CLGB • issue 1• MONACO

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Chezlegrandbag Newspaper • Journal à parution bimestrielle gratuit /// Monaco

DÉCEMBRE 2010 JANVIER 2011

ART MODE MUSIQUE DESIGN CINÉMA


floor designer monte-carlo

FASHION FOR FLOORS 39, Bd des Moulins 98000 Monaco T : +377 92 16 12 16 www.fashionforfloors.com


Édito Un mentaliste à Secret Story.... Un cours d’hypnose en prime time. Et bien sûr “ the mentalist “ en couverture de télé loisirs, télé poche ou télé 7 jours. On dirait bien que nous sommes revenus à la grande époque de Dominique Webb : Après des décennies quasiment de mise à l’écart, l‘hypnose est de nouveau à la mode. Un domaine qui me fascine depuis ma plus tendre enfance, enfin depuis que j’ai lu Tintin. Depuis les “sept boules de cristal“ fort exactement. Là où Hergé nous communique sa passion pour les arts occultes. On risque donc de revoir des salles entières tomber en catatonie, des gens bêler comme une chèvre ou agir comme s’ils marchaient sur un fil ou jouaient d’une guitare imaginaire. Et les cours de mentalisme et les vidéos éducatives se multiplient sur Internet. Pourquoi cet engouement ? Et si c’était parce qu’à l‘époque de la crise et d’Internet, plus personne ne peut agir sur le monde ? Que celui-ci semble tourner en roue libre, dévaler un puits sans fin ? On a besoin de gourous, d’hommes forts, de magie.... La société a besoin de se soumettre au joug d’un mentaliste ! Quelqu’un qui dirait aux jeunes gens qu’il est nécessaire d’acheter des disques afin que l’art ne succombe pas sous les coups de boutoir du tout gratuit. Quelqu’un qui arriverait à les convaincre que le futur est rose et qu’il convient d’investir, afin que la crise s’endigue d’elle-même. Quelqu’un qui au lieu de dire “dormez je le veux“, arriverait à réveiller le monde et à faire croire que ce siècle qui commence est en fait fort excitant. Forcément .

par Patrick Eudeline

Quelqu’un qui saurait leur faire croire que Peter Doherty est bel et bien le nouveau John Lennon ou Bob Dylan qu’il est possible de surprendre en 2010 et d’avoir du génie. Parce que c’est ainsi : Rien ne va guère et le monde ronronne. Plus personne ne croit à rien. Sauf à lui-même. Et encore ! Facebook, au mieux, offre un miroir où chacun se regarde, seul, alors qu’il croit être filmé. Il ne se passe rien et chacun déprime. Les nuits sont longues sur Internet, paquet de chips à la main, mais guère sexy... Alors Mark Ronson sort un disque que chacun trouve excellent, le mot réac est à la mode, que cela soit via la livre d’Eric Brunet ou des articles dans les inrocks (même les rockers seraient réacs désormais), Cantat revient pour sauver les finances du rock français (enfin d’Universal) Amy Winehouse enregistre à Kingston, BB Brunes comme The Kooples revient de Londres, et, on s’aperçoit que finalement MGMT est un groupe de rock comme les autres. Et ?... Cela suffira-t-il pour faire une vie aux gens ? En ce morne contexte, CLGB paraît. J’y retrouve Jean Charles de Castelbajac et Kim Chapiron, entre autres. Une aventure ? Un journal en vrai, qui sent l’imprimerie, pas le vent ? (qu’est ce que le virtuel ? Sinon.... du vent qu’on ne pose pas sur une étagère) et il se destine à la province. Je le souhaite donc foutraque, hypnotiseur et assez malin pour transformer les vessies en lanternes. Qu’il soit désorbité comme les yeux de Dominique Webb ! C’est tout ce qu’on lui souhaite.

Sommaire MISS BIBI Créatrice d’happy bijoux p5 JEAN-CHARLES DE CASTELBAJAC « Le talent des autres me bouleverse » p8 MONACO DANCE FORUM Les Ballets de Monte Carlo p9 PETER SAVILLE & ANNA BLESSMAN Swing Project 1 p10 SEM’ART Chef d’oeuvre **** p11 STUDIO HARCOURT Au-delà des photos : le Mythe p12-14 NMNM L’art dynamique p17 YÉYÉ Deuxième album« My Trap » p19 SOMEWHERE Le Los Angeles de Sofia Coppola p22 ALAIN DUCASSE Recettes p4

CLGB accompagne la Fondation Prince Albert II de Monaco dans son initiative « Monaco s’engage contre la déforestation » en utilisant du papier certifié FSC ou PEFC.

Chezlegrandbag Newspaper est publié par l’association Chezlegrandbag/LULL, 29 rue de Millo, 98 000 Monaco • Mail : chezlegrandbag@gmail.com Responsable de publication : Boris Terlet • Responsable de rédaction : Alexis Jama-Bieri • Régie publicitaire : Julien Ciolina (j.ciolina@gmail.com / 06 61 23 53 57) et Yannick Barrale (yannickclgb@gmail.com / 06 15 88 76 04) • Réalisation graphique : Romuald Gabrel (gr@postcomputer.fr)


M O D E Texte : Alexis Jama-Bieri • Traduction : Frédérique Martin • Photos : DR

MISS BIBI

disponible chez Work In Progress 19 & 37, Bd des Moulins • 98000 Monaco Tél : +377 97 98 30 00

CRÉATRICE D’HAPPY BIJOUX

Miss Bibi est une jeune griffe de bijoux « décalés » à l’esprit plutôt rock’n Roll acidulé, née en 2006. Rapidement, cette marque a fait sensation pour son originalité, vite plébiscitée par les passionnés de mode. Miss Bibi est la petite marque qui monte, et son ascension ne fait que commencer ! Interview.

Comment s’est créée votre marque ? Quel est votre parcours de créateur ? Les bijoux Miss Bibi existent depuis 4 ans. En ce qui me concerne j’ai grandi à Monaco et étudié les Beaux-Arts à la Villa Arson de Nice puis à la Central Saint Martins School de Londres. C’est en manipulant des petits objets pour des films d’animation ou pour des mises en scène pour mes illustrations que j’ai eu envie de transposer des miniatures de maisons de poupées en bijoux. Cela devait être juste un petit projet annexe à mon travail de graphiste....et puis une chose en entraîne une autre et je suis restée dans la mode. En tout cas mes produits sont vendus dans ce marché-là ! Pourtant je n’ai toujours pas l’impression de travailler dans ce secteur. À quelle cible de clientèle vous adressez vous ? À tous ceux qui donnent une grandeur au petit. Quelles sont vos principales sources d’inspiration ? Je pense sincèrement que tout peut être sujet à raconter une histoire. Nous pouvons être constamment inspirés de tout (mais pas de n’importe quoi !). Quelles sont les matières que l’on peut trouver dans vos bijoux ? Les bijoux Miss Bibi sont essentiellement en argent, mais j’aime expérimenter d’autres matériaux, comme le cuir, l’émail, le bois... ou d’autres techniques. Bref j’aime chercher des techniques originales avec des matériaux variés. Combien de collections établissez-vous chaque année ? Combien de nouveaux

modèles ? 2 collections par an (une en octobre et une en mars). À chaque saison, je crée une centaine de modèles, mais j’en édite un peu moins de 40. Comment procédez-vous pour créer un modèle de bijou ? Une œuvre personnelle ou un travail d’équipe ? J’ai des cahiers d’idées que je classe tout le temps. Mon équipe m’aide à y voir clair dans ce melting-pot d’envies, et me pousse à faire des choix. Je fais ensuite des maquettes de bijoux avec de la pâte à modeler ou du papier. J’aime ce côté fait main qui confère une touche tactile. Et cela renvoie tout de suite à quelque chose d’enfantin. Commercialisez-vous des créations en édition limitée ? Cela est déjà arrivé car on nous en a fait la demande. En tout cas j’aimerais réaliser plus de petites séries surtout pour des pièces plus précieuses ou composées d’éléments vintage. C’est chouette d’avoir de la rareté dans les matériaux ou dans la forme : le client aussi apprécie cette exclusivité. Pour vous, quel est donc le principal rôle d’un bijou : simple

Miss Bibi is a young brand of unconventional jewellery with a cheeky rock attitude, created in 2006. Miss Bibi has very quickly proved a tremendous success, receiving very positive reviews for her originality and has been very quickly adopted by fashionistas. This small designer is on the way up and it is only the beginning. Interview. Tell us about your brand. When did it all start and why ? The adventure of Miss Bibi started four years ago. My background: after growing up in Monaco, I studied fine arts at the Villa Arson in Nice and then at Central Saint Martins School in London. When I was playing around with small objects and things for some animated films and as inspiration for my illustrations, I felt the urge to turn miniature dolls’ houses into jewellery. It was supposed to be a minor project, in parallel with my main job as a graphic designer… And then one thing led to another, and I’ve ended up staying in the fashion industry. Well, my creations are sold in this industry, yet I don’t have the feeling that I work in fashion ! Who are your clients ? Everyone who gives importance to the tiny. What inspires you ? I honestly think that anything can make you want to tell a story. We can be constantly inspired by everything (but not just anything !). What do you use to make your jewellery ? My Miss Bibi pieces are mainly made in silver but I like experimenting with other materials, such as leather, enamel, wood… or other techniques. All in all, I like 04

parure ? Symbole d’expression individuelle ? Œuvre éphémère ou perpétuelle ? Je suis plutôt une artiste du petit volume. J’ai été formée aux Beaux-Arts et donc ma démarche est très différente de celle d’un orfèvre. Une paire de boucles en forme de lustres victoriens transforme un peu nos oreilles en quelque chose d’architectural. Vos collections sont mondialement reconnues, par une population de fashionistas. À quoi tient votre succès dans le milieu «hype» ? Je cherche à faire des choses que j’aime et que je trouve drôles. Ce côté ludique et décalé a plu au marché de la mode. J’aurais pu tomber sur une galerie d’art lorsque j’ai présenté mon travail la première fois et peut-être prendre un autre chemin professionnel. Mon tout premier client a été Colette et cela a donné un destin bien défini à ma marque. Comptez-vous, à l’avenir, diversifier vos créations, peut-être dans des domaines connexes à la bijouterie fantaisie ? Oui, je souhaite que ma petite boutique du Palais Royal, qui ouvrira au printemps, soit un mini concept store du rétro-nostalgique, peu importe les médiums. Où peut-on se procurer vos créations ? Les produits Miss Bibi sont vendus à notre showroom atelier au Parc Palace à Monaco et dans environ 60 points de ventes en Europe et en Asie. On peut se les procurer par ailleurs sur le site de vente en ligne : www.missbibi.com

also appreciate this sense of exclusivity. For you, what is the main function of a piece of jewellery: mere decoration, or symbol of personal expression? Is it an ephemeral or lifelong work of art ? I kind of consider myself an artist working with very small sizes rather than a jeweller. I was trained in fine art; therefore my approach is very different from a jeweller’s. A pair of earrings in the shape of Victorian chandeliers turns your ears into a kind of architecture.

working with original techniques and a variety of different materials. How many collections do you create each year ? How many new designs ? Two collections a year (one in October and one in March). For each season I create about a hundred designs but I only produce about forty of them. What is your creation process like ? Do you work alone or in a team ? I have several notebooks in which I write down my ideas. My team then help me to get a better idea in this jumble and force me to make my choices. After, I make models out of modelling clay or paper. I like the handmade part because it makes the designs tangible. And it conjures up childhood memories. Do you sell limited editions ? I have already done it, on request. In any case, I would like to make more limited collections, especially for more precious pieces or ones made with vintage components. It is very pleasant to work with rare materials or singular designs, and clients

Your collections are world-famous, especially in the circle of hard-to-please fashionistas. How did you make it in this very hype crowd ? I try to do things that I like and that I find funny. My playful and unconventional way of doing things appealed to the fashion market. I could have come across an art gallery the first time I presented my work and maybe I would have gone another way professionally speaking. My very first client was Colette and it shaped my fate as a fashion brand. Are you planning to diversify your creations in the future, maybe by working more in areas related to the jewellery trade ? Yes, I would like my little shop in Palais Royal in Paris – which will open next spring – to be a mini concept store dedicated to old-time and nostalgic kitsch, whether jewellery or not it doesn’t matter. Where can we find your creations ? Miss Bibi creations are sold in our showroom studio in Parc Palace in Monaco and in about 60 sale outlets in Europe and in Asia. You can also find them online at : www.missbibi.com.


M O D E Texte : Alexis Jama-Bieri • Traduction : Frédérique Martin • Photo : © Crapaud Mlle

JEAN-CHARLES DE CASTELBAJAC «LE TALENT DES AUTRES ME BOULEVERSE» Passionné par le moyen-âge, le XVIIème siècle, l’Art contemporain, et tous les domaines où sa créativité peut faire son terrain de jeu, Jean-Charles de Castelbajac mixe depuis 40 ans les époques, matériaux et techniques, élevant la couture au niveau d’Art majeur, en perpétuelle (re)création. Chezlegrandbag newspaper ne pouvait que rencontrer Jean-Charles de Castelbajac, le plus pop des fashion designers. Interview.

Quels ont été les déclencheurs de votre vocation pour la création artistique ? Après 11 années de pensionnat, ma première envie, à 17 ans, fut d’être unique, de forger mon histoire, mon personnage, mes idées et les utiliser comme des armes…Et j’en avais pas mal des idées ! La mode n’est-elle pas une sorte de média vous permettant d’exprimer vos passions pour la musique et l’art contemporain, et peut-être de rendre ces arts différemment abordables en les faisant descendre, d’une façon originale, dans la rue ? J’ai plein de passions : la musique, l’écriture, la littérature, l’art contemporain… Tout ça, c’est une manière de communiquer, de propager mes idées et de créer des ponts. Par exemple, j’ai réalisé une installation à Paris intitulée Astronoma Domine, qu’on a pu voir sur le Pont Neuf de mai à juillet : j’ai rhabillé la statue du roi Henri IV en «Jedi», pour dire aux petits loustics qu’il y avait des «Jedi» au XIV, XV et XVIème siècles. C’est une transgression, et j’adore cette idée pour traduire une autre idée.

surdités. J’ai le sentiment qu’en France, je suis une espèce de résistant, quasi dans la clandestinité. C’est pour ça aussi qu’il y a une jeune génération qui s’identifie à moi, parce que dans cet état d’esprit là, nous ne sommes pas nombreux à incarner une certaine intégrité, fidélité à soi-même, et surtout, une ouverture d’esprit. Ma mode, après avoir été, durant 30 ans, une espèce de vision artistique conceptuelle et une forme de thérapie, est définitivement, depuis 10 ans, hors du manifeste, pour devenir vraiment des vêtements. Et ce sont des vêtements qui propagent une certaine manière de penser. Lors de la création avec Ben, il y a quelques années déjà, de la robe portant l’inscription provocante, «je suis toute nue en dessous» n’avez-vous pas cherché à exprimer que le vêtement n’est pas un simple moyen primitif de se couvrir le corps, mais qu’au-delà, il

Quand on voit vos créations depuis la fin des 60’s à aujourd’hui, on se rend compte, qu’au fond, vous êtes guidé par un certain esprit rock’n roll, et même punk, à l’instar de votre «frère d’arme» Malcom Mac Laren. Vos créations ne sont-elles pas un moyen quasi révolutionnaire d’éduquer l’esprit et l’oeil des individus par détournements et réinterprétations ? J’ai débuté avec des idées antinomiques, un étrange amalgame entre des choses de valeur ancestrale, avec l’anachronisme d’ab-

