Carnets de voyage en Polynésie - été 2015

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18 août - 7 septembre 2015

NOUVELLES AVENTURES

POLYNÉSIENNES

TAHITI, MOOREA, HIVA OA, TIKEHAU ET RANGIROA 1

Hélène et Christian Maillot


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Carnet de voyage en Polynésie française 18 août - 7 septembre 2015 Quelques vraies îles hautes : Tahiti, Moorea, Hiva Oa et quelques atolls formés de motus, ces îles coraliennes, perles du Pacifique que sont Tikehau et Rangiroa

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« Dieu, dans sont infinie sagesse à protégé les noix de coco qui peuvent tomber de vingt mètres sans se briser mais il a oublié de doter les Polynésiens et les touristes de casques »

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N

ous sommes le 18 août, c'est la Sainte Hélène. Nos bagages sont presque prêts. Le vol est ce soir à 19h10. Il est bien chargé et on a bon espoir d'être surclassés... Le temps est maussade à Paris et les très hautes températures sont retombées. Vers seize heures nous prenons le RER pour Roissy.

Mercredi 19 août Il est cinq heures, Papeete s'éveille Il est cinq heures du matin à Papeete et nous venons d'atterrir. À ma montre il s'est écoulé vingt-deux heures depuis le départ. Le billet "médaille" d'Hélène lui a permis d'être surclassée en classe Affaires. Pour ma part j'étais en Premium, la classe avec les mêmes prestations qu'en Eco mais avec des sièges larges pour les obèses... On a échangé nos places après l'escale de Los Angeles. Cette escale de deux heures permet de marcher un peu (beaucoup en raison du circuit que l'on nous fait faire) et de se détendre. On passe la police et on nous demande si on est en transit et où l'on va. Mieux, le préposé demande pourquoi on va à Tahiti. Je suis outré, et j'ai envie de lui répondre que ça ne le regarde pas, que je ne mets pas les pieds chez lui et que je trouve que c'est une inquisition insupportable. Mais comme je connais les réactions des policiers des États-Unis, je me tais. Dans l'avion, les hôtesses ont revêtu une robe tahitienne, du style robe missionnaire mais avec un décolleté moins strict. Les annonces sont faites en tahitien en plus du français. On sent que l'on approche du but.

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À Papeete, nous sortons avec nos deux bagages, notre nom est affiché sur un tableau. On se présente à la jeune femme qui se tient devant le tableau. C'est notre hôtel qui a bien prévu notre transport. Elle nous passe un collier de fleurs autour du cou et nous souhaite la bienvenue. On aime bien ce genre d'attention. La conductrice du minibus nous conduit en un quart d'heure à l'hôtel Sarah Nui, près du débarcadère, au centre ville. On est ses seuls passagers et on devise gaiement. À l'hôtel on nous donne une chambre immense mais un peu bruyante. Deux des murs sont des baies vitrées mal isolées donnant sur des entrepôts où des camions viennent charger et décharger des marchandises. Le bip bip bip des véhicules qui reculent est pénible. Après une douche et un peu de repos je vais demander à changer. On 6


nous donne une chambre un peu plus petite (30 m2 avec la salle de bains) mais beaucoup plus calme. Vers dix heures nous partons visiter le centre ville, à dix minutes à pied. Il fait bien chaud. Les nuages couronnent les montagnes au centre de l'île. On les voit de la chambre. La ville est animée mais sans stress. Il y a peu de feux tricolores mais pour traverser, les piétons ont juste à se présenter au passage pour piétons et les automobilistes ralentissent et s'arrêtent. On roule "cool" et on traverse "cool"... On se rend à l'hôtel de ville, superbe bâtisse blanche de type colonial.

Ensuite nous passons à l'office de tourisme, sur le front de mer pour glaner de la documentation sur la ville, les autres îles, les horaires des bateaux entre Papeete et Moorea, des moyens d'aller en bus à l'aéroport... On poursuit avec le marché couvert, il regorge de fruits tropicaux, d'artisanat, de tissus, de paréos et de poissons. On tourne et on retourne dans les rues de la ville. Les gens sont souriants. 7


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Vers midi les écoles, les collèges et les lycées libèrent des centaines de jeunes gens qui envahissent les trottoirs, les terrasses et les commerces de bouffe rapide. On passe devant la cathédrale. Mon voisin dans l'avion qui vit à Tahiti depuis trente ans m'a signalé le prêtre comme étant un personnage à aller voir, surnommé père Jésus. On entre dans la cathédrale, il est midi et on célèbre la messe. Toutes les portes sont ouvertes pour la circulation de l'air. Pas loin, un magasin d'articles pour le surf a installé un DJ devant sa devanture et les décibels font vibrer l'air jusque dans l'église. Le prêtre ne se laisse pas démonter par cette concurrence, d'une voix forte et ferme il fait sa messe. La barbe est longue et les cheveux aussi. Il est mince et la silhouette est christique. Les bancs sont bien remplis, surtout pour l'horaire et un mercredi. Quelques chants sont en tahitien, très beaux. La chorale est menée par une femme à la voix pure et puissante. Nous passons un bon moment.

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Encore quelque tours dans la ville pour acheter des casse-croûtes sur le marché, pour reconfirmer nos vols vers les îles à partir de dimanche chez Air Tahiti, pour retirer des francs pacifique et pour voir le lieu pour l'embarquement, demain si nous allons à Moorea, l'île en face de Papeete.

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Jeudi 20 août À Papeete, Bougainville et Joe Dassin On se réveille au milieu de la nuit et on a du mal à se rendormir. La journée se passera en promenades en ville. La première chose est de prendre un petit déjeuner copieux. Sur le front de mer on trouve la poste pour acheter des timbres... On fonctionne avec internet mais on aime toujours les bonnes vieilles cartes postales pour la famille et les amis. On découvre dans la poste grâce à une série limitée de timbres émise en septembre 2014 que la ville de Papeete a été bombardée en septembre 1915 par un navire allemand au tout début de la guerre. On lui a refusé un ravitaillement en charbon pour ses machine alors un tiers de la ville a brulé ! La Guerre de 14 s'est donc étendue jusqu'à Tahiti... On découvre aussi qu'il n'y a pas de facteurs ici et que tout le monde possède une boîte poste restante, on ne distribue pas le courrier. Dommage pour les facteurs qui ne peuvent pas demander leur mutation en Polynésie !

