Cerbere magazine

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FÉVRIER 2016

CERBERE

REBOOT


couverture par Lilidesbellons



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Fabian Burgos

LIVE THINK ACT


CARNET DE BORD Après plusieurs mois d’absence, Cerbere a grandi et par la même occasion, a affûté ses canines pour se recentrer sur l’objectif qu’il s’était fixé : celui de rassembler ses collaborateurs autour d’un projet ambitieux et décalé, un magazine fait par des jeunes, pour des jeunes. Sa détermination et ses idées n’ont pas bougé d’un poil: il est toujours le chien que vous avez adopté 2 ans plus tôt. Son agilité et son imagination seront toujours au rendez-vous pour vous surprendre encore plus. Armé de sa toute nouvelle équipe, d’une nouvelle charte graphique et surtout, d’une vision toute fraîche, il espère encore piquer à vif votre curiosité et renouer avec vous, ses tendres compagnons de voyage. Trêve de caresses et de tape sur la tête. Cela fait quelques mois qu’il gueule, s’impatiente et appréhende son retour vers les siens. Il sait qu’il a plus de 2000 amis à qui il a manqué. Pour autant, il sait aussi que deux ans d’histoire, d’amour, de rêves et de passions ne peuvent pas compter pour un os. Pour revenir à son entourage, sa nouvelle équipe a travaillé dur, souhaitant proposer du contenu varié et toujours aussi divertissant : mode, lifstyle et culture. Quant aux nouveaux arrivants au sein du projet, ils ont voulu mettre la patte à la pâte car l’envie reste la même: la volonté d’offrir un espace ouvert à l’expressionet au partage. Elle est, en ce moment même, en pleine effusion afin de consolider les lignes incisives du prochain numéro. Cerbere veut jouer à nouveau et il espère que vous aussi, ses maîtres par milliers.


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Pinterest


DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Fabrice Chapuis

DIRECTEUR DE LA CRÉATION Alessandro Di Giovanni

RÉDACTRICE EN CHEF Morgane Ramel

GRAPHISTE Merryline Hounhouivou

CHRONIQUEURS Claire Robba, Aurore Forray, Thomas Eydoux, Luca Ecuyer, Clara Martinetti, Ambre Lethier, Camille Claudet, Anais Hillion, Perrine Quatrehomme, Léa De Cazo, Julie Petitfrère, Andrea Gallea

Si vous aussi vous souhaitez rejoindre l’équipe du magazine Cerbere, n’hésitez pas à nous contacter à contact@cerberemagazine.com


SOMMAIRE

CULTURE

Censure

14 Guillaume De Angelis : « Le vinyle, c’est plus que punitif »

Dessinateur satirique qui es-tu ?

18 42 La typographie, entre nouvelle tendance et nostalgie

22

Auteurs - Compositeurs en 2016 : la nouvelle roulette russe ?

26

Mais quel Bowie est mort ?

30

Rééditions d’albums : on prend les mêmes en mieux et on recommence !

36

46

Remanier la formule

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La COP 21 pour les nuls


MODE

Y aura-t-il un style 2010’s ?

LIFEST YLE

58

Kitch 70’s

62

Old is gold ?

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74

Burn out : un des pires moments de ta vie

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ELLE/LUI

Le quartier des musées d’amsterdam fait peau neuve

Alessandro Michele

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66

84

CULTURA NEC MERGITUR

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WHAT’S IN



CULTURE


PAGE À VENDRE contact@cerberemagazine.com


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CULTURE

EN 2016 : LA CENSURE AU SERVICE DE LA LIBERTÉ ?

À l’aube de 2016, dans un monde qu’on ne peut décemment pas qualifier d’idéal, chacun se retranche du côté de ses valeurs personnelles pour pallier un état de nervosité médiatique et politique. Si les récents événements nous ont rappelé les valeurs de la France, je me demande si la liberté d’expression, la liberté de ton et la liberté de penser sont autant de préceptes dont nous bénéficions réellement au quotidien.

Bien que le ton employé dans les médias français soit relativement souple, est-ce pour autant le signe d’une totale liberté d’expression?


Censure : Action de juger, de blâmer les idées, l’oeuvre ou la conduite d’autrui.

Depuis les attentats perpétrés contre Charlie Hebdo, la question de la liberté d’expression est dans tous les esprits. Chacun étant disposé à résister à l’oppression grâce à la culture, afin de porter ses convictions et ses valeurs. Pourtant, on assiste depuis l’année dernière à une recrudescence de censure culturelle et médiatique inexplicable. « La Vie d’Adèle » par exemple, primé à Cannes en 2013 et chef-d’œuvre de réalisation d’Abdellatif Kechiche s’est dernièrement vu retiré son visa d’exploitation à l’étranger. La raison ? L’association catholique Promouvoir dont le co-fondateur André Bonnet entend supprimer le sexe et la violence au cinéma selon:« des valeurs judéochrétiennes» a jeté son dévolu dessus. D’autres films du même genre ont précédé et suivi : «Love» de Gaspar Noe, « Baise-moi » de Virginie Despentes et d’autres subiront sans doute le joug de l’influence religieuse dans notre bonne vieille France dont la laïcité n’est plus à prouver. Encore plus récent (on ne les arrête plus !) ; le film « Bang Gang » de la réalisatrice Eva Husson est la nouvelle cible de l’association. C’est tout de même une réaction intéressante de la part d’une société qui voulait défendre sa liberté coûte que coûte. La liberté des uns oui, mais celle des autres, on repassera ! Et les uns ce sont souvent ces petits malins visiblement plus intelligents que tout le monde et qui détiennent la vérité, la morale et la pureté induite par on-ne-sait-quoimais-apparemment-on-doit-le-respecter-bien-bas et qui sont toujours prêts à nous donner des leçons de bonne conduite ; nous dire ce qu’il faut voir et ce qu’il faut dire. En vertu de quelle légitimité au juste ? Quand estce que ces personnes bien–pensantes ont-elles été démocratiquement proclamées « prêcheurs du bon goût » ? Dans le secteur de la musique, c’est Grand-Corps Malade, le célèbre slameur qui a vu son concert annulé dans la ville de Blanc-Mesnil sur ordre du maire. Pour cause, le slameur et militant de gauche Rachid Taxi aurait du être présent au côté de la tête d’affiche, ce qui a eu l’air de déplaire au maire qui voyait en ce concert l’occasion d’un « rassemblement politique ». Qu’advient-il alors de la résistance ? Que deviennent nos valeurs qui semblaient nous unir tous il y a quelques mois

de ça ? Quel est l’avenir du cinéma français dont le ton et la rapport au sexe est envié par tous les cinéastes d’ici et d’ailleurs ? Il y a quelques années, la censure était tout de même plus virulente. Du moins, elle n’était pas censurée elle-même. Je m’explique ; aujourd’hui, la censure est toujours d’actualité même si on ne parle pas explicitement de taire certaines choses. Pourtant, et ce malgré des énergumènes telles que Miley Cirus ou autre Nikki Minaj qui nous font croire à une prétendue liberté sexuelle, on constate que paradoxalement à toutes ces filles à poil, l’émergence d’un « contrôle systématique des mœurs » revient sur le devant de la scène, occultant de la même façon la liberté d’expression, la liberté de ton et par dessus tout la liberté de penser.

CENSURE SOCIALE ET INFORMELLE Evidemment, la notion de « mœurs » est étroitement liée à une conception religieuse de la morale et encadre donc plusieurs aspects de nos vies et en outre, celle du genre et du rôle des hommes et des femmes dans la société. Bien sur on constate une certaine évolution de la situation homme-femme dans l’espace privé. Pourtant, l’espace public reste un lieu qui est largement revendiqué par la gent masculine et ce par des procédés parfois d’une rare violence. Cet aspect de la vie quotidienne de toutes les femmes, s’il fait aujourd’hui parti intégrante de la société est pourtant un fait relativement nouveau, qui n’était pas aussi démocratisé il y a quelques années de ça. Que s’est il donc passé pour que nous en arrivions là ? À l’heure où sortir dans la rue affublée d’une jupe est presque devenu un acte de résistance, je me demande en tant que femme si nous avançons réellement dans la voie de l’égalité. Si la censure est informelle, elle existe bel et bien et elle est le quotidien de toutes les femmes. Après de nombreuses avancées dans le domaine de l’égalité homme-femme, il me semble que depuis quelque temps nous reculons dangereusement. Sommes- nous en train de nous auto-censurer ?


Quand je me vois changer de trottoir pour éviter les conflits, les agressions verbales et tout ce qui arrive de sympa aux vilaines filles qui ont le toupet de sortir seules de chez elles, je me dis que l’indépendance et la liberté sont des concepts bien masculins et bien éloignés de ma petite personne. Peut-on exclure la moitié de la population des valeurs de la république ? J’en doute, mais ça n’a pas l’air d’effrayer grand monde. La loi du plus fort, c’est cool ! Surtout dans une société qui se targue d’être évoluée...conflits, les agressions verbales et tout ce qui arrive de sympa aux vilaines filles qui ont le toupet de sortir seules de chez elles, je me dis que l’indépendance et la liberté sont des concepts bien masculins et bien éloignés de ma petite personne. Peut-on exclure la moitié de la population des valeurs de la république ? J’en doute, mais ça n’a pas l’air d’effrayer grand monde. La loi du plus fort, c’est cool ! Surtout dans une société qui se targue d’être évoluée...

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Love

Je regardais encore hier un article publié dans Marianne à propos d’un homme, Idriss Sihamedi, dirigeant de l’association Baraka City qui a refusé de serrer la main d’une femme, Najat Vallaud-Belkacem, parce que c’en est une. Comment est- il possible que ce genre d’actions xénophobes se produisent en 2016 et soient en plus relayées à la TV et sur les réseaux sociaux ? À quand la phase finale de la ségrégation homme-femme ? Si un homme blanc avait refusé de serrer la main d’un homme noir, la communauté aurait-elle réagit avec aussi peu de véhémance ? J’en doute fort ! Tout le monde s’accorde visiblement à justifier ce type d’action par la culture, la religion et d’autres moyens divers et variés dans lesquels chacun trouve l’inspiration d’être de moins en moins uni à l’autre. Mais justifier l’intolérance

nous mène petit à petit à la normaliser ; les discours haineux s’expriment au grand jour comme si tout était admis d’avance. Le racisme n’est pas différent du sexisme et il n’existe rien ni personne qui puisse justifier l’un comme l’autre. En 2016, on dirait bien que l’égalité homme-femme n’est plus d’actualité, on préfère revenir à se poser les questions de l’égalité homme-homme et ensuite on verra, on recommencera !Ces derniers temps, une odeur de déjà vu plane lourdement sur la société... le faschisme ? Le racisme ? Le sexisme ? Finalement, l’histoire ne nous aura pas appris grand chose, pas même à changer la méthode. Je n’irai pas jusqu’à dire que tout fout le camp mais quand même, si on ne fait rien maintenant, c’est sûr, un jour ou l’autre on n’aura plus que nos yeux pour pleurer, encore !

Claire Robba


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«Poutine et Miley»

Erro


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DESSINATEUR SATIRIQUE : QUI ES-TU ? La pratique du dessin satirique est en pleine période de renouveau, certains journaux ont fait le choix de revenir à un mode de présentation plus artisanal. Un an après l’attaque de Charlie Hebdo, c’est un métier à risques qui tend à se réinventer.

Laëtitia Roméo


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Cabu, Tignous, Wolinski, Honoré et Charb étaient les meilleurs dans leur domaine grâce à leur expérience. Ils ont obtenu chacun leur tour un prix au festival de SaintJust-Le-Martel qui récompense tous les ans les meilleurs dessins humoristiques. Maintenant, il va être difficile de faire sans eux. La relève est elle prête à prendre la défense de ce métier pourtant vivement critiqué ? Bien que Charlie Hebdo et le Canard Enchaîné soient deux bons exemples, le dessin est en plein essor dans la presse écrite comme Courrier International, le groupe Le Monde, Libération (après avoir publié un de ses dessins en première page le 19 mai, Luz annonce qu’il quittera la rédaction de Libé en septembre) ou l’Humanité. Certains journaux privilégient en ce sens la liberté d’expression et manifestent un réel soutien moral tandis que d’autres font la sourde oreille et ne publient à la une qu’une ou plusieurs images comme Le Figaro. Tout le monde s’y est mis avec bonne volonté, ou presque. Les journaux locaux les plus vendus ne publient pas de caricatures, c’est le cas de Var-Matin par exemple, qui respecte une présentation classique et inchangée depuis des années. Cependant, il existe quelques exceptions : Les Potins d’Angèle (sous-titré L’hebdomadaire des coulisses de la vie lyonnaise), dans lequel on trouve quelques pages inspirées de la vie politique grand-lyonnaise puis quelques articles de fond sur des sujets polémiques. Près de la fin, on retrouve la « Lettre de Ferney », une chronique où l’on retrouve les principales infos de la semaine et où les personnages apparaissent sous des noms codés à la

Laëtitia Roméo

Voltaire. Gérard Collomb est ainsi surnommé « Choiseul » ou « Puissant de Lyon ». Le dessin satirique est commenté en abondance sur les réseaux sociaux, ayant à présent une portée nationale et internationale. L’audience saura elle s’adapter ? Après l’attaque contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, le dessin satirique a permis à une nouvelle audience de se l’approprier. En effet, l’hebdomadaire post-attaque aura été tiré à plus de 8 millions d’exemplaires. Nous le savons tous car nous avons pu l’expérimenter, la satire n’est pas censée nous faire rire aux éclats. Elle dénonce le double discours politique mené en Europe; elle supervise et mesure les écarts entre la démagogie et la réalité concrète. Charlie Hebdo a une particularité, sa rubrique « Blasphème » qui existe encore et toujours. Celle-ci fait des vagues car elle « tue la religion », un sujet que certaines personnes jugent indiscutable et qui ne peut être souillé. Alors « peut on rire de tout ? » est la question que tout le monde en France a déjà dû se poser et à laquelle on a répondu de centaines de manières différentes. Créer le débat sur ce que l’on peut ou ne pas faire, sur ce qui nous touche et ce qui nous amuse, est la meilleure façon de combattre l’obscurantisme. Parfois il suffit de revenir sur la définition même d’un certain mot pour en comprendre le véritable sens et écarter tout malentendu.


