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Deuxième Partie
Cas d’étude : La question du genre dans les espaces publics à Bruxelles.
Ce mémoire s’appuie principalement sur un travail d’observations des espaces publics bruxellois, sur lequel se concentre cette partie. Après y avoir abordé les aspects méthodologiques liés à l’observation du genre dans l’espace public, je présenterai les différents cas d’études choisis pour ce mémoire Les observations se feront à travers différentes thématiques d’analyse qui ont été déterminées au préalable. Ces thématiques identifient des éléments à prendre en compte pour une égalité spatiale et genrée du jeu des enfants.
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1/ L’enquête de terrain
1.1 Méthodologie Générale
La partie une m’a permis de cadrer mon sujet de recherche et de montrer la nécessité d’étudier la relation entres les espaces publics et l’inscription du jeu genré des enfants. En effet, le jeu et les enfants sont des notions qui ne sont pas encore totalement intégrées dans cette question de genre à l’échelle de la ville. Cette invisibilisation pose question, et m’amène à vouloir identifier la façon dont ces espaces publics sont investis par des comportements genrés à travers le prisme du jeu des enfants.
Pour ce faire, et pour réussir à comprendre la dynamique de nos espaces, mon travail se base sur une enquête de terrain auprès d’espaces publics Bruxellois, qu’il a fallu déterminer Comme je l’ai évoqué dans l’introduction, la ville de Bruxelles m’était complétement inconnu, et le premier travail fut donc de parcourir une grande partie de la ville, dans le but de découvrir ses espaces publics. Le choix des terrains est donc issu d’une longue période d’observation flottante entre septembre 2021 et février 2022 Je le rappelle, cela consiste à noter tout ce que l’on voit et récolter le plus d’informations possibles concernant les usages de ces espaces publics (organisation de l’espace, trajectoire des usagers, décompte de personnes, utilisation…). En premier lieu, j’ai dû faire un tri des éléments récoltés. Pour ensuite les ranger dans des catégories, faire des liens, et déterminer les événements qui se produisent le plus. Cette récurrence m’a permis de fixer des thématiques, et des points d’intention. Avec ce travail en amont, je suis passée à des observations focalisées de mars à juillet 2022. Ce qui signifie de se rendre sur le terrain avec des éléments que l’on souhaite observer, ou des aprioris, et de se concentrer sur cette thématique. Ces objectifs que je me suis fixés permettent d’alimenter les investigations et d’en tirer des conclusions. Pour cette étape, il a fallu être attentif à plusieurs éléments, à savoir l’heure de la journée afin de varier les moments ; mais aussi la météo qui peut impacter sur l’usage et surtout sur le jeu des enfants. Le but étant d’alterner les périodes d’observations pour recueillir un maximum d’informations variées. Au fil de ces observations et des lectures, plusieurs éléments se sont précisés, que ce soit sur les individus observés, les thématiques d’analyses qui constitueront la suite du mémoire, et bien sûr le choix des terrains.
A. L’échantillon choisie
La méthodologie m’a permis de prendre position sur plusieurs éléments. La première décision fut dirigée vers l’âge des individus dont ce mémoire en ferait l’analyse. Au départ, l’idée était de se focaliser sur les enfants en bas âge dans les aires de jeux, mais rapidement je me suis rendu compte que la présence des parents induisait fortement le jeu des enfants ainsi que leur comportement dans l’espace. Ce constat rendait difficile l’observation genrée, et par conséquent sur leur utilisation spontanée. De plus, comme il a été évoqué dans l’état de l’art avec les recherches de Zaouche Gaudron et Rouyer134, cette conscience de genre apparaît plus tard dans la vie d’un enfant, soit vers l’âge de 5-7 ans. Pour se saisir de cette question de recherche, il était plus judicieux de sélectionner les enfants dès l’âge de 7 ans (environ), afin d’observer les comportements genrés qui m’intéresse. Le but est aussi de porter un regard sur la place des femmes, en général, dans les espaces publics que j’aurai choisis, afin de comprendre l’espace genré dans sa globalité.
B. Les thématiques d’analyses
Grâce au travail des observations focalisées, j’ai pu déterminer et souligner des thématiques récurrentes dans mes cas d’études. Certaines sont arrivées assez rapidement, tel que les espaces verts, les espaces minéraux, et les terrains de sport, car ce sont des configurations que l’on retrouve principalement dans les espaces publics. D’autres ont été alimenté par les lectures scientifiques, c’est le cas pour les espaces de retrait qui a été nourri par l’étude de l’ASBL Garance, Femmes au parc !135. Par ailleurs des éléments spécifiques à certains terrains, ont été source d’inspiration, et m’ont donné l’envie de les investiguer, cela concerne la topographie et le rapport à l’eau.