For 40 years, Jean-Charles de Castelbajac has combined periods, materials and techniques, raising couture to the level of a major art in a neverending (re)creation. Passionate about the middle ages, the 17th Century, contemporary art and all fields where he can let his creativity run free, Chezlegrandbag Newspaper had to meet the most pop of all fashion designers. Interview. Where did your desire to create come from ? After 11 years at boarding school, aged 17, I wanted to be unique: to forge my life, my personality, and my ideas into weapons… And I had plenty of ideas! It seems that you use fashion as a means to express your passion for music and contemporary art, making them more accessible to the public perhaps by bringing them out onto the street in an original way ? I have many passions: music, writing, literature, contemporary art… They are all different ways for me to communicate, to spread my ideas and to build bridges. For instance, I created an installation entitled Astronoma Domine, that you could see in Paris on the Pont Neuf from May to July [2010]: I dressed the statue of King Henry IV as a jedi to say to the kids walking by that jedis existed in France in the 14th, 15th and 16th centuries. It’s transgressive; I love playing with an idea like that to express something else. When we look at your creations, from the sixties up to the present

day, we can see that, deep down, you are driven by a rock, or even a punk, aesthetic, like your “brother in arms” Malcolm MacLaren. Are your designs intended to be almost a revolutionary way of educating people’s thoughts and tastes by twisting and reinterpreting existing ideas ? I started out with contradictory ideas: a curious amalgam of classical values and anachronistic absurdities. I feel that, in France, I am a kind of guerrilla, existing on the edges. But this is also why the younger generation identifies with me: there aren’t many of us who share these values of integrity, being faithful to oneself and, above all, open-mindedness. My designs, which for thirty years were a kind of conceptual artistic vision and also a kind of therapy, over the last ten years have definitely been developing outside of being a manifesto to really become clothes. And they are clothes that spread a certain way of thinking. When, a couple of years ago, you and the artist Ben created the dress bearing the provocative words “I am naked underneath”, did you want to say that clothes are not simply a primitive way to co-

révèle la personnalité de celui qui le porte en délivrant un message implicite ? La mode n’est pas là que pour répondre à une fonction. Elle sert aussi à poser des questions, elle interpelle. En fait, la mode EST une question. Aujourd’hui, on sort d’une période «bling bling» de faux luxe. Comme disait Malcom Mac Laren «Le XXIème siècle sera celui de l’authenticité contre le Karaoké», et je crois qu’on est un peu fatigué du Karaoké… donc AUTHENTICITÉ ! Et puis, j’aime bien l’idée que la mode soit hyper accessible aujourd’hui… La musique n’est-elle pas, quelque part, la sève constitutive de votre oeuvre ? La musique, c’est définitivement un vecteur qui me transcende et qui fait que je n’ai pas mon âge. C’est un lien qui nous construit, comme de la géologie avec ses strates. La première fois que j’ai travaillé pour le domaine musical, c’était en 1973, avec mon ami Malcom Mac Laren, pour les New York Dolls. Puis, j’ai vraiment été fasciné, à la fin des 70’s, par sa prise de pouvoir avec les Sex Pistols : c’était extraordinaire ! En l’espace d’un album, ils ont changé la société. J’ai alors vraiment réalisé que la musique et la mode étaient aussi des médiums absolument hallucinants et politiques. Dernièrement, j’ai été complètement fasciné après être allé voir le concert de Crystal Castles : leur manière de contrôler le son et l’image et me bouleverse. En fait, le talent des autres me bouleverse, il est ma curiosité, il nourrit mon espérance. Et ça veut dire que la création est un lien extraordinaire entre les êtres.

ver your body but, above all, a way to reveal the wearer’s personality by delivering hidden messages ? Fashion is not just here to answer a need. It is here to ask questions too, to question people. Actually, fashion is a question. Today, we are coming out of a fake luxury “bling” period. As Malcolm MacLaren used to say: “The 21st century will be the century when authenticity fights against karaoke”, and I believe that we are all a bit fed up with karaoke… so let’s turn to authenticity! And I really like the fact that fashion is so accessible today. Isn’t music somehow at the core of your work ? Music is indeed a medium that transcends me and which makes me younger than I am. It is something that has constructed me little by little, like geological strata of rock. The first time I worked in the music industry was way back in 1973 with my friend Malcolm MacLaren for the New York Dolls. Then, in the late seventies, I was totally fascinated when Malcolm took control with the Sex Pistols: It was amazing! In just one album, they changed the face of society. It was then I really realized that music and fashion were incredibly powerful and political media. Recently, I was totally mesmerized at a gig by Crystal Castles: their way of controlling their sound and image takes my breath away. To be honest with you, other people’s talents overwhelm me. They drive my curiosity and feed my hope. And it means that creation is an extraordinary way to connect people. 05


W E B

R E V I E W S

Textes : Alexis Jama-Bieri • Photos : DR

Horsey

Future me

Rouler à cru ?

Courrier d’outre-tombe ! vos expressions. Devant votre webcam, vous communiquerez à votre interlocuteur, non pas votre image, mais une expression virtuelle et instantanée de celle-ci. Impossible de tricher donc !

fffff.at/auto-smiley

Aujourd’hui vous avez la possibilité de vous envoyer un email dans le futur. Sélectionnez alors votre adresse, puis, comme pour tout email, l’objet et le texte. Choisissez ensuite la date de l’envoi, pour votre électronique missive venue du passé. Une envie d’escapade en DeLorean ?

futureme.org

Flashface Portrait déshumanisé ? Tel le cavalier Hun, ayant jadis, dévasté nos paisibles contrées, prélude à la chute d’un empire, chevauchez une altière monture pour arpenter les rues steppiques de nos villes et y bâtir votre empire. Le poétique kit «horsey» créé par le Coréen Eungi Kim, transforme votre bicyclette en fougueux étalon venu des lointaines terres d’Asie. Constitué d’une silhouette découpée en bois (la tête et la queue), le kit se fixe sur le guidon et le cadre de votre vélo. Pour son concepteur il s’agit de «jeter un regard spécial aux bicyclettes pour que les gens se soucient du cyclisme non seulement comme transport mais aussi comme un charmant animal de compagnie». À préciser que le kit ne fournit ni bottes ni cravache.

Designboom.com

Créez de véritables faux portraits robots avec cette application venue de Germanie, qui vous permettra de donner vie aux personnages les plus grotesques. Hilarant ! Alors entrez dans l’application comme on pénètre dans un laboratoire de police scientifique, choisissez les cheveux, la forme du visage, les yeux, le nez, les lunettes…etc. Vous pouvez ensuite adapter la longueur, hauteur ou grosseur de chaque élément via un curseur en dessous des typologies faciales. Une fois votre portrait finalisé, vous pouvez sauvegarder, imprimer ou partager ce magnifique faciès, en lucide Sherlock Holmes. Et vous constaterez que la fiction peut parfois rejoindre la réalité !

Bestfriendshome

flashface.ctapt.de

Home sweet home !

Faire taire les rumeurs ? Une application Iphone salvatrice pour les ronfleurs réels ou supposés. La nuit, l’application détecte les ronflements et déclenche une sonnerie de votre choix pour faire cesser le bruit excessif de votre respiration. Ce programme permet donc : La détection du ronflement, avec seuil de détection réglable • l’activation d’une alarme (sonnerie et/ou vibration) avec volume réglable • d’utiliser au choix 10 sonneries de base : sifflements, cris, etc… • d’enregistrer au micro votre alarme personnalisée : « tu ronfles !!! » par exemple • d’analyser la nuit et faire un bilan du nombre de ronflements (accompagné de savants graphiques) pour visualiser l’évolution des 7 dernières nuits. Parce que l’on veut toujours savoir si oui ou non on ronfle, Ronfle-Stop est une application destinée à réduire au silence les fausses rumeurs. Indispensable !

Disponible sur l’AppStore

Vos sourires en smiley Libre expression de soi ! Quand on échange par chat ou email, taper ses smileys ou émoticones devient une opération fatigante à l’usage. Des geeks créatifs ont donc détourné le principe de la reconnaissance faciale pour en faire un générateur d’émoticones créés à partir de la détection de 06

www.bestfriendshome.com

Google fight Swankolab Chambre noire ? Voilà une application Iphone qui va transformer votre inséparable smartphone en studio de développement photo. Vous pouvez ainsi jouer aux apprentis sorciers en mélangeant les produits chimiques réactifs pour obtenir des photos aux effets bluffants, vintages et comme sorties d’un labo bricolé maison. Alors, choisissez une photo dans votre photothèque, sélectionnez un produit, son dosage, puis un autre… etc, lancez le développement. Vous verrez votre photo apparaître progressivement, comme au développement. Si votre mélange de réactifs vous convient, vous pouvez l’enregistrer pour le réutiliser ultérieurement.

Disponible sur l’AppStore

100% look vintage ! Les avantages de la technologie numérique sous une robe vintage, rappelant les anciens boîtiers des appareils argentiques. Le nouveau Finepix 100 de Fujifilm est une arme affûtée, comportant un capteur APS-C CMOS de 12,3 mégapixels, permettant d’effectuer des prises vidéo HD, un objectif 23 mm Fujimon asphérique et un véritable viseur optique. Le boîtier magnésium et simili cuir lui donnent un look et une ergonomie vintage tel un légendaire Leica. Un joli cadeau de fin ou début d’année !

finepix-x100.com

Pour votre chien, des maisons extérieures made in Deutschland. Ces répliques d’habitation seront un lit douillet pour votre meilleur ami(e) à 4 pattes. Ainsi, vous aurez le choix entre une habitation traditionnelle du vieux sud US, un bâtiment art déco évocation des architectures d’époque Bauhaus, ou mieux encore, un château de conte de fées, pouvant même être agrémenté de cristaux swarowski. Pour une vie de chien(ne) de château…même attaché(e)… Peut convenir aussi aux chat(te)s aimant une certaine rudesse extérieure.

Ronfle-stop et réveil

Fujifilm Finepix X100

Combats virtuels ? Un excellent moyen de se défouler via le Web. Organisez des combats virtuels sur votre écran de computer. Vous pouvez effectuer le choix de votre item et un autre pour un combat libre, ou lancer des combats virtuels prédéfinis (Marilyn Manson contre Marylin Monroe, Girlfriend contre Pamela Anderson, Hotdog contre Hamburger, Migraine contre Aspirine, ou vous contre vous…). Une lutte des notoriétés dont on ne sort pas toujours indemne !

Googlefight.com

Cigarette électronique Desintox ! « Ceci n’est pas une pipe ! » Non, c’est certain, mais ce n’est pas une cigarette non plus ! Elle en a l’apparence, la fumée, le goût, induit le même mimétisme mais ne contient pas les substances toxiques dues à la combustion. La fumée est en réalité de la vapeur d’eau inhalée qui en simule l’aspect sous l’action d’une micro-résistance. Attention toutefois, les filtres contiennent de la nicotine plus ou moins dosée. Cette réplique, à qui l’on a supprimé goudron, monoxyde et autres, reste donc contre-indiquée aux non fumeurs, mineurs, femmes enceintes, et aux personnes ayant des maladies cardiovasculaires.

www.e-cigarex.com

Statuts à la con (sur) réalisme ! Générateur de statuts à la con sur le principe du cadavre exquis : mot ou expressions piochées au hasard par un logiciel. Alors vivez décalés et générez-vous des statuts à la limite du loufoque, sans toutefois sombrer dans le grotesque. Surréaliste ! Votre web 2.0 en sera rafraîchi ! (adresse avec une faute à la con)

http://statusalacon.tribords.com


D E S I G N Texte : Alexis Jama-Bieri • Photos : DR

ZANOTTA DESIGN À L’ITALIENNE

www.zanotta.it

Fondée en 1954, par Aurelio Zanotta, la marque Zanotta est reconnue comme l’une des plus grandes du design Italien. Pour la création de ses produits, elle a fait appel, depuis ses débuts, aux talents des meilleurs designers : Achille Castiglioni, Marco Zanusso, Joe Colombo, Carlo Mollino, Ora Ïto, Gae Aulenti, Ettore Sottsass, Alessandro Mendini, Andrea Branzi, Giuseppe Terragni, Enzo Mari, Bruno Munari, Alfredo Häberli, Roberto Barbieri, Ross Lovegrove … Impossible donc d’écrire l’histoire du design italien des soixante dernières années sans se référer aux nombreux objets créés par Zanotta, dotés d’une âme poétique et à la dimension artistique, les hissant au rang d’œuvres véritables que l’on exhibe chez soi telles un tableau ou une sculpture. Les collections de Zanotta couvrent les principaux domaines de l’ameublement et de la décoration : tables, chaises, fauteuils, sofas, bibliothèques, lits et tous types d’objets de design utiles pour sa résidence.

Emblématiques pour leur innovation tant formelle que technologique, les créations de Zanotta utilisent des matériaux modernes et nobles tels que l’aluminium, l’acier inoxydable, le laiton, le bronze, les plastiques, le verre, le marbre, le granit, le bois, les tissus et le cuir. Parmi les réalisations de Zanotta, l’emblématique pouf Sacco, emblème du design de 1968, a soufflé ses 40 bougies. Les fans de Gaston Lagaffe connaissent bien ce siège informe sur lequel on se jette et qui épouse toutes les formes. Inventé par le trio italien composé de Piero Gatti, Cesare Paolini et Franco Teodoro, il se compose d’un revêtement contenant des milliers de billes de polystyrène. Aujourd’hui, dans une démarche de développement durable, le Sacco se rêve un peu plus écologique, avec un contenant et un contenu désormais plus respectueux de l’environnement.

DISPONIBLE CHEZ Monaco Mobilier Service 2, place des Bougainvilliers 98000 Monaco tél: +377 97 70 23 26 w w w. m o n a c o m o b i l i e r s e r v i c e . c o m

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É V È N E M E N T S Texte : Les Ballets de Monaco • Traduction : Frédérique Martin • Photo : DR

MONACO DANCE FORUM JEAN-CHRISTOPHE MAILLOT & LES BALLETS DE MONTE CARLO L’arrivée de Jean-Christophe Maillot à la direction des Ballets de Monte-Carlo en 1993 a fait prendre un nouvel essor à cette compagnie composée de cinquante danseurs, dont on reconnaît aujourd’hui le niveau de maturité et d’excellence à travers le monde.

Obstinément passionné par le développement de sa compagnie, il a enrichi le répertoire de ses propres créations (Roméo et Juliette, Cendrillon, La Belle, Le Songe, Faust, Dov’é la Luna, Altro Canto…). Des thèmes classiques à l’abstraction contemporaine, son travail de chorégraphe témoigne d’une grande ouverture envers toutes les formes d’écriture. Il collabore d’une part avec un grand nombre d’artistes ; des peintres tels que Georges Condo, Philippe Favier, Ernest Pignon-Ernest, Ange Leccia, des compositeurs comme Gérard Pesson, Bruno Mantovani, Ivan Fedele, Daniel Teruggi ou Yan Maresz et invite d’autre part des chorégraphes de renommée internationale et des jeunes créateurs (Maurice Béjart, Nacho Duato, John Neumeier, William Forsythe, Jiri Kylian, Sidi Larbi Cherkaoui, Emio Greco, Shen Wei, Alonzo King, Marco Goecke…)

Une occasion de retrouver le Prince, la Fée Lilas, la Fée Carabosse, les pétulants, les crochus et tous les personnages du conte de Charles Perrault qui illuminent toujours les scènes du monde entier depuis leur création en 2001.

CAFÉ MÜLLER ET LE SACRE DU PRINTEMPS par le Tanztheater Wuppertal

Ce merveilleux traité sur l’amour, Nijinsky Award de la meilleure production chorégraphique 2001, Prix Danza & Danza du meilleur spectacle 2002 pourrait bien détenir le secret du plus long baiser de l’histoire de la danse. Un passage à l’année nouvelle tout en douceur.