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Laëticia Roméo


La « caricature » est définie au XVIIe siècle dans l’Encyclopédie : « la représentation […] d’une personne ou […] d’un sujet, dans laquelle la vérité et la ressemblance exacte ne sont altérées que par l’excès du ridicule ». La dérision repose fréquemment sur la transformation des corps ou l’animalisation, parfois renforcée par le texte. Le nombre important de caricatures reflètent alors l’opinion d’une société dans une époque donnée et sont essentielles pour les historiens. Le XIXe siècle est l’âge d’or de la presse satirique; dans les années 1830 Charles Philipon eut créé le célèbre Charivari. La caricature fut souvent considérée comme plus dangereuse que les écrits car tout le monde pouvait les comprendre, alphabètes et analphabètes. À en croire l’audace dont il faut faire preuve, ce métier existe-t-il ailleurs qu’en France ? Oui mais pas partout. Par exemple en Russie, le dessin satirique n’existe pas et c’est bien souvent la pensée libérale qui est déplorée. Près de chez nous en Grande-Bretagne, on retrouve d’incorrigibles lecteurs qui considèrent ça comme tabou. Les anglais ont pourtant été les premiers à caricaturer la Révolution Française au XVIII ème siècle. En revanche, en Grèce le dessin satirique existe depuis 200 ans déjà. Certains sont même publiés à la une des journaux nationaux. En Espagne se trouvent de férus dessinateurs satiriques encore peu connus. Un dessin de Kap a notamment été publié dans Courrier International, à voir sans hésitation. Sans oublier que le célèbre danois Flemming Rose, journaliste de 67 ans et militant, a permis en 2005 la

publication des caricatures de Mahomet dans JyllandsPosten un quotidien danois où il était responsable de la section culture. En Belgique et au Canada, on manifeste également son soutien. Plusieurs dessinateurs apparaissent ou réapparaissent comme Clou qui publie dans La Libre Belgique ou Côté, qui publie les siens dans Le Soleil (Québec).

Aurore Forray


CULTURE

LA T YPOGRAPHIE, ENTRE NOUVELLE TENDANCE ET NOSTALGIE On parle souvent de webdesign, de tendance graphique, d’expérience UX… Mais qu’en est-il de la typographie, qui fait profil bas au profit de l’image ou du pictogramme. Aujourd’hui de retour sur le devant de la scène, les typos 2016 riment avec finesse et modestie.

L’HÉRITAGE DE LA SIMPLICITÉ En publicité, les premiers mouvements qui ont connu le développement des typographies sont l’ère victorienne et l’Art Nouveau. Toulouse Lautrec fut le premier à styliser et à savoir intégrer la lettre à ses compositions. Mais le réel avènement de la typographie en tant que tel s’opéra au début du XXème siècle. Ce sont les courants de l’avant-garde et l’invention du graphisme moderne qui vont propulser la typographie au rang d’élément prédominant dans la création graphique et publicitaire. Cette période marque la fin de la typographie ornementée. A partir de 1906 à Berlin le mouvement Sachplakat crée « l’affiche objet », essentiellement composé d’illustrations minimalistes et de typographies épurées. Vient très vite le mouvement du Bauhaus, grande école berlinoise lancée par Renner qui prôna l’économie des formes, la géométrie, le minimalisme et les couleurs en aplats. C’est là aussi que l’on voit apparaître les photomontages, les collages et les nouvelles typographies avec empattements. Jusque dans les années 60 les typographies se verront très simplistes, à l’image de la célèbre Helvetica inventée en 1957 par Max Meidinger. Le mot d’ordre est « less is more », jusqu’aux années 70 où les mouvements contestataires vont se ré-approprier les typographies onduleuses de l’Art Nouveau. Dans les années 80 et 90, les typos sont « matérialisées », voire même personnifiées. Cette période donne naissance à des caractères ou logos semblables à des néons, à des objets phares et flashs de l’époque. Tandis que la mode des années 2000 a été de ré-approprier les codes typographiques de la période victorienne, soit la superposition de diverses


typographies différentes, dans une même phrase ou une même composition. Tout cela pour donner du relief et du volume mais avec cohérence et harmonie.

LE GRAND CRU 2016 La tendance 2016 se résume donc à ce minimalisme hérité du Bauhaus. Google Font propose de plus en plus de typos fines, rondes ou hautes, elles permettent de mettre en valeurs l’objet du discours textuel tout en apportant élégance et sobriété. On voit réapparaitre des affiches complètement composées de typographies diverses et variées, mais qui se complètent pas leur simplicité et leur caractère sans serif. Serif en anglais, signifie « empattements » et désigne donc en typographie les petites extensions formant les terminaisons des caractères. La création publicitaire de cette année ne s’alliera donc pas avec des typographies criardes ou chargées de fioritures. Le modernisme des publicités à venir s’apparente à l’épurement des affiches de Cassandre par son minimalisme et ses typographies imposantes de simplicité. On voit aussi naître des conférences sur le renouveau de la typographie au service de la création graphique digitale. Mais aussi des concours, organisés par des grandes écoles comme l’école d’Art de Loraine,

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Google

autour de la création typographique. Le débat s’ouvre donc sur la place de typographie dans un univers de plus en plus visuel. Séminaires sur les typographies http://typotalks.com/day/ Tables rondes http://www.pointypo.com/table-ronde-animer-latypographie/ Conférence http://lanyrd.com/2016/btconfdus/

Camille Claudet



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CULTURE

Adidas

LIFESTYLE

cerberemagazine.com

JEUX CONCOURS

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Noah D

MODE

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SANDY LIANG


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Mont Kimbie


AUTEURS-COMPOSITEURS EN 2016 : LA NOUVELLE ROULETTE RUSSE ? Si l’on en parle pas assez souvent, les auteurs compositeurs sont pourtant ceux qui rythment la scène musicale mondiale. Ce sont eux qui écrivent ces chansons que l’on chante à tue-tête sous la douche mais, aussi ceux qui permettent de bercer nos vies au quotidien. Malgré tout, ils sont les plus vulnérables face aux courroux des maisons de disques et des plateformes sociales. Il est temps de revenir sur le B.a.-ba de ce qui fait d’un auteurcompositeur, un personnage méritant de la culture française.

L’HÉROS, L’ANTI-HÉROS L’hexagone est l’un des premiers pays à avoir instauré une législation favorable à ses auteurs-compositeurs, ce que confirme la SEPRA, la fédération de producteurs de disques indépendants en Rhône-Alpes. Pour vous rappeler vos regrettés cours de droits, l’exception culturelle française, c’est justement ces quotas de diffusion de musique française que les radios, chaines de clips, etc. sont forcées de respecter. Cependant, parlons vrai : les musiques françaises les plus diffusées ne sont pas forcément révélatrices de la diversité et richesse culturelles françaises. On pensera d’ailleurs à NRJ et Maitre Gims, Black M… Il semble que les auteurs 3.0 gèrent de plus en plus leur carrière de façon autonome. Depuis les années 2000, la démultiplication des supports musicaux, à l’instar de Soundcloud ou Youtube, aident les artistes à améliorer leur visibilité. C’est désormais ce qui leur permet de vivre pour la musique. L.E.J est un groupe emblématique de ce phénomène : des vidéos sur youtube, aucune stratégie de communication, mais un groupe assez visible sur les réseaux pour être repéré par Universal Music. Ce groupe est le symbole de cette nouvelle façade de l’artiste, porté par une chance mystique dont lui seul a le secret. Pour ce qui est des labels, ce sont eux qui permettent à ces nouveaux auteurs-compositeurs d’exister. Ils se créent un réseau, ont enfin la possibilité de se concentrer sur la création et non pas sur la gestion des broutilles administratives, communicatives, etc. Pour Jordan Cardoso, le manager du label Record Record, « L’artiste 3.0 ne doit pas forcément savoir gérer le community management ou l’administratif mais doit s’entourer d’une équipe ».


Les labels sont justement les outils qui aident les artistes à démarrer. Ils servent pour ainsi dire de « lampe de lancement permettant la découverte de leur musique au grand public ». Cela est devenu une condition sine qua non pour s’affirmer dans une carrière musicale. Malgré tout, ces auteurs-compositeurs sont aussi confrontés à des blocages, artistiques comme économiques.

QUEL AVENIR ? Si, à priori, les auteurs-compositeurs vivent une vie paisible, rythmée entre soirées, et enregistrements au studio, qu’en est-il des auteurs compositeurs qui s’autoproduisent ? Généralement s’auto-produire veut aussi dire apporter une plus-value à un projet musical tout en gardant une autonomie que les labels ne garantissent pas toujours – on pense notamment ici à Universal, Warner ou Sony. Mais les difficultés pour se faire repérer, vivre de sa musique et avoir un statut législatif sont aussi nombreuses. Quand nous parlons d’artistes-héros, c’est surtout vis à vis de cette vision des auteurs-compositeurs, régulièrement entretenue par les médias : une vie décadente mais heureuse, irrégulière voire misérable. Mais, parlons franchement : un auteur-compositeur peut gagner mille euros par mois en ayant un studio en banlieue comme il peut gagner un salaire à six voir, sept chiffres. Certains artistes semblent montrer une volonté

d’aller à contre-courant et vivre pour la musique et non de la musique. C’est aussi pourquoi et en ce qui concerne une grande partie de la scène musicale lyonnaise, beaucoup d’artistes combinent leur passion avec un travail à temps partiel, voir complet. Pour ce qui est des blocages, le grand danger des labels c’est leur pouvoir d’imposer une vision artistique qui ne va pas toujours dans le sens de l’artiste. Ils peuvent imposer telle ou telle ligne artistique dans une démarche de rentabilité et peut-être même de standardisation. Pour Jordan Cardoso, cela peut-être aussi « bénéfique que fatal pour certains projets ». Combien d’auteurs ont déjà fait la Une quand ils changeaient de label, faute de liberté artistique ? On pense notamment à tous ces artistes, à l’instar de Tricky, qui ont décidés de monter leur propre label – cela révèle une certaine herméticité des labels, peut-être pas encore calés sur les évolutions technologiques qui font que l’artiste 3.0 prend progressivement le dessus de la scène.

Julie Petitfrère


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ARTE


CULTURE


MAIS QUEL BOWIE EST MORT ? David Bowie est mort le 10 janvier 2016 à 69 ans. Il avait un cancer, mais peu importe, le principal n’est pas là. Le truc, c’est que l’artiste s’amusait à changer de personnage, au fil du temps et des albums. Mais alors, lequel d’entre eux est mort ?

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Mathieu Joly


Sale année 2016. On savait tous que 2015 n’était pas vraiment exceptionnelle, mais alors celle-là commence bien mal. Entre Galabru, Delpech et René, c’est une véritable hécatombe. Le problème c’est que j’ai pas vraiment grandi avec les films de Galabru, ni avec les chansons de Michel et ni avec la voix de la femme de René. Non, en fait, c’est avec Bowie que j’ai grandi. C’est lui qui m’a dit que le Glam Rock c’était pas que les New-York Dolls (et Bolan) et que la Funk c’était pas si nocif que ça. Mais pour me montrer tout ça, c’est qu’il a du en faire des albums. 26 au total, et presque autant de genre musicaux j’ai grandi. C’est lui qui m’a dit que le Glam Rock c’était pas que les New-York Dolls (et Bolan) et que la Funk c’était pas si nocif que ça. Mais pour me montrer tout ça, c’est qu’il a du en faire des albums. 26 au total, et presque autant de genre musicaux traversés. « Sur scène, je me sens plus comédien que musicien », s’amusait-il à dire en interview. Ses personnages, c’était son œuvre. Retour sur 4 Bowie(s).

DAVID LE MOD (ET L’OPPORTUNISTE) En plein milieu des années 60, un jeune garçon se confond avec les jeunes anglais qui trainent dans le Soho de Londres. Il s’appelle David Robert Jones et il a plein de petits groupes de musique. Toujoursàl’affutdesnouvellesmodes, David se fera Mod, acteur et même clown de la scène d’avant-garde. Il est passionné par la célébrité, et il est prêt à tout pour y arriver. Vous le sentez arriver, le côté « caméléon » ?

ALADDIN SANE À lire « A Lad Insane », ce personnage marque l’apogée de sa collaboration avec Mick Ronson, célèbre guitariste et arrangeur de Bowie, mais aussi la coke. Avec la célébrité qui l’a suivi après « The Rise and Fall... », David craque. Il pousse l’androgynie à son paroxysme. Quoiqu’il en soit, le glam-rocker poursuit sa descente aux enfers avec son acolyte, Aladdin Sane. À force de trop jouer un personnage, on finit par s’y confondre.

