Rézo nº3

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French do it

* better? *

bien sûr  ;-)

3,50€ 3,50€ Mars/Avril Mars/Avril 2011 2011 •• n°3 n°3


CINÉMA SUR TV5MONDE

L’ABSENCE © 2009 KINTERFIN, TABLEAU FERRAILLE © 1997 - ADR Productions, LE MARRIAGE À TROIS © Alfama Films

www.tv5monde.com

L’ABSENCE

2009, France / Guinée Le jeudi 3 mars à 21h et le mardi 8 à 18h35

TABLEAU FERRAILLE 1995, France / Sénégal Le mardi 15 mars à 18h35

TV5MONDE est disponible via câble, satellite et adsl

LE MARIAGE À TROIS 2009, France Le jeudi 24 mars à 21h et le mardi 29 à 18h35


sommaire mars/avril 2011 • nº3

4

Collaborateurs

5

Edito

6

Actu France/Espagne

8

L’œil de Rézo Volatile Skin ou l’éloge de l’éphémère

12

12

Société - Adoption d’enfants volés : 50 ans d’une pratique secrète - Organiser un éco-festival, et pourquoi pas ?

8

18

Portfolio Le livre et l’imprimé, des objets d’art

22

Dossier

French do it better? - Ciné, mode, musique - Le touriste Français - Art de vivre - Reportage : La France terre d’accueil et de liberté - Diplomatie française - La laïcité, une spécificité française ?

38

62

Petit manuel des dîners en ville Rézo vous aide à lancer des sujets de conversations dans vos dîners ! Culture : ciné, expos, musique,…

48

Tendances - J’ai testé : Adèle M. et Tom K. - Mode pour elle et lui - Humeur in mojito veritas

22

58

Plaisirs Expériences gastronomiques

62

Escapades “Mi Buenos Aires querido”

64

Couple et sexualité

54

Et si on apprenait à se comprendre (enfin) ?

66

rézo sur

rejoignez-nous sur facebook et suivez en temps réel l’actualité de votre magazine francophone d’espagne

Horoscope

18 Mars/Avril 2011 • Rézo • 3


collaborateurs

sebastian sabal-bruce

Editeur : NIF : Y-0611107-B Publication  Co-fondateurs : Valérie Zoydo, Philippe Cusumano Rédactrice en chef Valerie Zoydo valerie.rezomag@gmail.com Tél. 661 12 09 27 Publicité et communication Philippe Cusumano philippe.rezomag@gmail.com Tél. 603 78 18 39 Production et communication Emmanuelle Pasquer emmanuelle.rezomag@gmail.com Tél. 650 41 32 03 Création graphique Christine Risé kris.rezomag@gmail.com Tél. 660 21 30 27

adèle cany

Photographe de mode Chilien, son diplôme des Beaux-Arts en poche, il s’exile à Barcelone. Collabore avec différentes revues en Espagne et à l’étranger. Son dernier travail fut présenté à la galerie H2O au Festival BAC 2011 www.sabla.bruce.com

Styliste Styliste photo et designer d’accessoires, elle a suivi des études de mode et textile à Paris avant de s’orienter sur l’accessoire. Actuellement basée entre Barcelone et Paris.

andrea gonzález

emmanuel haddad

Photographe Photographe et caméraman, diplômée d’une licence en sciences humaines et d’un master en reportage TV de L’Université Pompeu Fabra de Barcelone. A étudié la photographie à l’IEFC.

Journaliste Diplômé de Sciences Politiques de Rennes et d’un master 2 de journalisme culturel à Paris La Sorbonne Nouvelle. Journaliste radio sur le Moyen-Orient puis web sur l’Europe pour le site cafebabel.com

marjorie grassler

cyrille georges

Journaliste Quelques expériences et son diplôme de l’Institut des Médias de Paris, spécialisation documentaire en poche, elle file tenter sa chance à Barcelone.

Chroniqueur De formation marketing et management, fraîchement trentenaire et en quête d’évasion, il a tout quitté, Paris et le Canada, pour Barcelone et l’écriture.

alexander castro gutierrez

Photographe Dix ans dans les arts du Cirque, au Vénezuela, il développe un vrai amour pour les arts, et entreprend des études de photographies. Actuellement installé à Barcelone, son travail est publié et exposé régulièrement. www.castroalexander.com

Illustrations : Philippe Geluck Remerciements BARCELONA : - Jean Pierre Bua & Jean Pierre Symbol : Diagonal 467/469 www.jeanpierrebua.com - MAD : Rambla de Cataluña, 107 www.madd409.com - D409 : Diagonal, 409 www.madd409.com - Adele Cany Adelecany@gmail.com - Céline Villegas Impression : IMGESA Dépôt légal : B-25.239-2010

photo de couverture : sebastian sabal-bruce - Stylisme : Adèle cany

Nous contacter info.rezomag@gmail.com Points principaux de distribution : • Barcelone : Consulat de France, Consulat de Belgique, Consulat Suisse, Maison du Québec, Institut français, Lycée français, Ecole primaire française Ferdinand Lesseps, Axel/Harrira, Le Comptoir Marseillais, librairie Jaimes… • Madrid : Ambassade de France, Consulat de France, Ambassade de Belgique, Ambassade du Canada, Ambassade de Suisse, Ubifrance, Chambre de commerce franco-espagnole, La Maison de la France, Institut français, lycées et écoles françaises. Rézo n’est pas responsable des opinions, illustrations et articles de ses collaborateurs.

4 • Rézo • Mars/Avril 2011

aurélien le genissel

henry de laguérie

Journaliste Licencié en journalisme, philosophie et histoire, travaille actuellement comme journaliste freelance avec plusieurs revues culturelles en France et en Espagne.

Journaliste - correspondant Diplômé de Sciences Politiques à Paris et titulaire d’un Master de journalisme. À Barcelone depuis 2008, correspondant en Espagne pour la radio Europe 1. Collaborateur régulier en Catalogne pour France 24, LCI, CAPA et des médias suisses, belges et québécois.

ugo lou

albert bonsfills

Chroniqueur La presque quarantaine, trois enfants, entrepreneur, patron de bar et d’une e-boutique d’articles de Poker, il dédie ses heures libres à son vrai plaisir, l’écriture.

Photographe Né en 1982 à Barcelone. A étudié la photographie au Centre d’Estudis Fotogràfics de Catalunya. Travaille comme free lance pour particuliers et entreprises. www.albertbonsfills.com

adèle m.

noé moulin

Chroniqueur Licencié en Traduction de l’École d’Interprètes Internationaux (Belgique).Documentaliste pour l’agence de presse DowJones. Intérêts : musique indie et électronique, deejaying, art contemporain.

Chroniqueuse Chroniqueuse imaginaire, diplômée d’un master de psychologie comportementale, ex-journaliste chez Elle, ex-chroniqueuse de TV Moustique.

claudia carrillo tom k.

Illustratrice Illustratrice et styliste barcelonaise, elle est l’étoile montante artistique catalane, ses dessins ont été exposés récemment au CCCB. http://claudiacarrillo.blogspot.com/

Chroniqueur Chroniqueur imaginaire, licencié de sociologie, diplômé du CFJ. A collaboré avec Le Parisien, La Voix du Peuple. Chroniqueur sportif pour Orange TV ; chroniqueur musical pour Rock & Folk.


edito

Comme pour les histoires d’amour, l’éloignement se révèle parfois nécessaire pour mieux apprécier ce qui était, jusqu’alors, considéré comme acquis. Nous autres, expatriés ou exilés de la France, avons la chance de profiter de ce recul. Après de longs mois d’absence, n’avez-vous jamais ressenti une joie certaine à observer le nœud du foulard d’une hôtesse Air France, son chignon, ses escarpins noirs, ses ongles faits, son teint impeccable et son rouge à lèvres Chanel ? Puis, arrivé à destination, n’avezvous jamais eu le sentiment, en écoutant le jingle de France Info dans le taxi et la météo de l’indétrônable Joël Collado, d’être rentré à la maison ? A moins qu’une très probable grève ne vous freine en si bon chemin. Les Français sont probablement des enfants gâtés. Car ils ne s’aperçoivent pas toujours de la chance qu’ils ont. Du patrimoine dont ils disposent. Et du savoirfaire dont ils jouissent encore. Finalement, leur valérie zoydo pire ennemi, ne serait-ce pas eux-mêmes ? Rédactrice en chef Les récentes erreurs diplomatiques et Diplômée de l’Institut d’Etule classement pour la troisième année des Politiques de Lyon et de consécutive comme pire touristes du l’Institut Pratique de Journalisme (IPJ), elle a collaboré pour monde, râleurs et introvertis, n’invitent l’Express, Matin Plus, Avantages décidément pas les étrangers à aimer et 20minutes.fr, spécialisée dans les sujets de politique et d’économie. Installée à Barcelone ces Français arrogants. depuis février 2009, elle s’est tournée vers Et pourtant, la France, dans le cadre de l’audiovisuel et le documentaire. Elle renoue sa politique touristique, va devenir une avec la presse écrite en devenant la rédactrice en chef de Pilote Urbain marque, destinée à harmoniser son image en mars 2010, puis de Rézo. partout dans le monde. Le logo représentera une “Marianne en mouvement”, les cheveux au vent et portera le slogan “Rendez-vous en France”. Et justement, la question mérite d’être posée : que représentons-nous en dehors de nos frontières ? Peut-on encore revendiquer une exception culturelle ? Le titre du dossier de ce numéro a été formulé volontairement en anglais, French do it better?, en guise d’autodérision. Les Français se revendiquent souvent premiers de la classe et donneurs de leçons, en ont-ils seulement le droit ? A travers un choix de ce qui, à nos yeux chez Rézo, constituent les composants de la culture française -le cinéma, la mode, l’élégance, l’art de vivre, la liberté, l’ouverture, la diplomatie, les droits de l’homme, la laïciténous avons réfléchi à l’ADN de cette marque, en perpétuel mouvement. Volontairement, nous ne nous sommes pas attardés sur le secteur du luxe, car vous en conviendrez, celui-ci n’est pas menacé. C’est un acquis. Et Vlan ! Une certitude encore. C’est décidément plus fort que nous ! En attendant, moquons-nous de nous-mêmes, restons bon-enfant et ouverts d’esprit et cultivons plutôt une certaine idée de la France. Car plus qu’une marque, elle est avant tout un concept. Liberté, Égalité, Fraternité.

Mars/Avril 2011 • Rézo • 5


actu france/espagne

Actualité

France, Espagne

Rézo vous propose un tour d’horizon de l’actualité française et espagnole de ces dernières semaines et de celles à venir. Une revue de presse qui vous donnera une idée des informations que vous avez manquées et qui vous attendent. n La fête du rugby

transfrontalier

Les clubs basques de Biarritz et Bayonne sont habitués à traverser la frontière pour aller jouer à San Sebastián dans le stade Anoeta, l’enceinte de la Real Sociedad. Ces matchs délocalisés rencontrent toujours un immense succès et permettent de souder les liens entre basques du nord et du sud. Le 9 avril, c’est l’USAP qui va se délocaliser pour la première fois. Les catalans du nord se rendent à Barcelone, pour un match qu’on attendait depuis une quinzaine d’années dans la plaine du Roussillon. Aidé par le Barça qui co-organise le match (les 2 clubs ont signé récemment un accord de jumelage), l’USAP accueillera Toulon en quart de finale de la coupe d’Europe au stade Olympique de Montjuic, Pep Guardiola ayant refusé que la rencontre se dispute au Camp Nou. Un sacré pari pour Paul Goze. Le président du club de Perpignan qui s’est confié au magazine Rézo entend bien remplir le stade et ses 55 000 places. A l’occasion de cette rencontre c’est une immense fête du rugby catalan qui se prépare. C’est d’ailleurs le chanteur Lluis Llach, idole des deux catalognes (dont la chanson l’Estaca est l’hymne de l’USAP) qui donnera le coup d’envoi.

Municipales : le raz de marée attendu du PP Les élections municipales auront lieu en Espagne le 22 mai prochain. Les espagnols mais aussi tous les résidents européens et les ressortissants des pays sud américains ayant un accord de réciprocité avec l’Espagne sont appelés aux urnes. A quelques semaines du vote, si l’on en croit les sondages, la droite devrait largement remporter le scrutin. Le Partido Popular de

6 • Rézo • Mars/Avril 2011

Changement sur la route

C’

est une première en Europe, le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero a décidé de baisser la vitesse sur les autoroutes pour réduire la facture énergétique du pays. Dépendante du pétrole libyen (13% de ses importations) l’Espagne cherche à anticiper la hausse des prix de l’essence. Cette mesure a pour objectif de faire diminuer de 5% la consommation d’énergie. La mesure appliquée depuis le 7 mars dernier fait grincer des dents. L’opposition, mais aussi la communauté de Madrid et la Catalogne ont dénoncé l’improvisation du gouvernement. Pour favoriser l’usage des transports en commun, le gouvernement a également indiqué qu’il baisserait de 5% le prix du billet de train (pour les courtes distances). Et puis attention, dans quelques mois, en cas d’infraction les conducteurs européens pourront perdre des points dans n’importe quel pays de l’Union. Bruxelles va en effet harmoniser le système de point en Europe. Concrètement, si un Français commet une faute sur une autoroute espagnole, des points pourront lui être retirés sur son permis français.

L’Espagne regagne la confiance de ses partenaires et des marchés Malgré un taux de chômage record qui dépasse les 20% de la population et une situation économique toujours très compliquée, l’horizon de l’Espagne s’est très légèrement éclairci ces dernières semaines. Les marchés financiers et les investisseurs ont repris confiance dans la solidité du pays. Les très gros nuages de 2010 qui menaçaient l’économie espagnole - on évoquait alors la possibilité d’un plan de sauvetage de l’Espagne - se sont éloignés. Cette éclaircie a été saluée par le Financial Times dans un éditorial élogieux en février. Le quotidien de référence du monde de la finance loue le plan de rigueur mis en place par le gouvernement socialiste. La réforme des retraites, la refonte des caisses d’épargne et la modification du code du travail vont pour le FT dans le bon sens. “Jose Luis Rodriguez Zapatero a mis de coté ses réticences idéologiques pour entreprendre les bonnes réformes”. Des réformes dont les effets positifs se font déjà sentir puisque le déficit public a déjà diminué. Le Financial Times souligne que les investisseurs mettent désormais l’Espagne dans un sac différent que celui de la Grèce, le Portugal ou l’Irlande. Les progrès sont indéniables, pourtant il est encore trop tôt pour considérer que l’Espagne est complètement sortie de la zone de turbulence.

Mariano Rajoy devance très largement en intention de vote le PSOE. L’écart qui sépare les deux formations est selon les enquêtes de 10 à 15 points. Très affaiblie par la crise, la gauche pourrait perdre de nombreuses villes, dont Barcelone, qu’elle dirige depuis 1979, un record ! CiU, le parti nationaliste catalan de centre droit, qui s’est emparé de la Generalitat en novembre dernier pourrait faire coup double si son candidat Xavier Trias l’emportait face

au maire sortant Jordi Hereu. Le même jour, plusieurs communautés autonomes renouvelleront leur parlement. Le PP pourrait s’emparer de l’Andalousie, une première depuis le retour de la démocratie. A noter qu’au Pays Basque, Sortu, le parti héritier de Batasuna (l’ex-vitrine politique de l’ETA) ne peut finalement pas se présenter. La formation indépendantiste de la gauche abertzale a été illégalisée. Henry de Laguérie


L ’apéro tapas français de Barcelone

LE COMPTOIR MARSEILLAIS Calle Rosselló, 290 - Mº Verdaguer Tél. 934 57 07 85 www.lecomptoirmarseillais.es facebook/lecomptoirmarseillais


l’Œil de Rézo avec la galerie artevistas

Volatile skin, ou l’éloge

de l’éphémère A travers une conversation avec l’artiste Stéphane Villafane, Rézo vous invite à découvrir son travail, qui tente de saisir et de fixer la fugacité de l’existence. Chez Rézo, nous avons apprécié votre approche de la fugacité, cette fameuse notion de “passage inexorable de notre existence” que vous rappelez souvent dans votre œuvre et qui s’oppose au désir d’immortalité. Faut-il prendre conscience de notre mort pour vivre intensément ? Stéphane Villafane : Depuis très jeune, je vis avec la conscience qu’il y aura une fin. Rien de dramatique ou de négatif, bien au contraire… Une force, une envie d’exister. Nous sommes de passage dans l’immensité changeante du temps et de l’espace qui nous entoure, c’est ainsi et c’est une certitude avec laquelle il faut vivre pleinement sans se voiler la face. La vraie question est, me semble-t-il, comment remplir ce bout de vie pour faire en sorte qu’il soit, dans la plus grande des espérances, l’éclat d’un météore. Un écho sublime, une résonance d’une étrange beauté dans l’immensité, une forme d’éternité pour ne pas disparaître à tout jamais dans la brièveté de la vie et l’inanité des choses terrestres.

Qui est Stéphane Villafane ?

Né en 1969 dans l’Aveyron, il décide de devenir architecte. A 18 ans il part faire ses études à l’Ecole d’Architecture de Lyon où il associera étroitement à son cursus, les arts plastiques et visuels. C’est en 1992 qu’il découvre Barcelone, durant une année d’études, à l’Ecole Technique Supérieure d’Architecture. A ce moment là, la ville en pleine effervescence, l’œuvre de Gaudí et les artistes contemporains catalans notamment Tàpies sont pour lui autant de révélations qui ne le quitteront plus. Quelques années plus tard, il s’y installe comme architecte tout en continuant de peindre et en exposant régulièrement ses œuvres en Espagne et en France. Présent dans de nombreuses collections particulières européennes, il est aujourd’hui représenté par plusieurs galeries à Barcelone, Valence et Paris.

Galerie Artevistas Passatge del Crèdit 4 08002 Barcelona Tél/Fax. 935 13 04 65 info@artevistas.com

8 • Rézo • Mars/Avril 2011

Finalement nous rendre compte de cette fugacité nous rendrait plus heureux et plus ancrés dans le présent… Votre travail critique-t-il la relation qu’entretient l’occident avec le corps et la mort ? S. V. : Dans La vie est un songe, Calderón fait dire au bouffon Clarin : “Le roi rêve qu’il est roi et il vit cette illusion, commandant, ordonnant, gouvernant ; et cette gloire, prêt fugitif, est écrite sur le vent et la mort, la réduit en cendres.” Il en est ainsi aujourd’hui de nos sociétés de plus en plus illusoires et fragiles, bâties sur la consomption du présent. Je pense alors que, pour remédier à cette maladie, il faut vivre outrageusement, avec de la superbe et du panache, mots tabous, mots effacés de nos mémoires et pourtant les véritables clés de notre salut face à cette fugacité… amie. Il faut bien avouer que sans cette dernière, si nous étions tout simplement immortels, nous serions sans désir et sans ardeur, pour ainsi dire morts.

Vous êtes vous inspirés de l’actualité en réalisant votre œuvre ? S. V. : Je préfère parler d’une inspiration, d’une source visuelle ou littéraire sans trop m’attacher de manière littérale à l’actualité pour créer une œuvre. Une trop grande fidélité aux phénomènes de société me conduirait à une peinture anecdotique, ce dont je me défends. Je citerai Michel Foucault qui, dans Les mots et les choses écrit : “Alors, on peut bien parier que l’homme s’effacerait, comme à la limite de la mer, un visage de sable”. Mon travail témoigne de cet état des choses, de l’actualité de ce constat. A mes yeux, les œuvres magistrales de Rembrandt, de Velázquez, de Goya n’ont jamais été aussi actuelles pour exprimer cette approche de l’éternité paradoxalement sublimée par une inexorable temporalité. Dans Figurants fugitifs, Paul Nizon écrit à propos du chef-d’œuvre de Goya intitulé La Marquise de Solana : “Une apparition comme venue de l’au-delà… La Solana est à ce point spiritualisée qu’elle n’est presque plus qu’un voile, un esprit, un spectre, pour autant qu’on veuille associer cette idée-là à l’expression de l’humanité la plus noble. La plus haute densité d’être-là et d’être-homme, conjurée avec un minimum de moyens. Pure existence, pure essence. Résistance.” Volatile Skin, œuvre dans ce sens.



l’Œil de Rézo

Vivre intensément signifie-t-il dans vos propos privilégier l’hédonisme ? S. V. : J’ose croire (étant plutôt philanthrope qu’hédoniste de nature) que nous devons malgré tout œuvrer dans notre vie pour, ne pas disparaître, ne pas oublier, ne pas être oublié, résister… dans notre inexorable fugacité. C’est cette conscience là qui m’habite et je ne peux m’empêcher, en disant cela, de penser à Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand : “…on ne se bat pas dans l’espoir du succès… non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile…” C’est véritablement cela le panache. Finalement, dans nos sociétés, vivre intensément devient vital avec de si simples sentiments qu’ils en deviennentsinguliers : Aimons. Vivons intensément nos passions, nos rêves. Soyons transportés, exaltés et faisons en sorte que ces élans perdurent à jamais… L’autre soir, en relisant mes carnets de jeunesse, j’ai retenu ces quelques phrases, qui pourraient servir de conclusion, écrites il y a une vingtaine d’années et qui semblent m’habiter encore : “Dans la fugacité de nos vies, ce n’est pas la peur de la mort qui doit nous gouverner mais plutôt la peur de ne pas avoir assez vécu avant de disparaître. Vivre le présent, le croire-vivre plutôt que le savoir-vivre.” propos recueillis par valérie zoydo

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Mars/Avril 2011 • Rézo • 11


Société

n

enquête

Adoption d’enfants volés :  ans d’une

50 pratique secrète

Le premier cas d’enfants volés prouvé grâce à un test ADN, ouvre une page historique douloureuse et secrète. Des années 1940 aux années 1990, 300 000 adoptions irrégulières et vols d’enfants pourraient avoir eu lieu en Espagne. Reportage.

