CARPE MAGAZINE N° 3

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MAI / JUIN 2021 APPRENTISSAGE la longue distance

Fruity Raspberry

“La nouvelle Fruity Raspberry de Pro Line est le doux rêve fruité de tout pêcheur à la carpe. Le mélange sucré riche en fibres combiné à la saveur très sucrée de framboise à base d’alcool a un énorme pouvoir sur les carpes. L’ajout d’édulcorants, de protéines de haute qualité et de stimulateurs d’appétit complète cette bouillette à la perfection !”

P

Petit retour “old school” pour faire plaisir aux anciens et proposer aux plus jeunes, notre passion sous un autre angle. Redécouvrir la vraie sensation de la lecture libre sur papier, quand le vent envahit l’espace d’un étang et fait tourner les pages de notre noble art.

our ce troisième opus du mag, le choix de nager à contre-courant a doucement mûri ces derniers temps. Exercer notre plume sur le papier est devenu une nécessité.

Old school / New school telle est la question !

Par ROD TANCHO ÉDITO LE MAGAZINE BIMESTRIEL DES PASSIONNÉS DE PÊCHE À LA CARPE 9 rue www.carpmagazine.fr08460SavatteMARANWEZ Directeur de la publication : Eric Moreira Rédaction en chef : Eric Moreira et Alex Renault Mise en page : Alex Renault Une : Jérôme Fénoglio ISSN: en cours Dépôt légal : mai 2021 Tirage : 450 ex. Vente au numéro : 7.90 € Impression : Veoprint 41 avenue Gambetta 92400 LabelisésCOURBEVOIEFSC/PEFC Ont collaboré à ce numéro : Eric Moreira, Alain Rouch, Rod Tancho, Stéphane Courgeault, Cyril Plessis, Aldric Fergeau,Benjamin Brisson, Damien Claude, Mathieu Lamette, Thomas Mascha, Fabrice Roehrig, Sébastien Nouy, Alex Renault, Benjamin Bouisseren. Photo de Une : Ludovic Daquin. La reproduction même partielle des photos et des textes n’est pas autorisée. Marque déposée MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 3 Offert avec ce numéro, un échantillon de produit PVA Carpemapassion.

Que le temps passe à la surface des eaux, les tendances évoluent ou tournent en boucle, mais CARPE magazine se démène pour vous offrir la culture halieutique de nos auteurs qui prennent le temps de vous servir leurs expériences de terrain sur la liberté des grands lacs. Ils vous proposent d’oser bouleverser les tendances en vous présentant des approches décalées à base de trop gros appâts pour les plus sceptiques et de traques au bouchon pour les nostalgiques. De la rivière au canal, en solo ou entre amis, nous vous accompagnerons pour vous apprendre à dépasser vos distances, vos ambitions et surtout prendre du plaisir. Dans le zig ou l’insouciance de l’instant présent, le plaisir de la pêche restera le but et la manière. Sans aucune prétention, le partage reste notre live motive... Mais le partage, quel est en fait sa réelle définition ? : “ Attribuer une part de quelque chose à une ou plusieurs personnes, posséder un savoir à plusieurs”. Voilà pourquoi nous nous motivons, voilà pourquoi Rico a allumé la mèche, pour que le reste s’enflamme et que ce magazine soit le théâtre d’une belle communion de passionnés tout simplement. Accepter le concept ou rester dans un monde suffisant... Notre choix est fait ;-) Bonnes sessions à tous et gardez la pêche, malgré les temps qui courent.

OccitaneenRetourterreRÉC I T ALAIN ROUCH dit “LE CLOWN” 4 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021

L e printemps approche, les arbres bourgeonnent, les mimosas sont en fleurs. C’est le moment que j’ai choisi pour retrouver le chemin des berges en cette année 2021 bien particulière. Il est temps de se changer les idées entre potes au bord de l’eau.

Eric et Christophe, nous choisissons un lac dans l’arrière-pays de la région Occitanie pas très loin de la Méditerranée. Les locaux n’ont pas voulu que nous donnions davantage d’explications. On les comprend. Le climat sera méditerranéen, donc plus clément et moins pluvieux que sur certaines régions (en principe...). Nous partons un dimanche pour éviter les bouchons et la présence de plusieurs campements sur notre lieu de pêche.

Avec mes deux binômes

L’ESSENTIEL Malgré les galères, liées à la météo et à des ©l’essentiel...etcomplicité,deunecapricieux,poissonsc’étaitsessionpartage,ded’amitiéc’estbienlàAlainRouch

Après pas mal de kilomètres nous arrivons à l’entrée du lac. Eric, qui ne le connaissait pas, reste sans voix devant ce site magnifique, sauvage. Aucune habitation, aucun bruit à part le chant des oiseaux et quelques poules d’eau qui longent la bordure. Nous avons de la chance le poste convoité est libre. une pointe prometteuse Le poste choisi est une avancée qui va nous permettre de pouvoir pêcher à trois avec plusieurs options.Christophe arrive enfin. Nous faisons un briefing pour élaborer une stratégie et le placement de nos campements. Nous optons pour trois cannes chacun au lieu de quatre pour moins perturber nos chères carpes. Eric va s’installer sur la droite et placer ses montages sur des hauts fond de 2,50 mètres. La hauteur d’eau sur le lac est d’environ 7 à 8 mètres. Christophe sera à gauche avec une bordure remplie d’arbres. Ses montages seront placés à proximité. Les cannes sont attachées avec le frein serré. Une pêche pas facile qui se pratique avec de la tresse pour éviter l’élasticité du fil. Pour moi c’est sur la pointe de cette avancée que cela va se jouer, en pleine eau, à environ 90 mètres. J’ai trouvé des zones dures à l’échosondeur et au fil à plomb. Le fond est de 7 mètres. ▶

MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 5 © Alain Rouch RÉCIT

Nous commençons par monter le barnum et nos biwys. Nous reprenons nos zodiacs pour placer des repères. C’est le règlement ici. Tous nos montages sont en place, c’est le moment de débuter notre première soirée entre amis au bord de l’eau. Comme c’est agréable de partager un bon repas après une coupure hivernale de trois mois. Une session à trois demande une bonne logistique en nourriture, appâts, boissons. Depuis le temps que l’on pêche ensemble, on est au point. Eric sera aux fourneaux, (c’est son métier) comme à son habitude. C’est pas trop bon pour la ligne, mais tant pis !

La première nuit est calme, seulement quelques bips. Ce n’est pas évident le premier jour. On fait du bruit en installant notre campement sur un sol dur rempli de galets. La pluie est là, et nous prenons des trombes d’eau toute la journée. Le niveau du lac augmente à vue d’oeil, c’est inquiétant. Il faut reculer les rod-pods. La température de l’eau chute jusqu’à atteindre 3 degrés... Après cette galère on passe la soirée sous le barnum avec le chauffage pour sécher un peu, en espérant que les jours à venir soient meilleurs.

InSTALLATIOn DU CAMPEMEnT

MÉTÉO Des trombes d’eau, un situationquiniveauinondéposteund’eaumonte...Lapeutvite devenir difficile à supporter. © Alain Rouch

LES ELEMEnTS SE déchainent

utilisation du fil à plomb Pour faire mon sondage en bateau, j’utilise l’échosondeur et un fil à plomb. Après avoir trouvé une zone qui me parait dure je prend mon fil à plomb. Il est composé d’un plomb de 180 grammes, d’une tresse et d’un dévidoir de nylon. Je fais des mouvements de haut en bas et j’obtiens la sensation du fond, mou ou dur. C’est ce qui va me décider ou pas à placer un repère sur cette zone. Le montage sera déposé devant mon repère à environ deux mètres de distance.

UnE VISITE InnATENDUE Vers 23h30, trois ou quatre bips me font sursauter. Je prend contact avec ma canne et commence un combat avec un poisson qui me paraît assez lourd. ▶

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Une canne est placée sur une pique avec le frein serré. Elle est attachée à l’aide d’une sardine et d’un cordon. Le montage est placé sous les branches des arbres. La tresse est utilisée sur le moulinet pour éviter l’élasticité du fil. Au premier ou deuxième bip, il faut reculer en mettant la tresse en tension maximum pour sortir des arbres et prendre contact avec la carpe. Ce n’est qu’a ce moment-là que la partie peut être gagnée.

© Alain Rouch MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 7 RÉCIT © Alain Rouch © Alain Rouch

APRÈS LA PLUIE, le mistral Encore des conditions difficiles. Nous ne pouvons sortir les zodiacs de la journée. Ce n’est qu’en soirée que le vent se calme. Le niveau d’eau qui monte encore perturbe notre pêche. On fait un petit amorçage sans toucher nos montages. On sait que ça pêche. Il n’y a pas d’indésirables sur ce lac. Il fait maintenant nuit et nous analysons la situation, il faut se rendre à l’évidence, on est en galère. Sur le matin, on réussi à prendre trois communes. Cette nouvelle journée est très calme, il n’y a plus de vent, un peu de soleil. Aucun saut, pas de bulles, ni d’activité. Le lac a l’air sur “off”. Si cette nouvelle nuit est stérile on écourtera notre session. Comme on le prévoyait on n’a pas eu de touche et ça semble parti pour un moment. un bilan mitigé C’est l’heure de vérité. La pêche a été dure avec nous cette fois-ci. Le début mars est toujours compliqué. Du vent orienté au nord, de la pluie, l’eau qui monte... Les éléments étaient contre nous. On aura essayé plusieurs appâts et plusieurs spots mais au final, nous restons pensifs. Plusieurs carpes sont venues nous voir, mais ce n’était pas l’euphorie. Nous quittons notre poste avec un peu d’amertume. Notre plus proche voisin part en même temps que nous. Lui aussi a bien galéré. Mais c’était une session de partage, de complicité, d’amitié et c’est bien là l’essentiel... On repart bientôt pour de nouvelles aventures encore plus motivés...que jamais !

À cinq mètres du bord, dans cinq mètres d’eau, c’est encore plus dur, beaucoup plus violent. Impossible de faire monter cette carpe qui sonde, qui déroule du fil malgré le frein assez serré. Il me faudra 15 minutes intenses pour mettre dans l’épuisette, ce que Christophe appelle un boeuf. Mon premier poisson de cette nouvelle année. Merci dame carpe pour cette visite: une miroir de 23 kilos. Dans la nuit Christophe prend deux cocos près des arbres. La pêche est lancée. Comment pêcher les arbres ?

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Surprises sur prises

Le lieu © Cyril Plessis

DIX ans de pêche régulière sur ce lac et pourtant, les suprises sont encore là ! preuve que dans la traque de ce poisson qui nous fait tant rêver, il faut toujours savoir se renouveler. CYRIL PLESSIS L ’étang que je fréquente depuis maintenant 10 ans représente une surface de 14 hectares avec une profondeur moyenne de 1m20. Il est principalement composé d’une vase très molle avec quelques îlots dont les abords sont en cailloux. L’étang est relativement sauvage avec un nombre incalculable d’arbres morts et d’obstacles en tout genre gisant dans l’eau. Carpe Land ! Même après presque dix années d’expérience sur ce lieu, les surprises sont encore nombreuses.