Les thématiques que j’ai décidé de développer sont donc les suivantes :
1. Les terrains de sport
2. Les espaces minéraux
3. Les espaces verts
4. La topographie
5. Le rapport à l’eau
6. Les espaces de retrait
134 ZAOUCHE-GAUDRON Chantal et ROUYER Véronique. « L’identité sexuée du jeune enfant : actualisation des modèles théoriques et analyse de la contribution paternelle ». Construction et affirmation de l'identité chez les filles et les garçons, les femmes et les hommes de notre société. Volume 31 (2002), p 523 à 533.
135 ASBL GARANCE. « Femmes au parc ! Améliorer l’accés des femmes aux espaces verts ». [En ligne] Garance ASBL, septembre 2017 [consulté le 15 avril 2022]. Disponible sur internet à l’adresse : http://www.garance.be/docs/17FAPRapportfinalRegion.pdf
C. Le choix des terrains
Les terrains choisis pour l’observation focalisée sont répartis sur le territoire de trois communes bruxelloises présentant des caractéristiques sociologiques et d’aménagement urbain différentes : Schaerbeek, Saint-Gilles et Jette L’hypothèse qui me pousse à choisir des profils différents est que la diversité des profils me permettra potentiellement (ou pas) de faire apparaître des différences dans l’usage, l’aménagement, et le comportement genré.
Comme le montrent les données issues du monitoring des quartiers136 [Renvoi vers les tableaux 1, 2,3], ces trois communes ont des profils différents en termes de diversité culturelle, de revenus, d’espaces verts et d’âge de la population.
Ainsi, si je me concentre sur les données liées au sujet de recherche telle que la pyramide des âges [tableau 1] ou l’accès aux espaces verts [tableau 3], je constate que Schaerbeek est une commune beaucoup plus jeune que Jette et Saint-Gilles avec une moyenne d’âge de 34 ans contre 37-39 ans pour les deux autres. Sur la cible des 6-11 ans, ils représentent environ 8.5 % de la population de Schaerbeek et Jette alors que pour Saint-Gilles le pourcentage est un peu en dessous de 6.5 %. Au sujet de la diversité, Saint-Gilles et Schaerbeek font partie des communes avec un taux de plus de 2.5 % de leur population étrangère ; alors que Jette se situe entre 1.60 et 1.75 %
Concernant les revenus de la population, Saint-Gilles reste une commune très pauvre par rapport aux deux autres qui sont tous deux dans la même catégorie. Cet élément est un point essentiel, pour comprendre si oui ou non les usages différenciés en fonction du genre apparaissent davantage dans les communes plus pauvres, ou inversement dans les communes plus riches.
Puis je me suis intéressée à l’environnement de ces communes. Ce mémoire se concentre sur les espaces publics, dont certains sont considérés comme des espaces verts137. Je me suis, donc, demandée si l’accès restreint (ou pas) aux espaces verts joue un rôle dans les usages et en particulier les usages genrés des espaces publics. C’est alors que les données à ce sujet [tableau 2] montrent que Saint-Gilles est la commune où il y a le plus d’espaces verts mis à disposition de la population, suivi de Schaerbeek puis Jette. Dans une autre carte de 2012, le taux de la population à proximité d’un espace vert, est élevé pour les trois, soit 70-80 % pour Jette et Schaerbeek, et plus de 80% pour Saint-Gilles
136 IBSA.brussels. « Monitoring des quartiers » [En ligne]. Bruxelles, mis en ligne en 2005, [consulté le 25 juillet 2022]. Disponible sur internet : http://monitoringdesquartiers.brussels/a-propos/
137 Tel que le parc de la Jeunesse et le parc roi Baudoin à Jette.
REVENU IMPOSABLE MOYEN PAR HABITANT EN € (2015)
SURFACE IMPERMÉABLE (2006) POPULATION À PROXIMITÉS DES ESPACES VERTS (2019)
L’étude Maillage Vert138 propose des chiffres concernant les espaces verts et les espaces récréatifs accessibles par habitant. Jette est à 2.9 m²/hab, Schaerbeek à 4.7 m²/hab, et en dernière position Saint-Gilles à 1.4 m²/hab. En comparant avec les données du monitoring, je comprends que les surfaces verdurisées ne sont pas nécessairement ouvertes aux publics, l’offre en espace vert public est donc assez limitée dans les communes choisies, et plus spécialement pour Saint-Gilles qui se retrouve en dernière position parmi toutes les communes de Bruxelles. Avec le graphique [tableau 3], je remarque une inégalité forte et un déséquilibre important entre les communes en termes de distribution spatiale concernant la disponibilité en espace vert et espaces récréatifs accessibles au public.
Source : BRAT 2009
138 BRUXELLES ENVIRONNEMENT. « Le maillage vert ». Bruxelles environnement, javier 2017. Disponible en ligne :https://document.environnement.brussels/opac_css/elecfile/Sol%206?_ga=2.262701132.1361891149.1656 332367-2145503670.1656332367
1.3 Fiches identitaire
Afin d’introduire nos cas d’études, je propose un encart sous forme de livret en présentant pour chacun l’historique, le contexte, les plans, et la configuration de l’espace.