Cycle d'étude sur l'Iran - Le cinéma iranien

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point de vue de la censure, cela se traduit par l’arrestation de nombreux cinéastes, par la création d’une Haute Instance du cinéma présidée par Mahmoud Ahmadinejad lui-­‐même. Cette instance contrôle toutes les institutions cinématographiques du pays, ce qui limite considérablement la diffusion du cinéma indépendant iranien, si elle ne l’étouffe pas8. De plus, l’accès aux salles est devenu beaucoup plus difficile et la production de films « commerciaux » se multiplie. Critères d’exercice de la censure La censure étatique s’exerce d’abord sur le contenu des films, qui doit respecter un certain nombre de préceptes essentiels officialisés sous Khomeiny : la sympathie du spectateur ne doit jamais aller au pécheur ; absence de trafic de drogue ; respect du mariage et de la famille ; interdiction de mettre en scène ou même de suggérer l'adultère ; absence de contact entre une femme et un homme, même mariés ; absence de critiques concernant la religion (sauf s’il s’agit de condamner ces pratiques)9. De même, le corps doit être couvert, le cinéaste ayant interdiction d'utiliser des vêtements soulignant le corps des femmes ou un quelconque objet faisant référence au modèle occidental (notamment la cravate). Il est également interdit de montrer un visage de femme maquillée. Toutes ces contraintes mènent parfois à des situations ubuesques. Ces normes de l’espace public s’appliquant aussi à l’espace privé, une femme doit en théorie garder son voile en permanence, y compris lorsqu’elle dort. Chercheuse au CNRS et auteure d’un ouvrage sur le cinéma iranien, Agnès Devictor estime qu’on peut, avec beaucoup de prudence, comparer cette politique de censure au code Hays aux Etats-­‐Unis entre 1934 et 1966 (le Motion Picture Production Code est un code de censure rédigé par deux ecclésiastiques régissant la production des films). La censure s’exerce également sur la structure du film, c'est-­‐à-­‐dire sur la lumière, la musique, le cadrage. Jusqu’en 1997 les lumières tamisées étaient ainsi interdites. De même les gros plans sur les visages féminins restent proscrits. L’élaboration même du film est Source : http://www.slate.fr/story/44301/cinema-­‐films-­‐iraniens-­‐panahi BAKHTIARI Abbas, « Le régime iranien et le cinéma : une guerre qui ne finit pas », Point de vue, Le Monde, 23 mars 2011. Source : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/03/23/le-­‐regime-­‐iranien-­‐et-­‐le-­‐cinema-­‐une-­‐guerre-­‐qui-­‐ne-­‐ finit-­‐pas_1497050_3232.html 9 S.A., « Panorama du cinéma iranien ». Source : http://www.vogazette.fr/article.php3?id_article=445 8


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