Chorégraphies de Pina Bausch, Musiques de Henry Purcell et Stravinsky Les 17 et 18 décembre 2010 à 20h30 et le 19 décembre à 16h au Grimaldi Forum

LA BELLE par les ballets de Monte-Carlo Chorégraphie de Jean-Christophe Maillot,

Soucieux de la reconnaissance de la danse comme du statut professionnel des danseurs, il co-fonde en 2000 le Monaco Dance Forum, manifestation ambitieuse dont il assure aujourd’hui la direction artistique, destinée à rendre hommage aux artistes du monde chorégraphique.

Musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski, avec la participation de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo sous la direction de Nicolas Brochot, décor d’Ernest Pignon Ernest et costumes de Philippe Guillotel. 31 décembre 2010 et 3 janvier 2011 à 20h30

Grand rendez-vous chorégraphique pour célébrer les fêtes de fin d’année en Principauté : La Belle de Jean-Christophe Maillot interprétée par la compagnie des Ballets de Monte-Carlo, les 31 décembre, 2 et 3 janvier, au Grimaldi Forum.

2 janvier 2011 à 16h00 au Grimaldi Forum

Tarifs de 8 à 29 € Réservations : 00377 99 99 30 00 www.balletsdemontecarlo.com www.monacodanceforum.com

The arrival of Jean-Christophe Maillot at the head of Les Ballets de Monte-Carlo in 1993 gave a new boost to this fifty-strong dance company, which is today recognised across the world for its artistic maturity and excellence. Stubbornly passionate about his company’s continuing development, Maillot has enriched its repertoire with his own creations (Romeo and Juliet, Cinderella, La Belle (Sleeping Beauty), Le Songe (A Midsummer Night’s Dream), Faust, Dov’é la Luna, Altro Canto…). His work demonstrates his openness to all forms of writing, from classical themes to contemporary abstraction. He has worked with a large number of artists: painters like Georges Condo, Philippe Favier, Ernest PignonErnest, Ange Leccia; composers like Gérard Pesson, Bruno Mantovani,

Ivan Fedele, Daniel Teruggi or Yan Maresz; he has also invited internationally renowned choreographers and young creators (Maurice Béjart, Nacho Duato, John Neumeier, William Forsythe, Jiri Kylian, Sidi Larbi Cherkaoui, Emio Greco, Shen Wei, Alonzo King, Marco Goecke…) Wanting to make sure that dance in general and the professional status of his dancers were properly recognised, in 2000, he co-founded the Monaco Dance Forum, of which he is today artistic director. This ambitious project is intended to pay homage to all artists from the choreographic world.

La Belle (Sleeping Beauty) by Jean-Christophe Maillot and performed by Les Ballets de Monte-Carlo, on 31 December, 2 and 3 January at the Grimaldi Forum, is a major choreographic event to mark the Christmas and New Year celebrations in the Principality. It’s a great opportunity to meet up again with Prince Charming, the Lilac Fairy, the wicked fairy, and all the other lively and hook-nosed characters, from Charles Perrault’s fairy tale, which have lit up stages all around the world since their first appearance in 2001. This wonderful love story, winner of the Nijinsky Award for the best choreographic production 2001, and the Danza & Danza Award for the best ballet 2002, could well hold the secret of the longest kiss in the history of dance. It is a lovely way to welcome the New Year.

A G E N D A

Fondation Prince Pierre De Monaco

/// CONFÉRENCES 2011 ///

La Fondation Prince Pierre organise chaque année une saison de conférences ouverte à des personnalités de renom traitant de sujets très variés : actualité, littérature, musique, art, histoire, psychanalyse, sciences et sciences humaines. Ces saisons de conférences ont été initiées par le Prince Pierre qui fonda, en 1924, la Société des Conférences de Monaco où se succédèrent des orateurs aussi brillants que Paul Valéry, Darius Milhaud, Joseph Kessel ou Sacha Guitry. 10 JANVIER 2011 Pierre ASSOULINE On ne lira plus comme avant

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24 JANVIER 2011 Jean ROUAUD Invention du réel / Invention de la souffrance

31 JANVIER 2011 Bruno RACINE La Bibliothèque nationale de France face à la révolution numérique

Conférences à 18h30 au Théâtre des Variétés 1, bd Albert Ier, Monaco Tél : 00377 98 98 85 15


A R T Texte : Florence Derieux • Traduction : Frédérique Martin • Photo : Nick Knight

PETER SAVILLE & ANNA BLESSMAN SWING PROJECT 1

En 1979, Peter Saville cofonde le label de musique indépendant Factory Records pour lequel il crée certaines des pochettes de disques les plus influentes de tous les temps pour Joy Division et New Order. Travaillant ensuite plus largement dans le monde de la mode et de la culture, son travail est perçu comme ayant durablement affecté les interactions entre le design et l’art. Sous le nom d’Anna + Peter, le légendaire designer anglais et l’artiste allemande Anna Blessmann ont créé un projet commun : Swing Project 1

Florence Derieux : Comment, quand et pourquoi avez-vous formé Anna +Peter ? Peter Saville : Anna + Peter est le fruit d’une relation personnelle et professionnelle, créative, la conséquence d’une existence partagée. Anna Blessmann : Cela découle tout simplement du fait de vivre ensemble. Car pour nous la vie n’est pas séparée du travail. PS : Nous avons de nombreux intérêts communs, mais nous sommes arrivés à ces intérêts par des routes très différentes. AB : En l’occurrence, je suis allemande, j’ai grandi à Berlin, mes parents sont tous les deux peintres et j’ai fait des études d’art. Je n’ai pas grandi avec l’imagerie pop, mais plutôt avec la renaissance italienne et l’art expressionniste, bien avant d’avoir vu une pochette de disque. PS : Pour moi, c’est exactement l’inverse. J’ai commencé à travailler beaucoup plus tôt qu’Anna, en 1977, et le seul art avec lequel j’entretenais alors une relation c’était le pop. J’ai découvert l’histoire de l’art à travers le pop ; Anna a découvert le pop à travers l’histoire de l’art. Nous avons donc un intérêt commun mais des points de vue différents. Nous ne sommes pas toujours d’accord et il y a aussi beaucoup de discussions et de débats. Mais ce qui est intéressant, c’est que nous avons un intérêt commun.

FD : Comment définiriez-vous cet intérêt commun ? PS : Par où commencer... L’art ? AB : Nous partageons une même esthétique et nous intéressons aux mêmes artistes – même si parfois je pense qu’ils sont très bons et Peter n’est pas tout à fait d’accord, ou l’inverse – nous avons un certain intérêt pour l’art qui touche à la vie et nous sommes très attentifs à ce qui ne cantonne pas l’art à l’espace d’exposition (le fameux « white cube »), mais au fait que l’on

Peter Saville, cofounder of the independent record label Factory Records in 1979, designed some of the most influential album covers of all time for Joy Division and New Order. He has since mostly worked in the fashion and cultural sectors, his work is considered to have changed forever the interactions between the art world and design. Working under the name Anna + Peter, the legendary English designer and the German artist Anna Blessmann have launched Swing Project 1. Florence Derieux : How, when and why did you start Anna + Peter ? Peter Saville : Anna + Peter is the product of both our personal relationship and our professional creative relationship, a natural consequence of our shared life. Anna Blessmann: It stems quite simply from living together: for us, living isn’t separate from working. PS : We have so many shared interests, but we both reached them by very different routes. AB : I’m German, I grew up in Berlin; my parents are both painters and I studied art. Rather than pop imagery, I grew up with Italian renaissance art and expressionism for a long time before I ever saw an album cover.

PS : Whereas for me, it’s the exact opposite. I started work long before Anna did, in 1977, and the only artwork I had a relationship with was pop art. I discovered art history through pop art; Anna discovered pop art through art history. We have shared passions but different points of view. We don’t always agree and we discuss and debate things a lot. But what’s interesting is our shared interests. FD : How would you define them then ? PS : Where should I start? Art? AB : We have the same aesthetic ideas and we like the same kinds of artists – even if sometimes I think they’re amazing and Peter doesn’t quite agree, or the other way round. We both like art which touches on

peut voir des choses parfaitement éducatives et éclairantes à l’extérieur du monde de l’art, dans la réalité. Nous partageons cette sensibilité. PS : Nous partageons une vision plus contemporaine, un intérêt pour l’art, mais aussi pour la mode et le design : Anna est très pragmatique par rapport au design ; elle a une sensibilité très allemande à ce sujet. AB : Cela doit avoir une fonction et fonctionner, ou cela ne m’intéresse pas ! Cependant, nous partageons évidemment aussi l’expérience du sexe. PS : Nous avons un intérêt commun pour la sexualité et l’érotisme qui constitue une sorte de fil conducteur entre les différentes choses qui nous occupent – la mode, la notion d’image, d’identité, le design et l’art, etc. Il y a parfois la possibilité d’une lecture érotique ou sexuelle de ces choses. Mais, encore une fois, nous avons un point de vue différent mais complémentaire sur les questions liées au sexe. J’ai une approche plus visuelle et une attitude voyeuriste vis-à-vis de cela, et Anna a une attitude plus… AB : Active. PS : … plus physique, plus sensuelle. Nous avons donc eu envie de travailler ensemble sur de nombreux projets : des photographies, nous avons cosigné des éditions, réalisé une exposition commune, etc...Un aboutissement logique à ces multiples intérêts partagés !

life and we are really into art that isn’t confined to an exhibition space (the notorious “white cube”). You can see so many educative and enlightening things outside the art world in real life. We both have this same feeling. PS : We also share a contemporary vision. We like art, but also fashion and design: Anna is very pragmatic when it comes to design, she’s very German in that respect. AB : It needs to have a function and it needs to work, if not it doesn’t interest me ! Obviously, we also share sexual experiences. PS : We share an interest in sexuality and eroticism. It is like a guiding light that connects all the different things we do – fashion, the notion of imagery, or of identity, design, art, etc. Sometimes there can be a sexual or erotic way of looking at these things. But again, we have different, yet complementary, points of view. I have a visual approach and a voyeuristic attitude. Anna is more… AB : Active. PS : … more physical, more sensual. The logical conclusion of having all these shared interests was the desire to work together. We have already collaborated on numerous projects: photos, we have co-authored books, done exhibitions together, the fruit of our shared passions !

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A R T Texte : Alexis Jama-Bieri • Traduction : Frédérique Martin • Photo : DR

SEM-ART GALLERIE CHEF D’OEUVRE **** SEM-art, est une nouvelle galerie d’art en Principauté, située dans le quartier du Carré d’Or. C’est le projet inédit de Safia Al-Rashid, fondatrice de la galerie et collectionneuse avertie qui, souhaitant partager sa passion de la création contemporaine a imaginé un lieu ouvert et novateur. Ce endroit lie les plaisirs de l’esprit et de la bouche, pour les amateurs du goût le plus fin. Interview.

Comment s’est créée la galerie Sem-Art ? J’ai travaillé 3 ans à la conception de ce projet de galerie. Nous sommes une très jeune structure puisque nous avons officiellement ouvert le 23 juin 2010. Nous présentons des oeuvres d’art contemporain : le lieu a donc été entièrement réaménagé et la décoration des espaces ordonnancée pour correspondre au plus près à l’esprit du projet, car à l’origine cette décoration était de style « art nouveau ». Le style d’aménagement actuel est donc minimaliste et permet de valoriser au mieux les œuvres, dans nos 350m2 d’espaces d’exposition. C’est un lieu surprenant et différent des galeries que l’on trouve communément. Réellement convivial ! Comment vous est venue l’idée originale d’associer une galerie et un restaurant ? Pendant 2 ans, j’ai pris mon café, juste en face, en imaginant que ce lieu, occupé alors par un restaurant, puisse devenir une galerie…Ma galerie. Le propriétaire du lieu voulait toutefois que l’activité de restauration subsiste. Même si elle ne faisait pas partie du concept d’origine, j’ai tout de suite trouvé intéressante cette idée d’associer une galerie et un restaurant, car c’est inédit sur la Côte d’Azur… Et puis, c’est un réel succès ! C’est un mariage d’activités des plus passionnants ! Quelle est votre équipe sur le projet ? Pour la galerie proprement dite, nous sommes 3 et pour l’activité restaurant il y a 5 personnes. C’est une mini entreprise déjà ! Quel est votre public cible ? La galerie étant nouvelle, le but est de toucher, dans un premier temps, une cible assez large, mais, sur le plus long terme l’objectif est de fidéliser un public averti qui saura qu’à la galerie les pièces sont de grande qualité. Tout en étant une jeune structure, quelles expositions avez-vous déjà organisé ? La première ex-

SEM-art is a brand new art gallery in the Principality, located in the district of the Carré d’Or. Safia Al-Rashid, the founder of the gallery and a very well-informed art collector too, wanted to share her passion for contemporary art and did it by imagining an open and innovative place. Sem-Art gallery unites the pleasures of the mind and the pleasures of good food and is therefore for lovers of the finest tastes. Interview. Can you explain the circumstances behind the creation of Sem-Art gallery ? I worked for three years on the conception of this project for a gallery. We are still very young given that we officially opened the gallery on 23rd June 2010. We display contemporary works of art: the place therefore had to be completely refurbished and the decor entirely rethought in order to correspond as close as possible with the project’s spirit. Originally, the place’s decor was very Art Nouveau. Now the style is minimalist and enables us to show the works of art in our 350 square metre showroom in a most flattering light. It is a very surprising and unusual art gallery. Truly welcoming and friendly! How did you come to the original idea to combine an art gallery with a restaurant ? I had my usual morning coffee every day for two years just opposite this place, which was a restaurant at the time, dreaming of being able to turn it into a gallery - my gallery. The owner however wanted it to stay a restaurant. Even if it wasn’t part of my initial concept, I immediately found it an interesting idea to associate a gallery with a restaurant, because it is a first on the French Riviera. What’s more, it is a big success! It’s indeed an exciting combination, marrying two passions ! How 10

position, qui s’est tenue à partir de juin, fut consacrée à l’art belge. Puis à partir du 10 août, la galerie a présenté une exposition monographique sur le travail de l’architecte designer israélien Ron Arad. L’exposition sur l’art français, inaugurée le 25 septembre, devait se terminer le 6 novembre, mais, face à la demande, elle est prolongée jusque fin 2010. Comment avez-vous effectué le choix du concept consistant à parcourir l’histoire de l’art de pays particuliers, plutôt que de travailler sur des esthétiques ou techniques spécifiques (design, sculpture, peinture…) ? Comme je suis belge, j’ai souhaité débuter les expositions de la galerie avec l’art belge. Et de là est venue l’idée de continuer sur ce côté « art géographique ». Chaque fois que l’on organise une exposition thématique sur un pays, on présente une perspective de son histoire de l’art sur les 50 dernières années, et c’est très intéressant d’avoir cet aspect géographique car cela procure un petit côté politique (et cosmopolite) en lien avec les personnes qui séjournent à Monaco. C’est un concept qui fonctionne bien, et c’est encourageant ! D’ailleurs, les représentants des pays dont nous présentons les panoramas artistiques soutiennent notre projet.

many people work here ? There are three of us working in the gallery and five people work in the restaurant. It is already a small company! What kind of public are you targeting ? Being new, our goal is to touch a quite wide public at first, but then in the long term our intention is to build up a loyal well-informed audience who will know that we offer high-quality works of art. Even though you’ve only just started, what exhibitions have you organised already ? The first exhibition, which was from June till the beginning of August, was dedicated to art from Belgium. Then, from August 10th, we had a solo exhibition by the Israeli architect and designer Ron Arad. The exhibition of French art, which opened on September 25th, should have ended on November 6th but we decided to extend it till the end of 2010 due to public demand. How did you decide on the concept of covering the history of art in specific countries instead of choosing from particular aesthetics or techniques such as design, sculpture or painting ? I am Belgian and wanted to start the exhibitions in the gallery with Belgian art. That’s where the idea came from to carry on with this kind of “geographic art”. Each time that we organise a thematic exhibition on a country, we show the works of art in a historical perspective embracing the last 50 years, which gives a political (and cosmopolitan) side to it related to the international population in Monaco. This concept is working very well; it is encouraging !

