Guide de visite des moulins

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Le patrimoine du canton de Châteauneuf-la-Forêt

LES MOULINS DE LA BRIANCE ET

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DE LA COMBADE

Guides de visite



LES MOULINS DE BRIANCE ET COMBADE DANS LE CANTON DE CHATEAUNEUF-LA-FORET

Du XVI° siècle au milieu du XX°, une quarantaine de moulins à eau ont été mus par les rivières Briance et Combade, ainsi que par leurs affluents les plus modestes.

De toutes tailles et de tous types, à roues ou à godets, à tous usages, farine, cidre, huile, leur alimentation régulière en énergie liquide a nécessité de considérables aménagements hydrauliques ; presque tous abandonnés au début du XX° siècle, certains de ces moulins n’ont laissé de traces que dans les archives, d’autres quelques ruines en voie de disparition, mais ces biefs, retenues et étangs sont durablement, mais discrètement, inscrits dans le paysage.

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Table des mati ères

Commune

Page

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Linards

7

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Châteauneuf la Forêt

17

3

La Croisille sur Briance

31

4

Masléon

47

5

Neuvic Entier

57

6

Roziers Saint Georges

81

7

Saint Gilles les Forêts

91

8

Saint Méard

102

9

Surdoux

125

Société Historique du Canton de Châteauneuf-la-Forêt Mairie de Châteauneuf - 8 place du 8 mai 1945 87130 Châteauneuf-la-Forêt Site Internet : http://canton-chateauneuf.ifrance.com

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Les moulins du canton de Châteauneuf-la-Forêt

LINARDS

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Trois moulins existaient avant 1789 dans la paroisse de Linards. ▪ Deux moulins « banaux » appartenant à la seigneurie: le moulin à grains et à huile situé au lieu-dit « LE MOULIN DE LINARDS », autrefois « moulin du Breuil », sur la Briance, et un moulin à foulons pour la confection des toiles, qui a laissé son nom à l’étang et au village de LA MAILLERIE. ▪ Un moulin à seigle à SALAS, appartenant primitivement à la communauté des habitants.

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LE MOULIN DE LA MAILLERIE

Le toponyme Maillerie, assez courant, désigne un moulin à foulon destiné à faire battre par des maillets soit le chanvre, soit des toiles à assouplir. La première mention du moulin de La Maillerie date de 1522, dans un document qui atteste de son existence avant 1518 : A une date indéterminée Jacques de Gain, seigneur de Linards (mort en 1518) avait vendu à messire Blaise Meydergent, de la paroisse de StMéard, une rente de 17 setiers de seigle assignés sur le moulin mailharet apellé de Linars, pour la somme de 30 livres. Le 29 juin 1522 la veuve de Jacques est en mesure de rembourser sa dette et récupère le revenu du moulin.


En 1541 le moulin banaret apte à faire les draps, nommé de Mondinards, avec maison, grange, jardins et dépendances est accensé par le seigneur Charles de Gain à Barthélémy Fressingaud : celui-ci fera fonctionner le moulin, recevra des usagers le prix de ses services, et paiera au propriétaire une rente annuelle de 45 sols, 1 mouton de 3 ans, et 2 gélines. Il s'agit donc d'un moulin seigneurial banal, dont les habitants d'une partie au moins de la paroisse sont tenus d'utiliser les services à titre onéreux. La seigneurie de Linards comprend trois banalités : le moulin à grains, le moulin à foulon et le four à pain du bourg. En 1544, Barthelémy Fressingaud, à présent mailler du moulin banaret à draps de Linars, est endetté et menacé de saisie par ses créanciers. Les tuteurs du jeune seigneur noble Foucaud de Gain, écuyer, seigneur de Linars, fils et héritier universel de feu noble Charles de Gain, sénéchal du Périgord, seigneur de Linars et de Plaigne doivent se porter caution pour éviter la saisie du moulin. En contrepartie, et pour la plus-value du moulin, Barthelémy leur verse 16 écus d'or au soleil … C'est à partir de 1546 que le village proche est connu sous le nom de Mailleray, puis Maillerie. Le moulin de la Maillerie existait encore au moment de la saisie judiciaire de la seigneurie en faillite en 1775, mais on se sait s’il servait toujours à fouler le chanvre ; il y est décrit comme un autre moulin appelé De La Maillerie avec son étang, arrenté pour argent 2 livres 5s, poules 2, moutons 1 (abonné à 3 livres). Il s'agit bien de la même rente, fixée en 1541. Le moulin de La Maillerie figure encore sur la carte de Cassini, vers 1783. En 1789 le rôle fiscal de l'impôt direct (la taille) ne mentionne plus de meunier à La Maillerie, mais un papetier; on sait qu'une papeterie fonctionnait à la même époque au moulin du Pont des Deux Eaux de Saint Méard par exemple. Le moulin à foulon avait-il été reconverti à cette date ? L'existence dans le même registre fiscal de quatre chiffonniers à Linards pourrait le confirmer.

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La même année, sur un plan détaillé levé par le dernier seigneur de Linards, subsiste l'étang de la Maillerie mais aucun moulin (la parcelle 52 n'est qu'un jardin clos ou plassage).

L'étang lui-même est vidé au début du XIX° siècle.

1= roue à aubes 2= arbre à cames 3= maillets4= eau alcaline 5= tissu à fouler Vue en perspective du mécanisme d'un moulin à foulon traditionnel : L'arbre à cames, entraîné par une roue hydraulique, fait alternativement retomber sur l'étoffe de lourdes piles de bois


Aujourd'hui rien ne subsiste de l'ancien moulin de La Maillerie, hormis la chaussée de l'étang. Mais on peut visiter à Crocq (Creuse) un moulin de ce type récemment restauré. L'emplacement de l'étang reste bien visible sur la photo aérienne de 2000

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LE MOULIN BANAL DE LINARDS

Le moulin de Linards, apparaît dans les archives le 26 avril 1456 avec l'accense consentie par noble et puissant Jean de Gain, chevalier, seigneur de Linars, à Bertrand, Pierre et Léonard, frères, de Sautour le Petit, paroisse de Linars, du moulin banal situé sur l'étang du Breuilh, dite paroisse, moyennant un cens annuel de 56 setiers seigle, 2 setiers seigle et 2 setiers méteil, mesure de Linars, avec fondalité et acapt. Le moulin existe donc dès avant cette date, il est alimenté par un étang, c'est le moulin banal ou banaret de la seigneurie : les habitants de Linards sont tenus d'y faire moudre leurs grains contre redevance au profit du seigneur. Le 25 novembre 1544, Jacques, dit Jammes ou Pichon et son frère Léonard dit Claude, François dit Poulet, Georges et ses frères Léonard et autre Léonard dit Pardoux, François de Crastenoux alias de Chassanastas, tous tenanciers de Mazermaud, reconnaissent devoir à noble Foucaud de Gain, écuyer, seigneur de Linars, diverses redevances, être taillables aux 4 cas … serf et de serve condition, sujets et coutumiers de moudre leur grain au moulin banaret dudit seigneur. Au XVII° siècle, pour célébrer son retour au cathol icisme, la rente de 44 setiers de seigle, 2 pintes d’huile, 4 chapons (mais pas de dîme), due par les tenanciers du moulin est donnée par le seigneur ci-devant protestant


de Linars au Prévôt de Linards, un moine bénédictin de l'abbaye de Solignac. En 1740 le prévôt Guillaume Constant (alors chanoine de SaintMartial de Limoges) déclare ce revenu dans une enquête royale sur les ressources du clergé : Plus est due à la prévôté par et sur le moulin du seigneur marquis de Linards la rente foncière seconde vingt setiers de seigle mesure de St Léonard, laquelle rente est affermée et jouie par le Sr Barget marchand habitant du Pont de Noblat à St Léonard pour le prix et somme de soixante livres payables par contrat reçu par Lombardie notaire royal à Limoges en 1740 - 60£ Le 3 septembre 1742, une transaction est passée entre le prévôt de Linards et le seigneur du même lieu relative à la rente féodale due audit seigneur sur le moulin banal de Linards situé au dessous des étangs près le bourg. Après le décès du prévôt le 23 juin 1767, le juge de la sénéchaussée évalue la valeur des 20 setiers seigle annuels suivant le prix des grains enregistrés dans les forléaux des années 1761 à 1767 à un total de 570 livres. L'Etat des Fonds de la paroisse de Linards décrit en 1754 le moulin banal appartenant au seigneur de Linards avec deux meules à seigle et une meule à huile de noix, affermé à Annet Dereine (ou Dereineix). Il figure sur la carte de Cassini. En 1771 le meunier est Louis Dureineix ou Dereineix, meunier au moulin banal de Linards situé au dessous des étangs près ledit bourg de Linards, il est en procès avec l'héritière du prévôt Constant. Ce procès durait encore en 1809; certaines rentes, d’abord jugées féodales, ont été abolies en 1789 et 1793, puis rétablies quelques années plus tard. Les inventaires après décès du XVIII° s. indiquent que chaque famille conserve, sous forme de grain, le seigle nécessaire à la confection de son pain ; il n' y a jamais de réserve de farine. Ceci implique le recours régulier (tous les mois peut-être) au moulin banal. En 1775 , la seigneurie de Linards, y compris le moulin banal, est saisie suite à la faillite du dernier marquis de Gain de Linars. Nous avons saisi réellement dit l’huissier, le moulin de Banaret avec son étang, arrenté pour : froment 4 setiers, seigle 64 setiers, avoine 4 setiers, vinade 2 charrettes, huile de noix 2 pintes, poules 4, argent 3£, et le guet. 13


Les rentes dues sur le moulin à grains représentent donc un revenu conséquent. Nous savons par d’autres sources qu’il comptait à la fin du XVIII° siècle deux meules à grains et une à huile ( pour les noix). Aucun document ne précise le montant de la taxe due par les utilisateurs du moulin, peut-être un sac sur seize comme pour le pain cuit au four banal. Elle constitue le revenu du meunier, qui doit bien sur en obtenir un peu plus que ce qu’il doit de rente au seigneur. Ceci n'affecte pas les affaires du meunier, qui fait figure, en 1789, de notable avec un revenu annuel de 300 à 500 livres.

Le moulin et ses étangs sont visibles sur un plan levé par le nouveau seigneur.


Au début du XIX° siècle, la famille Reyneix est tou jours au moulin, mais ses derniers représentants sont peu recommandables : le 20 avril 1820 est ainsi prononcé aux assises de Limoges l’acquittement de Léonard Rayneix, 22 ans, né et demeurant meunier au moulin de Linards, accusé de vol au préjudice du sieur Villette marchand à Linards, dans la nuit du 25 au 26 janvier, faute de preuves. Il se contente ensuite de voler le poisson peuplant l’étang du châtelain alimentant son moulin, délit pour lequel il est jugé aux assises, après avoir été arrêté en 1828 pour un nouveau cambriolage nocturne chez Bastier dans le bourg, en compagnie de son jeune frère André. Son épouse avait alors outragé le juge de paix et rejoint son mari en prison : Le dimanche 10 août 1828, sur la place publique de Linards, et devant le public réuni au sortir de la messe, Catherine Besselas, 28 ans, née au Burg, épouse de Léonard Reneix, meunier au moulin de Linards, avait accusé M. Le juge de paix de Châteauneuf d’avoir volé 36 f. chez elle, lorsqu’en sa qualité de juge de paix il accompagnait les gendarmes chargés … d’arrêter son mari. Cette fois Léonard Reyneix est condamné à huit ans de travaux forcés, et André (19 ans) à 15 mois de prison. Le moulin est alors abandonné ; dès 1832, le maire constate que le moulin de Linards est en ruine et n’est pas habité. Le propriétaire Noualhier fait alors vider le grand étang, la chaussée est percée d'un pont.