Nous avons ensuite découvert grâce au repérage en pneumatique une multitude de poissons dans des arbres morts sur des bordures et avons donc naturellement dirigé notre pêche avec grande confiance sur ces zones. Ces tentatives ont été totalement infructueuses. Les spots pourtant évidents et à notre portée se sont révélés tout à fait stériles. Déçus par ces multiples expériences nous avons décidé de concentrer notre attention sur un secteur à priori hors de portée car il se situe littéralement à 90° de notre poste avec une zone totalement en angle mort qui est périlleuse si le poisson tente de s’y réfugier. Cette zone est ni plus ni moins composée de deux îlots boisés et d’une berge très encombrée avec une profondeur avoisinant les 1,60 mètres (ce qui est rare ▶

“Ambitieux le type ! ” Je n’ai guère eu le temps de terminer de ranger mes affaires qu’un énorme départ m’a littéralement glacé le sang. J’ai pris le contact avec une véritable combattante. Après 20 minutes d’un combat tout en puissance je met à l’épuisette une commune de 17kg. Mon nouveau record de l’époque. Quelle surprise et quelle fierté. Ce jour fut pour moi un véritable électrochoc. Depuis 10 ans, c’est ce souvenir qui m’anime en ce lieu. (attention images d’archives !).

MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 9 RÉCIT © Cyril Plessis © Cyril Plessis

© Cyril Plessis À L’ÉPOQUE... Ma première expérience sur cet étang remonte à presque 10 ans. Du haut de mes 17 ans, le propriétaire m’annonce « On est envahi de carpes, on ne sait plus quoi en faire ». Je vous laisse imaginer mon excitation ! Excitation vivement partagée avec la peur d’attaquer une « grande pièce d’eau » à mon niveau de l’époque. Il y avait donc devant moi 14 hectares d’eau et une tâche de nénuphars de 30 m² à 40 mètres du bord. N’ayant aucune information sur la pêche et de faibles moyens financiers, je suis allé me procurer 10 kg de bouillettes « à fond la forme » afin d’amorcer la veille pour le lendemain 9 kg sur cette tâche de nénuphars insignifiante au milieu de toute cette eau. Drôle d’idée, n’est-ce pas ? Nous voilà donc “le jour J”, il y a 10 ans, avec des montages très moyens, un équipement très basique et beaucoup d’espoirs... Bref un débutant. Je propulse mes trois montages avec des bouillettes denses et encercle cette tâche de nénuphars. J’avais conservé un kilo sur les dix pour cette session.

CoMPORTEMENT

© Cyril Plessis dans cette pièce d’eau) ainsi qu’un substrat plus minéral. Les premières nuits sur ce secteur se sont révélées incroyablement riches en départs avec de très beaux sujets à la clé ! Bingo ! Voilà LE spot de l’étang. LA technique

Un corps de ligne costaud, 15 mètres de snag-leader en 50 mm, un montage classique, un amorçage “light”: recette gagnante sur ce poste.

10 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 RÉCIT

L’esche et l’amorçage sont encore des choses à discuter. J’ai pris l’habitude en début de saison de joindre à chaque canne un kilo de mélange de graines et d’y ajouter une vingtaine de billes en 18 mm largement réparties sur le spot. Dès l’instant où dans l’année j’enregistre une touche de blanc je cesse l’amorçage à la graine pour ne passer uniquement sur de la bouillette pure. Les poissons sont présents toute l’année sur la zone que je prospecte donc il est inutile de charger en amorce. Curieusement les touches se produisent uniquement de nuit. Afin d’enregistrer un maximum de touches dans un laps de temps limité, nous pratiquons un amorçage light d’une vingtaine de billes par canne. La présentation de l’esche en bonhomme de neige semble être un excellent compromis : il permet de démarquer l’appât du reste de l’amorçage ce qui est cohérent puisque nous ▶

Un corps de ligne sérieux est fondamental, c’est-à-dire en tresse afin d’avoir un maximum de contrôle. Combiné à cela pour sécuriser le poisson et limiter les décroches grâce à l’élasticité du nylon, une longueur de 15 mètres de snag-leader en 50 mm. Étant donné que nous pêchons désormais sur « du dur » nous optons pour un clip plomb classique et une plombée comprise entre 90 et 130gr en fonction des conditions climatiques. Nous devons être certains que le montage reste bien en place mais aussi garantir un bon auto-ferrage. Concernant le bas de ligne, une tresse gainée en 35 lbs montée sur un hameçon n°2 fort de fer avec pointe rentrante type Wide Gape semble être un excellent compromis. Un encrage solide de l’hameçon et une protection supplémentaire du bas de ligne grâce au gainage !

DOSSIER

PeUT-ÊTRE LA NUIT DE MA VIE Durant une belle nuit d’avril 2018, j’ai décidé de repousser les limites habituelles et en plaçant mes montages encore plus loin et plus proches des obstacles. Autrement dit aucune marge d’erreur. La première prise de contact fut incroyablement puissante. Le combat était si musclé que mon camarade me retenait car je n’arrivais pas à tenir sur le ponton. Une fois ce poisson à l’épuisette je comprends rapidement que j’ai battu mon record. Une magnifique commune de 22 kilos. Ma pêche est faite, je retourne me coucher. Le jour se lève, ma montre affiche 10 heures, heure après laquelle nous ne faisons plus aucune touche. Et là soudainement mon détecteur hurle. Je prend contact et je vois au loin un énorme remous au cœur d’un arbre mort. C’est très mal engagé, mais je maintiens la pression. Le poisson sort et retourne dans un second obstacle, puis un troisième. ”Que d’émotions !”. Le poisson regagne enfin la « safe zone » et arrive à l’épuisette.

UnE CERTAINE Routine Depuis les cinq dernières années, une certaine routine s’est installée depuis que les spots sont clairement identifiés. Malheureusement la pression de pêche augmente et ceci nous oblige à prendre de plus en plus de risques pour enregistrer des touches. Désormais l’important pour moi c’est de passer des bons moments entre amis et leur offrir la possibilité d’accéder à cet endroit et potentiellement décrocher un record. Chose faite pour certains d’entre eux ! Chaque poisson est un bonus mais les surprises tombent encore. Connaissant la souche originelle des poissons, les rêves sont encore permis. J’espère recroiser le chemin de ces poissons qui ont profondément marqué mon esprit.

Miracle ! Quand je regarde ce poisson je pense que c’est probablement encore un record. Et oui ! De 500 grammes, mais quand même... 22,5 kilos à la pesée !

RÉCIT M AI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 11

© Cyril Plessis © Cyril Plessis cherchons à déclencher des touches rapidement. Cette présentation permet également à mon sens de limiter les touches de blancs car l’hameçon est pour ainsi dire, protégé en dessous de l’appât contrairement à une présentation type pop-up qui accentue grandement le risque de piqûre accidentelle des nuisibles.

rivière vous dit STÉPHANE COURGEAULT RÉCIT © Stéphane Courgeault “OUI !”.

D es vacances d’été m’avaient mené au bord d’une rivière du sud de la France, réputée pour ses poissons combatifs. La pêche qui s’annonçait aisée, se révéla particulièrement compliquée. La température de la rivière ne cessa de grimper. Une véritable léthargie s’installa, et mon moulinet ne servit qu’une seule fois : la veille de notre départ, une belle miroir de 17,5 kg m’offrit une balade en bateau, au clair de lune ! Ce fut comme une invitation. Il fallait absolument que je revienne : elles étaient là. En septembre, je les retrouverai ! Septembre rouge Mon ami Alain, qui était sur place, me tint au courant de l’évolution de la situation qui ne cessait de se détériorer : les températures restaient élevées, des algues vertes pullulaient. Il fallut repousser ma session à octobre et repenser ma stratégie d’amorçage: des dizaines de kilos de bouillettes partirent, par cartons, en direction du sud de la France. octobre vert 1 er octobre : la pluie arriva enfin pour rafraichir mon futur terrain de jeu. Sa préparation pu démarrer : grâce à Alain, mes bouillettes (farine de krill et calamar pour l’une, farine de poissons enrichie en sel pour l’autre) rejoignirent le fond de la rivière sur différents postes que j’avais repéré en été. La phase d’accoutumance s’étala sur trois semaines, à raison de trois amorçages hebdomadaires. Des graines furent également disséminées pour calmer l’appétit des autres poissons. la

▶ 12 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 Quand

Le combat s’éternisa. Je sentis ma tête de ligne rentrer sur le moulinet. Allez, plus que 15m pour entrevoir mon adversaire ! Mais il repartit de plus belle. Le combat me faisait dériver; j’étais à une bonne centaine de mètres de mon poste. Au premier remous, je fus incapable d’identifier le poisson. Deuxième passage en surface, c’était une carpe, et de belle taille ! SPECTACLE De mon duvet, j’observai les écureuils dans le noisetier au-dessus de moi, et le héron chassant plus loin. © Stéphane Courgeault

Il étala la zone d’alimentation de manière à ne pas concentrer les poissons au même endroit, pour préserver un maximum de quiétude lors des combats. PREMIER Jour Fin d’octobre, j’arrivai sur place et constatais que la nature avait changé: la rivière était animée d’un courant régulier. Les algues vertes avaient disparu. Bons présages. Alain me rejoignit. Son zodiac chargé, il me conduisit sur le poste où je pris rapidement mes marques sur la rive qui m’accueillait. Je disposai ma première ligne dans 5.50m d’eau. Elle était entourée de rochers créant un canal sous l’eau, véritable garde-manger naturel. Les montages 2 et 3 furent placés contre la berge opposée. Ils bénéficiaient de la protection de bois morts et d’une végétation surplombant la rivière. La quatrième ligne fut placée en sortie de baie, derrière un plateau d’herbiers. L’amorçage suivit: j’y étalais un kilo de bouillettes SK30 avec quelques poignées de tigernuts. Dans la soirée, des sauts confirmèrent rapidement la présence des carpes. À 00h30, je fus réveillé en sursaut : le quatrième montage avait trouvé preneur ! Le poisson filait tout droit en longeant la berge, cherchant un obstacle pour se libérer. Je sautai dans le zodiac et pris rapidement le large afin de le faire dévier de sa trajectoire. Il quitta la zone dangereuse et rejoignit la pleine eau. Rapidement, le poisson finit au fond du filet. Je le hissai sur le matelas de réception. Un petit coup de lampe révéla les jolies couleurs d’une commune de 14 kilos. Premier départ, premier poisson. Nous allions enfin jouer ! DEUXIèME Jour Réveillé par les rayons du soleil qui tapaient sur mon parapluie, j’eus envie de profiter du spectacle que m’offrait la nature. De mon duvet, j’observai les écureuils dans le noisetier au-dessus de moi, et le héron chassant plus loin. Si ça n’était pas le Paradis, ça y ressemblait.

MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 13 RÉCIT

La journée passa ainsi tranquillement. À 23h, la seconde canne se courba subitement intensément. Je me précipitai pour ferrer et oubliai la souche qui trônait au milieu du poste. Je perdis l’équilibre, manquant de tomber à l’eau. Ma canne sortit du détecteur et je la saisis à la hâte pour ferrer. Le poisson semblait inarrêtable et dévalait la rivière. Je sautai dans mon zodiac. Restant à une distance raisonnable, afin de ne pas l’affoler davantage, j’accentuais la pression sur l’animal qui restait collé au fond. Mes pensées allèrent vers un silure. La poisse !