Vos expositions proposent des œuvres d’artistes renommés. Voulez-vous également donner leur chance aux artistes qui débutent ? Oui !...Et les suivre après l’exposition, car je ne veux pas faire des expositions pour oublier ensuite l’artiste. Le choix des œuvres et l’organisation reposent-elles essentiellement sur votre propre réseau, ou bien travaillez-vous avec des artistes curateurs ? Je suis collectionneuse et j’ai un réseau bien développé dans le milieu de l’art, mais pour certaines expositions, en effet, nous travaillons avec des curateurs spécialistes de l’art du pays concerné, qui ont pour mission d’en approfondir la connaissance artistique. En fait, le choix des artistes est pour moi particulièrement important, car avoir un bon feeling, apprécier le travail et la personnalité de l’auteur d’une oeuvre est primordial. D’ailleurs, j’ai commencé le programme d’expositions de la galerie avec Ron Arad, dont j’apprécie particulièrement l’œuvre : c’est le 1er artiste que j’ai collectionné. Vous avez déjà une programmation particulièrement riche. Quels sont vos projets pour 2011 ? Le but pour 2011, c’est de travailler sur une ou deux monographies, deux expositions géographiques et une exposition autour du design. En janvier donc, la galerie abordera la thématique de l’art contemporain Grec. C’est un art qui a une très longue histoire, comme l’art égyptien (qui fera l’objet d’une future exposition), et ses racines, sa sensibilité ancestrale, sont perceptibles jusque dans les œuvres récentes. Je prévois d’ailleurs, dans cette exposition, faire un petit clin d’œil à cet héritage. Car en fait, l’art vient d’un héritage, et c’est déjà dans cet esprit que j’ai travaillé avec l’exposition sur l’art belge : un art au long parcours qui va des primitifs flamands, passe par les surréalistes et va jusqu’aux créations les plus contemporaines…

Your exhibitions show the works of renowned artists. Do you also want to give a chance to young artists ? Yes, I do ! And I want to follow them after the exhibition too because I don’t want to show an artist’s work and then forget about them. In order to select the works of art and run the organisation itself do you essentially rely on your own network or do you work with artists and curators ? I am a collector and I do have a very well developed network in the art world but, for some exhibitions, we do indeed work with curators who are specialized in the art of the countries chosen; they have the mission of deepening the artistic knowledge on those countries. In fact, the choice of the artist itself is for me particularly important because what’s crucial is to have a good feeling and to appreciate the work and the personality of the artist. For that matter, I began the gallery’s exhibition programme with Ron Arad: his work really appeals to me, he is the first artist I collected. You already have an especially wide programme. What are your projects for 2011 ? My goal for 2011 is to work on one or two solo exhibitions, two geographic exhibitions and one exhibition about design. In January, the gallery will start with Greek contemporary art. It is an art that has a very long history, like Egyptian art (which will be at the centre of a future exhibition), and its origins and its ancestral sensitivity are tangible even in recent works of art. As a matter of fact, I plan to make a reference to this legacy in the exhibition. Art comes from a legacy. I had already that in mind when I organized the exhibition on Belgian art: it has a long history going from primitive Flemish art, via Surrealists, to the most contemporary creations of today.


P H O T O G R A P H I E Texte : Alexis Jama-Bieri • Traduction : Frédérique Martin • Photo : © Studio Harcourt Paris

STUDIO HARCOURT AU-DELÀ DES PHOTOS : LE MYTHE Naissance d’une Légende . . . Créé en 1934 par Cosette Harcourt, les frères Lacroix et Robert Ricci, Studio Harcourt Paris devient rapidement le passage obligé du Tout Paris. Ecrivains, peintres, chanteurs, acteurs tels que Marlène Dietrich, Salvador Dali ou Brigitte Bardot, sont venus poser au Studio Harcourt Paris. La signature Harcourt puise son inspiration dans les racines glamour du cinéma en noir et blanc. Rencontre avec Catherine Renard Directrice Générale Déléguée...

Pourquoi vous être spécialisés dans la photographie de portrait ? Cosette Harcourt, qui fut à l’origine du Studio de Portraits, était convaincue que la classe bourgeoise, qui à cette époque émergeait peu à peu, voudrait se faire portraiturer comme les nobles le faisaient par des grands peintres. Cette intellectuelle, avait une vision philosophique voire existentielle du portrait. D’où vient-on et où va-t-on ? Mais nous n’avons retenu que la partie visible, celle qui s’affichait dans les restaurants à la mode, les salles de cinéma, celle visible de tous : le portrait de célébrités, siglé Studio Harcourt Paris…Ces portraits qui ouvrent sur tout un imaginaire cinématographique… Comment définiriez-vous le style Harcourt ? Le style Studio Harcourt c’est en premier lieu une photographie volumétrique qui sort de son plan pour devenir une véritable sculpture grâce à un jeu de lumière. C’est également un cadrage, un format et la fameuse signature. Ce style résulte d’une technique en 4 étapes mise au point il y a plus de 75 ans : maquillage, éclairage, shooting, retouche et tirage.

sont alors ciselées par cet éclairage qui permet de sculpter.

sont en noir et blanc.

Cette utilisation, désormais, de la couleur à côté du noir et blanc est elle une logique évolution de vos réalisations dont le style « old school » fait tout le charme ? À sa naissance, l’homme ne voit qu’en noir et blanc, ce n’est que vers l’âge de 8 mois que le spectre coloré est peu à peu mis en place. Il y a donc un souvenir inconscient en noir et blanc qui reste intimement lié à l’enfance voire même à la naissance et donc à la vie…Nous sommes conscients que pour les nouvelles générations, le noir et blanc ne représente pas la même chose que pour les générations des années 50/60. Le côté « old school » n’est pas perçu comme tel. D’ailleurs de nombreux visuels, notamment pour des marques qu’affectionnent les adolescents d’aujourd’hui

Utilisez-vous des outils de retouche d’image pour palier les imperfections ? Depuis sa création, Studio Harcourt pratique la retouche, d’abord au pinceau sur le négatif et sur le tirage puis aujourd’hui essentiellement sur photoshop. Notre retouche n’est pas une retouche de lissage mais de réglage pixel par pixel des intensités de noir et de blanc afin de magnifier les traits du visage et accompagner au plus près le travail du maquillage.

Le passage au numérique a-t-il modifié votre technique de travail ? Nous sommes passés au numérique il y a plus de 3 ans. Cette technique a nous a permis de réintégrer l’étape du développement. De plus, les pixels réduisent considérablement la pollution chimique de la photographie. Utilisez-vous toujours la technique de l’éclairage Cremer, conférant l’atmosphère cinématographique si particulière à vos portraits ? Nous utilisons toujours des Cremer : un éclairage continu et des lentilles qui concentrent le faisceau lumineux. Ce n’est donc pas tant le Cremer qui est important mais la précision de l’éclairage, concentré, de faible intensité. Toutes les aspérités du visage

Studio Harcourt Paris was founded in 1934 by the Lacroix brothers, leading press barons at the time. Until the brothers split and pulled out of photography in 1968, the core of the studio’s work was for the illustrated press. Portrait work developed alongside this, the studio taking the portraits of numerous famous celebrities, work which was to become Studio Harcourt’s trademark. Interview with Deputy Chief Executive, Catherine Renaud.

the fifties and sixties. It isn’t seen as an “old school” style; so much imagery today, notably for brands that teenagers like, is in black and white.

Why are you specialised in portrait photography ? Cosette Harcourt, founder of the portrait studio, was convinced that the gradually emerging bourgeois class would want to have their portraits taken, just like nobles had had theirs done by great painters. She was an intellectual who had a philosophical – or you could even say an existential – understanding of portraiture. Where do we come from and where are we going? But we have only kept the visible part of this, which could be seen in fashionable restaurants and cinemas by all: celebrity portraits signed Studio Harcourt Paris. These portraits open up a whole cinematographic world.

switched to digital more than three years ago. This has allowed us to bring the development of photos back in house. What’s more, pixels reduce the chemical pollution of the photos enormously.

How would you define the Harcourt style ? Studio Harcourt’s style is first of all about photos that, thanks to the use of light, stand out of their backgrounds to become sculptures. It’s also about the framing, the form and the famous signature. The style comes from a four-step process that was developed over 75 years ago: make-up, lighting, shooting, retouching and printing.

You have started using colour as well as black and white – does this follow logically from your traditional approach whose charm was its “old school” style ? At birth, we can only see in black and white; it’s only around the age of eight months that sensitivity to colour starts to develop. We therefore have subconscious memories in black and white that remain intimately linked to our childhood, or even our birth and so to life itself. We are aware that, for more recent generations, black and white doesn’t have the same meaning as for the generations from

Has the switch to digital changed your methods of working ? We

Comment se déroule une séance photo dans vos studios ? Une hôtesse vient vous accueillir en soulevant un coin de lourd rideau rouge et vous amène dans la grande pièce, sorte de salon au parquet, canapé et fauteuils anciens, où, vous pouvez vous asseoir en dégustant une coupe de champagne en attendant la prise de vue. Chaque pilier soutenant les voûtes de la salle arbore les portraits des stars des années 1940 à 2010. Au fond de la pièce, vous trouvez une alcôve : C’est ici que vous choisirez plus tard les clichés pour votre portrait. Un autre signe accentue l’impression de vivre un moment solennel et exceptionnel : c’est l’enseigne lumineuse « Silence ». Silence, ça tourne… Vous n’êtes plus très loin des plateaux de cinéma et de leur aura… Mais d’abord, il vous faut passer par le salon de maquillage. Vos rêves enfantins de magie se confirment : le salon de maquillage est un néo boudoir inspiré par le film de Jean Cocteau, La Belle et la Bête. Vous êtes dans l’ambiance…Maquillage, essayage des vêtements, pose…Voilà pour la séance. Ensuite vous choisissez en présence de l’équipe le portrait, celui qui fera l’objet de toutes les attentions pour la retouche puis le tirage, numéroté. Votre oeuvre, celle dont vous êtes l’acteur…

Do you still use Cremer lights, which give such a particular cinematic ambiance to your portraits ? Yes, we still do use Cremer lights: a continuous light source and lenses that concentrate the beams. It’s not the Cremer lights themselves that are important but rather the precision of the lighting, concentrated and low intensity. The light removes all of a face’s imperfections, making the subject look more beautiful.

Do you use tools to retouch your images and remove imperfections ? From the beginning, Studio Harcourt has retouched its photos, first using a paintbrush to modify the negative or the print itself, today all that can be done on Photoshop. We don’t smooth out features, we regulate the intensity of black and white pixel by pixel to enhance a face’s traits and support the make-up as best as possible. How does a typical photo session go at the studio ? You are welcomed by a hostess, who lifts up the corner of a heavy red curtain and leads you into a large room, a kind of parquet-floored lounge with sofas and old armchairs. While you sit down and wait for your photo to be taken, you can savour a glass of champagne. Every pillar supporting the ceiling is decorated with photos of stars from the 1940s to the present day. At the far end of the room there is an alcove, this is where you will pick the shots for your portrait later on. There is also a lit-up sign reading “silence” – silence, film shoot in progress – this accentuates the special moment you are experiencing. You are not far from film sets and their aura. But first of all you need to go into make-up. Your childhood dreams will come true – the make-up room is a boudoir inspired by the Jean Cocteau film, Beauty and the Beast (La Belle et la Bête). Make-up, costume, pose! Et voilà! After the shoot, you will choose your portrait with the team who will then do the retouching and print your numbered portrait. Your work of art, in which you are the actor… 11


A R T Texte : Alexis Jama-Bieri • Photos : DR

NOUVEAU MUSÉE NATIONAL DE MONACO L’ART DYNAMIQUE

En entrant dans ces lieux, au-delà du tumulte que raconteraient les murs, l’esprit apaisé peut contempler les oeuvres peuplant ces espaces. Ici enfin, la vie réinterprétée sur cimaises s’impose. La Principauté a réuni deux villas en un seul établissement : Le Nouveau Musée National de Monaco. Sauber et Paloma dialoguant en un étrange et passionnant rapport de séduction. Séduction entre les esthétiques, les œuvres, se dévoilant au visiteur, qui d’emblée s’abandonne au chant de Circé orchestré avec maestria par les artistes. Ces deux visages du musée proposent chacun deux expositions par an, destinées à valoriser un patrimoine méconnu et à favoriser la découverte de la scène contemporaine. Marie-Claude Beaud s’est vu confier par la Principauté, en 2009, la direction de ce projet dédié à la culture et à l’art, après avoir présidé à la destinée de nombreuses institutions prestigieuses de l’art contemporain (Fondation Cartier pour l’art contemporain, American Center à Paris, musées de l’Union Centrale des Arts Décoratifs, Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean à Luxembourg). Refusant tout type de cloisonnement, elle défend un art constitué de rencontres et de confrontations, entre formes, qu’il s’agisse notamment d’art contemporain, d’arts appliqués, de graphisme, d’architecture ou de mode, et entre art et public. Interview.

Comment êtes-vous arrivée à Monaco et pourquoi ? Qu’estce qui vous a plu dans le projet de Monaco ? Je suis venue en Principauté, il y a 6 ans, car SAR la Princesse de Hanovre m’avait demandé de repenser le prix d’art contemporain de la Fondation Prince Pierre pour le revitaliser. J’avais par ailleurs un pied dans l’histoire de Monaco car je fus membre du jury pour la sélection de Jean-Michel Bouhours, mon prédécesseur au musée. Lorsque la Principauté m’a proposé de venir prendre en charge le musée, je connaissais alors la vie à Monaco, le pays, le musée, je savais comment ça fonctionnait et je n’ignorais pas la situation, notamment que le musée en mer ne se ferait pas. Et je trouvais qu’en fin de carrière, c’était particulièrement intéressant de développer un projet avec un potentiel important. Je me suis donc donné 3 ans pour atteindre mon objectif avec ce musée. Comment avez-vous conçu le projet du NMNM ? Je suis arrivée l’année dernière sur ce projet. Il y avait déjà une équipe qui existait, j’ai donc juste posé la question, en arrivant, de la mise en cohérence d’un ensemble de musées répartis sur deux villas. Pour la Villa Paloma, l’architecte était déjà choisi par mon prédécesseur et le projet était une préfiguration de musée en mer. À la villa Sauber, la collection « de Galéa » (poupées et automates, ndlr) avait laissé place à l’exposition consacrée aux ballets russes. En réfléchissant avec l’équipe, on s’est dit qu’il y avait 2 thématiques à aborder, en lien avec Monaco : les arts du spectacle (tradition de Monaco) et tout ce qui concernait la nature et le paysage, car la vision qu’on a de Monaco peut paraître contraire à celle d’un paysage, même si c’est un paysage. À partir de là nous avons lancé l’élaboration du 12

projet, en matière de collection, de ce qu’on présente au public et déterminé comment et avec qui l’on travaille. Pour moi un musée c’est un véritable projet, et pas un lieu simplement mis à disposition de personnes qui ont des idées pour faire des expositions. Quelle est la spécificité du public Monégasque ? Ce public n’a pas de spécificité, il est très varié, pas forcément connaisseur en art au départ et parfois superficiel. Mais il y a sur ce territoire des individualités incroyables ! En revanche, il existe une image facilement caricaturale de Monaco liée à un côté bling bling associé à un imaginaire de casino et de luxe ostentatoire, mais l’art peut se reconnaître aussi dans tout ça : des artistes jouent au casino, donc tout est lié quelque part. Particulièrement, des lieux comme le casino développent-ils des partenariats avec vous ? Ce sont des lieux incroyables ! Le casino serait évidemment un partenaire naturel, si on faisait notre projet d’exposition autour de Marcel Duchamp, fin connaisseur des casinos. Ce sont des lieux patrimoniaux uniques, à l’image de Monaco ? J’espère en tout cas que la Principauté saura conserver ces lieux patrimoniaux, même le patrimoine moderne, et les préserver pour éviter qu’ils disparaissent totalement... Il n’y a pas encore de procédure de classement des bâtiments, mais il y a quelques frémissements encourageants de ce côté là. Par exemple, à proximité de la Villa Paloma, il y a l’ancien musée d’anthropologie préhistorique, qui date des années 60 : il va être restauré fin décembre pour être ensuite rouvert au public.

