Rézo nº3

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dossier

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savoir-vivre

L’art de vivre français Les étrangers admirent notre terroir, et surtout notre sens de la convivialité. Des arts de la table, en passant par la dégustation de vin ou la culture de l’apéro, revue de détail de notre savoir-vivre.

Les arts de la table

A

h la gastronomie française ! Ne l’enterrons pas trop vite, malgré le succès de la nueva cocina espagnole -représentée par Ferran Adrià du restaurant El Bulli, ou Arzak à San Sebastián- qui la range parfois au rang de ringarde. C’est vrai aussi, que le célèbre journaliste gastronomique américain Michael Steinberger, vient de faire paraître un livre intitulé, La cuisine française, un chef d’œuvre en péril. Il a confié à L’Express que celle-ci était “fatiguée”. Et pourtant il affirme souhaiter que la France reste “le pays où l’on mange le mieux dans le monde”, car c’est en France qu’il a “appris à manger mais aussi à vivre”. Finalement, l’exception française se situe surtout dans ce savoir-faire, cet art de mettre en scène la jouissance sensorielle.

La célébration Et en effet, la meilleure façon de parler de gastronomie française si ce n’est de se mettre à table, c’est peut-être de relire Astérix. L’image du banquet final reste effectivement dans toutes les têtes : la célébration. L’Unesco ne s’est peut-être pas trompée en inscrivant le 16 novembre 2011 au Patrimoine Immatériel de l’humanité, non pas la gastronomie, mais bien le repas gastronomique français, cette tradition que nous avons de nous rassembler autour d’un plat. “Les Français aiment se retrouver, bien boire et bien manger et célébrer un bon moment de cette façon”, dixit Catherine Colonna, notre ambassadrice auprès de cette institution. Quant à La Fontaine, s’il écrit de belles leçons de morale, il n’est pas rare dans ses fables qu’il se serve d’un repas pour théâtraliser l’affaire. Allez savoir si dans le bec de Maître Corbeau n’était un fromage… qui pue ?

Œnologie : la mondialisation

ne nous enlèvera pas notre style

C’

en est fait ! La mondialisation est passée par là. Les vins français ont perdu leur aura. D’ailleurs comment mondialiser un produit tel que le vin français ? Deux concepts se télescopent. Primo, le vin français est un produit de luxe, car en plus d’être bon, il est fin comme nos parfums. Secundo, la mondialisation dans sa version alimentaire, c’est proposer le même produit partout mais fabriqué localement. Pour un yaourt industriel c’est possible, mais pour du vin ça ne marche pas toujours ! Il y a bien eu ces cépages bordelais exportés vers le Nouveau-Monde. Mais le vrai problème pour nos vins, c’est que n’ayant pu par nature suivre la règle et souffrant de ce stéréotype du français réfractaire au changement, il est devenu has-been selon Jonathan Ray

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du Daily Telegraph (17/09/2009). En particulier auprès de nos amis anglo-saxons, qui les relèguent aisément aux caves de nos hôtels pour leurs vacances dans l’Hexagone. Pis que tout cela. Une marque ça n’est plus qu’un logo, au mieux un mot. Le consommateur mondial lambda souhaite au mieux un Syrah ou un Cabernet, au pire un rouge ou un blanc. Et nous ne savons désigner nos vins que par un nom de château ou de châtelain -ce qui en complique la lecture- nous n’avons pas su créer de marque comme on l’a fait pour nos yaourts. Pourtant nous avons créé un style. Bien avant cette mondialisation qui est faite d’offre, notre vin s’exportait parce qu’il satisfaisait une demande. Notre façon de le déguster, de le servir pour de grandes occasions, est une manière de le célébrer que l’on ne nous enlèvera pas, et que l’on nous enviera toujours. Notre vin continuera à faire tache, ce sera sur des robes de haute-couture. Cyrille Georges


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