Ses ripostes se firent moins puissantes. J’arrivai à présent à la maintenir sur une zone restreinte. Je saisis l’épuisette mais La Belle fuit en l’apercevant. Elle m’imposa une explication supplémentaire; la dernière. A vant toute autre réaction de sa part, le filet se referma sur elle et je la tirai à moi. Je retournai à mon poste tout doucement, en maintenant le poisson dans l’eau. Une fois sur place, je récupérai ma frontale qui gisait auprès de la souche et préparai l’espace de réception. Je n’avais pas encore pris le temps de regarder ma partenaire de jeu. Je m’affairai quand le faisceau de ma lampe vint éclairer l’épuisette. Et c’est à cet instant que je réalisai : Dame Carpe était enfin là, large et d’une épaisseur impressionnante ! Je me précipitai sur elle et la dépo sai délicatement sur le tapis de réception. Immobile, elle me permit de mieux la jauger. Elle mesurait au bas mot 1.10m. Je tentai une première pesée mais mon peson électronique se bloqua : 25kg dépassés ! Je pris mon vieux peson mais l’aiguille oscilla entre 27kg et 30kg, sans que je n’arrive à la bloquer. Je glissai alors La Belle dans un sac de conservation et l’accompagnai dans l’eau. Je profitai de cet instant. Cela faisait un moment que je courais après la barre des 25kg. Elle était franchie ! J’appelai Alain qui s’empressa de me rejoindre pour voir La Merveille. Il m’aida à réaliser la pesée.

Le vent du nord vint refroidir tout ce qu’il touchait. La nuit a pporta son lot de pluie. Vers 1h du matin, je fus tiré de mon sommeil par un bip. Je pris contact avec le poisson qui s’enfuyait rapidement en pleine eau. Sa défense m’indiqua que j’avais à faire à un beau spécimen. Une jolie commune de 23.5kg rejoignit l’épuisette ! quatrièmE jour À 24h du départ, un poisson s’attaqua enfin au premier montage. Je le menai en pleine eau, pour un combat en règle. Sa puissance me surprit.

L’aiguille indiqua 28.3kg. Le reste de la nuit je ne pu fermer l’œil: cette session était un succès ! Tout ne serait que bonus ensuite.

TRoisième jour

Cela faisait un moment que je courais après la barre des 25kg. Elle était franchie !

J’aperçus à plusieurs reprises son dos sombre, mais il cherchait les profondeurs et finit sous le bateau. Ma pression sur la ligne fut constante. Il remonta doucement et apparut enfin devant moi, comme posé sur le flanc. Je n’eus qu’à l’épuiser. J’admirai alors une splendide miroir de 23kg. Cette session avait été magique ! Après avoir remercié Alain sans qui rien de tout ça n’aurait été possible, je dus quitter le sud pour remonter dans la grisaille parisienne, non sans une pointe de nostalgie, mais la tête pleine de souvenirs… Je vous en souhaite tout autant.

© Stéphane Courgeault 14 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 RÉCIT

DOSSIER La magie des grands lacs À la recherche de sensations... Les grands espaces fascinent nombre d’entre nous. Mais face à ces immensités d’eau, comment trouver la pêche et ne pas se retrouver démunis sur les berges d’un géant ? / ALEX RENAULT BouisserenBen© MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 15

DOSSIER

Mais dès que c’est possible, l’appel de l’immensité se fait pressant et j’installe mon campement sur les berges d’un géant, où qu’il soit en France. Peu importe la distance. Ce que j’y recherche, c’est le dépaysement. Aborder un géant, cela se J’organiseprépare.donc mes sessions plusieurs mois à l’avance et je me débrouille pour rester sur place le plus longtemps possible. Les pêches rapides en grands lacs n’ont, pour moi, pas de sens. Mais ceci est très personnel et cela ne veut pas dire que les sessions courtes ne peuvent pas être productives. Simplement, j’aborde toujours un grand lac comme un pélerinage, un voyage initiatique qui mérite du temps.

Montbel, pareloup, saint-etienne-de-cantalès, salagou, biscarosse, parentis, mervent... La liste est longue. Autant de destinations qui font rêver. Comment les aborder ?

auinitiatiqueVoyagepaysdes“Géants”

ALEX RENAULT © Ben Bouisseren 16 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021

L a Rédaction de Carpe Magazine a voulu, avec ce numéro, ouvrir des Eclairerhorizons...nospratiques, revenir à ce qui nous anime tous : la liberté et le plaisir d’être au bord de l’eau, de (re)découvrir certaines eaux. Celles qui nous semblent parfois intouchables. Les grands lacs en font Quipartie.n’a pas rêvé, un jour, de faire le “Robinson Crusoé”, perdu sur les berges d’une immensité d’eau ? Le premier grand lac que j’ai découvert, en 1995, fut le lac de Vassivière (HauteVienne). Mais ce fut une rencontre particulière. Pour la simple et bonne raison que je l’ai vu vide... Et ce fut un choc. Une immensité d’eau... Sans eau ! Des fonds qui s’offraient à mes yeux d’adolescent, beaucoup de réponses à mes questions de l’époque sur “ce qui se cache sous la surface”. Mais ce grand lac vide a suscité au final plus de questions qu’il ne m’a donné de réponses... Et une réelle passion pour les grandes étendues est née en moi. J’ai su, à cette époque, que les grands étendues auraient une place particulière dans mon coeur et dans ma pratique de la pêche. Aujourd’hui, 90% de mes sessions se déroulent sur la rivière. Simplement, car j’ai la chance d’avoir, à quelques kilomètres de chez moi, un terrain de jeu idéal pour mes pêches quotidienne. rechercher le dépaysement

A

Une pêche parfois cruelle

Je sais, “abandonner” est un bien grand mot mais qui définit à merveille la pression que nous prenons quand rien ne se passe pendant ces longues sessions... P endant ces instants, nous ne sommes plus rien !

Face à l’immensité BEN BOUISSEREN

MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 17

La pêche de ces grands espaces est parfois cruelle et nous pousse sans cesse à une réflexion incessante. Des milliards de questions se posent et des tas de choses traversent notre esprit jusqu’à parfois nous donner l’envie d’abandonner...

ujourd’hui je vais vous parler du genre de pêche que je pratique et qui me fait vibrer. Ce type de pêche est “je pense” la suite logique de tout pêcheur voulant évoluer personnellement vers des horizons plus complexes. J’ai bien-sûr pêché des eaux de petites et moyennes superficies comme une grosse partie de notre communauté et je n’ai eu le déclic et surtout l’envie de me confronter à ces eaux que très récemment.

Dans ce genre de lieu, on ne pêche pas pour enchaîner les départs et remplir les sacs de conservation, loin de là. Dans ce genre d’endroit, nous nous retrouvons seuls face à l’immensité de la nature. Des kilomètres de berges vides retenant des milliers d’hectares d’eau où notre petite personne au milieu de ce vaste terrain de jeu est tout simplement ridicule... Là-bas on ne pêche que pour une seule et unique touche et cela pendant parfois des heures, des jours, voir des semaines. La solitude se fait ressentir et comme seul et unique réconfort nous avons la beauté des paysages jouant avec les couleurs et évoluant seconde après seconde pour notre plaisir le plus précieux !

Cette peur qui nous permet de nous remettre en question est très positive. Bouisseren

▶ © Ben

Pour certains d’entre nous, la peur s’installe, la peur de ne plus être ce pêcheur qui, quelques semaines en arrière, empilait les poissons dans une eau bien plus “simple”

DOSSIER

Tous ces sentiments disparaissent dès lors que dame nature nous récompense en nous gratifiant avec un poisson et cela nous rebooste alors pour les mois à venir ! Le fish est le fruit de beaucoup d’attente, de patience et surtout beaucoup de questions concernant l’approche à mettre en place pour arriver à piéger une seule d’entre elles... Ce texte n’a pas pour but de critiquer qui que ce soit bien au contraire. Je respecte tout pêcheur quel qu’il soit et surtout je pense que chacun doit prendre son plaisir comme il l’entend sans avoir à se justifier. S’il y a bien une chose que tout le monde devrait se dire, c’est que tant que le pêcheur derrière ses cannes se fait plaisir, laissons le vivre sa passion à sa façon. Pour maximiser ses chances de réussite sur une grande étendue d’eau, il ne faut rien laisser au hasard. Vouloir aborder un grand lac simplement en posant ses lignes “à vue de nez” en faisant confiance à son instinct (et à la chance) serait risqué... Un grand lac n’est pas un lieu plus difficile qu’un autre à partir du moment où une réflexion et une vraie stratégie sont mises en place.

Cette peur est l’acheminement de votre réflexion qui vous influencera dans vos prochaines destinations. adrénaline Je dirais même qu’elle ne peut vous procurer que deux sortes de sensations, soit elle nous pousse à l’abandon, soit elle à l’effet inverse et vous motive au maximum. Ce sentiment éphémère est souvent amené à durer sur plusieurs sessions , et croire que nous sommes enfin arrivés à dompter ces immensités relève alors de l’impossible !

Tous ces sentiments font de nous ce que nous sommes, des passionnés en recherche permanente d’un shoot d’adrénaline en communion avec la nature où notre dose sera versée au moindre son du détecteur !

BouisserenBen©©BenBouisseren 18 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 DOSSIER

La première chose que je fais, lorsque j’arrive sur un grand lac, c’est de prendre les températures et d’observer les différences de profondeur. Cela guidera mon approche, en me basant sur mon expérience et sur les conditions météorologiques extérieures, la saison... Sur un grand lac de barrage, alimenté par un fleuve, j’ai pu constater de très grosses différences de température (près de 10°C !) au mois de mai. L’eau du fleuve qui alimentait le ▶ juste...

Cela peut paraître simple au premier abord, mais qui dit grandes étendues, dit, dans la majorité des cas (je l’ai vérifié sur tous les grands lacs que j’ai pu fréquenté ces vingt dernières années, mais peutêtre existe-t-il des exceptions) grands déplacements des poissons. Mes observations ont toujours révélé que sur un grand lac, le poisson naviguait beaucoup, et rapidement. Simple à expliquer me direz-vous, il a de la place, il en profite... Une fois ce constat posé, il faut arriver à comprendre ce qui peut pousser sur une grande étendue d’eau, les poissons à naviguer (souvent en bancs) sur de longues Premièredistances.explication, les grands lacs peuvent avoir des topographies très différentes que l’on ce situe à un endroit ou à un autre. J’ai connu des grands lacs ou des zones entières de haut-fonds et de roselières jouxtaient des zones plus profondes, voir très profondes. En fonction des moments de la journée, le poisson se déplaçait pour profiter des faibles profondeurs lors des journées printanières puis repartaient dans des endroits plus profonds, distants de quelques centaines de mètres pour la nuit.

© Ben Bouisseren

Viser

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Grandes étendues, grands déplacements

ALEX RENAULT

P our maximiser ses chances de réussite sur une grande étendue d’eau, il ne faut rien laisser au hasard. Vouloir aborder un grand lac simplement en posant ses lignes “à vue de nez” en faisant confiance à son instinct (et à la chance) serait risqué... Un grand lac n’est pas un lieu plus difficile qu’un autre à partir du moment où une réflexion et une vraie stratégie sont mises en place.