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Sur le front de mer on passe par le parc Bougainville, par le centre culturel où se déroule le Heiva en juillet. Le Heiva est la grande compétition de danses et de chants polynésiens qui oppose les îles. En 2002 nous avons assisté à la prestation d'une troupe lors du spectacle nocturne. On reconnaît l'endroit avec ses gradins et son immense plateau pour les danses. J'avais eu la chance de me faire photographier en compagnie de Miss Tahiti 2002... Un grand moment ! On tourne et on vire dans le centre ville, on achète les cartes postales afférentes aux timbres. En fin d'après-midi on déambule le long du port et de la plage. C'est l'heure où l'on vient faire son jogging dans le parc qui longe la mer. Les sportifs, dans leurs pirogues à un, deux ou neuf sortent dans la baie. Le soleil descend sur Moorea. Des ferrys quittent Papeete et s'éloignent à toute vitesse.

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Ce soir, 20 août, c'est le 35e anniversaire du décès de Joe Dassin. Il est décédé d'une crise cardiaque dans le restaurant-bar Le Rétro qui se trouve sur le front de mer. On a vue l'annonce de l'événement dans le journal local. Il va y avoir une soirée musicale karaoké et orchestre à en hommage à Joe Dassin à partir de 18 heures. On s'y rend donc. Il est moins cinq et la happy hour n'est pas finie... une cloche sonne pour indiquer que ce sont les cinq dernières minutes ! On commande deux cocktails Mai Tai sans perdre une minute ! Un technicien installe un écran de projection, une sono avec un nombre incroyable de fils qu'il entremêle, démêle, branche et débranche. Puis il règle l'image pour le karaoké. Plus haut, plus à gauche, plus bas, plus nette... Vient enfin le moment de la première chanson "Et si tu n'existais pas..." C'est émouvant de penser à ce chanteur qu'on aimait bien. 15


Vendredi 21 août Une journée à Moorea

On a prévu de prendre la navette de 8h15 à destination de Moorea. Comme on est réveillés bien avant l'heure et que l'embarcadère est à cinq minutes à pied de l'hôtel, tout se passe à merveille. Papeete s'éloigne, montrant une autre face du front de mer, de ses monuments, de ses parcs. Le catamaran rouge file vers Moorea en laissant un énorme sillage d'écume blanche. Vingt-cinq minutes plus tard nous accostons après une traversée superbe. Le ciel est d'un bleu soutenu, la mer est calme et l'air est doux. À l'avant l'île de Moorea et ses reliefs volcaniques qui partent à l'assaut du ciel prend peu à peu des couleurs. Les teintes de gris laissent place au vert de la forêt qui recouvre toute l'île, intacte et pure. Seule la bande côtière égraine un 16


chapelet de maisons qui se succèdent de chaque côté de la route. Elles sont enchâssées dans la végétation, dans les fleurs.

Nous avons prévu de suivre la route jusqu'à la plage publique de Témahé, soit environ quarante minutes de marche. Quelques chiens viennent à notre rencontre, aboient mollement une ou deux fois pour nous indiquer que par ici c'est chez eux, puis qui nous accompagnent un moment avant de retourner s'allonger à l'ombre, entourés des crabes de terre qui sont toujours à côté de leur trou où ils courent se réfugier dès qu'on approche.

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Nous marchons depuis une demi-heure lorsqu'un panneau nous indique l'entrée de l'hôtel Sofitel. On prend le petit chemin ombragé. Un passage par la réception pour connaître le tarif d'une journée à la plage et à la piscine... 26 000 xpf avec le repas pour deux personnes (soit 240 euros). On va juste aller boire un jus de fruits dans l'un des bars face à la mer. Le bar du Sofitel domine la plage et les farés sur pilotis. À gauche des bungalows sont essaimés dans leur écrin de verdure. On s'installe, on commande nos jus de fruits et on admire le paysage... Une eau limpide, du bleu, du vert et du sable blond. Au loin le récif qui fait écumer la mer. Le serveur est avenant, il a envie de parler. Il a vécu en France, en Espagne (Barcelone), en Italie, en corse, à Nice... Il est natif de Moorea. Il nous apprend que 30% des touristes sont américains des États-Unis, que 30 % sont Italiens, et que les autres sont Français, Européens et de l'île d'en face (Tahiti). 18


On quitte le bar et on longe la plage pour aller sur la plage publique, là-bas à gauche. Elle est moins propre, il y a des algues séchées sur la grève mais il y a de l'ombre et du soleil, c'est au choix et peu de monde. Des touristes et des polynésiens avec leur pirogue. Le sable est mêlé de corail pas encore réduit à l'état de poudre. Les pieds nus souffrent un peu. On s'allonge, on regarde. On est bien et on se le redit sans cesse... Le vent léger mais constant nous rafraîchit. On se baigne. L'eau est moins chaude qu'on ne l'aurait imaginé. C'est bon ! Les heures passent. La vie est belle !

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Il va être quatorze heures, on se met en route pour reprendre le ferry de quinze heures. Le chemin est plus fatigant que ce matin... Les chiens nous refont un bout de conduite. Dans le ciel, les nuages et le soleil jouent à nous faire de l'ombre par moments. Voilà, on arrive à l'embarcadère. Un énorme ferry, l'Aremiti embarque du matériel et des véhicules. Notre navette Terevau rouge marquée Vodafone arrive, déverse sa cargaison de passagers et de petites marchandises puis nous embarque avant de filer vers l'autre côté, vers Papeete. Aucun dauphin, aucune baleine ne nous accompagne. Il y en a souvent pourtant dans cette zone. Retour à l'hôtel, douche et repos.

