Expression Active n°46 - Novembre/Décembre 2011

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C U LT U R E - L O I S I R S

Le Monarque à Seloncourt : une cuisine de roi à des prix démocratiques

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Le Monarque », à mi-chemin de Montbéliard, Belfort, et de la Suisse, existe depuis 21 ans. À son origine, Alain et Sylvie Lambert. Lui est un vrai Chef, à la Bocuse. Parisien, il a travaillé au Ritz, chez Michel Guérard, au Café de la Paix, place de l’Opéra, comme 1er sous Chef. Son métier l’éloigne des assiettes trop décorées au profit des assiettes bien faites, bien pleines. Avec son épouse, ils achètent une maison édifiée en 1907 par la famille Japy, et destinée à devenir une coopérative qui ne verra jamais le jour.

Le jeune couple restaure, ouvre « Le Monarque » le 26 juin 1990. Peu à peu, le succès récompense leurs efforts. Alain élabore une cuisine française. Chez lui, les produits sont frais, carte et menus sont saisonniers. À l’automne, priorité à « la chasse » : grouses d’Ecosse, canards sauvages de Sologne, cerfs, chevreuils, rien de surgelé, on viendra savourer le fameux lièvre à la Royale. Idem pour les poissons de « ligne », tels le maigre de l’estuaire de la Gironde. À table, dans la lumineuse salle à manger au décor pourpre, orangé, aux beaux nappages, Sylvie, sommelière avertie, accueille, conseille pour le choix des vins, Philippe, le maître d’hôtel, est aux petits soins. Le plaisir vient au menu du jour : 14 euros : entrée, plat du jour, dessert, à déjeuner, du mardi au samedi. Le menu du marché est à 24,50 euros. Succombez au menu « découverte » à 36 euros. Au hasard : mille-feuille de foie gras, meunière de ris de veau au basilic (une rareté) fromages desserts. Bon signe : la carte est courte. La cuisine est généreuse, goûteuse, sincère. Le chef viendra au dessert, solliciter votre avis, donnez-lui, ce sera sa récompense. À Seloncourt, « Le Monarque » règne sans vanité, pour le plaisir de ses convives. « Le Monarque » 22 rue de Berne, Seloncourt. Tél. 03 81 37 12 39

Livre

Un passé recomposé

D

ouglas Kennedy est un romancier dont l’habileté consiste à tenir le lecteur en haleine, tout au long du parcours de ses personnages, en créant chez lui une empathie émotionnelle. Mais dans ce récit on peut se demander si le « je » est un autre ou l’auteur lui-même. Le narrateur est en effet un écrivain dont le premier ouvrage publié était la relation d’un voyage en Égypte, le deuxième se situait en Australie, il est en rupture d’un long mariage, accro du 5e arrondissement de Paris, globe trotteur incorrigible habitué des changements de continent, et de vie. Autant de similitudes. Sans oublier le cottage dans l’état du Maine, au bord de l’océan où il se retire souvent. L’action se déroule à Berlin en 1984, le héros, Thomas Nesbitt, 26 ans, après la 34

publication de son « voyage sur le Nil » était venu s’y installer. La guerre froide battait alors son plein, la ville était coupée en deux par le « mur ». À l’Est, régnait un régime totalitaire avec l’omniprésence de la STASI et de ses meutes de délateurs. À l’Ouest se développait la société de consommation avec ses excès narco-psychédéliques. Thomas y trouvera un travail à radio Free-Europe, station diffusant vers l’Est la bonne parole américaine. C’est là qu’il rencontrera une traductrice, transfuge de la RDA : Petra. Entre eux c’est tout de suite l’amour absolu, sans mesure. « Ich liebe dich » : je t’aime, est leur leitmotiv. Mais le mur qui coupe la ville n’a pas mutilé seulement le paysage. Après un amour fusionnel de quelques mois viendra « l’instant où : pas maintenant, se transforme en jamais ».

Expression Active • Le magazine économique de Franche-Comté édité par la CCI Territoriale du Doubs

Vingt-cinq ans plus tard Thomas recevra, dans son cottage, le journal secret de Petra. Nous y retrouverons « en miroir » le récit de leur amour partagé et des cruautés de l’époque. Description d’un peuple et d’une ville déchirés par un mur qui passe aussi dans les cœurs, passions contrariées par l’Histoire, réflexion philosophique sur la prégnance du passé, Kennedy aborde tous ces sujets en nous captivant avec « la résonance des peines secrètes que chacun porte en soi ». Cet instant-là – Douglas Kennedy Ed. Belfond Bernard Sertout Novembre/Décembre 2011


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