J

amais elle n’a cru les médecins qui lui ont affirmé la mort de son nouveau-né. Et cela fait 40 ans qu’elle s’acharne à trouver la vérité. Le couperet est finalement tombé à Barcelone le 19 février dernier. Cette mère vient de retrouver son enfant, né dans les années 70, grâce à un test ADN. En réalité, à l’époque, la petite fille faisait partie de ces nombreux cas d’enfants volés et illégalement adoptés. C’est le premier cas de retrouvailles et il est certain qu’il ne sera pas le dernier. Actes de naissances falsifiés, En effet, le mercredi 16 février, le ministre de la Justice espatests ADN révélant l’absence gnol Francisco Caamaño s’est de liens biologiques avec leurs engagé à créer un programme pour que les familles des enparents supposés, fants adoptés illégalement des confessions de ces derniers… années 1940 aux années 1990 puissent faire des tests ADN et faciliter ainsi l’enquête dont s’emparent aujourd’hui les juges et procureurs de tout le pays. Toute l’Espagne a les yeux tournés vers “l’affaire des enfants volés”… Après trente années d’un silence de pierre.

300 plaintes de victimes Ainsi, le 27 janvier 2011, l’avocat Enrique Vila Torres a déposé au nom de l’Association nationale des victimes des adoptions illégales (Anadir) 300

En Argentine comme en Espagne, les voleurs d’enfants sur le banc des accusés

Il y a comme un écho entre l’Espagne et l’Argentine. Lundi 28 février s’est ouvert un procès historique sur le vol des bébés comme “plan systématique” de la dictature qui a étouffé le pays de 1976 à 1983. Sur le banc des accusés, les deux dictateurs Jorge Videla, 85 ans, et Reynaldo Bignone, 83 ans, et six autres militaires. La lutte de l’association argentine de las “Madres de la Plaza de Mayo” a permis de recueillir des voix contre le trafic d’enfants. Mais surtout, chaque jeudi depuis le 30 avril 1977, les mères répètent le même rituel : une marche silencieuse autour de la Plaza de Mayo, la place du palais présidentiel à Buenos Aires, pour réclamer le retour de leurs enfants vivants. Cinq cents bébés ont été volés à leurs parents et adoptés par des militaires en Argentine. Contrairement à l’Espagne où le trafic s’est poursuivi après la dictature de Franco, le procès argentin jugera les dirigeants d’un régime à la période délimitée. Une centaine d’enfants volés ont pu retrouver leur vraie identité. Parmi eux, Victoria Donda, 34 ans, est aujourd’hui député et auteure de Moi, Victoria, enfant volée de la dictature.

12 • Rézo • Mars/Avril 2011

plaintes de victimes d’une “mafia organisée pour séquestrer et vendre des enfants de l’hôpital ou de la clinique jusqu’à l’acheteur” devant le parquet général de l’Etat. Trois cents plaintes nourries de preuves flagrantes. Actes de naissances falsifiés, tests ADN révélant l’absence de liens biologiques avec leurs parents supposés, confessions de ces derniers, présentation d’actes de décès des enfants volés prouvant la volonté de nier leur véritable identité civile… Des preuves qui révèlent l’existence depuis les années 1940 d’un trafic d’enfants volés en Espagne. Si le quartier général se situait à la Clinique San Ramón à Madrid, des centres hospitaliers de tout le pays sont soupçonnés d’avoir participé. A San Ramón, la tête pensante en était le docteur Vela et sa main droite, une assistante sociale. Cette nonne se chargeait de rapporter aux mères volées que leur enfant n’avait pas survécu à l’accouchement ou qu’ils avaient été victimes de malformations. En bout de chaîne, les parents adoptifs recueillaient l’enfant contre une certaine somme d’argent (les témoignages évoquent des tarifs entre 200 000 et 300 000 pesetas, soient entre 1500 et 2000 euros). Tout le monde était gagnant, au détriment de la mère spoliée et des enfants détournés.

“300 000 adoptions irrégulières” Plus qu’un fait divers à grande ampleur, ce trafic est le plus grand scandale auquel soit confrontée l’Espagne contemporaine. S’il a débuté pour des motifs idéologiques -à l’heure où le psychiatre officiel de l’armée franquiste Antonio Vallejo Najera voulait “extirper le gène marxiste” en volant les enfants des mères républicaines- il s’est prolongé bien après la chute du dictateur Franco selon l’association Anadir qui recueille des témoignages d’enfants volés. L’idéologie a cédé la place au profit pur, sur le dos des familles les plus démunies. C’est ainsi que depuis presque trois ans, Antonio Barroso, le fondateur d’Anadir, accueille à Barcelone des personnes qui doutent de leur origine et pensent avoir été adoptées d’une manière crapuleuse. Jeudi 27 janvier, le passé historique de l’Espagne a ressurgi dans ce qu’il a de plus nauséabond devant le parquet général de l’Etat. Mais surtout, il questionne l’identité intime d’un


© andrea gonzález

Lorsque l’ex-enfant découvre qu’il a été volé

La première question qui vient à l’esprit à l’évocation du scandale des enfants volés est : comment la victime l’a-t-elle découvert ? Manuel Barroso, lui, dit l’avoir toujours pressenti. “Dans la cour de récréation, les enfants de mon âge me racontaient que j’avais été adopté”. Mais, durant son enfance, sa mère a tout nié en bloc. Il a alors mené l’investigation, seul, à travers des livrets de famille, la rencontre de juges, mais en vain. Tout prouvait qu’il était bel et bien l’enfant de ses parents. Jusqu’à ce qu’il reçoive un coup de téléphone décisif il y a trois ans. Le père de son ami Juan venait de mourir. Et avant de s’éteindre, ce dernier a dévoilé un secret de famille : Juan et Antonio avaient été des enfants volés. Les documents sur lesquels Antonio basait ses investigations jusqu’alors étaient falsifiés. Dès lors, commence une quête effrénée pour découvrir son identité. Quant aux parents adoptifs, ils auraient été bernés. “Ils ne savaient pas. Ils venaient d’un milieu simple, et voulaient juste adopter un enfant. On leur racontait que l’enfant était fils d’une prostituée, d’une droguée ou que les parents étaient morts dans un accident de voiture”, raconte Antonio. Et de poursuivre : “Mes pauvres parents ont mis dix ans à me payer”. La semaine dernière, il a rendu visite à une nonne, complice de son enlèvement pour essayer de comprendre. “Elle ne veut pas parler”. Valérie Zoydo

Jusqu’à Strasbourg s’il le faut A l’heure actuelle, l’issue du procès collectif est incertaine. Y aura-t-il prescription ou les autorités le jugeront-elles comme un crime contre l’humanité, donc imprescriptible ? L’avocat Vila Torres entend faire peser la notion de responsabilité patrimoniale de l’Etat dans le cas des hôpitaux publics, ce qui permettrait aux victimes de faire valoir les dommages moraux qu’ils ont subis. Dans le même temps, Antonio Barroso se dit prêt à aller jusqu’à Strasbourg, devant la Cour euro-

péenne des Droits de l’Homme, si la parole des victimes d’Anadir n’est pas entendue en Espagne. Dans le même temps, le risque de la concurrence des associations des victimes pointe son nez. D’un côté, Anadir refuse de ranger sa plainte dans la catégorie “Pourquoi, alors, le trafic “croisade anti-franquiste”. De présumé des enfants volés, n’a l’autre, le groupe des victimes des cliniques de toute l’Es- pas été placé au cœur du travail pagne n’hésite pas à jouer la de justice et de mémoire ? carte politique et à situer sa dénonciation dans le contexte des dérives du régime franquiste. Une chose est sûre, la colère et l’incompréhension des enfants adoptés et des mères à qui on a volé l’enfant remettent en cause les efforts de réconciliation nationale engagés par la loi de 2007 sur

grand nombre d’Espagnols, qu’ils soient victimes ou complices : Enrique Vila Torres a révélé au quotidien français Le Monde que “300 000 adoptions irrégulières et vols d’enfants pourraient avoir eu lieu en Espagne entre les années 1940 et 1990”.

Mars/Avril 2011 • Rézo • 13


Société

n

enquête

la Mémoire Historique. Cette loi vise justement à reconnaître et à étendre les droits des victimes du franquisme. Or la tâche législative s’avère ardue, à l’instar du juge Garzón, suspendu de la magistrature alors qu’il enquêtait sur les crimes du franquisme. Parmi eux, le plus célèbre des juges espagnols évoquait “la soustraction systématique présumée d’enfants de prisonnières républicaines”. Pourquoi, alors, le trafic présumé des enfants volés, n’a pas été placé au cœur du travail de justice et de

mémoire ? Ce trafic avait été pourtant révélé pour la première fois par des journalistes de la revue Interviú en 1980… La tactique d’Anadir est en tout cas d’éviter de se référer au franquisme, par précaution, mais aussi parce que le trafic d’enfants volés s’est poursuivi bien après la fin de la dictature. L’heure du grand procès historique n’a donc pas encore sonné en Espagne… La question est maintenant de savoir si les victimes de ce scandale pourront au moins se réconcilier avec leur identité. Emmanuel Haddad

Interview d’Antonio Barroso, fondateur d’Anadir :

“Je suis à la recherche de mes origines”

A presque 42 ans, Antonio Barroso a abandonné son emploi dans l’immobilier et travaille sans relâche depuis trois ans pour une cause personnelle qu’il partage avec quelques 300.000 Espagnols, victimes d’un trafic présumé d’enfants adoptés illégalement des années 40 aux années 90 : la recherche de ses origines. L’homme est débordé : l’association Anadir qu’il a fondée vient de déposer une plainte devant le parquet général de l’Etat pour rétablir la vérité sur ce scandale national. Sans transition, il passe de l’espoir au doute, de la conviction à l’étonnement. Interview. Quels sont les résultats de la plainte qu’Anadir (Association nationale des victimes d’adoptions illégales fondée par Antonio Barroso pour rétablir la vérité sur le cas des enfants adoptés à leur insu, ndlr) a lancée le 27 janvier ? Antonio Barroso : Et bien, nous avons pour l’instant obtenu du procureur de la République qu’il lance une enquête nationale sur les vols présumés de bébés nés entre 1950 et 1980. Nous avons créé une banque d’ADN, une de mères, l’autre d’enfants, et nous espérons qu’il va pouvoir retrouver nos familles biologiques et faire payer les coupables pour eux. Vous pensez que l’enquête sera longue ? A. B. : Très longue oui ! De nombreux hôpitaux et cliniques vont être passés au peigne fin pour savoir quel a été leur rôle dans le trafic d’enfants volés qui a eu lieu jusque dans les années 1990. A l’heure actuelle, nous avons déposé 300 plaintes, mais beaucoup d’autres voix de victimes vont se rajouter au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête. Tout cela pourrait s’étendre sur un an, deux, voire plus que ça. C’est une affaire incroyable et les Espagnols doivent enfin connaître toute la vérité sur ce drame. Emilio Silva, le président de la Fondation pour la Récupération de la Mémoire Historique (FRMH), situe le présumé trafic d’enfants dans le contexte du régime franquiste. Il évoque le rôle du psychiatre militaire Antonio Vallejo-Nájera qui voulait “éradiquer le gène marxiste” et considère qu’il s’agissait avant tout d’un projet idéologique. Anadir refuse à l’inverse de revenir sur l’aspect idéologique dans sa plainte… A. B. : Ça n’a strictement rien à voir avec le franquisme ! Il s’est agi avant tout d’un commerce juteux entre des médecins, des religieuses assistantes sociales, aidés peut-être de fonctionnaires du registre civil. Tout cela n’a rien d’idéologique. On parle d’autre chose que du franquisme, qui est loin dans le passé. Beaucoup de vols d’enfants ont eu lieu dans les années 1990. J’ai même reçu des témoignages en 2009, et aujourd’hui, des gens continuent de vivre dans le déni de leur identité. Vous avez accueilli beaucoup de ces individus qui, comme vous, ont découvert la vérité sur leur adoption à l’âge adulte. Mais aussi des mères qui ont découvert que leur enfant, malgré ce qu’on leur a dit à l’hôpital, était encore en vie. Comment réagit-on à cette nouvelle ? A. B. : Par la perte de repères tout d’abord. Tout ce qu’on pensait être vrai est en réalité un tissu de mensonge. Au final, on nous a volé notre liberté. Tout ce qui faisait notre identité, ce qui nous rendait libre – l’éducation de nos parents, les valeurs qu’ils nous ont inculquées – nous a été retiré, et on se

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retrouve sans rien. Comment peut-on faire ça à des gens ? Je ne comprends pas comment une telle chose ait pu se produire dans un pays soi-disant moderne comme l’Espagne. Quand vous avez découvert que ceux que vous pensiez être vos parents avaient payé pour vous adopter, vous ne vous attendiez pas à ce qu’autant de personnes soient dans votre cas… A cette ampleur, les hautes sphères de l’Etat pourraient-elles être impliquées ? “Il s’est agi avant tout d’un commerce A. B. : Non, je n’aurais jamais imaginé qu’autant de gens aient vécu le même drame que moi. C’est incroyable ! En même temps, je ne pense pas que juteux entre des médecins, des politiques soient impliqués. En revanche, de nombreuses personnali- des religieuses assistantes sociales, tés puissantes ont trempé dans l’affaire. Par exemple, le docteur Vela qui dirigeait la clinique San Ramón d’où émanent beaucoup de plaintes d’adop- aidés peut-être de fonctionnaires tions irrégulières, était lié d’amitié avec le procureur madrilène de l’époque. du registre civil. Tous ces individus qui ont participé au trafic n’ont jamais été poursuivis. Avec Anadir, nous jouons la carte de l’union des forces pour faire inculper ceux qui peuvent encore l’être.

Vous mettez donc 100% de votre énergie dans le combat d’Anadir… Financièrement, vous y gagner quelque chose ? A. B. : Pas du tout ! Nous ne recevons aucune aide de quiconque ! Je dois assumer tous les frais, des factures de téléphone de 200 euros par mois au papier de la photocopieuse, en passant par le loyer du local que nous louons. D’ailleurs, nous devons vite trouver des fonds, c’est impossible de continuer ainsi. Il faudrait pouvoir payer une secrétaire, employer d’autres personnes pour nous venir en aide, parce que tout seul, ça va un temps, mais… Sur le site d’Anadir, nous avons publié le numéro de compte de l’association pour ceux qui veulent nous soutenir. Mais pour être franc, en un an, nous avons reçu 300 euros, à peine de quoi régler la facture téléphonique mensuelle… Nous avons besoin de soutien ! Est-ce que l’association que vous avez fondée vous procure un nouveau sentiment d’appartenance ? A. B. : Non. J’en suis toujours au même point qu’il y a trois ans. Je suis toujours dans le même état de choc et d’incompréhension. Je suis à la recherche de mes origines. Tant que je ne saurais pas qui sont mes vrais parents, je continuerai à vivre dans le déni. Propos recueillis par Emmanuel

Pour aller plus loin

anadir.es : le site de l’association Anadir. Vous pouvez y faire une donation et suivre l’actualité de la plainte. “La fábrica de bebés”, reportage de la chaine Antena 3, produit par El Mundo TV – à retrouver sur YouTube – revient sur le trafic présumé d’enfants à Madrid il y a trente ans, avec des informations exclusives.

Haddad

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société

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geste eco-citoyen

Organiser un éco-festival

et pourquoi pas ?

Jean-Baptiste Monmont, entrepreneur, incarne cette génération de jeunes sensibilisés à l’écologie. Loin des discours anxiogènes, pour lui, la green attitude se doit d’être cool et positive. Il entreprend d’organiser le premier Eco-festival, Plantea, à Barcelone au château de Montjuïc le 5 juin, lors de la journée mondiale de l’environnement. Portrait.

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Plantea lance deux concours

“Ambientemos” et “Ambientarte”. Plantea 2011 sera l’occasion de déclarer ouverts deux concours, primés l’année suivante. Le premier, “Ambientemos” récompensera financièrement les trois projets les plus per tinents en matière de développement durable, selon des critères d’originalité, reproductibilité et impact. Le second, “Ambientarte” un concours d’art, permettra au gagnant d’être exposé à Montjuic pendant un mois. www.jovenesyconcientes.org Tél. 659 849 051

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e problème avec l’écologie ou ses défenseurs, c’est qu’elle n’est pas toujours glamour. Elle sent souvent la naphtaline, se pare d’un pull-over kaki ou orange délavé, ne lave pas ses cheveux, s’asseoit par terre les jambes croisées en tailleur et fume une cigarette roulée pour ne pas dire autre chose… Bref, elle ne donne pas envie. Difficile, alors, de convaincre les décideurs et l’élite, ceux qui ont, et c’est triste à dire, les moyens financiers de faire changer les choses. Ce constat, Jean-Baptiste Monmont, 29 ans, JB, pour les intimes, l’a bien compris. Et avec ses yeux rieurs, sa bouille d’acteur de cinéma, son style “Rolling Stones”, son énergie d’entrepreneur et ses quinze idées à la minute, on lui donnerait volontiers Dame Nature sans confession. Car il incarne ce vers quoi le discours écologique doit tendre. Être écolo, n’est pas une punition, mais un art de vivre. Et surtout, il croit dur comme fer qu’il est à la portée de chacun d’agir, même à petite échelle. Pour lui, les petits ruisseaux font les grandes rivières. Un de ses maîtres à penser, une anthropologue, Margaret Mead, lui a d’ailleurs soufflé à l’oreille à travers ses écrits : “Ne doutez jamais qu’un petit groupe de gens réfléchis et engagés puisse changer le monde. C’est d’ailleurs toujours comme cela que ça s’est passé”. Message reçu pour ce Marseillais, globe-trotter, exenfant d’expat’. Il se pique d’organiser le premier festival écolo, Plantea, au château de Montjuïc le 5 juin, à l’occasion de la journée mondiale de l’environnement. Oui, JB est la preuve qu’on peut-être businessman, pressé, cool, urbain et… écolo-compatible. (ndlr : et aussi, beau gosse et sympa, mais ça, ça ne sauvera pas la planète).

Jovenes y conscientes Et pourtant, comme nous tous, il court, il court. Sa chaine de restaurants à Barcelone cartonne. Le Big J’s, rockabilly à souhait et tout droit sorti d’un décor de Tarantino (où, au passage, se dégustent les meilleurs hamburgers de la ville), ne lui laisse pas une minute de répit. Il doit ouvrir prochainement deux nouveaux restos à Barcelone et projette d’en ouvrir aussi à Madrid. Il n’est finalement vraiment joignable qu’entre une et deux heures du matin sur son mobile ou avec un peu de chance sur Facebook, où il vous saluera d’un coucou ou d’un smiley. Et quand enfin vous aurez réussi à le joindre, il s’enthousiasmera comme un enfant et vous fera partager les dernières avancées du projet du “château”, comme il se plaît à l’appeler tel un grand seigneur, fier de sa conquête.

Plantea, un téléthon écolo Mais alors en quoi consiste Plantea ? Son association Jovenes y conscientes organise une journée entière de festivités à partir de 10 heures du matin, jusqu’à 2 heures du matin le jour suivant. Le tout, bien sûr, tournera autour du dévéloppement durable. “Ce festival doit devenir une plateforme pour éveiller les consciences. La musique et l’art sont un bon moyen pour faire passer un message”, explique JB. La journée, dont l’accès sera gratuit, sera ponctuée par des animations en tout genre : stands, concerts, ateliers, expositions, conférences… Ou encore, des cours de yoga et des siestes musicales. Et le soir, place à la scène électro, dont l’entrée sera payante cette fois (20 euros). Et pour cause, JB est en train de concocter un programme d’artistes, qui selon lui, pourrait nous étonner. De grands noms internationaux et locaux. Impossible d’en savoir plus. “C’est une surprise”, insiste-t-il. Il préfère, pour l’instant cultiver le mystère pour créer un teasing.