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Samedi 22 août Dans le port de Papeete... les monstres Ce matin on n'est pas en grande forme. La marche d'hier se fait sentir dans les articulations et les muscles. Alors la journée sera calme. Promenade en ville et sur le front de mer. Autour de la cathédrale une opération Back to school est organisée. Les associations culturelles ou sportives proposent des inscriptions pour la rentrée scolaire. Dans la cour du collège, un marché aux puces se tient. Les bénéfices serviront à organiser un voyage scolaire. J'y trouve deux superbes chemises tahitiennes, faites à Tahiti, pour un prix très intéressant 400 francs (3,50 euros) chacune. Autour de la cathédrale, des enfants montrent leur talent au piano, des groupes chantent ou se préparent.. La tenue tahitienne avec les fleurs autour du cou et des couronnes sur la tête est portée par la majorité des gens. Sourires partout...

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Dans le port sont amarrés d'énormes paquebots de croisières tout blancs "Sea princess", Pacific princess"... Dans les rues avoisinantes, des centaines de passagers déambulent en shorts, chapeau sur la tête, chemise tahitienne et chaussures de sport avec chaussettes. Les parfaits touristes... Ils n'ont que quelques heures pour découvrir Papeete, alors ils entrent dans tous les magasins d'articles souvenirs, perles, paréos, chapeaux, cartes postales, ukulélés... Les navires forment d'énormes barres de dix étages le long des quais, fermant la vue du large. On se rend vers le palais du président de l'Assemblée territoriale, "la maison à Gaston". Elle est plutôt jolie, de style colonial avec des grandes grilles et des gardes derrière.

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On passe voir le bassin de la reine PomarĂŠ IV, lieu oĂš elle passait soit disant une grande partie de son temps dans l'eau et recevait mĂŞme ses amis... 26


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En fin d'après-midi nous revenons sur le front de mer. Il y a de nombreux tahitiens qui profitent de la douceur de l'air et qui admirent les navires. Les enfants jouent tranquillement, pas de cris, pas de stress, seulement du bonheur de vivre. Les passagers remontent dans leurs bateaux. Ce soir ils quitteront Papeete pour se réveiller demain dans une autre île... Nous rentrons alors que le soleil barbouille de rose et d'orange les hauteurs de l'île et les façades des maisons tout le long du front de mer. Nous allons préparer nos bagages. Demain à 6h30, nous prenons le vol VT 821 pour Hiva Oa, l'une des îles Marquises.

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Dimanche 23 août On arrive aux Marquises, à Hiva Oa

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Réveillés à 4h15, on déjeune dans la chambre, on se prépare et en route pour l'aéroport dans le minibus commandé par l'hôtel. On embarque à 6h30. C'est un ATR 72, un avion à hélices moderne. On décolle dans les lueurs de l'aube. On passe la couche des nuages épars et nous voilà au soleil. L'avion est aux deux tiers plein. Le vol est calme. On passe au-dessus de l'atoll de Rangiroa. C'est un immense chapelet de motus sur 230 kilomètres de circonférence. Après trois heures quinze de vol nous arrivons sur Hiva Oa. Les pitons rocheux plongent dans l'océan. La végétation recouvre toute l'île. Les sommets sont nimbés de nuages et disparaissent. Atterrissage parfait, les moteurs vrombissent jusqu'au point de stationnement, devant la petite aérogare. Une trentaine de personnes sont là qui attendent amis, parents ou clients. L'hôtesse ouvre la porte arrière et l'abaisse pour en faire l'escalier de débarquement. Dans l'aérogare un monsieur nous demande si nous sommes M. et Mme Maillot !?! Oui, c'est bien nous... Comment nous a-t-il reconnus ? On est quarante à être sortis de l'avion. Il nous passe des colliers de fleurs autour du cou ainsi qu'à deux italiennes (la maman et sa fille). Nous sommes ses clients. Le chariot arrive avec les bagages. Tout est là, enfin, nos deux valises. Nous montons dans la Land Rover blanc-crème. À l'époque de Jacques Brel il y avait trois voitures. Quarante ans plus tard il y en a cinq cents ! Mais le permis de conduire n'est pas obligatoire. Trop compliqué, ici il n'y a aucun panneau et dans certaines portions de routes il n'y a qu'une voie. Alors celui qui sait faire marche arrière recule (dixit le chauffeur). La route serpente dans les pitons. La forêt est luxuriante. Et puis voilà, nous arrivons au Hanakee Pearl Lodge. Il domine la baie et le village d’Atuona. La vision coupe le souffle. L'accueil est chaleureux. On nous montre la piscine, la vue, les bungalows et on s'assoit pour un 33


rafraîchissement de bienvenue. Rapidement on nous propose les excursions possibles afin de fixer le programme et organiser. Il y a des randonnées en 4x4, des randonnées pédestres, d'autres à cheval sur la plage et de plus simples dans les alentours en voiture.

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Nous descendons à notre bungalow. Il est superbe, tout en bois et avec des nattes sur les murs et une grande baie vitrée longée par une tablette formant bureau (où je me tiens pour écrire en ce moment) ouvre sur la baie de Taaoa au sud de l'île. Des fleurs fraîches sont parsemées sur le lit immense, sur le bureau, dans la salle de bains. On s'installe, on admire. L'océan est 200 mètres plus bas. Des coqs et des poules déambulent tranquillement dans le jardin entre les bougainvillées, les cocotiers, les frangipaniers, les arbres à pain, les figuiers de barbarie... On sait comment on sera réveillés demain matin !

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Une petite collation et on s'installe au bord de la piscine avec Chiara et Caterina sa fille d'une vingtaine d'années. Elles étaient dans le même vol que nous et font leur premier voyage en Polynésie. Elles sont subjuguées par la beauté naturelle et la pureté de l'endroit. Nous aussi. L'après-midi se passe au soleil, au bord de la piscine.