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On peut suivre les anciennes berges en amont, renforcées sur la rive sud d'un muret de pierres. L'emplacement de l'étang est bien visible sur la photo aérienne.

Les aventures du dernier meunier ne sont pas terminées pour autant : Libéré en 1838, Léonard Reyneix revient à Linards et cambriole durant la nuit du 28 au 29 août, en compagnie d’un autre forçat libéré, le notaire Faucher de Linards, après avoir échoué la veille à faire de même chez le notaire Martinot de Saint Méard. Il se livre aussi en compagnie d’un autre complice à un vol de grand chemin, suite auquel il est arrêté. Il s’évade de la prison de Limoges le 9 décembre en compagnie de son dernier complice Daudet et d’un militaire réfugié espagnol en brisant le plancher de la salle où ils étaient renfermés, mais est aussitôt repris. Qualifié «d’homme vraiment dangereux » par le procureur, Léonard Reyneix est à nouveau condamné le 23 janvier 1839 en correctionnelle à cinq ans de prison pour les vols, auxquels s’ajoutent six mois pour la tentative d’évasion. Le bief du moulin est encore visible dans le jardin de l'actuelle résidence.


Les moulins du canton de Châteauneuf-la-Forêt

CHATEAUNEUF LA FORET

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Quatre moulins sur le territoire de la commune : ▪ le moulin de Châteauneuf et le Moulin Neuf, près du bourg, ▪ le moulin des Ribières, en limite de la commune de Ste-Anne-St-Priest, ▪ le moulin de Tronche, en limite de la commune de Neuvic.

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bâtiment moulin château

commune de Neuvic

Plan cadastral « Napoléon » qui permet de situer les 2 moulins proches du bourg


Le moulin de Châteauneuf Moulin de Châteauneuf ou moulin du Pont, situé au nord du bourg, en contrebas de l’ancien château, à quelques mètres du pont qui enjambe la Combade en limite de la commune de Neuvic, cette limite quittant ici le tracé de la Combade pour dessiner une enclave qui englobe les maisons du secteur.

Rive gauche : le moulin de Châteauneuf La présence d’un moulin dans le voisinage d’un château médiéval est un fait courant. Il est alors dénommé « moulin banal ». C’est dire que l’on peut présumer de l’ancienneté du moulin (le château de Châteauneuf est attesté dès 1032) Le plan cadastral napoléonien fait toute la lumière sur l’implantation du moulin en 1832. Il se situe sur la même rive que le château ; il jouxte le pont. Egalement rive gauche, appuyé à l’autre bord du « chemin de Châteauneuf à Neuvic », un petit bâtiment lui fait face. Ces biens (moulin, bâtiment, prés) restent la propriété du châtelain qui en 1836 est Joseph Limousin, maire de Châteauneuf de 1832 à 1837. Le domestique meunier est Antoine Panteix. Si le moulin existe encore en 1840 son activité a certainement cessé, puisque la construction d’un autre moulin et d’une autre digue sont déjà projetés. En 1842 la bâtisse a été détruite par M. Limousin. Ainsi finit le « moulin de Châteauneuf ». Le « moulin du Pont » va lui succéder

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Rive droite : le moulin du Pont 1840, Jean Cluzeau, ancien meunier du moulin des Fontanes, demande l’autorisation de construire un moulin sur la rive droite de la Combade. Un an plus tard le moulin et sa digue sont construits, c’est un petit bâtiment. L’écluse longe la rivière en biais sur une longueur de 48 mètres ; au milieu de cette écluse on a établi un pas le roi de 2 mètres d’ouverture.

Le moulin du Pont (d’après une carte postale ancienne aimablement prêtée par Mme Cabaillot)

1872, Gabriel Cluzeaud est meunier et 9 personnes dont un domestique vivent au moulin. 1876, Jean Faure est meunier et maçon et 8 personnes vivent au moulin dont 2 domestiques. 1881, Jean Faure n’est plus dit meunier, mais entrepreneur ; il n’en exploite pas moins le moulin grâce à un domestique, Jean Soumagnas. C’est alors : « un moulin à farine, il possède 2 paires de meules, une roue à palettes, et la force motrice utilisée est de 6 chevaux-vapeur ». M. Faure, entrepreneur, va se voir attribuer l’édification de la nouvelle église de Châteauneuf (de 1884 à 1886). Lorsqu’il reconstruira son moulin (dans les années 1885), il y inclura


certains matériaux provenant de l’ancienne église sise à Ste-Marie. 1890 est la date ultime à laquelle M. Faure est cité comme propriétaire. Dans la première moitié du XXe siècle, le moulin deviendra une parqueterie employant plus d’une dizaine d’ouvriers. L’exploitant en était M. Theillaumas.

Le moulin au temps de la parqueterie comme le laissent supposer les tas de planches (d’après une carte postale ancienne)

Les lieux présentent aujourd’hui les vestiges mêlés d’un moulin et d’une parqueterie. 1967, le moulin est inhabité depuis longtemps, envahi par les ronces, en mauvais état. C’est à cette date que les actuels propriétaires l’acquièrent et le rénovent.

Le moulin de nos jours .. on distingue. les matériaux provenant de l’ancienne église de Ste-Marie

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Deux cartes postales anciennes représentant le au début du XXe siècle

moulin


Le Moulin Neuf Ce moulin, situé près du bourg de Châteauneuf, génèrera la papeterie à partir de 1858. Les plus anciens documents le nomment « moulin à drap » ou « moulin foulon ». A-t-il pris son nom par référence au moulin banal du château plus ancien ? Au milieu du XVIIIe siècle il appartient à la « dame de Châteauneuf » et le meunier est Léonard Marcheix (« Etat Général de la Paroisse de Châteauneuf »). 1832 (voir plan cadastral « napoléonien »), il existe 2 constructions appartenant à Blaise Caillaud, meunier au Moulin Neuf : - sur la rive droite de la Combade et du canal : un moulin avec bâtiment, - sur la rive gauche : un bâtiment. 1836, le propriétaire est Jean Caillaud et 10 personnes (8 membres de la famille et 2 domestiques) habitent au Moulin Neuf.

A une cinquantaine de mètres en aval du pont, le barrage sur la Combade avec son pertuis et le départ du canal vers le Moulin Neuf.

Le moulin à drap est devenu moulin à farine puis papeterie sur demande au Préfet du 10 novembre 1857 par son propriétaire Jean Baptiste Delassis. 23


En un siècle et demi la papeterie s’est développée et n’utilise plus depuis longtemps ce bâtiment. Après avoir servi d’habitation il est maintenant vide ... mais peut-être un jour ...


Le moulin des Ribières Sur la rive gauche de la Combade qui fait ici limite communale entre Châteauneuf et Ste-Anne, son altitude est de 373 mètres. Pas de trace en 1750 (« Etat de la paroisse de Châteauneuf »). Existait-il lorsque fut levée la Carte de Cassini (1770-1780) ? Un moulin, non dénommé, est représenté sur la Combade, Valluaud ou Les Ribières

? Bésuniéras et Gourcerol

Commune de Ste-Anne

Figure sur le cadastre Napoléon de la commune de Châteauneuf réalisé en 1832 (voir ci-dessus). Il appartient à Jean Prébos, meunier. 1836, deux ménages (9 personnes) habitent à La Ribière : les Râle et les Prébot. Jean Prébot, est propriétaire meunier. Léonard Rale, est meunier. 1866, Léonard Prébos, est meunier, son gendre Léonard Mazaleigue, habite avec lui. Le propriétaire du moulin est alors M. Dulac et comme tous les autres possesseurs des moulins de Châteauneuf, il est tenu d’effectuer quelques travaux de conformité à son barrage. 1881, le tableau de « l’utilisation agricole et industrielle des cours d’eau » donne au moulin les attributs suivants : 25


moulin à farine et à cidre, 2 paires de meules, 1 pressoir, roue horizontale à cuillères, exploitant M. Dulac Léonard Senisse est cité comme meunier (8 personnes vivent au moulin).

Le moulin des Ribières il y a quelques décennies (photo aimablement prêtée par Mme Robert)

En 1889, un procès-verbal de l’ingénieur des Ponts et Chaussées précise que le moulin à farine dit des Ribières appartient au sieur Léonard Lavaud. Par lettre du 7 décembre 1896, le sieur Lavaud propriétaire du « moulin dit de la Ribière » demande l’autorisation de réparer le barrage de son usine. L’autorisation lui sera accordée. Changement de siècle, changement de propriétaire ; M. Vergnaud de Bolezat (grand-père de la propriétaire actuelle) achète le moulin à une société meunière qui voulait transformer le moulin en minoterie mais n’a pu terminer les travaux. Lui aussi demande aux Ponts et Chaussées (en 1911) de réparer son barrage qui a été dégradé par les crues. Les dégradations consistent dans une brèche de 10 mètres de longueur et 1,20 mètre de profondeur. L’accord lui sera donné dès 1911.


Le moulin des Ribières de nos jours avec au premier plan, le trop plein (photo aimablement prêtée par Mme Robert)

Le 19 octobre 1912, M. Vergnaud donne le moulin en dot à sa fille. Aussitôt après la guerre la production était de 30 balles de farine par jour et le moulin tournait aussi la nuit (avec un domestique). Aujourd’hui le moulin, agrandi et transformé en maison d’habitation, garde quelques traces de son activité passée : - une meule (photo ci-dessous) fabriquée de plusieurs pierres jointoyées et doublement cerclées de fer présente un aspect de silex martelé (2 autres meules ont été involontairement cassées),

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- si la roue n’existe plus, la turbine est toujours dans le bâtiment sous lequel l’eau du canal continue de couler.

La Combade au pied du moulin ...

... et le « sautadour » qui permet aux pêcheurs de franchir les clôtures pour longer la rivière !


Le moulin de Tronche Ce moulin n’existe plus. A 360 mètres d’altitude il était situé sur la rive gauche du ruisseau appelé ici « de Tronche ». Pas de trace du moulin sur la carte de Cassini. Il figure sur le plan cadastral de 1832 (voir cidessous). Commune de Neuvic

moulin

1836, le moulin est habité par la famille Denardou et le meunier est ... une meunière, Catherine, veuve de 44 ans, aidée par ses deux fils (Léonard et Léonard) et sa bru (Marie Gely). Un autre Denardou, nommé Joseph, âgé de 16 ans est dit domestique. Le moulin appartient à Guillaume Rougier, gros propriétaire à Châteauneuf et maire de la commune. A partir du recensement de 1866, il n’est signalé aucun moulin ni aucun meunier à Tronche. S’il est cité en 1875 par l’abbé Lecler (Monographie du Canton de Châteauneuf-la-Forêt), en 1881, le tableau de l’utilisation agricole et industrielle des cours d’eau ne fait pas mention du moulin.

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. Sur son emplacement la nature a repris ses droits et des arbres bordent le ruisseau appelé aujourd’hui sur la carte IGN « ruisseau de Courtiaux ». C’est ce petit ruisseau que nous avons vu arrivant au moulin de Golas. Sa confluence avec la Combade se trouve à environ 500 mètres en aval mais il n’est pas pressé et serpente dans une dernière prairie ...

... avant de rejoindre la rive droite de la rivière au pont de Bord.