Sur ce point, c’est l’observation grâce à Google Earth, avant mon départ qui va me permettre de faire mon premier choix. Je suis souvent attiré sur les grands lacs, par les “petits recoins” souvent délaissés, qui peuvent être des zones d’alimentation ou de repos. Selon la météo à mon arrivée, je vais regarder, si le bras est consécutif à un ruisseau qui vient se jeter dans le lac par exemple (et dans ce cas, je vais sonder pour chercher les zones ou l’oxygénation est optimale et où la nourriture naturelle s’accumule) ou encore un bras abrité du vent et ensoleillé (en début de saison, le poisson va venir y chercher une eau plus chaude et de la nourriture naturelle). Quant à la pleine eau, j’y installe souvent une canne lorsqu’elle est accessible de mon poste. En effet, sur la plupart des grands lacs que j’ai ▶

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saison, soit je cherche un secteur depuis lequel je peux avoir une multitude de solutions de pêche. Ainsi, si les carpes naviguent beaucoup, j’aurais encore plus de chances de les intercepter en pêchant à la profondeur ou à la distance à laquelle elles passent. Pleine eau, bordures, bras...

Souvent sur un”géant”, l’autre équation à résoudre, c’est celle du poste: faut-il choisir la pleine eau, en cherchant une cassure ou un obstacle, les bordures, avec leurs plages, leurs arbres morts, ou encore les bras, des secteurs plus “fermés” mais qui peuvent être de vrais repaires à poissons...

barrage était à 12 degrés. Quelques centaines de mètres plus loin, dans la partie calme du barrage et à l’abri du courant du fleuve, mon thermomètre annonçait 21°C... Ce jour-là, j’ai pris conscience de l’importance de prendre précisément en compte les données comme la température de l’eau. De même, je ne me fie pas uniquement à la sonde de mon échosondeur, qui prend une témpérature de surface. Sur de nombreux lacs, on peut relever de grandes profondeurs, et dans ce cas, la température de surface n’a rien à voir avec celle du fond. J’en ai fait l’expérience (un peu malheureuse) sur un grand lac d’Auvergne, il y a deux ans. En me mettant à l’eau pour récuperer mon bateau mal attaché qui était parti à la dérive (ça m’apprendra à bien le sécuriser !), j’ai pu m’apercevoir qu’une température acceptable en surface (de l’ordre de 12 °C) pouvait être beaucoup plus froide à 1m80 sous la surface (une sensation de froid engourdissait mes doigts de pieds !). Après vérification, l’eau était 7 degrés plus froide à 2 mètres de profondeur... Pour préparer ma session sur un grand lac, je pars plusieurs semaines avant mon départ, à la recherche d’informations sur les secteurs, les profondeurs, notamment grâce aux cartes bathymétriques des lacs (qui donnent les profondeurs). On peut trouver beaucoup de données sur Internet. Elles me sont d’une aide précieuse pour choisir mon (ou mes postes). Soit je m’oriente vers un secteur marqué (profond ou très peu profond) en fonction de la

PROFONDEUR Vue du ciel, sur un lac à obstaclesdeprofondeurzonesdéterminerestcristalline,l’eauilpossibledelesàfaibleoudevinerlessous la ©surface.BenBouisseren

Sur les grands lacs, Pour moi, il existe des itinéraires sur lesquels les carpes se déplacent pour aller d’un point à un autre.

Alex Renault © Ben Bouisseren MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 21 DOSSIER

fréquenté depuis 1995, j’ai pu remarquer qu’il existait des “autoroutes” dans certains axes, en quelques sortes des itinéraires sur lesquels les carpes se déplacent pour aller d’un point à un autre du plan d’eau. Assez souvent, ce “passage” est lié à l’ancien lit de la rivière (si c’est un barrage) ou une ancienne limite naturelle lorsque le lac a été créé par l’Homme). Il peut s’agir d’une ancienne route, d’une haie immergée, de clôtures, d’anciennes parcelles... Sur le lac du Salagou par exemple, j’ai pu remarquer que les carpes sur un secteur en particulier, suivaient quasiment les limites d’anciennes vignes qui ont été noyées. A l’échosondeur, on peut remarquer les restes de clôtures, de ceps de vignes ou de souches qui les délimitent. En déposant un montage à la limite de ces anciennes vignes je pouvais, à certaines heures enchaîner les touches alors que mon autre canne était disposée 10 mètres plus près de moi, au coeur des anciennes vignes, sans déclencher aucune touche !

Autre élément indispensable à prendre en compte avant d’aborder un “géant”, c’est l’histoire locale. Est-ce un barrage ? Quelles sont les rivières qui l’alimentent ? Des infrastructures (maisons, routes...) ont-elles été noyées ? Il est aussi important de se renseigner sur les ▶

L’HISTOIRE locale et les autres usagers

SONDER Un poisson piqué en pleine eau, à plus de 100 mètres, après avoir observé le passage des poissons la veille à la même heure. Le lendemain, une canne était surroute...leur ©

J’en ai aussi fait l’expérience sur un grand barrage du sud-ouest. En six jours, je n’ai pas compté le nombre de voiliers, pédalos, paddles qui sont venus faire demi-tour en plein dans mes bannières... Sans compter les touristes qui venaient ramasser mes repères en croyant faire une bonne action de Depuisdépollution...cejour, avant de m’installer, je prends des renseignements auprès des opérateurs locaux (campings, guides locaux, loueurs de bateaux...).

Gardez donc un oeil sur la météo avant et pendant votre session sur un grand lac. prévoir les conditions extrêmeS Ce conseil vaut aussi pour la navigation. En bateau, la prise au vent peut devenir au mieux un calvaire, au pire dangereuse...

Autre conseil, avant d’installer votre campement, observez autour de vous si l’eau peut monter et vous encercler ou vous inonder, ou si par hasard vous ne vous installez pas en plein milieu d’une “ravine” : ces passages d’eau qui deviennent des torrents en cas d’orage...

autres usages autour et sur le lac. Rien de plus désastreux que de s’installer juste à côté d’une base de voile ou d’un port (par facilité souvent, car la mise à l’eau est proche) et de se retrouver avec des régates de bateaux toute la journée en plein sur les cannes.

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C’est aussi l’occasion de montrer qu’un carpiste peut se préoccuper des autres usagers de la nature... Beaucoup de grands lacs sont connus pour faire subir à ceux qui s’y frottent, des conditions climatiques extrêmes. Le plus célèbre est sans doute le Salagou et son vent infernal qui peut se lever et devenir extrêmement dangereux. Un collègue a même vu, il y a un an et demi, son biwi s’envoler littéralement en pleine nuit... Il ne l’a jamais retrouvé, comme une partie de ses affaires.

Dompter un “géant” est une aventure. Mieux vaut que celle-ci se retrouve dans les colonnes de Carpe Magazine plutôt que dans un quotidien local à la rubrique “Faits divers”... Dans la boue d’Orient, un lac de légende... © Mat CarpeKoi Fishing

Dans certaines conditions, c’est souvent en utilisant des techniques de pêches alternatives qu’on peut réussir à tirer son épingle du jeu. Mes expériences me font désormais penser que la pêche au zig est certainement l’une des meilleurs que je puisse connaître.

La seconde, et pas des moindres, c’est que j’avais pris la mauvaise habitude de remonter systématiquement cette ligne avant la tombée de la nuit. Malheureusement, même dans les prestigieux magazines de cette époque, aucun pêcheur (même reconnu) ne parlait encore de la pêche au zig-rig car, elle n’existait tout simplement pas ou tout du moins ne s’était ▶

deuxEntreeaux... ÉRIC MOREIRA MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 23 TECHNIQUE

La première ombre au tableau, car il y en a toujours, c’est que par manque d’expérience, mais surtout d’informations : je n’amorçais jamais cette ligne. Mais bon, elle me permettait tout de même d’enregistrer quelques départs au cours de la journée.

Cette bidouille me permettait régulièrement de réussir pendant les journées chaudes et fortement ensoleillées…

P our ma part, la pêche au zig-rig n’est pas réellement une nouveauté car, à l’époque certains d’entrenous la pratiquait déjà sans en avoir conscience. D’ailleurs, je le faisais également en décollant mon esche (une bille en mousse) à l’aide d’un très long bas de ligne en tresse souple que je reliais directement à un plomb in-line. Ce petit bricolage bien sympathique était rapide à mettre en place avec les moyens du bord, mais n’était malheureusement pas exploitable sur des fonds trop encombrés. Mon leurre, car s’en était un ! Se présentait généralement à mi-hauteur dans la colonne d’eau, voire aux trois-quarts, mais rarement plus ! Car, lorsque je n’étais pas accompagné, épuiser seul des poissons avec de tels bas de ligne s’avérait être une étape vraiment fastidieuse.

peut-être pas encore démocratisée sur le territoire français. Elle est désormais devenue une technique à part entière. Pêche chirurgicale ?

Pour relever le défi de leurrer un poisson avec un appât artificiel qui se rapproche visuellement de la nourriture stagnante ou mouvante du moment, les pêcheurs (confirmés) à la mouche doivent savoir de quoi je parle ici.

Pour éviter d’attendre bêtement une touche qui n’arrivera jamais sans, car le poisson n’est pas enclin à descendre, préférant les couches d’eaux supérieures…

© Éric Moreira 24 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 TECHNIQUE

Pour éviter l’ennui en pratiquant une pêche active et non statique ! 3 bonnes raisons de pêcher au zig

Je suis vraiment stupéfait de voir à quels points les choses se sont complexifiées de nos jours, désormais un pêcheur soi-disant averti aurait apparemment besoin d’un mètre, d’un thermomètre, d’un baromètre, d’un bipeur et d’un bulletin météorologique complet et j’en passe… N’oublions surtout pas l’écho-sondeur dernier cri et son drone, histoire de visualiser les faces cachées d’un plan d’eau ? Avonsnous nécessairement besoin de toutes ces choses pour commencer à pratiquer la pêche au zig ? Non ! Quelques outils et une bonne part de bon-sens (de l’eau de préférence) suffisent amplement, allons-nous à la pêche pour pêcher ou pratiquer une opération chirurgicale ? Force est de constater que si nous devions réellement attendre que toutes les conditions favorables soient réunies pour pêcher au zig, nous le ferions à tort que quelques fois dans l’année !? Où pêcher au zig-rig ? “Dans l’eau, forcément !” Mais plus sérieusement, dans toutes les eaux stagnantes ou possédant un courant de faible intensité, et ayant idéalement une profondeur appropriée d’au moins trois mètres…Toutefois, Je serais tout de même tenté de vous dire qu’à partir du moment où on prend l’initiative de décoller son esche d’un bon mètre, on ne pêche plus à la flottante, mais bel et bien au zig, et qu’il n’est pas nécessairement utile d’avoir ces trois fameux mètres de profondeur pour obtenir d’excellents résultats, la thermocline a beau être ce qu’elle est, mais… Mais la réalité du terrain en est une autre, car les raisons qui peuvent inciter les carpes à se déplacer vers tels ou tels secteurs ou profondeurs sur un plan d’eau ne sont pas toutes liées à la même chose (la chaleur) ▶

Tout le temps ! Notamment lorsque le ciel est dégagé et que les avions laissent apparaître de jolies traînées blanches de condensation derrière eux, ces dernières sont d’ailleurs de précieuses informations pour nous pêcheurs, car elles nous font rapidement savoir que la pression atmosphérique est extrêmement favorable pour cette pratique (1000 hectopascals environ). Les jours où le vent n’est pas très actif, voire inexistant, car votre nuage d’amorce aura tendance à rapidement suivre la direction de ce dernier et à amorcer le spot de vos voisins et finir sa course sur la berge qui s’y oppose…

Lorsque des mets d’exceptions tombent généreusement des arbres ou buissons qui jonchent les bordures parfois très profondes (chenilles et autres insectes), les éclosions de têtards et d’alevins en tout genre ne sont pas à exclure…

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car, l’oxygénation, la luminosité, le vent, la présence d’herbiers et tout un tas d’autres critères peuvent leur dicter leurs déplacements et leurs éventuelles zones de stationnements. Même si je sais pertinemment bien que le poisson évolue généralement au-dessus des zones plus ou moins encombrées, donc inadaptées, je vous suggère tout de même de déposer votre piège sur un fond dur et propre afin de pouvoir pêcher l’esprit tranquille, en ne doutant pas une seconde du bon fonctionnement de votre montage. Quand pêcher au zig-rig ?

