CLGB • ISSUE 8

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Nick knight … « MANIPULER LA RÉALITÉ POUR FAIRE COMPRENDRE L’INSTANT » (Éditions Collins Design) texte : AVC

Né à Londres en 1958, Nick Knight est l’un des photographes de mode les plus glamour de sa génération mais surtout l’un des plus novateurs. Ses images figurent parmi les plus fortes. Son parti pris : une esthétique décalée et une autre manière de voir. Nick Knight défie les diktats de la beauté imposés par les medias et la société. Dès 1978, ses études à peine terminées, il réalise un reportage photographique sur son expérience de skinhead en colère et en détresse. Depuis, il porte les projets de Christian Dior, Alexander McQueen, Calvin Klein, Yohji Yamamoto ou Yves Saint Laurent et collabore avec Vogue, W Magazine… Il expose aussi au Victoria & Albert Museum, à la Saatchi gallery ou au Tate Museum. Il continue cependant plus que jamais à lutter contre le sectarisme des medias et de l’industrie de la mode et s’emploie à glorifier la beauté des femmes fortes, des handicapées physiques ou de mannequins septuagénaires… Pour Nick Knight, la mode est une affaire d’images et d’idées. Le cliché du vêtement s’efface au profit du mannequin pour devenir invisible. Comme une composition musicale, la pureté de sa note permet de résoudre les dissonances. Et alors, par la magie du photographe, la frontière ténue entre l’art et la mode, entre le réel et l’imaginaire est dépassée…

Londerzeel 1 « DESSINE-MOI UNE FEMME » (Éditions Kris Van Assche) Londerzeel ?… c’est le nom de la ville de Belgique où est né Kris Van Assche. Londerzeel 1… c’est un petit bijou rare et secret. Un magazine de huit pages au format d’un quotidien avec une couverture en papier calque, imprimée, exprimant toute la créativité et la sensibilité du dernier jeune prodige de la mode belge. Kris Van Assche, KVA, est né à Londerzeel en 1976. Le jeune Kris rêve de la mode dès l’adolescence en feuilletant les magazines. Il observe Madonna et comprend en voyant ses tenues signées Gaultier qu’une partie de sa réussite tient à sa garde-robe singulière, extravagante. Il dessine et sa grand-mère l’aide à coudre. À 18 ans, il intègre l’Académie Royale des Beaux-arts d’Anvers, suivant ainsi les pas de ses glorieux aînés, Ann Demeulemeester ou Dries Van Noten. En 1998, Kris s’installe à Paris. Entré comme stagiaire chez Yves Saint Laurent, Hedi Slimane, son maître, le gardera six ans à ses côtés et il deviendra son premier assistant chez Christian Dior… En 2005, le prodige veut voler de ses propres ailes. Il démissionne et crée sa marque. Mais en 2008, il succède à son maître chez Dior Homme et reste à la tête de sa ligne pour hommes et femmes Kris Van Asche. Conçue avec Barbara Polla, l’infatigable galeriste genevoise médecin-auteur et surtout passionnée d’art et d’esthétique, la revue Londerzeel naît autour d’un café. Reflet de l’univers de KVA, on trouve dans ce numéro 1 dédié à la Femme les photos et illustrations de Matt Saunders, réputé pour ses tableaux copiant des photographies dans la mouvance de Gerhard Richter ou Luc Tuymans. Reporter armé de son appareil photo, Matt Saunders a accompagné KVA durant la préparation de la collection femme pour l’été 2010. Les textes sont de Paul Ardenne, historien d’art, et de Ornella Vopsi. Revue alternative, Londerzeel répond uniquement à une démarche artistique, reflet de l’univers subtil de Kris Van Assche. Nourri de la poésie du quotidien, il nous impose son raffinement et son élégance nonchalante. Au fil des pages, la Femme se dévoile, moderne, sensible, énergique …. « La Beauté en état de grâce, noble, naturelle, sans caricature, ni posture »….

texte : Steeve Grandsire

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The Pipettes

Nada Surf

Phospho-rescent

« EARTH VS THE PIPETTES » (Polka dot sounds • Differ-ant)

« IF I HAD A HI-FI » (Rykodisc • Naïve)

« HERE’S TO TAKING IT EASY » (Dead oceans • Differ-ant)

Autant être clair dès le départ, si vous n’êtes pas du genre à battre du pied, à prendre votre pommeau de douche en guise de micro ou à pousser les meubles pour laisser libre-cours à vos déhanchés, alors ce disque n’est pas fait pour vous. En effet, les anglais de Brighton délivrent avec ce nouvel opus une pop dancefloor teintée d’accent disco tout en restant dans un registre contemporain, grâce à des petits sons pop que nous avons l’habitude d’entendre sur des titres actuels. Après tout, quoi demander de plus d’un groupe basé sur la côte d’Azur anglaise où la musique y est complètement décomplexée et où les gens n’ont pas honte de danser sur Ace of base. D’ailleurs la démarche des Pipettes est sur le même registre que les suédois... faire dans l’évidence musicale pour le peuple.

Les premiers mots à l’écoute de ce nouveau disque des newyorkais sont «Tiens, un nouvel album de Nada Surf ! » mais il n’en est rien. En effet, l’attachant trio américain sort ici un disque de reprises, mais les adaptations sont tellement marquées par leur univers sonore que l’on croit écouter de nouvelles compositions. C’est un énorme et magnifique travail qu’ils viennent d’accomplir. Depuis plusieurs années Matthew Caws, leader-chanteur, de la formation parlait de ce projet, c’est maintenant chose faite. Au programme : des covers de The Go-between, Depeche mode, Coralie Clément, Kate Bush, Spoon... La sélection compte autant de titres anciens qu’actuels, une preuve que le groupe est attentif au travail des artistes qu’il rencontre sur la route, c’est aussi sans doute le passé de disquaire du chanteur qui veut ça. Nada Surf nous offre une magnificence musicale qu’il n’a pas perdue, depuis 1998, avec la sortie de leur grandiose album The proximity effect. Avez-vous remarqué que je suis complètement fan ?

Phosphorescent est aussi brillant qu’empreint de mélancolie. Chaque titre est une ballade tendant vers le folk avec des accents de blues. Matthew Houck déroule sa jolie voix posée et chaleureuse pour nous faire traverser son pays, les EtatsUnis, avec des sons typiques de certaines régions. On traverse donc l’Alabama, la Louisiane et les bords du Mississippi sans jamais vraiment basculer dans le plagiat des musiques traditionnelles. Le song-writer a su prendre des doses musicales subtiles afin de ne pas heurter nos oreilles d’européens souvent réfractaires à la country. N’oubliez surtout pas de contempler soigneusement la pochette du disque qui n’est pas si bucolico-exotique qu’elle n’y parait, un animal effrayant s’y cache comme pour nous faire comprendre que le disque n’est pas si innocent qu’il ne l’est. Cet album est recommandé aux inconditionnels de Wilco, Bonnie Prince Billy ou Fleet Foxes.


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