Les moulins du canton de Châteauneuf-la-Forêt

LA CROISILLE SUR BRIANCE

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Neuf moulins ont existé sur le territoire de la commune : ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪ ▪

le moulin Brûlé, le moulin de Parinet le moulin de Las Gorceix le moulin de Fournaud le moulin du Pont le moulin de Nouailhas le moulin d'Amboiras le moulin de Mauloup le moulin de Las Rochas

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Le Moulin Brûlé

Ce nom pourrait venir de son incendie pendant les Guerres de Religions à la fin du 16ème siècle En 1741 c’était un moulin à seigle à une paire de meules, doublé d’un moulin à huile et d’une maillerie. Il était alimenté par les eaux de la Briance issues de la Forge de Champvert Il était tenu par Estienne de MATHIEUX meunier qui logeait dans une petite maison couverte de paille. Il possédait une mule et un âne pour assurer la survie du moulin En 1836, le moulin appartient à Nicolas FRANCILLON. ensuite il est vendu à de nombreuses reprises. En 1866 à Léonard IMBERT , puis à Gabriel JUMEAU.


En 1884 Pierre DEMAISON le vend à la Société MACREM par acte de maître REGAUDIE notaire à La Croisille

En 1919 J.B BOURDEAU industriel à Pierre-Buffière l’achète avec l’étang et l’emplacement de l’ancienne forge, fait construire une minoterie à deux étages équipée de cylindres et de machines perfectionnées mues par la force électrique de la centrale voisine.

En 1933 les frères PENICAUD François-Alexandre et Marcel en deviennent propriétaires Le moulin connut de grandes difficultés : contingentement, concurrence des grands moulinsLe Moulin Brûlé a cessé de tourner en 1967

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Mr BOURDEAU qui possédait déjà une usine électrique sur la Briance à Pierre-Buffière, décide d’en construire une au moulin Brûlé pour mouvoir la minoterie et éclairer le bourg de La Croisille.

L’ autorisation de construire fut signée par le préfet le 15 juillet 1926. Les Crouzillauds ont bénéficié de l’éclairage de la centrale jusqu’en 1934.

2009, le Moulin Brûlé en cours de restauration Cartes anciennes Annie PENICAUD / Annie GANE Texte d’après Albert SAGE


Le Moulin de PARINET

Bâti sous une écluse, ouverte sur la rive droite de La Briance, au pied du village de Bagengette. Il était appelé » moulin de Bagengette » en 1741. Il appartenait au Sieur Etienne de MAZAUDOIS, seigneur de Gueraine et de Bagengette qui avait confié son moulin à un fermier, Gabriel CHABANNES, dit « CHABANNIER » Ce meunier possédait en 1741 un mauvais cheval et un âne pour assurer les livraisons de farine . En 1770 les PLAZAT y était meunier. En 1803 le moulin était la propriété de Jean MAZAUDOIS. En 1804 le moulin de PARINET était acheté par Jean DUBOISLAROUSSIE dit « JACQY » un marchand originaire de Mauloup. Lui succéda Léonard PREVOST originaire de Sussac. En 1837 le moulin était aux mains de son fils Pierre PREVOST. En 1871 le moulin était géré par Gabriel DUTHEIL qui le vend en 1883 à Jean BARTHOUT originaire de Nedde. 35


Le moulin de PARINET fut modernisé au début du siècle dernier et transformé en minoterie par le fils cadet des BARTHOUT, afin de faire face à la concurrence. Il le mena jusqu’aux années 1930, puis le céda à son fils qui eut la tâche délicate de « moudre » pendant les année noires 39-45 Le moulin cessa de tourner vers 1960

Texte d’après Albert SAGE


Moulin de Las Gorceix

Construit dans un étranglement de la vallée, et sur une « écluse » de la rive gauche de La Briance, il est cité dans le registre d’état civil par la naissance, le 14 germinal de l’an III (1795), de François MARBOUTY fils de Léonard, meunier à LasGorceix En 1812 Guillaume MARBOUTY est dit « meunier exploitant » En 1837 le moulin appartient à Léonard MARBOUTY En 1841 il passe aux mains de Jean LONGIS En 1906 par succession Léonard LONGIS en est propriétaire.

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Il passe ensuite à sa fille épouse PEJOUT, qui le transmet à sa fille épouse SOUMAGNAS qui l’a vendu vers 1960 a Mr SAMIT. Dans les années 1950 l’écluse est supprimée, et remplacée par un étang qui occupe tout le fond de la vallée.

Ce devait être un petit moulin à une seule meule. Du temps des LONGIS un moulin à huile fut installé . Mme PEJOU le fait équiper de rouages métalliques . Puis le vieux moulin fut modernisé, ses meules de pierres échangées contre un équipement en fonte et acier. Le moulin était encore en activité en 1962, mais dut cesser de moudre peu après.


Aujourd’hui, il a été transformé en gîte rural

très apprécié en raison de la beauté de son cadre champêtre.

Texte d’après Albert SAGE 39


Le Moulin de FOURNAUD

Il est situé sous l’étang de Fournaud, alimenté par les eaux du ruisseau dit « de Fournaud », un affluent de La Briance. Il faisait partie, à l’origine des terres de la seigneurie de Champvert. Il appartient en 1741 au comte de BEUVRON qui deviendra duc d’HARCOURT Ce moulin était équipé d’une paire de meules à seigle et d’une presse à huile En 1780 Champvert, ses terres et son moulin sont vendus au Sieur Bernard LAMOUREUX de CHAUMONT, de Lubersac En 1785 il échoit à sa fille Anne qui épouse le baron Jean de FOUCAUD En 1803 l’ancien chanoine Joseph de FOUCAUD de Chartres gère le moulin et les terres.


En l’an VIII (1800) Pierre FAYE a repris la conduite du moulin Au 19ème siècle Joseph Jules Marquis de FOUCAUD-MALEMBERT devient propriétaire de Champvert et du moulin de Fournaud. En 1806 le moulin, équipé de deux meules est sous-loué à Morel SAGE meunier au moulin de La Cour de Saint Germain En 1821 le Marquis de FOUCAUD épouse Marie-Louise BOUVIER de la MOTTE de CEPOY, il meurt en mars 1821, sa fille Cecil de FOUCAUD épouse en 1838 son oncle, le comte Georges Edouard BOUVIER de CEPOY, qui devient de fait le maître du moulin. Vers 1900 le moulin appartient à Josselin BOUVIER de CEPOY En 1932 le moulin est acheté par Maurice REGAUDIE de Meilhards C’est un moulin traditionnel à toit de chaume, à deux meules de pierre, mues par « roudets » sur « couades », turbines horizontales

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Les rouages en bois, d’entretien fastidieux sont remplacés par des rouages en fer

Ce moulin fabrique de la farine de seigle, de froment ou de blé noir. Il y a aussi un moulin à huile de noix Il a fonctionné, avec difficulté pendant la guerre 39-45, malgré la pénurie et la réglementation sévère du gouvernement de Vichy On pouvait y trouver de la farine blanche et on y faisait une huile réputée En 1962 Lucien REGAUDIE, passionné de meunerie succède à son père, transforme le moulin en minoterie moderne, fabrique de la farine panifiable. En l’an 2000 Mr REGAUDIE, arrivé à la retraite, cesse son activité, mais veille à l’entretien et à la maintenance de son moulin Texte d’après Albert SAGE


Le Moulin du Pont

Un étang alimenté par un faisceau de ruisselets, faisait tourner un petit moulin, couvert de paille à une meule, conduit par ROUBY le meunier qui payait un droit pour l’usage de l’eau au comte de BEUVRON, qui deviendra plus tard, le duc d’HARCOURT, seigneur de La Porcherie et de La Grênerie. En 1750, PAPOUNNEAU lui a succédé, il possédait un cheval et un âne pour le service du moulin En 1758, Jean BARBAUX lui succède Après la Révolution l’étang est mis à sec et les eaux recueillies dans une écluse En l’an III (1795) a travaillé au moulin Germain FAYE puis Louis VAREILHAS. En 1836 François BRIANSSOULLET possède le moulin, probablement à turbine, actionnant une meule, . Puis, par héritages successifs ( ou ventes ). en 1902 à Jean de MAZAUDOIS qui l’affermait à Jean VERDIER meunier, ensuite à Joseph VERDIER, enfin le meunier de Las Gorceix en hérita 43


Le moulin a travaillé tant bien que mal pendant les années 39-45, renforcé en puissance par l’adjonction d’un moteur à pétrole ; il disposait d’un blutoir incliné pour tamiser la farine.

Il a cessé de moudre vers 1950.

Photo Annie GANE Texte d’après Albert SAGE


Le Moulin de NOUAILHAS C’était le plus proche du bourg de La Croisille, un petit moulin couvert de paille, à une meule, placé sous un étang de trois hectares de superficie, alimenté par le ruisseau de « Perche l’Oiseau », un affluent de La Briance. D’après le cadastre de 1837, l’étang alimentait deux moulins placés en série (l’un sous l’autre) le plus grand équipé de deux paires de meules et le plus petit à une paire de meules. Le moulin de Nouailhas cessa de tourner vers 1852

Le Moulin d’AMBOIRAS C‘était en 1741, d’après l’état des fonds de la paroisse de La Croisille un petit moulin à seigle, à une meule, couvert de tuile, bâti sous un étang alimenté par les eaux du ruisseau d’Amboiras, affluent de La Briance. Le moulin cessa de moudre vers 1838 ? Abandonné il deviendra masure en 1862.

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Le Moulin de MAULOUP

Recensé dans l’Etat des fonds de la paroisse de La Croisille en 1741, c’était un petit moulin à une meule, couvert de paille, établi sous la chaussée d’un étang de 37 ares grossi par les eaux d’un affluent du ruisseau de Fourneau. Il cessera de fonctionner en 1899.

Le Moulin des Roches « Las Rochas » En 1741, selon l’Etat des fonds de la paroisse de La Croisille, ce moulin était construit sous un étang…. C’était un moulin à une meule, couvert de paille disposant « d’aizines » ( cour ) et d’un jardin potager. Aujourd’hui le moulin a disparu, il en reste la chaussée de l’étang qui est à sec, réduit à l’état de marécage

Texte d’après Albert SAGE


Les moulins du canton de Châteauneuf-la-Forêt

MASLEON

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Deux moulins ont existé sur le territoire de la commune : ▪ le moulin de Masléon, ▪ le moulin du Pont de Masléon.

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Au fil de la Combade, d’amont en aval, deux moulins voisins (comme en témoigne cet extrait de la feuille d’assemblage du cadastre « napoléonien »), ceux de Masléon et du Pont de Masléon

Ils étaient aussi appelés au siècle dernier « moulin Beauffeny » et « moulin Peyrataud » du nom de leurs propriétaires.

Le moulin de Masléon Situé sur la rive droite, il est alimenté par un petit canal de dérivation d’environ 30 mètres et une chute de 4,20 mètres de hauteur. S’il n’apparaît pas sur la « carte de Cassini », le moulin est porté sur le cadastre « napoléonien » (voir ci-contre). Sa construction est donc antérieure à 1832 et postérieure aux années 1780-1790.


1834, le meunier est Léonard Gérald. Son fils prend sa succession en 1867 jusqu’en 1877 date à laquelle, d’après la matrice cadastrale, le moulin est en indivision entre Martial Peyrataud et Jean-Baptiste Eymard fils. 1878, il est la propriété exclusive de Martial Peyrataud du Pont de Masléon. Il est acquis en 1879 par Léonard Freisseix, meunier.

Le barrage sur la Combade avec le « pas le roi »

Enfin Elie Beauffeny l’achète par vente judiciaire L’adjudication nous donne une description précise des lieux :

en

1909.

