Voyages by charlotte dupuis

VOYAGES

ROLAND MARX CHARLOTTE DUPUIS MARSAL

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VOYAGES

ROLAND MARX texte

CHARLOTTE DUPUIS MARSAL illustration

Du même auteur, dans le domaine jeunesse : Bestiaire loufoque, Editions du Petit Pavé, 2014 Bestioles et babioles, Editions du Petit Pavé, 2011 Victor et les villageois, Editions GRRR…ART, 2011 Tonton, tond-on ton mouton ?, Editions des Petites Vagues, 2010 Bric-à-brac & micmac, Editions des Petites Vagues, 2009 BÊTE(S), Editions GRRR…ART, 2007

VOYAGER Survoler le Mont Blanc à bord d’un vieux biplan, sur un tapis volant, le dos d’un goéland. Sur un voilier rapide naviguer en Floride, au pied des pyramides et chercher l’Atlantide. Découvrir à cheval les reliefs du Transvaal, sur le dos d’un mulet longer le Lac Salé. Visiter la Grande Ourse sur un vélo de course,

Parcourir la planète

les rives de l’Hudson

avec ma trottinette,

en Harley-Davidson.

suivre le cours du Rhin à bord d’un sous-marin Chaque jour étranger, voyager, voyager…

LA LOCOMOTIVE Elle file à toute vapeur, la mythique locomotive, vers le Nord, pays des trappeurs, son étape définitive. Elle file à toute vapeur, sous son panache de fumée, vaillante, sans doute et sans peur, entre les prairies parfumées. Elle fonce vers l’horizon au-dessus des canyons arides parmi les troupeaux de bisons, les cactus des plaines torrides. Elle rouille à toute vapeur, la vétuste locomotive, abandonnée à la torpeur d’une décharge collective, sous les glaces et les flocons qui lui font un mortel cocon...

CENDRILLON Cherchant sa pantoufle de VAIR, Cendrillon, qui cheminait VERS la Belgique et le port d’AnVERS, a croqué dans un coing trop VERT. Il contenait un petit VER vêtu d’un curieux pull-oVER en train de déguster un VERRE. Ça l’a mise tout à l’enVERS et elle a jeté d’un reVERS le fruit et son hôte perVERS qu’a récupéré un piVERT. C’est ma petite histoire en VERS, une sorte de fait diVERS qu’aurait aimé Jacques PréVERT aussi bien l’été que l’hiVER.

L’AUTOCAR L’autocar bondé de touristes franchit le col de l’Iseran ; au fond du bus, un guitariste, genre ténor tonitruant, enchaîne refrains et ballades et vieilles chansons de marins. Puis on se saisit des corbeilles, on débouche quelques bouteilles pour trinquer avec bel entrain. On dégaine son couteau suisse, on sort les pâtés, les saucisses, baguettes, fromage et gâteaux. Et jusqu’à la prochaine étape, tout en faisant mille photos, on va poursuivre les agapes.

DANS LES POCHES plein de cailloux au fond des poches, des tout plats pour les ricochets un biclou avec deux sacoches, des gadins, genoux écorchés une blouse d’écolier moche, le risque d’une taloche et un vieux bonnet sur la caboche boules de neige à décocher de la paille dans les galoches, deux mois d’été se débaucher...

Dimanche : poulet à la broche et balançoire à chevaucher entre la glace et la brioche

AÏE ! AÏE ! AÏE ! Le baigneur, encore tout pâle, est descendu de son rocher et lentement s’est approché du bord de l’océan d’opale. Il a trempé le pied dans l’eau pour tester sa température... A l’instant, dans un trémolo, il a crié sous la piqûre de l’oursin planté dans son pied. En sautillant, notre estropié est retourné vers sa serviette, pensant, sur l’étoffe douillette, trouver un peu de réconfort. Mais, juste avant qu’il ne l’atteigne, il ratatine, triste sort,

sur son drap de bain il s’affaisse

du pied valide une châtaigne ;

pour, d’un bond, se frottant les fesses,

perdant l’équilibre, ahuri,

se relever dans un grand cri : son drap de bain, en son absence, vient de se changer, sans façon, en fraîche et calme résidence pour un innocent hérisson !

DEPART D’abord la valise à roulettes, l’ordinateur dans son étui, après, la trousse de toilette ; dans la poche, le bon gratuit du parking... un plan de la ville et quelques tickets de métro ; là, le portable... très utile... par ici, les clés du bureau... crayons et stylos... dans la trousse ; le parapluie... hop ! dans le sac ; le costume gris dans sa housse, les gants, le bonnet, l’anorak ; dans le sachet, le casse-croûte... Il ne reste qu’à m’habiller... Voilà, j’y suis... allez, en route ! Aéroport... J’ai comme un doute... Billet d’avion ? ? ZUT ! ! Mon billet ! ! ...

