19ème siècle. Avec la révolution industrielle se couplent deux paramètres cruciaux : > d'une part le transport de matériaux et marchandises explose avec la demande générée par l'activité industrielle ; > d'autre part, nous sommes désormais en mesure de maîtriser les niveaux d'eau par la construction de barrages. Couplées au réseau des canaux, les rivières deviennent navigables à toutes les saisons. Les caprices du cours d'eau, ses crues et

ses étiages sont globalement maîtrisés. Les rivières sont canalisées afin de mieux gérer les côtes d'eau nécessaires à la circulation des bateaux. Dans toutes les villes fluviales, des quais et des des hangars de stockage sont construits. Mais depuis les années 70, le développement du transport routier a pris le pas sur le transport fluvial, jugé moins rapide. Malgré ces préjugés et les habitudes, nous commençons à retrouver les avantages du transport fluvial des marchandises : non seulement une péniche ne met

pas beaucoup plus de temps qu'un semi-remorque, mais de surcroit, un unique convoi fluvial transporte bien plus qu'un camion (une péniche de grande taille peut transporter jusqu'à 2000 tonnes de matériaux !). La rivière reste malgré tout un lieu de circulation, en particulier avec le développement de la navigation de plaisance.



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LE DESSIN D’UNE BOUCLE Dans un méandre, l'eau subit une force centrifuge qui la déporte vers l'extérieure, sur la rive concave. Le courant est très fort, l'érosion est importante. Trias : formation de roches calcaires

Quaternaire : le climat modèle la surface du grand socle de la Brie

L'eau évolue plus lentement à l'intérieur du méandre, l'érosion est moins forte, et avec au contraire un dépôt de matières allunionaires.

L'ère quaternaire marque le début de grande période de glaciation. Les variations de température entraînent une érosion qui modèle ce grand socle. L'eau creuse des vallées, tandis que le vent transporte des limons, dits « éoliens », sur les plateaux. L'association de ces limons éoliens et du sous-sol calcaire forme un sol particulièrement fertile et facile à travailler.

C'est à cette même ère quaternaire que les rivières creusent leurs lits. La fonte et le déplacement des glaciers entraînent d'épaises couches de limons. Les rivières coulent et creusent leurs lits en formant de nombreux méandres. C'est la rencontre du cours d'eau avec des masses plus dures : des éléments rocheux. Avec le temps des dépôts d'alluvions se forment et relient les hauts plateaux et le lit actuel de la rivière : c'est le lit majeur du fleuve.

Tertiaire : dépôts de vases, formation de marne, gypse et sables

24 Au cours du Trias (- 250 à -200 Ma) et de l'ère Tertiaire, la mer recouvre périodiquement le bassin parisien. Ces longues phases de submersion déposent des strates successives et complexes de sédiments. Ces concretions marines d'origine animales et végétales forment aujourd'hui des roches calcaires stratifiées. C'est au Trias que se forment la craie dolomitique et la craie blanche à silex. Pendant le Tertiaire se sont plutôt des vases qui donnent des marnes, des gypses et des sables, ainsi que du calcaire de Brie. Les derniers dépôts marno-calcaires se forment au Pliocène, alors qu'un lac occupe le bassin parisien. La fin du Tertiaire se caractérise par la surrection du bassin parisien.


25 Ce sont les vallées de la Seine et de la Marne qui forment les limites du plateau briard ; tandis qu’à l’est il s’étend jusqu’à la Champagne.

L’homme s’est installé sur un méandre de la Marne. La rivière a ici creusé un lit large, protégé au Nord par un demi-cercle de coteaux. C’est un territoire privilégié pour l’homme ; la boucle serrée du méandre est une forteresse naturelle. La rivière forme une presqu’île naturelle, rapidement parfaite par le creusement d’un fossé. La rivière est un rempart naturel. Elle est à la fois défense et démarcation. Les parties basses de l’île sont dévolues aux pâtures et aux prairies inondables. Les terrains en pente douce sont les terres cultivées, tandis que l’habitat est établi au-dessus de la limite des grandes inondations. C’est aussi une position de domination du territoire. Meaux a toujours été une ville habitée et dynamique. Elle a progressivement pris de l’importance avec les siècles, s’enrichissant des échanges et de toute l’activité commerciale générée par des terres agricoles riches. L’activité marchande et commerciale est même fondatrice pour la structure de la ville.


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La ville se développe sur ses deux rives. Alors que Meaux n'eut pu nourrir qu'un unique coeur, elle édifie deux centres, chacun entouré de remparts, telles deux villes jumelles. La première regroupe les pouvoirs ecclésiastiques et politiques. C'est la ville qui se presse contre la cathédrale, le palais épiscopal et le château des comtes de Champagne. C'est la ville catholique. La seconde, c'est celle du marché. Celle qui contrôle la Marne, celle qui s'enrichit par le commerce. C'est la ville économique, la ville des bourgeois marchands.

C'est la ville protestante, bastion récalcitrant et libre. Son coeur et sa structure élémentaire est la place de foire, la place du marché ; les transactions et les échanges, le centre vers lequel convergent tous les mouvements. Le Marché est alors mieux gardé, plus riche, plus grouillant, plus habité, plus vivant, mieux fortifié, plus sûr, plus fort... L'agriculture, prospère, aide au développement du quartier. Les foires meldoises sont célèbres et les marchands arrivent de loin. Les productions sont nombreuses

et variées : céréales, maraîchage, vins, fromage, draps, étoffes... Le marché s’établit très vite et est très vite reconnu comme tel. Autant dans son existence « mercatum », qui marque la réunion commerciale, la rencontre de l’offre et de la demande ; que dans sa forme « forum », qui marque le lieu dans sa particularité, dans son articulation de la place. Autour de cette place se développent de nombreuses échoppes, ateliers et boutiques. Une spécialité enrichira particulièrement le commerce de la ville : le Brie de Meaux.


Remparts Place du marché Page précédante évolution des quartiers de la Cathédrale et du Marché plans de 1860 / 1909 / 1960

Ci-contre Plan dit «de Jaillot», réalisé au 17ème siècle. Nous distinguons nettement le vide laissé dans le tissu urbain pour la place de foire. Les remparts sont très précisement dessinés.

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La halle, d'abord utilisée par les drapiers et marchands de toile, se verra avec les années, exclusivement réservée à la vente de ce fromage. (d'après P. Androuet et Y. Chabot : « en 1885, chaque samedi on vient au marché en diligence, en calèche, à cheval ou à pied. On vend pour 100 000 F de fromages, soit 1600 douzaines de galettes de Brie ») Une première halle, de bois de châtaignier et de plâtre (18ème) sera remplacée en 1879 par une halle métallique de type Baltard.

Le quartier du Marché est un quartier « original » dans la ville. Et dès le Moyen-Age il se distingue comme lieu indépendant. Son activité mercantile lui assigne un mode de vie très différent de celui de la cité épiscopale. C'est d'abord un faubourg qui s'est développé le long de la voie romaine. Il tire parti de son atout topographique pour commander la Marne. Au 13ème siècle, les comtes assoient leur pouvoir en creusant le fossé de Cornillon, au sud du quartier. Il ne deviendra réellement canal qu'à la fin du 17ème siècle.

Le Marché est une forteresse. Une charte du tout début du 12ème siècle accorde la protection de la commune à tous les marchands qui se rendent au marché, dans le périmètre d'une lieu. Ce quartier place-forte, les remparts et la puissance économique sont les premiers signes de rivalité avec la cité épiscopale, ainsi que de la montée en puissance du quartier.


Incendie des Vieux Moulins - nuit du 16 au 17 Juin 1922

Les Vieux Moulins, sur pilotis de bois. Ils sont habités et construits en accolement au Pont du Marché. Nous voyons distinctement la structure de bois et de chaux des murs.

28 Les arches du Pont du Marché, seul lien entre rive droite et rive gauche de la ville jusqu’au milieu du 20ème siècle.

Les Moulins de l’Echelle, plus récents. Nous pouvons voir la passerelle piétonne et les bâteaux lavoirs, disparus après la seconde guerre mondiale.


Les Vieux Moulins ont brûlé en 1922. Un grand incendie les détruisit en une nuit. Aujourd’hui, lorsque la Marne est très basse, nous pouvons encore voir la base de leurs pieux de bois.