« ... une écluse établie sur la rivière de la Combade, créant la chute d’eau actionne les deux grandes roues hydrauliques extérieures du moulin. Un bâtiment à usage de moulin à farine, à deux paires de meules, mues par deux roues hydrauliques, joignant la maison, construit en pierres, couvert en tuiles courbes, à deux eaux. Un hangar dans lequel existe un pressoir à cidre, édifié sur un îlot s’étendant entre la rivière et le bief du moulin ... » Dès 1909, Elie Beauffeny reconstruit le moulin, en pierre, avec pour moteur une roue à aube qui d’engrenage en engrenage, de poulie en roue dentée entraîne la meule en pierre qui concasse le blé. A l’époque, il s’agit d’un moulin à farine et à façon. 49


Le moulin de Masléon en 1917 (d’après une carte postale ancienne)

En 1921, Léonard Beauffeny succède à son père Elie comme meunier du moulin de Masléon. Il effectue de nouveaux travaux et remplace la roue à aube par une turbine de 18 chevaux (soit un débit de 390 l / s). Le moulin devient alors un moulin de commerce, c’est à dire qu’il achète le blé et revend les produits de sa mouture. M. Beauffeny revend et expédie la farine dans différentes villes. En 1927, il achète une camionnette pour effectuer les livraisons et il fait construire la maison d’habitation indépendante du moulin. En 1957, Elie Beauffeny, fils de Léonard, reprend le moulin et entreprend plusieurs transformations : ● il fait rallonger le moulin afin de produire de la farine pour le bétail, qui ne doit pas être fabriquée dans la même pièce que la farine destinée au boulanger, ● il achète des machines automatiques, trois appareils à cylindre demandant beaucoup moins de manutention, ce qui lui permet de partir en livraison, ● il cherche des débouchés sur Limoges et les alentours et achète son blé dans l’Allier et l’Indre, ● il construit, dans les années 1960, un grand bâtiment destiné à l’engraissement des cochons afin de compléter ses revenus.


Les appareils à cylindre (photo aimablement prêtée par Mme Beauffeny)

En 1977, de nouveaux aménagements sont nécessaires. A partir de cette date, le grain n’est plus livré en sacs mais en vrac. Les camions ne pouvant pas accéder facilement au moulin, la pente étant trop forte, et pour que le blé passe directement du camion au moulin, il fait construire une grande cuve dans un pré situé au-dessus du moulin. De cette cuve, et grâce à deux moteurs, part un tuyau par lequel est acheminé le grain jusqu’à des silos en bois se trouvant dans le moulin où il est stocké.

Plan du site du moulin de Masléon

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Vue d’ensemble du moulin de Masléon en 1987 (photo aimablement prêtée par Mme Beauffeny)

En 1881, la force brute est de 14 chevaux vapeur et la force utilisée de 4 chevaux vapeur. En 1924, la capacité d’écrasement de blé en 24 heures est de 20 quintaux métriques, capacité multipliée par deux (40 quintaux métriques) en 1935. De 1957 à 1986, la capacité d’écrasement est de 300 kg à l’heure, soit 72 quintaux en 24 heures. Le moulin « tourne » quatre à cinq jours par semaine, puis, avec la baisse de clientèle, un à deux jours par semaine. En 1986, Elie Beauffeny prend sa retraite sans successeur. Pendant un temps, il pense utiliser sa chute d’eau pour produire de l’électricité qu’il aurait vendue à EDF. Ce projet n’a pas abouti, le dénivelé n’étant pas assez important.

Le moulin, vendu en 1995, est aujourd’hui une résidence secondaire.


Le moulin du Pont de Masléon Situé en aval de l’ancien pont de Masléon, d’où son appellation, il est construit sur la rive droite de la Combade et alimenté par un canal de dérivation de 30 mètres. Le moulin du pont de Masléon aurait aussi bien pu s’appeler « moulin Peyrataud ». On retrouve d’ailleurs cette appellation dans des documents officiels.

Confirmée par la « carte de Cassini » fin XVIIIe et le cadastre « napoléonien » de 1834 (voir cicontre), son existence est attestée par un document de 1747 (voir ci-dessous) : le seigneur de Neuvic afferme le moulin du Pont à François Peyrataud.

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“Un moulin à une meule à seigle appelé le moulin de Masléon situé sur la rivière de Combade consistant en maison basse et étables devant jardin confrontant au pré du sieur Daubert et à la rivière de Combade Dans lequel j’ai trouvé un cheval, 1 cochon et huit ruches Appartenant au seigneur de Neuvic par luy affermé à François Peyrataud, meunier à 15 setterées mesure dudit Neuvic, loyer modéré à cause des réparations De la contenance de huit perches demy 8 1/2 De cette époque jusqu’à sa vente, le moulin du Pont de Masléon a toujours appartenu à la famille Peyrataud, meuniers de père en fils. C’était un moulin à farine, secondairement un moulin à cidre et à huile (la pierre à huile date de 1630). Deux paires de meules étaient entraînées par deux roues à palettes. Le bâtiment actuel date de 1902. En 1928 un moulin moderne est monté : il est équipé de trois appareils à cylindre, d’une machine de blutage et d’un plansichter composé d’une vingtaine de tamis de plusieurs calibres. Le grain est nettoyé par un nettoyeur-séparateur. La force motrice est constituée d’une turbine de 10 chevaux et d’une roue hydraulique à palettes permettant d’actionner une paire de meules pour l’écrasement des céréales secondaires destinées au bétail. Le canal de dérivation

Mis à part la turbine changée en 1959 pour une de 20 chevaux vapeur, cette mécanique est conservée jusqu’à l’arrêt de l’activité. En revanche, le bâtiment subit des transformations : il est rallongé en 1945.


Moulin de commerce et à façon, en 1924 sa capacité d’écrasement en 24 heures est de 10 quintaux métriques et en 1935 de 40 quintaux métriques. Dans les années 1960, Maurice Petrataud, qui succède à son père comme meunier en 1957, pour des raisons économiques, cherche à se reconvertir : il souhaite installer une centrale hydro- électrique en se servant de sa chute d’eau. La hauteur de chute n’étant pas suffisante, ce projet nécessitait d’importants travaux et par conséquent un investissement trop important par rapport à la capacité de production d’électricité.

La Combade et le canal

Le barrage sur la Combade et le canal de dérivation

Il cesse son activité de meunier au moulin du Pont de Masléon en 1968 et son matériel est démonté. Néanmoins, il continue d’y habiter jusqu’en 1988, date à laquelle il vend son moulin qui est aujourd’hui une résidence secondaire. 55


Vues du moulin du Pont de Masléon lors des inondations provoquées par la montée des eaux de la Combade dans les années 1960 et vue arrière du moulin (photos aimablement prêtées par M. et Mme Peyrataud)


Les moulins du canton de Châteauneuf-la-Forêt

NEUVIC

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ENTIER

Cinq moulins subsistent sur le territoire de la commune : Golas, Courtiaux et Gannevieille sur le même petit ruisseau, Les Fontanes et Sivergnat sur la Combade, Par contre, les trois moulins ayant fonctionné sur le ruisseau de Vergnas affluent de la Vienne (Riffataire, Virolles et Excidioux) sont aujourd’hui disparus

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Les moulins de Golas et de Courtiaux Les moulins de Golas et de Courtiaux Romanet étaient alimentés par le ruisseau de Golas, appelé plus loin ruisseau de Courtiaux puis de Gannevieille et enfin de Tronche, et affluent de la rive droite de la Combade. Peu après sa source, ce très petit cours d’eau arrive au moulin de Golas (photo ci-dessous).

Sur la douzaine de kilomètres de son parcours, il va pourtant alimenter six moulins : Golas, Couurtiaux, Ste-Anne et Les Bruges (commune de Ste-Anne-St-Priest), Gannevieille et Tronche ... et des forges qui au XVIIe étaient situées en amont du moulin de Tronche. Les moulins de Golas et de Courtiaux Romanet ont fonctionné principalement, semble-t-il, pour un usage familial et, au plus, pour les besoins des habitants des deux villages (notamment pendant les guerres 1914-1918 et 1939-1945). N’ayant pas « fait de commerce », ils n’ont pas été mentionnés dans les enquêtes officielles diligentées par l’Administration des années 1880 à 1935


Le moulin de Golas

Le moulin de Golas avec l’arrivée di bief

Situé en contrebas du village de Golas, sur la rive droite du ruisseau. Une dérivation visible sur plusieurs dizaines de mètres conduisait l’eau jusqu’à un petit bâtiment construit au début du XXe siècle. L’arrivée du bief subsiste (photo du moulin page précédente) mais les roues et mécanismes n’ont pas été retrouvés. La force dégagée par une roue verticale permettait de faire tourner, à l’origine, une paire de meules, puis, plus tard, un concasseur. Le moulin a été utilisé pendant près de 50 ans pour moudre les céréales destinées à l’alimentation animale.

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Le moulin de Courtiaux Romanet

Le moulin de Courtiaux Romanet

Installé sur un canal de dérivation partant de la rive droite du ruisseau, il semble avoir fonctionné au début du XIXe siècle. Il est en effet inscrit sur la matrice cadastrale comme moulin et appartient alors à Michel JeanBaptiste Limousin. Différents propriétaires se succèdent ensuite. Il a été par contre, réhabilité à la fin des années 1930 par Henri Fardet et utilisé jusqu’au début des années 1950 pour moudre les céréales destinées à l’alimentation des animaux. Il était équipé d’une paire de meules actionnées, sans doute, par une roue horizontale. L’eau arrivant d’une petite pente traversait le moulin de part en part sous un arc en pierres construit dans chaque mur en vis-à-vis. Le bâtiment subsiste. Les meules ont été sorties du moulin, l’une est en silex cerclé de fer, l’autre paraît être de granit.


Ce qui semble être l’arbre de la roue est encore visible ainsi que les pièces de bois qui entouraient les meules, le canal de dérivation et l’emplacement d’une vanne.

La voûte de pierres permettant le passage du canal de dérivation sous le moulin

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Le moulin de Gannevieille Le moulin est établi sur un canal de dérivation partant de la rive gauche du ruisseau de Gannevieille, appelé aussi ruisseau de Tronche ou de Courtiaux, qui rejoint la rive droite de la Combade au pont du Bord.