CETTE SOUPE EST À UTILISER DE PRéférence ?

En fait à ce niveau-là il n’y a aucune limite et c’est bel et bien à vous de laisser libre cours à votre imagination et trouver l’appât qui sera faire toute la différence à l’instant T. Comme beaucoup d’entre vous, j’utilise aussi un kit complet vendu dans le commerce… Matériel pour pecher au zig Matériel pour pecher au zig

AVEC QUOI AMORÇER ?

Pourquoi croyez-vous que tant de pêcheurs spécialisés dans cette technique vous recommandent grandement de pêcher les bordures en omettant malheureusement de vous donner de plus amples explications ?

De nombreux mélanges dédiés à cette pratique sont disponibles dans le commerce et à des prix qui me paraissent plutôt raisonnables, je sais de sources sûres que certaines marques se sont intéressées de près à cette pratique en France et qu’ils commercialisent désormais de très bons spod-mix que j’utilise d’ailleurs assez souvent lorsque je manque de temps pour préparer ma précieuse soupe-maison, je rajoute souvent à ces mélanges prêts à l’emploi, quelques ingrédients ou additifs que je n’omets jamais de charger dans mon véhicule. Tels que : du lait en poudre et de la fluorescéine pour leur effet traçant, certaines huiles pour…, bref tout un tas d’additifs terriblement utiles et complémentaires. Bien-entendu, il existe d’autres excellents spod-mix, mais je préfère vous parler ici des produits que je connais vraiment et avec lesquels j’attrape réellement beaucoup de poissons.

Les jours où le vent n’est pas très actif, voire inexistant, car votre nuage aura tendance à rapidement suivre la direction de ce dernier et à amorcer le spot de vos voisins et finir sa course ▶ Hormis la longueur plutôt conséquente des bas de ligne auxquels on doit souvent avoir recours, cette pêche et sa mise en oeuvre ne représente vraiment rien de bien compliqué, car il suffit de réaliser un simple nœud sans nœud et un cheveu court sur lequel on peut venir fixer : - Une petite bouillette flottante. - Un petit dumble, - Certains appâts frais ou artificiels…

Plus sérieusement, même sans ce dernier, un pêcheur attentionné reste extrêmement concentré sur ce qu’il fait et la fréquence des touches ou leurs absences lui dicteront rapidement la bonne marche à suivre, bip bip, zut j’ai encore mis trop de temps à écrire cet article…(double rires) conclusion Je conclurai donc cet épisode en écrivant tout simplement que toutes les réponses que nous attendons d’autrui se trouvent régulièrement devant nos yeux, mais que nous ne les voyons malheureusement pas, apprenons donc à redécouvrir les saisons et intéressons-nous de près à ce qu’elles ont la particularité d’offrir à nos poissons, faire corps avec la nature permet de progresser beaucoup plus vite qu’en visionnant certaines vidéos ou en lisant des articles incomplets et rébarbatifs (des copiéscollés) qui ne parlent que de cette récurrente thermocline et de leurs derniers hameçons à la mode qui piquent toujours mieux que celui de leurs concurrents !?!.

sur la berge qui s’y oppose, bien souvent le pêcheur qui sait tirer parti de cet inconvénient peut obtenir des résultats surprenants s’il se donne la peine de réfléchir correctement, une fois de plus il ne faut jamais suivre bêtement ce que tout le monde dit et fait ! (la réponse est dans la question.)

Même s’il est très important d’en tenir compte (thermocline) dans certains lieux et à certains moments donnés, je peux vous garantir que la pêche au zig, comme d’autres d’ailleurs ne se résume pas qu’à un seul et unique détail…

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AU CHOIX Une petite bouillette flottante, un petit dumble, certains appâts frais ou artificiels... Faites marcher ©imagination.votreAlexRenault

S’il est soutenu (le vent), il sera préférable d’aborder votre pêche avec un mélange de pellets ou granulés de différents diamètres et de maïs doux qui seront parfaitement adaptés pour cette situation, les temps de dissolution de vos pellets devront être pris en considération et être utilisés de façon appropriée…

Comme vous l’avez compris, il existe d’autres approches concernant l’amorçage, mais nous ne rentrerons pas dans les détails car, de nombreux bons auteurs l’on déjà fait avant moi sur la toile ! bip bip !!! La régularité de la fréquence d’amorçage de jour comme de nuit étant indispensable pour pouvoir entretenir une attraction dans toutes les différentes couches d’eau…Bip… N’oubliez surtout pas votre bipeur et de préférence de marque… Car il sonne mieux (rires).

Persévérance et rigueur seront les maitres-mots pour pratiquer le ZIG. J’ai rencontré pour vous benjamin brisson, qui s’est spécialisé dans cette technique. Interview.

B

enjamin est passionné par la pêche de la carpe depuis plus de 20 ans. C’est cette passion qui est à l’origine de notre rencontre, il y a bien longtemps. Un même but : capturer nos chères dames. Ces quatre dernières années, son intérêt s’est porté sur la pratique du zig dont il est devenu spécialiste et qu’il va nous présenter. Le zig : une technique encore peu pratiquée pourtant désormais connue de nombreux carpistes. Sa complexité et ses nombreuses particularités en font une pêche qui peut faire peur. Logique ! Lorsqu’on approfondit le sujet, on s’apperçoit rapidement que la technique bouscule les habitudes. Une entrée en matière déconcertante à laquelle il faut ajouter qu’il faudra sans doute cumuler un certain nombre d’échecs dans les débuts, avant d’en comprendre réellement le fonctionnement. Persévérance et rigueur seront les maitre-mots pour maîtriser cette traque. Avant de commencer, intéressons-nous à notre cher cyprinidé. Petit rappel qui éclairera la pratique de cette pêche, la carpe est un poisson benthivore, autrement dit classé comme prédateur contrairement à ce que l’on pourrait croire.

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▶ ALDRIC FERGEAU

© Benjamin Brissonzig

Dans quoi s’engage-t-on en pratiquant de cette pêche et comment y es-tu venu ?

“Je suis venu au zig pour deux raisons: je suis compétiteur et qui dit compétition dit entraînement, donc du temps pour ça, ce qui m’était difficile d‘avoir. Surtout sur des durées de 48/72h. La deuxième raison était d’optimiser ces créneaux pour le plaisir de partager un bon moment pour s’évader. En résumé, assouvir ce besoin de mettre les cannes à l’eau.La solution était de trouver une activité alliant pêche et compétition axée sur le plaisir, avec un gros plus : la recherche du rendement et une pêche de mouvement. Je ne sais pas tenir en place…(rires). Toutes ces conditions étaient réunies dans le “pack“ zig. Lorsqu’on s’engage dans cette pratique, il ne faut pas s’attendre à faire une sieste au bord de l’eau sinon on ne pratique pas. L’option “poser pendant des heures sur un level chair” on oublie, où alors c’est pour refaire les zig ! Cette technique, c’est du mouvement perpétuel. Votre condition physique va être mise à rude épreuve, mais lorsque le rendement est là c’est une satisfaction sans précédent.”

Pourtant leur alimentation ne trompe pas : moules d’eau douce, écrevisses, corbicules, alevins et j’en passe. Une information qui va nous éclairer sur les habitudes de ce poisson et ainsi nous donner le but et la démarche intellectuelle pour comprendre l’intérêt de la pêche au zig. Alors plongeons sous la surface à la recherche des nombreuses questions que nous nous posons tous sur le zig-rig. Rien n’est insurmontable ! Il faudra simplement oublier un peu nos habitudes de pêche au fond. Mais pas de panique, vous avez déjà commencé à vous préparer en lisant ces premières lignes... C’est parti ! à quoi s’attendre ?

Vous avez dit benthivore ?

EST-ce accessible à tout le monde ?

©danstrouvémouvement.unerendementlaetvoulaitBenjaminMOTIVATIONBrissonallierpêchecompétition:rechercheduetpêchedeIlasonbonheurlezig.BenjaminBrisson 28 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 TECHNIQUE

Cela demande-t-il un équipement spéci fique pour débuter et est-il possible de s’y essayer sans rentrer dans les frais ? “Oui c’est totalement accessible au plus grand nombre. Il faut deux cannes de 12 à 13 pieds (de préférence 13 pieds pour les ▶

▶ © Ben Bouisseren MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 29 TECHNIQUE

Une fois ces conditions réunies: plan d’eau très poissonneux, en carpes et poissons blancs, avec de la profondeur, faut-il privilégier les obstacles, un poste en retrait ? “ À contrario de ce que l’on recherche habituellement, on va se diriger sur des postes larges de pleine eau. Que le fond soit dur ou vaseux, cela ne sera pas forcement important du fait que la pêche ne se fera pas sur le fond.” mettre la mécAnique en place

Passons à l’action ! Tu m’as parlé de mettre en place une méthodologie, une mécanique. C’est quoi ? “ Oui c’est une démarche à mettre en place à chaque fois. Une machine qui sera bien huilée. Le protocole que je préconise et que je mets en place n’est pas du tout décidé au hasard. Il faut respecter un ordre précis pour le bon déroulement de la session.Tout d’abord on va sonder le poste. Une fois l’endroit idéal trouvé, clippez la distance. Ensuite on sort les distances sticks

Est-ce que l’on peut s’exercer sur n’importe quel spot ?

“Non, comme nous l’avons précisé ultérieurement,c’est une pêche de rendement. Qui dit rendement, dit densité de poisson en conséquence. S’il y a une vingtaine de poissons dans le plan d’eau c’est inutile de se casser les dents.. Plus le nombre de poissons est important plus on pourra s’y appliquer.

grands zig) ainsi qu’un moulinet garni de nylon. Concernant le montage, un clip plomb traditionnel, un fluoro à zig pour le bas de ligne, (appelé zig), un hameçon entre 6 et 10 selon les esches utilisées. C’est tout ! Ce sont des choses que nous avons souvent dans nos sacs, donc pour l’instant “coût 0”. Concernant l’esche cela reste propre à chacun. Elles seront en mousse ou en plastique. J’affectionne plus particulièrement ces dernières car elles ont une super flottaison et permettent une présentation impeccable. Mais on peut aussi utiliser de petites pop-up pour les personnes qui ne sont pas adeptes d’appâts artificiels.