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Les quartiers Centre et Marché doivent également leur fonctionnement aux ponts et aux moulins. Jusqu'au milieu du 20ème siècle, Meaux ne compte qu'un unique pont sur la Marne : le Pont du Marché, qui existe dès le 10ème siècle. En revanche, les moulins ne manquent pas et au milieu du 19ème siècle, près de 30 moulins enjambent la rivière ! Ils sont probablement présents dès l'Antiquité, mais ne sont mentionnés par des écrits nombreux qu'au 13ème siècle. Les plus connus sont les moulins du pont du Marché, présents jusqu'en 1922. De bois et de chaux, ils sont détruits par un incendie, puis jamais reconstruits. Les pilotis de bois sur lesquels ils étaient édifiés, sont encore visibles lorsque la Marne est basse. Bien qu'il n'existait alors qu'un unique pont, plusieurs passerelles piétonnes assuraient le lien entre les deux rives de Meaux. Le Moulin Pommier, plus à l’écart de la ville, en aval de la rivière représente le moulin bucolique, blotti dans son écrin de végétation. Aujourd’hui sa ruine sur le bord de l’eau fait penser à une fabrique romantique...


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La puissance marchande de la ville est favorisée par un réseau terrestre et fluvial présent et de bonne qualité. Les deux centralités que forment les quartiers de la Cathédrale et du Marché sont les nœuds de communication de grands axes terrestres comme la route d’Allemagne vers l’Est et la route de Flandres vers le nord, la route de Paris à l'ouest et enfin la grande voie romaine dite « d'Auguste », au sud .

Mais c’est aussi tout un trafic fluvial qui s’établit rapidement autour des transactions commerciales, en particulier pour le transport du grain. La Marne est une rivière naviguée depuis l'Antiquité. Mais comme toutes les rivières, elle connaît des variations de niveau d'eau avec les saisons. Ce phénomène naturel complique la navigation. La Marne est une des premières rivières à avoir été améliorée dès le milieu du 19ème siècle. C'est une rivière centrale du royaume et elle descend des régions de l'Est vers Paris.


Meaux

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Ce qui lui confère une haute importance. Elle fait partie de la ligne navigable de la Seine au Rhin et dessert de grand intérêts agricoles et commerciaux. Le développement du trafic marchand rend indispensable la construction d'un nouveau canal entre Meaux et Chalifert. Les premières études ont lieu en 1833 et l'ouvrage est mis en eau en septembre 1846. Ce petit canal améliore directement la navigabilité de la rivière. Il reçoit les bateaux à Meaux et les emmène jusqu'à Chalifert. Le trajet de Meaux à Paris est ainsi réduit de 16 Km

et la navigation y est plus facile, même en été. Plus tard, en 1937, un barrage est construit sur la Marne en aval de Meaux, afin de maintenir le niveau d'eau du bief pour le canal. En plus de la Marne et du canal de Chalifert, le canal de l'Ourcq passe au nord de Meaux. Mais, davantage conçu comme canal d'alimentation en eau potable pour Paris, ses petites dimensions ne permettent plus un trafic de marchandises important. Un petit port fluvial sera pourtant construit sur son passage à Villenoy, bénéficiant à l'industrie sucrière de la ville.


1760 >Pommery

1809 1811 1827 >30 moulins >1ère machine meldois à vapeur >implantation Noël&Cie de la bettterave en S&M

1855

1889

1909 >1ère machine >Sucrerie >Etablissements >Aéronautique «Colonel Renard» à vapeur Verdier Agriculture 1869

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La prospérité de l'agriculture et la qualité des réseaux de la région, font des villes briardes des lieux essentiels du développement industriel. Les premières infrastructures industrielles sont les moulins. Un recensement de 1809 dénombre 549 moulins en Seine & Marne, dont une trentaine à Meaux. 467 ouvrages sont des moulins à blé (soit 85%), on compte également 12 moulins à tan, 14 papeteries, 12 moulins à papier et 12 autres moulins d'activités diverses : scierie, tuilerie, acierie, huilerie, fabrique de toiles

peintes, de verres de lunettes, imprimerie. Meaux est la première ville de Seine & Marne à compter une machine à vapeur en 1827. C'est la filature de coton Noël&Cie, qui investit dans cette nouvelle source d'énergie. Avec l'âge d'or de la machine à vapeur (1870-1914), les moulins à eau perdent de la vitesse et en 1851, ne sont plus dénombrés sur le département que 405 moulins à blé. Dans le domaine agricole, c'est à nouveau la région meldoise qui s'équipe de la première machine à vapeur en 1855 (ferme de

Rutel à Villenoy). En 1811, la betterave arrive en Seine & Marne. Elle devient, avec le blé, la culture principale des plateaux briard et multien. Une sucrerie industrielle est construite en 1869 à Villenoy : la Fabrique Centrale de sucre de Meaux. Elle devient la plus grosse usine du monde avec la sucrerie de Cambrai (Nord). Le site de la commune de Villenoy est choisi en raison de son réseau bien développé de communications ferrées et fluviales.


1933 1936

1948

>SINOVA >Frisquet

>Kléber-Colomb

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La sucrerie est une figure majeure du paysage industriel meldois. La première campagne sucrière emploie 800 ouvriers. La sucrerie sera en pleine activité jusqu'en 2003, date de sa fermeture. L'usine est jugée trop enclavée dans la ville. Mais l'industrie meldoise n'est pas seulement représentée par sa sucrerie. D'autres établissements profitent de la situation privilégiée de la ville :

> la filature de coton Noël&Cie début du 19 ème siècle ; > les Etablissements Verdier, manufacture de bas et bonneterie à Nanteuil-lès-Meaux, de 1889 à 1973 > la société de construction aéronautique, fin 19ème-début 20ème (d'où sorti le « Colonel Renard » en 1909, un dirigeable de 65 mètres de long) ; > l'usine oxhydrique de Beauval, où était fabriqué l'hydrogène nécessaire au ravitaillement des dirigeables ; puis sur le même site et depuis 1933, la société Sinnova, fabricant de produits chimiques et détergents, société COGNIS depuis 2000 ; > l'entreprise Chaudière Frisquet, fabriquant de chauffage à gaz et robinetterie depuis 1936 ; > la société Kléber-Colomb, productrice de pneumatiques puis de produits à base de résine et de latex, ouverture dans le canton de Meaux-Sud Trilport en 1948 ; > l'entreprise Pommery fabrique de moutarde, la fameuse « Moutarde de Meaux », est installée à Nanteuil-lès-Meaux depuis 1760 ; en 1865, elle est rachetée par Les vinaigres du Lion ;


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Photographies de Willy Ronis


Mais la Marne n'est pas que synonyme de labeur, et les plaisirs des bains et du bon temps passé sur les rivières ne sont pas en reste à Meaux. Le parc des Trinitaires, qui s'étend le long de la rivière en contrebas de la gare, est un lieu de promenade prisé des meldois. Et les affiches publicitaires de ALO (Charles-Jean Hallo) vantent la « magnifique plage en eau claire » de Meaux. Affiches publicitaires de ALO, 1935

La rivière crée tout un paysage champêtre et déroule un chapelet de petits couffins de verdure. Les pêcheurs, les promeneurs et les amoureux sont friands de ces espaces à la fois proches et affranchis de la ville. La plage de Meaux est fermée en 1950, suite à une pollution aggravée de la rivière. Dans les communes voisines, les piscines et baignades ferment aussi. Les baignades dans la Marne sont interdites. A partir des années 60, c'est un peu la fin de la rivière bucolique.

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L'histoire de l'homme avec la Marne s'inscrit dans le temps. Cette approche veut mettre en exergue la basculement radical qu'a provoqué le développement de l'industrie sur le territoire et dans l'imaginaire. Ce basculement s'exprime physiquement, avec ses traces fortes, ses cicatrices et ses bouleversements. Il s'exprime aussi à travers tout un patrimoine immatériel et artistique.