Le cadastre « Napoléon » (voir ci-dessus) répertorie le moulin de Gannevieille dès le début du XIXe siècle. Sa construction est peut-être antérieure. La première propriétaire portée sur la matrice cadastrale est Mme Marie Grimaud « veuve et meunière au moulin de Gannevieille ». Lui succède vers 1870 Georges Barnagaud, puis vers 1887 Louis Peyrat et en 1900 Léonard Bureloux de St-Léonard. Ce dernier n’exploitait sans doute pas directement le moulin, car en


1911, M. Peix est connu comme meunier à Gannevieille par la plainte qu’il dépose le 28 août auprès du Préfet. Il y dénonce le détournement des eaux se rendant à son moulin opéré par des propriétaires riverains du ruisseau afin d’irriguer leurs prés sis en amont. Tout en reconnaissant que le débit du ruisseau est alors très faible et que l’eau sans être changée de cours arrive en faible quantité au moulin rendant son fonctionnement très difficile, l’ingénieur des Ponts et Chaussées, en charge de l’enquête, conseille à Monsieur Peix de porter plainte devant les tribunaux compétents dans la mesure où les agissements de ses voisins lui portent préjudice. En 1917, Julien Pinout (ou Pinoux) acquiert le moulin et le rénove en 1924. Son nom figure encore dans une enquête réalisée en 1926, associé à celui de son successeur Georges Degeorges qui reprend le moulin en 1928. En 1938, Henri Degeorges est inscrit comme « exploitant de moulin au moulin de Gannevieille ». Le moulin fonctionnera jusque vers1955. Il est inscrit dès 1881 comme moulin à farine. Son activité s’étendra de la production de farine destinée à l’alimentation humaine au concassage des céréales pour le bétail. Au début du XXe siècle, le moulin possédait en outre une installation comportant : - un pressoir à cidre - et un moulin à huile (noix). 1881, le moulin dispose d’une paire de meules actionnée par une roue à augets, soit une force brute de 3 chevaux vapeur, mais il n’utilise réellement que 70 % de sa force et fonctionne 18 heures par jour. 1924, le moulin devient une petite minoterie. A la paire de meules est adjoint un appareil à cylindres et le bâtiment est rehaussé d’un étage pour permettre cette modification. Sur le silo de nettoyage du grain au 1er étage figure l’inscription suivante : Minoterie J. PINOUT Ganevieille Mise en marche le 23.02.1924 Le ruisseau en aval du moulin 63


Le moulin construit en pierres et couvert en ardoises est de forme carrée, adossé à une levée de terre qui retient l’eau du bief. Côté ruisseau, il est possible de remarquer son agrandissement, le pignon de l’ancienne construction apparaissant dans l’appareillage des pierres. Il se compose de deux étages bâtis sur un rez-de-chaussée enterré du côté du talus de retenue des eaux du bief.

Le moulin de Gannevieille

Au rez-de-chaussée, accessible sur un côté, se trouvent - la bascule, les sacs, la maie (sous la meule) et le monte charge, - les mécanismes partant des roues pour actionner la meule et le cylindre et les transmissions d’étage en étage (telles que les chaînes à godets). Au premier niveau, sont installés : - l’appareil à cylindres et sa trémie, - la paire de meules avec sa trémie, - le silo de nettoyage du grain (qui porte l’inscription de 1924), - l’arrivée du monte-charge.


Le second niveau renferme les tamis pour la farine. A l’extérieur, côté nord, deux roues à augets et deux conduits amenant l’eau du bief au-dessus des roues permettent de faire fonctionner l’une la meule, l’autre le cylindre. La paire de meules rondes est cerclée de fer; un dispositif de levage facilite le « piquage » de la pierre qui la rend à nouveau plus abrasive. Elle sert au broyage des céréales du bétail (avoine, orge ...). Le cylindre qui nécessite deux passages transforme les céréales destinées à l’alimentation humaine (blé, seigle ...). En 1972, M. Fernand Gaudy a réalisé un croquis et des photos de la roue à augets existante.

Moulin de Gannevieille : la roue à augets ... en 1972 (Photo Fernand Gaudy)

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Roue à seaux ou augets toute en bois de chêne ainsi que l’arbre, des boulons et des pointes assurent l’assemblage. Les bras sont disposés en croix, l’arbre passe dans le carré formé au centre de la croix, les manchons sont remplacés par des cales. On remarque l’étroitesse de la roue, moins d’un mètre. Vitesse : de 6 à 10 tours minute Le moulin est classé comme « moulin à façon ». Différentes enquêtes menées des années 1924 à 1935 sur la capacité d’écrasement en 24 h. font ressortir les résultats suivants : 1924 : 5 quintaux, 30 septembre 1933 : 3 quintaux, 7 janvier 1935 : 5 quintaux, le moulin ne fonctionnant pas toute l’année. De plus, il est précisé à propos des entrées et des sorties des blés et farines pendant 5 mois, soit du 01.08 au 31.12.1926 que : « 2000 kg (20 quintaux) rentrent en grain de seigle et sortent du moulin en farine pour les clients de la campagne ».


Vers 1955, le moulin n’avait pas de uniquement avec la production locale. commençait à changer (les clients ne s’équipaient en concasseurs), le meunier l’activité.

contingentement et travaillait Comme le mode de vie faisaient plus leur pain et n’a pas souhaité poursuivre

Depuis, le moulin est resté en l’état. Toutefois le cylindre a été démonté et vendu et le canal de dérivation a été asséché. La seule roue visible en 1972 n’existe plus. Monsieur F. Gaudy ajoutait alors «le moulin a une roue à augets (inutilisée) toute en bois de chêne ainsi que l’arbre. Toutes les roues doivent être taillées dans du bois sans aubier et fraîchement abattu. Elles doivent être toujours mouillées pour assurer leur conservation ».

Aussi, la roue ne recevant plus l’eau du bief, s’est-elle détériorée au fil des années; seul subsiste l’arbre ou pivot central (photo ci-dessus).

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Le moulin des Fontanes Le moulin est installé un canal de dérivation partant de la rive de la Combade, à une altitude de 341 mètres. Il est mentionné sur carte Cassini et le cadastre « Napoléon » ci-contre). L’apparence actuelle moulin résulte d’une complète restructuration effectuée en 1926.

Toutefois, son existence est déjà mentionnée dans un procès-verbal dressé mars 1717 qui contient, un descriptif moulin « appelé des Fontanes » dont Georges Cluseau est meunier.

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L’ensemble y apparaît comme étant en très mauvais état, tant les murs que les boiseries, les toitures et le matériel. On y relève la présence - de deux meules dont « l’une n’a que quatre doigts d’épaisseur » et « l’autre est à demi usée », - d’un petit moulin à chanvre et d’un petit moulin à huile, - et « d’une brèche à l’écluse de la grandeur de 18 à 20 pieds ». Vers 1830, le premier propriétaire inscrit sur la matrice cadastrale, est Jean Cluzeau « meunier au moulin des Fontanes ».


En 1840, il sollicite l’autorisation de construire un moulin à farine sur la Combade à 50 mètres en amont du Pont de Châteauneuf parce que « par suite de procès de famille, il a été exclu de la propriété du moulin des Fontanes par expropriation ». C’est alors Joseph Faucher qui en est propriétaire. En 1847 lui succède Pierre Delanne puis en 1851 Isaac Léonet. Vers 1888, Jean Reineix achète un ensemble aux Fontanes comprenant, parmi d’autres biens, un moulin à farine et un moulin à cidre. A sa mort, en 1921, son fils, Jean Reineix dit Henri, qui travaillait au moulin comme garçon meunier depuis 1913, devient propriétaire du moulin et en entreprend la rénovation en 1926. En 1956, Albert Daude acquiert le moulin. Il cessera son activité en septembre 1989. Le moulin est dès le XIXe siècle répertorié en tant que moulin à farine et à cidre. Il a en outre produit de l’huile. En 1865, il est relevé que la largeur du pertuis au barrage du moulin (qui permet le passage du bois flotté) est de 3,10 m, la chute moyenne du barrage étant de 1,33 m. Une enquête réalisée en 1881, note l’existence de « 3 paires de meules actionnées par des roues horizontales à cuillères dégageant une force brute de 28 chevaux vapeur dont environ le tiers est réellement utilisé » En 1911, un pont a été construit sur la Combade afin de faciliter l’accès au moulin. En 1926, l’ancien moulin est détruit. A sa place, se dresse un nouveau moulin, « une minoterie », qui peut traiter des dizaines de quintaux par jour et qui ne sera opérationnelle qu’en 1928 : - les roues à eau sont remplacées par deux turbines, - trois compresseurs à cylindres permettant trois passages différents succèdent aux meules en pierre. 69


Le moulin des Fontanes il y a une dizaine d’années

Dans un imposant bâtiment rectangulaire, construit en pierres, de 8 m x 12 m, les machines occupent 4 niveaux : 1° le sous-sol avec : - les deux turbines actionnées par deux chutes d’eau, l’une de 2,05 m, l’autre de 2,10 m, qui passent sous le moulin, - le silo d’arrivée des blés sales. 2° le rez-de-chaussée avec : - les trois appareils à cylindres aux rouleaux en fonte (photo ci-contre), - la mélangeuse de farine, - l’ensachage, - l’accès au silo d’arrivée des blés sales, - une paire de meules vestige de l’ancien moulin et broyeur à marteaux qui la remplacera.

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Les 3 appareils à cylindres (Photo « La Montagne » 1991)


3° le 1er étage avec : - l’appareil de nettoyage des blés, - le silo des blés propres, - les deux chambres à farine d’une capacité de stockage de 75 quintaux, soit 50 pour l’une et 25 pour l’autre. 4° l’étage supérieur avec : - les trois tamis en soie naturelle (voir ci-dessous) , - la chambre de poussière des blés, - l’extracteur de farine.

Les trois tamis et l’étage supérieur (Photo « La Montagne » - 1991)

Les liaisons entre les différents niveaux sont assurées par des canalisations en pin qui transportent le blé ou la farine dans des chaînes à godets et par des courroies qui actionnent les engrenages et volants chargés de transmettre l’énergie aux machines.

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Sur un côté de la construction, alimentée par un bras d’eau, une roue à aubes métallique produit l’électricité du moulin lorsque les turbines, trop bruyantes, ne sont pas nécessaires.

La roue métallique

Cette roue fabriquée artisanalement est venue remplacer dans les années 1960 une roue en bois.


Alors qu’en 1924, le moulin est classé dans la catégorie des « moulins à façon », sa capacité d’écrasement en 24 heures est de 5 quintaux. En 1933 (soit 5 ans après sa transformation) elle passe à 20 quintaux, puis en 1935 à 30 quintaux. A partir de la seconde moitié du XXe siècle, le rendement théorique sera de 50 quintaux par 24 heures, le contingentement annuel étant fixé à 7678 quintaux de blé. L’activité du moulin est réalisée : - à 80 % par les cylindres qui traitent les céréales destinées à l’alimentation humaine ; blé, seigle, blé noir ... - et à 20 % par la meule puis le broyeur à marteaux (vers 1966) qui écrasent les céréales utilisées dans l’alimentation du bétail : orge, avoine, seigle, maïs ... opération dite de « mouture à façon », le travail variant en fonction de la production locale. Dans les années 1960, le meunier travaille le blé fourni par les producteurs locaux (le moulin aura jusqu’à 600 clients aux alentours) et en période estivale, pour faire la soudure et répondre à des besoins plus importants, il achète le blé nécessaire à la coopérative. Le procédé se maintient tant que persiste « l’échange ». Avec cette pratique, le producteur fournit son blé au meunier qui le livre ensuite, en farine, au boulanger. Ce dernier sert enfin le producteur en fonction du blé délivré au moulin, étant retenues les marges du meunier et du boulanger. Ce système impose une comptabilité importante à chaque intervenant. Il sera abandonné à partir de 1969 et son arrêt marque la fin de la clientèle de campagne. C’est la cessation d’activité de son propriétaire, Albert Daude, en septembre 1989, et le défaut de repreneur qui marquent la mise en chômage du moulin. Il a gardé toute sa machinerie en état et fait l’objet de visites guidées. De l’aménagement antérieur à 1926, subsistent un pressoir et la cuve utilisée à la sortie de la râpe, une meule en silex démontée (en plus de celle installée dans le moulin) et une petite cuve (ou mouton) semblable à celle utilisée dans les moulins à huile.

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Le moulin de Sivergnat

Le plan cadastral « Napoléon »

Le moulin est édifié sur un canal de dérivation partant de la rive droite de la Combade, à une altitude de 326 mètres. Il est dénommé diversement : - sur le plan cadastral « Napoléon » (voir ci-dessus), il porte le nom de son possesseur, « moulin Dutheillet », - dans un dossier administratif de 1887, il prend l’appellation du village voisin situé sur la rive gauche de la Combade, « moulin de Tressingeas », - il est appelé « chez Ticaud », son propriétaire au début du XXe siècle, - il est parfois désigné sous le vocable de « moulin des prés pourris », des prés inondables longent la rivière à cet endroit. - il est nommé sur le cadastre actuel « moulin de Sivergnat » (orthographié parfois Sivergnas), du nom du village le plus proche sur la rive droite de la Combade.