ZIGGY STARDUST Première (ré?)incarnation de Bowie, Ziggy serait un petit homme vert arrivé droit des étoiles. On est en 1972, la vague du Swinging London et des Beatles est passée. Le Glam-rock hésite encore, et David Bowie sort « The Rise and Fall of Ziggy Stardust and The Spiders from Mars ». Au programme : un album-concept tout droit sorti du futur, avec des musiciens qui le jouent sur scène habillés en robes à fleurs, talons compensés et slips. « Five Years », « Moonage daydream » et « Rock’n’roll suicide » racontent l’épopée d’un martien venu sur Terre pour s’y perdre. En véritable acteur, Ziggy se « suicidera » sur scène à la fin d’un concert épique en 1973 au Hammersmith Odeon filmé par D.A. Pennebacker. Les fans croient à la fin de carrière du chanteur, mais c’est simplement la fin d’une série de performances. Autre petite anecdote, c’est au même concert que Ziggy fait semblant de faire une fellation à son guitariste. Imaginez vous, une seule petite seconde : nous sommes dans les années 70, pendant un concert de Glam-rock, et deux hommes sur scène habillés en costumes moulants à paillettes et en talons simulent un acte alors encore tabou à l’époque. Pour bousculer les mœurs, il fait fort non ?


THE THIN WHITE DUKE On savait Bowie grand admirateur de Frank Sinatra. Son charisme, sa prestance et son éloquence lui permettaient de se rapprocher au plus près de son idole. Côté look, tout y est : costume trois pièces, cheveux tirés en arrière à la gomina et parfois même le chapeau. Ayant été depuis le début de sa jeunesse (ses racines Mods y sont pour quelque chose) attiré par la Soul et plus tard la Funk, David Bowie voulait essayer. Et il l’a fait. Son personnage le suivra pour une poignée d’albums. Parmi toute cette matière, on peut retenir « Fame ». Co-écrite avec John Lennon, le titre de cette chanson résume à elle seule le succès de ce personnage. Au final, ce qui relie tous ces personnages, c’est sûrement ce côté « caméléon », entre discrétion et observation. Discrétion pour sa capacité à cacher sa vie privée, tout ce qui se trouve derrière la scène. Observation pour sa totale maîtrise de la mode et de ce qui va arriver.


UN MORCEAU PAR PERSO’ David le Mod (et l’opportuniste) « Take My Tip » – The Manish Boys (1965) Pleine plongée dans le Swinging London des 60’s. Du saxophone, de la caisse claire et de la voix nasillarde. On ne peut pas faire plus Mod ! Petit bonus, la coupe de cheveux, impeccable.

Ziggy Stardust « Moonage Daydream » – The Rise and Fall Of Ziggy Stardust and The Spiders From Mars (1972) Rien que d’écrire le titre les frissons viennent. Une des plus belles chansons de Bowie. Le jeu de guitare de Mick Ronson est inoubliable, et le solo à la fin est devenu intemporel. Une pépite.

Aladdin Sane « The Jean Genie » – Aladdin Sane (1973) Retour aux sources du blues avec ce titre phare de l’album. Un riff de guitare acéré et simple, pour un personnage et un artiste de plus en plus complexes. Aussi, c’est une des chansons préférées de Noel Gallagher. Rien que ça.

The Thin White Duke « Fame » – Young Americans (1975) C’est l’addition salée de la célébrité. Avec une intro largement empruntée à « Foot Stomping » des Flares (1961), et des backing voices de John Lennon, « Fame » signe le passage du punk au funk de Bowie. Le single été le premier à mieux marcher aux Etats-Unis qu’en Angleterre.

Thomas Eydoux


Si Bowie a traversé autant de courants musicaux, c’estparce qu’il était à l’affût de tout ce qui se tramait. Il suffit de lire à nouveau la partie « David le Mod » pour comprendre totalement ce dont il s’agit. Ces personnages, cet éternel recommencement. C’est ce qui distingue son œuvre des autres artistes. En véritable interprète, Bowie est allé jusqu’à mettre en scène sa propre mort. Il se savait condamné dès 2014 par un cancer qu’il ne pouvait pas soigner. Pour lui, c’était l’ultime occasion de faire de l’art. Quand Laurent Rigoulet de Télérama titre son article « La mort de Bowie, sa dernière œuvre d’art », tout est dit. Les premières paroles de son dernier single de Blackstar sont « Look at me, I’m in heaven ». What else ? Aussi, le dernier compte auquel il s’est abonné sur Twitter est...Dieu. Quel personnage Bowie a-t-il joué encore quelques heures avant sa mort ? On ne sait pas, on ne saura pas, et on ne veut pas savoir. Parce que c’est peut être aussi ça, être un artiste. Se réinventer.

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CULTURE

RÉÉDITIONS D’ALBUMS: ON PREND LES MÊMES EN MIEUX ET ON RECOMMENCE ! Il arrive qu’un album se vende très bien et qu’on veuille qu’il le soit encore plus. Il arrive aussi que les ventes d’un album ne décollent pas et qu’on veuille tenter de le sauver. Pour répondre à ces deux situations, les labels ont souvent recours à la réédition. Un phénomène récurrent un peu partout dans le monde depuis quelques années qui consiste à relancer un disque dans les bacs mais dans une nouvelle version enrichie d’un contenu supplémentaire.

Dans l’industrie du disque, on appelle réédition la nouvelle publication d’un même disque auquel viennent s’ajouter des altérations et bonus absents dans sa première édition. C’est un peu comme sortir un nouvel album alors qu’il s’agit à 90% du même contenu. Le disque réédité comprendra automatiquement de nouvelles pistes, qui figureront parfois sur un deuxième CD. Pour que l’impression d’avoir affaire à un nouveau projet soit renforcée, cette réédition présentera souvent une nouvelle pochette et son nom sera lui aussi légèrement altéré. Ce qui lui attribue comme un gage de valeur supérieure à sa première version, une confirmation d’un «2.0». Parfois cette nouvelle version est même agrémentée d’un dvd ou figurent des prestations live de l’artiste ou quelques clips. Une opération de second souffle purement commerciale adoptée par les artistes dont les ventes d’un album ont été fructueuses, afin de les rendre encore plus lucratif. On surfe sur le succès rencontré par un disque avant que la vague ne retombe. Ainsi, on propose aux fans de la première heure une version voulue améliorée d’un album, et aux nouveaux fans une seconde occasion de l’acquérir.

MAIS EN QUOI EST-CE MIEUX ? La version rééditée s’auto-qualifiera souvent de version dite « de luxe » ou plutôt « collector ». Pour que cette nouvelle étiquette soit légitime, la réédition devra assumer pleinement ce nouveau statut de « meilleure version » et ce sous tous ses aspects. Autrement dit, l’ensemble doit absolument paraître « mieux » et donc plus séduisant. C’est ainsi que parfois on hésitera pas à présenter le nouveau disque dans un boitier digipack, parce que c’est nettement plus joli et que ça lui donne presque un aspect plus précieux. Dans le pire des cas sa pochette sera juste différente de la précédente, il arrive même qu’elle soit plus belle.



réédition et tous les moyens sont permis, y compris la facilité : Shy’m ne s’était pas mouillée en 2010 en rééditant Prendre l’Air, dont la promo a été assurée par une reprise du tube En Apesanteur de Calogero...

EST-IL MAL-VU DE RÉÉDITER SON ALBUM ? La qualité du son peut potentiellement être améliorée. A cela on rajoutera très souvent des featurings et pourquoi pas des remix. Enfin, point le plus important: la promotion de cette nouvelle édition devra être menée par la diffusion d’un nouveau tube inédit qui bénéficiera bien évidemment d’un clip. Il vaut mieux que ce tube soit efficace car sa mission consiste en une double opération séduction. Faire naître l’envie d’acheter chez ceux qui ne l’avaient pas déjà fait, et plus difficile, refaire acheter ceux qui l’avaient déjà fait. En 2006, suite à la baisse de succès rencontré par les singles issus de son deuxième opus B’Day, Beyoncé avait joué la carte du featuring aux côtés de Shakira pour une réédition baptisée simplement B’Day Deluxe Edition. L’album avait pour l’occasion vu sa tracklist modifiée par l’apparition de six titres supplémentaires, sans compter les nombreux remix. La réédition fut un succès, accompagnée d’un dvd qui comportait un clip pour chaque piste de l’album. Même cas de figure pour Maroon 5 qui a tenté de sauver du naufrage son troisième album Hands All Over en 2011. Le groupe y est parvenu avec une réédition menée par un vrai succès envoyé aux radios, Moves Like Jagger en featuring avec Christina Aguilera. Un tube planétaire qui a réussi à faire remonter l’album dans les charts. Mais une réédition ne fait pas forcément des miracles. En 2013, Little French Songs de Carla Bruni ne rencontre pas son public. Une réédition de l’album est apparue, avec un titre-locomotive en collaboration avec Julien Clerc. Mais l’opus reste un échec. En effet, on compte souvent sur la force du tube inédit pour garantir le succès d’une

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Andrea Gallea

Nombre d’artistes déclarent être contre cette opération marketing et la décrient. La question de leur légitimité a même été posée sur le site d’actualité musicale Booska-p, résultat: 74% des internautes trouvent l’opération sans réelle utilité. En effet, certains considèrent la chose comme une belle démonstration d’irrespect envers le fan fidèle qui se retrouve quasi contraint d’acheter deux fois le même disque. Car oui, l’inévitable et amère sensation de s’être fait rouler si l’on s’est jeté sur la première édition à sa sortie n’est pas un mythe. D’autant que certaines sont des « éditions limitées » voulues collector qui sont proposées à un prix même plus élevé... Cependant une réédition d’un album peut sonner comme une offensive à la crise du disque. Les maisons de disques préfèrent tirer un maximum de profit d’un album à succès en le rééditant plutôt que d’en publier trop hâtivement un nouveau dont l’avenir est incertain. En somme, elles préfèrent prendre le moins de risques possible, et on peut les comprendre! De cette façon, elles sont également assurées que le public n’oubliera pas l’artiste entre deux albums. Puisqu’on parle du public, sa réceptivité à la réédition est très variée. Il y a le fan aveugle, celui qui pardonne tout à son idole et il y a celui qui trouve que son idole exagère quand même un peu, qui ne le suivra pas mais qui ne cessera pas de l’aimer pour autant. Il y a le fan malin qui prévoit le coup et attends de voir si réédition il y aura.


Enfin il y a ceux qui constituent le noyau même de la crise du disque pour qui la question d’acheter ou de reacheter ne se pose même pas. On est même tenté de penser que les rééditions sont une motivation pour télécharger illégalement. Malgré son contenu inédit, un album réédité ne compte pas comme un album à part entière prévu dans un contrat avec une maison d’édition, contrairement aux bestofs. Il arrive que rééditer son album soit un moyen de tourner la page sans prendre de risque (paradoxal vous dites?). En effet, certains artistes dont le contrat avec la maison de disque touche à sa fin sortent une réédition avant de se lancer dans une nouvelle aventure avec un nouveau label. Une prise de précaution pour la maison de disque et pour l’artiste. Ce fut le cas du duo franco-glamour Brigitte, après une réédition de leur premier opus « Et vous, tu m’aimes?» qui comprenait un deuxième disque composé de reprises, les deux jeunes femmes ont décidé de se créer leur propre label avant de nous proposer leur deuxième effort. Faire des rééditions, ça fait vendre indubitablement (la preuve formelle reste qu’il continue d’y en avoir) il n’en demeure pas moins que ça reste perçu comme une arnaque aux yeux du grand public. Un sentiment d’arnaque que l’on sent encore plus face à la proximité des dates de sorties de deux différentes éditions, souvent séparées par une poignée de mois. Par ailleurs, technique marketing dans toute sa splendeur, il est fréquent que la réédition paraisse quelques semaines avant les fêtes de fin d’année... Mal-vu de rééditer son album ? peut-être, mais ça marche ! Pourtant tout le monde le fait. Nombre d’artistes, tous styles de musique confondus, se sont laissés tenter par cette opération de reséduction. Dans le milieu du rap français, Booba nous a proposé un « Futur 2.0 » plutôt bienvenu qui restait dans la continuité de sa première version. D’autres artistes prolifiques actuellement à l’instar de Nekfeu, Maître Gims, Zaho ou Black M y ont également cédé. Mais aussi des chanteurs de variété comme Calogero ou Florent Pagny, qui ont eu en commun de rééditer pour Noël. Les artistes en début de carrière ne sont pas épargnés : Louane, Kendji Girac ou Marina Kaye pour ne citer qu’eux. Autant user le sachet de thé jusqu’à la

dernière infusion possible... D’autres utilisent la réédition pour faire d’une pierre deux coups et tenter de conquérir par la même occasion le marché international. C’est le cas de Christine And The Queens, sonalbum Chaleur Humaine rebaptisé sobrement Christine and the Queens pour une réédition plutôt décevante qui ne comprend que deux véritables titres inédits sur les cinq présentés. Plus subtile, la britannique Jessie Ware, dont l’excellent premier opus a été réédité pour être exporté aux US (Devotion - The Golden Edition) comptait peu de modifications : une chanson inédite et un nouveau visuel, mais toujours la même qualité. Une réédition peut faire la différence grâce à un contenu plus riche. The Fame Monster de Lady Gaga, qui a pour le coup rencontré un succès monstre, comptait huit nouvelles pistes avant- gardistes qui avaient officiellement élevé la chanteuse au rang d’icône de la pop. Ed Sheeran prévoit également une nouvelle édition à son très acclamé X, renommé X - Wembley Edition, qui comprendra une poignée d’inédits et surtout un film complet de son concert au stade de Wembley. Avec Born To Die The Paradise Edition, Lana Del Rey avait dévoilé une facette plus inattendue, et beaucoup considèrent le contenu inédit de cette réédition comme meilleur que sa versioninitiale. Good Girl Gone Bad Reloaded de Rihanna avait réussi à prolonger cette ère de succès qui fut sienne d’abord avec la bombe Umbrella, puis après réédition avec le hit mondial Disturbia. Aussi, on se souvient du tube de 2005 Hips Don’t Lie de Shakira. Issu d’une réédition de Oral Fixation vol.2, le titre en collaboration avec Wyclef Jean lui a permis de faire rehausser ses ventes de façon monumentale. Oui, il arrive qu’un album réédité se vende même mieux que sa première version. Rééditer son album reste chose fréquente dans le monde de la musique et en particulier la musique mainstream. Elle permet de contrer la crise du disque et il arrive même que la qualité de son nouveau contenu soit au rendezvous. Le problème réside dans l’accueil du public déjà acquéreur de la première version de l’objet qui ne peut savoir à l’avance si réédition il y aura. La douce-amère sensation d’arnaque reste inévitable chez les acheteurs des premiers jets.