Ces bâtiments sont incroyables, très bien dessinés avec de grandes baies vitrées et s’intègrent intelligemment dans leur environnement. D’ailleurs l’architecture a une place importante à Monaco. Comment vous est venue l’idée, le concept de votre exposition actuelle « La carte d’après Nature » ? Certains vont peut-être trouver cette exposition trop intellectuelle, mais le public peut l’apprécier sans pour autant connaître le travail de Thomas Demand ou celui de René Magritte. Elle permet, avec ses liens visibles, réels, une nouvelle lecture de Magritte, confronté ici aux autres artistes. Tout se tient et interagit : Il y a des oeuvres de différentes techniques, médiums, pays ou générations, mises en symbiose. Thomas Demand était pour cette exposition le meilleur curateur possible. Il a établi tout son travail sur le faux, le vrai, la représentation, et le paysage, une thématique qui l’habitait depuis longtemps. Il y a un rapport important ici au paysage et à la mer. Il a eu toute liberté et nous ne sommes pas intervenus dans ses choix artistiques. Il est très généreux - c’est un collectionneur (et les artistes collectionneurs ont un autre regard) : il digère l’art pour mieux le restituer au public. Tout est lié dans ce projet, car Demand collectionne les oeuvres de Luigi Ghirri, à cause de Magritte, dont Ghirri était passionné, et ça se voit sur ses photographies. Et puis, il y a toujours une part d’imprévus heureux dans la genèse d’un tel événement. Par exemple, ma rencontre fortuite chez Colette à Paris avec Charly Herscovici l’ayant droit de René Magritte, que je connais depuis très longtemps, qui nous a permis de présenter des œuvres de Magritte dans l’exposition.


Ouverture Villa Paloma

LA CARTE D’APRÈS NATURE

une sélection d’artistes par Thomas Demand Kudjoe Affutu, Saâdane Afif, Becky Beasley, Martin Boyce, Tacita Dean, Thomas Demand, Chris Garofalo, Luigi Ghirri, Leon Gimpel, Rodney Graham, Henrik Håkansson, Anne Holtrop, August Kotzsch, René Magritte, Robert Mallet-Stevens, Jan et Joël Martel et Ger Van Elk

18 septembre 2010 - 22 février 2011 56, boulevard du Jardin Exotique - Monaco

AVEC LE SOUTIEN DE LA FONDATION RENÉ MAGRITTE - BRUXELLES Luigi Ghirri - Ferrara 1981 da Topographie-Iconographie (détail) - Paola Ghirri © eredi di Luigi Ghirri - La carte d’après Nature, d’après un concept original de René Magritte (1952)- © Charly Herscovici - Bruxelles - Conception : Colibri


Quel rapport à l’art avez-vous souhaité créer avec le public ? Une exposition, c’est une rencontre avec l’imaginaire des gens. Tout est lié à un complexe système mental - j’aime beaucoup ce que dit François Morellet : « chaque visiteur vient avec son piquenique ». Il a raison, on vient avec son pique-nique, on le développe quand on regarde une exposition et c’est ça le but d’un tel événement, c’est que le public développe sa propre culture et comprenne, avec ses acquis, ce qui se passe en face de lui. Il y a plusieurs niveaux de lecture, et c’est ce qui est riche !

LA CARTE D’APRÈS NATURE

LOOKING UP...

Une sélection d’artistes par Thomas Demand

Yinka Shonibare, MBE

Jusqu’au 22 février 2011 Villa Paloma • 56, boulevard du Jardin Exotique • Monaco

Jusqu’au 30 avril 2011 Villa Sauber • 17 avenue Princesse Grace • Monaco

Avec Kudjoe Affutu, Saâdane Afif, Becky Beasley, Martin Boyce, Tacita Dean, Thomas Demand, Chris Garofalo, Luigi Ghirri, Leon Gimpel, Rodney Graham, Henrik Håkansson, Anne Holtrop , August Kotzsch, René Magritte, Robert MalletStevens, Jan et Joël Martel, Sigmar Polke et Ger Van Elk.

Un dialogue entre l’imaginaire des collections des arts du spectacle monégasques et l’univers d’un artiste anglo-nigérian.

Ouvert tous les jours de 10h à 18h • Entrée : 6 € Gratuit pour les moins de 26 ans. Billet couplé Villa Paloma-Villa Sauber : 10€

Vue d’exposition La carte d’après Nature Nouveau Musée National de Monaco - Villa Paloma © NMNM par Adrien Missika, 2010

Entrée gratuite les premiers dimanche de chaque mois à partir du 2 janvier 2011. Visites Guidées Gratuites

Exhibition view La carte d’après Nature Nouveau Musée National de Monaco - Villa Paloma © NMNM by Adrien Missika, 2010

When you enter, put the turmoil its walls tell to one side and contemplate the works of art around you peacefully. Here at last, life is reinterpreted in the pictures on display. The Principality has joined two villas into one : le Nouveau Musée National de Monaco. The Sauber and Paloma villas communicate in a flirtatious, mysterious and fascinating way. Charmed by the aesthetics and the works of art, you will at once give yourself up to the Circean melodies orchestrated brilliantly by our artists. Each of the two faces of the museum offers two exhibitions a year, with the intention to highlight little-known cultural heritage and favour the discovery of contemporary art. After being in charge of the destiny of numerous prestigious contemporary art institutions like the Fondation Cartier pour l’art contemporain, the American Center in Paris, the Union Centrale des Arts Décoratifs’s museums and Le Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean in Luxembourg, Marie-Claude Beaud was entrusted in 2009 by the principality with the running of this project dedicated to culture and art. Rejecting all kinds of cultural barriers, she champions a form of art composed of encounters and confrontations between different types of expression whatever they are : contemporary art, decorative arts, graphic arts, architecture or fashion, and between art and the public. Interview. When did you arrive in Monaco and why ? What appealed to you in the project ? I came to the principality 6 years ago when HRH the Princess of Hanover asked me to rethink the Prince Pierre Foundation Prize for contemporary art in order to give it a new look. I had already played a part in Monaco’s history because I was a member of the interview panel that selected Jean-Michel Bouhours, my predecessor. When the principality asked me to come and take charge of the museum, I already knew Monaco, life here, the country, the museum ; I knew how everything worked and I was perfectly aware of the fact that the sea museum would not happen. And I also thought that, at the end of my professional career, it was a particularly interesting opportunity to develop a project with a lot of potential. I gave myself three years to reach my goal with this museum. How did you think up the NMNM project ? I started working on it last year. A group of people was already thinking it over, so I simply questioned the overall coherence of a museum involving two separate spaces. My predecessor had already selected the architect for Villa Paloma, and it was planned to be a sea museum. At Villa Sauber, an exhibition on the Russian ballets had taken over from the Galea collection (puppets and automatons, Ed.). By thinking it over with the team, we reached the conclusion that these two themes had to be broached in relation to Monaco : performing arts (one of Monaco’s traditions), and everything linked with nature and landscape because the vision people have of Monaco can appear quite contrary to one of the landscape and 14

there are encouraging signs in that respect. For instance, close to Villa Paloma, the old prehistoric anthropology museum from the sixties is being restored before being re-opened to the public at the end of December. Its buildings are truly astonishing, very well designed, with big windows, and fit really well into the surrounding environment. Actually, architecture is an important part of Monaco.

yet it is one. From there, we worked out, in terms of collections, what we would display to the public, and we decided on how and who we would work with. For me, a museum is a real project in itself, not a mere place put at some people’s disposal just because they have ideas for organising exhibitions. Is there anything particular about the Monegasque public ? There’s nothing particular about it. People here are very diverse. They are not necessarily connoisseurs of art at the start and they can sometimes be superficial. But you can also find incredible characters ! On the other hand, some people tend to caricature Monaco because of its bling side which is linked to people fantasising about casinos and ostentatious luxury, but art can be all that: some artists gamble at the casino ; everything is connected somehow. Talking about that, do places like the casino develop partnerships with you ? Casinos are amazing places ! The casino would naturally be an obvious partner if we were to hold an exhibition on Marcel Duchamp who was a connoisseur of casinos. Are they special places of cultural heritage, like Monaco itself ? To be honest, I hope that the principality will preserve its patrimony, even its modern buildings, to prevent it from disappearing totally. There isn’t a system for listing buildings on a historical register here yet, but

How did you come up with the concept of your current exhibition “La carte d’après Nature” ? Some will maybe find this exhibition too conceptual, but the public can still appreciate it without necessarily knowing Thomas Demand’s or René Magritte’s works. Thanks to clearly obvious links between the works of art, Magritte, juxtaposed here with other artists, is given a new interpretation. All the works are connected and interact : different techniques, media, countries or periods. Thomas Demand was the best curator possible for this exhibition. He has based all his work on the false and the true, representation and landscape, a theme that has haunted him for a long time. There is an important relationship with the landscape and the sea here. He had a free hand and we never intervened in his artistic choices. He is very generous – he is a collector (artists who are also collectors have a different point of view) : he takes art in to give it back to the public. Everything is connected in this project : Demand collects works by Luigi Ghirri because of Ghirri’s fascination with Magritte, which you can see in his photographs. What’s more, the origins of such a project always have some serendipitous elements to them. For example, I fortuitously bumped into a long-time friend, Charly Herscovici, at Colette’s in Paris, who happens to be the beneficiary of Magritte’s estate and who gave us permission to show some of Magritte’s works for the exhibition. What relationship do you want to create between the art and the public ? An exhibition is an encounter with people’s imaginations. Everything is linked to a complex frame of mind – I really like what François Morellet said : “each visitor comes with their own picnic”. He’s right: people come with their picnic and add to it as they walk through the exhibition. The goal of such an event is for the public to develop their own cultural knowledge and, using their existing acquired knowledge, understand what is going on in front of them. There are numerous possible interpretations to art – which is what makes it so rich !


M U S I Q U E Texte : Sound Galleries • Photos : DR

SOUND GALLERIES TECHNO SOUND At Sound Galleries we have a single goal in mind. That is to recreate the sound of real musicians playing in front of you from recorded music.

Taking the most common format for recorded music today, the Compact Disc, as an example, just imagine how amazing it would be if every single disc you owned now, or acquired in the future, would enable you to recreate the performance, as though it were being performed live in front of you by the musicians. That would be almost magical. Amazingly it is achievable, if you take the right approach to selecting your audio system. Audio systems capable of achieving this are relatively rare and hard to come by. The most commonly available systems may create a pleasant enough sound, that reminds you of the music. In reality, though, the next time you find yourself at a live performance, if you compare it to the experience of listening to music at home, you will usually find the two are worlds apart. Most people have a tendency to compensate for this, by lowering their expectations when playing music at home. They put live music in one mental compartment and the sound of their home system in another. At Sound Galleries we want to encourage you to raise your expectations for recorded music, and all we ask is that you compare our systems to live music. Although systems which can get you that close to live music tend to be relatively expensive, even our most modestly priced systems will recreate the essential elements of music making, and will stand comparison to live music. At the same time it is possible to spend vast sums on High-End Audio equipment and not get anywhere near that goal. The key is in getting the recipe right. When the recipe is right the result is startlingly lifelike and the sound of the instruments is three dimensional. Within a Home Cinema system, the best Flat panel displays or projection systems can present a visual image that appears almost three dimensional; but we are always aware this is an illusion, taking

example we favour wide bandwidth speakers, where a single speaker driver handles most of the frequency range. This avoids any crossing over between a woofer and tweeter, and the discontinuities and damage this does to the music. Wide bandwidth drivers are relatively rare and expensive. Fortunately though, there is a growing trend to incorporate them in modern designs. The result is systems that truly respect the music and achieve the full potential of these designs. This is something that has to be heard to be appreciated.

place on a two dimensional plane. This is not so when it comes to the best sound systems. They can recreate a sonic image which is far more convincing, and this is true of the best two channel stereo systems. Surround sound systems, if correctly implemented, can take this even further. What can be achieved in realism of sound reproduction is far in advance of anything currently attainable from the visual element of movies. In fact, one famous movie director is known to have said that sound is at least seventy five percent of a movie. If you don’t believe it, try turning the sound off while watching any film. This is why at Sound Galleries, although we love movies too, we put the sound first. If your sound system forms part of a home theatre set-up, your enjoyment of movies will be greatly enhanced if you select the finest possible audio system first. This is especially true of concert performances and opera. We believe that part of getting the recipe right involves going back to design principles from the earlier days of audio, combined with current design techniques and the latest materials. For

C D

Your investment in a high quality, serious audio system, is actually an investment which will greatly increase the value and pleasure you derive from every recorded performance you own, and will own in the future. If, like me, you enjoy being adventurous in trying out new forms of increasingly challenging and interesting music, you will also find that a better system will make it easier for you to learn to appreciate new forms of music. We encourage you to bring your favorite recordings that you are most familiar with to Sound Galleries to try out whichever systems and components you would like to hear from our selection. We love all types of music, so whatever you care to bring along will be just fine with us, and we welcome the opportunity to be introduced to new music by our customers. If you can include some recordings of acoustic instruments in a natural space in your selection it will probably make it easier for you to judge the products you are testing. We look forward to welcoming you for listening sessions at Sound Galleries. Sound Galleries • 11 rue de la Turbie • 98 000 Monaco Tél : +377 97 98 32 60 www.soundgalleries.com

R E V I E W S

Texte : Steeve Grandsire • Photos : DR

Sufjan Stevens The age of Adz (Asthmatic kitty / Differ-ant)

Sufjan Stevens est le genre d’artiste sur lequel nous détestons écrire tant son talent est démesuré, sa vie est remplie et tant son actualité est en perpétuel mouvement. Impossible d’écrire 2 lignes sans que quelque chose de nouveau le concernant vous arrive aux oreilles et sans que l’on découvre une nouvelle donnée sur lui. En 10 ans, ce ne sont pas moins de 27 collaborations et participations diverses et surtout 11 disques édités : Le jeune homme serait-il hyperactif ? Nous constatons surtout qu’il a beaucoup de choses à raconter, des jolies choses, bien entendu. Pour sa dernière production Sufjan s’éloigne un peu de l’acoustique pour laisser place à ses boîtes à rythmes. Une chose est sûre et irréfutable, il est l’un des plus talentueux mélodistes du moment. Mais prenez garde ! Même si ses titres ne sont plus si évidents que sur les anciens albums, nous les apprécions tout autant. C’est dit !