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Lundi 24 août Visite à Gauguin et à Brel

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Notre programme prévoit la visite du village d'Atuona et un marae au sud ouest de l'île. Mais nous faisons plus ample connaissance avec nos deux italiennes au petit déjeuner. Les liens se tissent immédiatement et le contact s'établit naturellement. La journée va être passionnante et riche en émotions. À neuf heures, nous descendons au village avec Jean-Jacques Boillet. Atuona est un tout petit village avec deux ou trois épiceries (dont une chinoise), un café, une gendarmerie, un office de tourisme, un restaurant, une caserne pour les jeunes polynésiens et deux musées, l'un consacré à Gauguin, l'autre consacré à Jacques Brel. Dans le premier on trouve des reproductions des œuvres de Paul Gauguin et un récit de sa vie. Cela donne un panorama intéressant de l'artiste et de l'homme... pas très bien perçu ici. Derrière le musée se trouve la "maison du jouir", la reproduction son faré, à l'endroit même où il habita. À quelques mètres de là se trouve un hangar dans lequel 41


est exposé Jojo, l'avion de Jacques Brel, sauvé de la destruction et rénové par des amateurs navrés de voir pourrir l'appareil. Des photos du grand Jacques, des textes d'interviews et des chansons accompagnent la visite. C'est pour nous un endroit très émouvant. Autant Gauguin a pu laisser un souvenir mitigé aux habitants de Hiva Oa (en raison de son attitude envers les femmes et les jeunes filles), autant Brel a laissé le souvenir d'un homme dévoué aux autres. Son avion ayant notamment servi à transporter des malades ou des personnes nécessitant des soins à Papeete. Un très grand moment, cette matinée.

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L'après-midi nous sommes guidés par Dany, le jardinier-guide-taxi de l'hôtel qui nous emmène au cimetière, sur les hauteurs d'Atuona. Les deux tombes sont là, à une dizaine de mètres d'écart. D'abord celle de Gauguin, près de l'entrée, ensuite, un peu plus haut celle de Jacques Brel. Nous y déposons nos colliers de fleurs. Il y a de nombreux galets peints avec un message de remerciement. On ressent une grande émotion. La vue sur la baie est superbe. C'est un bel endroit pour vivre sa mort.

Dany nous emmène ensuite voir un marae, le plus important des Marquises. Il est situé à quelques kilomètres d'Atuona. La route, puis le chemin pour y arriver est difficile, sauvage. Le marae est un lieu sacré destiné à la tenue de cérémonies. Notre guide nous explique le rôle de chaque partie du marae : place pour le roi, pour les dignitaires, 46


pour les hommes, pour les femmes. Les cérémonies s'y déroulaient, étaient parfois macabres puisque les marquisiens étaient cannibales... Un tiki domine le site. Il est en bon état. Un immense arbre abattu par la tempête gît au sol, d'énormes branches éparpillées un peu partout autour du tronc cassé à mi-hauteur, vermoulu.

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On retourne à notre hôtel en passant par le port où débarquent d'une goélette Aranui toutes les trois semaines les denrées nécessaires aux habitants. Fruits, légumes, électroménager, boissons (bière)... Tous les mois et demi passe une autre goélette qui transporte les matières dangereuses comme l'essence, les bombonnes de gaz... Notre guide nous confirme qu'il est bon d'être présent lors du débarquement des matériels qui nous sont destinés, le chapardage se pratiquant, surtout de la part d'une famille bien connue, nous dit-il ! Lors de notre promenade on a croisé un très grand nombre de poules et de coqs sur les bas-côtés des routes. Ils n'appartiennent à personnes, "on n'en mange pas beaucoup" mais ils sont utiles pour manger certaines chenilles (scolopendre) qui auraient tendance à pulluler. Ces poules ont été laissées par les navigateurs autrefois afin de se reproduire et de servir de garde-manger naturel pour les expéditions suivantes. Dany nous raconte que ces poules pondent des œufs n'importe où et que lui, quand il passe le Rotofil, il fait éclater des œufs qu'il n'a pas vus, et ça en met partout autour, y compris sur ses pieds. Il nous apprend aussi que certains poissons ne sont pas comestibles, ceux du lagon qui vivent là où poussent des algues nocives. Pour savoir si le poisson est bon, il suffit de l'ouvrir, de faire couler du sang sur une fourmilière et de voir si les fourmis vont dessus ou pas. Si elles ne s'en approchent pas, le poisson est dangereux, il ne faut pas le manger et changer de pêcheur...

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Mardi 25 août Retour à Papeete pour une nuit

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On est réveillés par les coqs. Il pleut et la baie est dans la brume. En quelques minutes, le ciel s'éclaircit et deux magnifiques arcs-en-ciel décorent la vallée d'Atuona. C'est une vision féérique. Petit déjeuner, adieux à nos italiennes, bouclage des bagages. On quitte le faré. Le vol aura une demi-heure de retard.

On attend sur la terrasse puis on quitte le lodge en Land Rover, des colliers de graines autour du cou. À l'aéroport nous attendons encore une demi-heure un autre avion qui a des passagers en correspondance. Ici, pas de police tatillonne et de fouille minutieuse. Je demande si je peux garder ma bouteille d'eau entamée, la jeune femme à l'embarquement me dit "oui !".

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Bon vol de retour à Papeete. Juste, on se gèle un peu dans l'avion à cause d'une climatisation trop forte. Cela m'amuse parfois les gens qui 55


veulent avoir quinze degrés en été et vingt-cinq en hiver. D'autres fois cela m'énerve... c'est le cas aujourd'hui ! Entre l'atterrissage et l'arrivée à l'hôtel, il ne s'est pas écoulé une demi-heure. Les bagages sont arrivés en cinq minutes, il faut dire que l'avion était petit et garé à vingt mètres de la salle de livraison des bagages. Ensuite, notre nom était en tête de liste sur le grand panneau à la sortie et notre chauffeur était à côté. Nous étions ses seuls passagers, et il a conduit son minibus comme une formule 1. Le front de mer est toujours aussi beau au soleil couchant ! On ne déballe pas nos affaires, on repart demain matin. Un brin de toilette et on sort pour profiter du soir et aller diner sur la place Vai'ete où se trouvent les "roulottes". Ce sont des "food trucks", comme on dit en français. C'est traditionnel à Papeete. Il y en a une vingtaine avec leurs tables autour. On choisit L'Estanco qui propose du poisson grillé qui nous semble parfait. On ne sera pas déçus, le mahimahi et le saumon des dieux (de la joue) sont délicieux avec un peu de citron vert... À côté de nous, c'est une raclette avec tout ce qu'il faut que nos voisins dégustent !