Andrea Gallea


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ne.com ncert de Mars.


CULTURE

GUILLAUME DE ANGELIS : « LE VINYLE, C’EST PLUS QUE PUNITIF» 20 ans, propre sur lui et étudiant en Droit et Sciences Politiques à Lyon III, ce Guillaume en cache un autre. Entre passion invétérée pour l’analogique et grande connaissance de la musique techno, ce jeune DJ lyonnais surprend. Rencontre. Cerbère : On va commencer simplement : comment cette passion du mix t’es-t-elle parvenue ? Guillaume : C’était un été, à Berlin, en 2012 si je me rappelle bien. J’étais au Raw Tempel avec des copains et je crois même que c’était DJ Humanoid qui mixait. Pour moi, à cette époque, c’était tout simplement une révélation. Pendant toute la durée du set, j’ai eu ces sortes de vagues de bonheur et d’euphorie permanentes qu’on ressent quand on est bien. Je me rappelle aussi que mes potes voulaient partir, alors que moi j’étais dans ma petite bulle. Dans la salle, il n’y avait que moi et la musique. Ça m’a carrément retourné. Mais avant ça, t’étais dans quoi ? J’écoutais un peu de tout à vrai dire. J’étais tantôt métal, tantôt Rap au collège et début lycée. C’est après ce court séjour à Berlin que j’ai compris que c’était de l’électro que je devais écouter. Et encore plus que simplement écouter, que je devais mixer.

Justement, parlons un peu de ta technique de mix. Elle est assez particulière c’est bien ça ? Oui, en fait, c’est sur vinyles que je mixe. Attends une seconde, pourquoi sur vinyles ? Je ne sais pas vraiment. C’est vrai que j’ai jamais vraiment pensé à d’où venait cette envie. En fait, je pense que c’est simplement le support en lui-même qui m’a intrigué. Aussi, le vinyle représente, pour moi, un symbole de la musique. Et puis le son, le grain, le toucher. C’est comme si à chaque écoute le morceau était différent, voire plus profond.

« Le vinyle représente le symbole de la musique »

Donc si je pioche dans ton sac, je vais y trouver qui comme artiste ?

Et ça fait longtemps que tu mixes sur ce support ?

Je résonne pas vraiment en termes d’artistes, mais plus avec les Labels. Pour moi, ceux que je préfère sont Perc Trax, Delsin et Clockworks. Je les ai choisi eux parce que il y a une certaine cohérence dans le style. Après j’écoute aussi un peu de musique Ambiante et de Noise. C’est assez spécial, mais j’en écoute pas mal.

Ça fait depuis décembre 2014 que je suis sur vinyles. Après, pour tout avouer, j’ai commencer avec les deux : numérique (sur clé) et analogique (sur vinyles). Tout simplement parce que c’était juste trop compliqué de se lancer tête baissée dans le mix vinyle. C’est seulement en juillet de l’année passée que je me suis lancé dans le full vinyles.


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Mais techniquement parlant, ça n’a rien à voir avec des mixes sur clé ou des choses dans le genre, non ? Non, c’est vrai. C’est totalement différent. Tout d’abord, je dirai que c’est beaucoup plus punitif, dans le sens où chaque erreur, chaque approximation s’entend. On a pas toutes ces corrections numériques que peut apporter un support numérique. Avec les vinyles, on est sur de l’analogique. Et qui dit analogique, dit plus complexe. Donc, si on résume bien, c’est pas la joie quand on commence les mixes en vinyles ? Oui voilà, même pire que « pas la joie ». C’est juste affreux. Tu hésites, tu te trompes, tu repars de zéro. Mais c’est ce qui fait un peu la beauté du geste. Même si c’est dur au début, tu découvres petit à petit tous les bons côtés. Niveau vinyles, tu les pioches où ? À Lyon, principalement Chez Émile et Groovedge Record Store. Alors, à force d’en prendre à droite à gauche, on va dire que j’en ai environ 500. Et lesquels sont-ils ces « bons côtés » ? On en trouve beaucoup ? Avec du recul, oui. Déjà, ça t’apprend à connaître par cœur tous les morceaux que tu vas jouer. Et ça, pour moi, c’est la base de tout bon DJ qui se respecte. Aussi, c’est au niveau de la sélection de titres que ça joue. Avec les vinyles, on peut avoir une playlist beaucoup plus personnelle, plus introspective. En numérique et sur clé, tu peux chopper tout ce que tout le monde a. En revanche, sur 45 Tours on peut trouver des petites pépites inédites et rares. Tout ça te distinguera forcément d’un autre, qui mixe d’ailleurs sûrement mieux que toi ! (Rires)

«Ce qui est important c’est ce qui sort des enceintes »

Hugues Feuillet


Et après les « bons », quels en sont les inconvénients ? Il y en a, bien évidemment. Comme je l’ai dit tout à l’heure, c’est plus punitif que le numérique. En fait, le mix sur vinyles, c’est un peu à double tranchant. Déjà, même si tu peux trouver des trucs beaucoup plus rares qu’en CD ou que sur le net, tu ne trouves pas tout non plus. Tu mets beaucoup plus de temps pour te construire la playlist que tu vas jouer plus tard. Alors certes les morceaux seront plus inédits et tout simplement moins ordinaires, mais ça t’aura pris beaucoup plus de temps ! Aussi, toutes les indications techniques du genre BPM, les pitch et tout ça ne sont pas affichées : une sacrée galère ! L’autre « bad side » du mix sur vinyle, c’est tout simple : la plupart des clubs ne sont pas encore tous équipés de platines. Le matériel de qualité n’est pas toujours au rendez-vous. En parlant de meilleur qu’un autre, est-ce que la technique est si importante que ça dans ton milieu ? C’est une question assez délicate. C’est sûr qu’on DJ qui ne sait pas mixer, il peut passer à autre chose. Après, quand tu penses à ce qu’est la base d’un DJ, c’est sa sélection de titres, et sa manière de les lier entre eux. C’est sûr que la technique est importante, mais ça ne fait pas tout. Et puis le public s’en fou, la question n’est pas là. Ce qui est important c’est ce qui sort des enceintes. Après le reste, c’est propre à chacun. Tu n’es pas très vieux dans le milieu électro lyonnais n’est-ce pas ? Non, je me suis lancé il y a pas longtemps. Après quelques soirées privées, j’ai décidé de collaborer avec le collectif Social Community en novembre dernier. On est quelques DJ résidents avec eux, et ça nous permet de faire pas mal de dates dans les clubs de Lyon. J’apprends beaucoup et vite, donc pour moi c’est l’idéal. Après, je fais en sorte de rester dans le style du collectif, qui est plutôt house.

Tu serais pas en train de sous-entendre que c’est pas vraiment ce que tu écoutes ? Non, moi c’est plutôt de la grosse techno ! Après voilà, il faut avoir le public adéquat en face de toi. Tout ce que je mixe, je l’adapte forcément aux gens que j’ai devant moi. Tous les DJ font ça, sinon ils mixeraient que chez eux… Alors quand je vois que ça commence à bien partir, je m’amuse à pousser un peu plus. Au plus les gens dansent, au plus je pousse le truc. Juste avant qu’on commence l’interview, tu m’as parlé d’une possible évolution de ton set ? Oui, en fait j’aimerai bien me lancer dans le live. Donc fini les titres que je lance les uns à la suite des autres. Avec ce nouveau schéma de scène, je pense que j’aurai plus de libertés, que je me sentirais un peu moins « bridé ». Je contrôle chaque élément, que je lance quand je veux et quand je le sens. C’est cette dimension « concert » que j’ai toujours aimé et trouvé importante que j’aimerai bien retrouver et apporter au public. La production m’a toujours donné envie, donc je pense que je vais me lancer. J’ai déjà un clavier, boîte à rythmes, des pads et tout ça, donc à voir. Donc ta première date live, c’est pour quand ? Oula, faudra patienter un peu ! J’ai dit que j’avais envie, pas que j’étais prêt ! (rires) Je suis un peu trop frileux, j’ose pas beaucoup me montrer, m’ouvrir. Faut dire que de montrer que l’on a soit même pensé et écrit, c’est quand même pas facile. Mais ça viendra, je vais bosser, m’entrainer et encore plus bosser. Mais j’en suis persuadé : un jour, ce seront mes morceaux que je performerais sur scène plus tard.

Propos recueillis par Thomas Eydoux


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Coralie Lauren


CULTURE

REMANIER LA FORMULE Tiens ? Salut cher lecteur, tu cherches à combler tes heures ? Tu aimes le cinéma ? Ou es-tu simplement curieux d’étoffer ta culture G, en appréciant ces quelques lignes que je t’offre. Si tu es bien installé, je te donne une astuce en plus. Miracle de notre monde moderne, il me semble qu’il y a non loin de toi un quelconque appareil te permettant de bénéficier d’une piste musicale. Que ce soit pour tes oreilles seules ou à partager, et si l’envie t’en dit, lis donc ces lignes dans ta tête ou à voix haute accompagnées de Bill Evans – I Wish I Knew. Ou pas. Mad max, Jurassic world, Les 4 fantastiques, Terminator, Peter pan, Star Wars, Total recall, Cendrillon , La belle et la bete, Polteirgest, Point break, Hitman, Frankenstein, Spider man, et j’en passe et j’en passe, des reboots, des remakes etc. Depuis 2015, où est donc passé la créativité? Ou serait-ce le profit ou la perte des droits d’auteur qui pousse les réalisateurs à la refonte de ces œuvres cinématographiques ? Le cinéma, c’est un luxe, c’est le 7ème art, mais comme dans tout, il y a parfois des incompréhensions. Les flops existent en tout genre et sont parfois violents. Je resterai neutre dans cet article et éviterai donc de nommer les films que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. Universal a déjà mis ma tête à prix. Trop ? Pas assez peut être ? Une bonne ou une mauvaise chose ? J’en reste le postérieur entre deux chaises, en parlant poliment. Pas très confortable, et puis, de temps en temps, il faut admettre que cela fait du bien de voir un bon film renaitre de ses cendres, poussé par un maitre de la camera et de bons acteurs qui donnent tout pour éviter le flop du déjà-vu. Oui parce que comment attirer les spectateurs vers un film dont ils connaissent la trame principale, le scenario voir le dénouement, sous prétexte qu’il sera « remis au gout du jour ». Et puis d’abord, ça veut dire quoi cette expression utilisée dans tous les domaines de l’art ?

Cette locution indique que quelque chose est à la mode, dans l’air du temps, selon les critères de l’époque en question. Merci google. Mais est-il nécessaire de rappeler qu’un long métrage est aussi ancré dans son époque, et qu’il est d’actualité dans la nôtre de récréer sous le prétexte de retrouver. Car en effet, tourne autour du tournage tous ces engrenages qui englobent l’atmosphère économique et sociale d’un temps. Tout un charme d’un instant T, avec les moyens et arrangements bien faits, de la même manière qu’on apprécie les craquements du son au passage du diamant sur une bonne vieille platine vintage. Il faut prendre en compte le contexte de tournage du film original, et ne pas en perdre la souche si l’on veut garder l’esprit de base. Toutefois, j’éprouve un grand plaisir à visionner ses œuvres nouvelles, bénéficiant d’une post-prod incroyable. Technophile pour ma part, mon regard se précise et titille les rendus quelque peu douteux parfois. D’un autre côté, si j’accroche à l’histoire, elle se retrouve au détriment de fonds verts mal gérés, d’anachronismes ou autre faux raccords. Mais il ne faut pas pousser mémé dans les magnolias, ça ne pardonne pas tout.


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Luca Ecuyer

Alors un reboot, quel que soit le genre du film, super méga grosse production américaine, thriller, dramatique, comique, fantastique, hantai, indé, bizarre, bollywoodien, nanar, ou encore court métrage, est fondé la plupart du temps sur de bonnes intentions. Il n’en reste pas moins qu’il faut être conscient de ce qui a déjà été fait avant, et ne pas prendre le reboot pour l’original. J’implore votre sagesse et les tréfonds de votre bon-sens, beaucoup d’œuvres musicales et cinématographiques ne sont que des pâles imitations et / ou refonte d’un autre temps. Généralement, le titre se permet même des changements. En bref, on peut éprouver une certaine lassitude face à ces « renouveaux » mais heureusement qu’il existe quelques chefs d’œuvres çà et là qui surgissent des grands esprits. Qu’il est revigorant d’accorder du temps à ces génies, de s’installer dans un bon gros fauteuil rouge, le postérieur écrasant les reste de pop-corn du dernier passage, et de garder la bouche comme les yeux ouverts de l’extinction des lumières au générique final. Il ne faut pas cracher sur les remakes, et avouer que certains font plaisir à voir, quand d’autres ne méritent

absolument pas l’attention qu’on leur accorde. Question de goût et de couleurs, que chacun apprécie à sa manière son visionnage, et les moutons seront bien gardés. Paix à vous tous, et surtout, continuez de rêver, laissez-vous plonger dans de fous univers et de rocambolesques histoires. Imaginez, créez, volez. Je vous laisse avec Bill Evans.