Economies d’énergie Mais l’originalité du concept tient surtout dans l’aspect auto-suffisant du festival au niveau énergétique : “L’idée est de créer l’énergie que l’on va dépenser, grâce à des panneaux solaires et des vélos, entre autres”, détaille Jean-Baptiste. “Toutes les heures, il y aura une classe de spinning faite en partenariat avec un club de sport pour alimenter le festival en énergie”. Plantea aux allures de Téléthon écolo, ne s’arrête pas là : car bien sûr, ce qui pollue le plus dans les festivals, ce sont les verres en plastiques… Alors pour y remédier, les verres à un euro, recyclables, seront consignés. Impossible de récupérer son euro si le verre n’est pas rendu. Quant à la nourriture, cuisinée elle aussi grâce à des panneaux solaires, elle sera bio. Enfin, une partie de l’argent récolté, sera reversé aux associations. “Et le reste servira à l’organisation du festival de l’année suivante, qui se veut être de grande envergure”, s’enorgueillit l’instigateur du mouvement. En attendant, il est certain que cette première édition de Plantea, ne sera pas la dernière. Moderne, éclectique, divertissante, respectueuse de l’environnement. A portée de tous. Il semble que JB ait trouvé la bonne formule. Il faut maintenant espérer que le 5 juin, les notes de musique aux tonalités vertes et électroniques qui s’échapperont du château de Montjuïc feront écho dans d’autres sphères. Valérie Zoydo


© andrea gonzález


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Le livre et l’imprimé, des objets d’art Dans un contexte de digitalisation des contenus, le livre et la presse magazine sont-ils condamnés ? Pas si sûr. Ils ont plutôt vocation à devenir des objets d’art. Reportage.

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ans une interview parue dans Le Monde en 2009, Didier Quillot, président de Lagardère Active, qui regroupe les activités magazine, audiovisuelles et Internet du groupe Lagardère affirmait : “La génération Internet doit comprendre que ce qui a de la valeur a un prix”. Et en effet, la gratuité et la digitalisation des contenus ont déstabilisé le marché de l’imprimé. Mais comme tout objet en crise, si l’imprimé se raréfie, n’aura-t-il pas vocation à Arts Libris prendre justement de plus en plus Arts Libris fut conçu par Raíña Lupa Prode valeur ? Ceux qui résisteront à ductions en collaboration avec la Fundació fabriquer des livres ou des magaComunicació Gràfica et le Centre Arts Santa zines à l’heure du livre digital, de Mónica, dans le but de promouvoir et de l’Ipad et autres nouvelles techdiffuser l’édition d’artiste dans les domaines nologies seront-ils érigés au rang de l’art et de l’expérimentation graphique. d’artistes et d’idéalistes ? Arts Libris vise à être un point de rencontre Il n’est pas ici question de critiquer pour les professionnels, les amateurs, les producteurs et les collectionneurs. Les livres le web en tant que média mais au d’auteur dévoilent de multiples facettes, contraire de se montrer rassupossibilités et résultats, mais une série de rants vis à vis des amoureux de valeurs les rassemblent : le livre comme l’imprimé : un média n’en chasse œuvre d’art et d’expérimentation graphique, jamais un autre. D’ailleurs, l’Interla qualité de l’édition, le choix du papier, la net et la presse magazine sont reliure, etc. En donnant la priorité au contact complémentaires : l’un se caracdirect avec l’acheteur et à la qualité devant térise par le flux, l’instantané, l’inl’intérêt commercial, il s’instaure un collectif formation suivant une logique de qui embrasse l’art, l’artisanat, le design, les arts graphiques et la reliure. C’est de plus un links/liens, et l’autre, s’inscrit dans secteur qui en Catalogne possède une forte le temps, le témoignage, la mise tradition et influence. en perspective, la réflexion. • Arts Libris Barcelona art &design Book Fair Sant Jordi 2011, du 14 au 17 avril 2011 Oser l’inverse Arts Santa Mónica, La Rambla, 7 de ce qui se fait dans Inma Alavedra. Tél. 665 91 81 26 la presse aujourd’hui inma@artslibris.org - www.artslibris.org Il est alors fort possible que • Raiña Lupa galeria dans un avenir à long terme les Rocio Santa Cruz (organisateur), Consell de Cent 278, 1º 2ª 08007 Barcelona. magazines qui survivront resTél/Fax. 932 72 67 17 - info@rainalupa.com sembleront plus à des livres. En témoigne le succès de la revue

trimestrielle XXI. Cet objet, à mi-chemin entre le livre et le magazine est beau. Tellement beau que l’on ne peut que le garder chez soi comme, justement, un livre d’art : ses 210 pages sont montées comme une série de documentaires à l’écrit, et ponctuées par des illustrations dignes des meilleures BD. Quant aux photos, elles rappellent avec nostalgie l’âge d’or du photojournalisme. D’ailleurs, le premier numéro s’est vendu à 45 000 exemplaires. “C’est le journal dont on rêvait tous un peu. Il s’appelle XXI, comme le siècle, et ose l’inverse de pratiquement tout ce qui se fait dans la presse aujourd’hui”, écrit Télérama.

Le livre n’est pas mort Associer l’imprimé ou le livre à l’art c’est en tout cas ce que s’applique à faire l’association Arts Libris. Et comme tout objet d’art, il donne du sens. “L’art c’est ce qui permet la vie”, affirme, François Righi qui fait partie des artistes plasticiens et bibliophiles mis en avant par l’association (voir encadré). Lui non plus, ne croit pas en la mort du livre. Pour lui, un livre est un carnet de voyages. “Il faut faire entrer dans un livre la notion de parcours”, explique-t-il. Son approche de plasticien lui permet de donner à l’objet une dimension particulière, tel un dessin animé, ou le cinéma. Il associe son approche à celle d’un architecte, car l’imprimé fait appel au montage et à l’espace. Sauvegarder le livre et l’imprimé permet alors de cultiver un rapport charnel avec la littérature, l’image, la poésie… “Le livre d’art dispose de plusieurs grilles de lecture qui font appel au toucher et à la vue, (...) le système proposé se présente comme un diagramme de collections de mots, de métaphores, d’images et d’associations d’idées”, insiste François Righi, qui compare le livre à la queue d’un paon. Finalement, avoir un livre d’art chez soi, c’est un peu alors comme cultiver la mémoire et protéger la civilisation. valérie zoydo

François Righi, plasticien et bibliophile

© Jordi Peñarroja

“Il est assez ordinaire de recourir au livre comme moyen de rendre public un sens qu’on pense avoir constitué (par des mots, des images, peu importe). Ici l’impulsion vers le livre n’est pas de cet ordre. Righi ne va pas y consigner une solution mais y piéger un mystère, de l’insaisissable, de l’insoluble pour le garder comme tel, le raviver à chaque lecture. Ce à quoi l’on ne peut avoir totalement accès, et qui est donc la seule chose qui nous importe, est la raison d’être et la matière de ces livres […] L’image est signe de ce qu’elle n’est pas et dont elle tient lieu en l’absence. Les livres de Righi sont habités par ce jeu”. Marie-Jeanne Boistard, conservateur à la bibliothèque de Blois

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1. François Righi “Chacun sa roue. Le huitième théâtre de la mémoire du paon”, 2007. Exemplaire unique. 2. François Righi “Le spectre d’une exposition impossible”. Vue de l’installation à la médiathèque de Roanne, 2007. Photo Arnaud Vilain.

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1 1. François Righi “Rimbaud, H.”, 1997 (gravure sur cuivre, 35 exemplaires). Photo Anne-Solange Gaulier. 2. François Righi “Toro. Faena sin toro ni torero ni muerte” 2001 (sérigraphie, 109 exemplaires). Photo Anne-Solange Gaulier. 3. Elodie Antoine “Dentelles Urbaines” (Ed. Marguerite Waknine). 4. Sofia Leitào “Crystalline” (Ed. Marguerite Waknine). 5. Giuseppe Penone “Geometrie dans les mains”. (Ed. Bernard Chaveau). 6. Giorgio Sedda “Gechi e Falene-Luce”, calcografia. (Ed. Carlo Delfino). 7. Jean-Yves Pennec “Petit Nuancier Toscan” (Ed. Peuplier).

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French do it better? Cinéma français : la Post Nouvelle Vague A l’étranger, l’image du cinéma français est encore habitée par le fantôme de la Nouvelle Vague. Pourtant, le mouvement désigné par Françoise Giroud appartient au passé, et doit laisser place à la génération Post Nouvelle vague.

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Claude Lelouch, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Louis Malle, Roman Polanski

“Potiche”

“Rien à déclarer”

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ui a dit que le cinéma français allait mal ? Dans les prochaines semaines c’est un vrai débarquement de productions frenchy que l’on va voir arriver dans les salles espagnoles : de El último verano, de Jacques Rivette, et Las malas hierbas, le nouveau film d’Alain Resnais a En el centro de la tormenta, de Bertrand Tavernier ou Potiche, mujeres al poder, un bon cru de François Ozon, en passant par Nada que declarar, le récent succès commercial de Dany Boon. Rien de bien bizarre ?

presque du statut de gourou du septième art à l’étranger, ne fait pas toujours des films indispensables. Mieux vaut donc savoir se retirer à temps. Quitte à se tourner, pour les plus nostalgiques, vers ces nouveaux cinéastes qui se réclament du courant de Rohmer, Chabrol et les autres. Et on peut dire qu’il y a le choix : Arnaud Desplechin, François Ozon, Olivier Assayas, Christophe Honoré (et beaucoup d’autres) semblent vivre constamment avec le poids fantomatique du succès intellectuel et esthétique de leurs prédécesseurs. Certains le gérant mieux que d’autres.

Entre les comédies et la mouvance Nouvelle Vague

La Nouvelle Vague appartient au passé

Effectivement, car ces nouveautés du grand écran sont l’exemple parfait “d’une certaine tendance du cinéma français”, comme disait François Truffaut. Et plus particulièrement de l’image que le septième art hexagonal veut transmettre à l’étranger. Une équation finalement assez simple : d’un côté les comédies plus ou moins lourdes et divertissantes made in France (les grosses productions de Dany Boon, Los seductores, Cambio de planes, Un regalo para ella…) et, de l’autre, tout ce qui tourne autour de la mouvance Nouvelle Vague. Il suffit de voir les exemples ci-dessus. Car finalement la marque déposée en 1957 par Françoise Giroud bénéficie encore d’une aura intellectuelle et d’un sceau de qualité en Espagne. “Pourquoi s’en priver alors ?” pourrait-on penser. D’abord parce que, comme tout mouvement artistique, la Nouvelle Vague a fini par s’essouffler. Le cinéma de Resnais ou Rivette est loin de la fraîcheur et de la radicalité qu’il affichait dans les années 60 ou 70. Même Jean-Luc Godard, qui bénéficie

Et puis surtout cette marque quelque peu obsolète et sclérosée est l’arbre qui cache la forêt. Ce fut déjà le cas dans les années 70 quand des cinéastes comme Chris Marker, Maurice Pialat ou Jean Eustache furent éclipsés par leurs compères de la Rive Gauche. Et c’est le cas aujourd’hui avec des réalisateurs prometteurs mais moins connus, comme Abdellatif Kechiche, Erick Zonca, Fabrice Gobert, Samuel Benchetrit, Zabou Breitman ou Mabrouk el Mechri (et j’en oublie), dont la qualité mérite peutêtre une plus grande renommée. Même raisonnement en ce qui concerne de très bons cinéastes, comme Leos Carax, Gaspar Noé, Xavier Beauvois ou Bruno Podalydés, dont la seule erreur est de n’être associés à aucun courant et surtout à tout ce qui touche, de près ou de loin, à la Nouvelle Vague. Car, comme partout, il y a un nombre de salles fixes en Espagne. Et celles-ci ont tendance à être monopolisées par les grands pontes de ce courant ou leurs héritiers directs. Il y a des exceptions bien sûr (Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé sort

© sebastian sabal-bruce - Stylisme : Adèle cany • Elle : veste Mango, collant Wolford, ballerines Repetto. Lui : pantalon G-Star, veste Models Own, polo Lacoste

Cinéma, mode, femmes françaises, musique électro, comportement des touristes français à l’étranger, art de vivre, diplomatie, idéaux de liberté, laïcité… Peut-on encore revendiquer une exception culturelle française ? Notre arrogance légendaire est-elle justifiée ? Enquête.



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dans quelques semaines en salles) mais il y a fort à parier qu’en matière de cinéma, la France ferait bien d’oublier un peu les succès du passé et faire place à ses nouveaux talents. Car ils sont aussi bons que leurs aînés. Il ne leur manque que ce corpus théorique et intellectualisant (si propre au style artistique français) et ce

nom alléchant qui fit la gloire et la (prétendue) unité de Truffaut & Co. Avis aux nouveaux Françoise Giroud : le cinéma français est plein de talents, il ne lui manque plus qu’une nouvelle marque, une légère identité de groupe et quelques convergences artistiques. En gros, un nouveau packaging post Nouvelle Vague. Aurélien Le Genissel

La mode, la mode, la mode

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© sebastian sabal-bruce - Stylisme : Adèle cany • Top et short Sandro, chapeau H & M

n matière de mode, on peut encore se permettre de le dire : le berceau de la haute couture reste bien sûr à Paris avec Givenchy, Jean-Paul Gaultier et Alexis Mabille. Aussi, les enseignes telles que Lesage et Mascaro ont été rachetées par de grandes maisons telles que Chanel afin de préserver le savoir faire et le Made in France. Quant aux couturiers, que ce soit Jean-Paul Gaultier, Lanvin ou Mabille, chacun est le meilleur à sa façon, dans son style, toujours innovateur, déclencheur de mouvements de mode et surtout toujours représenté sur les tapis rouges. En revanche, le dernier scandale de John Galliano et son départ précipité, plonge Dior dans une impasse. Quant à Christian Lacroix, il a fait faillite et Jean-Charles de Castelbajac travaille beaucoup avec les Anglais… Finalement, le savoir-faire à la française repose surtout dans le Adèle Cany fait de connaître ses classiques, tout en apportant une valeur ajoutée.

French girls do it better?

Chics, belles, intelligentes, drôles, fines, sexuellement libérées, douces, leur accent est mignon et leur sourire radieux… Voici unes des qualités des Françaises, mises en avant par le groupe Facebook “French girls do it better?” qui regroupe pas moins de 10 037 membres ! Certes, la responsable de ce groupe a un nom bien franchouillard, elle s’appelle Justine Lamblin. Mais ce qu’il y a d’intéressant derrière ce succès, c’est de constater l’image de marque de la Française : elle continue de faire rêver. En témoigne le succès de nos actrices, outre-Atlantique : Mélanie Laurent, Marion Cotillard, Audrey Tautou, Sophie Marceau… L’intitulé “French girls do it better” a même été recyclé dans des sacs ou autres T-shirts. Quant à la silhouette des Françaises, elle est également célébrée : l’écrivaine américaine Michelle Giulano, avec son livre French woman don’t get fat, (les femmes françaises ne grossissent pas) a dû publier deux suites, et Hollywood a racheté les droits ! Mais dans l’inconscient collectif, la Française est surtout incarnée par la Parisienne. Ce n’est pas un hasard si Inès de La Fressange vient de sortir un livre sur cette dernière. Un guide pour apprendre à devenir cette femme active, distinguée, cultivée et bien élevée. D’ailleurs Jean-Paul Gaultier, ne s’y trompe pas en faisant défiler cette année, Valérie Lemercier sur les podiums. Elle incarne selon, lui, «la Parisienne fofolle et légère en apparence, qui donne cette impression de facilité et de joie». Tantôt femme-enfant, femme Chanel, actrice, philosophe, écrivaine, valérie zoydo mère, catin, féministe, icône de la chanson, French girls do it definitively better!

La French Touch electro

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Laurent Garnier

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a French Touch est-elle un gag ? Le dernier mouvement musical français marquant fut initié (en réalité) hors-frontières par une bande de copains. Comme le raconte si bien Laurent Garnier dans Electrochoc (Laurent Garnier/David BrunLambert, éd. Flammarion) en 1989, “m’adressant aux dix personnes naufragées dans le club, je lançai : j’ai ma bagnole, j’ai mes disques, je pars en Angleterre pour le week-end dans dix minutes. Qui veut venir avec moi ?” Ce furent des Hubert Blanc-Francard (Dj Boom Bass de Cassius), des Etienne de Crécy, ou des DJ Grégory

(Africanism)… Tous sortirent leurs maxis dans les années suivantes. Mais plombée par une image négative de mouvement de raveurs drogués, cette musique reste privée d’audience grand public. Ce n’est qu’en 1996 que Emmanuel de Buretel signe Daft Punk pour Virgin France. La presse est prête à populariser ce qui arrive enfin sur les ondes (et pas seulement sur Nova, du vendredi soir au dimanche midi à l’époque), house filtrée de funk et disco, nouvelle coloration musicale alors issue de la nouvelle scène parisienne. 1997 voit une floppée de labels abreuver ce que la presse anglaise aura dénommé French Touch, reprenant là une appellation déjà usitée pour le groupe Metal Urbain en 1980, reprise encore pour Justice il y a trois ans. À quand ou pour qui la prochaine fois ? Cyrille Georges


Le touriste français

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Français en Espagne : nombreux, mal polis et râleurs ! Cocorico ! Si l’Espagne écrase l’Hexagone au football, les Français, bons joueurs, restent les premiers visiteurs de la Catalogne, et surtout les plus gros consommateurs. Une bouffée d’air frais pour une économie exsangue et un secteur à la peine. Mais l’occasion aussi de se demander si les Français traînent à Barcelone leur réputation mondiale de râleurs pingres et mal polis…

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e triplé est à nous ! Et pas question de laisser un pourboire. Comment ? Vous ne le savez pas ? Nous sommes les pires touristes du monde depuis trois ans de suite selon une étude internationale réalisée par TNS Infratest pour Expedia auprès des hôteliers ! Pingres, râleurs, malpolis, incapables de parler la langue du pays… Ça ne vous rappelle rien ? C’est drôle parce que si on demande à la responsable de la communication de la Agència Catalana de Turisme basée à Paris, le jugement est plus nuancé. Certes, le premier mot qui vient à la bouche de Josefina Mariné, c’est “râleurs par excellence” : “Ce sont des profils qui se plaignent assez souvent sur la qualité, dès qu’il faut faire la queue…”

Tourisme éthylique vs tourisme de qualité Mais quand on parle de mauvaise image des touristes, d’autres nationalités viennent plus vite à l’esprit : “Ceux qui sont réputés pour la borrachera ce sont les Britanniques.” Et oui, le balconing, nouveau sport en vogue sur la Costa Dorada et dans les Baléares, qui consiste à se jeter du balcon d’un hôtel -déjà passablement bourré- à la piscine, est très prisé chez les touristes anglais ou allemands. Seul problème, six jeunes touristes en sont morts durant les vacances d’été 2010. Loin de cet exhibitionnisme éthylique, “le tourisme français, c’est le tourisme de qualité” certifie le président de l’Association des voisins du quartier de la Barceloneta. Au contraire, les voisins d’outre-Pyrénées seraient plutôt “introvertis, ils ne se laissent pas trop aborder, sont assez peu sociables”, selon Valentin Arena… L’inverse des Britanniques pour qui boire est la seconde chose que l’on enseigne aux gamins après apprendre à faire ses lacets.

Les Français, des gens bien comme il faut A ce niveau-là du débat, il existe cependant quelques bémols. Il suffit de jeter un œil à des sites français comme playafiesta.com, organisateur de “springbreak” dans la station balnéaire catalane de Lloret de Mar au départ de toutes les grandes villes de France. Sur le portail web, des photos de filles dénudées et un slogan : “3 JOURS DE FÊTE NON STOP”. Les Anglais n’auraient pas mieux trouvé. Cette précision faite, il faut reconnaître que les

Français véhiculent tant dans l’imaginaire de Valentin que chez Josefina l’image de gens “éduqués, très intéressés par la culture, adeptes de la bonne gastronomie”. Donc de potentiels bons clients dans un pays dont 10% du PIB provient du tourisme et qui cherche à réorienter sa formule “sol y playa” vers un tourisme durable et de qualité, comme l’ont avancé les professionnels du secteur lors du Salon International du Tourisme (Fitur) qui s’est tenu à Madrid du 19 au 23 janvier. Quant aux motivations des touristes français - qui représentent 25% de la masse de touristes hors frontière à venir en Catalogne - elles sont pratiques et culturelles. “On peut facilement venir en voiture. De nouvelles lignes aériennes ont ouvert (270 vols directs hebdomadaires, ndlr), ainsi que de nouvelles lignes ferroviaires : le TGV Paris-Barcelone, qui ne prendra plus que 5h30 en 2015, le futur Montpellier-Barcelone”, explique Josefina. Mais il y a plus : “les génies Dalí, Gaudí, Tàpies, Miró, la gastronomie, avec 57 étoiles du Guide Michelin, 17 sites classés au patrimoine de l’Unesco, dont 9 à Barcelone…”.

Arrogance et guide du Routard Quoi de plus flatteur, alors, que d’être vus comme des consommateurs avisés de la culture d’une région ? Reste le danger que tout cela nous fasse un peu tourner la tête et que nous tombions dans un autre de nos travers habituels : l’arrogance. “C’est vrai que les Français sont intéressés et curieux de tout, mais en même temps, ils vous montrent qu’ils connaissent déjà tout, ils demandent beaucoup, mais c’est souvent pour valider leur propre culture générale , reconnaît Josefina. Quoiqu’il en soit, l’étude réalisée par TNS Infratest ne colle pas tant que cela au cas catalan. Ici, les Français, loin d’être pingres, sont ceux qui ont le plus dépensé à Barcelone en 2010 : 300 millions claqués dans les établissements financiers barcelonais ! Ils ne sont pas non plus aussi impolis qu’on ne le dit, même si leur politesse peut tirer jusqu’au manque de sociabilité, voire à la pédanterie. Alors un conseil pour les nombreux d’entre-nous qui iront à Barcelone ou sur les plages catalanes cet été : ici, un sourire vaut parfois mieux qu’une citation de Voltaire, et l’art de la conversation peut apporter plus que l’historique du guide du Routard !