Dans son étude de 1972 (« Les moulins dans le sud de la HauteVienne »), M. Fernand Gaudy situe la construction ou reconstruction du moulin de Sivergnat, autrefois de Tressingeas, en 1730. Le premier propriétaire désigné sur la matrice cadastrale (section A, n° 412, lieu-dit « du Theillet ») est Léonard Dutheillet aubergiste à la Maison Neuve Vers 1850, Pierre Dutheillet, aubergiste à la Maison Neuve et sans doute parent du précédent, devient propriétaire du moulin. Le 3 juin 1856, il sollicite du Préfet « l’autorisation de modifier la consistance du moulin qu’il possède au lieu de Sivergnat ». Il requiert ● d’une part le changement de l’emplacement du barrage de prise d’eau : il propose d’élever un nouveau barrage à 100 m en aval de l’ancien qui doit être reconstruit en totalité du fait de son état, ● et d’autre part le maintien de son activité de moulin à farine sous les conditions du règlement d’eau. En avril 1857, l’ingénieur chargé de l’étude préparatoire donne la description suivante du moulin : « le moulin de Sivergnas est situé sur la rive droite de la Combade entre le Moulin Neuf qui se trouve à environ 2000 m en amont et le moulin de Soumagnas situé à 4000 m environ en aval. Il est établi sur une dérivation du cours d’eau de 540 m de longueur ouverte en entier dans le terrain de Dutheillet. Le canal de fuite est creusé dans le même terrain et rejoint le cours naturel de la Combade à 50 m environ du bâtiment de l’usine ». Le 9 octobre 1857, le Préfet autorise le maintien en activité du moulin et le déplacement du barrage de prise d’eau au profit de M. Dutheillet. Les travaux seront exécutés en partie par Louis Peyrat qui acquiert le moulin vers 1860. Le procès-verbal de recollement des travaux dressé le 6 mai 1861 est suivi d’un arrêté préfectoral du 1er juin 1861 qui enjoint à Louis Peyrat d’établir dans un délai de 3 mois à compter de sa notification : - le ramier nécessaire au flottage des bois, - et la passerelle permettant le passage des voitures chargées sur le bief du moulin afin de faire communiquer les deux parties du terrain communal séparées par ce bief. 75


A défaut, le propriétaire du moulin s’expose à la sanction suivante : « la mise en chômage du moulin aura lieu immédiatement ». En 1865, M. Peyrat se voit contraint de porter le pertuis du barrage de 2,50 mètres à 3 mètres. En 1881, il possède encore le moulin. Par contre, en 1885, André Tabaud est propriétaire de l’ensemble. Les enquêtes, effectuées au début du XXe siècle de 1924 à 1935, citent en qualité de propriétaire : Léonard Ticaud, gendre Tabaud. Il est meunier depuis 1908. Par les effets d’un acte de partage en date du 3 juin 1935, Mme Anna Ticaud, veuve en premières noces de Martial Neuvialle et épouse en secondes noces de Jean Fraisseix, devient propriétaire du moulin jusqu’à son décès le 24 septembre 1965. Toutefois, les relevés cadastraux font état pour 1937 de Jean Fraisseix, époux Ticaud, de Buffengeas commune de Linards, et pour 1950 de sa femme Mme Jean Fraisseix, veuve, née Ticaud. En 1881, le moulin est répertorié comme moulin à farine et à cidre. Il a de plus une activité de moulin à huile. Il abrite : « deux paires de meules et un pressoir actionnés par des roues horizontales à cuillères » La force brute de l’installation représente 30 chevaux vapeur effectivement utilisés à hauteur de 30 %. Les recherches effectuées, en 1972, par M. Fernand Gaudy permettent de mieux cerner le fonctionnement du moulin : - « une roue à pied surmontée d’un mouton en granit et d’un engrenage d’angle en bois actionnait une râpe à pommes (le tout hors service), le mouton servait à broyer les graines oléagineuses, deux roues à pied actionnaient chacune une meule, une seule roue subsiste (inutilisable) ainsi qu’un conduit en bois amenant l’eau sur la roue. Deux meules encastrées dans leur beffroi restent à l’étage ainsi que le mécanisme de levage des meules »


M. Gaudy précise dans une autre publication : « La roue à pied est surmontée à l’étage par une meule classique en pierre meulière. Beffroi en chêne, ferment (coffre) en hêtre, auge en chêne, trémie en peuplier. A noter que pour régler l’écartement des meules (écartement qui permet de varier la vitesse de la mouture), il faut soulever la roue, l’arbre et la meule courante. Une vis agit en bout d’un madrier en chêne, ce madrier supporte la crapaudine. C’est le principe du levier. L’arbre en fer est encastré dans l’arbre en chêne, mais des cales en bois sont disposées sous l’arbre en fer. On peut enlever ou diminuer ces cales de façon à raccourcir la longueur de l’arbre bois-fer, ceci afin de rattraper l’usure des meules. Les meules s’usant de plus en plus, il faut donc descendre, l’ensemble tournant de plus en plus bas, mais, on est vite arrêté par le madrier-levier, qui touche le sol de la fosse. Ce dispositif de cales permet d’y remédier »

Vers 1928, une roue à cuillères usagée a dû être remplacée. Une nouvelle roue, ou « roudet » en patois, a été réalisée avec des madriers de hêtre assemblés par des chevilles ou clés ; les cuillères ont été creusées ensuite dans les madriers à l’aide de tarières et de ciseaux à bois. A cette époque, les deux meules fonctionnaient. Mais dans les années précédant l’arrêt d’activité, il ne sera utilisé qu’une seule meule. Réalisées en 1924 et 1933, les enquêtes font ressortir que le moulin a une capacité d’écrasement en 24 heures de 5 quintaux. En 1935, sa puissance passe à 10 quintaux; il est alors précisé que le moulin ne fonctionne pas toute l’année. L’activité du moulin semble avoir progressivement pris fin vers 1950. Par la suite, le moulin (photo page suivante) a été transformé en maison d’habitation.

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Le moulin de Sivergnat et la Combade

Il subsiste dans la partie qui accueillait la machinerie du moulin, un engrenage en bois qui actionne une poulie horizontale de 3 mètres de longueur destinée à soulever les meules pour les nettoyer et les « piquer », mais les meules et les mécanismes y afférents ont été enlevés. Le mouton en pierre ainsi qu’un pressoir sont entreposés dans une pièce accolée au moulin. La dérivation qui conduit l’eau au moulin et le traverse de part en part est encore visible.


En bas du schéma, roue à pied en bois de chêne. Pivot et crapaudine en fer. Cette roue est située dans une fosse circulaire maçonnée. Vitesse de rotation : 60 à 90 tours / minute. A l’étage au dessus se trouve un mouton ou meule à huile. Diamètre de la cuve 1,85 m. Diamètre de la roue 85 cm. Au-dessus du mouton, vue d’un engrenage d’angle actionnant une râpe à pommes. Cet engrenage est en bois de chêne, les dents en pommier ou poirier. L’arbre vertical est en chêne, sa section est carrée. Ainsi la même roue à pied actionnait un moulin à huile et un moulin à cidre. (Etude de M. Fernand Gaudy - 1972)

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Moulin de Sivergnat - Roue Ă pied et meule (Etude de M. Fernand Gaudy - 1972)


Les moulins du canton de Châteauneuf-la-Forêt

ROZIERS

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SAINT GEORGES

Deux moulins sur le territoire de la commune : ▪ le moulin de Lacour, ▪ le moulin de Soumagnas

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Le plus ancien témoignage sur les moulins de Roziers St-Georges provient d’un procès-verbal du 27 novembre 1717 retrouvé aux Archives Départementales de la Haute-Vienne :

« … après quoi nous avons été au moulin de Soumagnas où nous avons trouvé Léonard Paris qui nous a dit être domestique de Jean Maumot meunier dudit moulin, lui ayant fait savoir le sujet de notre transport il nous a conduits dans ledit moulin, avons remarqué qu’il y a la place de deux meules mais qu’il n’y en qu’une à présent, qu’il y a cependant deux roues dont il y a un des arbres pourris, ledit Paris nous a fait remarquer que la porte est rompue, que les murs et la couverture de paille sont en très mauvais état. Finalement nous nous sommes portés au moulin de La Cour où nous avons trouvé Léonard Jumellou dit Giraud auquel nous avons aussi fait savoir le sujet de notre transport, nous avons entré dans ledit moulin où nous avons trouvé deux meules et deux roudets, ledit Jumellou nous a fait observer que les murs des deux côtés de la porte sont éboulés et que l’écluse est en ruine … »

Ce descriptif montre, sans aucun doute possible étant donné la vétusté des lieux, que l’ancienneté de ces moulins est bien antérieure à 1717.


Un second document « l’état des moulins à farine en activité dans la commune de Roziers-Masléon » est signé du maire le 13 mars 1809. De ce dernier, il ressort à propos des moulins recensés dans ladite commune, que : « la qualité des moutures est de trois livres par quintal de seigle et de dix livres par quintal de blé noir, la production quotidienne étant de trente quintaux de farine de seigle et d’autant de blé noir » Sur cette reproduction de la page d’assemblage du plan cadastral « Napoléon », remarquons la proximité des deux moulins (environ 500 m à vol d’oiseau) sur la rive droite de la Combade.

Si le moulin de Lacour, situé sur un bief, est très proche du village du même nom, celui de Soumagnas en est beaucoup plus éloigné. La distance le séparant de Charbonniaud est beaucoup moins grande ... mais ce dernier est sur l’autre rive de la Combade !

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Le moulin de Lacour

Localisation du moulin de Lacour, sur un bief dans boucle de la Combade

une

(cadastre « Napoléon » de la commune de Roziers StGeoeges)

D’après les matrices cadastrales de Roziers St-Georges, le dernier propriétaire fut Jean Romefort jusqu’en 1937. Parmi ses prédécesseurs, nous découvrons les noms de Lois Romefort (en 1893), de Jean Bonnefond (en 1866), de Martial Dupuy (en 1846).

Le bief


Le barrage et son pertuis

Le pertuis était de 3,80 m et la capacité d’écrasement du moulin de cinq quintaux métriques par 24 heures. Une étude de M. Fernand Gaudy de 1972 nous donne des informations précieuses sur son fonctionnement. A cette date, les pièces encore visibles sont les suivantes : les restes d’une des trois meules, les restes d’une bluterie, le mécanisme de levage des meules. Le moulin de Lacour a été démoli en 1943 puis transformé en propriété privée.