LA CABANE Viens visiter ma cabane dans les branches du platane… On n’est pas dans la savane, je ne me pends pas aux lianes mais là-haut, je me pavane, armé de ma sarbacane. Installé sur ma rabane, je me fais de la tisane, mange de la macédoine, des gâteaux à la banane ou fourrés de frangipane. Je suis fier de ma cabane et quand dans tout le platane, l’automne, les feuilles fanent, pour Noël, je l’enrubanne.

RIVAGE On peut voir sur l’épave rouillée d’un ex-cargo une traînée de bave d’un petit escargot. Tout au bout de la grève, à bord de son bachot, un vieux pêcheur prélève les moules de bouchot. Un cerf-volant balade, dans le ciel lumineux, son ombre sur la rade, monstre faramineux. Sous une roche étroite, un petit crustacé

Un voilier se balance,

que le gourmet convoite

chatouillé par le flot ;

se rêve cétacé.

infatigable, il danse, fier de son matelot. Les chercheurs de crevettes, dès que la mer descend, sortent leurs épuisettes et s’en vont bondissant.

PIRATE Partir sur un bâteau piRATE, sur l’océan que l’on affRONTE et trouver une île secRÈTE avec une anse où l’on abRITE sa belle embarcation sans cRAINTE qu’un flibustier ne vous l’empRUNTE Découvrir, dans l’île, une gROTTE où l’on pourra casser la cROÛTE, une montagne d’où l’on scRUTE l’horizon, se sentir heuREUx, Toisant la marée attiRANTE, c’est une aventure enivRANTE.

A toi d’essayer avec les finales : malle, mal mêle mil, mille môle, molle mule moule meule

MOTARD Il émit son premier MOT TARD mais fut un précoce MOTARD ; quand ses supérieurs le MUTÈRENT il préféra, tout éMU, TAIRE qu’il avait choisi de PARTIR et non de se tuer PAR TIR. Et puisque tout se LIGUE, À TORT, il chasserait l’alLIGATOR, ferait des tours et des DÉTOURS, gravirait des monts et DES TOURS, étudierait l’architECTURE et briguerait la préfECTURE

MONTGOLFIÈRE La montgolfière d’un mongol fier lentement se déplace dans le ciel bleu d’Alsace, par-dessus des coteaux, des rangs serrés de vignes et les ruines insignes de ses nombreux châteaux. Mais hélas, sans vergogne, un couple de cigognes quelque peu perturbé doit livrer un bébé avant que la nuit tombe… Et, déferlant en trombe au-dessus du houblon, transpercent le ballon du malheureux touriste dont la chute est bien triste : lâché comme un caillou dans l’azur de mi-août, il s’écrase en déroute dans un fût de choucroute.

UN RÊVE Je voudrais être trapéziste, Voler au-dessus de la piste, Planer, plonger tel un oiseau, Un grand, de ceux qu’on voit au zoo : Perroquet, aigle... Non ! Autruche ! — Mais non ! Voyons ! T’es une cruche : L’autruche ne sait pas voler ! — Bon ! Alors pour me consoler Et ne pas être ridicule Je vais devenir funambule !

FELIX Félix, un enfant de la BALLE, né dans quelque cirque au LiBAN, Lassé de vivre en vagaBONd, Lecteur fûté de Heinrich BÖLL*, s’était un beau jour fait la BELLE car il se faisait trop de BILE à vivre de quelques oBOLEs ; être dompteur ou funamBULE c’était un boulot de maBOUL

A toi maintenant, avec les finales : tare tard terre taire tire tir tort tord

tore

-ture tour * Heinrich Böll : romancier allemand, auteur notamment de La Grimace (Ansichten eines Clowns)

PATINS À ROULETTES Comme un carreau d’arbalète, sur mes patins à roulettes fixés à mes sandalettes, je file comme un athlète, une fière goélette, en doublant les bicyclettes (sans écraser les poulettes). Si je file à l’aveuglette, ma carcasse maigrelette va finir en omelette, plus plate qu’une galette et mes pauvres côtelettes entourées de bandelettes. La méchante pipelette de l’immeuble, bien replète, à la face de belette, me mettra sur la sellette et rira de mon squelette.

VOYAGEUR J’ai visité les Pyramides, vu le canal de Panama, fait de la plongée en Floride, admiré le Fuji-Yama ; J’ai chevauché en Argentine, vu la Place Rouge à Moscou, la Grande Muraille de Chine et les méthaniers de Bakou ; J’ai survolé l’Amazonie, découvert l’art des Sarrasins, mangé du phoque en Laponie ; j’ai campé dans le Limousin, vu la cathédrale d’Auxerre... Mais non, Monsieur le Commissaire, je ne connais pas mon voisin...