La Catalogne en France

Jusqu’en mai 2011, c’est l’année de la Catalogne en France ! Sur le blog enviedecatalogne.fr, les Français peuvent sélectionner les évènements catalans organisés en France pour, peut-être, se rendre un jour dans la “Terre de génies”. Source : Agència Catalana de Turisme

Emmanuel Haddad

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dossier

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savoir-vivre

L’art de vivre français Les étrangers admirent notre terroir, et surtout notre sens de la convivialité. Des arts de la table, en passant par la dégustation de vin ou la culture de l’apéro, revue de détail de notre savoir-vivre.

Les arts de la table

A

h la gastronomie française ! Ne l’enterrons pas trop vite, malgré le succès de la nueva cocina espagnole -représentée par Ferran Adrià du restaurant El Bulli, ou Arzak à San Sebastián- qui la range parfois au rang de ringarde. C’est vrai aussi, que le célèbre journaliste gastronomique américain Michael Steinberger, vient de faire paraître un livre intitulé, La cuisine française, un chef d’œuvre en péril. Il a confié à L’Express que celle-ci était “fatiguée”. Et pourtant il affirme souhaiter que la France reste “le pays où l’on mange le mieux dans le monde”, car c’est en France qu’il a “appris à manger mais aussi à vivre”. Finalement, l’exception française se situe surtout dans ce savoir-faire, cet art de mettre en scène la jouissance sensorielle.

La célébration Et en effet, la meilleure façon de parler de gastronomie française si ce n’est de se mettre à table, c’est peut-être de relire Astérix. L’image du banquet final reste effectivement dans toutes les têtes : la célébration. L’Unesco ne s’est peut-être pas trompée en inscrivant le 16 novembre 2011 au Patrimoine Immatériel de l’humanité, non pas la gastronomie, mais bien le repas gastronomique français, cette tradition que nous avons de nous rassembler autour d’un plat. “Les Français aiment se retrouver, bien boire et bien manger et célébrer un bon moment de cette façon”, dixit Catherine Colonna, notre ambassadrice auprès de cette institution. Quant à La Fontaine, s’il écrit de belles leçons de morale, il n’est pas rare dans ses fables qu’il se serve d’un repas pour théâtraliser l’affaire. Allez savoir si dans le bec de Maître Corbeau n’était un fromage… qui pue ?

Œnologie : la mondialisation

ne nous enlèvera pas notre style

C’

en est fait ! La mondialisation est passée par là. Les vins français ont perdu leur aura. D’ailleurs comment mondialiser un produit tel que le vin français ? Deux concepts se télescopent. Primo, le vin français est un produit de luxe, car en plus d’être bon, il est fin comme nos parfums. Secundo, la mondialisation dans sa version alimentaire, c’est proposer le même produit partout mais fabriqué localement. Pour un yaourt industriel c’est possible, mais pour du vin ça ne marche pas toujours ! Il y a bien eu ces cépages bordelais exportés vers le Nouveau-Monde. Mais le vrai problème pour nos vins, c’est que n’ayant pu par nature suivre la règle et souffrant de ce stéréotype du français réfractaire au changement, il est devenu has-been selon Jonathan Ray

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du Daily Telegraph (17/09/2009). En particulier auprès de nos amis anglo-saxons, qui les relèguent aisément aux caves de nos hôtels pour leurs vacances dans l’Hexagone. Pis que tout cela. Une marque ça n’est plus qu’un logo, au mieux un mot. Le consommateur mondial lambda souhaite au mieux un Syrah ou un Cabernet, au pire un rouge ou un blanc. Et nous ne savons désigner nos vins que par un nom de château ou de châtelain -ce qui en complique la lecture- nous n’avons pas su créer de marque comme on l’a fait pour nos yaourts. Pourtant nous avons créé un style. Bien avant cette mondialisation qui est faite d’offre, notre vin s’exportait parce qu’il satisfaisait une demande. Notre façon de le déguster, de le servir pour de grandes occasions, est une manière de le célébrer que l’on ne nous enlèvera pas, et que l’on nous enviera toujours. Notre vin continuera à faire tache, ce sera sur des robes de haute-couture. Cyrille Georges


L’apéritif, une tradition française Véritable institution, l’apéro est un domaine chasse gardée en France. Un de ses ambassadeurs, Ricard, revendique sa capacité à créer du lien et de la convivialité. Preuve que cette tradition a le vent en poupe, le groupe Pernod-Ricard vient de redessiner pour la première fois les courbes de la célèbre bouteille.

L’

apéro en France, c’est sacré. Selon une enquête Sofres menée en janvier 2005, il demeure une tradition, puisque près de 90% des Français le prennent au moins une fois par semaine. Ce rituel destiné à ouvrir l’appétit représente en effet ce qui a le plus manqué à Laurent, patron du Comptoir Marseillais à Barcelone, en arrivant en Espagne. Pour y remédier, il a ainsi exporté cette institution en lançant son concept d’apéro tapas français, en partenariat avec Ricard. En effet, la marque accompagne les apéritifs des Français depuis 1932. Et ce, dans tous les milieux et générations confondus.

surtout étant Anglais, de redessiner un classique français…!” a déclaré Simon Adamson, l’heureux élu. En attendant, anglais ou pas, il a su préserver le capital sympathie de la bouteille. Il s’agit bien d’“un Ricard, un vrai”. Valérie Zoydo

Croquis du concept qui a donné naissance à la nouvelle bouteille Ricard.

Créateur de convivialité Consommé autour d’une table couverte d’une toile cirée et agrémenté de quelques bretzels, cacahuètes, chips et autres amuse-gueule ou d’une façon plus raffinée, avec des produits du terroir, le verre de Ricard fait bel et bien partie du patrimoine, que ce soit sous forme de mauresque (de l’eau et du sirop d’orgeat) ou avec 5 volumes d’eau. Car la marque revendique sa capacité à “créer de la convivialité”. Et même si elle est volontiers associée à l’ambiance camping, elle parvient même à être hype. Et c’est là toute sa force sur le plan marketing.

La Nouvelle bouteille chez Colette En effet, le groupe Pernod-Ricard vient de lui redessiner la silhouette pour la première fois depuis sa création. Une des nouveautés : le logo Ricard est incrusté dans le verre pour marquer la notoriété du groupe. Plus élégante et design, la nouvelle bouteille a même droit à son It Bag en édition limitée chez Colette, le magasin le plus branché de Paris. “Il n’était pas question de changer l’ADN de la marque”, insiste Murielle Dessenis, chef du groupe Pôle Apéritif. “Ricard rimera toujours avec authenticité, convivialité, optimisme et… soleil. Cette marque revendique un art de vivre à la Française”. L’idée, on le devine, est de conquérir de nouveaux consommateurs. D’ailleurs contre toute attente, c’est un designer anglais qui a redessiné la bouteille. “Ricard est une icône en France. Cela a été une opportunité de la faire évoluer, de la moderniser et de créer un nouveau design. Je suis très fier,

Le saviez-vous ?

Le mot apéritif vient du latin apertivus, dérivé de aperire qui signifie “ouvrir”. Au Moyen-Age, on buvait au début du repas une boisson à base de vin et de plantes aromatiques ou de vin et d’épices comme le clairé.

A Buenos Aires, le pastis, c’est la classe

Ce qui surprend le plus à Buenos Aires n’est pas forcément dans les assiettes. Oui, le bife de chorizo –le faux-filet argentin– peut dépasser le kilo dans les restaurants argentins, mais y-a-t-il un autre pays où la boisson des jeunes et des boîtes de nuit ne soit à l’origine qu’un digestif de vieux briscard italien ? Les jeunes fêtards “porteños” se la collent au Fernet Branca mélangé au CocaCola, le tout recouvert d’une tranche de citron. C’est peu dire que la nostalgie transpire de la culture argentine, du mélancolique tango aux traditions encore vivantes des gauchos ; boire un digestif italien réservé aux comptoirs sombres et à leurs clients indéboulonnables serait-ce un hommage aux vieilles racines italiennes des Argentins ? En tout cas, partant de ce préalable, je n’étais qu’à moitié surpris en rentrant dans le bar La Cigale (rue 25 de Mayo au nº 722) où le jeudi soir, c’est soirée française, et où l’on vient grosso modo consommer de la France. Là, après une heure de queue, au milieu d’Argentines endimanchées et dans le chahut de l’ambiance électro, je le vois dans un verre posé sur le comptoir : un jaune, un pastaga, dites-moi que je rêve ! Et dans une coupe s’il vous plaît. Jamais boire du pastis n’a été aussi élégant, comme si au cours de son voyage de 11 001 km, il avait été vidé de son image d’apéro populaire et rebaptisé “alcool français typique”. Et en Argentine, le Français est bon chic bon genre. Si je disais aux piliers de comptoir de mon bar de quartier que boire du pastis à La Cigale revient à être un homme de goût et peut entraîner le regard gourmand de jeunes femmes en quête d’exotisme, ils prendraient leur billet d’avion dans la Emmanuel haddad demi-heure… Et ils auraient bien raison !

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reportage

La France

terre d’accueil et de liberté Comment est perçue la France par ses immigrés ? Le photographe Albert Bonsfills, catalan, installé en France depuis peu, s’est posé la question. Il a choisi six profils de personnes travaillant dans des commerces de proximité à Paris. Reportage.

L

e philosophe Jean-Luc Nancy, dans son ouvrage Identité. Fragments, franchises, rappelle que l’identité individuelle ou nationale, est avant tout plurielle. C’est en quelques sortes ce qu’a voulu montrer le photographe catalan Albert Bonsfills à travers ce reportage. Lui-même fraîchement débarqué à Paris, il apprécie justement de la France, sa diversité. Cette identité mouvante. Maria, Julie, Novica, Olympio, Marius, Daniel. Ces Français, immigrés de première ou deuxième génération, ont accepté de se soumettre à une liste de cinq questions posées ci-dessous. L’objectif : comprendre ce que représente la France pour eux. Estelle suffisamment intégratrice ? Est-elle toujours synonyme de libertés ? A travers ce reportage, Albert Bonsfills a cherché

Qui est Albert Bonfills ?

Né à Barcelone en 1982, il a découvert la photographie avec un Minolta compact de 135mm. Il a profité de ses petits jobs à Barcelone pour réaliser ses premières images en noir et blanc du centre ville. Sans se rendre compte, la photographie a cessé d’être un objet pour laisser place aux sensations. Elle a rempli ses jours et avec le temps, il a fait d’elle un monde à part, un endroit où il peut pleinement se livrer. Il a étudié la photographie au Centre d’Études Photographique de Catalogne durant trois ans. Dans cette école, il a découvert d’abord les classiques, puis l’explosion des couleurs. Actuellement, il vit à Paris et travaille comme photographe pour les entreprises et les particuliers.

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à capter des tranches de vie françaises. A la boulangerie, chez le fromager, le restaurateur, le couturier… Et ce qu’il ressort de ces rencontres donne matière à réfléchir sur le débat râté de l’identité nationale. Chacun des personnages est le produit d’une histoire différente. Ils n’ont pas forcément la même religion, ni la même origine sociale. Mais, tous, ont en commun l’amour de la France. Ces six photos trouvent un écho dans cette phrase de Jean-Luc Nancy : “L’identité est un simple index tendu (…) vers la direction de ce qui vient, qui ne cesse de venir, qui revient et se transforme, qui fraye des voies nouvelles, qui laisse des traces, mais jamais une chose et une unité de sens”. La France, est-elle alors une idée ? Un concept ? valérie zoydo



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La diplomatie française

La Voix de la France est-elle Révolutions dans le monde arabe, tensions entre la France et le Mexique, scandale autour du nouvel ambassadeur de France en Tunisie, coups de gueule de diplomates, départ de Michèle Alliot-Marie. La diplomatie française serait-elle en crise ? Décryptage.

T

ous les jours dans sa deuxième page, La Vanguardia distribue les bons et mauvais points aux acteurs de l’actualité sous forme de feu tricolore. Le classement est certes réducteur, mais il a au moins, le mérite de la clarté. Au mois de février, Michèle Alliot-Marie, avant son éviction du Ministère des Affaires étrangères, avait eu droit aux honneurs de ce baromètre, en collectionnant deux feux rouges en moins d’une semaine. Ce sont tout d’abord les vacances tunisiennes et les explications plus que maladroites de la Ministre qui avaient été épinglées par le quotidien de référence barcelonais. Ce dernier n’avait pas manqué de pointer du doigt les révélations du Canard Enchaîné et la tempête politique qu’elles avaient déclenchée. La Vanguardia s’était ainsi demandée comment Nicolas Sarkozy pouvait encore maintenir MAM à son poste. Quelques jours plus tard, l’affaire Florence Cassez n’arrangeait rien aux affaires de Paris. C’était le deuxième feu rouge adressé par La Vanguardia.

En ligne de mire : la méthode Sarkozy Cette double sanction adressée à la diplomatie sarkozyenne n’a d’ailleurs pas été la seule. Et le message a été entendu. Le 28 février, le chef d’Etat a nommé à la tête du ministère, le chiraquien le plus connu de France : Alain Juppé. En effet, les années Chirac ont été caractérisées par une diplomatie luttant pour faire entendre la voix de la France. Une politique typiquement gaullienne. Qu’il y soit parvenu, c’est encore un autre Une photo a montré Sarkozy débat. On se souvient en tout cas encore du discours de croisant ses jambes et pointant Dominique de Villepin à l’ONU la semelle de sa chaussure en pour dire non à la guerre en Irak. On se souvient aussi de direction du Roi -un geste tabou la colère homérique de Chirac dans le monde islamique.” lors de sa visite à Jérusalem, s’en prenant au service de sécurité israélien qui avait repoussé un journaliste de RFI et des badauds palestiniens venus saluer le chef de l’Etat. “Qu’est-ce qu’il y a encore comme problème ? Je commence à en avoir assez ! What do you want? Do you want me to take my plane? To go back to my country? To go back to France? Is that what you want? This is provocation! This is not a method! Please, stop now!” s’était insurgé à l’époque le chef de l’Etat. Les images ont fait le tour du monde et lui ont valu la sympathie du monde arabe. Du côté israélien, cette réaction a plutôt frisé l’incident diplomatique. Quoiqu’il en soit, cet amoureux des civilisations a essayé de ressusciter une grandeur perdue. Non

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sans une certaine nostalgie, d’ailleurs. Sarkozy, lui, a trop été obsédé par sa mission de VRP (ndlr : voyageur, représentant, placier). Si le bilan intérieur de Chirac, n’a pas été le meilleur, il faut lui reconnaitre qu’il savait représenter la France avec une certaine classe. Sarkozy, un peu moins. Les caméras n’avaient pas manqué de le filmer en consultant secrètement ses SMS lors d’un entretien avec le pape. Wikileaks a épinglé aussi une note d’un ambassadeur américain au Maroc décrivant l’attitude “trop relâchée” de Nicolas Sarkozy, alors qu’il présidait à une cérémonie en compagnie du Roi. “Une photo a montré Sarkozy croisant ses jambes et pointant la semelle de sa chaussure en direction du Roi - un geste tabou dans le monde islamique” rapportent les diplomates américains. Mais cela, c’est encore anecdotique : rien à voir avec tous les incidents des semaines passées… Juppé a désormais du pain sur la planche pour sortir la diplomatie française de la crise dans laquelle elle s’est fourvoyée.

Une voix discordante Mais revenons plutôt à notre classement de La Vanguardia. Celle-ci n’a pas été la seule à désapprouver la diplomatie française, critiquée d’une part pour son silence, et d’autre part pour l’excès de ses réactions. En somme, si la voix de la France est audible, elle est en tous cas discordante. Ainsi, les éditorialistes espagnols des quotidiens El Pais et El Mundo l’ont désavouée pour sa passivité et sa quasi-absence de réactions face aux différentes révolutions. Ils l’accusent d’une certaine connivence avec les dictateurs du Proche-Orient (Ben Ali, Khadafi ou Moubarack). De l’autre côté, El Periodico de Catalunya a consacré une page entière à l’affaire Cassez. Pour de nombreux observateurs hispanophones, la France a fait preuve de mépris et d’arrogance. Le Quai d’Orsay a en effet condamné beaucoup plus vite le Mexique que les régimes tunisiens et égyptiens qui se sont effondrés en ce début d’année. Certes, les médias ne sont pas dupes. L’enquête de l’affaire Cassez est truffée d’irrégularités. Quant au procès, il a été bâclé. Mais le problème global réside finalement plus dans la forme que dans le fond… Et c’est là tout l’enjeu et l’art de la diplomatie. Si la requête de la France à l’égard du Mexique est légitime, peut-être devrait-elle se remettre en question au sujet de sa méthode.

Des relations ambiguës Et justement, d’une réaction excessive face aux cas de Florence Cassez jusqu’à une absence de réaction face aux révolutions, la diplomatie semble manquer d’une ligne claire. La position de la France par rapport au monde arabe lui vient probablement


de sa difficulté à assumer son passé colonial. Dans Chirac d’Arabie, un essai paru en 2006 chez Grasset, Christophe Boltanski et Eric Aeschimann, journalistes à Libération, analysent cette position ambiguë de la France : “Une nouvelle page de la diplomatie française est à écrire, moins tonitruante, plus efficace. Une politique délivrée du mythe du bon Arabe sunnite, bédouin, masculin, et qui s’ouvre enfin aux femmes, aux chiites, aux Kurdes, aux Berbères, aux opposants. Une diplomatie plus soucieuse des libertés individuelles ou collectives et moins inféodée aux dirigeants. Désireuse, aussi, de partager son expertise avec ses partenaires européens. Capable, enfin, de regarder en face son histoire coloniale - ce passé qui ne passe pas et dont le fantôme entrave son influence précisément là où elle pourrait être la plus naturelle et la plus bénéfique : le Maghreb.”

L’amateurisme de la diplomatie française Autre exemple flagrant, les mésaventures du nouvel ambassadeur de France en Tunisie. Fraîchement nommé en Tunisie, Boris Boillon, jeune diplomate au style direct et proche de Nicolas Sarkozy a réussi à faire l’unanimité contre lui, moins d’une semaine après sa prise de fonction. A l’occasion d’un déjeuner avec des journalistes tunisiens, l’ancien ambassadeur d’Irak s’est montré cassant envers ses interlocuteurs qui ont vu en lui l’incarnation de la supériorité française. Les images de la discussion animée ont tourné en boucle sur Internet. Une manifestation a même été organisée pour réclamer le départ de l’ambassadeur. Si cette polémique s’est rapidement éteinte, elle s’inscrit surtout dans un contexte particulièrement difficile pour le Quai d’Orsay qui doit, en plus des critiques à l’étranger, faire face à une fronde interne. Dans Le Monde du 23 février dernier, 40 ambassadeurs français, réunis au sein d’un groupe appelé Marly, fustigent la diplomatie française, livrée selon eux à l’amateurisme. Ils rejettent la responsabilité des “déboires” récents de la politique extérieure française en Tunisie, en Egypte ou au Mexique sur Nicolas Sarkozy et son entourage qui méprisent le corps diplomatique. Selon ces diplomates, “bien des erreurs auraient pu être évitées, imputables à l’impulsivité et aux préoccupations médiatiques à court terme”. Le groupe Marly cite pêle-mêle en exemple l’Union pour la Méditerranée, “lancée sans préparation” et “sinistrée”, ou la politique au Moyen-Orient, “qui est devenue illisible, s’enferre dans les impasses et ren-

© d.r.

audible ?

force les cartes de la Syrie”. Le 27 février, un autre groupe appelé Camus, s’exprimait quant à lui dans Libération. “Nous constatons une nouvelle fois que notre pays, malgré ses références mécaniques aux droits de l’homme, éprouve les plus grandes difficultés à intégrer dans sa politique étrangère la défense de la démocratie, le soutien aux dissidents et à la transformation des régimes. Il semble paralysé par la peur du changement, obsédé par la volonté de maintenir le statu quo, la stabilité”.

Renouveler le discours En attendant, n’enterrons pas trop rapidement certaines victoires de la France sous Nicolas Sarkozy. Un troisième groupe de diplomates, appelé Rostand, qui pour sa part, s’est exprimé le 24 février dans Le Figaro, énumère les actions du chef de l’Etat en matière de politique européenne, étrangère et de droits de “Bien des erreurs auraient l’homme : “Le traité de Lisbonne, la pu être évitées, imputables présidence française de l’Union européenne, les accords de défense à l’impulsivité et aux avec l’Angleterre, la Géorgie sauvée préoccupations médiatiques de l’invasion et préservée dans son indépendance, les partenariats stra- à court terme. tégiques avec l’Inde et le Brésil, les fondations d’un vaste espace commun avec la Russie, en Afrique la réconciliation avec le Rwanda, la refonte de nos accords de défense et le soutien déterminé à la démocratie ivoirienne, la fermeté lucide face à l’Iran, les initiatives à l’ONU sur le contrôle des armes ou les droits des homosexuels, pour ne citer que ceux-là.” Alors, inaudible, la France ? Pas encore tout à fait. Mais si elle veut regagner une partie de son influence, elle doit, comme le préconise le groupe Marly, renouveler son discours, retrouver un peu d’humilité et de discrétion. Et surtout composer daAlbert Vives vantage avec l’Union européenne.

encore

et Valérie Zoydo

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laïcité

La laïcité

une spécificité Française ? La France n’aime pas négocier avec sa laïcité. En témoigne le nouveau débat sur la place de l’islam en France, déjà entamé par médias interposés, qui doit-être tenu le 5 avril prochain, à Paris. Qu’en est-il de la loi de 1905 ? Pour répondre à cette question, Rézo vous propose deux pistes de réflexion : comprendre la spécificité française avec la comparaison des Etats-Unis et la tribune de Gilles Le Bail, auteur de l’ouvrage Et pour que Marianne chante à nouveau.