Le moulin de Lacour aujourd’hui

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treuil

30 tours de manivelle pour un tour de treuil

Treuil en bois à démultiplication pour lever et retourner les meules afin de les repiquer ou les réhabiliter. Le treuil est composé de trois pignons à lanterne et trois pignons à dents, le tout en bois dur, hêtre pour les flasques et charme pour les dents. Le pignon supérieur est monté sur un treuil en bois de chêne. Un câble s’enroulant sur le treuil et passant sur une poulie fixée aux solives au-dessus de la meule, permettait de lever celle-ci. Le meunier pouvait opérer seul, la démultiplication lui donnant une grande force. Mais il faut plus de 30 tours de manivelle pour un tour de treuil. Deux madriers verticaux en chêne constituent le bâti. (Etude et photo de M. Fernand Gaudy - 1972)


Le moulin de Soumagnas Outre le procès-verbal de 1717, son histoire connue remonte au coeur du XIXe siècle, lorsque la mère de l’arrière-grand-père de Martial Reilhac, le dernier propriétaire l’a acheté au « seigneur de Neuvic ». A la suite de ce contrat, durant quatre générations, de père en fils, la famille Reilhac a fait tourner le moulin de Soumagnas. D’après les matrices cadastrales, se sont succédés comme meuniers : Denis Latour (enquête de 1838), Martial Reilhac (enquête de 1865), Léonard Reilhac (enquête de 1892), Guillaume Reilhac et Martial Reilhac

Le moulin a cessé définitivement de fonctionner le 1er janvier 1967. Si le moulin existe toujours, c’est aujourd’hui une propriété privée. Son pertuis était de 2,70 m et sa capacité d’écrasement de deux quintaux métriques par 24 heures. Sa production était très diversifiée : blé noir, seigle, huile de noix, huile de colza, cidre. Sur le plan technologique, le moulin était actionné par une roue à aubes établie sur un bief, lequel séparait le moulin en deux bâtiments. Dans un bâtiment se trouvaient une meule pour le blé noir, une meule pour le seigle et une troisième meule inachevée. Dans l’autre bâtiment, les deux meules complémentaires du moulin à huile ainsi qu’un pressoir à cidre. 87


Plan cadastral « napoléonien »

En 1972, date de l’étude de M. Fernand Gaudy « Les moulins dans le sud de la Haute-Vienne », les pièces encore visibles sont les suivantes : la roue à aubes montée sur un arbre, le roudet monté à l’autre bout de l’arbre, une roue à pied surmontée d’un mouton, une roue à pied surmontée d’une poulie, des fragments du conduit en bois amenant l’eau sur la roue.

La roue à aubes du moulin de Soumagnas (Photo Fenand Gaudy - 1972)


Roue à aubes à cordon unique, en bois de chêne. Les bras sont fixés sur les pans de l arbre octogone, lui aussi en bois de chêne. Deux cercles métalliques, visibles sur la photo, sont plaqués à la base des bras, des boulons les maintiennent assemblés. Vitesse : aux environs de 10 tours / minute (Etude de M. Fernand Gaudy - 1972)

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Les moulins du canton de Châteauneuf-la-Forêt

SAINT GILLES LES FORETS

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Trois moulins sur le territoire de la commune de St-Gilles les Forêts : Le Bohême au sud, en limite de la commune de Chamberet, Les Buges à l’est, en limite de la commune de Domps, La Ribeyrie au nord, en limite de la commune de Sussac.

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Le moulin du Bohême

Plan cadastral de 1834. Le moulin (350) possédait une écluse (348) et un bâtiment annexe (351). On note la présence de maisons voisines

Situé à la limite du département de la Corrèze, à une altitude de 508 m, sur le ruisseau appelé ruisseau « d’Indiau » (cadastre 1834) et aujourd’hui ruisseau « du Saumont ». Ne figure pas sur la « carte de Cassini », cependant la présence d’habitants au lieu-dit « Le Moulin du Bohème » est attestée par les registres paroissiaux de St-Gilles en 1742. Sur le cadastre « Napoléon » (voir ci-dessus) il est appelé « moulin de Bouëme ». 1823, première mention d’un meunier, Jean Dublondet, qui est toujours meunier en 1834. 1881, le « tableau de l’utilisation industrielle des cours d’eau » ignore le moulin du Bohême. Cessation d’activité provisoire ? 1909 le propriétaire Joseph Pradeau est meunier. Il a reconstruit le moulin avant 1903. Vers 1910, le moulin brûle. Qu’en reste-t-il ? Pas grand-chose ... Quelques pierres éparses, d’autres en réemploi dans un fournil ...


Le moulin des Buges Situé sur la rive gauche de la Combade qui sert de limite cantonale, à une altitude de 435 mètres. Aucun moulin sur la « carte de Cassini » à cet endroit, mais il figure sur cadastre « napoléonien » (voir ci-dessous)

Notons la proximité du village de La Borderie (commune de Domps) qui le domine à l’est, à 500 mètres à vol d’oiseau. A la fin du XVIIIe siècle, on trouve trace de plusieurs mariages au « moulin de La Borderie ». Alors La Borderie et Les Buges même moulin ? Très certainement puisque le village d’Excidioux et les Buges (commune de Domps) sont rattachés à la commune de St-Gilles avant 1834. 1834, première mention du moulin appelé « des Buges » dont le propriétaire est Léonard Faucher, meunier. 1865, Martial Boucheton est propriétaire. Le pertuis, alors de 2 mètres, est en mauvais état ; il suffit cependant pour le flottage du bois en période d’eau de pleins bords. Un an plus tard, une ordonnance enjoint au propriétaire. de porter la largeur du « pas le roi » à 2,50 m et sa profondeur à 0,40 m ; ce « pas le roi » doit être placé au fil de l’eau. Il faut aussi un ramier dans ce barrage. 93


1881, le moulin des Buges est la propriété de M. Labrune qui succède à Léonard Boucheron de Ste-Anne. Il fonctionne 20 heures par jour. Ses caractéristiques techniques sont alors : - moulin à farine et à cidre - 2 paires de meules de moulin - un pressoir - une roue horizontale à cuillères - force utilisée en chevaux-vapeur : 7 Les meules étaient en pierre blanche, ajustées, jointes et cerclées, pour une mouture plus fine. Elles n’étaient pas granuleuses comme celles en granit, mais des rainures permettaient une évacuation des moutures 1927, Jean Labrune transforme le moulin à eau fonctionnant au moyen de meules, en un moulin à cylindres ; il remet à neuf le matériel et fait construire un bâtiment pour installer ce matériel. 1935, M. et Mme Labrune se voient contraints de vendre le moulin à Pierre Masseux. La production est alors de 5 quintaux par 24 heures en travail continu. 1956, un partage a lieu entre les héritiers Masseux. Le moulin est alors en mauvais état. Il possède une remise.


1986, le moulin est répertorié par les services de l’inventaire du patrimoine qui notent le toit à longs pans couvert d’ardoises, le gros oeuvre en moellons de granite, les deux étages carrés et l’étage de comble avec l’historique suivant : « La construction actuelle, début XXe siècle, a remplacé in situ un moulin signalé sur le cadastre de 1834 ; le moulin à farine accompagné d’un pressoir n’est plus en activité depuis 1954 » 1989, après le non aboutissement d’un projet de pisciculture, le moulin est racheté à Robert Masseux.

Aujourd’hui, la Combade coule toujours près du moulin (arche de droite) mais le bief (arche de gauche) est condamné. Si les mécanismes ont disparu deux meules subsistent, et le bâtiment, restauré à l’usage de maison d’habitation, reprend vie.

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Le moulin de la Ribeyrie Situé sur la rive droite du ruisseau de la Ribeyrie, affluent rive gauche de la Combade, près du village du même nom. Il figurait sur le cadastre « napoléonien » (voir ci-dessous).

En aval, sur le même ruisseau à peu de distance, se trouvait le moulin de Picq (commune de Sussac). Alimenté par une écluse de dérivation avec une réserve, il fonctionnait avec une roue en bois et 2 meules. Le mécanisme des meules était aussi en bois. Les restes du barrage sur un coude du ruisseau et le départ de la « levée »

Ce moulin produisait de la farine à pain et de la farine animale.


L’arrivée du bief au moulin. L’eau passait sous cette voûte et un conduit en bois l’amenait ensuite sur la roue

L’activité a cessé après la dernière guerre. Le moulin n’avait pas été modernisé et demandait beaucoup de réparations : ces 2 raisons sont sans doute les principales causes de cet arrêt.

Le moulin aujourd’hui. Le mur soutenant la « levée » est encore bien visible

L’ancien moulin sert aujourd’hui de garage et on peut encore voir quelques traces du mécanisme.

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Les moulins du canton de Châteauneuf-la-Forêt

SAINT MEARD

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De nombreux moulins utilisaient les affluents de la Briance qu’ils rejoignent au Pont des Deux-Eaux : • • • • •

Trois d’entre eux existaient depuis l'Ancien Régime : ceux de Ligonat, de Fleurat, du Pont des Deux Eaux. Quatre autres ont été construits ou reconstruits au XIX° siècle : les moulins de La Chabassière, de Marantou, du Bois et de la Grenouillère Les moulins de Fleurat et du Pont des Deux Eaux ont entièrement disparu. Il reste quelques ruines de ceux de Marantou et du Bois. La Chabassière garde quelques traces de son ancienne fonction. Le moulin de Ligonat abrite une scierie, celui de la Grenouillère a fonctionné jusqu'au début du XXI° si ècle.

Guide de visite 99


LE MOULIN DE LA CHABASSIERE

C'est en 1671 qu'on trouve trace du MOULIN DE LA CHABASSIERE dans un acte de M° VIDAUD, notaire à Linards ; le moulin avait longtemps appartenu à des REYNEIX : le 16 juillet 1671, Gabriel Reyneix étant décédé, sa veuve Marie CROUZILLAC fait expertiser les lieux par François GACHON, meunier à Ligonat, expert en moulins et charpentes : Le moulin est couvert de tuiles, sous un étang, équipé de deux paires de meules, une à froment, l'autre à seigle, dont les rouages sont fort usés. Le mur du moulin à huile est partiellement écroulé, son « roudet » ne vaut rien, la chaudière à chauffer les noix est hors d'usage, de même que le « bouet » servant à presser l'huile (?) ... Quant au « chenaud » (conduit d'amenée) du moulin à froment, il a besoin de refaire ... De quand date le moulin pour être en si piteux état ? Sans doute du XVI° siècle. Encore ne faut-il pas oublier que les matériaux utilisés sont souvent médiocres, que les rouages dont il est question sont de bois.


Un siècle plus tard ce sont toujours les Reyneix qui sont propriétaires du moulin, un moulin probablement actif parce que bien situé : sa chaussée porte le chemin qui va de Saint Germain et de Saint Méard à Châteauneuf, et aux gros villages de Jumeau et de La Chabassière. Moulin le plus en amont sur le ruisseau de Ligonat, on peut penser que sa clientèle s'étend des Barres à Venouhant, d'Echizadour à Jumeau et aux Tuilières. En 1765, Léonard et Jean du Reyneix, père et fils, cotisent pour 30 livres et 10 sols d'impôt. En 1773, Gisles DEREYNEIX, et en 1811 Jean DEREYNEIX sont meuniers. Le moulin de La Chabassière n’est pourtant pas mentionné sur la carte de Cassini. En 1812 le meunier est appelé Léonard REYNEIX. Son frère Jean est également meunier, mais au moulin du bourg de Linards. Le moulin passe dans le patrimoine de la famille MOSNIER-THOUMAS. C'est probablement après 1922 que Ludovic Mosnier-Thoumas fait curer l'étang, réparer la chaussée et les murs de l'écluse ; les trois vannes motrices et la vanne de vidange sont refaites à neuf ... ce qui sous entend un moulin à trois meules. Pourtant la mémoire collective ne se souvient que de deux emplacements de mouture : le premier animé par une roue à aubes mise en place par Jacquou Aigueperse, memuisier à Puychat, et dont l'arbre avait été façonné à huit pans dans un tronc de chêne par Adrien Benost, charron à Echizadour, et le deuxième entraîné par une roue horizontale à cuillères de bois, le « rodet ». Le moulin moud froment, seigle, blé noir ... concasse les céréales destinées au bétail, broie les pommes qui feront le cidre, largement consommé.