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Premier voyage :

“Deux petites sources jaillissent à l’ombre de la forêt Sumava, l’une chaude et agile, l’autre froide et endormie. Elles s’unissent. Dans sa course hâtive, le torrent devient une petite rivière, la Vltava, qui se met en route à travers le pays thèque. Elle traverse les noires forêts où retentissent les sonneries d’une chasse. Elle traverse les fraîches prairies où le peuple chante et au danse au son des notes campagnardes. Au clair de lune, les fées des eaux, les roussalkas, y rondent et s’y ébattent sur le flot argenté, dans lequel plus loin se mirent les châteaux revêches, contemporains de la vieille gloire et des vertus guerrières. Dans les défilés de SaintJean, elle écume en cascade, se faufile à travers les rochers et fend les vagues contre les rochers épars. Puis s’étalant dans son lit élargi, elle roule majestueusement vers Prague, où l’accueille Vysehrad, antique et solennel. Ici, en pleine force et gloire, le Vysehrad se perd aux yeux du poète dans les lointains infinis.“

Smetana, compositeur tchèque, 1824-1884 Cette pièce est un poème symphonique. Les couleurs musicales du morceau reflète les différents états de la rivière. Mais c’est aussi une fresque des paysages traversés. Les grandes phrases sont typiquement romantiques, c’est la rivière tumulteuse et pleine d’énergie, mais surtout très changeante «d’état d’âme» et de couleurs... Photographie de la Moldau, source internet

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Choses écrites à Créteil

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Sachez qu’hier, de ma lucarne, J’ai vu, j’ai couvert de clins d’ yeux Une fille qui dans la Marne Lavait des torchons radieux.

Ces nippes, dans l’aube dorée, Semblaient, sous l’aulne et le bouleau, Les blancs cygnes de Cythérée Battant de l’ aile au bord de l’ eau.

«Je suis capable de faiblesses. Ô lavandière, quel beau jour ! Les fauvettes sont des drôlesses Qui chantent des chansons d’ amour.

Près d’un vieux pont, dans les saulées, Elle lavait, allait, venait ; L’aube et la brise étaient mêlées À la grâce de son bonnet.

Des cupidons, fraîche couvée, Me montraient son pied fait au tour ; Sa jupe semblait relevée Par le petit doigt de l’amour.

«Voilà six mille ans que les roses Conseillent, en se prodiguant, L’amour aux coeurs les plus moroses. Avril est un vieil intrigant.

Je la voyais de loin. Sa mante L’entourait de plis palpitants. Aux folles broussailles qu’ ugmente L’intempérance du printemps,

On voyait, je vous le déclare, Un peu plus haut que le genou. Sous un pampre un vieux faune hilare Murmurait tout bas : casse-cou !

«Les rois sont ceux qu’adorent celles Qui sont charmantes comme vous ; La Marne est pleine d’étincelles ; Femme, le ciel immense est doux.

Aux buissons que le vent soulève, Que juin et mai, frais barbouilleurs, Foulant la cuve de la sève, Couvrent d’une écume de fleurs,

Je quittai ma chambre d’ auberge, En souriant comme un bandit ; Et je descendis sur la berge Qu’une herbe, glissante, verdit.

«Ô laveuse à la taille mince, Qui vous aime est dans un palais. Si vous vouliez, je serais prince ; Je serais dieu, si tu voulais. » -

Aux sureaux pleins de mouches sombres, Aux genêts du bord, tous divers, Aux joncs échevelant leurs ombres Dans la lumière des flots verts,

Je pris un air incendiaire, Je m’adossai contre un pilier, Et je lui dis : -» ô lavandière ! (Blanchisseuse étant familier)

La blanchisseuse, gaie et tendre, Sourit, et, dans le hameau noir, Sa mère au loin cessa d’ entendre Le bruit vertueux du battoir.

Elle accrochait des loques blanches, Je ne sais quels haillons charmants Qui me jetaient, parmi les branches, De profonds éblouissements.

«L’oiseau gazouille, l’agneau bêle, Gloire à ce rivage écarté ! Lavandière, vous êtes belle. Votre rire est de la clarté.

Les vieillards grondent et reprochent, Mais, ô jeunesse ! Il faut oser. Deux sourires qui se rapprochent Finissent par faire un baiser.


Second voyage :

Je m’arrête. L’ idylle est douce, Mais ne veut pas, je vous le dis, Qu’au delà du baiser on pousse La peinture du paradis.

Victor Hugo ‘Chansons des rues et des bois’ (27 septembre 1859). de haut en bas et de gauche à droite S. Lépine J. Constable A.T. Bricher

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Troisième voyage :

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de gauche Ă droite de haut en bas A.H. Gorson G. Caillebotte K. Halswelle G. Caillebotte F. Bazille A. Renoir C. Monet

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Cartes postales anciennes Créteil - Ile Ste Catherine Joinville-le-Pont - La terrasse du bal convert Les bords de Marne de la Varenne à Champigny Image du film «Casque d’Or» de Jacques Becker, 1952

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Quatrième voyage :


Quatrième voyage :

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de gauche à droite Willy Ronis Willy Ronis Henri Cartier-Bresson Willy Ronis

...après, les eaux sont décrétées trop polluées.



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déviation

TGV

Aéroport CDG TGV

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Est

Meaux

N3

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Paris

Marne A4

Disney Land

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Meaux est à nouveau la « petite capitale briarde ». Après une trentaine d'années de latence, le pays de Meaux s'éveille. Avec la construction de la rocade Est et son raccordement à l'A4, la ville retrouve une volonté nouvelle de s'affirmer et d'exister. L’agglomération est à 20 minutes de l’aéroport international Charles de Gaulle et à 2 minutes de l’autoroute de l’Est A4 C'est une belle opportunité pour les quartiers centraux de la ville de s'affranchir de leur carcan routier. La rocade permet de contourner la ville et de ne plus emprunter la N 36, traversante de la vieille ville. Les quartiers du Marché et Centre peuvent ainsi être « décongestionnés » de la circulation automobile. Mais les habitudes demeurent et le profil urbain n'est pas pour décourager les utilisateurs de la route nationale...


cliché de gauche Le bâti ancien du Marché sur l’esplanade de la médiathèque cliché de droite Le bâti ancien du Marché sur la rue Cornillon

Le PNRQAD prévoit : - la requalification des bâtis les plus dégradés - l’aide à la réhabilitation de logements privés - la réalisation de logements sociaux - l’aménagement d’équipements et d’espaces publics La commune a lancé de grands projets de requalification urbaine, notamment des quartiers de grands ensembles Beauval et la Pierre Collinet, dont les travaux prennent fin. Plusieurs tours d'habitations ont été détruites et les logements ont été reconstruits sous la forme d'un habitat plus diversifié, de type « petits collectifs ». D'autres projets de requalification de la ville sont lancés. Notamment la construction d'un éco-quartier entre le centre ville et les grands ensembles. Meaux a aussi été retenue dans le cadre du Programme National de Requalification des Quartiers Anciens Dégradés (PNRQAD), pour une candidature en « périmètre restreint ». Dans ce cadre, Meaux lance le « Plan Marshall pour le coeur de ville ». La commune est consciente qu'un nouveau virage est à prendre pour améliorer la qualité de vie des habitants, mais aussi son image touristique, son essor économique ; en alliant les préoccupations sociales et environnementales indispensables au développement futur. Le « plan Marshall » pour le centre-ville parle de : - réhabiliter le bâti et dynamiser l’activité commerciale - reconquérir les quais de la Marne, créer des pistes piétons et cyclistes - créer un réseau de places dans le centre ville

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La cathédrale

La Mairie et sa place

Le quai Victor Hugo

Le pont du Marché

La Marne QUARTIER CATHEDRALE

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Le mélange urbain des coeurs de Meaux est sa plus belle chance. C’est un patrimoine à améliorer et à valoriser pour la ville et la vie à venir... Demain, plus de tourisme ? Une ville plus agréable ? Une ville avec une nouvelle quiétude ? Des coeurs de ville à l’échelle de l’habitant ?


Le quai de la Grande Ile

Le Richemont

Le pont Jean Bureau

QUARTIER MARCHE

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La ville, à travers ses élus, veut faire « peau neuve ». En trouvant un nouveau souffle, elle veut améliorer son cadre de vie, mais aussi valoriser son image touristique. Confusément, elle sent que « quelque chose » doit être fait autour des quartiers anciens de la ville. Rénover l'habitat ? Doubler les axes de circulation de pistes cyclables pour favoriser les « déplacement doux » ? Offrir un « parc fluvial » aux habitants ? C’est dans ce contexte que j’ai proposé à la commune de Meaux de travailler sur leur territoire.