Laïcité :

le face à face France/Etats-Unis Kelly Nyks, réalisateur du documentaire Split

A

la question : “Quel est le personnage historique qui vous a le plus marqué ?” Georges Bush avait répondu sur un plateau de télé : “le Christ”. “Une telle réponse serait inenvisageable en France”, affirme Kelly Nyks, réalisateur du documentaire, Split une Amérique divisée, qui sera diffusé fin mai en Espagne. Il considère qu’une des principales différences entre les Etats-Unis et la France, réside dans le rapport entretenu entre l’Eglise et l’Etat. C’est indéniable, en outre-Atlantique, la religion occupe le discours politique, voire économique. Nyks va jusqu’à dire qu’elle contrôle l’espace public. À ce propos, il rappelle une anecdote qui fait pour le moins réfléchir : en novembre 2009, en pleine débâcle financière, Lloyd Blankfein, à la tête de l’empire Goldman Sachs, un des hommes les plus puissants du monde, s’explique au sujet des activités bancaires douteuses, auprès d’un reporter du Sunday Times : “I am doing God’s work” (je fais le travail de Dieu). C’est dire la confusion des genres.

La lettre de Thomas Jefferson Et en effet, une majorité d’Américains considère la religion comme une solution aux problèmes sociaux. 56% sont d’accord avec l’affirmation que “S’il y avait suffisamment de personnes qui entretenaient une relation personnelle avec Dieu, les problèmes sociaux se résoudraient d’eux-mêmes”, selon le Public Religion Research Institute (PRRI). Enfin, 58% d’Américains croient que Dieu a donné aux Etats-Unis un rôle particulier dans l’histoire de l’humanité. Quant à l’inscription de la séparation de l’Eglise et de l’Etat dans la constitution, elle est inexistante. Le premier amendement de la constitution de 1787, interdit seulement au Congrès des Etats-Unis d’adopter des lois limitant la liberté de culte et ne reconnaît pas de religion officielle. Seule une lettre écrite par Thomas Jefferson en 1802 à l’association des Baptistes de Danburry, évoque l’impérieuse nécessité d’un “mur de séparation” entre l’État et les Églises. Quant aux pièces et billets, ils sont marqués de l’inscription In God we trust (En Dieu, nous avons confiance) qui est devenu une devise officielle des États-Unis en 1956, sur l’initiative d’un député de Floride. Il ne faut pas oublier, rappelle le documentaire, que les Etats-Unis ont été entre autres bâtis par les Frères Pèlerins, l’un des premiers groupes de colons britanniques à s’installer sur le territoire. Ils ont fui les persécutions religieuses en Europe afin de trouver une terre vierge où créer une “nouvelle Jérusalem”.

Unité du peuple

Pour aller plus loin www.splitdoc.com www.pfpictures.com

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En France, c’est encore autre chose. La loi de 1905 est un des grands principes reconnus par la République française. L’Etat est alors neutre à l’égard des institutions religieuses, et n’y contribue pas de manière matérielle ou d’une toute autre manière. Jean Baubérot, historien et sociologue français spécialiste de la sociologie des religions et fondateur de la sociologie de la laïcité affirme dans la revue Regards (2004) que la laïcité française, souvent perçue comme le modèle de référence de séparation des Eglises et de l’Etat, est le “fruit d’une longue histoire conflictuelle opposant tout au long du XIXe siècle deux visions de la France. Celle de ceux qui souhaitent que la France redevienne “la fille aînée de l’Église” et celle de ceux qui pensent que la France moderne doit être la fille de la Révolution de 1789, à la fois, un règlement juridique et un art de vivre ensemble”. Et en Valérie Zoydo effet, l’étymologie même du terme laïcité vient du grec laos qui signifie “unité du peuple”.


Débat sur l’islam : mettre en valeur ce qui réunit

Ainsi, initier ce débat, en période électorale va à l’encontre des nombreuses thématiques abordées dans mon dernier ouvrage  Et pour que Marianne chante à nouveau. La France, qui a vu naître les Droits de l’Homme et du citoyen, connaît une crise économique, sociale, culturelle et démocratique qui s’est amplifiée à partir de la crise mondiale de 2008. La notion de liberté s’individualise, l’idéal d’Egalité est remis en cause et la Fraternité n’est

plus le ciment de notre société. “Certains proposent Certains proposent une laïcité qui oppose, plutôt qu’une laï- une laïcité qui oppose, plutôt cité de respect et de tolérance. qu’une laïcité de respect et Les constats sont graves, mais les opportunités et les raisons de tolérance. Les constats sont d’être optimistes sont réelles. graves, mais les opportunités En effet, dans une société française en proie au doute et de et les raisons d’être plus en plus divisée, il est indisoptimistes sont réelles. pensable de retisser le fragile lien social et resituer l’homme au cœur de l’action publique. Il faut replacer l’éducation et la participation au centre du projet de reconstruction d’une citoyenneté responsable. Pointer la question de l’islam, comme c’est le cas en France, c’est sous entendre qu’il pourrait y avoir une incompatibilité vis-à-vis des valeurs républicaines et de la laïcité. Les questions soulevées dans l’actualité comme la construction des mosquées, ou les prières dans la rue, demandent le plus souvent uniquement l’application de la Loi de 1905 dans son volet technique, sans démagogie et Gilles Le Bail en sortant de l’idéologie.

Retisser le lien social

© D.R.

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lors que les peuples du sud méditerranéen montrent que le monde musulman bouge, la France ne donne-t-elle pas l’impression qu’elle reste centrée sur elle-même en relançant à nouveau un débat sur la place de l’islam dans la République française ? Depuis plus de 23 ans et l’affaire du foulard à Creil, le débat sur l’islam est réactivé régulièrement par les gouvernants français. Même si le débat sur l’islam peut être légitime, le calendrier électoral lui donne un sens particulier. Le risque est grand que ce débat renforce une nouvelle fois, les amalgames et les stigmatisations dont font l’objet les musulmans en France. Il y a régulièrement confusion entre l’islam, l’immigration, l’insécurité et l’extrémisme religieux. Cette confusion est entretenue par le parti d’extrême droite, ainsi que par une partie de la majorité actuelle. On l’a bien vu au cours du débat sur l’identité nationale, les dérapages furent nombreux et les questions de fond comme l’adhésion au projet républicain ne furent jamais abordées. Ainsi, c’est une nouvelle fois agiter les peurs, les différences alors qu’en France, les habitants ont besoin de faire société, retrouver ce qui fait la cohérence et le partage entre eux. Faire de l’islam un atout pour la France, c’est évoquer les ressources qu’il propose, c’est valoriser sa participation à la vie de la société. C’est réunir les Français sur ce qui les rassemblent et non sur ce qui fait leurs différences. On ne peut que s’interroger sur cette stratégie politique qui peut masquer une incapacité à proposer un réel projet de société pour sortir de la crise, redresser l’économie, résorber le chômage ou réduire les inégalités, affirmer les valeurs universelles de la République française.

Qui est Gilles Le Bail ?

Diplômé de l’IEP de Paris et de l’EHESS, il est actuellement délégué général de la Fédération Française des Maisons de Jeunes et de la Culture qui regroupe deux millions d’adhérents dont 500 000 jeunes. Il est le dernier Président du CNAJEP représentant en France 430 000 associations, six millions de bénévoles, 18 milliards d’euros de budget cumulé, soit 1,4% du PIB.

Pour aller plus loin

Et pour que Marianne chante à nouveau Jacques André Editeur Editions CEI, 17 euros.

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Le Chat par philippe geluck / www.geluck.com

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LA fibula • Poble Sec Situé dans la charmante rue piétonne de Poble sec, Carrer Blai, ce restaurant-salon de thé est une véritable merveille tant par son décor que par la qualité de ses produits. C’est la porte ouverte sur le Maroc, dès votre entrée vous êtes surpris par la reproduction fidèle du style architectural, des lampes et autres objets de décoration. Les plats maison font honneur à la réputation de la cuisine marocaine et le tout est couronné avec succès par une large sélection de thés et de pâtisseries arabes. Une invitation au voyage dans un lieu authentique, fier de pouvoir partager les richesses de sa culture. Les meilleurs couscous et tajines de Barcelone ! Calle Blai, 46 • Tél. 93 442 48 35 • Mº Poble Sec Ouvert tous les jours de 9h à 1h • reservas@lafibula.es La Fibula 210x150_300dpi_definitva_v6.pdf 1 09/03/2011 20:48:33

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Petit manuel des dîners en ville

Tout le monde en parle ce printemps Retour de la douceur et des terrasses… Il est temps de profiter du plaisir des sorties nocturnes printanières pour parler littérature, cinéma, musique, séries TV, ou la dernière info tendance. Pour assurer dans les dîners en ville, Rézo vous distille quelques idées !

Exposition n Desaparecidos

Gervasio Sánchez

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Il est rare que plusieurs musées et centres artistiques collaborent ensembles pour un même projet. En tout cas, assez rare pour que Desaparecidos, l’exposition du journaliste Gervasio Sánchez, soit un petit événement dans le milieu culturel espagnol. Car ce n’est pas tous les jours que le CCCB de Barcelone, La Casa Encendida de Madrid et le MUSAC de León, trois des centres les plus intéressants du pays, se mettent d’accord pour présenter, presque simultanément, une même exposition. Même exposition mais avec un matériel légèrement différent et complémentaire dans chaque cas (pour ne pas devenir rébarbatif) et qui garde surtout la même structure visuelle et thématique et, bien sûr, l’empreinte de l’artiste. Dans chacune des “versions” de Desaparecidos, le spectateur pourra ainsi découvrir une série de photos, portraits et images murales autour du thème de la disparition forcée dans plusieurs pays du monde (Chili, Argentine, Pérou, Colombie, Le Salvador, Guatemala, Irak, Cambodge, Bosnie-Herzégovine et Espagne). Une réflexion sur l’oubli et la mémoire historique qui reste d’actualité en Espagne à un moment où les demandes de recherches des disparus de la Guerre Civile et du franquisme continuent d’exister. Mais, au-delà du cas particulier espagnol, l’art de Gervasio Sánchez veut aussi poser les questions essentielles des conséquences

des conflits armés, des processus de répression ou des conditions éthiques des différents centres de détention qui existent dans le monde. Un projet ambitieux et nécessaire où l’image affronte les cruels paradoxes de l’humanité et où l’art tente de combler les lacunes de l’indéchiffrable réalité. Une exposition, organisée par Sandra Balsells, qui fera sûrement beaucoup parler d’elle. Et c’est bien sûr ce qu’elle espère pour échapper à l’oubli ou à l’indifférence. MUSAC : 29 janvier - 5 juin CCCB : 2 février - 1er mai La Casa Encendida : 2 février - 20 mars


Littérature n Indignez-vous ! L’ouragan Stéphane Hessel arrive dans les librairies espagnoles. Après l’immense succès qu’a connu en France son dernier livre, Indignez-vous !, qui a fait de lui le nouveau philosophe (à ses 94 ans !) le plus hype de la Rive Gauche, Hessel s’attaque à l’Espagne. Cet ancien ambassadeur de France est devenu, il y a quelques mois, une vraie star médiatique de l’intelligentsia bienpensante française, avec ses passages obligés à Ce soir ou Jamais et le Grand Journal, grâce à ce pamphlet où il “souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir votre motif d’indignation”.

Un appel qui a conquis d’innombrables lecteurs, qui a semblé réveiller un peu le toujours léthargique milieu culturel germanopratin et qui a curieusement précédé de peu la vague de révoltes qui touche le monde arabe. De là à en faire le nouveau BHL de la pensée révolutionnaire il n’y a qu’un pas… que tous les journalistes ont plus ou moins franchi. Et ce ne sont pas ses positions controversées sur le conflit israélo-palestinien qui ont aidé à nuancer la nouvelle aura contestataire d’Hessel. Avec Indignaos ! (aux Ediciones Destino), c’est à l’Espagne qu’il s’attaque. Sachant que le pays est fortement touché par la crise, que

le gouvernement a augmenté l’âge légal de la retraite à 67 ans, que le chômage stagne aux alentours de 20% mais que les espagnols ne sont presque pas descendus dans la rue manifester (à la différence du reste des européens), le défi d’Hessel est de taille. Il faudra voir s’il arrive à le surmonter.

Gastronomie n Ferran Adrià low cost abordable va devenir un exercice obligé ces moisci pour les plus branchés et Tickets va sans doute devenir le resto à goûter, l’endroit où se montrer et the place où il faut avoir dîné au moins une fois. Bon courage quand même pour y trouver une table. Le système de réservation (uniquement par Internet) est déjà plein pour le mois de mars et il ne reste que quelques tables (à des horaires peu alléchants) en avril et en mai. Il faut voir si le résultat en vaut la chandelle. Pour les moins patients, il reste toujours le 41° où il sera plus simple et rapide de trouver une place. Tickets et 41°. Avda Paral·lel 164. www.ticketsbar.es Aurélien Le Génissel

Ferran y Albert Adrià

© sergi Vicente Puig

Coup de tonnerre dans le monde de la gastronomie catalane : Ferran Adrià débarque à Barcelone. Plus besoin d’aller jusqu’à Roses pour goûter à ses originales créations et découvrir ses surprenantes saveurs. Le chef le plus médiatique d’Europe vient d’ouvrir, avec son frère Albert, deux nouveaux locaux, côte à côte, sur l’Avenue Paral-lel. Le premier, appelé 41°, est une espèce de bar à cocktails haut de gamme où le visiteur peut boire un verre tout en dégustant quelques unes de ses tapas made in elBulli. En sirotant son Margarita, les convives peuvent ainsi savourer des olives sphériques, des nuages de lima et coco ou une mini mozzarella au basilic à la manière des frères Adrià. On vous laisse découvrir tout seuls ce que cachent ces noms poétiques. Mais c’est surtout Tickets, le bar à tapas à bas prix (ou le gastrobar comme on les appelle maintenant dans le milieu gastronomique) qui risque d’être le must ce printemps. Goûter à l’art d’Adrià à un prix

Restaurant le 41º

Restaurant Tickets

Mars/Avril 2011 • Rézo • 39


petit manuel des dîners en ville

Cinéma :

le classement de Rézo

Les nouvelles sorties cinéma sont dans Rézo. Nous vous proposons une sélection des films en salle en Espagne et le classement réalisé par notre spécialiste du grand écran.

n Le plus attendu Torrente 4 : Lethal crisis Un nouveau film de l’acteur humoristique Santiago Segura est toujours un événement en Espagne. Quand il s’agit en plus d’un nouveau chapitre de sa fameuse saga sur le personnage de Torrente, policier raciste, idiot et vulgaire, caricature des pires aspects de la société espagnole, le film a des chances de devenir culte. L’ironie du titre, avec ses accents apocalyptiques de navet hollywoodien tourné dans la banlieue populaire de Madrid, est l’exemple même de ce que l’on peut attendre d’un film de ce genre : un univers déjanté, qui ne se prend pas au sérieux et plein de quiproquo et d’humour absurde.

n La bonne surprise

n L’OVNI

Misterios de Lisboa Telenovela hype, série historique et léchée, film interminable et intellectuel, mini série déstructurée en forme de feuilletons ? On ne saurait comment qualifier exactement le dernier film de Raoul Ruiz, un réalisateur dont les précédents travaux sortaient déjà largement des sentiers battus. Inspiré par une grande liberté surréaliste, un riche foisonnement narratif et créateur de personnages décalés et insaisissables, Ruiz surprend toujours le spectateur que ce soit avec l’onirisme de Trois vies et une seule mort, l’extravagance de Ce jour-là ou l’hermétisme esthétisant de Klimt. Il revient avec un film de plus de quatre heures, créé dans un premier temps pour être une série de six épisodes d’une heure, qui a reçu le Prix Louis-Delluc en 2010. Un vrai (long) moment de cinéma.

n A voir sans risque

Los chicos están bien Le cinéma U.S. a pris l’habitude ces derniers temps d’inclure un petit film indépendant et largement moralisateur parmi ses grosses productions commerciales (Little Miss Sunshine, Juno, Precious…). Cette année c’est le tour de Los chicos están bien, fable sur l’homosexualité et les familles recomposées qui n’est en fait qu’une simple histoire d’adultère pleine de personnages branchés, de naïveté bobo et de bons sentiments. Léger, parfois drôle et souvent un peu trop mielleux.

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Potiche, mujeres al poder En espagnol on dit “una de cal y una de arena”. C’est-à-dire, l’alternance temporelle (ou simultanée) d’une bonne nouvelle et d’une mauvaise. La filmographie prolifique de François Ozon peut trouver là sa meilleure définition. Capable du pire (Swimming Pool, Ricky) et du meilleur (Sous le sable, Le Temps qui reste), découvrir un nouveau film du réalisateur français est un vrai mystère. Une bonne surprise en ce qui concerne Potiche, plaisant retour au cœur des contradictions sociales et morales des années 70 magnifiquement porté par un casting de luxe (Deneuve, Luchini, Depardieu, Renier…).

n Le navet

Mañana, cuando la guerra empiece Des adolescents, partis camper pour le week-end, se retrouvent à devoir sauver l’Australie d’une mystérieuse invasion asiatique qui a fait disparaitre tous les gens de leur village. Surfant sur la vague de la teen movie aux accents héroïques et/ ou apocalyptique (c’est-à-dire Twilight ou Harry Potter), Mañana, cuando la guerra empiece montre en fait la transformation d’un groupe de copains digne d’une série de CW en résistants face à l’occupation fascisante. Une espèce de version édulcorée, irréaliste et plate de l’Agence tous risques où le spectateur baigne dans les explosions inutiles et la plus grande mièvrerie. aurélien le genissel


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petit manuel des dîners en ville

Musique, art… à voir et Concerts, festivals, expos, soirées, Rézo vous propose une sélection des évènements à ne pas manquer en Espagne.

n San Miguel Primavera Sound 2011 n Shellac Alors qu’il a produit quelquesuns des plus grands groupes des années 90 (Nirvana, Pixies, Mogwai, The Breeders, …), Steve Albini semble maintenant parfaitement à l’aise sur scène au sein de son groupe Shellac qui pratique un hardcore minimaliste et classieux. Habitué du festival, le groupe de Chicago offrira une performance percutante sur la scène « All Tomorrow’s Parties » du Forum. http:// w w w.myspace.com/shellacband

Shellac

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Misant à nouveau sur une programmation musicale indépendante de qualité, tant nationale qu’internationale, le Primavera Sound s’impose cette année comme l’un des événements les plus intéressants du panorama musical européen. Non content d’avoir fêté son dixième anniversaire en grande pompe l’an dernier (Pavement, Pixies, Tortoise, Orbital, Pet Shop Boys, etc.), le festival prend un nouvel envol cette année en programmant près de 200 artistes sur l’une des 9 scènes réparties entre le Forum et le Poble Espanyol. Comme à l’accoutumée, le Primavera Sound fera aussi vibrer toute la ville de Barcelone avec “Primavera als Parcs i al Metro”, concerts gratuits donnés au Parc Joan Miró et dans les stations de métro en guise d’apéritif. Quant aux soirées d’ouverture et de clôture, elles auront lieu à l’Apolo et dans divers clubs de la ville. Nous vous donnons donc rendez-vous fin mai pour une semaine qui s’annonce des plus captivantes : PJ Harvey, Sufjan Stevens, Interpol y Public Image Limited, Nick Cave, Pulp, Animal Collective, Shellac, Belle & Sebastian, Mogwai, John Cale, The National, The Flaming Lips, Einstürzende Neubauten, Pere Ubu, DJ Shadow, Kode 9, …

John Cale

n John Cale Même s’il est impossible de ne pas mentionner son passé au sein du Velvet Underground aux côtés de Lou Reed et Nico, c’est lorsqu’il quitte le groupe que John Cale développe sa véritable identité artistique et enregistre Paris 1919. Publié en 1973 (la même année que le Berlin de Lou Reed), cette pièce maitresse du rock avant-gardiste délaisse la noirceur des premières années pour faire place à un romantisme presque classique et de sublimes arrangements de cordes qui enlacent les mots de Cale. Presque 30 ans après la sortie de ce chef d’œuvre, l’artiste gallois repart en tournée accompagné d’un orchestre classique pour redonner vie à ces chansons qui ont marqué leur époque. http://www.myspace.com/johncaleofficialsite

n Pulp Il semble que l’heure soit aux reformations… A l’instar des Stooges, de Portishead, de Genesis ou encore des Smashing Pumpkins, Jarvis Cocker et sa bande annoncent leur grand retour sur scène. En “pause carrière” depuis 2002, le groupe de Sheffield est actuellement en studio pour préparer une tournée best of qui s’arrêtera au Forum de Barcelone le vendredi 27 mai. http://www.pulppeople.com Du 25 au 29 mai 2011 à Barcelone Abonnement 5 jours : 175€ (Forum / Poble Espanyol / Clubs). Ticket 1 jour : 70€. En vente sur : www.ticktackticket.com www.primaverasound.com