Concernant les mousses et plastiques, rien ne sert au début de se lancer dans des achats intempestifs de couleurs diverses et variées. Pour débuter, les couleurs simples telles que le jaune, le blanc, et le noir, (3€ à 5€ en moyenne la boîte) seront des armes efficaces. Il ne reste plus que la partie amorçage, un sac de pellets, du maïs doux, du chènevis et des huiles seront un cocktail explosif pour éveiller la curiosité des carpes.” une destination à ne pas choisir au hasard

Également une bonne quantité de poisson blanc serait un gros plus. Et oui, étonnant ! La carpe est un benthivore donc dans la chaîne alimentaire se situe au-dessus du poisson blanc. Le but de cette approche est de créer une concurrence alimentaire sur l’amorçage pour attirer ces dames. Un critère supplémentaire serait d’avoir des hauteurs d’eau de préférence supérieur à 2m50 afin de pouvoir vraiment travailler sur les couches d’eau.”

Comment augmenter le rendement tant recherché ?

“ Pour rentrer réellement dans le vif du sujet, c’est à dire une fréquence de touches qui s’accélère, (et alors, c’est un kiff a 200% !), il va falloir trouver la thermocline ) parfaite.

(deux piques avec une corde qui permet de les écarter d’une distance bien précise permettant de calculer la distance en fonction du nombre de spires qu’on va faire autour. S’en suis le clippage de la canne à spomb et les deux cannes avec lesquelles on va pêcher. La base pour la journée est faite et ne bougera pas. Maintenant passons au choix des esches. Restons toujours sur nos couleurs primaires. Nous sommes le matin, le soleil est encore bas, avec une luminosité faible, ce qui va nous diriger par déduction vers des couleurs claires (le blanc et le jaune) pour débuter. Les hauteurs d’eau que l’on va définir seront de deux tiers/un tiers. Et les deux cannes auront chacune une hauteur différente afin de trouver au plus vite le poisson.” La fréquence Tout est prêt à faire feu le protocole est en place. Je suis impatient... Quelle fréquence et quelle quantité d’amorçage pour lancer la machine ? “ La première étape est de mettre en action le coup. Tout d’abord, je commence par cinq spombs, je pose mes deux cannes dessus et remets cinq spombs, 30 min après je remets cinq spombs dessus, au bout d’une heure je remets cinq spombs et change mes hauteurs de zig en moyenne de 20 centimètres et ainsi de suite jusqu’à déclencher les premières touches. La fréquence d’amorçage se stabilise ensuite toutes les demi-heures et à chaque touche. Il est très important de garder ce rythme c’est la clé de la réussite. C’est aussi ce qui donne le côté physique à cette pêche ! ”

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Pour cela, on va jouer sur des variations de zig de plus ou moins dix centimètre. À partir de là, les touches vont s‘enchainer jusqu’à donner des résultats que vous ne pourriez imaginer. Mais cela peut être le cas que sur un laps de temps plus ou moins long. Lorsque les touches s’espacent, on recommence à travailler les hauteurs pour retrouver ce fameux niveau idéal. On va aussi varier sur les couleurs tout au long de la journée. Plus on va avancer dans la journée plus la luminosité va être forte et du coup, on va se diriger sur des couleurs plus sombres pour vraiment créer un contraste. Par exemple, un simple passage nuageux peut amener à changer de couleur, d’où l’importance de l’observation dans cette pêche. Regardez ce qui vous entoure: luminosité, température, activités, toutes ▶ © Benjamin Brisson On appelle thermocline la tranche d’eau qui fait la transition entre les eaux chaudes de surface et les eaux froides des profondeurs.

OBJECTIF NUIT

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ces choses vous aideront à réagir au plus vite pour garder le contact avec l’activité du poisson. Plus la journée va avancer plus le poisson va avoir tendance à descendre au fur et à mesure que la lumière s’estompe.”

Le rendement a été favorable toute la journée et je reste pour la nuit. Puis-je mettre à bon escient cette activité ? “ Avant la tombée de la nuit on va se diriger vers l’amorçage plus standard: bouillettes, etc... sur le même spot bien entendu ! Il ne faut pas hésiter à mettre de la matière pour garder un maximum le poisson en activité et se préparer à remettre la machine en route le lendemain et ainsi gagner du temps sur la mise en route.” Un dernier conseil ? “ Ne jamais baisser les bras, toujours se remettre en cause et ça va payer à un moment ou à un autre. Pour ne pas recommencer les erreurs et se rappeler des bonnes choses notez constamment ce que vous mettez en place (les diamètres de nylon, tailles d’hameçons, météo, pression de pêche...) N’oubliez pas que le but principal est de passer un bon moment au bord de l’eau et de vivre à fond notre passion.”

on premier contact avec cette technique fut pour le moins rudimentaire. Ce fut également mon premier avec le monde de la pêche. Une magnifique canne deux brins en bambou dans une somptueuse housse en plastique bleu gagnée sur une fête foraine. Et l’aventure pouvait commencer. Quoi de plus stimulant que de voir ce petit morceau de balsa s’enfoncer dans l’abime sans savoir quel spécimen était l’auteur de cette touche.

Pousser le ...plus“bouchon”loin

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Fort d’un passage par la pêche à l’anglaise, la traque avec un petit waggler fut rapidement une évidence. Ce fut alors les premières frustrations.

Dans peu d’eau, proche du bord et donc en alerte, la chute d’un montage classique ferait fuir mes convoitises… qui finiraient peut-être par revenir, mais cela reste aléatoire et pas très productif.

Et pourquoi pas ?! Le bouchon, c’est l’occasion de présenter un appât au coeur des zones de tenue, dans des obstacles... C’est pas ringard, et c’est surtout extrêmement redoutable d’Efficacité.

DAMIEN CLAUDE © Damien Claude 32 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 TECHNIQUE

La simplicité, les premières sensations et l’ébauche d’une passion naissante. Le cursus de pécheur pubère suivra alors son cours avec la découverte du moulinet, des cuillères, du swing tip, de la pelote etc…

Ce n’est que bien des années plus tard, et après une bonne période d’introspection, que je suis retourné à mes premiers amours. Après avoir observé mainte fois des carpes en bordure ou même à quelques mètres de la berge, j’évaluais les techniques possibles pour leurrer ces belles.

Et c’est à ce moment que mes petites plumes de balsa ont pris la poussière au dépend du clinquant matériel high-tech. Ne parlons même pas de la période où j’ai succombé aux sirènes des détecteurs de touches électroniques et où une sortie sans une foultitude d’ustensiles était inconcevable.

Brider un poisson correct entre deux souches avec une canne type anglaise de l’époque … autant se servir d’une nouille cuite comme coton tige.

Un corps de ligne en 30/100 monté en direct sur un hameçon à grande ouverture en taille 8. Un waggler type pellet coulissant pré-plombé de 6/8g et en général un plomb de touche. Cette base qui peut paraitre barbare me permis de traquer et déloger des poissons en tout lieu à portée de lancer et à toute période de l’année.

L’hameçon de 8 permet également une application « tout terrain ». Un simple cheveu en tresse avec 3 grains de maïs doux, un pellet ou un baby corn sur un élastique, une mie de pain comprimée, un lombric, tout est possible. Le choix de l’esche n’a de limite que votre imagination. Les baies des arbustes surplombants l’eau sont également appropriés.

© Damien Claude MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 33 TECHNIQUE

C’est alors que la lecture d’un article d’un écrivain anglais m’a mis la puce à l’oreille. Il usait et abusait de cette technique en parallèle d’une seconde canne avec un montage de fuite classique. Son explication était simplement que la présentation verticale et différente du montage type anglaise déjouait la méfiance du poisson habitué à voir trainer un montage classique sur le fond. La discrétion et les fins diamètres n’étaient peut-être pas de rigueur avec ce principe vu que le poisson ne s’attend théoriquement à trouver une telle présentation à cet endroit. Cette lecture additionnée au constat que finalement cette technique me permettait, si je la rendais plus « hard », de présenter un appât au cœur des tenues de poisson, au milieu des obstacles, etc…

Je tentais alors une approche à déclencher des malaises chez les puristes de l’anglaise et des techniques fines.

Le salut vient alors d’un DVD commercial où un membre de la célèbre marque aux lunettes faisait l’apologie d’une canne 2.5 lbs 12 pieds avec une action ajustée pour les pêches dites de « surface ».

De l’imagination...

une approche perturbante !

J’ai alors jeté mon dévolu sur cette dernière qui a entièrement révolutionné mon approche. Fini de prévoir une marge de sécurité en rapport avec les obstacles, fini les combats de 30 minutes avec une canne cintrée complète et sans aucun pouvoir sur l’issue. Seulement voilà, encore trop de pertes à mon goût. Les plus forts nylons type anglaise et surtout les bas de lignes raccordés boucles dans boucles me généraient trop de points de faiblesse.

La polyvalence des présentations est également un gage de succès. D’un appât posé sur le fond ▶ Muni de votre canne, un tapis de réception, une épuisette et un petit sac contenant une boite de maïs doux, quelques pellets, et divers esches saisonnières, et vous voilà opérationnel.

La compacité de waggler pré-plombés et destinés à la pêche au pellet permet des lancers faciles, relativement lointains et précis. Pas de longue antenne fragile. Une conception robuste qui permet des heurts dans les arbres immergés et du tricot dans les herbiers les plus denses sans écailler le vernis. Les adeptes de l’école du lancer léger, voir ultra léger, vont se régaler avec des lancers sous la canne ou en revers en limite des frondaisons, au cœur d’un tapis végétal, etc...

Muni de votre canne, un tapis de réception, une épuisette et un petit sac contenant une boite de maïs doux, quelques pellets, et divers esches saisonnières, et vous voilà opérationnel. Cette technique basique m’a très bien réussi pendant les périodes de l’année propices à une alimentation régulière du poisson et lorsque celui-ci est mobile. J’ai ensuite eu la curiosité de l’essayer en période « creuse ». Alors évidement, elle ne déclenche pas de frénésie alimentaire sur des poissons léthargiques, mais elle permet tout de même de piquer quelques sujets au cœur de l’hiver ou en plein après-midi durant une canicule. Les terrains de jeux sont également divers et variés. Du plan d’eau privé où le poisson est conditionné aux montages classiques à l’étang fédéral où l’herbe ne repousse plus sur les « postes aménagés », en passant par la traque en zod sur des reculées de rivières jonchées d’obstacles, tout est possible. Remise au goût du jour après une lassitude du « pêcheur-déménageur » qui promène un garage entier au bord de l’eau, cette approche est devenue un de mes premiers choix. Légère, rapide d’exécution et riche en sensation, elle représente une partie non négligeable de mes sorties. A essayer sans tarder ! TRAQUE Pêcher au “bouchon” permet de piquer des sujets au cœur de l’hiver ou en plein après-midi durant une canicule.

© Damien Claude 34 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 TECHNIQUE

à une présentation entre deux eaux, voir en surface, ce montage sait s’adapter à tout.

Sélectionner par la taille, c’est possible !

Surtout après l’avoir observé, être parvenu à le détourner de sa nourriture naturelle grâce à ses propres appâts, et une approche bien spécifique que je vous dévoile maintenant...

Leur poids n’a jamais eu la moindre importance pour moi, d’ailleurs je n’ai même pas de peson en ma possession. Me contentant de contempler ces grands poissons qui peuvent parfois être plus vieux que nous nager tranquillement dans leurs milieux sauvages... ils ont une valeur inestimable, bien plus qu’un simple chiffre sur un cadran (poids). C’est une sensation très forte que d’avoir le privilège de piquer et combattre de temps à autre, un de ces dinosaures... ils dégagent tant de puissance !