Meaux est une ville de l’Histoire. Son patrimoine architectural et paysager est le reflet des époques qu’elle a traversées. Face au développement urbain des villes nouvelles de Marne-La-Vallée et de celles «boostées» par la présence de DisneyLand, il me semble qu’il est dans l’intérêt du pays meldois de mettre en valeur le patrimoine de cette histoire vécue. Ce sera sa plus belle carte pour un développement économique futur !


Les centres anciens : la cathédrale et le Marché

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Evolution démographique de Meaux entre 1793 et 2010 Sources Cassini et INSEE

Les faubourgs, qui commencent à se développer à la fin du 19ème siècle


Les nouveaux quartiers du 20 ème siècle : La Pierre Colinet ...

Et enfin, deux quartiers de lotissements : le Val Fleuri et la Grosse Pierre

... puis Beauval

Jusqu'au 19ème siècle, Meaux ne connaît pas d'extension urbaine remarquable. Entre les années 1880 et 1940, les faubourgs sont marqués par des constructions pavillonnaires et par un habitat populaire modeste. En 1950, Le Corbusier se propose de construire à Meaux une « Ville Radieuse » de 2000 logements. C'est de cette proposition que sont lancés les premiers plans d'évolution urbaine de la commune. Mais après 5 années d'échanges et de propositions de plan, le projet échoue. Les projets de construction des «grands ensembles » sont repris (Jean Ginsberg et Max Tournier) et en 1960, le quartier de la Pierre Colinet est sorti de terre. Suivent les constructions du quartier Beauval (avant 1970) ; puis plus tard, ceux de la Cité Administrative en 1986.

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Cathédrale

Gare

Mairie

Médiathèque IUT

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Contre toute attente, le quartier du Marché, cette entrée de ville qui n'en est alors déjà plus une, recèle des trésors de diversité. Voici une lecture du quartier. Plus ou moins objective, elle révèle les différentes pièces de la mosaïque de ce site d'entre-deux, de passage.

C’est d’avoir sillonné mon site à pied que j’y ai découvert l’enchevêtrement des espaces et leur qualité. Infrastructures Quartier ancien du Marché Bâtisses bourgeoises ZAC Luxembourg Ensemble années 70 Bulles pavillonaires Pavillonaire ancien

Le Marché a originellement une structure urbaine traditionnelle ancienne. Le tissu qui persiste présente une trame dense et presque entièrement construite. Il porte en son centre la halle métallique du marché. En face de ce quartier prenait place une caserne militaire du corps des Hussards. Dans les années 90, la ZAC Luxembourg est établie. D'importantes infrastructures sont construites : médiathèque et IUT. D'autres entités composent la mosaïque du Marché. Quelques petites rues alignent des bâtisses bourgeoises qui présentent à la rivière le dos de leurs jardins. A hauteur du barrage, un ensemble des années 1970 plante de petites tours d'immeubles en diagonale par rapport au cours d'eau. Deux bulles pavillonnaires se font face de part et d'autre de la route nationale. Fruits de deux époques, la typologie de cette entité est pourtant la même. Quelques pavillons se blottissent, effleurant timidement la route passante. Dès passé le premier fronton de façades, nous entrons dans deux « petits villages ». Maisonnettes ou petits pavillons collés, les jardins protégés du bruit et du mouvement descendent sur la rivière. Le canal Cornillon et l'écluse du canal de Chalifert percent par deux fois la péninsule de terre de la boucle de rivière. Ce sont deux espaces de très grande qualité, à la fois ressemblants et uniques. Leur contexte particulièrement végétal fait de ces deux percées des lieux singuliers du quartier. En face du Marché, la gare et la mairie sont des lieux forts. Ces infrastructures modèlent l'organisation urbaine du Marché. Elles créent des liens directs avec le Marché et dessinent le fronton des berges nord de la rivière.

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L'île du Marché concentre beaucoup de « choses » sur un territoire modeste. La grande pluralité de ces évènements confère au quartier une intensité particulière. 57

végétation des écluses ripisylve

alignements urbains

parc urbain

végétation naturelle parc naturel du Pâtis

A l'ouest de la boucle de rivière, le quai Sadi Carnot propose une halte fluviale au bâteaux de plaisance. Cette halte est très appréciées. En saison estivale, elle accueille chaque jour dix à vingt bateaux. L'écluse crée à elle seule un paysage à part entière. Elle perce une fenêtre de part et d'autre de l'île, offre un cadre de paysage. C'est aussi une petit noyau de vie qui s'active lentement autour de la voie d'eau, se prolonge dans son canal. L'autour s'organise vers l'écluse et le coteau : maisonnette d'éclusier, chemin de hallage, sentier et route. C'est aussi toute la beauté de l'ouvrage d'art qu'il nous est ici donné d'observer. Cette écluse et le canal de Cornillon sont des entailles végétales dans les flancs urbanisés de la Grand Ile. Passé l'autre flanc de l'île, se déploie une atmosphère toute singulière de champêtre. La ruine du Moulin Pommier, la petite île au milieu de la rivière, les berges à la végétation sauvage, le plan incliné jusqu'à l'eau, tout s'accorde pour trouver l'alchimie particulière du bucolique.


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quai urbain minéral

quai urbain enherbé

berge

Les contacts de la ville avec l’eau sont nombreux, mais ils manquent de souplesse et d’amplitude. Les rapports et les liens ne sont ni instinctifs ni spontanés.

Un peu en amont, la passerelle du barrage, ouvrage métalique caractéristique de l'ère industrielle, rappelle la vocation économique de la rivière. emprise du marché hebdommadaire infrastructures influantes

Les quais sont aussi des unités par eux même. Avec le temps ils se sont construits, établis, consolidés, officialisés. Ils sont progressivement devenus des quais urbains. Aujourd'hui nous pouvons en distinguer plusieurs types : des quais minéraux, voies de circulation automobile ; des quais enherbés, dédiés aux promenades piétonnnes ; pour le reste de la boucle, nous parlerons d'avantage de berges, puisque n'ayant pas fait l'objet de qualifications particulières. Enfin il faut mentionner tout particulièrement des éléments urbains particuliers : la place de la médiathèque et les ponts. La petite esplanade qui s'étend péniblement devant la médiathèque tient le « point névralgique » du coeur actuel du quartier du Marché. Il est tout à la fois. Toutes les tensions et les dynamiques se recoupent en ce point : voies de circulations, espaces de vie, infrastructures (halle de marché, IUT, médiathèque), localisation géographique, redistribution et accès aux différents réseaux (gare, mairie, autoroute). Un énorme trafic automobile transite par ce carrefour. Les quatre ponts sont les premières ouvertures directes sur la rivière. Ils concentrent toute la circulation traversante de Meaux.

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Ici le temps s'exprime physiquement. Le passage du temps, mais surtout le luxe de sa lenteur. C'est une expression physique du lieu, de sa matière qui prend pour meilleure amie la lenteur du temps. C'est l'immobilité de l'eau, sa masse miroir. C'est son silence, l'absence de clapotis. Seul un léger flop flop sur les berges lorsqu'une péniche passe. Qui marque elle aussi la lenteur du temps. Son glissement silencieux, ralenti, est presque immobile à l'approche de l'écluse. La manoeuvre est désespérément lente, l'habileté du marinier flirte avec le cérémonial sacré. Tout alors est suspendu autour de la péniche et de son éclusage. La manoeuvre, faite mille fois, concentre encore toute l'attention du marinier et de l'éclusier. Mais surtout celle du passant. On s'arrête immanquablement. Seul ou en famille. Certains que nous assistons à une scène privilégiée. Et rare. La beauté de l'ouvrage d'art, l'ingéniosité de la technique nous fascinent. Et moi aujourd'hui, j'ajoute la lenteur à ma fascination. Une lenteur entièrement lente, entièrement elle-même. Et toute cette vie autour. Celle du marinier. Une sorte de vie publique et vagabonde. Qui n'est pourtant ni de l'une ni de l'autre ; puisque rares sont ceux qui connaissent la vie de l'homme sur son bateau, de sa famille, de son chez-lui. Et pas non plus vagabonde puisque ses voyages sont dictés par un réseau de canaux et de rivières bien établi.