à écouter n Girona Black Music Festival Comme chaque année avec l’arrivé du printemps, le Black Music Festival fera vibrer la ville de Gérone et ses alentours au son de la musique afro-américaine. Célébrant son dixième anniversaire, le festival mêle subtilement le passé et le présent de la musique noire : Rhythm’n’Blues, Hip Hop, Blues, Soul, Reggae, Jazz, Ska, Trip-Hop ou Funk. Pour cette édition toute particulière, quelques-uns des représentants majeurs de ce mouvement fouleront le sol catalan au cours des prochaines semaines. Morcheeba, Eli “Paperboy” Reed, James Hunter, The Wailers ou encore Esperanza Spalding sont annoncés en tête d’affiche alors que de nombreux artistes espagnols tels que SFDK, Achilifunk et l’Original Jazz Orquestra del Taller de Músics, Pau Morales and JN Band ou Triphasic ouvriront le bal. n Morcheeba Déjà près de dix ans se sont écoulés depuis que

Sky Edwards, la chanteuse du groupe de trip-hop, avait délaissé les frères Godfrey pour une carrière solo en demi-teinte. Convaincus de la force de leur musique, les trois membres du groupe se sont retrouvés et repartent pour une longue tournée qui ravira leurs fans de la première heure. www.morcheeba.co.uk 2 avril - La Mirona n Eli “Paperboy” Reed Jeune prodige blanc de 26 ans, Eli “Paperboy” Reed ne jure que par la soul, le blues et le gospel depuis sa plus tendre enfance passée entre Boston et Brooklyn. Chanteur, compositeur et guitariste talentueux, il est acclamé par la critique et le public dès la sortie de son premier album et entame une tournée qui l’emmène aux quatre coins du monde. C’est avec Come and Get it qu’il débarque à Girone, un disque invoquant tour à tour Otis Redding, Sam Cooke et James Brown tout en restant résolument contemporain. www.elipaperboyreed.com 8 avril - La Mirona n The Wailers Est-il nécessaire de présenter ce combo légendaire qui accompagna Bob Marley en tournée et en studio pendant plus de dix ans ? Même si le temps s’est écoulé et que quelques-uns des membres originaux du groupe ont aujourd’hui disparu, l’esprit, la philosophie et ce répertoire légendaire sont eux restés intactes. www.wailers.com 12 avril - La Mirona

n Rétrospective Jean-Léon Gérôme au musée Thyssen-Bornemisza Le musée Thyssen-Bornemisza présente une exposition qui réunit plus de 70 travaux du peintre réaliste et tente de décrypter la relation particulière qui lie son œuvre aux techniques photographiques. Longtemps stigmatisé comme l’emblème d’un académisme stérile, et bien souvent méprisé par ses contemporains en raison de ses thématiques jugées inconvenantes, Gérôme est aujourd’hui compris comme l’un des grands créateurs d’images du XIXe siècle. Le combat de coqs (Musée d’Orsay), Vente d’esclaves à Rome (The Walters Art Museum), Louis XIV et Molière (Malden public library) et Pygmalion et Galatée (Metropolitan Museum N-Y) illustrent parfaitement une œuvre fascinante mêlant Histoire et Mythologie. Les voyages de l’artiste français et son intérêt pour la photographie qui venait de naître, furent également des éléments décisifs dans cette recherche du réalisme à tout prix qui caractérise son Art. Cette rétrospective, organisée en collaboration avec le Musée d’Orsay de Paris et le J. Paul Getty Museum de Los Angeles présente les travaux les plus importants de l’artiste ainsi que divers documents tels que des notes de voyages ou des photographies d’époque qui permettent d’aborder les œuvres présentées dans leur contexte social et historique. Jusqu’au 22 mai 2011. 7 € Museo Thyssen-Bornemisza. Paseo del Prado, 8. Madrid. noé moulin

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petit manuel des dîners en ville

n

musique

Platero y yo

l’œuvre poétique mise en musique Les éditions Oui’dire offre aux fidèles lecteurs de Platero y yo et aux nouveaux venus dans l’univers de l’auteur Juan Ramon Jiménez, une autre manière de s’approprier le récit poétique : en musique, grâce aux compositions de Mario Castelnuovo-Tedesco et à la voix de Clément Riot, conteur et compositeur acousmatique.

Juan Ramón Jiménez (1881-1958)

De dix-huit ans l’aîné de Lorca et de six ans le cadet de son ami Machado, Juan Ramon Jimenez est né en décembre 1881 à Moguer, petite ville andalouse de la province de Huelva. Dès les premières années du XX e siècle, Jimenez déploie une activité créatrice intense qui ne tarde pas à faire de lui l’un des écrivains les plus en vue de la capitale espagnole. En 1916, il se marie à New-York avec Zenobia et revient à Madrid. Son œuvre arrive à maturité : de l’idéal romantique, d’une certaine outrance égotiste et décadente elle s’élève peu à peu vers l’espace plus aéré de la “poesia desnuda”. Moins radicalement engagé que Lorca, rêvant d’une troisième force, Jimenez s’exile néanmoins en 1936. Les États-Unis, Cuba, Porto-Rico enfin. En 1956, deux ans avant sa mort, il reçoit la consécration du prix Nobel.

L

es douces notes de l’introduction passée, le rythme andalou de la guitare acoustique prend la relève et entraîne l’auditeur dans l’écoute d’une histoire qui accompagne depuis presque un siècle de nombreux enfants et grands enfants. Une histoire lue et entendue aussi bien en Espagne que jusqu’au-delà de l’Atlantique, dans toute l’Amérique du Sud. Cinquante ans après la mort de son auteur, l’œuvre est à nouveau célébrée grâce à Clément Riot, traducteur et conteur du texte, qui met au service du presque mythique animal, son talent pour les récits narrés en musique. Ses créations lui ont valu d’être primé par la Fondation Marcelle et Robert de Lacour. “Platero est petit, velu, doux, si mœlleux d’aspect qu’on le dirait tout en coton, sans squelette.” Le compagnon du poète, un âne est mis en scène dans des moments de vie, au fil des saisons et des rencontres. Ce récit se rapproche bien sûr des références françaises du Petit Prince, La chèvre de Monsieur Seguin ou encore Pierre et le Loup : l’évocation du cours de la vie au fur et à mesure des expériences qui se transforment presque en paraboles ou en pensées philosophiques. Juan Ramon Jiménez, prix Nobel de littérature en 1956 propose une prose andalouse qui donne au

texte une tristesse et une intimité palpable dès le début mais aussi une joie audible et appréciable par les innombrables descriptions du paysage, de la nature du sud de l’Espagne et des aventures de ces deux amis. L’histoire de Platero rapproche l’homme de sa solitude et l’aide à contempler son environnement, à le comprendre. Il donne à l’enfant qui découvre cette œuvre, une vision innocente et belle d’une amitié Marjorie Grassler qui vit et meurt.

Clément Riot

Conteur et compositeur acousmatique. Il s’intéresse particulièrement aux relations narration/musique. Il conte seul ou en duo avec musiciens dans une fusion de récits de traditions orales et de musiques écrites ou improvisées. En 2003 il crée, avec le compositeur Bruno Giner, pour les festivals Aujourd’hui musique et Syntax La Chambre aux images, pour conteur, flûtes à bec, viole de gambe et petites percussions. En 2005 le programme d’œuvres originales pour récitant et orgue écrites pour le duo J-P Baston/C. Riot est primé par la Fondation Marcelle et Robert Lacour et repris dans divers festivals.

Miguel Ángel Romero

Compositeur et guitariste mexicain. Il a été professeur et concertiste au Mexique et aux États-Unis. Il a étudié à l’Université de Guadalajara sous la direction de José Argot et s’est perfectionné à la Southern Methodist University à Dallas, avec Robert Guthrie. En Europe, il enseigne en Espagne et continue ses études, d’abord au conservatoire supérieur de Séville, puis en France, au CNR de Perpignan dans la classe de J.F. Ortiz, où il obtient le diplôme d’État et où il enseigne actuellement. En 2006, il a obtenu le prix de la SACEM des jeunes compositeurs. Plusieurs de ses compositions ont été primées.

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Š E. Deniset


Un espace singulier au cœur de Barcelone La galerie Setba Zona d’Art vous offre un cadre spécial pour célébrer des réunions d’entreprises, des présentations de produits, des ateliers gastronomiques et toutes sortes d’événements. Setba dispose d’un espace qui fera que votre événement soit unique dans un lieu inconnu ayant un tel charme que vous en tomberez amoureux. Situé au centre de Barcelone, très près de Les Rambles et du Théâtre du Liceu, cet espace passe inaperçu. Il faut être très observateur pour le remarquer. Le premier geste est de lever les yeux et de contempler la superbe façade qui entoure la Plaça Reial et les sept balcons qui inondent de lumière naturelle toutes nos salles. L’appartement de 302m2, construit au XIXè siècle, conserve intact le charme des bâtiments traditionnels de la ville, avec son carrelage ancien, ses hauts plafonds et ses moulures en plâtre. Pendant votre séjour à Barcelone, ne ratez pas l’occasion de visiter Setba Zona d’Art, une galerie d’art peu conventionnelle qui défend aussi bien la peinture que les travaux sur papier, la vidéo, la sculpture et la photographie. Découvrez la culture catalane et laissez-vous séduire par nos activités gastronomiques et œnologiques organisées périodiquement parmi lesquelles vous trouverez des dégustations de vins de la région ou des dégustations de vin à l’aveugle pour mettre à l’épreuve vos sens. Régalez-vous avec une dégustation de chocolat ou avec un dîner gourmet à base de fromages artisanaux. Et ce n’est pas tout, Setba Zona d’Art combine le style traditionnel avec le style moderne. C’est la raison pour laquelle nous avons organisé une série d’ateliers interactifs pour la nouvelle saison tels que les ateliers de sushi, d’algues, la visite au marché de la Boquería avec un cours pratique de tapas variées, ou pour les plus créatifs et intéressés à notre culture, les monographiques interactifs sur Dalí, Miró, Picasso ou Gaudí. Toutes nos activités peuvent être organisées sur mesure et en cas de demande, Setba Zona d’Art dispose d’un exceptionnel service de traiteur. Pour plus de renseignements nous vous invitons à visiter notre site www.setba.net, ou à nous contacter par téléphone au 93- 4813696 ou directement à notre siège Plaza Reial, 10, 1º 2ª 08002 Barcelone.



tendances

n

j’ai testé

Adèle M. a testé pour vous Une pédicure pratiquée par des poissons docteurs ? Avec Adèle M, tout est possible ! Ses dernières aventures la poussent à tester la Fish Therapy, toujours avec sa verve rieuse et sa gouaille guillerette… Récit.

D

e lui, je n’ai gardé qu’une chaussette noire. Et pas n’importe laquelle. An american black sock… Et il y a fort à parier que, dans quelques années, elle vaudra des milliers de dollars. Car mes recherches sur google l’attestent : son propriétaire new-yorkais n’est pas moins qu’une rock star. Les filles, ne m’en voulez pas. C’est comme ça. La roue tourne. Moi aussi, Adèle M., sujette aux intempéries sentimentales, a de temps en temps le droit à quelques embellies… (bon ok, le temps d’un week-end. Je fais ce que je peux). First of all, let me introduce to Victor Newman (à ne pas confondre avec le moustachu des Feux de l’amour, qui a passé Des années à supporter sa vie à larguer Nicky, le salopard). s’il s’appelle Newman, ce n’est mes courses frénétiques Et pas un hasard. Car il représente dans le métro, endurer mes l’homme nouveau mesdames. fort, viril, sensible. A mi retards, mes coups de pied, Grand, chemin entre Largo Winch et Gaël mes croches pied, mes pas Garcia Bernal tout droit sorti de La des Rêves. Toujours est-il de loup, mes pas de chat, Science que dans le courant de ce fameux mes trépignements.” week-end romanesque, aux airs d’un remake de Woody Allen, (Victor, Christian, Barcelona), mon américain, lassé de chercher sa chaussette dans mon appartement, a préféré me la laisser en souvenir.

Fly away sweet sock

Axel Harrira

Carrer del Canvis Nous, 11 08003 Barcelona Tél. 932 68 19 09 Le soin complet Fish Therapy et soins des cheveux 39€ Fish Therapy 25€

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Retrouvée, depuis, sous la table de nuit, The black sock me fait mener la vie impossible. Car bien sûr, la bête ressemble forcément à son propriétaire. Et guess what? Une Love Affair a commencé dans ma commode ! Ma pauvre petite chaussette noire Made in France, est tombée dans le panneau. Pas une nuit sans que ce couple improbable ne me réveille. Impossible d’ouvrir le tiroir. J’ai même droit à un panneau “Please, do not disturb”. Comme dans les hôtels ! Le malotru ! Ni une, ni deux, je m’empresse d’envoyer un long mail de plaintes à Victor Newman, pour lui demander de récupérer son enfant terrible, illico. Et voici ce qu’il me répond : “My sock is your sock, and now the sock has a deliciously decadent home, and a fiery french lover, I could never take that away. If you love something, set it free. I’m freeing the sock. Fly away sweet sock! Fly away…” Traduction de la rédaction : débrouilles-toi, ma cocotte ! En attendant, pour pouvoir filer le parfait amour, l’envahisseur d’outre-Atlantique, que dis-je, la canaille des Amériques, tient en otage une armée de

petites chaussettes, collants et autres mi-bas apeurés par les scènes auxquelles ils assistent. Me voilà transformée en va-nu-pieds. Je découvre alors une partie de mon corps à laquelle, à tort, je ne prête jamais attention. Des années à trottiner en Freelance, Louboutin et autres échasses. Des années passées sur la pointe des pieds. Jamais je n’ai pensé à eux, malgré le travail remarquable qu’ils effectuent chaque jour. 52 kilos à porter quotidiennement. Des années à supporter mes courses frénétiques dans le métro, endurer mes retards, mes coups de pied, mes croches pied, mes pas de loup, mes pas de chat, mes trépignements. Définitivement, mes petits petons méritent que je les mette désormais sur un piédestal. Que faire ? Mon amie Isa me souffle un secret bien gardé : “Appelle de ma part Karim et Axel du salon Axel Harrira. Ils pratiquent la Fish Therapy. C’est TOP. Il paraît que c’est la pédicure la plus douce qui existe sur le marché. Tes pieds en ressortent comme neufs ! - La quooooi ? - La Fish Therapy ! Ce sont des petits poissons d’eau douce, appelés “Garra Rufa”, mis dans un bac d’eau. Ils se collent à tes pieds et te mangent les peaux mortes. - Mais c’est dégoûtant ! - Mais non ! Au contraire, c’est totalement écolo ! C’est du cradle to cradle ! Les déchets des uns sont la nourriture des autres ! Je te croyais plus moderne que ça ma vieille ! En plus, l’endroit est beau, c’est super propre. Le bac d’eau fonctionne comme un écosystème : il s’autonettoie. Allez, arrête de faire ta doudouche, tu verras, tu ne le regretteras pas. - Et ça fait quoi comme effet ? - Ben ça chatouille un peu au début et puis après tu t’y fais. C’est rigolo. - Mmmmm, ché pas, hein. - Tant pis pour toi. Tu ne connaîtras pas Doctor Fish ! - Doctor Fish ? - Ah, je savais que ça allait te plaire ça, petite coquine. C’est comme ça que l’on appelle le petit poisson car c’est un poisson docteur. En 1930, un médecin a découvert que sa salive était cicatrisante. Il soigne l’eczéma et le psoriasis.” Bon, ok je me lance.

Acupuncture et micro massages Le rendez-vous est pris. Samedi, à 16 heures, Carrer del Canvis Nous, dans une petite rue proche de la Cathédrale del Mar. L’endroit plutôt hype, donne confiance. Axel et Karim m’accueillent… Condi-


tions d’hygiène obligent, je file dans une salle de bain pour me laver les pieds. Puis, penaude, en peignoir, je me dirige vers le bac, comme si j’allais à la pêche aux moules. Je préfèrerais avoir 300 Doctor House devant moi mais, ce sont 300 petits Doctor Fish qui m’attendent, tout frétillants. Je plonge un premier orteil dans l’aquarium. Sans attendre, les petits poissons se ruent à vitesse grand V. Des nano poissons survoltés ! Puis… La cheville, le mollet… Je suis toute de poissons chaussée. C’est d’un chic ! Ils me chatouillent tellement que je ne peux contenir quelques gloussements de rire. Je présente mes excuses à Francesca, l’esthéticienne, pour ma désinvolture, j’essaie de me calmer… Je respire, un, deux, trois, quatre, cinq… Ahahaha, ça recommence, oh lalala, je suis hilare, ça me chatouille la voûte plantaire, ahahaha, ça me gratouille le talon ! A deux doigts de mourir de rire, mes dernières volontés : un magazine féminin. Certes, pour mourir moins bête, ce n’est pas stratégique. Mais le dossier “Comment le mettre à vos pieds” m’interpelle… Je ne perds pas espoir d’aller un jour à New York, rendre sa chaussette à mon bel américain. Puis, la sensation des petits poissons devient de plus en plus agréable. Une demi-heure de peeling bio plus tard, je sors de l’eau, étonnamment légère. Et pour cause, les Doctor Fish opèrent sur des points d’acupuncture et effectuent des micro-massages. En tout cas, jamais je n’ai eu la peau aussi douce… La nature est décidément bien faite. Francesca me fait ensuite une pédicure pendant que Karim me propose un soin des cheveux, accompagné d’un massage crânien. Des rires, je passe à la béatitude. Finalement, je décide que la mise à pied de l’american black sock est levée. Il ne sera pas rapatrié. Et voilà, chers lecteurs, l’histoire de l’expression, “prendre son pied”. adèle m.

Qui est Adèle M ?

Ex-parisienne aux allures de Kiraz, nouvellement barcelonaise, femme de son temps, Adèle M cherche juste à être elle-même. Libre. Adèle s’atèle à cohabiter avec ses défauts, ses déboires, ses victoires, ses étourderies, ses drôleries, ses petites faiblesses en tournant le tout en dérision. Elle est maladroite, elle est gaffeuse. Elle est passionnée. Elle est rêveuse, elle est inspirée. Elle est touchante. Elle dit qu’elle testera tout et qu’elle nous surprendra.

© illustration claudia carillo

la Fish Therapy

Mars/Avril 2011 • Rézo • 49


tendances

n

j’ai testé

Tom K. tabous ou la stimulation Les hommes aussi se mettent aux Sex Toys. Si, si ! Et quand ils décident d’en parler au boulot, voilà ce que ça donne… Les filles, patience, bientôt, eux non plus n’auront plus de tabous. Récit d’une après-midi de… dure labeur !

N

ous sommes au travail. Je m’ennuie, comme beaucoup d’autres expatriés qui n’obtiennent pas d’accomplissement personnel dans leur activité professionnelle, mais ça, c’est une autre histoire. Mon téléphone vibre. Un tchat. C’est mon ami africain. A contre-cœur, je lui réponds discrètement que je ne pourrai pas rester longtemps en ligne, je suis en training, collègue vissé aux basques. Rapide échange : comment ça va ? Il est surexcité.