L’utilisation de gros appâts est un sujet controversé. prétendre que l’on peut sélectionner que des grosses carpes avec, me semble complétement utopique car, on pique également des petites avec, et certains disent d’ailleurs que c’est un véritable gâchis...

MAT CARPEKOI FISHING STRATÉGIE GRAVIÈRES FishingCarpeKoiMat© MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 35

Un début compliqué J’ai effectué mon premier essai avec des jumbos en 2006. Je tirais des boudins de 40 mm au pistolet pneumatique que je coupais au couteau pour en faire des gros dumbells. Après avoir alimenté un spot pendant trois semaines, avec mon petit boat P180, j’attaque mes pêches « confiant » car, j’ai eu la chance d’apercevoir à deux reprises dans cette eau cristalline, une grande carpe linéaire, et à chaque amorçage, d’autres fishs qui rôdaient dans le secteur. Mais, une petite dizaine de sorties plus tard, c’est la sanction… ▶

Je recherche principalement trois types de substrat : Les zones d’enrochements propices aux écrevisses pour les grandes communes. Les poches de vase par exemple, derrière un haut-fond car, suivant les vents dominants, une zone bien molle se forme derrière ce dernier, dans laquelle se dével oppent souvent des anodontes. J’ai remarqué que c’étaient plutôt des zones d’alimentation destinées aux carpes miroirs. Le bas des cassures enherbées à la limite entre « dans l’herbier » et juste en sortie, dans 4/5 m d’eau. Là, ce sont les com munes et miroirs qui s’y alimentent.

Ce qui est difficile dans cette approche, c’est d’aller au bout de la démarche, ne rien lâcher jusqu’à atteindre l’objectif : un poisson vu, ou dont on a entendu parler par une source sûre. Si le secteur n’est pas trop loin de chez moi, j’y passe tous les deux jours pour y déverser 3 kg de billes réparties sur les spots, et de manière aléatoire entre eux. Dans le cas d’un objectif éloigné, je ne passe qu’une seule fois par semaine avec dix kilos. Une fois la période d’accoutumance réalisée, je n’amorce qu’en repartant après chaque pêche et une fois dans la semaine. Autant vous dire maintenant qu’au bout d’une saison (d’avril à novembre) ça représente tout de même une grosse quantité de bouillettes.

SP T

FishingCarpeKoiMat© 36 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 STRATÉGIE

“Mais que se passe-t-il ?”

Pas un Bip, un échec total ? Des grouinâges en pagaille, des carpes observées, mes appâts qui disparaissent … Sauf qu’avec les gros appâts, on ne pêche pas de la même manière qu’avec des appâts classiques. Mais ça, je ne le savais pas encore ...Là aussi, j’ai dû comprendre deux ou trois choses ! On ne détourne pas un vieux poisson avec des billes pauvres sur un mix de base. Ces dernières doivent pouvoir profiter au fish, être nutritives, digestes, et peu attractives, ceci afin de ne pas attirer trop rapidement toute la marmaille sur le spot. Pas de recette ici, c’est chacun son délire, il y en a autant de bonnes que de pêcheur. En ce qui me concerne, j’ai un mix que j’utilise depuis quelques années, principalement composé : de poisson, de foie, et de pellets broyés. Pour ma part, la 30 mm me parait être la taille idéale entre quantité au fond de l’eau, la sélection et le fonctionnement du montage.

Une fois le secteur déterminé et sondé, j’effectue dans un premier temps, sur deux mois, plusieurs pêches précédées de deux, voire trois amorçages, en changeant de spot à chaque sortie, et ce quels que soient les résultats obtenus précédemment. L’objectif est de valider des spots et de s’assurer du passage de poisson sur ces derniers. Par la suite, j’entreprends un amorçage d’accoutumance avec des billes très dures pour une durée minimum de six semaines sur l’ensemble des spots préalablement validés.

Amorçage

- Un sac soluble ou stick de billes cruchées grossièrement.

Ce n’est évidemment pas la seule stratégie pour les grands poissons, mais elle me permet de maximiser

D’ailleurs la Seine et l’Oise qui coulent près de chez moi en sont de merveilleux exemples, elles sont tellement difficiles que parvenir à y obtenir ne serait-ce qu’un seul run à la graine, sur certain secteur est déjà un véritable exploit... il me semble donc impossible de faire des constats fiables.

Elle me permet également de continuer de croiser quelques jolis poissons sur des eaux où pullulent des petites communes, souvent infestées de gros blancs qui pillent les amorçages, et même sur des eaux surpêchées pendant des années, où soidisant on ne touche qu’avec des petits appâts. Au plaisir d’en discuter avec vous au bord de l’eau, en attendant, Je vous souhaite à tous de prendre du plaisir à la pêche et de respecter la nature.

- Avec des billes pas trop dures pour l’amorçage.

En action de pêche

- Un gros hameçon très piquant. - Un montage résistant qui ne s’emmêle pas, et reste pêchant. - Une ligne plaquée sur les derniers mètres.

En matière de quantité : 5,6 billes autour du montage pour débuter une pêche rapide (matinale) de 3, 4 heures dans le créneau 5h/9h, ou une dizaine de billes pour lancer une night. Au début je commettais l’erreur d’en mettre plus, en me disant : « mais il n’y a rien là dans l’eau ».

Pour conclure La sélection ne se fait pas en mettant un jour ou l’autre une simple 30 mm sur un montage (souvent inadapté), mais par une stratégie englobant le choix du secteur, l’analyse des substrats, la durée de l’accoutumance, la dureté des appâts, et la discrétion en action de pêche.

mon temps de pêche, qui est essentiellement constitué de coups du matin ou d’une seule nuit !

- Uniquement à 2 cannes.

- Très souvent du bord, pour éviter le bruit sur l’eau.

FishingCarpeKoiMat© MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 37 STRATÉGIE

Le but étant de ne pas attirer les petites carpes et les blancs, afin de reussir à piquer ce « vieux poisson » qui n’aime pas vraiment leur compagnie, le raffut, et la concurrence alimentaire. Sur les eaux courantes les résultats sont plus mitigés.

- Une esche équilibrée résistante, pour ne pas avoir à la vérifier et relancer la ligne.

TECHNIQUE Longue distance Rencontre avec un pêcheur hors du commun, Fabrice Roehrig, champion du monde en surfcasting, champion de France et possédant plusieurs records de distance à son actif. THOMAS MASCHA Fabrice RoehrigFabrice Roehrig 38 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021

“ Le lancer a pris depuis quelques années, une place importante dans la pêche moderne de la carpe. L’évolution du matériel et des techniques, permettent aujourd’hui de dépasser les 200 mètres, encore impensable il y a quelques années. Pour se faire, il est impératif de s’équiper en conséquence. Mon choix s’est porté sur un blank progressif de 4lbs, 13 pieds afin d’associer puissance et facilité de compression.

LE MOULINET Quels types de moulinet conseilles-tu ?

levier. Une poignée ergonomique munie d’un bon grip est un bon choix pour les lancers les plus violents.

“Un moulinet du type “grande bobine”, avec un système d’oscillation lente et un enroulement à plat est efficace pour que le fil soit bien positionné sur la bobine et bien-sûr lors du lancer se dégage le plus rapidement et régulièrement possible, ou une bobine type long-cast légèrement conique.”

D

epuis quelques années, Fabrice est devenu un ami très proche. Ce gars me fascine avec les distances qu’il peut atteindre avec une facilité déconcertante en action de pêche, compétitions, ou quand il me clippe un gros spomb à plus de 200 m par exemple. Nous allons vous donner les clés pour progresser dans ce domaine avec les précieux conseils de Fabrice ! Pour ma part il y a deux fondamentaux pour aller loin : le matériel et surtout la technique. L’un ne va pas sans l’autre. Focus sur les règles à respecter avant de se lancer dans la longue distance. LA CANNE Fabrice, peux-tu nous dire quels sont les points importants à prendre en compte ?

Un petit clin d’œil à la société “La Luciole ma canne à pêche” avec qui je collabore pour développer une canne dédiée à la pêche longue distance.”

LA bobine Comment faut-il la remplir ?

“La longue distance demande une bonne gestuelle afin d’obtenir des lancers réguliers tant en distance ▶

LE fil Quel diamètre est le plus adapté ?

Les anneaux de type K assurent une bonne glisse du fil et une longueur de talon volontairement plus long qu’une canne standard permet d’augmenter l’effet de

“Un fil de 25 à 28 centièmes est un bon compromis pour lancer à très grande distance et aussi maîtriser le poisson lors d’un combat. Un fil souple sera plus efficace pour une bonne glisse dans les anneaux qu’un fil raide.” la technique Comment être efficace pour aller loin ?

“Une bobine bien remplie permet au fil de sortir sans trop de frottements sur la lèvre et permet d’optimiser le lancer. Les deux erreurs fréquentes sont régulièrement une bobine trop peu remplie, dans ce cas le fil exerce un trop grand frottement sur la lèvre lors du lancer et on perd de précieux mètres. La suivante est une bobine trop remplie. Les conséquences peuvent être dramatiques quand, au lancer, le fil sort en perruque, s’enroule dans les anneaux... S’en suit une inévitable casse, avec malheureusement un montage pêchant dans l’eau !”

MaschaThomas© MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 39 TECHNIQUE

SE DÉMARQUER Dans certaines conditions, souvent en compétition, quelques dizaines de mètres suffisent à faire la différence pour déclencher des touches et aller chercher le poisson là où il est.

© Thomas Mascha LucioleLa© 40 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 TECHNIQUE

Pour conclure, il faut un matériel adapté pour cette pratique, perfectionner la gestuelle et surtout beaucoup d’entraînement pour atteindre de bonnes distances de pêche !

LA Tête de ligne

Une tête de ligne adéquate est nécessaire pour ne pas pas casser lors d’un lancer appuyé. Nous utilisons une tête de ligne en tresse d’environ 7 à 8 m pour une bonne compression de la canne (quand cela est autorisé) en 23 à 25 centièmes. Si la tresse est interdite, une queue de rat en nylon fera l’affaire, mais comme le nylon est élastique la compression de la canne ne sera pas aussi performante.

Et nous savons tous que, parfois, quelques mètres peuvent faire la différence !

que précision. Pour cela, il est important d’avoir un placement du corps idéal pour effectuer un tirer/pousser et un blocage performant. Les bras doivent être tendus en s’assurant que la canne soit bien horizontale par rapport au sol. Le regard fixé sur l’horizon et les épaules volontairement penchées vers l’arrière. Le déclenchement du lancer commence toujours par la poussée de la jambe arrière afin que le bassin vienne se positionner et se bloquer par la pose de l’appui opposé, c’est à ce moment précis que le tirer/pousser est effectué, un blocage franc de la canne augmente nettement l’effet catapulte. Conseil : pour les carpistes désireux de progresser à la longue distance, utilisez votre canne à spod pour vos entraînements.Le blank est conçu pour les lancers à répétition et de plus cela préservera vos cannes de pêche.”