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Le canal. Ici c’est le canal de Chalifert. C’est une écluse sous une grande arche. Beauté sévère de l’ouvrage d’art. Complexité et mystère de la technique. Les eaux du canal me fascinent. Est ce vraiment de l’eau ? Elles sont si calmes, si immobiles. Elles sont si noires, même sous le soleil. Le canal. le. canal... canal... et tout l’imaginaire qu’il cache dans ses eaux hermétiques. Toutes les histoires, toutes les images. Le mythe du canal glauque où flottent macchabées et coulent carcasses rouillées. Parce que c’était un lieu de vie. Non, de la vie quotidienne. Ce n’était pas vraiment un lieu de vie. Pas de péniches, pas de bateaux, alors le canal est sans vie. Pas de mouvement, donc pas de bruit. Pas non plus de vie dans les eaux. Ou bien une vie lugubre. Nous préférons les eaux courantes et vives des rivières. Poissonneuses, ondulantes. Qui scintillent des rayons renvoyés par ses milliers de vaguelettes de vie. Le canal donc comme lieu du quotidien. Parce que c’est sur le canal que se posent les écluses, que transitent les péniches, les marchandises et les nouvelles lointaines.


Le canal et son écluse sont un refuge dans la ville . C'est une sorte d'entracte dans le temps . Le choix de passer plus de temps à ne rien faire . Le choix de perdre son temps . Le perdre . Pour gagner . De l'énergie , pour gagner du silence . Gagner un refuge et de la liberté . Car ces refuges sont des passages d'affranchissement. De la ville , de la vitesse , du tourbillon de notre activisme . C'est une entracte dans l'espace. À l'abri d'un coteau . À l'abri du mouvement . Un espace mesurable , petit . Appropriable . C'est un espace d' équilibre , servi par sa simplicité . La simplicité d' être du canal , du chemin de halage . L'absence de fourmillement des détails de la ville .

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Les mariniers me voient vieillir je vois vieillir les mariniers. On joue au jeu des imbéciles où l'immobile est le plus vieux. Dans mon métier, même en été faut voyager les yeux fermés. L'Eclusier – Jacques BREL Ce n'est pas rien d'être éclusier.

Les mariniers savent ma trogne ils me plaisantent et ils ont tort. Moitié sorcier, moitié ivrogne je jette un sort à tout ceux qui chante. Dans mon métier, c'est en automne qu'on cueille les pommes et les noyés. Ce n'est pas rien d'être éclusier.


Maison de l’éclusier - une petite batisse avec pour jardin une porte d’eau

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Dans son panier un enfant louche pour voir la mouche qui est sur son nez Maman ronronne, le temps soupire le choux transpire, le feu ronronne Dans mon métier c'est en hiver qu'on pense au père qui s'est noyé. Ce n'est pas rien d'être éclusier.

Vers le printemps les marinières m'font des manières de leur chaland J'aimerais leur jeu sans cette guerre qui m'a un peu trop abîmé. Dans mon métier c'est au printemps, qu'on prend le temps de se noyer.

1968


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Regard sur < le canal de Chalifert le Canal Cornillon >

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Meaux Villenoy

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Mareuil- lèsMeaux

Nanteuil- lèsMeaux Les limites communales de Meaux Le passage de la Nationale à travers des limites urbaines incertaines

Je suis entrée dans ce site par le canal de Chalifert et son écluse. L'ouvrage d'art a été pour moi comme un aimant. J'ai été fascinée par l'eau immobile, par le coteau habité, par le système mystérieux et simple de l'écluse. Tout le site chante une poésie blême. J'ai laissé ma curiosité suivre le cours de ce petit canal, j'ai amoncelé les recherches et les informations, j'ai quêté dans le monde des mariniers, j'ai fouillé dans les archives, les vieilles photos et les cartes postales anciennes. J'ai fait une escale dans le temps. Et puis je suis rentrée dans le Marché. J'ai rattrapé la vie décousue du quartier. J'ai souffert du bruit, j'ai souffert de la circulation incessante et trop rapide. J'ai souffert de ma place de piéton.

Le Marché n'avait jusqu'alors pas de nom pour moi. Depuis 12 ans que je venais à Meaux, j'empruntais cette route nationale. Traversée rapide de la ville. Les limites des villes de Nanteuil, Meaux, Mareuil et plus loin Villenoy, n'avaient jamais pris corps dans ma géographie intellectuelle. Ce n'est qu'en me penchant sur une photo aérienne, couplée des limites communales, que ces territoires se sont précisément dessinés. Conglomérat urbain indéfinissable.


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Arriver à Meaux par la rue Cornillon, c'est traverser une ville un peu insignifiante. Les cubes métalliques des enseignes de chaînes, les façades pâles des petits pavillons reculés devant des jardins asthmatiques, les trottoirs étroits bombardés de lampadaires, panneaux de signalisation, pages de pub et feux tricolores, les commerces trop timides pour monter à l'assaut de la rue. Très vite on passe. Sans les regarder vraiment. L'artère n'a pas la noblesse du boulevard. C'est l'autoroute qui se dilue ici. Elle a apporté dans ses hardes la vitesse, le bruit, son tranchant impitoyable à travers le bourg ancien du Marché. C'est une image sans en être une. Celle, commune, des villes sans marcheur.


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Le Marché est un quartier d'entre-deux. Jadis cœur économique de la ville, il ne figure plus aujourd'hui que comme quartier de passage de la traversante N36. Il se traverse. Et les habitants du quartier vivent de part et d'autre de l'infranchissable voie. C'est donc un lieu qui ne m'est pas totalement inconnu que je choisis de décortiquer. Et mes meilleurs révélateurs furent... mes pieds. C'est grâce à la promenade à pied que j'ai pu découvrir le quartier du Marché dans son épaisseur, dans sa réalité.

Parcourir un site à pied et soudain faire des découvertes insoupçonnées porte à réfléchir sur la forme qu’il présente.

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Pourquoi n'ai-je jamais vu ces forces du quartier ? Ses écluses, le pincement de Marne, le canal, la simplicité cossue des maisons bourgeoises, la fraîcheur des petits jardins « dos sur Marne », l'épaisseur de ce quartier, sa souffrance face à la 2x2 voies... Pour différentes raisons. Le quartier se traverse. Et la plupart des utilisateurs de la 2x2 voies ne font que passer dans le quartier. Le plus vite possible, puisqu'il s'est transformé en « zone de transition » entre le sud de Meaux et la nationale 3 vers Paris et vers le nord de la ville. La 2x2 voie, nommée moins brutalement « rue Cornillon », n'a justement plus beaucoup de points en commun avec une « rue ». La typologie de la chaussée — deux voies pour chaque sens, un terre-plein central dédié aux changements de direction, des trottoirs minuscules et l'absence de stationnement en double file — encourage les déplacements rapides et directs. C'est aussi cette omniprésence de la chaussée qui noie les devantures des petits commerces.


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75 Voiture et géraniums ferment les brèves ouvertures des écluses

Malgré la position de l’île, en surplomb sur la rivière, les ouvertures sont rares et la rivière reste invisible de l’intérieur de l’île.

Les ouvertures sur la rivière, de part et d'autre de la voie, sont rares. À peine des fenêtres s'ouvrent au passage des écluses, mais vite refermées aux beaux jours par des jardinières débordantes de géraniums... Pourtant le relief de la Grande Île est ici assez intéressant, puisqu'il nous place en surplomb sur toute la boucle de la rivière et à l'ouest, du canal jusqu'à son écluse.


Voies de circulation principales Espaces de stationnement

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Cette observation de la découverte par la marche m'interpelle particulièrement sur la vitesse de nos déplacements. En particulier dans un espace comme celui de la Grande Île du Marché à Meaux. Sur ce site, les modes de déplacements sont largement représentés : le déplacement automobile surtout, mais aussi les déplacements ferroviaires et fluviaux, piétons et cyclistes ! Soit presque tous les modes de déplacements connus (mis à part les déplacements « extrêmes » : aérien et à traction animale). Ceci observé, force nous est de relever la place omniprésente qu'a prise l'automobile. Depuis ces cinquante dernières années, elle a investi l'espace de nos villes. Elle l'a transformé et adapté pour ses besoins : élargissement des chaussées, invasion des espaces de stationnement. Portée par les intérêts politiques et économiques, elle s'est imposée. Georges Pompidou avait d'ailleurs déclaré en novembre 1971 : « Il faut adapter la ville à la voiture » Mais aujourd'hui, avec un peu de recul, des espaces comme celui du Marché se trouvent otages de la logique automobile. Au delà de l'emprise explicite et implicite de la rue Cornillon, nous observons une « déqualification » des espaces par le stationnement. Notamment sur les places du Marché et sur le quai Sadi Carnot. Sur les espaces « vides » dans la ville, les places, et sur les espaces pris sur la rivière, les surfaces sont attribuées au stationnement. Cet usage ne « qualifie » pas un espace, il ne lui donne aucune qualité.