Poème anagrammatique Une anagramme est un mot écrit avec les mêmes lettres qu’un autre, dans un ordre différent ; soif et fois par exemple ; ici, dans le titre, nectar et carnet. NECTAR de POIRES CARNET d’ESPOIR En canoë sur l’océan, étanche le cas échéant, il croisera un vieux corsaire juste sorti de son repaire, une rapière de sergent, manche grenat, lame d’argent et brandie haut de sa main droite, avec laquelle il étripa jadis un célèbre pirate. Lors, passant de vie à trépas, il lui fit cadeau par audace du plan de son trésor, retors, enfoui chez une fouine, en face, sur la grande île des Castors. A toi de trouver toutes les anagrammes possibles du mot ECRAN (il en existe 9 en comptant les verbes conjugués)

Et il reste de la place pour ton dessinâ&#x20AC;Ś

Il en a MARRE de voir sa MÈRE qui tant l’adMIRE et sans reMORDS qui lui murMURE « Mon cher aMOUR ! » Ce tintaMARRE le rend aMER, le fait géMIR. Lors, demi-MORT et sans huMOUR, il fait le MUR, largue l’aMARRE en cacheMIRE, loin de l’ArMOR. C’est pas glaMOUR mais il est MÛR.

MARCHE À PIED Sac à dos, bonnet de laine, grosses chaussures, bâtons, pour les sommets, les pitons ils abandonnent la plaine, les marcheurs à pied. Des Vosges aux Pyrénées, de Corse à Ushuaia, du Pôle à l’Himalaya, on voit de longues traînées de marcheurs à pied. A midi, sans tartiflette à l’auberge, sans vin blanc, - qui les laissent sur le flanc – leur joie serait incomplète,

Dans les alpages, les vaches,

aux marcheurs à pied.

les marmottes, les chamois, dérangés et pleins d’émoi,

Du vent à la pluie d’orage,

font grise mine et se cachent,

d’ampoule en coup de soleil

lassés d’être épiés.

ils avanceront pareils ; non, rien ne les décourage,

Ravis de leur escalade,

même être estropiés

ils parleront en hérauts aux collègues de bureau de leur prochaine balade : Ah ! Les casse-pieds !

LA FUSÉE Tout au fond du potager, avec mon copain Roger, on construit une fusée avec des pneus usagés, un tas de pièces usées, des objets qu’a engrangés papa pendant ses congés. Découvrant notre projet, grand-mère, très amusée, nous a même encouragés. Grand-père s’est engagé à m’emmener au Musée de l’Espace du Bourget. Quand j’aurai tout arrangé dans notre belle fusée, avec mon copain Roger, co-pilote et passager, on partira voyager. Décollage à la conquête d’une nouvelle planète !

LE PONEY Le petit poney prend de l’AGE en profitant bien de l’herBAGE qu’il trouve à l’abri du boCAGE et goûte même le branCHAGE. Pendant ses longs vagabonDAGEs, libres, sans lois et sans pÉAGE, il se remplit bien l’œsoPHAGE et contribue à l’élaGAGE. Un jour, il ira en voYAGE, peut-être en tirant l’atteLAGE d’un chevalier ou d’un roi MAGE parti pour un pèlerinage, en ayant subi l’enclOUAGE de ses sabots en grand taPAGE. Il traversera des oRAGEs et fera son apprentisSAGE pour avoir un jour l’avanTAGE de reconnaître les nUAGEs. Il verra de nouveaux riVAGEs et de superbes paySAGEs.

SKATE-BOARD Quand sur mon skat’-board je gRIMPE, je zigzague et je déRAPE, mais dès que j’ai une cRAMPE, m’aplatis comme une cRÊPE juste à l’entrée de la cRYPte consacrée à l’EuROPE. Mais aussitôt je me REPrends, n’étant pas trop empRUNTté. Faut pas que je me ROMPE le cou, le bras ou la cROUPE.

PIERROT Quand Pierrot se baLADE le matin sur la LANDE (c’est bien souvent un LUNDi) drapé dans un pLAID, ce n’est pas un boLIDE comme son ami CLAUDE qui navigue sur L’ONDE ; pour lui c’est un préLUDE car il veut être LOUP DE mer et voguer vers L’INDE sous un joli ciel BLEU D’ azur et voile bLONDE.

NEIGE Les flocons tombent en déluge depuis deux jours sur le coteau ; il est temps de sortir la luge, les gants, le bonnet, le manteau, et dès la sortie de la classe, avec mes copains du quartier, on va se lancer sur la glace qui a recouvert le sentier. J’aime tant le froid et la neige, qu’un jour j’irai jusqu’en Norvège visiter le pays à skis ; peut-être même jusqu’au Pôle en traîneau avec des huskys, portant un fusil à l’épaule pour me protéger des ours blancs. Au loin, je verrai des baleines et des phoques batifolant. Sur la banquise, blanche plaine, je me construirai un igloo pour me mettre à l’abri des loups.

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photo R. Marx

photo C. Dupuis Marsal

Montgolfière ou fusée, cheval comme autocar, quand ce n’est tout bonnement la marche à pied, tous les moyens possibles ou plus improbables de voyager, autour de la planète ou dans ses rêves…