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Les flops existent en tout genre et sont parfois violents

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Luca Ecuyer


CULTURE Tu en as entendu parler des jours entiers, tu as même lu quelques petits trucs dessus dans Direct Matin, appris qu’on avait eu un accord historique mais tu n’as aucune idée de ce que c’est ? Cet article est fait pour toi. Parce qu’à la COP21 les dirigeants du monde entier se mettent d’accord pour savoir si tes petits enfants iront jouer dans le bac à sable géant du désert de Miribel, si, comme nous pour le dodo, ils ne verront des ours blancs que sur de vieux livres illustrés, ou s’ils pourront se balader sans masque dans la rue et sauter dans des flaques d’eau non-acide. Un truc qui, en fait, te concerne un peu quoi.

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Banksy


LA COP 21 POUR LES NULS


Il est peut-être important d’abord d’expliquer ce que c’est, le réchauffement climatique, les gaz à effet de serre… L’effet de serre est en fait un mécanisme tout à fait naturel, et même nécessaire à la vie sur terre, pour que tu ne te cailles pas trop les miches et que ton ancêtre bactérie se développe, ce genre de choses quoi. Le souci c’est que l’activité humaine a démultiplié cette action naturelle. Concrètement, quand les rayons du soleil atteignent la Terre, une partie est renvoyée immédiatement. Sauf que les Gaz à Effet de Serre (GES) réfléchissent une partie des rayons infrarouges réfléchis et les renvoient vers la Terre ce qui permet de la réchauffer. Ici RAS. C’est là que l’homme est intervenu. Avec nos activités nous relâchons beaucoup trop de ces GES dans l’atmosphère, la toile qu’ils forment est alors trop épaisse, et ils ne laissent plus passer de rayons, qui restent alors bloqués entre le sol et cette barrière. En fait c’est un peu comme si dans ta partie de flipper au lieu d’avoir quelques obstacles tu avais une grosse ligne sans trou pour laisser passer la balle. Vachement moins drôle non ? Les principaux gaz qui créent cet effet de serre sont le très connu CO2 - notamment relâché par les pots d’échappement -, mais aussi le méthane, les pets de vaches -tu en as surement entendu parler-, et le protoxyde d’azote. Et toi petit malin qui va me dire « ben voilà, je fais bien d’être carnivore je suis écolo moi je mange des vaches qui produisent du méthane », oui mais non, c’est parce que tu manges de la viande qu’il y a de l’élevage intensif, et c’est cet élevage et non l’existence des pauvres vaches qui participe à l’augmentation de l’effet de serre. Tu veux un ordre d’idée de l’augmentation des émissions de ces gaz?

Dans l’atmosphère à la fin du 19e siècle on trouvait environ 270 milles parties par millions de CO2 (ppm, c’est à dire que sur 1 millions de particules dans l’atmosphère, 270 milles étaient du CO2), ce chiffre est passé à 400 milles aujourd’hui. Plus 130 milles en cent ans, ça fait mal.

MAIS ALORS QU’ELLES SONT LES RETOMBÉES ? Premièrement, on a une augmentation des températures. Alors oui, nous non plus on n’est pas foncièrement contre moins se les peler en hiver, mais si en France on a juste un peu plus chaud, il y en a que ça touche plus gravement. Les cartes météo Australiennes ont même dû inventer une nouvelle couleur à l’habituel camaïeu de jaune orange et rouge pour signaler les températures supérieures à 50 degrés : un ravissant violet. On pense que d’ici 2100 la température pourrait augmenter jusqu’à 4,5 degrés. Tu le vois comment ton hiver à 15 degrés et ton été à 40 ? Ensuite il y a le souci de la montée du niveau des mers. Les glaciers et banquises fondent, augmentant le niveau des océans de 3,3 millimètres par an et ne fait que s’accroître. Dans le pire scénario d’ici 2100 il pourrait augmenter d’un mètre. C’est dire adieu aux états insulaires et autres îles paradisiaques. Sayonara les Maldives! Pour continuer arrive le problème des précipitations. Ou, comment certains auront trop d’eau quand les autres en manqueront. Dans l’hémisphère nord, et par là on entend le haut de l’hémisphère (non la Côte d’Azur, vous n’y êtes pas) vous aurez davantage de pluie. Alors que les zones déjà arides (là vous y êtes le bassin méditerranéen) se verront souffrir de sécheresses dont la longueur


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augmentera aussi, ce qui réduira notamment le débit des fleuves. Le souci ? C’est que nos centrales thermiques et nucléaires sont refroidies par les cours d’eau, et que nous pourrions donc voir un impact direct sur nos ressources en électricité. Pendant la canicule de 2003, 17 réacteurs ont dû être ralentis ou arrêtés soit environ -7% de notre capacité de production française. Le problème ne sera plus seulement que ton IPhone ne tiendra pas la charge, mais qu’en plus tu ne pourras plus le recharger ! Le dernier phénomène c’est l’acidification des eaux. Le CO2 excédentaire se dissout dans les eaux de surface les rendant plus acides. Un petit phénomène inédit depuis 300millions d’années dont les chercheurs n’ont juste aucune idée des conséquences à long terme, dont ils supposent tout de même que des éléments de base de la chaine alimentaire (comme le plancton) pourraient ne pas s’y adapter. Et le plancton c’est la base de toute vie sous la mer. Plus de plancton, plus de poissons, plus de saumon fumé à Noël et plus de dauphins dans Les Princes de l’Amour.

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LA CRÉATION DES COP Pour toutes ces raisons alarmantes, la communauté mondiale a monté les COP. Les Conférences des Parties signataires de la convention climat de Rio se réunissent chaque année depuis 1995. La première se tient à Berlin et fixe par pays ou région des objectifs quantifiés de réduction ou limitation des émissions. Tu as surement l’impression d’en entendre parler beaucoup de l’écologie, et on en parle souvent comme étant le nouveau problème, mais en fait les premiers rapports concrets datent de 1985, soit il y a 30ans, et la reconnaissance de se changement date de bien avant cette date.Le principal problème ici est qu’il est impératif d’avoir une action conjuguée de tous les pays du monde, et qu’un pays pense avant tout à son développement économique. Toute la tension vient de la difficulté de trouver un accord qui ne lèsera aucune partie. Ce qui explique (partiellement) la lenteur des actions. Sauf qu’on n’a pas vraiment le temps. Même si demain le monde arrêtait toute activité polluante (ce qui est totalement impossible) la Terre continuerai de se réchauffer pendant encore au moins 10 ans juste avec ce qu’elle a déjà emmagasiné. Et les arbres ne vont plus nous aider. On les mène à l’overdose : dans la forêt amazonienne leur mortalité a augmenté de 3,3%. Du coup notre objectif est de ne pas dépasser deux petits degrés d’ici à 2100 au delà desquels les conséquences seront irréversibles. Mais HEY ! Depuis 1880 on a déjà grillé 0,85 degrés, il ne nous reste donc plus qu’un crédit de 1,15 tout petit degrés à ne pas dépasser.


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MAIS CONCRÈTEMENT NOUS DIRAS-TU, ILS FONT QUOI POUR ARRÊTER ÇA ? Premièrement ils ont créé la Convention Cadre des Nations Unies Pour le Climat et les COP sont là chaque année pour la mettre à jour. A Kyoto en 1997 des pays développés (historiquement responsables de ce réchauffement) se sont engagés à réduire leurs émissions de 5% d’ici à 2012. Mais pour atteindre nos 2 degrés ils devraient les réduire de 75% d’ici à 2050. Autant te dire qu’on en est loin. Copenhague, la COP16 en 2009, a été un échec car elle a failli à trouver la solution pour prolonger ces engagements. Mais certains pays se sont engagés à réunir 100milliards de dollars par an à partir de 2020 pour que les pays en développement puissent faire face au réchauffement et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. La COP21 a été préparée en avance par la COP20 dont la seule mission était de s’assurer que celle-ci soit décisive. Pour cela, chaque pays devait donner à l’ONU sa Proposition de Contribution Volontaire à la réduction d’émission de GES. Pendant cette COP on devra s’assurer que ces contributions seront suffisantes à ne pas dépasser le seuil des 2 degrés, définir

comment les 100milliards de dollars seront utilisés pour ne pas trahir la confiance des pays en développement, et notre petite préférée, réduire les aides accordées aux énergies fossiles (oui, il y en a, et beaucoup) et reporter les coûts liés aux conséquences du réchauffement climatique sur les responsables des émissions de GES. Pure justice non ? C’est un enjeu colossal, 196 parties ont signé les accords de Paris qui, sur le papier devraient en effet limiter les hausses des températures à moins de 2degrés. Vous voyez ici le même problème que nous. Un joli texte, des échéances (un peu trop lointaines) et aucune sanction. En fait, le problème majeur de ces grosses conventions est l’absence totale de pouvoir en dehors des promesses faites. Mais peut être est-ce parce que les vrais acteurs de ce réchauffement climatiques c’est nous, et que remettre l’avenir de notre planète dans les mains de nos dirigeants n’est pas la seule solution. Après tout, à la COP21 ils étaient environ 20 000 participants, et sur la planète on est 7,3 milliards.

Ambre Lethier


LES DÉCISIONS DE L’ACCORD DE LA COP 21 Il y a donc une action différenciée des pays. Les pays développés doivent « continuer de montrer la voix » c’est à dire qu’ils doivent réduire leurs émissions sur l’ensemble de leur économie. Les pays en développement doivent « continuer à améliorer leurs engagements », en fait, ils sont encouragés à prendre des voix de développement plus respectueuses que les pays déjà développés, en échange de quoi ils sont subventionnés. Et les pays les moins avancés, les petits états comme les îles sont libres de contribuer comme ils le souhaitent. En fait leur action n’est pas aussi décisive et ils sont généralement déjà respectueux de leur environnement. Ces actions seront révisées tout les 5ans pour coller au mieux aux besoins et possibilités mais aussi, on ne va pas se mentir, pour vérifier qu’elles sont respectées. La deuxième décision de cette COP21 concerne les financements, les pays « riches » devront apporter une aide financière, dont les fonds peuvent être publics ou privés, pour soutenir le développement. Tandis que les pays développés devront communiquer leurs fonds disponibles pour assurer leur engagement. Dans tous les cas les nouveaux montants apportés devront être supérieurs au pallier de 100 milliards de dollars. La troisième grande décision est l’adaptation qui était jusqu’ici considérée comme un enjeu local. Les Etats devront donc communiquer leurs plans d’adaptation et leurs besoins de soutien. Enfin, la dernière mesure concerne les pertes et dommages, ce sont tous les secteurs touchés directement par cette réduction des GES, comme les producteurs et éleveurs par exemple dont l’activité est directement « coupable ». Il est demandé de les prendre en compte et de les réduire au maximum. Toutefois, il est impossible de les utiliser comme « excuse » pour ne pas réaliser ses objectifs. Aux pays de réussir à combiner les deux.



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Y AURA -T IL UN ST YLE 2010’S ? Allez, interro surprise ! Le sujet est simple : Décrivez le style 2010, notre style, notre décennie. Alors... Par où commencer ? Trop d’images surviennent soudain, différentes lignes, volumes, pièces et même ST YLES. Différents styles oui, parlons en, pouvez vous les répertoriez ? Pas facile en effet. Trop d’informations, trop de choix, trop de tout, trop de rien. La création paraît arriver à son épuisement. On parle de remastérisation du vêtement, autrement dit “ remettre au goût du jour des époques passées et plus ou moins fortes en créativité ”.

L’ÈRE DU VINTAGE Au début des années 2010, on a pu constater une forte influence 1980/90. On peut l’illustrer à travers le retour des plateformes, les couleurs néons, la veste de baseball américaine, la banane, le leggings, le jean boyfriend... et c’est déjà beaucoup. Dès 2012 on a vu naître une uniformisation des couleurs, elles s’assombrissent pour laisser place à des nuances de gris, puis au noir et blanc, s’installe alors une mode du minimalisme, presque le même que celui qui avait pris son essor dans les années 90, le fameux mouvement antifashion. Ce qu’il y a de nouveau c’est que l’on transforme ce style qui incarne le refus de l’ostentatoire, en un style bling inspiré directement de la culture urbaine américaine. Les t-shirts longs, les shorts et leggings semblables aux tenues des basketteurs américains, et les chaines dorées, les bagues, les zips métalliques... Un cocktail 100 % années 90 mêlant culture hiphop à influences japonaises. Un mélange de deux styles me direz vous. Cela fait maintenant deux ans que nous baignons dans un remake années 60/70. Typiquement illustré par le titre de la

collection hiver 2015 « La Femme Enfant » de Jacquemus, le créateur de l’année 2014. Morphologie cachée sous du néoprène, formes exagérées rendant petite et mignonne la personne qui la porte. Qui dit femme enfant dit Twiggy, icône des années 60 avec son joli minois de petite fille trop maquillée. C’est aussi l’époque de la minijupe, mini-robe, et des formes droites, trapèzes, des femmes qui osent marcher à plat, et briser les codes du glamour pin up années 50, adoptant une allure enfantine. L’été 2014 aura fortement été agité par le port de la mini robe droite et de la basket, ligne quasiment identique à celle des sixties, ayant pour seul différence l’omniprésence du sportswear dans notre décennie qui ne fut popularisée que des les années 70. Et nous y venons, la tendance seventies se traduit dans notre décénnie par un gout prononcé pour la musique disco et funk dans les clubs, et même l’organisation de soirées « Roller Disco » qui ont déjà leurs habitués au Sucre (Lyon).