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Nous ne nous déplaçons, donc, que trop vite dans ce quartier. Et notre perception de ce territoire est déformée par l'usage et l'omniprésence de l'automobile. La rue Cornillon est devenue la « colonne vertébrale » du quartier, alors que, si nous poursuivons la métaphore, son organisation naturelle s'articulerait plutôt en « côtes » traversantes Est/Ouest de la Grande Île, d'une berge à l'autre. La rue Cornillon est alors un axe infranchissable, brisant la logique de vie du quartier.

Fonctionnement en vertébrale

Fonctionnement en côtes


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La monarchie de l’axe routier dans le Marché, seule échelle visible du quartier

L’avantage d’une promenade : «fouiller» le quartier du Marché

Mes pieds ont été l'outil le plus juste pour en mesurer l'épaisseur, pour traverser les strates de ce morceau de ville. Car les strates du Marché sont nombreuses. C'est le seul quartier de Meaux à représenter toutes les périodes de construction de la ville. De la ville médiévale avec ses bribes de remparts, à la ZAC Luxembourg à peine achevée, le quartier concentre toutes les architectures des époques qu'il a traversées. Les strates sont compactes et nous basculons rapidement de l'une à l'autre. Mais ce n'est qu'avec une forte volonté que nous parvenons à prendre conscience de l'épaisseur et de la variété du Marché. Certains îlots, comme celui de la ville médiévale, ne se traversent qu'à pied. Cette épaisseur révèle des bribes de cours intérieures mourantes, des cœurs d'îlots délaissés. Une épaisseur ignorée du passant. Ce sont pourtant des épaisseurs de vie et d'organisation autour d'un habitat, d'un foyer.


Cours intérieures Circulations piétonnes Circulations automobiles secondaires

Sillonner le quartier à pied m'a amenée à chercher des accroches, des amorces pour fuir vers la rivière. Je voulais rejoindre le cours d'eau et ses berges, échapper au bruit et à l'hostilité de la rue Cornillon trop passante. Cette attitude m'a poussée à découvrir aussi l'imbrication des échelles. La Grande Île a une sorte de vie à double vitesse : sous la lourdeur de la 2X2 voies, la maille plus fine des déplacements automobiles et piétons des habitants existe.

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BERGES ACTUELLES

Gros sujets, végétation herbacée peu présente > la vie aquatique est pauvre, pas de milieu intermédiaire

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La berge est un espace de transition, un espace tampon entre deux milieux. Plus ou moins riche en fonction de son profil.

BERGES IDEALES

Flore évolutive, espèces herbacées nombreuse > milieu de transition riche flore/ faune

La rivière atteinte, nous sommes amenés à traverser à nouveau des espaces très différents. Les quais sont très urbains et la transition entre ville et rivière est brutale, sans préavis. Tandis que très vite en s'éloignant un peu des cœurs de la ville, les quais se transforment en berges végétalisées. La végétation présente n'est ni riche ni adaptée à son implantation en bordure de cours d'eau. Pour autant, la perception de la rivière est changée et nous changeons radicalement d'ambiance.

peu de diversité possible

diversité possible


Truites / Saumons / Vairon

Ablettes / Gardons / Carpes / Brèmes Barbeaux / Tanches / Anguilles Vandoise / Brochets / Sandres / Perches / Goujon

Ablettes / Gardons / Carpes / Brèmes Barbeaux / Tanches / Anguilles Vandoise / Brochets / Sandres / Perches / Goujon

Après avoir contacté l'association pour la pêche et pour la protection des milieux aquatiques de Meaux, j'ai été interpellée par l'importance de la forme d'un milieu aquatique. La qualité d'une rivière ne réside pas uniquement dans la qualité de ses eaux, mais surtout dans la qualité de ses milieux. Or, la Marne n'a pas eu depuis bien longtemps une eau aussi pure qu'aujourd'hui. En revanche, la dégradation des milieux empêche certaines espèces de reconquérir le cours d'eau. À titre d'exemple, les milieux intermédiaires indispensables à la frayère du brochet ont disparu, ou sont trop peu nombreux pour permettre au poisson de se réinstaller dans la Marne à hauteur de Meaux. Pour autant, les espèces de poissons sont bien plus nombreuses qu’il y a 40 ans. Tant pour la faune que pour la flore, le cours d'une rivière dans une ville est un milieu de diversité exceptionnelle. Les milieux de transition, au même titre que les lisières de forêt, présentent des habitats et des espaces privilégiés pour de nombreuses espèces. Le quartier du Marché a la chance d'être en grande intimité géographique avec la rivière. Mais la richesse de cette intimité s'est perdue au cours du demi siècle passé.

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Les ouvertures des écluses donnent la proximité étonnante du pincement de la boucle d’eau de la rivière.

Enfin, avec ma sensibilité de paysagiste, je suis amenée à parler des rapports entretenus par le Marché avec son paysage. Ces rapports, un peu laissés pour compte, sont ponctuellement encore très forts. En particulier lorsque les arches successives des deux écluses ouvrent des fenêtres amples et généreuses sur la ville. Ce sont alors des cadres très francs et assez beaux qui s'ouvrent pour donner au promeneur une idée de la proximité étonnante du pincement d’eau sur cette boucle de rivière. L'effet de « fenêtres sur la ville » est renforcé par le cadre en écrin de verdure des écluses et des canaux. Caractéristique très prégnante de ces deux microsites dans la ville. Quand aux horizons, ils ont ici une importance toute particulière, puisque c'est grâce à cette perception de l'espace que j'ai en partie défini le périmètre d'étude de mon site. Les horizons ont de l’ humour. Ils ouvrent et ferment à la fois un site. Ils donnent une échelle et parfois la distendent. Les horizons m'ont aidée ici à m'arrêter, à donner une limite... tout en me montrant les rapports qu'entretient le Marché avec les quais opposés du Centre ; l'écho de ces quartiers, leur face à face, les liens qui se poursuivent.

Page ci-contre Canal Cornillon Arche de l’ecluse du canal de Chalifert Structure métalique du barrage Ci-dessous Quai Victor Hugo

Le barrage est lui aussi un « microsite » dans le quartier. La structure métallique de la passerelle est un élément de paysage très fort sur la boucle de rivière. C'est un peu une relique de l'industrie du 19ème siècle sur la Marne à Meaux. C'est un morceau de patrimoine de la ville. Page d'une époque qui commence à s'éloigner avec les préoccupations écologiques apparues ces dernières années.

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Meaux les grandes entités de la ville

Prendre du recul sur le site et s'éloigner. Observer à nouveau sur une echelle plus grande. Retrouver l'organisation plus gérérale du site dans la ville, sur son territoire.


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Mon site est une ILE ILE : nom féminin espace de terre entouré d’eau de tous côtés.


Mon site est une ILE. Au plus proche du sens étymologique du mot. Et c'est une île particulière, car intentionnelle. C'est une île qui a été voulue, une île volontaire. Les hommes ont creusés pour s'isoler en insulaires. Les habitants du Marché vivaient dans la volonté de l'insularité et avec l'assurance de ce statut particulier. C'était un lieu de domination et de contrôle de la rivière, c'était le lieu de bouillonnement économique, car sûr pour les foires et les transactions marchandes. C'était un lieu de refuge assuré, inversement à l'autre coeur fortifié de la ville : la cathédrale.

Le bras d’eau assurant l’insularité du Marché n’a d’abord été qu’un fossé défensif jusqu’au 12 ème siècle. Ensuite creusé en canal navigable, il est aménagé de quais au début du 18 ème siècle. Lorsqu’en 1846, le canal de Chalifert est mis en eau, le canal Cornillon perdra sont utilité.