50 • Rézo • Mars/Avril 2011

Saint-Valentin oblige, sa femme lui a offert un cadeau, mais quel cadeau ! Un gode. Un godemichet pour homme. La conversation est lancée. C’est un confident, il me le rend bien. Je le sais adepte de tout comportement hardcore dans son intimité sexuelle, comme il se plaît à me le répéter. De suite je lui rappelle que je le savais déjà coutumier de la chose. Il n’en est rien. Il s’agit cette fois d’un objet purement dédié au plaisir masculin. Petit objet. En rien effrayant. Plutôt haut de gamme d’ailleurs, tout droit issu de ces nouveaux magasins à l’image et l’accès tout autre que ces supermarchés de cassettes vidéos pornos. Bref, le renouveau du sex-shop. Description faite, ellipse quant au mode opératoire, le voici m’indiquer qu’il n’avait jamais joui de la sorte, maintenu naturellement dans une excitation hors-norme. Pas besoin d’entrer dans les détails des ébats, il est catégorique quand à l’effet de l’appareil. Il avait pris le temps de tester. Je ne pouvais pas voir l’expérience d’un mauvais œil. La confiance que j’ai en mon interlocuteur est totale. Bien-sûr il était capable de pas mal de choses, pas toujours très propres, il le reconnaissait -ça me challengeait parfois- mais ses potions et autres décoctions m’avaient plus d’une fois prouvé son sérieux en la matière. De bois bandé en amulettes, il était devenu mon sorcier, mon gourou. Et désormais assurait-il, il avait troqué le hardcore derrière lequel il cachait son ennui naissant de trentenaire ou tout “complément alimentaire” d’ailleurs contre cet objet ? Incroyable. La bête, 120 kilos de virilité quasi philanthropique, adepte de transes vaudoues et désormais de stimulation prostatique. Le clou du spectacle fut lorsqu’il s’exclama d’une bulle sur mon écran de 3 pouces qu’il pouvait enfin “parler sexe comme le font les femmes”. Mon collègue explosa. J’étais pris en flagrant délit. Ma discussion était-elle au moins aussi intéressante que sa présentation, me questionna-t-il ? De quoi était-il question d’ailleurs ? J’ai parfois un humour dévastateur -auto-dévastateur- je souris et lui dis : “de stimulation prostatique”. Ça a jeté un froid entre lui et moi, par contre les collègues de table se sont effondrés de rires, pas les femmes. Pris au piège. Lui ne pouvait pas s’arrêter là ; j’avais mon honneur à défendre. Le Powerpoint fut mis sur pause, de toute


prostatique mœurs justement. Cela me parut soudainement évident. Mais il n’était plus temps d’initier le chemin à suivre. Les plus anxieux nous rappelaient à l’ordre pour de bon, la récréation était terminée. Ce tchat reprit le soir-même. Lorsque je lui racontais pourquoi notre discussion de l’après-midi avait pris fin si brusquement et mon emportement à briser des tabous que je trouve ridicules, il rit. Le monde n’est pas prêt dit-il. Serait-ce vrai ? Je me demande où trouver l’objet tabou… TOM K.

Qui est Tom K ?

Observateur, joyeusement perturbateur, sa plume vacille entre l’acerbe et le mélancolique. Difficile d’être un homme moderne. D’autant plus compliqué lorsqu’on s’appelle Tom K. 1m80, brun, yeux verts : il se doit d’être à la hauteur. Il a tout pour lui mais il n’en a pas toujours conscience. Embarqué dans des situations qui, parfois, mettent en cause sa virilité, il se révèle sensible, décalé, drôle, grincheux. Ce séducteur discret, à l’apparence macho est redoutable.

© illustration claudia carillo

façon nous n’étions pas pressés et tout le monde s’en moquait, tout le monde discutait, la pause café fut décrétée, mais la discussion -cette fois-ci bien réelle- fut lancée. J’étais resté perplexe quant à la dernière phrase reçue sur mon téléphone. J’avais déjà eu vent de soirées de présentation de Sex Toy s e n t r e f e m m e s , interdites aux hommes, bien loin des réunions Tupperware d’antan. Et p u i s l a p r o s t a te n’est-elle pas une zone érogène reconnue ? Résumant le tchat et réfléchissant à voix haute, je provoquais le fou-rire des uns, les colibets des autres, l’intérêt de mes collègues au féminin. Tout ça sombrait dans le machisme le plus évident, je m’en rendis compte me dédouanant d’une éventuelle homosexualité par la photographie de ma moitié en fond d’écran. Je me sentis alors ridicule, ou plutôt hétéro : ridiculement prostré de tabous. Homme à la défense de son ego. Ego et machisme font un mélange parfois explosif. Ce ne furent pas les vocables de stimulation prostatique qui furent utilisés -et vous m’en excuserez au besoin- mais bien de cunnilingus. La conversation démontra une chose : les femmes savent parler pudiquement et sans vulgarité de leurs expériences intimes et avec ouverture d’esprit, pas les hommes. Ou encore, pas mes collègues. Il fut question de savoir si la libération de la femme lui avait apporté cette aptitude à la réflexion voire à l’expérience quant à la libération des


tendances

pour Elle & lui

n

Carnets de mode par Mademoiselle Cany La styliste Adèle Cany nous fait partager les dernières humeurs et caprices de la mode. Pour ce printemps, elle vous apprend à être rock et vous expose sa sélection de styles hommes et femmes à travers un éditorial réalisé en collaboration avec le photographe Sebastian Sabal-Bruce.

Le style de Mademoiselle Cany

R

ézo devient ce mois-ci le laboratoire d’une mode moins expérimentale et plus portable. En cette fin d’hiver en Espagne, soyons rock et féminines pour la femme, classiques avec une touche d’excentrisme pour l’homme. Emancipée, un zeste stricte mais sexy, la mode féminine se porte et se ressent. Il s’agit de s’approprier le vêtement et de lui donner notre touche personnelle. Il faut bouleverser les codes ! Pour ces 4 pages d’éditorial de mode, j’ai fait appel à la boutique de Jean-Pierre Bua ainsi que son équipe, qui expose des pièces fortes et emblématiques au fil des collections. La sélection faite sur coup de cœur, nous fait redécouvrir des marques telles que Vionnet ou Mc Queen. J’ai également fait appel à Mad et D409, emblêmes catalanes établies depuis quarante ans et aujourd’hui gérées par les frères Eduardo et Alberto Camut : ils s’adressent à un public cherchant un luxe différent couvrant une large gamme de prix.

Le conseil mode : Rock me !

T-shirt et jupe Givenchy @ Mad Barcelona Vollier Ena Macana

A

vez-vous vu la dernière expo d’Hedi Slimane, ancien créateur de Dior Homme devenu photographe ? Avez-vous acheté vos places pour le prochain SOS 48 ou le Primavera Sound, festivals de musique emblématiques en Espagne ? Vous êtes-vous coupée la frange comme Kate Moss, portez-vous un pantalon Isabel Marant ? Alors vous êtes rock. Et vous n’avez pas besoin de lire ce qui va suivre. Pour tous les autres… Jusque-là, être rock c’était ne rien respecter, ne pas se laver et être toujours à l’ouest. Aujourd’hui, il suffit juste d’en avoir l’air. Se faire prendre en photo en fin de soirée avec un air désabusé, la clope au bec, et se faire “taguer” le lendemain sur Facebook. Tout est parfaitement contrôlé. C’est beau et plein de style.

Balmain, Thierry Mugler, Lady Gaga Adèle Cany

52 • Rézo • Mars/Avril 2011

Les fils du rock sont propres, métrosexuels, épilés, bien coiffés, ils achètent leurs pantalons chez Dior Homme et leurs polos Fred Perry valent un bras. Les filles rock, elles, on les trouve chez Isabel Marant créatrice bobo du 11e arrondissement de Paris, sûrement pas chez Dc Marteens à Londres. Leur reine s’appelle Emmanuelle Alt, styliste et gourou de la mode chez Vogue Paris. Quant aux incontournables, et bien disons que Balmain a déjà cinq ans de belles années assurées dans les pages modes des magazines et Thierry Mugler, marque emblématique des années 80, vient d’être relancée avec l’aide de Nicola Formichetti et de son acolyte Lady GaGa. Enfin, n’oubliez pas de vous ballader avec les Inrocks sous le bras, vous n’avez rien à perdre, et ça peut aider à parachever votre style : le maga-

zine culture, mode et musique, n’a jamais eu autant de lecteurs.

Quand le marketing vole l’esprit rock… Seulement avant, être rock, c’était un état d’esprit, en marge de la société, un acte de rebellion… Aujourd’hui, c’est une manière de consommer, un plan marketing. Dis-moi ce que tu consommes, je te dirai qui tu es. Boire des litres de bière et avoir un Perfecto clouté, tout le monde peut le faire. Mais laisser traîner sa fourrure par terre, porter négligemment son Balenciaga (1500 euros, quand même) et ses bottes en plastique hunter dans la boue de Glastonburry, ça demande un budget et une étude approfondie du style de toutes les it girls du moment. Le rocker d’aujourd’hui cultive et consomme sa culture rock. Cinéma, musique, télé, lecture, mode, tout est source d’inspiration. D’ailleurs, preuve que le rock est devenu aujourd’hui un phénomène de mode, commercial, démocratisé, étudié et reproduit, les icônes de ce courant se sont calmées. Rick Owens, designer spécialisé dans les couleurs sombres a arrêté de boire. Kate Moss se marie et son ex, le chanteur Pete Doherty, surtout connu pour ses allers et retours en cure de désintoxication s’est mis à la peinture ! Quant à Georgia, la fille cadette de Mick Jagger, elle pose pour Chanel. Pas très excitant… Bref, si malgré toute cette déchéance, vous résistez à vouloir être rock, un dernier conseil : provoquer les choses, Adèle Cany n’attendez pas de les voir arriver.


Rose De plaisir D’espoir

(beau coup)

(tou jour s)

De confusion (sou vent) De chaleur (l’hi ver) De honte

(un peu)

D’émotion D’amour

De colère (inu tile) (quoti dienne)

(du matin au soir)

(et du soir au matin)

De bonne humeur (le matin) De fraîcheur (l’été) De fatigue

Bouquets à partir de

(le ven dredi)

euros

B a r c e l o n e : Va l e n c i a 2 0 3 , G a n d u x e r 2 6 M a d r i d : A y a l a 2 8 , B r a v o M u r i l l o 11 w w w. a u n o m d e l a r o s e . e s


tendances

n

pour Elle & lui

Photographe : Sebastian Sabal-Bruce Styliste : Adèle Cany Assistante styliste : Zamira Paladini Make up & hair : Marina Ramirez et Rudy Van Den Berg Modèles : Georgia Perez @ Elite, Jannik @ View Models Remerciements : Jean-Pierre Bua (Av. Diagonal 469, Barcelona)

Chemise Jean-Paul Gaultier @ Jean-Pierre Bua, Cravate Hugo Boss

Top Alexander mc Queen, pantalon Valentino @ Jean-Pierre Bua, Body Besepe


Robe Tara Jarmon Collier Otazu


Chemise Hugo Boss Echarpe Gloria Ortiz Pantalon Martin Margiela

Veste G-Star Pantalon Abercrombie And Fitch T-shirt Dries Van Noten


Pantalon Dior Homme T-shirt Martin Margiela


plaisir

n

Expériences gastronomiques

Noir, c’est noir Rézo a choisi de vous faire partager une expérience plus humaine et sensorielle que gastronomique. Un dîner dans le noir total. Récit.

Vos guides-serveurs

S

ans clair-obscur, ni pénombre. Noir. Pas l’ombre d’une ombre. Ni même une lueur crépusculaire. L’osbcurité totale, profonde, impénétrable. Solitaire. C’est dans cette nuit que vous invite à plonger le restaurant Dans le noir ?, pour vivre une expérience humaine et sensorielle. Car effectivement, il ne faut pas aller y chercher un repas gastronomique traditionnel. Non. Il faut plutôt venir sans préjugés, avec curiosité et ouverture d’esprit. Car vous êtes loin d’imaginer ce que vous réserve ce repas, immergé dans ce que vous aviez pensé être les ténèbres en arrivant. Rassurezvous, vous finirez par y trouver quelques lumières et quelques saveurs, mais pas celles que vous croyez.

Guidé par un serveur aveugle Malgré une préparation psychologique progressive opérée par Maïté et Christophe, les maîtres des lieux, l’entrée dans l’obscurité choque. Guidé par Alex, un serveur aveugle, il se peut que vous ayez envie de fuire les dix premières secondes, assailli par une crise d’angoisse et une question insupportable : “est-ce donc ça le quotidien d’Alex?”. Mais très vite, en vous retournant, vous vous souvenez que six personnes sont à la queue-leu-leu derrière vous, chacun, se tenant par l’épaule gauche. C’est trop tard. Vous êtes lancé. Vos yeux peuvent encore vous servir pour pleurer, mais utilisez plutôt votre voix pour sussurer à l’oreille d’Alex : “J’ai peur”. Et Alex, avec la plus grande douceur et tranquillité vous rassurera. Car cette fois, c’est vous qui avez un handicap. Il vous mène à votre chaise, vous vous cognez à son rebord, n’arrivez pas à l’extraire de la table, puis maladroitement, vous parvenez enfin à vous asseoir. À votre gauche, pour chercher vos repères, vous tatônnez. Un mur. A votre droite, vous palpez. Une cuisse. Un homme. Mariano ? C’est vous ? “Oui, je suis là”, répond, cette voix, entraperçue dans le hall, lorsque Maïté et Christophe ont pris le soin de présenter les futurs convives, aveugles d’un soir. “Andrea, tu es là ?” “Oui, devant toi, donne-moi la main”.

58 • Rézo • Mars/Avril 2011

Du blanc, du rosé ou du rouge ? Puis au bout de quelques minutes, enfin habitué à votre face à face avec le néant, vos repères enfin trouvés, vous vous apaisez. Vous êtes hors de l’espace et du temps. Le repas commence. “Devinez ce que vous êtes en train de boire”, défie Alex, “Du rouge, du rosé ou du blanc ?”. “Du rosé !” répond, une voix, “Du blanc”, ajoute une autre. Arrive l’entrée. Sans complexes, vous touchez la nourriture, la reniflez, léchez les aliments. Vous en profitez, personne ne vous regarde. Libre à vous d’utiliser vos couverts. Tous les coups sont permis pour deviner ce qui se cache derrière ces textures que vous ne reconnaissez plus. La sauce a une touche de betterave. Ah ! ça, c’est de la salade. Tiens, ça, ça ressemble à un mendiant au fromage. “Non, je crois que c’est une quiche”, soutient Mariano. Finalement, ce n’était ni l’un ni l’autre. Autant maintenir le mystère, vous découvrirez par vous-même à la sortie. Les plats et les vins défilent, -cette fois, vous êtes prêt à parier que c’est du rouge-, la conversation va bon train avec les voisins de table. Puis Alex, propose de sortir. Cela fait déjà deux heures que vous êtes dans l’obscurité, et, curieusement, vous n’avez pas vu le temps passer. A la sortie du restaurant, après un debrieffing surprenant des plats, Alex s’en va. En le voyant repartir dans la nuit, une nuit qui ne l’a jamais quitté, difficile de ne pas penser à lui, les jours qui suivent. Car nous autres, les bienvoyants, après un repas étonnant, arrosé, avons retrouvé la vue, en sortant. Mais lui ? valérie zoydo

Restaurant Dans le noir ? Paseo Picasso, 10 08003 BARCELONA Tél. 932 68 70 17 Fax. 93 319 74 26 bienvenidos@danslenoir.com www.danslenoir.com


Découvrez le plus sucré des musées

Museu de la Confitura Plaça Major s/n, 17123 Torrent (Girona). Tél. 972 30 47 44 www.museuconfitura.com - info@museuconfitura.com Rejoignez-nous sur Décembre2010/Janvier 2011 • Rézo • 59

Un Chef français à domicile… c’est possible !

Profitez chez vous et en toute intimité du savoir-faire d’un Chef français pour vos dîners entre amis, déjeuner d’affaires, communions ou dîners en tête-à-tête. Michel Garnier “Chef privé” vous propose une cuisine simple et raffinée, respectueuse des produits frais et de saison. Une cuisine méditerranéenne qui réunit les gens, tachée de saveurs exotiques, élaborée en temps réel chez vous ou dans l’endroit de votre choix, pendant que vous vous occupez de vos invités. Le concept est de ne rien imposer, mais de valoriser le dialogue et ainsi mieux capter les besoins de chacun suivant ses envies et son budget. Michel Garnier “Chef privé”. Tél. 650 755 104. www.michelgarnier.net Décembre2010/Janvier 2011 • Rézo • 59


Tendances

n

HUMEUR : In mojito veritas ou la petite pensée distillée

The Chill Out VIP Lounge selon Monsieur Lou Vous l’adorerez ou le détesterez. En tout cas, il ne vous laissera pas indifférents. Monsieur Lou nous raconte cette fois les aventures du VIP lounge du Premier, un bar branché à Barcelone. A consommer sans modération.

A

Qui est Mr Lou ?

Quadragénaire, il paraît tout droit sorti de la série Californication : il déride, titille, bouscule les codes établis. Avec son regard d’oiseau de nuit, Monsieur Lou distille sa pensée au fil des numéros, à travers des tranches de vie. Son egotrip se libère de toute cosmétique sociétale pour ne garder que la pensée brute sur le temps qui passe, trépasse et nous surpasse. Il boit la vie en jaune au r y thme frénétique de s allées et venues, des rires et de ses angoisses mais surtout de ses clients, des passants, des voisins, des on-dits, vacillant entre le léger, le doux-amer et l’anisé.

Bar Premier

Calle Provença 236, 08008 Barcelona Tél. 93 532 16 50

60 • Rézo • Mars/Avril 2011

la question d’un homme à une femme ou vice et versa : “Veux-tu boire un verre avec moi ce soir ?” Avez-vous déjà entendu dire ou vous-même répondu : “Non merci je n’ai pas soif !” Que se cache-t-il derrière ce café ou cet apéro en ville ? Ou encore, derrière ce dernier verre à la maison… “Chez toi ? Chez moi ?” Quoique cette dernière option devient de plus en plus rare grâce à la crise de l’immobilier et la fulgurante ascension du mode de vie multi-joueurs appelé aussi la “colloc”... A 35 ans. D’où l’énorme succès rencontré par les bars, comme le mien, qui proposent, comme sur nos bonnes vieilles autoroutes, des “aires de repos”, appelées de manière assez snobish : The Chill Out VIP Lounge, essentiellement composées, ne nous leurrons pas, de trois matelas posés à même le sol et baignées de musique “ambient”. Et pourtant, au moment de poser votre fessier sur ces matelas blancs, si possible accompagné d’une jolie pépé, vous devenez le roi du monde, le Baron Tonic, le Lion de Cléopâtre. Votre regard change, vous dominez le monde, vautré à 10 cm du sol. Enfin… C’est ce que vous pensez ! J’en ai encore l’œil humide ! J’en rigole encore… Hier, mercredi vers 21h, l’apéro bat son plein, ça sent bon la profession libérale en goguette, la menthe fraîche des mojitos, le cuir pleine fleur, lipstick forever. La cool attitude. Quand tout d’un coup une grosse Mercedes noire s’arrête devant ma porte et en descendent deux minots gominés accompagnés de deux gazelles peroxydées qui avaient tout l’air déjà bien entamées. Ils entrent sans saluer, tout en croisant de notre part une salve de “Hola, hello, bonjour, Halo, oh tonton !” Rien. Mes baskets vertes commencent à rougir. Chez moi, c’est bonjour, tous les jours. Là-dessus je me rends compte que ce sont deux Français qui sont venus au congrès GSM et qui, loin de leurs tendres épouses, ont décidé apparemment à l’unisson de tester la connection “Oui-Fille” à la sauce barcelonaise. Et les garçons ! C’est pas parce qu’on a soif qu’on doit sauter sur la première gourde ! “- 10 contre 1 qu’ils vont au VIP Lounge me dit mon bar tender. - Tu rigoles je parie pas ! Clear enough ! Par contre 15 contre 1 qu’un des deux se mange la poutre du plafond… - Cuidado a la cabeza !!! - Comment ? Dis l’un d’eux. - Non rien…”

Et Vlaaaaan !… Bobo discret, cheveux numéros 12, 145 et 456 en vrac, mais grand stoïcisme car un VIP ne sent pas la douleur de la même manière que les humains. Voilà donc nos deux Newbiz et leurs escortes affalés sur nos beaux canapés, toutes jupes relevées pour le plus grand plaisir des quelques têtes en l’air, eux-mêmes pas très discrets. (Notre Chill Out VIP Lounge est une mezzanine qui domine le reste du Bar). “- Psssssit, Champagne ! - Diogo… Je rêve ou ils viennent de me siffler là ? - No, no sueñas no, hahahahaha ! - Pardon vous-voulez ? Réponds-je en basket rouge vive. - Champaña, el mejoooooj !… - Bien sûr, con placej !” - Diogo, sors-moi s’il-te-plaît le Dom Pérignon. - Ok boss !” Personne ne s’intéresse à tout ce manège bien évidemment, car il faudrait être un affûté contemplateur. Le comptoir ressemble plus à l’école des fans qu’à un cours de philosophie Ouzbek en braille, et Dieu que c’est beau des adultes heureux comme des enfants ! Diogo revient de la réserve l’air tout goguenard et monte le Champagne bien frappé à ces messieurs-dames, toujours affalés les uns sous les autres. Je note néanmoins depuis mon fameux tabouret qu’une des jeunes femmes n’a plus l’œil très vif ni même l’écaille vraiment brillante, on dirait un poisson du lundi. Mon barman redescend, ça trinque, ça crâne, ça colin-maillard à tour de bras, ça enfile des perles, ça visio-confére du decolleté et finit par attirer l’attention du reste de la clientèle. Quand tout à coup, avec la dignité d’une quadruple médaillée d’or des métiers de bouche, la grande blonde écarte sa mèche décolorée et dépose une magnifique gerbe sur la pompe du soldat inconnu, “sur ses frères et ses sœurs, oh. ooooh, ce serait le bonheur !…” Les Jimmy Choo sont belles et sauves mais pas les Weston ni le veston de tonton. Public ovation pour Dom Pérignon. J’en rigole encore.