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Mercredi 26 août On découvre une île des Tuamotu : Tikehau Le vol ne dure qu'une heure. On arrive à Tikehau à onze heures du matin. Il tombe quelques gouttes à notre descente d'avion et le ciel est bien gris. Heureusement il fait une bonne température de 26 degrés. Le faré qui nous attend n'est qu'à un kilomètre. Aito Motel Colette. Jessie, le chauffeur de minibus nous attend dans l'aérogare. Il nous remet nos colliers de fleurs. Nous arrivons en une minute et il nous conduit à notre faré, face au lagon, niché entre les cocotiers, à dix mètres de la plage. Des sièges et une table trônent devant le balcon et deux bains de soleil nous attendent. Le faré est tout simple : une pièce avec deux lits et une salle de bains derrière avec lavabo, wc et douche. Parfait. On s'installe rapidement et on se rend dans le restaurant-barréception. Le propriétaire et sa fille sont là. On se présente, on vérifie que le virement fait en décembre a bien été reçu (on en a la preuve par la banque), on paye le séjour en entier et on boit une bière Hinano avec Hénéré. Les autres clients qui étaient avec nous dans l'avion arrivent. Ils sont allemands mais l'un d'eux parle impeccablement français. Il travaille à Papeete. Lui et ses amis sont de Berlin... Le plus âgé d'entre eux a travaillé à Stendal, il y a longtemps...

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La bière terminée et la connaissance faite on va s'installer sur la plage devant le faré. Le soleil joue à cache-cache avec les nuages et le vent souffle assez fort et continûment. J'avais oublié cette particularité des alizées : il n'y a pas de rafales comme chez nous. C'est un vent régulier qui fait le bonheur des navigateurs à voile pour cette raison. Les eaux sont belles avec leur bleu, leur vert et leur beige qui se partagent l'espace jusqu'à l'horizon où dominent le gris et le bleu. L'après-midi se passe en allers et retours entre la plage, le faré, l'ombre des cocotiers et le soleil. Une petite promenade sur la plage vers l'ouest pour profiter des couleurs chaudes du couchant.

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Le repas du soir se prend à 19 heures dans le restaurant. Lorsque nous arrivons, à 19h10 tout le monde est attablé : trois tables (5, 2, 3 et nous). Hénéré et Colette sont accoudés au comptoir et commencent à chanter des chansons tahitiennes, Hénéré joue du ukulélé. Tout le repas est accompagné de musique au son aigrelet du ukulélé. Il y a des chansons romantiques, du moins on le suppose et des chansons humoristiques comme "On descend cocotier à vélo" ou "travailler c'est santé, pas travail c'est pas manger, pas travail manger cailloux"... Très belle soirée empreinte de simplicité et de naturel. Délicieux repas composé de poisson à la tahitienne suivi de filet de poisson avec aubergine et poivron grillés. Pour conclure, une belle salade de fruits ! À 20h30 tout le monde est au lit. 61


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Jeudi 27 août Tikehau la douce... mais sous le vent Petit déjeuner à 7h30. Pas de problème on est réveillés depuis plus d'une heure. C'est du copieux. Thé et café à volonté, jus de fruit frais, quartiers de pamplemousses (très doux), deux énormes pains au chocolat et deux beaux morceaux de baguette par personne. Beurre et confiture. En supplément discussion avec Hénéré et Colette qui nous expliquent qu'ils se lèvent à 4 heures du matin pour faire de l'internet... Il n'y a que quatre lignes et c'est très lent, quand ça ne coupe pas. On décide de faire une promenade jusqu'au village de Tuhérahéra. Il n'y a pas grand chose à voir et à faire : une épicerie, quatre églises, un poste de police, un dispensaire, une poste, une école et une jetée.

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À proximité de notre faré, sur la route se trouve "un snack", une buvette avec une charmante jeune femme qui donne l'impression de jouer à la marchande. On lui demande ce qu'elle a comme jus de fruits, elle répond qu'il ne lui reste pas grand chose. En fait on découvre que tout le monde vit dans les îles en économie de pénurie puis d'abondance. Au rythme des livraisons par goélette ou par avion, les stocks se font et s'épuisent jusqu'au niveau zéro que l'on atteint bien avant le réapprovisionnement. Ainsi, à Hiva Oa, on nous disait que lorsque la livraison de fioul et d'essence est faite, tout le monde vient faire le plein et des stocks, si bien que, en quelques heures, la station service est à sec jusqu'à la prochaine livraison. En cas de retard de la goélette... c'est la catastrophe. On ne commande jamais un peu plus que le nécessaire afin de posséder un matelas de sécurité. Donc, pour en revenir à la buvette, on a pris ce qui lui restait, c'est-à-dire du jus d'abricot. On a discuté des plages et des endroits à voir sur le motu, à la fois côté lagon et côté océan, des bicyclettes qu'elle loue à la journée ou moins, du vent qui n'arrête pas de souffler et de la sécheresse depuis trois mois. On viendra lui louer des vélos demain, si le temps le permet. La fin d'après-midi se passe au bord de la plage. De gros nuages gris roulent vers nous depuis l'horizon, puis une trouée laisse passer le soleil radieux qui revient comme si de rien n'était. Le vent souffle toute la nuit, sans faiblir. De belles averses frappent le toit de la paillotte. Au matin c'est un beau soleil et un ciel bleu qui nous réveille avec un vent de 20 nœuds (40 km/h), il me semble que c'est plus...

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Vendredi 28 août Le vent qui ne lâchait rien, lâche tout

Le vent souffle fort encore, on va déjeuner. Cela fait deux jours que c'est ainsi. On ne va tout de même pas rester enfermés. Allez, on va louer des vélos à la dame du snack au bout du chemin. Tiens, vers le centre du motu, le vent ne se fait pas trop sentir. On va louer pour la demi-journée. Elle nous emmène derrière sa boutique pour choisir les vélos. Puis elle appelle son mari pour qu'il amène un autre vélo. Pour Hélène ça peut aller mais le mien serait un vélo rose de fille. Deux minutes plus tard un vélo noir monté par un tahitien de bon format arrive. Il ira pour moi. Le plan : aller aux extrémités de l'île et voir les plages du côté océan. 67