The Thermals Personnal life (Kill rock stars / Differ-ant)

Si vous cherchez l’évidence musicale en ce moment alors ce disque est pressé pour vous. The Thermals délivrent un rock-pop-punk américain simple et minimal mais absolument pas ennuyeux. Ils en sont à leur cinquième production, c’est pour cette raison qu’ils ont acquis cette capacité à produire des titres allant à l’essentiel. À la découverte de ce disque, il nous vient les mêmes sensations qu’à l’écoute des disques de Nada Surf, à savoir une capacité à séduire de suite par simplicité. Le trio a su s’entourer d’un excellent producteur, Christopher Walla, qui a entre autres travaillé avec Death cab for cutie, The decemberists, Hot hot heat et Nada Surf (comme par hasard). Les amateurs de Weezer y trouveront aussi leur compte à coup sûr.

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M U S I Q U E Texte : Steeve Grandsire • Photos : DR

ED HARCOURT « LUSTRE » : UNE MUSIQUE QUI FAIT BRILLER LES YEUX Aux multiples influences passées au shaker, mélodieuse et surlignée d’une voix captivante, la musique d’Ed Harcourt, lie Jazz, Blues, Pop, indie…et monde de l’image. Après avoir collaboré avec le trompettiste de Jazz Erik Truffaz, Ed Harcourt nous divulgue en 2010 une facette supplémentaire de son Art, au fil des «chapitres» de son cinquième album « Lustre » (Differ-ant). À écouter avec un verre de bon vin. Interview.

Steeve : Vous nous aviez habitué à sortir un album tous les deux ans, mais pour quelles raisons avez-vous attendu si longtemps (quatre ans fut une éternité pour moi) entre « The beautiful lie » et « Lustre » ? Ed : J’avais besoin d’une petite pause. J’étais dans une période assez transitoire et j’avais besoin de changements. J’étais aussi très occupé, principalement par plusieurs films, le tourisme, l’écriture et la production... J’ai aussi préparé un best of qui a sonné ma séparation avec EMI. En fin de compte je n’ai jamais arrêté de faire de la musique et j’ai décidé de sortir un nouvel album, l’année dernière, avec le magnifique Ryan Hadlock (ndlr : Metric, Blonde Redhead, Ra Ra Riot, The Gossip...) S : Quelles ont été vos sources d’inspiration pour l’écriture de «Lustre»? E : Je suppose que les réelles inspirations ont été la protection, l’amour et l’auto-désapprobation. Protection d’une famille peut-être car, depuis que je suis devenu père, j’ai développé un certain état d’esprit néandertalien de chasseurprotecteur. J’aime l’idée d’être un patriarche ! Bien sûr je

ou artistes français essentiels ? E : C’est très gentil de la part de 1973. Mes artistes français favoris sont : Satie, Debussy, Serge Gainsbourg, Edith Piaf, Camille, Phoenix, Erik Truffaz ou encore Yann Tiersen. S : Je suis sûr que vous pouvez être fier de tous vos différents albums, mais quelles sont vos impressions à propos du dernier ? E : Il est encore plus personnel, c’est plus moi. Il n’y a aucune tromperie.

préfère ne pas divulguer mes sources profondes d’inspiration, je laisse ça aux analystes. S : Quelle est l’origine du titre de votre dernier album ? Que signifie-t-il ? E : C’est une image des yeux qui brillent à cause des lumières, et, lorsqu’ils brillent c’est qu’ils ne sont pas morts. S : Le groupe pop française, appelé «1973», vous considère comme un artiste principal, un artiste majeur ? Quelles sont vos groupes

S : Comment avez-vous l’intention de présenter vos nouvelles chansons sur scène? Seul, avec un orchestre, dans de petits ou de grands lieux ? E : Ça dépend vraiment ! Je n’ai pas réellement de choix en la matière. La décision est entre les mains du public (Ed attend les ventes de disques et la réaction de la presse). Personnellement je voudrais présenter l’album avec un grand orchestre. J’ai eu l’occasion de jouer avec un orchestre de 8 personnes sur scène, avec les sœurs Langley aux violons et aux chants : j’aimerais apporter cette ligne en France. Prions pour que cela puisse se faire !

M U S I Q U E Texte : Alexis Jama-Bieri • Photos : DR

DARWIN DEEZ BABA POP Un jeune américain frisé, au look d’ado post baba cool, grandi dans le Sud US et s’épanouissant dans le Nord, opère la synthèse des cultures pop et électro avec ses compositions hypnotiques : l’oeuvre d’un gourou des notes que l’on ne peut pas faire autrement qu’écouter.

La musique se construit, se développe à partir de croisements et d’expérimentations telle l’entreprise d’un alchimiste qui, à la recherche de la pierre philosophale, marie les éléments pour tenter d’atteindre la perfection et la félicité proche des dieux. Démiurge des notes et du son, il crée alors la genèse d’une oeuvre personnelle, élément d’un univers stylistique qu’il concourt à améliorer. Plongé dès son plus jeune âge dans l’univers de la musique, par des parents «baba lovers», qui l’alimentent en disques et lui offrent, dès 11 ans, sa première Fender stratocaster. Darwin Deez se forge très rapidement un univers propre, parfois solitaire, mais constamment ouvert aux découvertes, rencontres et influences artistiques nouvelles. À 12 ans, il forme son premier groupe Rock, mais, avide d’expérimenter des nouveautés musicales que les seuls instruments traditionnels du Rock ne pouvaient plus lui procurer, il se tourne vers la musique électronique et l’univers infini qu’offrent échantillonneurs, boîtes à rythmes et tout équipement de création synthétique. À 18 ans, pourtant, il 16

redécouvre les possibilités, ici aussi très vastes, de la création musicale avec la guitare comme base : un retour aux sources du Rock, en quelque sorte… Eden n’est pas très loin. Au moment de ses études universitaires, qu’il fuit rapidement, il se lance dans la composition Lo Fi avec un simple clavier casio comme compagnon de débauche musicale et s’essaie à la scène dans les bars anti-folk de New York, spécialement au Sidewalk Café dans l’East Village … De cette orgie créatrice va naître son 1er album aux 13 titres d’une pop optimiste et groovy, enregistré at home : un travail d’artisan, orfèvre des mélodies… À suivre d’une attentive oreille… Pour preuve, vous pouvez actuellement entendre l’euphorisant Radar detector, single tiré de cet album, qui illustre la nouvelle publicité Nokia.


M U S I Q U E Texte : Alexis Jama-Bieri • Traduction : Frédérique Martin • Photo : Crapaud Mlle

YÉ-YÉ DEUXIÈME ALBUM : « MY TRAP »

Yé-Yé c’est d’abord la réunion de deux musiciens curieux et novateurs aux accents de pop électro chamarrée. Fabrice Hubert (ex Tahiti 80) et David Leloup, amoureux des sons synthétiques vintages… et pas seulement…, reviennent avec leur second album « My Trap » (Anoraksupersport / Chezlegrandbag / Différ-ant) fraîchement disponible dans les bacs. Interview.

Yé-Yé a 10 ans. Comment s’est développé votre concept artistique ? Fabrice : Nous avons démarré Yé-Yé car on avait l’impression de tourner en rond avec nos groupes pop plus classiques. Donc pas de concept pour Yé-Yé mais un propos artistique qui oscillerait entre Madchester, la pop 80’s, les musiques de films, la House, tout ça mis dans un grand sac (j’ai pas dit bag !) foutraque. David : On a toujours été fan de pop anglaise, et la démocratisation des samplers avec l’usage créatif qu’en ont fait certains (Daft Punk, Dj Shadow) nous a poussé à expérimenter. On s’est mis à réécouter tous nos disques pour trouver des boucles utilisables. Une boucle était souvent le point de départ d’un morceau. Comment s’est réalisée la genèse de votre nouvel album «My Trap» ? F : Très vite nous nous sommes rendu compte que l’album se dirigeait assez naturellement vers quelque chose de pop qui nécessitait les talents d’un chanteur et c’est comme ça que nous avons contacté Sice, qui a accepté très rapidement,

Yé-Yé is a group made of two curious and innovative musicians who play colourful pop electro music. Fabrice Hubert (ex-Tahiti 80) and David Leloup are in love with vintage synthetic sounds, but not only that, and are coming back with their second album, out now, entitled “My Trap» (Anoraksupersport/Chezlegrandbag/Différ-ant). Interview. Yé-Yé has been around for ten years now. How did it all start ? Fabrice : We started Yé-Yé because we had the feeling at the time that we were going round in circles in our respective pop groups. So we didn’t really have a concept in mind but rather the intention to create music inspired by different influences such as Madchester, eighties pop, film soundtracks, house music, like a big messy jumble. David : We have always been absolute fans of British pop, and when artists like Daft Punk or DJ Shadow started using samplers, we felt encouraged to experiment too. We set out to listen to all our tracks again in order to find sounds that we could use. Each one we found was the starting point of what would become a new track.

après avoir écouté nos maquettes. Ensuite, on a demandé au fur et à mesure, suivant les morceaux et ce qu’on imaginait, et du coup d’autres personnes sont venues travailler avec nous.... C’était vraiment cool !! On a enregistré cet album entre Oxford, Bruxelles, Reims, Paris et Rouen et on a bien fait la fête aussi en rencontrant plein de monde !

jet, en tout cas à nos yeux. On a essayé de les pousser dans leurs retranchements pour qu’elles donnent le meilleur d’ellesmêmes !!! D : pour le côté machine à tubes, on aime les trucs « catchy » depuis toujours, ceux que tu siffles sous la douche. On essaie sans doute de le retranscrire dans nos morceaux…

En fait, votre groupe est un réel « Meltin pot », entre cultures diverses, puisque participent notamment à « My Trap » : Sice (ex-Boo Radleys), Mark Gardener (ex-Ride), Jon Auer (The Posies), Helena Noguerra, La maison Tellier, Wilfried Schaeffer (Maarten)… Est-ce justement cette adjonction, peut-être hétéroclite, d’univers différents, qui confère à votre album sa texture si vivante…et en fait une véritable machine à « tubes » ? D : Sice, qui est présent sur 9 titres a été emballé dès le début. Il nous a trouvé des super lignes de voix. Le duo avec Helena s’est imposé naturellement. On avait envie d’un duo entre un vieux beau (à la Gainsbarre) et une jeune bombe !! F : Toutes ces personnes étaient complémentaires pour ce pro-

Votre album étant particulièrement travaillé au niveau du mixage du son, pensez-vous pouvoir restituer son univers musical et ses sonorités en Live ? F : En live on a voulu une approche très différente en formant un vrai groupe de 4 personnes qui interpréteraient à leur façon les morceaux de l’album, une sorte de relecture faite par un autre groupe. Le chanteur live, David Feron, n’a pas participé aux enregistrements et il apporte quelque chose en s’appropriant les morceaux. On ressemble presque à un « cover band. Et c’est clair qu’en live il y a beaucoup plus de punch au niveau des sons avec des gros kicks de batterie, des basses électro, et une guitare omniprésente. Au final, c’est une autre option : l’album aurait aussi pu sonner comme ça !

How did your new album “My Trap” come into being ? F : We very quickly realised that this album was quite naturally heading for a pop sound and that we therefore would need a singer. That’s how we got in touch with Sice, who accepted the project, straight after listening to our demos. Then we asked one person after another, depending on each track and what we imagined for them; as a result, a lot of people ended up working with us. It was great ! We recorded this album between Oxford, Brussels, Rheims, Paris and Rouen and we partied hard and met a lot of people in the process !

chap (à la Gainsbourg) and a hot young chick ! F : All these people were complementary to this project, in our eyes anyway. We tried to drive them hard to get the best of everyone. D : It’s true that we’ve always liked catchy melodies, the ones you hum in the shower without noticing. We probably try to get the same result for our songs.

Your group is in fact a real melting pot, bringing together different cultures, as on the album we can find: Sice (ex-Boo Radleys), Mark Gardener (ex-Ride), Jon Auer (The Posies), Helena Noguerra, La maison Tellier, Wilfried Schaeffer (Maarten). This mixture of different musical universes gives “My Trap” a very lively texture; is it what makes it an authentic hit machine ? D : Sice, who sings on 9 tracks, was thrilled from the very beginning. He found some great vocal lines. The duo with Helena came naturally: we wanted a duo made up of a handsome old

You worked a lot on mixing the sound for your album, so how do you think you’re going to reproduce its richness and melodic tones when you perform live ? F : For our live performances we have a band of four people, and we all interpret each track of the album in our own way as if we were playing another band’s music. The singer for the gigs, David Feron, didn’t take part in recording the album, and he brings something different by making the songs his own. It’s almost as if we were a cover band. And it’s obvious that our sound is much stronger live: the percussion is powerful, the beats definitely sound electro, and the guitar is omnipresent. In the end, it’s a new sound; but the album could have sounded just the same !

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C I N É M A Textes : Le Pacte Distribution (Faites le mur) • UFO Distribution (We are Four lions) • Photos : DR

Faites le mur Art « contempurbain » Sortie le 15 décembre 2010

de Banksy Le Street art, art de garnement ? Le street art est l’un des courants de l’art contemporain les plus subversifs, une sorte de réponse de la rue aux sollicitations urbaines par le façonnage, la « customisation » du paysage urbain, avec pour ambition de susciter, sinon la révolte, du moins l’étonnement ou la controverse. RENCONTRE AVEC BANKSY Connu pour ses œuvres sur le mur de séparation entre la Palestine et Israel et ses installations sauvages dans les plus grands musées du monde, Banksy, artiste graffeur anglais, propose au travers de ses œuvres, d’avoir un regard différent, drôle et incisif sur les messages publicitaires qui envahissent l’espace public. Pour lui, les véritables vandales de notre société sont ceux qui construisent des immeubles plus hideux les uns que les autres et non ceux qui dessinent sur leurs murs. Avec ce premier film, il suit notamment l’excentrique français Thierry Guetta, businessman converti au street art. Pourquoi vous êtes-vous exprimé avec le graffiti ? Si jamais vous êtes du genre à vous ennuyer au musée, vous ne vous ennuierez plus du tout

We are four lions

si vous y venez avec votre propre œuvre dissimulée sous votre manteau et que vous l’accrochez clandestinement quelque part. Et même si vous ne faites pas un dessin destiné à enrayer la misère du monde, vous pouvez réussir à arracher un sourire à quelqu’un ! Quelle a été votre formation ? J’ai fait de la peinture à l’école, mais ensuite, je n’ai pas suivi d’études d’art. J’ai une collection de tableaux de maîtres chez moi, mais ce sont tous des faux. Je les peins moi-même. Pourquoi continuez-vous à réaliser vos graffs dans la rue ? Je pense que les bords d’un canal sont un espace d’exposition plus intéressant qu’un musée. Et d’ailleurs, si vous exposez vos œuvres dans une galerie ou un musée, vous vous retrouvez en compétition avec des maîtres comme Rembrandt… Souhaitez-vous que vos œuvres soient conservées ? C’est impossible de savoir aujourd’hui si l’une de mes œuvres passera à la postérité. Que pensez-vous du milieu de l’art ? Je ne ferai plus de grandes expositions pendant un bon moment, car c’est vraiment trop risqué ! Est-ce que les œuvres des artistes de rue peuvent être exposées dans les galeries ? Les œuvres des graffeurs devraient sans doute rester dans les rues. Mais peut-être que ceux qui prennent les graffitis sur les murs sont au bord d’y ar-

river… Ce sont des gens étonnants : ils me demandent de leur fournir un certificat d’authenticité, garantissant que c’est bien moi qui ai peint telle ou telle œuvre. Ce qu’ils me demandent c’est tout bonnement une lettre d’aveu de dégradation de propriété ! Que pensez-vous du fait que vos œuvres aient une valeur marchande ? Est-ce que cela vous pose problème qu’elles soient vendues comme des articles de luxe ? Mes graffitis contribuent à augmenter la valeur d’une propriété, plutôt qu’à la dégrader ! Vous êtes-vous enrichi grâce à vos graffitis ? Mon avocat dit que je suis l’artiste vivant le plus plagié au monde…

Pourquoi avez-vous voulu faire un film et quelle est votre ambition avec ce film ? Faites le mur n’est pas un canular, c’est l’un des films les plus sincères qui soient. Il n’y a ni plan de travail, ni scénario, et on se rend compte qu’on tournait un film au milieu d’un tournage. Mon film parle en toute simplicité de la vie, du désir et du vandalisme gratuit. Au départ, je voulais qu’il s’appelle « Comment vendre de la m…. à des c… » Est-ce bien vous qui nous parlez de votre Film ? J’ai envie à la fois de défendre le film, mais pas trop envie d’en parler : je ne veux pas risquer de dévoiler la fin. On ne pourrait pas simplement publier une page blanche sur laquelle les spectateurs pourraient faire des dessins ?