Le port de lunettes de vue style aviator , la frange, les franges, le daim, le pantalon patte d’éléphant, pour ne citer qu’eux. Si des marques comme Chloé font de cette décennie leur image de marque depuis déjà plusieurs années, d’autres comme Gucci, Roberto Cavalli ou Au Jour Le Jour, retranscrivent une forte inspiration seventies dans leur dernières collections, qui était peu présente, si ce n’est inexistante auparavant. Mais alors s’agit-il vraiment d’une inspiration des époques passées où sommes nous tout simplement arrivés à court d’innovation ? Il est vrai que pour ce qui est du vestiaire classique : pantalon, jupe, chemise, robe, veste, (...) Pour le moment nous n’avons pas de troisième jambe ou de bras dans le dos, il est donc difficile de créer un vêtement sans être contraint de respecter une morphologie. De ce fait partir d’une base prédéfinie impose déjà certaines restrictions. Le mouvement et les membres du corps ajoutent à cela la nécessité de confort, l’aspect pratique lui aussi a poussé l’innovation vers le sportswear, et l’apparition de matières élastiques dans les années 70. Resterait donc à expérimenter ces bases afin d’en faire quelque chose d’inouï, de jamais vu, quelque chose de… créatif. Si on part de l’idée que le corps n’est là que pour rendre le vêtement vivant on peut expérimenter des volumes plus créatifs, tel que ceux que l’on peut voir dans les défilés Comme Des Garçons ou Victor & Rolf. Mais attention, nous parlons ici de concept ! Pour être porté le vêtement doit être pratique et confortable, ce qui limite encore les possibilités d’inventions. Les contraintes liées à la création d’un vêtement sont nombreuses, et internet que vous pensez être l’ami de la création, serait seulement celui de l’inspiration. Car en faisant du partage d’informations notre quotidien, il est devenu difficile d’inventer quelque chose pour une raison simple, l’inspiration subconsciente. Effrayant n’est-ce pas ? L’explication serait peut être cette dernière. Le surplus d’informations, d’images et d’idées auxquelles nous avons accès ne peut pas nous

marquer certes, mais autorisé ou non, notre cerveau prépare dans son coin son moodboard, et qui sait sans doute sa petite mixtape. Oui bon ça va, j’essaye d’illustrer un truc pas très drôle pour les artistes. En fait notre imagination et les fragments d’images stockées dans notre tête forment un cocktail que nous pensons nous être propre, mais qui en vérité n’est bien souvent, et nous parlerons ici du travail de styliste, qu’un mélange d’éléments vintage, déjà vu, à d’autres éléments nous étant propres. Si pour beaucoup nous avons fait le tour en création de mode féminine, il n’en est rien pour l’homme. La féminisation et l’audace de la mode masculine de ces dernière années me fait penser que nous sommes sur une belle lancée. Bruce Pask, directeur de la mode homme de Bergdorf Goodman, parle d’’émancipation du consommateur masculin. Ainsi que de l’appropriation des codes réservés au vestiaire féminin (tel que l’ornementation, le strass ou la broderie) dans le vestiaire masculin. Messieurs il ne vous reste plus qu’à Oser !

Clara Martinetti


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Tristan Pigott


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KITCH 70’S 1

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Au jour le jour 1. Vamps Boot, André, 89€ - 2. Veste sequin, StyleMOI, 29€ - 3. Arrow, pantalon homme velours, 73€ - 4. Manteau fausse fourrure et sequins, AINEA, 199€ - 5. FLOATING RECORD, Gramovox, 399$ - 6. Coussin Disco #1, Burke Decor, 96$ - 7. Collier Tara Jarmon, 180€ - 8. Pantalon patte d’eph, SANDRO, 225€ - 9. Minirobe, Oh My Love, 63€ 10. Manteau Shrimps, 545€ - 11. Mini-jupe en cuir Emilio Pucci, 1375€ - 12. Lampe Mirror Ball, Tom Dixon, 665€ - 13. Lomo’Instant Wide chez Colette, 240€ - 14. Jupe, River Island, 19€ 15. Écharpe fausse fourrure, ASOS,110,99€

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Roberto Cavalli (automne 2016)

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SNEAKERS : OLD IS GOLD ? 2015 nous a permis d’assister à un retour en force des sneakers les plus vintage. Essoufflement de la créativité des marques ou tendances des consommateurs, à quoi est due cette uniformisation de la basket vieille de 30 ans ? Printemps 2014. On la voit sur les pieds des blogueuses parisiennes, dans quelques défilés de mode (notamment chez Jaquemus) avant la rupture de stock nationale. Cette put*** de Stan Smith « a envahi nos rues avec encore plus d‘application que la Wehrmacht en 1940 *». Avant de défiler sur les podiums et de pulluler sous les filtres Instagram, la Stan Smith a disparu du marché européen pendant deux ans. La production stoppée en 2011 se veut une excellente stratégie marketing qui consiste à rendre le produit « rare » avant de doper la demande et de rendre les consommateurs presque hystériques à l’idée de s’en procurer une paire. Réapparue donc en France en 2014, Adidas a opté pour une production limitée et une distribution dans un lieu branché : Colette. Le moment n’a pas été choisi au hasard. Le concept store a eu une première livraison le 5 septembre et une seconde le 23… pour la Fashion Week de Paris. Les créateurs s’inspirent de la tennis minimaliste et unisexe pour en faire leur Saint Graal : Isabel Marant, YSL, Michael Kors, Marc Jacobs. Des marques plus accessibles comme Maje, Veja, Sandro ou Eleven Paris (pour ne citer qu’elles) se sont aussi alignées sur la tendance.

DU SYMBOLE À LA DÉMYSTIFICATION Et c’est l’oppressante uniformité : on s’est tous sentis lassés à un moment ou un autre de voir un français sur cinq la paire aux pieds. À l’instar du perfecto, qui avait une signification pour les rockeurs dans les années 50, porter une Stan Smith ne veut plus rien dire. « La Stan est devenue un produit de grande consommation, et quand une communauté a fait d’un vêtement ou d’une basket une pièce maîtresse de son identité, elle a l’impression qu’on lui vole son bien. » indique Thibaut de Longeville, réalisateur de « Sneakers, le culte de la basket ». Même histoire pour la Superstar que l’on commence à voir sillonner tous les trottoirs possibles : la basket était à l’origine récupérée par une communauté. Dans les années 80, Adidas n’a pas besoin de mener de campagne de pub, RUN DMC s’en est chargé en sortant le tube « My Adidas ». Les responsables de la marque arrivent alors à New-York, invités à un concert par le groupe de rap : le public hystérique brandissait sa paire de Adidas au lieu d’agiter les bras. 20 000 personnes qui portent les trois bandes grâce à un tube : pub inespérée pour la marque allemande.


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Raf SimonsxAdidas

UNE PINCÉE DE COLLABORATION, UNE CUILLÈRE À CAFÉ DE 2.0 Si la recette marche dans les années 80 avec un groupe de rap, elle marche aussi bien en 2015 avec les réseaux sociaux. Les marques n’ont plus besoin de se réinventer : les profils influents d’Instagram le font pour elles. Puma Suede, Air Max 1, Nike Cortez, Chuck Taylor de Converse, Vans Old Skool… Faire du neuf avec du vieux. A coup de bonnes collabs, les marques n’innovent (presque) plus: Adidas et Raf Simons pour la Stan Smith, Vans et Tyler The Creator pour la Old Skool, Puma et princesse Riri pour la Suede… « Cette mise en scène a le don d’exaspérer les fans de la première heure, qui se sentent dépossédés… Même si elle n’a rien demandé, la Stan Smith est le parfait symptôme de cette société qui tient un discours de réinvention de soi au parfum d’authenticité mais qui se révèle être, en réalité, d’un conformisme absolu* ». L’illusion d’acheter du nouveau, de l’actuel, tout en évitant soigneusement la prise de risques stylistique… L’uniformisation prendrait-elle alors le dessus sur le design de la basket ? Ce qui est embêtant c’est de ne plus bien savoir si je la porte par confort, histoire du modèle, qualité, amour du design ou bien tendance. Ce que j’ai du mal à comprendre, c’est si ce phénomène d’uniformisation vient des marques dont la créativité semble être à bout de souffle, ou les consommateurs qui ne jurent que par les modèles vintage. Un peu des deux, ajouté au fait que si l’on voit ces baskets un peu partout c’est grâce à leur

aspect transgénérationnel : de la responsable en costume au père de famille en passant par l’étudiant, Stan Smith, Converse ou Vans Old Skool passent partout. Si 2015 était marqué par un retour en force des sneakers vintage (on a aussi assisté au come-back réussi de Diadora) on attend de 2016 un minimum d’innovation. Even if old is gold…

*Faut-il interdire les Stan Smith ? Nicolas Santolaria, pour Slate

Léa De Cazo


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[...] une sorte de contradiction entre le passé et le futur, c’est comme ça que je travaille

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ALESSANDRO MICHELE, QUI EST CE ? Zoom sur Alessandro Michele, le nouveau directeur artistique de Gucci. Tailleur aux imprimés naturalistes, cravate lavallière et broche à strass. Allure romantique et atypique, la maison Gucci connaît un vent de fraîcheur inattendu. Portrait d’un créateur qui a su, en l’espace d’un an, transformer une maison italienne mondialement connue. Parlons peu, parlons parcours. Arrivé chez Gucci en 2002 au sein du département créatif où il occupera différents postes, il se démarque. Les responsabilités données sont grandissantes, il devient l’associéde Frida Giannini en mai 2013. Et c’est en janvier 2015 qu’il se voit placé à la tête de cet empire italien, avec pour défi de produire la collection automne dans les plus brefs délais. Le 23 novembre dernier, Alessandro Michele recevait le prix du designer de l’année 2015 lors de la cérémonie des British Fashion

Awards. Un prix qui se veut mérité au vu du travail exceptionnel qu’il a accompli pour transformer l’image de la maison Gucci, marque réputée pour les divers scandales de Tom Ford, directeur artistique de 1990 à 2004. Le Porno chic, les publicités sexistes, la provocation permanente. Reprise par Frida Gianni la marque cultivera une image moins provocatrice, mais les campagnes publicitaires seront toujours aussi sexuées. Oui mais voilà, depuis le départ de Tom Ford, le scandale n’est plus, et le buzz non plus. Les défilés passent à la trappe, on ne parle que


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du nouveau parfum Gucci, même les lignes accessoires et bagagerie ne peuvent plus rien face à Louis Vuitton. Arrive alors notre cher Alessandro, qui, en un an, a réussi l’exploit de créer un véritable buzz, un engouement pour la marque par ceux qui ne prêtaient pas attention aux vêtements Gucci il y a encore quelques mois, de la curiosité de la part de tout le monde, et tout ça sans sexe. Alors bravo Alessandro ! La nouvelle vague Gucci, elle renverse le sexuel pour le sensuel. Place à l’ère du romantisme, on rallonge les jupes et dévoile le corps à travers des matières fluides et transparentes. C’est une mode timide qui surfe sur la tendance «Nerd Chic», autrement dit le geek stylé. A travers un accessoire bien spécifique : La lunette chic Alessandro est sûrement le premier créateur qui a fait des binoclards une référence en matière de style. En regardant les reports photos des défilés on remarque que très peu de mannequins ne portent pas de lunettes de vue, et ces derniers semblent manquer de quelque chose, comme moins charismatiques que les mannequins à lunettes. Un geek charismatique, ça c’est inédit. Mais les particularités d’Alessandro ne s’arrêtent pas à ses collections. Car son style vestimentaire va de pair avec ses créations. Il ose les couleurs, les mélanges d’imprimés, et porte une multitude de bagues fantaisies. La seule chose qui lui manque pour être l’incarnation même

du style Gucci sont les lunettes de vue. Il est rare de voir un créateur adopter un style vestimentaire allant de pair avec ses créations. Nous avions plutôt l’habitude des Alexander Wang ou Mc Queen en t-shirt manches courtes et jean. Alessandro s’est véritablement créée un personnage qui, à première vue, semblerait tout droit sorti du dernier film de Wes Anderson. Un réalisateur qui serait, d’après une analyse de quelques tenues évocatrices de certains personnages, l’inspiration majeure des collections Gucci. (cf «9 Fall Outfits Inspired by Wes Anderson Characters» de Andrea Cheng). La rédactrice mode Marjon Carlos émettait il y a deux mois, l’hypothèse que la compagne de Wes Anderson serait la Muse vivante du créateur. Vivante car pour l’instant ces inspirations tournent plutôt autour de personnages fictifs des films d’Anderson.


RÉTRO/GRANNY LOVER Les vêtements Gucci sont audacieux, mélanges d’imprimés, patchworks de matières, une quantité étonnante de couleurs. Et ceci est un cocktail pour le moins compliqué à réaliser. Les coupes rétro, qui donnent l’impression de sortir tout droit d’une fripe de luxe, et les accessoires «granny chic», qui incarnent le concept vieillot/renouveau. Cette idée de contradiction est très présente dans le travail d’Alessandro Michele, on la voit aussi à travers le mélange du girly et du tomboy, ou du traditionnel et du novateur. Manier la contradiction demande beaucoup d’audace, et ce n’est pas ce qui manque à Alessandro qui s’impose à Milan, ville de la féminité et du glamour (D&G, Versace, Armani...) avec ses looks adolescents romantiques. La contradiction c’est aussi «Le contemporain est l’inactuel », Roland Barthes (sémiologue). Une citation qui se trouve en parfait accord avec le travail du designer, mais qui l’a aussi inspiré pour l’exposition montée en collab avec Katie Grand, la rédactrice en chef du magazine LOVE.

DIRECTEUR ARTISTIQUE, DESIGNER, MAIS AUSSI ARTISTE. Alessandro nous démontre un goût prononcé pour les arts, tel que la tapisserie, la peinture asiatique, et le surréalisme que l’on retrouve fréquemment dans ces dernières collections sous forme d’imprimés, jacquards, et même broderies. Il affectionne particulièrement les artistes comme Dali, et les créatrices Elsa Schiaprelli & Roberta di Camerino, symboles du surréalisme sous toutes ses coutures. Son attachement pour l’art l’a poussé à programmer l’exposition, « No Longer / Not Yet » au Minsheng Art Museum de Shangai, qui regroupe des œuvres néo-conceptuelles et contemporaines de différents artistes dont une du designer lui même. Elle émet une réflexion sur le contemporain et sur la démarche créative, démontre une volonté de faire fusionner le passé et le futur, et créer une entité inédite. Et pour continuer sur cette lancée artistique Alessandro Michele a récemment eu à sa charge le design d’intérieur du 7ème étage du New York’s Dover Street Market, désormais réservé à Gucci. Bien plus qu’un simple nouveau directeur artistique, il est à suivre de très près. Désormais vous ne pourrez pas dire que vous ne voyez pas qui est Alessandro Michele.