Jusqu’au12ème siècle

Du 18 ème à 1846

Depuis 1846

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Le quai Victor Hugo et la mairie Le quai de la Grande Ile et le Richemond L’esplanade du parc des Trinitaires

... la pauvreté des limites de l’ île avec sa rivière


Canal Cornillon envasé Porte murée du canal Cornillon

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Aujourd'hui cette volonté d'insularité s'est délitée. Le canal Cornillon, qui crée l'île, est muré en son milieu. Il tend tout naturellement à s'envaser et à se combler progressivement. La multiplication des ponts et l'oubli des quais et des berges efface l'insularité du Marché. Nous oublions cette volonté d'habiter sur une île. La logique et la forme de l'île ont disparu. L'île est en oubli.

Il s’agit de faire RE-CONNAITRE cette île comme telle. Mon prisme de paysagiste m'aide ici à identifier et nommer ce qui fait mon site. A poser le regard sur ce qui fait le lieu.


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Végétation urbaine

Limite franche Espaces naturels

Bribes végétales Entrelacs ville/végétal

Les blocs urbains de la ville sont enserrés par deux virgules végétales. La ville est cernée par l'eau. Le canal de l'ourcq traverse l'est de l'agglomération et marque sa limite au nord et à l'ouest. La Marne ceint la ville au sud et la traverse en son centre par sa boucle serrée. L'urbain et la végétation des deux espaces naturels sont marqués par une limites brutale et franche. Le territoire de la Grande ile et du Marché forment quant à eux une limite toute organique de la ville avec la végétation naturelle. C'est le lieu où s'entrelace la végétation et la ville. Leurs échanges et leur coesixtance sont harmonieux.

La Grande-Ile, c’est la ville qui s’entrelace avec la végétation


Mairie & place de la mairie

Gare, esplanade & jardin des Trinitaires

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Le périmètre d’étude établi sur le site correspond aux limites données par les horizons. Exceptions faites de quelques bulles supplémentaires. Le périmètre s’étend aussi tout en longueur sur la 2x2 voies, pour permettre de considérer cette pénétrante urbaine dans son intégralité.

2X2 voies sur toute sa longueur, jusqu’au rond point de Nanteuil


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ECHANGES > quels types d’échanges entre l’eau et l’île ? > quelles formes permetttent quels échanges ? promenade/pêche/station/navigation/baignade > quelle typologie de bord d’eau et en quels LIEUX ?

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Quai nom masculin

- Section de berge, de rive ou de rivage d'un port ou d'une voie navigable, aménagée en vue de permettre l'accostage des bâtiments de navigation, l'embarquement ou le débarquement des passagers, le chargement ou le déchargement des marchandises. - Voie aménagée le long d’un cours d’eau - Surélévation par rapport à la chaussée, facilitant les manutentions

Berge nom féminin

Talus naturel, bordant le lit d'un cours d'eau, dans les parties non pourvues de quais

Grève nom féminin

- Plage édifiée à l'aide de matériaux grossiers (graviers, galets ou blocs) - Terrain uni et sablonneux le long de la mer ou d’un cours d’eau


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Mon site est une île. alors, Les intentions de projet portent un travail sur les limites terre/eau ; retrouver une typologie de quais, de berges, de grèves qui parlent de l'eau et qui parlent de la relation terre/eau ; les échanges et le type d'évènements qui se passent sur ces franges d'intermédiaire.

Retrouver le vocabulaire de l’insularité


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Parvis de la gare - une place urbaine > prolonger le parvis de la gare sur le toit du parking semi-enterré de la gare > Proposer une place urbaine, avec cafés/ petits commerces et balcon/esplanade sur la Marne Le parc des Trinitaires > s’appuyer sur le patrimoine arboré qui présente encore de beaux sujets pour redonner au vieux parc meldois son éclat dans la ville > un vrai promenade entre la gare et les résidences de la ZAC Luxembourg Une typologie de quai «industriel» > des berges en palplanches existantes qui sont un echo à la passerelle métalique du barrage > un traitement de cet espace comme promenade industrielle/urbaine Un parc alluvial / fluvial > avec une frange à l’eau en typologie de grève > avec des zones volontairement inondables, un espace qui se transforme, des prairies inondables

Des jardins potagers > de type associatifs, jardins familiaux ou de réinsertion > qui entretiennent l’ouverture du sous bois entre canal et rivière

Quais urbains > donner une typologie claire des quais et berges > réduire l’emprise de la voiture > redonner des accès ponctuels à l’eau > sublimer une promenade en bard d’eau

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Boulevard et prolongements > il s’agit de redonner à la rue Cornillon une typologie de boulevard urbain, avec les différentes composantes d’un tel profil de chaussée : trottoir/piste cyclable/chaussée/stationnements/alignements d’arbres/profil parkway... > accrocher les rues/ruelles au boulevard, travailler la porosité du boulevard > co-habitation équilibrée entre les différents usagers : piétons/cycles/automobiles > le grignotage du boulevard par les terrasses des commerces/le marché/les places-esplanades


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Mon site est une île. alors, C'est aussi un travail sur le « re-tissage » des liens d'une berge à l'autre ; les rapports en transversal de l'île « en système respiratoire/ côtes, plutôt qu'en colonne vertébrale » ; alors la 2x2 voies n'a plus lieu d'être. Il s'agit de repenser l'axe comme un véritable boulevard urbain, avec son vocabulaire particulier. En même temps, c'est aussi penser à la perméabilité de cet axe et permettre les amorces des transversales sur tout le corps de l'île.


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Travailler à grande échelle > Redonner un corps lisible au quartier ancien du marché > travailler sur de grandes lignes, dans une volonté d’unité de l’espace

Travailler à petite échelle > chercher les détails > éclater les espaces trop homogènes, détailler les espaces

103 Un boulevard urbain > transformer l’actuelle 2x2 voies en véritable boulevard urbain > Donner une place à chaque usager > typologie : chaussée, stationnements, trottoir, voie cyclable...

Un boulevard qualitatif > penser que le nouveau boulevard génèrera de la qualité sur l’environnement urbain traversé


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Le marché > reposer le marché et sa halle comme coeur de vie du quartier > travailler les accès, les ouvertures visuelles, la qualité de l’espace, l’emprise de la voiture sur cet espace...

L’esplanade de la médiathèque > transformer l’actuel carrefour en place urbaine, esplanade publique > une charnière entre le marché et la médiathèque, les commerces et les habitations > un nouveau coeur au quartier

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Les accroches sur le boulevard > valoriser les accroches des rues transversales sur le boulevard > attirer le promeneur DANS le quartier > un vocabulaire commun au boulevard et aux rues transversales : matériaux au sol, équipements urbains...

Investir le boulevard > permettre aux café et aux petits commerces d’investir le boulevard, grignoter l’espace par des terrasses, des étales...


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Approcher l’île et y entrer

ABORDER > deux lieux d’approche de l’île : le pont cornillon et la halte fluviale >le pont : il s’agit de marquer le passage du bras d’eau c’est arriver sur l’île/passer dans l’île est ce que c’est un pont de bois ? > la halte fluviale : c’est une arrivée de l’imaginaire provoquer quelque chose d’extraordinnaire > développer le transport fluvial/les navettes avec les villes voisines ex : Meaux/Nanteuil /Trilport => Coeur à coeur de ville


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Mon site est une île. alors Reconnaître une île c'est penser à son approche. Approcher l'île, l'aborder, c'est aussi une manière de l'identifier. Le travail porte ici en particulier sur le pont Cornillon et sur la halte fluviale. Ces deux éléments parlent des différents « abordages » de la Grande Ile de Meaux.


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La halte fluviale > en faire un vrai lieu d’approche de l’île > requalifier le quai et le lier au quartier > développer les activités et les évènements autour du transport fluvial

Un port fluvial > implanter un port fluvial touristique et économique > développer un réseau de transport public fluvial entre les communes de Meaux / Nanteuil / Trilport ?