Sortie le 8 décembre 2010

De Chris Morris Sheikh Mohamed prend deux heures pour se choisir un costume qui le fera apparaître plus mince devant les caméras.

Animé par des envies de grandeur, Omar est déterminé à devenir un soldat du djihad en Angleterre. Avec ses amis, il décide de monter le coup décisif qui fera parler d’eux et de leur cause. Problème : il leur manque le mode d’emploi. Une explosion. Des cris de panique. Puis on se calme. On met sa peur en cage. On recommence à faire les boutiques. Dans l’ombre, la peur poursuit son chemin. Elle s’immisce dans le système. On adapte les lois, on restreint les libertés, on rejette la faute sur l’autre, 18

tout va bien et c’est parfait. Bien sûr, on aimerait rire de ses propres peurs, mais comment s’y prendre ? Le rire n’a-t-il pas une place aux côtés de la peur ? Les cellules terroristes connaissent les mêmes dynamiques de groupe que les soirées entre potes ou que les équipes de football. Il y a des conflits, des amitiés, des rivalités et des malentendus. Dans les camps d’entraînements pour le djihad, les jeunes se disputent pour un pot de miel, chassent le serpent et se font virer pour avoir fumé. Quand le terroriste du 11 septembre Mohamed Atta se fit remarquer pour s’être soulagé trop bruyamment, il accusa les juifs d’avoir fabriqué des portes de toilettes trop minces. Le chef terroriste Khalid

ENTRETIEN AVEC CHRIS MORRIS Comment vous est venue l’idée du film ? Je lisais un article sur un projet terroriste dont le but était de couler un navire de guerre américain à l’aide d’une embarcation remplie de bombes. La nuit tombée, ils l’ont mise à l’eau, l’ont surchargée d’explosifs, puis ont embarqué. Elle sombra immédiatement. L’extrémisme est un puit sans fond qui contient des éléments de farce. Une cellule terroriste ressemble à une bande de crétins. Un petit groupe de gars gonflés à bloc qui prépare une guerre planétaire depuis leur cuisine – un terrain plutôt fertile pour la comédie. Certaines scènes reproduisent-elles des faits réels ? Non, mais c’était parfois tentant. Parfois, la réalité était presque trop ridicule. Aviez-vous des conseillers sur le film ? J’ai fait appel à toutes sortes de gens. J’ai fini par construire un réseau d’amis et de contacts aux spécialités variées, qui m’ont aidé à rencontrer d’anciens combattants, des membres des services secrets … : un réseau de conseillers absolument essentiels. Pensez-vous que le public aura l’impression que vous essayez de choquer et d’offenser ? Le terro-

risme reste une affaire sérieuse. Nous avons essayé de faire rire, de distraire, de surprendre, d’émouvoir même. On n’a pas besoin de tourner les croyances musulmanes en dérision pour faire un gag sur celui qui veut que la Charia gouverne le monde, mais qui ne peut pas l’appliquer chez lui parce que sa femme ne le laisse pas faire…Ou sur celui qui achète du matériel pour fabriquer une bombe, mais oublie comment on la fabrique…


C I N É M A Texte : Pathé Distribution Texte : Pathé • Traduction Distribution : Frédérique • Photo :Martin DR • Photos : DR

SOMEWHERE LE LOS ANGELES DE SOFIA COPPOLA Johnny Marco, acteur à la réputation sulfureuse, vit au Château Marmont, hôtel légendaire d’Hollywood, entre alcool et filles faciles. Sortie le 5 janvier 2011 (Out on 5th January 2011). Un film écrit et réalisé par Sofia Coppola.

Tous les cinéphiles ont leur Johnny Marco : un acteur ou une actrice à qui l’on est fidèle tout en étant conscient qu’il n’a pas encore donné le meilleur de lui-même. Ils ont joué les mauvais garçons et puis ils ont grandi, décidé d’avoir des enfants et de se ranger, ou bien ils ont vieilli sans évoluer et traînent dans les boîtes comme des ados attardés. Johnny en est à ce moment de sa vie où il doit se regarder en face et faire un choix. Au début du film, Johnny est perdu dans un train-train et un mode de vie décadent. C’est un type sympa qui, pour échapper à la solitude, enchaîne les verres, collectionne les filles, roule en Ferrari et avale des tas de pilules. L’esprit embrumé, Johnny dérive sans trop se poser de questions. Un matin, Cleo, sa fille de 11 ans, débarque au Château pour quelque temps. Les moments passés ensemble, la fraîcheur de cette relation et la découverte de nouvelles responsabilités vont pousser Johnny à faire le point et à décider du sens qu’il veut donner à sa vie. Bien qu’il se sente incapable d’assumer, il passe plus de temps avec elle qu’il n’en a jamais passé depuis qu’elle est née, plus d’un après-midi en tout cas. Ces moments privilégiés le métamorphosent alors. Élément central du film, le Château Marmont a toujours eu une aura décadente, entre acteurs et rock stars qui saccageaient leur chambre. Ce lieu est une sorte de rite de passage pour les jeunes acteurs, qui y résident (presque) tous une fois : une sorte de lieux mythique suranné tout droit sorti de la grande époque des 60 et 70’s. Le Château Marmont était alors un petit monde à part : un lieu unique. Aujourd’hui, il est devenu le centre d’un microcosme à la mode où l’on se presse simplement pour

se faire photographier : un lieu commun. Esthétiquement, le film, tourné en 35 mm (alors que l’emploi du numérique HD tend à devenir la règle,) est plutôt classique. La pellicule confère à l’image un rendu magnifique et inimitable. L’utilisation d’objectifs Zeiss anciens (des années 80) accentue la douceur du rendu, quasi romantique, loin de la netteté et de l’hyper précision froide de la haute définition. Somewhere est un film à part, poétique, tendre et dans le plus pur style de Sofia Coppola où récit et image sont plus qu’intimement liés, donnant à ce film le relief d’un chef d’œuvre du 7ème art. ENTRETIEN AVEC SOFIA COPPOLA Pourquoi y a-t-il aussi souvent des hôtels dans vos films ? C’est vrai. Versailles était aussi une sorte d’hôtel dans Marie-Antoinette ! Quand j’étais petite, on séjournait souvent dans des hôtels à l’occasion des différents tournages de mon père. J’ai toujours trouvé intéressant d’observer les gens qui y descendaient et je m’y amusais bien. Les hôtels sont de véritables microcosmes.

Johnny Marco, a film star with a hellraising reputation, lives in the legendary Château Marmont hotel, leading a life filled with alcohol and easy women. All film buffs have their Johnny Marco : actors they remain faithful to even though they are aware that they have not given their best yet. They gave good bad boy performances and then grew old, decided to have kids, to settle down, or they still lead wild lives and hang out in nightclubs like immature teenagers. Johnny is at this moment of his life when he has to make a choice. At the beginning of the film, Johnny is lost in a routine of decadence. He is a nice chap who drinks glass after glass, collects girls, drives a Ferrari and takes lots of meds in order to escape his loneliness. His mind clouded with alcohol and drugs, Johnny is drifting away without thinking too much about it. One morning, his 11-year-old daughter Cleo turns up at the Marmont for a while. The moments they spend together, the freshness of their relationship and the discovery of his new responsibilities drive him to review his life and to decide on the meaning he wants to give to it. Even though he feels incapable of taking on his new role, he spends more time with her than he ever did before – more than an afternoon anyway. And these special moments spent together make a new man of him. Central element of the film, the Château Marmont, with its actors and rock stars wrecking their suites, has always had a decadent aura. This place is a kind of rite of passage for young actors, who have all (or nearly all) stayed there at least once: it is a mythical and old-fashioned place coming straight from the golden age of the sixties and seventies. Back then the Château

Marmont was a special world unto itself, a unique place. Today, it has become the centre of a fashionable bubble where people come simply to have their photo taken: an ordinary place. Aesthetically, the film is rather classical due to the fact that it was filmed in 35 mm (at a time when the use of digital HD has become the rule). The grain of the film gives its image an inimitable look. What’s more, the use of old Zeiss lenses (from the eighties) makes the result even softer on the eye, with an almost romantic quality, far from the neatness and controlled, cold, super precision of digital HD. Somewhere is a unique poetic, sweet film in the purest Sofia Coppola style, where storyline and image are very intimately linked: a cinematic masterpiece. INTERVIEW WITH SOFIA COPPOLA Why are there so many hotels in your films ? It’s true! Versailles was a kind of hotel in Marie Antoinette too. When I was a little girl, we used to stay at hotels during my dad’s film shoots. I’ve always found it interesting to watch people there and I really enjoyed myself. Hotels are little worlds of their own.

Pouvez-vous nous expliquer le titre ? C’est drôle, Somewhere devait être un titre provisoire, puis il est resté. Je voulais que ce film soit l’évocation poétique d’un moment dans la Vie, l’évocation de la conscience de devoir aller «quelque part» sans savoir où exactement. À propos du lieu, vous êtes allée tourner dans le monde entier, mais vous n’aviez jamais fait de film à Los Angeles avant celuici. Avez-vous senti qu’il était temps pour vous d’explorer cette ville ? Quand j’habitais en Californie, j’écrivais sur des endroits lointains. Après la naissance de ma fille, j’ai vécu à Paris, c’est peut-être la distance et le mal du pays qui m’ont donné envie de me tourner vers la Californie. Et puis, j’ai toujours adoré les films cultes sur Los Angeles, comme Shampoo et American Gigolo, et je n’arrivais pas à trouver un film récent qui ait rendu l’atmosphère de cette ville aujourd’hui. En commençant à travailler sur le personnage, j’ai pensé à la culture pop américaine contemporaine, avec sa fascination pour la célébrité et tout ce que ça engendre. Est-il facile de faire un film à Los Angeles aujourd’hui ? Nous travaillions de manière très confidentielle et aucune superstar ne jouait dans le film, alors il était facile de se déplacer et de faire ce qu’on avait à faire. Après Marie-Antoinette, tous ses costumes et tous ses figurants, c’était libérateur de travailler avec une équipe réduite et ça se rapprochait en cela de mon expérience sur Lost In Translation. C’est le tournage le moins stressant et le plus agréable que j’ai connu !

to be just a working title but it stuck. I wanted this film to be a poetic evocation of a moment in someone’s life, capturing the awareness that you have to go “somewhere” without exactly knowing where. Regarding the place you chose as the setting for the film, you shot your previous films all over the world but you’ve never shot in Los Angeles before. Was it the right time for you to explore this city ? When I lived in California, I wrote about far-away places. After the birth of my daughter, I lived in Paris; maybe the distance and my feeling homesick made me want to turn towards California. And I’ve always loved cult films about Los Angeles, like Shampoo and American Gigolo, and I couldn’t find a recent film that conveyed the atmosphere of the city today. When I started to work on the main character, I was thinking about contemporary American pop culture, with its fascination for fame and its consequences. Is it easy to make a film in Los Angeles today ? We worked very discreetly and there were no superstars in the cast, so it was easy to go to places and to do what we had to do. After Marie Antoinette and all its costumes and extras, it was very liberating to work with a small crew. In that respect, it was very similar to my experience on Lost In Translation. It was the least stressful and the most enjoyable shoot I’ve been on !

Why this title for the film ? It’s funny, Somewhere was supposed 19


B O O K S

R E V I E W S

Textes : AVC • Photos : DR

Fakes Tales of America

Self Service Magazine

ou “ Un carnet de voyage mythomane ” Leçon de mensonges ?

Plébiscite du French Style

Venez vous laisser surprendre par ce que vous pensez être vrai, par la réalité que capte votre conscient et acceptez finalement que tout soit faux. Mais où est le vrai, où est le faux ?

de lâcher la rédaction en chef et ont laissé la main au célébrissime et cultissime styliste Joe McKenna. Le sommaire : Des images inédites de Stella Tennant et Kate Moss, François-Henri Pinault, Nicholas Ghesquière et Azzedine Alaïa pour une discussion sur l’évolution de la création et de la mode depuis 1990. Le must….

Mathieu Lambert nous mène beaucoup plus loin que dans un simple voyage pour les Etats-Unis, il nous conduit vers une véritable enquête psychanalytique, à la recherche de ce qu’est notre vérité. Suivons le dans ce jeu de rôles. Il nous l’a dit, c’est très sérieux…

“ Self Service Magazine ” Issue 33 Fall/Winter 2010

Mathieu Lambert “ Fakes Tales of America ” French Fourch Editions

Toujours en édition très limitée, toujours bi annuel et conçu à Paris, Self Service reste depuis 1995 l’un des titres les plus pointus et les plus expérimentaux dédié à la mode.

12 photos pour cet opus de 30 pages tirés à 100 exemplaires. L’auteur, Mathieu Lambert, nous guide dans une « traversée photographique des Etats-Unis, de SES Etats-Unis. Mais n’y ayant jamais mis les pieds, ce livre est un condensé de clichés, d’images faussées et de mensonges ».

À la fois plateforme d’essai pour les créateurs de tous bords, stylistes, photographes, écrivains, graphistes, et catalogue de l’actualité fashion, l’édition automne / hiver 2010 offre tout ce qui a toujours fait le renom de cette « revue » atypique de 375 pages : minimalisme, gloss, glam…

Tout y faux, tout y est vrai, les clichés ont été pris en France de 2008 à 2010. C’est très sérieux, ce sont les propres termes de Mathieu. Alors, interrogez-vous, arrêtez-vous sur vos idées préconçues, sur vos stéréotypes. Où êtes-vous dans cette quête de la vérité ? Certain d’avoir raison ?