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Aucune circulation ou presque. La promenade est tranquille. On a pris la direction de l'aéroport, qui est à 3 minutes du point de départ. On arrive à l'extrémité de la piste, on tourne à droite sur un chemin de terre et on arrive sur la façade océan, c'est le platier. Le récif est à 300 mètres et le lagon est jonché de roches déchiquetées et coupantes. La plage est sauvage et déserte. Cocotiers et végétation rampante couvrent le rivage. Le vent n'est pas sensible de ce côté du motu. Il fait chaud et le soleil tape bien. On fait ainsi presque toute cette façade extérieure de l'île. On arrive à l'autre extrémité du motu, on pique vers le village. Les enfants rentrent de l'école à bicyclette. On passe à la poste, il est 10h10, elle est fermée. Elle n'est ouverte que de 7h30 à 9h30 ! Demain c'est samedi, ce sera fermé et dimanche aussi. Bon, on verra à Rangiroa pour acheter des timbres. On termine notre boucle sous un soleil de plus en plus cuisant. On rend les bicyclettes et on se précipite sous la douche. 69


Hélène souffre des reins, la bicyclette qu'elle avait était un peu petite et le guidon un peu bas. Mauvaise position donc douleurs. Pour ma part la selle était un peu haute, mais ça allait. C'étaient deux vieux clous, comme on dit, mais ils ont fait l'affaire et surtout on n'a pas crevé sur les chemins recouverts de corail un peu tranchant parfois. Le reste de la journée passe en farniente sur plage devant le faré, décorticage de noix de coco, ouverture et dégustation du jus puis de la chair elle-même. Grâce à mon couteau suisse !

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Miracle, dans l'après-midi le vent tombe totalement. Le soir arrive et on entend distinctement le ressac et uniquement le ressac. Une nuit calme s'annonce. Colette nous a préparé des langoustes : trois par personne. Elles sont grillées. C'était la pêche du jour ! Le hors d'œuvre est du thon à la tahitienne avec beaucoup de crudités. On se régale...

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Samedi 29 août Dernière journée complète à Tikéhau Au matin, le vent est revenu mais pas aussi fort. Il fait un temps superbe. Les couleurs de l'eau du lagon sont dans des tons d'émeraude et de bleu; le ciel est bleu immaculé et la plage d'un joli bond doré. On bulle sur notre terrasse. On va passer la journée à ne rien faire, mais bien ! Juste aller filmer les requins pointes noires qui circulent en permanence dans la crique où se trouve le bateau de Hénéré. C'est là qu'il nettoie les poissons de la pêche, alors ça attire...

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C'est la plus belle journée de notre séjour en Polynésie. La famille allemande et les deux couples de français qui étaient avec nous sont partis et un groupe d'italiens les ont remplacés. L'ambiance est assez différente. Sur la plage les huit se sont installés largement en réquisitionnant les transats, les tables et les chaises qui nous semblaient attribués à chaque faré. Le niveau sonore est monté de deux crans.

Le soir, au restaurant je n'entends plus ce que me dit Hélène qui est en face de moi ! Hénéré chante et joue du ukulélé. Mais c'est tout à coup le groupe qui y va de sa chanson, puis d'une deuxième... Et ce que je craignais arrive : ils se retournent et nous demandent de chanter à notre tour ! Refus ferme et définitif de ma part, même chose de celle des autres français (deux couples). Hélène relance Hénéré et Colette 80


qui nous sauvent. Je déteste ces compétitions chauvines entre nations et surtout entre européens.

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Dimanche 30 août Matinée à Tikehau et vol pour Rangiroa C'est notre dernière matinée à Tikehau. On profite au maximum de la plage. Tout le monde ou presque est parti en excursion sur le lagon. Il n'y a que du bleu sur notre tête et un soleil radieux. À 15 heures on part après les adieux à Hénéré. Il est adorable. On retrouve Colette à l'aéroport, elle est chef d'escale pour Air Tahiti. Avec l'uniforme ça la change. Elle nous enregistre pour Rangiroa.

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Notre vol a un peu de retard. On ne l'a pas entendu venir, tout à coup il se pose sur la piste et passe devant nous en freinant à fond. Il fait demi-tour au bout de la piste et vient se garer devant la petite aérogare où nous sommes. Caterina et Chiara en descendent, ravies de nous revoir. Elles viennent de passer quatre jours à Huahiné. Elles vont passer quatre jours à Tikehau. Il faut déjà se quitter, on embarque dans le même avion qui continue sur Rangiroa. Petit vol de vingt minutes et nous arrivons à destination. On est attendus. Quel confort ! Les bagages sont tout de suite sortis de l'avion et nous sont restitués. En route pour dix minutes de voiture. La pension Bounty est dans un écrin de fleurs.

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La plage est au bout du chemin, à cent mètres à peine.

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À gauche il y a des bateaux sur le sable et à droite c'est la plage "privée" de l'hôtel Kia Ora village. Le soleil se couche derrière les farés sur pilotis. Une femme et une petite fille se baignent tranquillement en face du chemin. C'est calme et beau. On rentre au studio et on va diner à la table d'hôtes.

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Lundi 31 août Le village de Tiputa On a passé une bonne nuit et on décide ce matin d'aller voir la passe de Tiputa qui est à 15 minutes à pied de notre hébergement. On essaye les vélos mais ils sont trop grands pour Hélène. De plus c'est avec un système de freinage par rétropédalage... Trop compliqué. On y va donc à pied. Le soleil tape déjà fort mais c'est acceptable. La route longe la côte. La plage est faite de coraux déchiquetés, pas très agréable pour la baignade. En plus c'est le côté océan avec de gros rouleaux qui s'affalent sur les rochers... Tout pour gâcher ses vacances. On arrive à un embarcadère, après avoir rendu visite aux deux épiciers qui se font face et qui proposent l'essentiel dont on pourra avoir besoin pour nos repas de midi.

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De l'autre côté de la passe se trouve Tiputa que nous a conseillé Alain notre hôte. Elle est plus petite et surtout plus nature, plus typique et plus calme que notre motu. Un petit bateau semble sur le point de partir, on demande si c'est celui qui fait traverser la passe de Tiputa. C'est lui. On le prend et en moins de cinq minutes on débarque de l'autre côté. Deux grands arbres font de l'ombre à quelques personnes qui discutent en tahitien. Il n'y a pas foule dans les rues, qui doivent être au nombre de quatre. Il y a deux églises concurrentes, deux cimetières qui se font face, l'un avec des croix sur les tombes et l'autre avec des plaques. Le village est coquet bien que ne respirant pas l'abondance. On nous salue en nous croisant. Tout est très calme. On fait le tour des rues qui forment une sorte de H. Les chiens nous regardent passer sans même aboyer ou bouger. Hélène achète un

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coquillage à une dame qui en a posé une vingtaine sur une table et qui somnole au fond, là-bas, à l'ombre, dans sa maison.