Les ponts de l’île > Travailler de façon très ponctuelle sur les ponts > intervention d’ordre artisitique/esthétique > provoquer l’évènement sur le boulevard à la traversée des canaux

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UN LIEU COMMUN > car le canal Cornillon est fondateur de l’île > un lieu beau/ un lieu de l’homme > L’OUVRAGE D’ART > il est fondateur & générateur quelque chose se passe à cet endroit, c’est un évènement comprendre le fabuleux du site > relever ce site de LENTEUR et de SILENCE


Veine végétale du canal

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Convergence du regard, influence positive du canal sur la ville

Mon site est une île. alors,

Le canal Cornillon se pose comme socle commun des gestes de projet. Tout le travail, toutes les démarches s'enracinent, puisent dans le canal Cornillon. Car c'est lui qui fait l'île. « Le canal va être le lieu commun du regard, l'attention de tous les points de vue .»

Pour retrouver l’île, sublimer son langage


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Rotule végétale dans la ville > travailler les prolongements écologiques entre les virgules végétales nord et sud de la ville

Canal Cornillon > redéfinir les finesses du site > désenvaser > entretenir > ré-ouvrir (?) > donner une finesse écologique : passe à poissons / frayère / milieu intermédiaire Ecluse du canal de Chalifert > établir une promenade respectueuse du silence et de la lenteur du site > montrer la beauté de l’ouvrage d’art

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L’ essentiel de ce travail a été de définir le lieu tel qu’il est vraiment ; redécouvrir ses richesses, poser le doigt sur ses faiblesses. La démarche proposée n’est pas une « formule-magique », elle est un parti pris, un angle sous lequel nous pouvons décider de regarder le quartier. Si l’habitant s’attache à son quartier, s’il prend plaisir à y vivre et à le partager, alors le Marché trouvera une nouvelle dynamique. C’est aussi une encourageante façon d’envisager la ville pour demain ; tournée vers de nouvelles économies, d’autres volontés de déplacements et un mode de vie plus local.


OUVRAGES

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ROMANS

ARTICLES


20000 mots pour la ville, P. Chemetov, Flammarion Du bon usage de la lenteur, P. Sansot, Ed. Rivage Histoire de Meaux, A-E. Caro, Ed. Res Universis, Paris 1989 Dictionnaire topographique et historique des rues de Meaux ,Société Litteéraire & Historique de la Brie Tome 1, La vieille ville, rive droite Tome 2, Le quartier du marché Affiches touristiques de Charles-jean Hallo, dit ALO, de Georges Hallo & Claude Finon, Ed. Clouet Un canal, des canaux, de Pierre Pinon, Caisse Nationales des Monuments Historiques et des Sites, Ed. A&J Picard Les cours d’eau : dynamique du système fluvial, de Bravard & Petit, Ed. A. Colin, 2000 Quelques dimanches en bord de Marne de Charenton-le-Pont à Meaux, de Patrick Bard & Thierry Jonquet, Ed. Amatteis La Seine et Marne industrielle, Innovations, Talents, Archives inédites, sous la direction d’Isabelle Rambaud, Ed. Lieux-Dits L’eau urbaine, Atelier de création urbaine, IDF 2030, Ed. CARRE du SDRIF, Les ateliers de création urbaine Atlas de l’écologie, de Dieter Heinrich & Manfred Hergt, Ed. Le Livre de Poche, Encyclopédies d’aujourd’hui Elements de biogéographie et d’écologie, de Alain Lacoste et robert Salanon, Ed. Armand Colin Les jardins ordinaires, de Françoise Dubost, Ed. L’Harmattan

Le charretier de la Providence, G. Simenon, Poche Les eaux étroites, de Julien Gracq, Ed. José Corty Indiana, de Georges Sand, Poche L’enfant et la rivière, de Henri Bosco, Poche

La révolution des villes lentes gagne la France,article Le Monde, G. Allix, 2 Octobre 2010 Les piscines en Ile-de-France & Baignades, de Isabelle Duhau, Piscines, n°14, 2007

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CARTOGRAPHIE

FILMS

CHANSONS & MUSIQUES 118

SITES INTERNET


Une partie de campagne, de Jean renoir, 1936 La Belle Equipe, de Julien Duvivier, 1936 Casque d’Or, de Jacques Becker, 1952

Carte géologique de la France, à l’echelle du millionième, 6° édition révisée, 2003, Publications du BRGM Carte de la végétation de la france, planche 16 – Paris, Presses du CNRS Diffusion IGN 1/25000 – Serie top 25 - Meaux

L’Eclusier, Jacques brel, 1968 La Moldau, de Smetana, 1879

www.ile-de-france.equipement.gouv.fr www.insee.fr http://sandre.eaufrance.fr www.geoportail.fr www.marne-inondation.com www.carto-meaux.fr http://archives.seine-et-marne.fr http://ddaf77.agriculture.gouv.fr www.developpement-durable.gouv.fr www.ile-de-france.culture.gouv.fr www.iledefrance.fr http://natura2000.ecologie.gouv.fr www.seine-et-marne.equipement.fr www.marne-vive.com www.ville-meaux.fr

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Carte IGN aperรงu de topographie


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Plan de Prévention des Risques d’Innondation de Meaux et des communes voisines concernées par mon site.


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Carte géologique simplifée


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Carte gĂŠologique et carte IGN


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Bassin crue de la Seine 1910


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Zone de Protection Spéciale (ZPS) Natura 2000 Boucles de la Marne - 2641 ha Le Parc du Pâtis - 150 ha, dont 60 ha d’étangs


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Dans le centre ancien de Meaux, les flux pour vivre en coeur de cité Septembre 2010 a Marne s’écoule du plateau de Langres vers Paris en larges méandres. Elle rejoint la Seine à Charenton-le-Pont . C’est une rivière au flux important et constant. Elle est naviguée depuis toujours. Au fil des siècles, d’importants ouvrages de navigation et de communication ont été construits : canaux, écluses, ponts, barrages.

La Marne, le canal de Chalifert, les écluses, le barrage... sont inexistants dans la vie des Meldois. Ils sont pourtant potentiellement et ensembles, espace de vie quotidienne, de loisir, mode de communication et de transport. Réconciliation entre deux échelles et deux appréhensions de notre territoire : l’espace et le temps. Les déplacements et l’occupation d’un territoire. La réhabilitation des berges de la rivière est l’occasion de porter sur ce territoire un regard complet. Les différents « fils d’eau » que nous proposent la rivière, le canal et les écluses me semblent être des outils de compréhension du façonnement à venir de ce territoire fait pour l’homme. La ville, avec toutes ses composantes : tissus urbains « dépareillés », rivière canalisée et canaux, barrage et écluses, entrée de ville et route ultra-passante, est un matériaux plus que jamais modelable pour l’homme.

Ecole Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage

La Marne traverse des régions prospères, dont la Brie. Meaux s’est installé sur une petite boucle serrée de la rivière. Les terres sont ici riches et fertiles, le sol est limoneux, l’eau est omniprésente, les pâtures sont grasses. La rivière est navigable et sa boucle forme un rempart naturel contre d’éventuels envahisseurs. La ville, idéalement placée, se développe, s’étend, s’enrichit, se construit. Elle tire profit de sa rivière, en améliore l’accès et la circulation pour le commerce fluvial. Un quartier, dédié au commerce, prend forme ; jusqu’à faire de l’île de Meaux, une place forte. C’est un quartier entouré de remparts, de la rivière et d’un large fossé, très vite creusé pour parfaire l’inviolabilité du Marché. Aujourd’hui, les faubourgs anciens de Meaux forment un carcan solide et étroit autour de la Marne. Une rivière qui est seule au cœur de la ville, n’étant plus que le personnage de l’obstacle. Canalisée, contenue, enjambée, évitée, gommée. La généreuse est en attente. Comme ses quartiers, aujourd’hui décors d’entrée de ville trop rapidement franchie. La Grande Ile de Meaux, le quartier du Marché, et en face le centre ville et la gare sont deux cœurs anciens de la ville. Ils forment une entité urbaine dense. La ville dans ces quartiers est hétéroclite. La trame présente à la fois le dessin ancien d’une urbanisation remontant jusqu’au Moyen Age ; et le dessin d’une ZAC de la toute fin du 20ème siècle. Historiquement indépendants et paradoxaux, ces deux quartiers présentent aujourd’hui le même effacement. Ils ont tourné le dos à leur rivière et sont traversés par une voie rapide. Véritable coup de sabre dans leur logique urbaine. Ils se sont fait dépasser par le temps.

9, rue de la Chocolaterie cs 2902 41029 Blois cedex tel : 02 54 78 37 00 fax : 02 54 78 40 70


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