Pour ce 33e numéro, Ezra Petronio et Suzanne Koller, les deux fondateurs et directeurs artistiques ont pour la première fois accepté

Polaroids, Julian Schnabel

Juergen Teller, Marc Jacobs Marc Jacobs Advertising 1998 - 2009

Le passé au présent

fraîches ou drôles ou excessivement glamour, on sait en les regardant que ces images nous ont déjà marqués et comptent dans notre façon d’aborder le fashion world en 2010. Le propos est toujours juste, jamais vulgaire. Personne ne triche ni ne se déguise.

instantanés au cours de ses ballades chez les commissaires-priseurs. Il ne se savait pas photographe mais il découvre avec le Polaroid le pouvoir de donner corps à une image, ce qu’il appelle une « photosynthèse ». À la différence de nombre de photographes qui veulent capturer le temps qui passe, le photographe Schnabel veut amener le passé dans le présent. Étrange …

D’abord figure marquante du néoexpressionnisme américain dans les années 80/90, puis réalisateur de renom (Basquiat, Avant la nuit, Le scaphandre et le papillon, nommé à quatre reprises aux Oscars en 2007), Julian Schnabel, 59 ans, revient aujourd’hui sur le devant de la scène pour son œuvre de photographe , tout en continuant à peindre et à filmer. Une troisième naissance pour cet homme aux multiples talents, avec cette fois, pour compagnon de route celui qu’il compare à un «vénérable» ami, un Polaroid des années 70. Passionné de salles des ventes, Schnabel commence par hasard à prendre des 20

Où sommes nous en feuilletant ces pages où se côtoient photos de son épouse , de ses filles, de ses jumeaux , de ses amis (Mickey Rourke, Lou Reed, Placido Domingo) sur papier mat, sépia, noir et blanc ou encore travaillées de quelques touches de couleur ? Schnabel se projette t il donc dans le futur lorsqu’il capture sa propre image avec son Polaroid ? De toute façon, les images sont là… Au présent. Et le Peintre-Réalisateur, qui photographie d’abord pour lui-même et non pour raconter une histoire à qui que ce soit, nous ouvre à ses propres pensées comme s’il ouvrait son journal intime, avec émotion, pudeur et poésie. Quel plaisir ! “ Julian Schnabel, Polaroids ” Prestel Edition

Certains des clichés ont plus de dix ans, d’autres sont plus récents. Ce pourrait presque être vous ou moi sur ces photos. Et n’est-ce pas cela la magie de la mode ? De pouvoir y croire ? Pour les passionnés et les autres, à effeuiller sans retenue … “ Juergen Teller, Marc Jacobs ” Marc Jacobs Advertising 1998-2009 Steidl Edition

Depuis plus de dix ans, Juergen Teller, élève et disciple de Nick Knight, travaille avec Marc Jacobs pour les campagnes de pub de ses collections hommes/femmes, vêtements, accessoires et parfums. Avec fidélité et intelligence, les images se succèdent de 1998 à 2009, mettant en scène des personnalités aussi diverses que Sofia Coppola, tellement attachante, Dakota Finning, Charlotte Rampling complice en smoking, Wynona Ryder ou Victoria Beckam, addict du créateur de mode, parmi tant d’autres … Sans un mot, nous pénétrons dans cette rétrospective du travail unique et complice qui unit les deux talents. Parfois candides,


C A R N E T

D E

V O YA G E

Texte et photos : Vincent Havret

MONTREAL LOINTAIN COUSINAGE D’UNE ERRANCE

Toujours en partance, notre steward rémois Vincent Havret pose cette fois son étrange regard sur la ville de Montréal et ses vieux quartiers. Cette fois encore, il ramène pour Chezlegrandbag newspaper et ses lecteurs, quelques émotions et photographies du bout du monde ; une autre page encore d’un carnet de voyages qui s’ouvre sur Québec, cette province francophone du Canada dont la métropole est Montréal. La devise de Québec ? « je me souviens.»… Bon voyage !

CARNET D’ADRESSES

Un jour, j’ai levé les yeux. J’ai regardé avec une soudaine curiosité les façades du vieux quartier de Montréal comme on découvre un visage. De grandes protubérances métalliques et architecturales s’apposaient contre la plupart les murs, révélant la possibilité esthétique de fuir les habitations, ou peut-être aussi l’urgence d’une vie…

Le bureau d’information touristique du Vieux Montréal est situé au 174, rue Notre-Dame Est (au coin de la place Jacques Cartier).

Boutiques design

D’immenses escaliers et bien d’autres échafaudages improbables composaient ainsi les entrelacs massifs d’un étrange paysage urbain et suspendu. Un paysage ouvert. Alors d’autres façades défilent encore devant moi, et toujours cette sensation persistante d’une espérance offerte… Je souriais pour moi-même, devant l’incarnation ostensible de cette représentation du salut. Rares sont les civilisations qui ouvrent ainsi l’espace ordinaire à quelques sentiments de rédemption que ce soit...

du questionnement et de la découverte. Des formes, des couleurs, des peintures, des sculptures y préfigurent, elles aussi, d’autres destinations en nous-même… Oui, vraiment, on marche par ici sans crainte, sans se soucier d‘une quelconque possibilité d‘enfermement. Rien n’est clos ou figé, il y a toujours une porte ouverte, un établissement au décor improbable, un parvis accueillant et plusieurs fois centenaire qui laisse entrevoir son jardin silencieux et souriant, pour une autre façon d’expérimenter la route ou l’existence…

Était-ce finalement si étonnant ? Je ne crois pas. Il faut dire que marcher dans le vieux quartier de Montréal (Québec) est une forme d’errance entre l’histoire et le devenir. En témoignent les festivités culturelles et la présence en ces lieux, de sourires, d’attentions pour le visiteur ou pour l’habitant. D’ailleurs, la foule ici semble jouir de sa propre histoire pour d’autres perspectives que celle d’une simple consommation ordinaire. Non, c’est autre chose. Quelque chose d’offert. Une possibilité de réinvestir l’instant. Rien n’est véritablement clos, il suffit de lever les yeux ou d’élancer son corps dans une de ces ruelles accueillantes qui ouvrent d’autres perspectives à votre chemin. Un peu plus loin encore, les galeries d’art qui fleurissent les vieux pavés de la rue Saint Paul libèrent les parfums indicibles

Maintenant, les grands escaliers métalliques du vieux Montréal sont devenus pour moi omniprésents. Ils sont la charpente aérienne et révélée d’une ville affichant son propre mouvement, jusque sur ses murs. Peut-être forment-ils ainsi une sorte de grande couronne de métal, posée sur son unique visage, ou, sur toute la majesté de son intention ? Je ne sais pas. Je sais juste qu’ici, il suffit de lever les yeux pour dériver un peu plus loin vers l’espérance d’un paysage ou d’une… Vie.

Bonaldo 2, rue Le Royer Galerie de l’Institut de design de Montréal Marché Bonsecours Esthète 701, rue Saint-Pierre Le Baldaquin Montréal 63, rue de la Commune Ouest Méli-mélo Collection 205, rue Saint-Paul Ouest Wet Style 276, rue Saint-Jacques Ouest (www.wetstyle.net)

Côté shopping Marché Bonsecours (encore lui) 350 St. Paul E. Inauguré en 1847 et reconnu comme l’un des dix plus beaux édifices patrimoniaux du Canada, le Marché Bonsecours s’est imposé comme l’incontournable de toute visite du Vieux Montréal. Siège du Conseil des métiers d’art du Québec, le Marché héberge 15 boutiques de créations «made in Québec» de grande qualité : métiers d’art, mode, accessoires et bijoux, objets design, meubles québécois d’autrefois …

Côté restauration Auberge Saint Gabriel 426, rue Saint Gabriel, Vieux Montréal Le Cartet 106, rue Mc Gill, Vieux Montréal L’Orignal 479, rue Saint-Alexis, Vieux Montréal Olive et Gourmando (miam) 351, rue Saint-Paul Ouest,Vieux Montréal. 21


R E C E T T E S Texte : Le Louis XV • Photos : DR

ALAIN DUCASSE RECETTES EXTRAITES DU GRAND LIVRE DE CUISINE D’ALAIN DUCASSE : MÉDITERRANÉE À son arrivée au Louis XV, Alain Ducasse réussit le défi d’obtenir trois étoiles en quatre ans et à en faire l’une des tables les plus prestigieuses du monde. SA cuisine se définit en trois phrases : - S’il fallait lui donner une couleur, ce serait le bleu de la mer Méditerranée. - S’il fallait la résumer en un goût, ce serait celui, subtil et parfumé, de l’huile d’olive extra-vierge. - S’il fallait la décrire en un mot, ce serait “essentielle”. Cette cuisine du soleil qui a marqué la fin du siècle et dont il fut l’un des initiateurs est un subtil équilibre entre la tradition, l’évolution et la modernité. Des préparations longues, exécutées avec précision et associant avec justesse seulement deux ou trois produits méridionaux de saison, aux saveurs pleines et entières : L’Essentiel est là. Le tout dans un cadre d’exception. Ces saveurs qui, aujourd’hui, sont vôtres, s’offrent sans faux atours au fil des lignes de Chezlegrandbag Newspaper, écrin du noble goût. Ces œuvres culinaires enflammeront les escuyers de cuisine passionnés, et charmeront sans équivoque vos palais. À déguster sans retenue…

Salade tiède de haricots cocos, poulpes de roche, crustacés et coquillages à l’italienne. Les haricots cocos des collines niçoises ou encore ceux de Pigna (dans la province d’Imperia, en Italie), tous cultivés en altitude, sont un merveilleux produit qui allie rusticité et classe. Mêlés aux coquillages et aux crustacés, ils sont loin d’être seulement un faire-valoir.

plusieurs fois. Ajouter la sauge, le romarin. Cuire à feu doux pendant 30 à 40 minutes en maintenant un léger frémissement. Aux trois quarts de la cuisson, les assaisonner avec une pincée

Préparation des calamars : Séparer les corps et les grosses tentacules. Retirer le cartilage, les peaux internes et externes. Les laver en séparant les têtes des corps. Les égoutter. Les sécher sur un linge. Réserver au frais.

Ingrédients pour 4 personnes : 1 poulpe de 400 g • 1 citron • 1 branche de romarin • 1 gousse d’ail • Haricots cocos • 100 g de haricots cocos frais écossés • 1 feuille de sauge • 1 brindille de romarin • Crustacés : 4 gamberoni + 2 homards de 400 g • 1 branche de fenouil sec • 5 grains de poivre • 20 palourdes • 5 cl de vin blanc • 500 g de petits calamars (pistes) • 6 pétales de tomate confite • 1 oignon rouge • 1/2 botte de persil • 4 sommités de fleur de thym • 4 sommités de riquette • huile d’olive • gros sel gris, sel, poivre du moulin. Préparation du poulpe : 48 heures avant. Bien rincer le poulpe, couper la tête. Faire bouillir de l’eau dans une casserole avec le citron coupé en deux et pressé, le thym, une poignée de gros sel gris. Cuire le poulpe pendant 30 à 45 minutes (selon sa grosseur) en maintenant un léger bouillonnement. Le laisser refroidir dans son bouillon de cuisson. L’égoutter. Le tailler en tronçons réguliers de 1 cm d’épaisseur. Réserver douze tronçons au frais. Mettre le reste dans un récipient. Ajouter le romarin et la gousse d’ail pelée. Recouvrir largement d’huile d’olive. Réserver au frais pendant 48 heures. Préparation des haricots : Mettre les haricots cocos dans une casserole. Les recouvrir d’eau froide. Porter à ébullition. Écumer

celles-ci à cuire pendant encore 2 minutes. Laisser refroidir les homards. Les décortiquer en éliminant bien le boyau. Tailler les queues en deux dans leur longueur. Réserver au frais. Réserver les pinces pour une autre utilisation.

Préparation de la garniture : Couper les pétales de tomate confite en deux. Éplucher l’oignon. Le couper en fines rouelles. Laver, essorer, effeuiller le persil. Le concasser. Réserver le tout. Cuisson des palourdes : Laver les palourdes à grande eau plusieurs fois jusqu’à ce que l’eau soit claire. Dans un grand sautoir, verser un filet d’huile d’olive. Ajouter les palourdes égouttées. Verser le vin blanc. Cuire à couvert et à feu moyen jusqu’à ce qu’elles soient ouvertes. Les remuer de temps en temps. Les égoutter. Conserver le jus de cuisson. Réserver huit palourdes. Décoquiller le reste. de gros sel gris de mer. Vérifier leur cuisson. Les débarrasser dans un saladier avec leur jus de cuisson. Les laisser refroidir. Préparation des crustacés : Décortiquer les gamberoni. Laisser le dernier anneau avec la queue. Garder la tête. Réserver au frais. Chauffer une casserole d’eau salée. Ajouter le fenouil et les grains de poivre. Plonger les homards dans l’eau bouillante pendant 4 minutes. Les retirer, détacher les pinces, remettre

Cuisson des calamars : Pocher les calamars dans le jus de cuisson des palourdes pendant 3 minutes. Les réserver au chaud. Cuisson des gamberoni : Dans une poêle antiadhésive et avec un filet d’huile d’olive, colorer légèrement les gamberoni. Poivrer. Les cuire 3 minutes sur chaque face. Les débarrasser sur une grille.

Petites tomates farcies Ingrédients pour 4 mini tomates farcies : Tomates farcies : 4 tomates grappe de 30 g • 5 cl de bouillon de volaille • 5 cl de jus de volaille • Farce : 6 tomates de 80 g • 1 pincée de sucre semoule • 4 pétales de tomate confite • 2 branches de marjolaine • 20 g de parmesan râpé • Tomates croustillantes : 1 tomate de 30 g • Croustillants de marjolaine • 5 cl de pâte à frire niçoise* • 1 branche de marjolaine • huile d’olive • fleur de sel • sel, poivre • *Pâte à frire niçoise • 150 g de farine • pincée de sel • 1 œuf • 22 à 25 cl d’eau • filet d’huile d’olive • gousse d’ail • branches de persil.

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Préparation de la farce : Monder, épépiner les grosses tomates. Les couper en quatre. Chauffer une cocotte avec un filet d’huile d’olive. Ajouter les tomates, une pincée de sel et le sucre. Enfourner à 140 °C pour 1 h 30 dès que l’eau de végétation commence à sortir. Couvrir avec un papier sulfurisé. Laisser

effeuiller la marjolaine. Dans un saladier, rassembler la fondue de tomates froide, les tomates confites, la marjolaine. Mélanger. Lier avec le parmesan. Assaisonner sel et poivre. Ajouter un filet d’huile d’olive. Mélanger. Préparation des tomates croustillantes : À la machine à jambon, couper la tomate en quatre tranches de 1 mm. Les étaler sur une plaque antiadhésive huilée. Faire sécher les tomates au four à 60 °C pendant 45 minutes à 1 heure, jusqu’à ce qu’elles soient croustillantes.

Dans un cul-de-poule, mélanger la farine et le sel. Creuser une fontaine. Y casser l’œuf et ajouter un filet d’huile d’olive. Mélanger. Verser l’eau progressivement en remuant avec un fouet.Éplucher la gousse d’ail, bien l’écraser. Laver, sécher, effeuiller le persil, concasser les feuilles. Filtrer la pâte au chinois. Incorporer l’ail et le persil. Bien mélanger. La laisser 30 minutes à température ambiante avant de l’utiliser.

Préparation des petites tomates farcies : Répartir la farce dans les petites tomates égouttées. Les couvrir de leur chapeau. Les ranger dans un plat huilé. Verser le bouillon de volaille dans le plat. Glisser celui-ci au four à 150 °C pour 1 heure. Arroser de temps en temps les tomates en ajoutant éventuellement du bouillon. 10 minutes avant la fin de la cuisson, verser le jus de volaille. Bien les glacer.

Préparation des tomates : Laver les petites tomates grappe. Couper un chapeau à 5 mm du pédoncule. Retirer délicatement les pépins avec une cuillère parisienne en préservant les cloisons internes. Assaisonner légèrement les tomates de fleur de sel. Les disposer, retournées, sur une grille. Les laisser dégorger pendant 15 minutes.

Préparation des croustillants de marjolaine : Préparer la pâte à frire. Détacher quatre sommités de marjolaine. Les plonger dans la pâte. Égoutter l’excédent. Les frire à 140 °C jusqu’à ce qu’elles soient bien blondes. Les égoutter sur un papier absorbant et les réserver au chaud.

compoter jusqu’à ce que cette eau soit entièrement évaporée. Refroidir. Hacher finement les tomates confites. Laver,


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