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On a tout vu, on est entrés dans l'église blanche, dans l'épicerie du village et dans la poste qui est ouverte et a permis d'acheter des timbres pour Maho, Amy et Stéphanie. On retourne donc à l'embarcadère pour prendre le bateau de onze heures. Dans la passe, le courant est toujours aussi fort. Il vide l'atoll en formant de gros remous et de belles vagues avec de l'écume. On est de retour sur notre motu.

On fait des emplettes chez les épiciers : pain, Vache-qui-rit, rhum, sirop de canne, jus de fruits et bières. On est parés pour quelque temps. Retour à la pension et repos. À 17 heures, c'est la "happy hour"... pour moi. On part assister au coucher du soleil depuis le bar du Kia Ora Village. Les bungalows sont très beaux. Certains ont leur piscine privée. On trouve que ça manque 96


de fleurs ! On est en Polynésie, tout de même ! Ici, il y a trop de vert et pas assez de rouge, de jaune, de bleu, de blanc. Enfin le bar est très bien. Il est au-dessus de l'eau. On voit les poissons par des parties en verre transparent sous nos pieds. On pourrait choisir le poisson qui aura l'honneur de garnir notre assiette, ce soir ! On prend chacun un cocktail local, la personnalisation d'un cocktail connu. Le soleil descend, la lumière est rasante, les bungalows sur la plage prennent une jolie teinte orangée. La température est douce, le vent est allé ailleurs, sur d'autres îles. L'heure est exquise. On profite de ce moment exceptionnel dans notre vie. On se délecte. On le range précieusement dans notre mémoire, sur le dessus, pour pouvoir le ramener facilement à la conscience.

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Mardi 1er septembre Plongée dans la passe de Tiputa

Le grand événement d la journée est une séance de plongée dans la passe. Le temps est légèrement nuageux mais il y a du vent, donc le courant qui devrait être rentrant reste sortant du lagon à l'heure de la plongée. En principe, on plonge côté océan et on se laisse entraîner par le courant qui nous ramène vers l'intérieur du lagon. Aujourd'hui, à l'heure dite les courants font beaucoup de remous. Nous sommes sept dans le Zodiac, plus un pilote et un guide-plongeur. On a revêtu des combinaisons légères, passé un gilet de sauvetage, mis des palmes et préparé masque et tuba. Le premier endroit où nous plongeons est juste un récif corallien qui abrite une multitude de poissons : de 102


couleurs variées, rayés, verts comme le poisson perroquet, gris comme les requins pointes noires qui passent et repassent en dessous.

Le second endroit est celui des tortues, j'en dénombre quatre. Une murène au fond de son trou attend. Le troisième est celui des dauphins. On les voit sauter au loin.

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Le Zodiac fonce droit vers eux. Je commence à avoir un peu le mal de mer, ça secoue pas mal. Les dauphins sont déjà partis. On va voir les baleines, mais on nous a dit que c'est très aléatoire. Certain en ont vues hier près de l'aéroport... Pour nous ce sera zéro. On revient vers la passe. Il y a pas mal de clapotis, on est chahutés mais on voit surgir les dauphins à droite. Trois, quatre qui ondulent près de nous. Puis à gauche. Ils passent sous le bateau. Certains mesurent trois mètres de long. De beaux morceaux ! C'est un beau moment. Voilà, ça fait près de deux heures que nous sommes partis. J'ai un peu froid. Je suis bien heureux de voir que l'on se dirige vers le point de débarquement. C'était suffisant pour moi. J'ai réussi à contenir mon léger mal de mer... Surtout quand le bateau était arrêté et que le moteur tournait, ramenant les gaz d'échappement vers nous. On débarque, on rince nos combinaisons, nos gilets, nos masques et nos tubas. On paye (5000 francs). C'était une belle expérience.

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Mercredi 2 septembre On retourne à Papeete Journée sans relief. Je finis mon bagage pendant qu'Hélène va à la ferme perlière Gauguin. Elle y fait des emplettes, je l'avais prévu. Elle a des cadeaux pour famille et amies. À midi, Alain de la pension Bounty, nous conduit à l'aéroport.

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La côte est magnifique vers le lagon. On s'enregistre et on attend notre avion. L'air nous rafraîchit en traversant la petite aérogare. L'attente est agréable. Je retrouve des co-plongeurs de la veille. On embarque et on fait un bon vol jusqu'à Papeete.

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Un taxi nous emmène au Relais Fenua. C'est une petite pension bien agréable située au sud-est de Papeete, au PK 18. Elle est classée trois fleurs de tiaré et tenue par un couple de jeunes très sympathiques et très disponibles. L’endroit est calme, au bout d’une impasse, côté montagne. Trois cents mètres nous séparent de la plage de Punaauia, une des rares plages de sable blanc de l’île de Tahiti. On s'installe, on va au petit supermarché d'à-côté puis je vais voir le coucher de soleil sur la plage publique qui est à cinq minutes à pied, de l’autre côté de la route côtière.

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Jeudi 3 septembre On a une voiture pour visiter l’île ! On a l'intention de faire une surprise à nos deux italiennes... On va louer une voiture et on va aller les attendre à l'arrivée de leur vol en provenance de Tikehau à 13h45. On leur a passé un message la veille mais on n'a pas eu de réponse, à Tikehau la liaison internet est quasi nulle. On sait qu'elles vont être en transit à Papeete jusqu'à 23h55 !!! Le matin on va visiter la côte au nord-est de Papeete? Il y a quelques sites remarquables comme la pointe Vénus où a accosté le capitaine Cook, un phare, une plage de sable noir et un magnifique point de vue sur Moorea et Papeete.

