La Caritas luxembourgeoise au fil de son histoire

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1.

Fédération et propagation de l’action caritative: 1932 – 1941

Le 14 décembre 1932, six femmes et quatre hommes engagés dans la vie associative catholique signent les statuts de la nouvelle «Fédération Luxembourgeoise des Œuvres Catholiques de Charité» (Katholischer Luxemburger Caritasverband). Il s’agit en l’occurrence de personnalités dirigeantes issues des œuvres suivantes: ●

Alliance catholique des femmes luxembourgeoises

Conférences de Saint-Vincent-de-Paul (Esch-sur-Alzette et Luxembourg)

Dames de la Charité à Luxembourg-Ville

Kinderhort

Oeuvre catholique de protection de la jeune fille

Soupe populaire à Luxembourg-Ville

En fédérant des œuvres laïques ayant une longue expérience dans l’action caritative, les fondateurs entendent créer au niveau diocésain des synergies dans la lutte contre la misère, en réponse à la grande crise économique, industrielle et financière qui sévit depuis 1929. La «filiale», installée dans l’ancienne Banque Werling en face de l’Eglise St Michel (actuelle rue Sigefroi), est le lieu où s’organisent l’activité, l’accueil et les contacts. Caritas y partage le secrétariat avec l’Alliance catholique des femmes luxembourgeoises (Frauenbund), dont Elvire Koltz fut nommée secrétaire générale à la fin de la Guerre, initiatrice elle-même d’actions caritatives depuis les années 1920. La «centrale», et notamment le bureau du directeur, se trouvent à l’adresse du «Luxemburger Wort» (actuelle rue Origer). Ensemble avec différentes congrégations, associations et communautés locales, la Caritas organise ou relance à travers tout le pays soupes populaires, vestiaires et ouvroirs. Elle soutient les chômeurs, les sans abri, les ménages violents et les malades alcooliques. Des colonies de vacances sont organisées à Remich et à Raversijde. A Esch-sur-Alzette, Caritas-Haus et Arbeiterwohl deviennent des lieux forts de l’action de la Caritas. Grâce au talent communicateur et publiciste tant de son directeur que de sa secrétaire générale, la Caritas propage largement l’idée caritative au sein du monde catholique et au-delà. Mgr Mack, misant sur les réseaux notamment des œuvres féminines et des conférences vicentines, sillonne le pays pour encourager la mise en place de groupes locaux. Reconnu comme interlocuteur compétent en matière sociale, le directeur de la Caritas est appelé à rejoindre la Commission de prévoyance sociale initiée par le Gouvernement en 1936, mais aussi d’autres commissions et organes (réforme de l’assistance publique, jeunesse délaissée, foyer pour sans abri du Pfaffenthal, foyer national pour pauvres du Rham). Le financement de la Caritas provient des collectes d’Eglise, des nombreux abonnements au périodique «Christkönigsruf. Mitteilungen aus der katholischen Frauen- und Caritas-Aktion», tiré à plus de 20.000 exemplaires, et du soutien de la future Loterie Nationale qui prend forme en 1938. L’activité s’intensifie en 1940 avec l’aide massive aux familles évacuées – aide vestimentaire à 3.000 familles en mai-juin 1940, soupes populaires servant autour des 100.000 repas entre juin et septembre 1940, organisation de l’accueil de 110 enfants d’évacués dans le château de Fischbach transformé en maison d’accueil en collaboration avec les Sœurs de Ste Elisabeth. La Caritas est dissoute par ordre de l’occupant nazi le 24 février 1941. Frédéric Mack meurt en déportation en janvier 1942; en 1946, suivant sa dernière volonté, son corps est inhumé au cimetière de Wormeldange.


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