Clara Martinetti


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GUCCI



LIFEST YLE


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Anais Hillion


BURN OUT : UN DES PIRES MOMENTS DE TA VIE Burn out ou épuisement professionnel, la nouvelle maladie à la mode. Tout le monde en parle mais personne ne sait vraiment ce que c’est, et contrairement aux idées reçues, ce n’est pas un syndrome nouveau. Avec une image qui tend à consacrer le burn out à la sphère professionnelle, les jeunes sont les grands oubliés de ce trouble. Un rythme d’études infernal, l’accumulation de problèmes personnels et l’adaptation à une nouvelle vie d’adulte les placent en première ligne. Que ressentirais-tu si ça te tombait dessus?

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J’avais toujours l’impression de ne pas avoir le temps et je n’arrivais pas à m’arrêter de travailler. J’avais le sentiment d’être indispensable et invulnérable. Et puis, mon corps s’est vidé de toute énergie.

L. 23 ans, rescapée du burn out. Que tu sois en médecine, commerce, droit ou même dans un tout nouveau boulot, il n’y a pas de différence. On est tous soumis à la même pression quoti-dienne, se lever, supporter la mauvaise humeur des profs, manger en vingt mi-nutes, réviser entre deux cours, rater son exam pour au final, rentrer chez soi, et bosser, encore et encore. À côté de ça, il y a tes parents qui ne compren-nent pas forcément, les banquiers qui envoient mail sur mail, les amis trop occupés et les amours trop passagers. Pour l’instant tout va presque bien, tu tiens le coup, tu gères comme tu peux le travail, les cours, les embrouilles. Tu commences juste à te dire que quelque chose ne va pas, tu te sens fatigué, stressé. Certains jours tu as

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l’impression d’être le roi du monde et d’autres tu te laisses abattre, ton corps faiblit et la fatigue occupe toutes tes journées. Soucieux d’avoir attrapé un mauvais virus, tu décides d’aller consul-ter. Le médecin te dira que tu es sur-mené et qu’il faut juste que tu lèves un peu le pied. Bien sûr, tu ne le feras pas car tu sais que pour réussir, il faut que tu bosses, il faut que tu te lèves et que tu continues, encore et encore, jusqu’à ce que tu craques pour de bon. Si le médecin avait eu un peu plus de temps pour comprendre ce que tu lui racontais, il aurait compris que ton état était un signal d’alarme et il t’aurait certainement envoyé chez un psychiatre aussi vite que possible.


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Certains jours j’étais la femme de sa vie et d’autres il me récitait des poèmes dramatiques et ne parlait que par métaphore. Plus le temps passait, plus je le perdais. Je voulais avancer dans la vie tandis que lui se perdait dans son propre esprit. Pendant des mois j’ai partagé ma vie avec un zombie.

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N. 22 ans, une petite copine. Et merde, t’as sombré. Tu ne bouges plus et même avec toute la volonté du monde, tu n’arrives plus à te lever et à continuer. Tu arrêtes définitivement de répondre aux appels de ton patron, ta mère s’inquiète et tes potes ne te reconnaissent plus. Ce n’est pas forcément étonnant, te lever devient une épreuve et penser au mot « travail » te fait faire une crise d’angoisse. Avec ta copine ça va être compliqué et tu as beaucoup de mal à la garder. Il faut que tu te fasses aider et, de toute façon, on ne te laisse pas le choix. Tes parents te traineront de force aux urgences après une énième crise d’angoisse. Tu commences à déballer ta vie à un interne en psychiatrie, il te donnera une jolie brochure d’une clinique qui à l’air plutôt sympa. Tu restes tout de même un peu septique à l’idée de faire tes valises et d’emménager avec des gens « cinglés ». Finalement ils ne sont pas si méchants ces mecs là, juste perdus, comme toi. L’endroit n’est pas si mal non plus. Aujourd’hui les jeunes en « burn-out » ont des services spécialisés dans des cliniques modernes. L’objectif est de permettre à la personne de se soigner et de pouvoir reprendre progressivement une vie active. Seulement, il y a encore un long chemin à parcourir. Après deux ou trois semaines d’adaptation, tu te sens mieux, tu as l’impression que ça marche

vraiment et que tu n’en as plus pour longtemps. Ce n’est pas encore gagné. Malgré une envie profonde d’aller mieux et deux rendez-vous psy par jour, tu vas craquer, une bonne fois. Tes journées sont tout à coup très sombres et, peu à peu, tu perds espoir. La motivation du début laisse place aux idées noires. Tu passes tes journées cloîtré dans ta petite chambre à écouter de la musique déprimantes. Tu oublies de répondre aux messages des tes potes inquiets et tu refusent les appels de tes parents. Les jours passent et à chaque instants tu t’enfermes un peu plus dans ton monde. Tu finis par te dire que jamais tu n’iras mieux et que ta vie se résumeras à ces quatre murs. Plus la clinique est chère, plus il y a d’activités censées t’aider à aller mieux. Tu passes des heures à essayer de fabriquer des trucs en art thérapie et tu oublies souvent de te réveiller pour le cours de sport. Tu te mets à griffonner tout ce qui te passes par la tête dans un carnet, technique apprise pendant ton groupe de parole. Tu te fais quelques potes avec qui tu regardes la télé le soir et tu entretiens une relation un peu ambiguë avec une patiente aussi perdue que toi. Le soir, quand tu craques, tu te confies à l’infirmier de nuit en lui racontant tes pires angoisses. Au bout d’une heure de discussion il te donne ta panoplie de médicaments pour t’aider à dormir. Tu ne vois plus le bout du chemin et tu finis par penser que toute ta vie va être comme ça, sans solution et sans guérison possible. Pendant quelques jours, quelques semaines ou même quelques mois, tu vas rester dans cet état incertain. Et puis, sans prévenir, tu retrouves la force d’aller mieux. Les thérapies finissent par fonctionner et peu à peu tu t’imagines guérir et reprendre une vie normale. Le psychiatre commence à te parler de permission et de sortie d’essai, et, même si ça te fait encore un peu peur, tu acceptes de tenter le coup.


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C’est terrible de voir son enfant perdre l’envie de vivre, on ne comprend pas, on est désemparé, on se sent coupable, on cherche ce qu’on a mal fait. Quand on est parents, le souhait le plus cher est de voir ses enfants heureux et c’est insupportable de le sentir sans pouvoir l’en empêcher.

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B. 57 ans, une maman. Au départ, reprendre une vie normale, ça te fait peur et c’est normal. Il faut peu à peu que tu réapprennes les gestes de la vie quotidienne. Faire à manger, faire les courses, le ménage et surtout mettre ton réveil pour reprendre doucement ta vie active. La clinique t’a mis dans un cocon pendant de longues semaines et tu as perdu l’habitude. Tu te sens un peu en marge du reste des gens qui eux ont continué à vivre pendant ton cra-quage. Tu avances incertain dans ta nouvelle vie, tu ne sais pas trop où tu vas jus-qu’au jour où tout devient plus clair. Tu as un nouvel objectif, de nouveaux amis et peut-être même une nouvelle copine. L’essentiel est là, trouver un rêve qui te porte et qui te force à te lever chaque jour pour tenter de le réaliser. Peu à peu, le burn out, la clinique, les potes dépressifs, tout ça te semble de plus en plus lointain.

Tu arrives même à en rigo-ler « Ouais les gars, j’ai fait un burn-out, rien de grave, ça arrive à tout le monde ». Tu recommences à sortir, à aller boire des verres avec tes potes et à passer des très bonnes soirées. Tu gardes contact avec quelqu’uns de tes potes de la clinique mais pas tous, certains sont susceptibles de te tirer vers le bas. Tu recommences à aller au boulot et envi-sage, peut-être, de reprendre des étu-des sérieuses. Tu rencontres une nouvelle fille, tu arrêtes tes médocs, et au final tu te dis que c’est faisable. Tu n’oublieras jamais vraiment cet épisode difficile de ta vie et il faudrait être prudent. Il faudra toujours que tu fasses un peu attention, que tu ne te mettes pas dans des situations trop stressantes et que tu fasses tes exercices de relaxa-tion quand tu sens que tu es sur le point de faire une crise. Malgré tout ça, ta vision de la vie a changé, tu la trouves plus belle, plus paisible et tu profites encore plus des bonnes choses qui se présentent à toi. Le burn-out t’as fait toucher le fond mais il t’a aussi permis de renaître et de changer ta perception des choses. Alors profite, un autre trouble psychiatrique n’est peut-être pas si loin.

Anais Hillion

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Anaïs Hillion


Courrier anonyme: Si vous aussi vous avez des choses à dire sur les sujets abordés ou en complément d’informations, Contactez nous! Facebook : Cerbere. @ : ccontact@cerberemagazine.com On vous lira sûrement sur notre blog !


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LE QUARTIER DES MUSÉES D’AMSTERDAM FAIT PEAU NEUVE. Amsterdam, 10H30, pédalant sous un ciel gris brumeux. Un quartier spécialement dédié à la culture artistique a été aménagé pour recevoir touristes et épris d’art en tout genre. Art contemporain, art moderne, peinture flamande.. Tout se concentre sur un ou deux kilomètres seulement ! Plus besoin de parcourir la ville à la recherche des meilleurs musées ! Au printemps 2013, la ville d’Amsterdam dévoilait la rénovation de ses musées tant attendus. Le célèbre Rijksmuseum se chargeant de vanter la peinture flamande avait été fermé pendant une dizaine d’années. Au même moment, MKG Hospitality démontrait les résultats de son enquête sur le tourisme. L’agence déplorait alors que le nombre de réservations dans les hôtels de la capitale était en chute libre. Cela signifie t-il pour autant qu’il y a de moins en moins de touristes ? Non, au contraire. L’agence ne prend pas en compte que le nombre de jeunes ayant entre 18 et 25 ans n’ont pas tous les moyens de rester une semaine à l’hôtel. C’est pourquoi les réservations sur les sites tels que airbnb.com et tripadvisor.com, où les habitants eux mêmes louent leurs chambres, sont en expansion. Ne vous inquiétez pas, il y a suffisamment de touristes à Amsterdam, même en basse saison. A ne pas rater : la visite du musée Van Gogh, la collection embrasse 1520 oeuvres dont des lettres, des tableaux et des dessins de l’illustre artiste peintre néerlandais Vincent Van Gogh. Le Stedelijk Museum est doté d’une architecture surréaliste intérieurement comme extérieurement : son architecte, Mels Crouwel, décrit comme « très blanche, brillante, voyante et... blanche » une immense baignoire lisse faisant office de musée. Elle est apposée à un bâtiment de la néoRenaissance en briques rouges (la ville entière en est recouverte). Il a spécifiquement

été aménagé un espace d’accroche dédié aux enfants : on y découvre quelques statues d’oiseaux multicolores pris pour « modèle » et tout ce qu’il faut pour dessiner. Le musée à agrandit son artère d’art contemporain qui est l’une des plus renommées d’Europe. Au rez de chaussée, vous allez admirer le suprématisme de Malevitch, les peintures et sérigraphies de Pablo Picasso, Vassily Kandinsky, Andy Warhol et Sonia Delaunay, puis les sculptures résinées d’Arman… En ce moment réside au sous sol une partie de l’incroyable bibliothèque de textiles anciens, le Center for Social Research on Old Textiles (CSROT) appartenant au célèbre marchand d’art Seth Siegelaub. Mais bien que l’ensemble du musée semble avoir un réel attrait pour la nouveauté, il y a un hic. La partie design est à refaire car les objects, après avoir été affectueusement sélectionnés, sont disposés d’une étrange manière : ce sont des étagères en verre cloisonnées qui en soutiennent le poids. Une façon rudimentaire et archaïque de présenter des oeuvres-objets-utiles. Cependant on ne peut finir sur cette fausse note puisque 4 millions de visiteurs annuels assurent la pérennité du musée qui rivalise maintenant avec le Louvre, le Guggenheim ou le Tate Modern Londres. Plus question de manquer un tel évènement quand vous irez flâner à Amsterdam. Cultivez vous !

Aurore Forray


LIFEST YLE

CULTURA NEC MERGITUR Après les événements que la France a subi ces dernières années, le monde de la nuit a souffert d’une réputation un peu bancale. Peur de sortir mêlée aux artistes déprogrammés ont donné le ton de cette fin d’année 2015. Aujourd’hui, Cerbère fait la connexion Lyon-Paris sur les lieux incontournables des deux villes qui revendiquent leur culture nocturne. Vous ne pourrez plus dire que vous n’étiez pas au courant. La salle du Transbordeur est pleine à craquer. Les vigiles tendus ont fait rentrer un public qui attend dans un silence presque religieux le groupe d’afro-deep St Germain pour le deuxième concert de leur tournée. Le premier concert de Ludovic Navarre et ses musiciens se passait au Bataclan, la veille des attentats. Nous sommes cinq jours après le 13 Novembre, et la présence de milliers de lyonnais dans la salle est plus que significative. Et pourtant, alors que la bande de musiciens maliens, brésiliens ou guyanais enivre la salle de sonorités africaines, les têtes bougent timidement. Le sombre esprit des attentats plane dans l’air, j’attends d’ailleurs l’hommage des artistes, sur qui, à un jour près, le drame aurait pu tomber. Hommage qui ne viendra jamais…silence religieux, je vous dis. Le concert se termine au bout d’une heure et demie, j’en ressors satisfaite d’avoir vu un DJ qui m’a fait danser dès mes plus jeunes années, et le coeur lourd de frustration. Comme si la magie scénique s’était envolée… Musées fermés pendant 3 jours, spectacles annulés, il était temps de reprendre une vie culturelle active. Même si certains artistes lyonnais ou internationaux comme les Bavoog Avers (L’Animalerie), Motörhead, Prince ou The Shoes, ont vu leur tournée subir les conséquences des évènements dramatiques du mois de Novembre, même si la ville de Lyon a senti la menace tellement forte qu’elle a dû annuler sa traditionnelle Fête des Lumières pour en faire un hommage nocturne. Même si la culture a été touchée en plein coeur, on les emmerde ces putains de nazis de l’épicurisme.