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À l'heure prévue nous sommes à l'aéroport. Chiara et Caterina nous découvrent à leur sortie "Vous attendez votre avion ? Où allez-vous ?" nous demande Chiara. "On ne part pas. On est juste venus pour vous voir et passer l'après-midi ensemble si vous le souhaitez". Elles sont ravies de la surprise. On va donc leur tenir compagnie, aller au marché de Papeete, passer un moment au café Le rétro, se promener sur le front de mer et puis les ramener à l'aéroport vers 19 heures.

Au marché, Caterina fait des emplettes pour ses amis. Elle achète des savons et des huiles de monoï parfumées au tiare, frangipanier, vanille, santal...

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HÊlène en profite pour faire des achats aussi d'huiles, de savons et de vanille de Tahiti. Le vendeur plaisante avec nous, il nous propose de 114


l'huile de tamanou, un arbre d'ici dont on tire des principes apaisants. Je déforme et lui demande si c'est de l'huile de tamalou ? Pas mal, il me rétorque que c'en est mais que ça peut très bien remplacer l'huile de bobo-là ! À côté de nous, la vendeuse discute avec son fils qui est sur un étal, à côté. Il doit faire un devoir sur le roi Pomaré II. Hélène propose de chercher sur l'un de nos guides. On trouve des informations... puis, la dame propose de nous acheter le guide. En fait, on lui offre le livre. Ravie et soulagée, elle nous fait un cadeau en échange et le fiston part avec le livre faire son devoir ! On se sépare en se promettant de se revoir.

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Vendredi 4 septembre Un grand tour vers Tahiti Iti Nous avons gardé la voiture pour une seconde journée et nous allons vers le sud-est de l'île. La première visite est pour le marae de Arahurahu. Il n'est qu'à deux kilomètres de notre hôtel. Il est en très bon état et nous sommes les seuls visiteurs. Il y a deux ouvriers d'entretien qui font une pause... pendant toute notre visite. Dans ce marae se tiennent des fêtes et des cérémonies au mois de juillet, pendant le Heiva. Comme le marae de Hiva Oa, celui-ci est adossé à la montagne couverte de végétation. La route est proche mais le calme est total. C'est extraordinaire.

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On poursuit notre visite. On suit la route qui serpente le long de la c么te. On arrive pr猫s d'une plage de sable noir, la plage de Taharuu. Elle est magnifique. Des surfeurs affrontent les rouleaux.

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On est maintenant sur l'isthme qui relie Tahiti Nui (la grande île) à Tahiti Iti (la petite île). Cette dernière n'a pas de route côtière sur sa moitié sud-est. On décide d'aller sur la partie nord à Tautira. Dans cette partie de l'île on fait paître des vaches, on construit des pirogues tahitiennes, on vit dans une région calme et belle. Les pitons recouverts de végétation s'élancent vers les nuages.

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L'après-midi se passera à la plage de Punaauia. Joli coucher de soleil.

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Samedi 5 septembre Dernier jour à Tahiti Cette journée va se passer à la plage le matin et l'après-midi on commence à préparer les bagages. On prend l'avion demain matin à 7h30. Pour l'instant, il est 9h30 ce samedi et je viens de faire le plein pour la petite voiture de location avant de la rendre. Ici, on est encore servi à la pompe. Pompiste c’est un petit boulot pour l'un et un service pour l'autre. J'apprécie.

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Sur la plage les gens sont déjà installés par ci par là. Il fait doux et les gens sont calmes. Moorea est bien nette devant nous, un chapeau de nuages flottant au-dessus de ses pitons. Sur notre plage, le sable est un mélange de grains clairs et sombres. Elle n'est pas très large mais abritée le matin par de beaux arbres. À quelques centaines de mètres au large, le récif de corail fait une barre blanche tout autour de l'île. Une multitude de poissons multicolores se promènent dans les coraux à quelques mètres du rivage. Pas farouches, de petits poissons noirs s'approchent de ma main. En sortant je trouve un gâteau sur le sable. Je vais en faire profiter mes nouveaux amis, amateurs de sucré-salé, qui se ruent sur les miettes avec voracité. Nous restons ainsi à lire et à contempler les couleurs, le paysage et les gens qui arrivent peu à peu entre ami(e)s ou en famille. En passant les 129


gens se saluent, se présentent, se parlent. C'est un petit monde d'habitués qui se retrouvent le week-end sur cette plage : collègues de travail, copains et copines d'école ou de lycée.

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À 17h30 je vais regarder le coucher du soleil sur la plage. Les gens quittent la plage, d'autres regardent le soleil descendre. Une jeune femme joue avec son chien, un couple se photographie avec le soleil en arrière-plan. Le moment est agréable. Le soleil disparaît derrière l'horizon. Je rentre.

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Demain matin ce sera le retour vers Los Angeles puis Paris. Ce sera une nouvelle aventure, une belle aventure malgré les désagréments de l’escale à Los Angeles. En effet nous aurons droit aux aboiements des membres du personnel de la sécurité. L’un d’eux nous sort de la file d’attente pour le passage sous le portique et nous intime l’ordre de nous mettre dans la file pour passer les mains en l’air dans la machine qui nous déshabille. Quelques secondes plus tard un autre décide de nous faire retourner vers le portique traditionnel pendant que nos bagages à main, nos ceintures, nos chaussures, notre ordinateur et nos clefs passent sous le tunnel aux rayons X. Incompréhensible. Enfin, ils ne nous ont pas menottés, plaqués au sol et surtout, ils n’ont pas tiré… On a ensuite droit à l’air soupçonneux du préposé aux tampons et au visa ESTA, à la prise des empreintes des cinq doigts de la main gauche puis de la droite et à la photographie de l’iris avant le coup de tampon. On peut passer et retourner dans la salle de transit et d’embarquement qu’on aurait aimé ne pas quitter.

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Notre retour s’est fait en classe Premium de Papeete à Los Angeles, il se fait en classe Affaires de Los Angeles à Paris ! Le bonheur ! Espace et confort pour ce long parcours. L’équipage est alors aux petits soins pour nous… et on aime ça ! Champagne en attendant le décollage. Porto à l’apéritif. Repas gastronomique. Ensemble de desserts et espresso avant une belle grosse nuit, allongés dans des sièges très confortables. On reviendra dans ces merveilleuses îles de la Polynésie !

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