LE montage Fabrice et moi-même utilisons le traditionnel montage hélicoptère. C’est un montage très aérodynamique, polyvalent et adapté pour la longue distance. Deux possibilités s’offrent à vous avec ce montage. Soit un bas de ligne “normal” d’une quinzaine de centimètres en 45 centièmes monté en D-rig. Soit un chodrig de 4,5 centimètres avec une petite popup de 8 à 12 mm. Cette combinaison permet encore de gratter quelques mètres.

MaschaThomas©

Deux mésanges bleues, ou un martin-pêcheur avec son magnifique plumage bleu et roux, qui, tous les matins, vient se poser sur les cannes à l’affût de son futur repas, en sont deux très bons exemples...

▶ Faire des photos qui claquent... MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 41

D ans cet article, je vais vous parler d’une pratique qui me tient à coeur, celle de la photographie.

Je vais donc vous parler des différents types de clichés que l’on peut faire au bord de l’eau, et essayer de partager ma petite expérience, celle que j’ai acquis au fil de ces dernières années. Puis je reviendrais sur ces types de clichés, afin de vous expliquer ma façon de procéder, et éventuellement vous donner quelques conseils, qui, je l’espère, vous aideront à réaliser les photos dont vous rêvez... C’est parti !

Alors pourquoi ne pas immortaliser ces agréables petits passages de vie, et puis par nostalgie, pouvoir ressortir ces clichés quelques années plus tard pour revivre ces moments si particuliers ?

SEBASTIEN NOUY

Nous avons régulièrement la chance de pouvoir vivre des moments exceptionnels au bord de l’eau, de la couleur du ciel, à une simple scène de vie.

La photographie en drone qui n’est pas accessible à tous car, tout le monde n’en est pas équipé, contraIrement aux autres photos réalisables avec un simple smartphone. différents genres de pratiques photographiques

Les conseils techniques

© Sebastien Nouy © Sebastien Nouy 42 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 TUTOS

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Pour prendre une jolie photo, cela passera automatiquement par une préparation en amont, c’est-à-dire ne pas mettre le poisson sur le tapis, puis... on sort l’appareil, on règle le cadre etc... STOP ! On va tout reprendre depuis le début... L’idéal serait de déposer vos lignes, et lorsque cette tâche est réalisée, d’utiliser ce temps pour préparer votre shooting. Commencez tout d‘abord par choisir votre cadre avec un arrière-plan convenable (l’eau en arrièreplan, une petite forêt...). Faites vos réglages suivant vos différents modèles, et juste après le combat, vous serez enfin prêt à faire vos clichés, car pour la sécurité du poisson et votre propre confort pendant la séance photo, il vaudra mieux avoir un poisson fatigué qui ne bougera pas, et notamment si vous avez dû le mettre en sac auparavant.Pour pouvoir faire plusieurs photos tranquillement utilisez la fonction intervallomètre qui permet de régler le nombre de photo et l’intervalle entre chacune d’entre-elles. De cette façon, vous pourrez sélectionner le meilleur cliché plus tard. Pour régler votre mise au point, placez un piquet ou autre support à votre place et faites la mise au point dessus, vous n’aurez plus qu’à vous mettre à votre place, et le tour est joué. ▶ Faite attention à l’exposition au soleil, ne jamais se mettre face à lui (contre-jour) avec l’appareil.

La plus courante des photographies au bord de l’eau est évidemment celle avec notre compagnon de jeu favori, “la photo du poisson”. Il y a plusieurs possibilités pour effectuer cette dernière : hors de l’eau, devant une racine, ou même un paysage plus large. Bref ! de multiples possibilités pour immortaliser vos poissons.

Un autre genre de pratique photographique dans notre passion est celle de la photo de paysage de jour, comme de nuit. La photographie de la faune et la flore qui nous entoure, et ne fait que de se renouveler au fil des saisons.

Les

Pour aborder ce genre de photographies, il va falloir être observateur, pour choisir le cadre qui va raconter ce que vous êtes en train de vivre. Car, le but d’une photo est bien celui d’immortaliser, et pouvoir vivre, ou faire revivre un moment passé. Il va donc falloir savoir à quelle heure la lumière vous semble la mieux adaptée pour mettre ce paysage en valeur. Et n’attendez surtout pas qu’un joli soleil pointe le bout de son nez pour prendre ce genre de clichés car, la pluie et les nuages peuvent également donner beaucoup de jolis contrastes et du relief à votre photo. Pour le cadrage : pensez à la règle des tiers (elle est basée sur un principe de proportion et d’équilibre de l’image), mais si cela ne vous parle pas du tout, je vous laisse vous renseigner à son sujet car, cela vous aidera beaucoup lors de vos prochaines prises de vues.

Ce genre de pratique se marie assez bien avec notre passion car, nous la pratiquons souvent en pleine nature. Une connaissance de la faune qui vous entoure sera un plus car, connaître les modes de vie, les habitudes, les cris et chants vous aidera assurément à réussir certains clichés.

Il est vrai que pour réaliser ce genre de photo, un minimum d’équipements sera nécessaire, comme un téléobjectif et un boîtier car, ils vous permettront d’obtenir une bonne rapidité de prise de vues (en mode rafale).

Pour les insectes : privilégiez le matin de bonne heure car, ils sont beaucoup moins vifs.

Les paysages © Sebastien

©

MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 43 TUTOS

Pour la flore et les insectes : un simple objectif pourait suffire, mais un objectif macro vous permettra de révéler encore plus les détails cachés de la nature (utilisez un trépied avec ce genre d’objectif).

Par exemple : pour le martin-pêcheur que l’on voit souvent passer trop vite devant nos yeux, sans avoir eu le temps de réagir en conséquence. Ces jolis oiseaux poussent un cri juste avant, et si on sait le reconnaître on peut anticiper, prendre l’appareil et ainsi gagner ces quelques précieuses secondes.

La faune et la flore Nouy Sebastien Nouy

À l’aide d’un drone

Il faut savoir que l’utilisation du drone est régi par une réglementation bien spécifique. Ces lois relatives à l’utilisation des drones peuvent varier considérablement d’un pays à l’autre, voire d’une ville à l’autre. Lorsque vous voyagez avec un drone, la première chose à faire est de vous renseigner sur les directives en vigueur dans la région que vous avez choisie. Sachez qu’un drone de plus de 800g est soumis à un enregistrement et une formation, accessible en ligne à partir de 14 ans. Avec le drone, vous avez accès à un point de vue jusqu’alors inaccessible, profitez en donc pour ne pas prendre les mêmes styles de photos qu’au sol. Avec une telle perspective vous pouvez jouer avec les ombres, recherchez aussi des lignes ou des formes bien particulières (une route en lacets au milieu de la forêt) qui donneront ce truc en plus à votre photo. Les paysages fortement contrastés sont aussi très intéressants en drone, une île d’arbres bien verts au milieu d’une eau bien bleue donnera un très bel effet, tous comme une forêt en automne avec des feuillages de différentes teintes.

▶ © Sebastien Nouy © Sebastien Nouy 44 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 TUTOS

Le bon matériel Que valent les smartphones ?

Comment choisir son boîtier photo ?

Compact, bridge, reflex ou hybride, le nombre les références ne manquent pas. Premier conseil, comparer les produits entre eux, grâce à des sites Internet spécialisés en photo qui proposent aussi des tests. Deuxième conseil, ne viser pas trop haut ! Un boitier expert demande une certaine maîtrise de tous les paramètres. Optez plutôt pour un boîtier grand public de bonne qualité. Regardez si l’appareil que vous avez choisi est traité contre les intempéries ou la poussière. Dans notre loisirs, c’est un élément indispensable pour la durée de vie de votre joujou...

A titre personnel, je conseille l’achat d’une focale fixe en 50 mm qui permettra d’obtenir, sur les portraits et les photos de vos prises un plan assez large et une belle profondeur de champs avec un effet ‘bokeh”, un flou artistique d’arrière plan qui met encore plus en avant le sujet photographié.

Quant au zoom, les valeurs sont souvent plus guidées par le marketing que par la réalité technique de l’appareil. On conseillera dans la grande majorité des cas, de ne pas l’utiliser sur un smartphone, sous peine de perdre en qualité. Un petit trepied, outil indispensable ?

Enfin, si vous décidez d’acheter un boîtier reflex ou hybride, prenez soin de bien choisir les optiques (les objectifs interchangeables) qui iront avec. Les optiques proposées dans les pack que l’on trouve dans le commerce ou sur Internet sont souvent toutes les mêmes et assez basiques. La qualité de vos photos sera grandement améliorée avec des objectifs de qualité. Pour celà, n’hésitez pas à vous faire conseiller par un professionnel.

Les constructeurs de téléphone portables utilisent des optiques de plus en plus performantes et annoncent une définition toujours plus élevée, dépassant régulièrement les 100 méga-pixels (MP). Mais, selon les appareils, une photo en 10MP peut être de meilleure qualité que la même prise en 100 MP. Parmi vos critères de choix, la taille du capteur est en effet essentielle. Un grand capteur capte beaucoup de lumière. Plus il y a de lumière, plus le capteur dispose de données. Cela permettra d’avoir de meilleurs images en “basse lumière” et evitera d’avoir trop de “bruit” sur vos photos (ce grain qui apparait souvent quand on fait une photo dans un environnement sombre).

On trouve des mini-trepieds à petit prix. Il sont très pratiques pour vous prendre en photos seul ou pour filmer les départs ! Certains modèles sont mêmes vendus avec une télécommande qui permet de contrôler le téléphone à distance.

Par Alex RENAULT © Sebastien Nouy MAI / JUIN 2021 - CARPE MAGAZINE 45 TUTOS

“Leslessemblentspécimensbeaucoupapprécier.”

Le gammare ressemble à une petite crevette, les mâles pouvant tout de même, atteindre une taille de deux centimètres, vous avez bien lu, deux centimètres !

Ils dévorent donc des feuilles fraîches, mortes ou en Apparemment,décomposition.ilscohabitent souvent avec d’autres espèces de petits crustacés, hormis les daphnies, qu’elles adorent chasser et consommer. Ils se réfugient généralement sur des fonds de sable fin ou de limon, mais également au cœur des herbiers, qu’ils consomment également.

Q

ui peut réellement se vanter d’avoir étudié ces petites bêtes (vivantes) ?

Les gammares sont vraiment des mets de premier choix pour les carpes… Et d’ailleurs, ils occupent une place tellement importante dans la chaîne alimentaire, qu’il serait vraiment dommage de les ignorer.

les gammares

Ce court article vous donnera quelques informations utiles, et vous permettra également de mieux connaitre leur environnement… Celui dans lequel nous trempons régulièrement nos lignes.

46 CARPE MAGAZINE - MAI / JUIN 2021 SOYONS CURIEUX

Leurs déplacements rapides et leur détente en cas de danger leur ont attribué le petit nom de puce d’eau. Comme les carpes, leurs régimes alimentaires sont omnivores, et curieusement certains d’entre eux ont tendance à être plus carnassiers que d’autres, il serait d’ailleurs plus approprié de les appeler des détritivores, voire des charognards ! I ls se nourrissent principalement de déchets végétaux, qu’ils digèrent moins bien, ou devrais-je plutôt dire : moins rapidement qu’un cadavre de poisson !

Les gammares constituent une part très importante du régime alimentaire de la carpe. Apprendre à mieux les connaître peut certainement vous permettre d’obtenir des meilleurs résultats…. ÉRIC MOREIRA

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