Le Transbordeur a été l’une des salle lyonnaise à maintenir sa programmation le plus tôt possible : le 15 novembre, les concerts suivaient leurs cours. Le même jour, le directeur de la salle, Cyrille Bonin, se déclare « doublement touché » par les attentats. « Le Bataclan est l’un des actionnaires du Transbo. Au-delà des collègues, nous avons perdu des amis. Symboliquement, être ouverts ce soir est la meilleure des réponses possibles » déclaraitil aux journalistes de 20 Minutes.

PARIS SOUS LES BOMBES CULTURELLES Trois mois après les attaques, où en est la culture musicale ? À vrai dire, elle se porte mieux que jamais. Preuve que ces fanatiques n’obtiendront pas notre servitude. Ce week-end je suis allée faire un tour au Trabendo dans le 19ème (Parc de la Villette) à l’occasion de la 3ème soirée FUTURE! qui invitait le producteur américain Sango, le rappeur qui l’accompagne sur l’EP « The Hours Spent Loving You » SPZRKT, ainsi qu’Ikaz Boi que Lyon a pu voir retourner l’Ayers Rock la semaine précédente et le DJ parisien Douchka. Bref un line-up à faire « turn up » les parisiens branchés dans la vague hip-hop/ trap/ambiant… Ce n’est pas pour rien qu’on y a aperçu un Jazzy Bazz des plus accessible au milieu du fumoir…


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François Guillot

Les musiciens de St Germain jouent au Bataclan à Paris le 12 novembre 2015

Avec La Bellevilloise historiquement indépendante et populaire, le Nouveau Casino et ses jeudis soirs enflammés par les Rap Rebels, et Le Jeune, bar discret du 10ème appartenant à un des membres de Bon Gamin, le Trabendo porte au plus haut la culture hip-hop actuelle, dont le public semble de plus en plus éclectique et de moins en moins apeuré par la menace terroriste. Réservée aux parties animals, la Concrete attend les parisiens à des heures plutôt correctes comme le vendredi 21 heures mais aussi un peu moins décentes comme le dimanche 6 heures du mat, histoire de s’achever jusqu’au lundi matin avant de prendre son deux-roues en direction des obligations sociales. Pour le Paris chic, celui où je ne mettrais jamais les pieds, on a le Raspoutine, le Matignon ou le Silencio, mis en scène par David Lynch. Plus sélect tu meurs. Capacité limitée et Fendi obligatoire. Mais entre nous, rien ne vaut un bon vieux Rex Club envahi d’ecstasy addicts pour chiner la meilleure house/ techno de Paris intramuros. Cette salle vieille de 27 ans qui a accueilli les ravers anglais à l’époque où le rock et la disco s’essoufflaient a notamment fait grandir le mouvement techno en France grâce à Laurent Garnier,

Derrick May, Kevin Saunderson ou encore Jeff Mills. On ne peut pas non plus passer à côté de l’excellent et surtout très classique Social Club qui invitera à la fin du mois le rappeur -qu’on ne présente plus sur Lyon- Eddy Bvgv des Bavoog Avers (L’Animalerie), pour la release party de son EP « Tout Eddy ».


LYONOCTAMBULE Revenons-en à Lyon. Le multiculturalisme de la ville un peu moins développé qu’à Paris rend l’identité des salles moins perceptible. Les subventions accordées par la ville à certaines salles comme le Radiant Bellevue, qui au passage font grincer des dents les directeurs de salles dont le line-up se veut moins mainstream (comme le Transbo), permet surtout au cabinet du maire de Lyon, Gérard Collomb, de véhiculer une culture grand-public. Et c’est par la force de ces subventions que le Radiant peut se permettre d’inviter des artistes au cachet un peu coûteux comme Nekfeu, The Dø, Sophia Aram ou encore Ty Dolla. Néanmoins, la programmation a beau être de taille, elle ne fait pas pour autant de la salle un lieu « incontournable ». Demandez à un lyonnais où est-ce qu’il foule le sol chaque samedi soir, la réponse vacillera surement entre un Ninkasi Kao, un Sucre, un Petit Salon, un Transbordeur, et à la limite une Maison Mère. Tous éclectiques, ces lieux nocturnes n’ont pas la prétention de représenter et s’approprier une culture musicale propre et c’est surement ce qui fait leur force : de la house pointue aux soirées Queer du Sucre, de la techno du Social Community au r’n’b d’Artjacking qu’investissent le Petit Salon, jusqu’à la programmation un peu plus rock et à la fois grand public du Transbordeur, tout le monde y trouve plus ou moins son compte. Les adeptes de l’undergrrround chineront les secret place des soirées Grrround Zero pour y trouver

artistes et line-up dont la renommée n’est pas leur plus grand atout, tandis que les amateurs de rock secoueront la péniche du Sonic ou le plancher du Trokson. Bref, comme à Paris, musicalement il y a de tout pour tous à Lyon. Il faut quand même avouer que la ville aux deux fleuves est particulièrement réputée pour être un fief de l’electro/techno, déjà par les artistes de renommée qu’elle a vu fleurir sur son sol comme Gesaffelstein, Agoria, Panda Dub, PALMA ou encore Kosme, mais aussi par son incontournable festival des Nuits Sonores qui place chaque année la ville au rang de capitale de la musique électronique actuelle.

Léa De Cazo


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Le transbordeur


LIFEST YLE

WHA BLITZ BAZAR

LES CANICULES

LA GROOVERIE

Blitz Bazar est le shop lyonnais arty par excellence. Nichée au pied des pentes de la Croix-rousse, à deux pas de la place des Terreaux, cette boutique est un petit bijou plein de surprises. Sa vitrine pétillante et gourmande nous attire inévitablement. Une fois la porte poussée, on y aperçoit toutes sortes d’objets. De la décoration loufoque aux livres vintage, tout y est. Du vieux, du moins vieux, du neuf : tous les âges s’y côtoient pour notre plus grande curiosité. Mais ce n’est pas tout. Après avoir fait de jolies trouvailles, l’escalier placé au fond de la boutique interpelle. Peu assuré, on grimpe sur ce colimaçon bancal. La surprise est de taille. En haut se trouve une mini-galerie, proposant différentes expositions qui changent selon la période de l’année. Tout au fond de cet étage, une « bizarre room » vous propose une multitude d’objets issus de la culture pop. Les yeux écarquillés, on n’en perd pas une miette.

Quand tout le monde va se bousculer pour aller profiter d’un verre en terrasse l’été, une alternative se dégage : Les Canicules. L’idée vient du collectif lyonnais Social Community, née il y a deux ans déjà. De mai à juillet, tous les mercredi de 18 h à 4 h du matin, des DJ proposent des sets variés à la Maison Mère. Placé à un endroit clé de Lyon (près de la Place des Terreaux), ce lieu avec 3 salles aux ambiances différentes sait séduire. La petite terrasse accueillera différentes activités en début de soirée : afterwork, vernissage, vide-dressing, etc. Plus tard dans la soirée, de jeunes collectifs lyonnais viendront performer. Si vous êtes trop flemmards pour vous déplacer, pas d’inquiétude : le tout est retransmis en live-stream sur internet.

Il est 21h30, la Grooverie se remplit peu à peu. Dans une seule grande salle ambiance 70’s, les clients découvrent, encore dubitatifs, les jeux vintage mis à leur disposition. Quoi de plus sympa que de jouer au flipper ou aux jeux d’arcades tout en sirotant sa bière ? Dans le fond du bar, entre feux tricolores et frise de vinyles, une petite scène. Un groupe live performe du rap US, alors que le public s’amasse peu à peu devant les musiciens. Tandis que d’autres dégustent leur verre de vin dans le fumoir, nous on opte plutôt pour une planche de charcuterie. Il faut des forces, la soirée ne fait que commencer.

Tous les mercredi du 4 mai au 27 juillet, de 18 h à 4 h. À la Maison Mère, 21 Place Gabriel Rambaud 69001 Lyon.

Adresse : 9, rue Jardin des Plantes – 69001 Lyon Téléphone : 04 78 98 52 32 Horaires : de 18 h à 1 h

Blitz Bazar – 4, Rue Louis Vitet 69001 LYON


AT’S IN LE PAVILLON DES CANAUX

Avec ses allures de maison de poupée, le Pavillon des Canaux est devenu le coup de cœur des jeunes parisiens. Et pour cause : l’ambiance s’y veut conviviale et chaleureuse. Tout y est pour que l’on s’y sente comme à la maison. On peut venir y déguster un chocolat chaud entre amis sur le moelleux canapé du salon, prendre place sur un lit confortable dans les chambres à l’étage armé d’un bon bouquin ou encore s’installer dans la baignoire pour bosser son mémoire de fin d’année. Le tout dans une cadre rétro, diablement coloré, délicieusement hipster et réconfortant comme chez mamie. De plus, si l’on cherche un endroit original pour déjeuner, dîner, goûter ou même bruncher, celle qui fût jadis l’habitation du gardien du canal propose salades, burgers et pâtisseries, le tout « fait-maison » il va sans dire ! On y rencontre des gens de tous horizons et les serveurs nous tutoient. Certains d’entre eux semblent même venir d’ailleurs, leurs accents nous le suggère et ça, eh bien, ça nous dépayse aussi ! Parce qu’on a en effet l’impression de faire un voyage à l’intérieur de ce Pavillon. Le sentiment d’avoir profité de l’ouverture d’une parenthèse dans le temps pour s’y faufiler et s’y détendre quelques instants. Enfin le Pavillon propose tout un éventail d’événements: cours de cuisine, tournois, soirées à thèmes, ateliers, expos... Bref, si vous cherchez un endroit sympa et atypique à la fois, c’est sans aucun doute l’un de ces oasis parisiens à découvrir absolument. 39 Quai de la Loire, 75019 Paris

LE FANFARON

Voici un petit bar dans le 11eme arrondissement qui vous fera voyager dans le temps. Quand on y entre on est fulguré par sa déco Rock’n’Roll qui nous donne le ton : des posters de vieux films et de vieux groupes tapissent les murs plongés dans une lumière tamisée. Le bar baigne en effet dans un clair-obscur généré par ces bougies sur bouteilles qui ornent toutes les tables. On s’installe dans un gros canapé et la musique fait le reste. Xavier, le patron du bar, garantit une ambiance rockabilly en choisissant soigneusement les vinyles qu’il nous propose. Vinyles dont il pose la pochette sur le bar à chaque changement pour nous présenter l’artiste, eh oui, à l’époque Shazam n’existait pas! De David Bowie à Grace Jones, en passant par Iggy Pop et Etienne Daho, la playlist du Fanfaron nous fait retourner à la belle époque des sixties et des seventies. Au niveau des consos, on craquera rapidement pour son inconditionnel Ti Punch, et son choix habituel de boissons à des prix très accessibles par rapport à la moyenne des bars parisiens. Les bougies qui coulent jusqu’à salir la table sont de belles métaphores de l’esprit de ce bar : c’est Rock’n’roll, on ne se prend pas la tête, on profite juste du moment avec ses amis en écoutant de la bonne musique. Foncez ! 6 Rue de la Main d’Or, 75011 Paris

BOB’S KITCHEN

Bob’s Kitchen, c’est 4 services veggies de fooding, juicing et baking à Paris. Le concept d’une cantine qui sert des plats et jus veggies frais comme à Brooklyn est la dernière idée de Marc Grossman et de Amaury de Veyrac les deux associés fondateurs de Bob’s Kitchen.. Retenez bien cette adresse qui deviendra votre QG remède contre la gueule de bois ou pour vos cure de détox. Oasis de gourmandises, la Bob’s Bake shop propose un éventail de cakes, cookies et pie avec et sans gluten. Pour les pauses déjeuners et goûters, la Bob’s Kitchen sert des burgers et autres bagels “éco-responsables”. Le Bob’s juice Bar est là pour servir des jus et smoothies frais et surtout Bio! Rendez vous sur notre blog pour l’article intégrale et la video test de ces lieux gourmands !. BOB’S JUICE BAR, 15 rue Lucien Sampaix BOB’S KITCHEN, 74 rue des Gravilliers BOB’S BAKE SHOP. 12 esplanade Nathalie Sarraute BOB’S CATERING, Spécial Orders 6 Rue de la Main d’Or, 75011 Paris


REMERCIEMENTS MATHIEU JOLY. CHLOE GARCIA DORREY. SEPRA LYON. JORDAN CARDOSO. SARAH NAUD. GUMO. HENI DE CHAUSSEDENT. VIVIEN BLUSSET. BUMPER FRANCE. AMERICAN APPAREL. DANIEL WELLINGTON. SHUTTER CLOTHING. BOB’ KITCHEN PARIS. LA GROOVERIE. LA MAISON MERE. SOCIAL COMMUNIT Y. N. L. B. LAËTICIA ROMÉO. LILIDESBELLONS. GUILLAUME DE ANGELIS.

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