VOTRE ANNUAIRE

MÉDECINS n BARCELONE n

n MADRID n

n Ophtalmologue

n Psy

Dr. Juan A. Garcia de Oteyza Ophtalmopédiatrie, chirurgie de la cataracte et réfractive. Lentilles de contact C/ Dr. Carulla 31-33, bajos 08017 Barcelona Tél/Fax. 934 18 67 89 jgf7733@comb.cat

n Psy

Dr. Michèle Rodriguez Psychanaliste, psychothérapeute, éducatrice spécialisée enfants, ados, adultes Plaça Llibertat, 4, pral 08012 Barcelone Tél. 934 15 30 28 michele.r.astuguevieille@hotmail.com

n Dentistes

Dr. Christian Eickhoff Clinique dentaire : deutsche-zk Chirurgien dentiste spécialiste en odontologie, implantologie, orthodontie C/ Consell de Cent, 249 bajos 08011 Barcelone Horaire : lundi-vendredi 10-14h et 16-21h. Tél. 933 23 96 29 info@deutsche-zk.com www.deutsche-zk.com Mutuelles associées : AXA, Allianz Dr. Jorge Hernan Brion Odontologie générale, orthodontie, implants, esthétique dentaire, chirurgie dentaire, réhabilitation intégrale C/ Capitan Arenas, 28 1º- 4ª, esc.A 08034 Barcelone Tél. 932 80 33 46 jhbrion@hotmail.com www.cdbrion.com

n Médecine vasculaire

Dr. Maya Gracia Graells Centre des maladies vasculaires Médecine vasculaire, angiologue, phlébologue Ronda Sant Pere 25, pral 1° 08010 Barcelone Tél. 933 43 61 29 / 672 30 96 57 mayagracia@yahoo.es www.medicinavascular.es

regard

adle le cr adle on to cr voluti une ré

Dr. Carina Bentolila Psychologue, psychothérapeute adultes, enfants, adolescents, de couple et de famille C/ Clara del Rey, 79 - 4ºD 28002 Madrid Tél. 639 92 67 95 Dr. Martine Burdet-Dombald Psychologue, psychanaliste C/ Asura 91, 5ª E 28043 Madrid Tél. 913 88 73 10 mburdet@terra.es

n Dentistes

Dr. Mya Choufani, DDS Dr. Victor Begara Medina Equipe spécialisée en Implantogie, orthodontie, pédiatrie dentaire et dentisterie esthétique Clinica CLOE Avda. de los Prunos, 5-7 28042 Madrid Tél. 913 71 79 19 clinica@clinicacloe.com www.clinicacloe.com Dr. Sophie-Karine Gras Chirurgien dentiste Implantologie, chirurgie parodontale, odontologie générale, équipe spécialisée en orthodontie et en esthétique C/ Almirante, 11 28004 Madrid Tél. 915 22 91 68 dasl7000@gmail.com www.dentisarts.com

n Kinésithérapeute

Dr. Roberto Ucero Lozano Masseur Kinésithérapeute D.E. Spécialisé en thérapie manuelle et acupuncture, kinésithérapie générale, respiratoire, rééducation périnéale. Soins au cabinet et à domicile. Urgences 24 heures. C/ Parque Centro 6 28821 Coslada, Madrid Tél 912 61 19 10 info@ponteenbuenasmanos.com www.ponteenbuenasmanos.com

n BARCELONE n

n MADRID n

Me Maria E. Pontigo Drabs C/ Diputación, 302 3º 1ª 08009 Barcelone Tél. 933 42 99 97 contact@avocatfrancophone.com www.cabinetglobaldefense.com

Me Miguel Morillon Pº Castellana 102, 2 Dha. 28046 Madrid Tél. 911 85 17 37 - 670 222 258 Fax. 914 11 64 85 mmorillon@morillon.es www.morillon.es www.morillon-avocats.com www.miguelmorillon.com

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escapades

n

voyage

“Mi Buenos

Aires querido”

Ville portuaire qui s’étend sur la côte argentine du sud vers le nord, Buenos Aires est insaisissable… A travers son objectif, la photographe Céline Villegas cherche à percer son mystère et nous fait partager ses carnets de voyages et ses bonnes adresses. Récit.

C’

est une femme, sensuelle, désorganisée, triste, rêveuse, gourmande, qui lutte contre le temps pour ne pas s’oublier, sauver ses vieux bijoux et son parfum suranné. Mystérieuse Buenos Aires… “Porque uno se enamora de vos ?” Ville portuaire, elle est avant tout une terre de migrants qui accueille avec générosité et ne laisse pas repartir indifférent. Les touristes pressés auront du mal à l’apprécier, car aucun endroit ne la définit vraiment. Chaque quartier, chaque coin de rue montre une petite partie de son identité. A première vue, de grandes avenues, des parcs, un plan en damier, du bruit, du trafic, des buildings, des bâtiments haussmanniens, des habitants au physique européen… Malgré les heures de vol pour y parvenir, le dépaysement n’est pas forcément au rendez-vous : la plus européenne des villes d’Amérique du Sud renferme en elle un peu de Paris, un zeste de Madrid. Mais il ne faut pas se fier aux apparences : elle recèle de secrets. Prenez donc le temps de la connaître et de l’apprivoiser.

Buenos Aires la nostalgique Un jour, vous vous surprendrez à rêvasser sur un banc au pied d’un jacaranda (arbre aux fleurs bleues violacées), le visage chauffé par le soleil austral, enivré par les odeurs de jasmin et de café. Bercé par les taxis qui vous chantent la politique, les bruits de vaisselle dans les

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bistrots et cet air de cumbia qui revient souvent. Et puis, il y a cette lumière. Un ciel bleu azur omniprésent qui invite à l’insouciance. La psychanalyse, le tango, les racines italiennes, la viande, le football, sont des clichés qu’il ne faut pas chercher à éviter car ce sont des clés pour mieux saisir la personnalité de Buenos Aires. Le tango, né dans les bas fonds des quartiers sud, est la musique en sourdine d’une ville qui danse la nostalgie. Une sensation de mélancolie peut prendre à la gorge lors des balades de nuit en taxi le long de ses gigantesques avenues. Triste et heureuse à la fois. Là réside tout le mystère de Buenos Aires.

L’énigmatique Rio de la Plata Enfin, promenez-vous sur l’avenue Corrientes qui fourmille de théâtres et de librairies, prélassez-vous à une terrasse de café à San Telmo, déchainez-vous sur le shopping à Palermo, faites-vous détrousser à un match de foot à la Boca, perdez-vous dans le cimetière de la Chacarita et glissez-vous lentement dans l’excentrique nuit portena. Et surtout, ne manquez pas d’aller apprécier de plus près le Rio de la Plata à qui la ville tourne malheureusement le dos. Ce fleuve énigmatique de couleur marronâtre brille comme de l’argent lorsque le soleil s’y reflète. Le long de cette côte nord flanquée d’une route hostile et juxtaposant l’aéroport national, se retrouvent en famille les pêcheurs


Qui est Céline Villegas ?

du dimanche. On s’assied boire une quilmes (bière nationale) à la buvette du coin, et on admire au loin le coucher du soleil sur la petite soeur Uruguay en dégustant les meilleurs choripanes (sandwichs à la viande) de la ville. Un grand classique qui vous fait sentir ailleurs, à vrai dire, nulle part, et finalement, c’est peut être ça qui nous séduit tant. Céline Villegas

Diplômée de sciences politiques, elle réside actuellement à Paris après avoir vécu à Buenos Aires. Après ces quelques années passées dans cette ville magnétique, elle a toujours cherché à définir ce qui fait que l’on en tombe amoureux. Tout se passe dans l’atmosphère, les rencontres, les moments furtifs. C’est ce mystère qu’elle a essayé de capter dans ses photos. http://celinechichi.blogspot.com/

Les bonnes adresses de Céline Aller danser dans les Milongas : Salon Canning, Palermo (Av. Scalabrini Ortiz 1331) La Glorieta de la plaza Barrancas de Belgrano (11 de septiembre) Club Independencia, San Telmo (Av.Independencia 572) El Beso, Balvanera (Riobamba 416) Restaurants : La Prometida, mon refuge (Delgado, 1189) Oui Oui, délicieux brunchs et goûters (Nicaragua 6068) La Fabrica del Taco, restauration rapide mexicaine et cocktails (Gorriti 5062) El Gallego, bar-restaurant de quartier, pour l’ambiance et les Milanesas à la napolitaine (Honduras y Bonpland) Chan-chan, cuisine familliale péruvienne (Hipólito Yrigoyen 1390) Bars et clubs : Le Rodney (Av. Jorge Newbery y Rodney) Le Congo (Honduras 5329) Niceto Club (Niceto Vega 5510) La Cigale (25 de Mayo, 597) Cocktails : El Million (Parana 1048), El Ocho7ocho (thames 878) Shopping : Maria Cher (El Salvador 4724), Lupe (El Salvador 4567), Juana de Arco (El Salvador 4762) et Felix pour les hommes (El Salvador 4742), Marché aux Puces de Palermo, Av. Dorrego y Niceto Vega 1600

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couple et sexualité

Et si on apprenait à

se comprendre(enfin) ? Le manque de communication est l’un des principaux problèmes qui peuvent surgir dans les couples. Même au sein des meilleures relations, il peut s’avérer destructeur. Carina Bentolila, psychotérapeute à Madrid analyse pour Rézo les raisons de ce dialogue de sourds et distille quelques règles d’or pour apprendre à se comprendre.

L

es relations que nous bâtissons avec nos proches sont principalement déterminées par nos capacités de communication. Mais comprendre et se faire comprendre ne dépend pas seulement des mots que nous employons ! Explications.

Le couple, un projet de vie en commun D’après Isidoro Berenstein et Jeanine Puget, les deux membres du couple partagent un projet qui implique la mise en jeu de désirs narcissiques en commun (une maison, un enfant, un voyage). Pour qu’il réussisse, ce projet suppose l’utilisation d’un même langage, partagé entre les membres du couple tout en tenant compte que l’autre est différent et pense avec son identiLes deux membres du couple té propre : mieux vaut ne pas partagent un projet qui implique essayer de prévoir, anticiper, ni deviner ses pensées et ses la mise en jeu de désirs sentiments. narcissiques en commun.” Quand je travaille avec des couples, ils présentent souvent leur problème en disant : “nous n’arrivons pas à communiquer”. Ce qu’ils veulent réellement dire, c’est qu’ils ne se sentent pas entendus, compris, acceptés et valorisés par leur partenaire. En fait ils communiquent à travers le silence, la colère, les reproches, les critiques, mais pas à travers l’amour et la compréhension.

Un dialogue de sourds

Carina Bentolila

Psychologue Psychothérapeute Adultes, enfants, adolescents, thérapie individuelle, de couple et de famille. Tél. 639 926 795 C/ Clara del Rey 79, 4ºD Madrid. Métro Alfonso XIII

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Quand nous communiquons, nous envoyons une information à travers des mots, des sons, un regard, une caresse, ou une action. Celui qui reçoit le message doit l’écouter et l’interpréter. Souvent celui qui envoie le message ne trouve pas les mots corrects ou le message n’est pas envoyé de façon appropriée, ce qui aboutit au fait qu’il soit très mal reçu. Combien de fois après avoir précisé ce que nous voulions dire, l’autre répond “ahhh c’était donc ça ce que tu voulais dire !”. Dans un autre cas de figure, le message peut s’avérer tout à fait clair et bien envoyé mais l’autre n’est pas attentif ou écoute seulement ce qui l’intéresse sans comprendre le message formulé. Le problème est d’autant plus gênant quand il est mal interprété. La communication est alors basée sur des suppositions : l’autre croit deviner ce que pense et ressent son partenaire et répond en fonction de ce qu’il (ou elle) croit avoir compris. Les suppositions vont dériver en tergiversations, quiproquos et souvent en violence. Quand ces familles arrivent en consulta-

tion le chemin à parcourir est long pour arriver à démêler l’enchevêtrement construit dès le début.

L’autisme dans la communication Une relation ne peut pas se construire quand l’un des deux ne veut pas ou ne peut pas exprimer ses pensées et ses sentiments et se renferme dans son monde. Il n’y a pas de ponts entre les intimités. - Qu’est-ce que tu as ? - Rien, ça va… Mais la vérité est bien différente, et l’autre ne peut pas deviner. Comme affirme Jaume Soler cette fermeture dans la communication n’est pas toujours due au fait que l’un des deux ne veuille pas partager ses soucis ou son désarroi. En réalité, ces personnes n’ont pas appris à exprimer leurs sentiments, à gérer leurs émotions et se sentent mal à l’aise. Pendant ces moments délicats, n’importe quelle réponse est meilleure que de ne rien dire. En expliquant “je ne sais pas ce qui m’arrive, excusemoi mais je ne peux pas t’en parler pour l’instant, je me sens mal, angoissé”, il ne s’agit pas de se justifier mais demander un temps mort, disposer d’un espace sans questions pour arriver à déceler ce qui nous arrive. Le temps mort est un droit que nous devrions pouvoir demander et donner naturellement puisqu’il est nécessaire pour éclaircir et gérer nos émotions. Un langage partagé entre les membres du couple est essentiel pour ces moments difficiles puisque c’est une façon de ne pas se sentir exclu ou agressé même si la réponse que nous pouvons donner ou recevoir n’est pas toujours agréable.

La solitude en compagnie Qui n’a pas déjà ressenti le vide de la solitude tout en étant accompagné ? Parfois, les deux membres d’un couple sont physiquement proches mais si loin émotionnellement. Le but est de se rencontrer. Mais y parvenir n’est pas facile et, souvent, nous souffrons de l’éloignement de l’autre. Ainsi, parfois les conjoints s’envoient des messages incompréhensibles. Quand elle dit “tu me bloques” que veut elle dire ? Et pourquoi il ajoute “tu ne m’appuies jamais” ? Il serait bon de définir ces sentiments pour pouvoir créer un espace partagé, pour le couple en soi, et pas seulement basé sur les responsabilités de chacun au sein du foyer.

La règle d’or, contrôler le langage Il ne faut pas commettre l’erreur de penser que l’autre sait ce dont nous avons besoin, décèle nos


10 idées pour faciliter la communication

© Galería Artevistas

1• Exprimez toujours vos sentiments clairement et sans colère. 2• Ne supposez jamais que votre conjoint sait ce que vous sentez ou vous pensez. 3• Essayez d’équilibrer les idées de chacun, échangez vos idées. 4• Avant de faire une critique commencez par montrer les choses positives. 5• Prêtez attention à ce que votre conjoint vous dit, montrez-lui que vous le valorisez. 6• Ne vous fâchez pas, ne soyez pas à la défensive, écoutez d’abord. 7• Soyez brefs, parlez des problèmes un par un. 8• Soyez flexibles, il ne faut pas toujours avoir raison. 9• Essayez de trouver un accord, imaginez ce que vous gagnerez en trouvant une solution. 10• Et surtout conservez toujours le respect.

sentiments, notre état d’âme. Juger, critiquer, reprocher quand il (ou elle) n’arrive pas à percevoir ce que nous voulons, sont des manifestations violentes et inutiles puisqu’elles ne servent qu’à éloigner l’autre un peu plus. De toutes façons nous ne pouvons pas aspirer à ce que notre partenaire nous donne tout ce qu’on demande puisque c’est une personne indépendante, avec une éducation et des valeurs différentes, qui peut avoir des points de vue distincts des nôtres. De notre côté, n’hésitons pas à poser des questions pour être sûrs d’avoir compris en évitant de deviner ce qu’il va vouloir dire. Nos suppositions ne montrent qu’une vision partielle de la situation puisqu’elle se base seulement en fonction de ce que nous imaginons sans tenir compte de la vision de l’autre.

Si nous ne sommes pas d’accord, essayons de connaître les arguments de l’autre, il ne s’agit pas toujours de lui donner raison ni de défendre à outrance notre point de vue mais d’établir un dialogue où la position de chacun sera respectée. Et la règle d’or est de contrôler notre langage, notre anxiété même en étant fâché. S’emporter, accuser, insulter, ne sert qu’à rendre le dialogue impossible et provoquer le replis de l’autre qui se sentira blessé et humilié et répondra à son tour agressivement pour se défendre. Une attitude positive, compréhensive, amoureuse, permettra d’établir des liens solides et durables où chacun pourra s’exprimer librement sans que l’autre le perçoive comme une agression. Les deux membres du couple pourront alors évoluer et s’enrichir mutuellement à travers une communication fluide. Carina Bentolila

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l’horoscope de Véronique Andrée verobarna@gmail.com

BALANCE (23/09 - 22/10)

BELIER (21/03 - 20/04)

Ah mais quelle agitation ! On vous sollicite de toutes parts, les planètes transitant votre signe opposé vous Action-réaction ! Mercure rétrograde dans obligeront à résoudre quelques petits problèmes personnels passagers. Vos amis ne pourront plus se votre signe, puis sera rejoint en avril par passer de vous, ne vous surchargez pas ! La nouvelle lune en Bélier en avril vous rendra plus sensibles votre planète, Mars ; vous ne tiendrez plus et vos sentiments seront à fleur de peau, une occupation artistique serait la bienvenue. en place et vos méninges seront mises à rude épreuve, vous serez stimulés par de nouveaux SCORPION (23/10 - 22/11) projets et plus rien ne pourra vous arrêter. Ne Le repos du guerrier est enfin arrivé, la nouvelle lune en Poisson vous apporte de la foncez pas tête baissée car vous risqueriez de détente et optimise votre imagination, votre sensualité est décuplée et personne ne pourra révous blesser. Une nouvelle vie se profile à l’horizon, sister à votre charme envoûtant. Des rencontres et des soirées passionnantes en perspective. carpe diem et bon anniversaire ! Une bonne dose de dynamisme vous anime et vous pourrez soulever des montagnes dans votre cadre professionnel, quelle énergie !

TAUREAU (21/04 - 21/05)

SAGITTAIRE (23/11 - 21/12)

Chers Taureaux, si l’objet de votre affection vous préoccupe en ce mois de mars, rassurez-vous car cela ne durera pas, votre patience légendaire s’accommodera de ce contre temps et tout rentrera dans l’ordre en avril. Vous pensiez commencer un régime ou tester de nouvelles recettes ? Le moment est bien choisi et votre créativité en ce domaine ne finira jamais de nous étonner.

“Il court, il court… il est passé par ici et encore par là…” Cherchant sa flèche qu’il a lancée si haut qu’il devra traverser monts et vaux pour la retrouver. Ne vous éparpillez pas en chemin car il se pourrait que vos rêves se réalisent très bientôt sous l’impulsion de Mars en avril. Si vous écrivez vous serez comblés par la foule de mots qui se bousculeront dans votre tête. Jupiter veille sur vous.

CAPRICORNE (22/12 - 20/01)

GEMEAUX (22/05 - 21/06)

Finis les doutes et les controverses, cette fois-ci vous vous lancez. Les amas de planètes en Bélier vous stimulent et vous donnent des ailes, votre esprit est vif et votre verve est rehaussée. Un nouvel amour peut être ? Une nouvelle activité professionnelle ? Vous aurez l’énergie et la force d’affronter n’importe quel défi en ce début de printemps. Prenez le temps de respirer !

Les Astres en signes de Feu vous provoquent, vous titillent et vous serez presque obligés de vous disputer pour avoir la paix. Impossible de travailler tranquillement sans être dérangés. Un bon rhume serait une bonne solution pour avoir un repos forcé ; depuis quand n’avez-vous pas pris de vacances ? Votre porte monnaie s’allègera plus vite que de coutume. Vivement le printemps !

CANCER (22/06 - 22/07)

Surcroît de responsabilités en perspective, sachez faire la part des choses sans vous stresser. Les astres en signes de Feu affecteront votre tranquillité, ce n’est que passager mais ne prenez pas de décisions à la légère car elles pourraient être irréversibles. Des allergies et des indigestions pourraient en résulter. Encore un peu de patience, bientôt les planètes seront avec vous.

VERSEAU (21/01 - 19/02)

Un regain d’énergie vous propulsera en avant. Votre esprit inventif vous attirera des propositions inattendues et intéressantes, et vous saurez les saisir comme il se doit. Des accords seront conclus et des déclarations vous feront frémir de bonheur. Voici venu le temps des rencontres et des belles discussions. Vos finances s’amélioreront notablement au mois de mars.

LION (23/07 - 22/08)

POISSON (20/02 - 20/03)

La nouvelle lune dans votre signe annonce la possibilité de démarrer un projet qui devrait donner des fruits lors de la pleine Lune le 19 mars. Vos décisions seront rapides et efficaces et vous n’aurez aucune peur d’affronter votre pire ennemi qui est la routine par des transformations originales. Votre sensibilité sera exacerbée par des bouffées d’intuition VIERGE (23/08 - 22/09) qui devraient se révéler justes, écoutez Votre sens critique risque de ne pas être très bien perçu, en mars, des conflits pourraient en résulter dans vous ! votre cadre professionnel. Ces tensions se libéreront en avril et vous pourrez de nouveau jouir de la douceur du printemps pour élaborer de solides projets qui pourraient fort se réaliser cet été. A l’image du Soleil qui est le maître de votre signe, vous rayonnez de bonheur et de chaleureux sentiments en ce moment. Vous pouvez secouer votre crinière avec fierté car le fruit de vos efforts est enfin là. Vous vous sentez bien et attirerez l’amour qui est si cher à votre cœur. Mars est un très bon mois pour faire des spéculations financières et investir. Bonne chance !

Le Chat par philippe geluck / www.geluck.com

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