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La vanne d’alimentation de la roue, vue de part et d'autre de la chaussée

Isolé au fond de la vallée, le chemin du moulin n'est pas sur la nuit tombée : Le Courrier du Centre - 25 novembre 1893 CHATEAUNEUF – Attaque nocturne – M. Jean Rigout, 51 ans, domestique à Linards, se rendait au moulin de la Chabassière le 22 octobre, vers quatre heures du matin. Arrivé au milieu du bois des Chaussade, un individu, tête nue, vêtu d’un jupon de femme, debout sur le côté droit de la route, l’a sommé de s’arrêter et de lui remettre de l’argent. Rigout lui a répondu qu’il n’avait que trois sous sur lui, et aussitôt l’individu s’est enfoncé dans le bois avant que Rigout ait pu le reconnaître. Pierre ARNAUD l'Ebourissé, d'une famille de meuniers, y vit avec ses nombreux enfants ; il perdra une petite fille, noyée dans la queue de l'étang.


Qui racontera la vie des meuniers, à la merci des brouillards et des inondations, du froid humide qui envahit les fonds orientés au reir-lutz, l'ubac, et des dangers de l'eau omniprésente ? Se succéderont au moulin TRENTALAUD et CHOLET, puis Eugène RIVET, des Barres, y entretiendra une activité restreinte. En mars 1954, le moulin, un petit domaine, une vieille maison, un moulin à meules, une grange, une porcherie, une cour et un airage, un jardin, des prés, terres, châtaigneraies et taillis, et un étang de 22,10 ares, est acquis par M et Mme DAIGUEPERSE. Pendant quelques années, deux jours par semaine, le moulin continuera de bruire, puis sera vendu à Harry WEIMER, un américain qui, contrarié de ne pouvoir acquérir l'assiette du chemin rural, le revend. Le moulin passe de main en main et devient résidence de la famille PIQUET. La roue restaurée actionne une dynamo et produit du courant continu, avant d’être brisée par la glace pendant l’hiver 1985.

L'étang, envasé, n'est plus que le lit du ruisseau, ce ruisseau qui rage en dévalant les rochers de ce qui fut son trop-plein.

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Daniel OTT, qui habite aujourd'hui au Tremblay-en France, mais qui a gardé le meilleur souvenir de son enfance passée à Saint Méard, nous donne son témoignage sur le moulin de La Chabassière : Gamin, entre 1949 et 1956, je participais à la fabrication du cidre et de la farine de blé noir. Il y avait trois meules mais deux seulement fonctionnaient, la troisième était hors d'usage (celle de gauche quand on est face à l'étang). M RIVET s'occupait du moulin. La capacité de l'étang ne permettait pas un travail important, environ 3 à 4 heures. L'histoire du moulin me fait revivre de bons souvenirs d'enfance. Au cours de ma période scolaire à Saint Méard, je passais le matin et le soir devant l'étang et le moulin. Je franchissais le ruisseau sur un petit pont de bois situé près du déversoir. La retenue d'eau allait jusque sous le pont de la route de Châteauneuf. L'étang et le moulin répondaient certainement aux besoins locaux. On produisait du cidre, de la farine (blé, seigle, blé noir).

M Jean RIVET gérait l'activité. Il n'habitait pas sur place. Le moulin tournait de temps en temps. Deux vannes alimentaient le roudet et la roue à aubes. Le cidre assurait une activité soutenue en octobre et en novembre. L'opération de broyage se réalisait rapidement. Le plus gros travail consistait à transférer les pommes broyées pers un pressoir, rustique, efficace, à serrage manuel.


La roue à aubes suscitait beaucoup de curiosité au démarrage. Jean ouvrait en grand la vanne d'alimentation en eau. Le jet heurtait les aubes. La rotation commençait lentement avec des craquements, des grincements. A une vitesse estimée à 5/6 tours/minute, Jean réduisait le débit d'eau pour ne consommer que le strict nécessaire. L'inertie de l'installation devait suffire pour moudre les différentes céréales. Parfois, l'utilisation simultanée des deux vannes consommait un volume d'eau supérieur à la capacité de l'étang. Il fallait donc attendre. La deuxième prise d’eau, qui alimentait le rodet, fut détruite par un orage. La troisième vanne devait se situer à gauche (en regardant l'étang) et elle alimentait probablement la mouture de broyage des cerneaux de noix. Le coût d'exploitation des installations, les contraintes d'usage, la réduction de la demande (l'huile d'arachide arrivait), furent les raisons de l'abandon de la majorité des moulins à eau dans les années 1920 -1930.

René Roux – Albert SAGE Le Palisson – N°355 – Nov. 2003 – N°357 - Mars 2004

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LES DEUX MOULINS DE LIGONAT

De part et d'autre de la route départementale de Limoges à Treignac, au sud du village de Ligonat, sur le ruisseau de La Chabassière.

Quel fut le moulin le plus important ? Celui qui reste en activité, visible de la route, transformé en scierie ? Ou le moulin MARANTOU dont les ruines révèlent un bâtiment autrement important que le petit borderage de Ligonat et qui comptait trois pièces à l'étage ?


LE MOULIN D’AIGUEPERSE Le moulin d'AIGUEPERSE est situé sous une curieuse retenue en forme de demilune (bien visible sur la photo aérienne), aujourd'hui envasée. Il existait avant 1783, au moment de la confection de la carte de Cassini sur laquelle il figure. En 1817 Léonarde de FOUCAUD, veuve BOUTAUD, et son fils, meuniers, vendent un moulin à Jean CHIARDET, propriétaire au Rouvereau, moyennant 200 F. En 1896, Léonard GRENIER est meunier. En 1901, François BOIREAU, âgé de 30 ans, lui a succédé. Il a épousé Marie, la fille de Léonard Sautour, le meunier du moulin Marantou. Elle a 21 ans et ils ont déjà deux enfants, Joseph, 4 ans et Henri, 2 ans ! François livre à l'aide d'un cheval : Arrivent, quelques années plus tard, Léonard PEYRAMAURE, originaire de La Croisille, et sa femme Anne. Elle a eu l'aîné de ses quatre enfants à 17 ans. Après la Grande Guerre, le moulin qui a été acheté par les DES COURRIERES, est tenu par Léonard RIVET et son gendre Etienne LEBRAUD. Le Courrier du Centre - Jeudi 10 août 1905 Dimanche, le cheval de M. Boireau, meunier à Ligonat, commune de Saint-Méard, était arrêté devant la maison de Mme veuve Jabet, au village de Blanzat. Au moment où on allait déposer un sac dans la voiture, la bête incommodée par les mouches, partit d’un trait dans la direction du bourg de Linards, où elle fut bientôt arrivée après avoir semé sur sa route le blé qui se trouvait dans la voiture. Elle fut finalement arrêtée par M. Jean Arnaud et M. Denardou. 107


C'est dans les années trente qu'arriveront Léonard SARRE dit Mathurin, sa femme Maria et leur fille Germaine. Le moulin a été acquis par M. Germain DAIGUEPERSE le 14 novembre 1945 : Le petit borderage dit « moulin de Ligonat » comprend, selon l'acte de vente, une maison d'habitation construite en pierres, ne comprenant qu'une seule pièce avec grenier audessus, un vieux moulin à eau qui n'a qu'une seule paire de meules ne faisant que le concassage pour le bétail, sans grange mais avec hangar et étables couverts en paille.

Au moment de l'achat, le moulin est occupé par SARRE Léonard dit Mathurin et sa femme Maria. Ils élèvent une brète et des cochons. Outre le concassage des céréales, le meunier assure la fabrication du cidre.

Le rodet du moulin (roue horizontale) est mis en mouvement par la chute d'une retenue alimentée par les ruisseaux de La Chabassière et celui, plus petit, de Buffengeas.


Le débit malheureusement est loin d'être régulier, aussi surveille-t-il l'activité de son confrère de La Chabassière. Quand celui-ci ferme le ruisseau pour remplir son étang, Ligonat manque d'eau. Mais que La Chabassière se mette à moudre et le débit du ruisseau augmente ... Une clochette, installée dans la chambre du meunier, mise en branle par le trop plein de la retenue, l'avertit qu'il peut à son tour lancer ses rodets. Peu importait l'heure et l'occupation du moment, il n'était plus temps de dormir mais de chanter: Meunier, dors pas, ton moulin tourne bien. Mais qu'un gros orage survienne, ou que son confrère du moulin Marantou en aval ferme sa vanne (cf. panneau suivant) et le meunier voit sa maison inondée ! Pendant les années de disette, Jean et Germain DAIGUEPERSE produisirent huile de colza, d’œillette (pavot), de noix et de noisettes pour les paysans de Saint Méard et des communes voisines. Leur pressoir, acquis en 1942, se trouvait en bordure de la route, près de leur atelier de charronnage. Le docteur Touraille (maire de Linards) avait plaidé leur cause auprès de la préfecture et leur production était contingentée. Leur matériel, arrivé en gare de Linards, avait été acheminé à Ligonat par Pierre LACHAUD qui possédait une paire de bœufs.

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Il ne fallait pas regretter sa peine pour brasser sans arrêt, à température constante, les graines ou les fruits. La pâte homogène ainsi obtenue serait ensuite pressée entre des toiles très épaisses faisant fonction de filtre. On veillait parfois fort tard, mais on récoltait ainsi des dizaines de litres d'une huile, parfois un peu âpre, mais combien précieuse !

Les DAIGUEPERSE, charrons, développèrent une activité de sciage (fabrication de parquet et de lambris, de charpentes, travail à façon ... ) grâce à l'acquisition de la turbine de la minoterie Chaize de Saint Bonnet. Alimentée par la chute de 4,50 m débitant 350 l/s, elle avait une puissance de 20 cv.

La scierie qui s'était quelque peu endormie lorsque Germain DAIGUEPERSE prit sa retraite, a été reprise par M Bernard CHABAUD. La retenue du moulin n'étant plus entretenue, la scierie fonctionne à l'aide d'un tracteur.

Extrait de l’article de René Roux – Le Palisson – N°359 – Juillet 2004


LE MOULIN MARANTOU Il disparaît dans les ronces et les arbres abattus, sur la rive gauche du ruisseau, en aval de la scierie actuelle. Avant que la route ne soit construite, il se trouvait sur le chemin de Linards à Saint Méard et La Croisille. Un gué permet encore de franchir le ruisseau, tandis qu'il ne reste que les piles de la planche réservée aux piétons. 1772 : François GASCHON, meunier, est imposé de 6 livres 18 sols. François donnera le jour à Léonard qui lui-même donne le jour à André, tous meuniers ! Le 10 février 1870, meurt au moulin Jean SAGE, veuf en secondes noces de Marianne LAJOUBERT. On sait qu'on meurt jeune dans les moulins, souvent humides et privés de soleil ... Vendredi 24 février 1893 – Courrier du Centre Saint-Méard - On nous écrit : Accident – Vendredi soir, vers huit heures, les sieurs Denis Sautour, propriétaire au bourg de Saint-Méard, et Léonard Sautour, meunier à Ligonat, revenaient ensemble de Linards, dans la voiture du premier. Le cheval trottait assez rapidement en descendant au petit pont de Linards quand, tout à coup, un des essieux se rompit et les deux voyageurs furent précipités violemment sur la chaussée de la route. Sautour, le meunier, ne s’est fait en tombant que des contusions peu sérieuses ; mais son camarade se rappellera longtemps de sa chute. Les blessures qu’il a à la tête sont si graves qu’un médecin, M. Tarrade, dut être appelé immédiatement.

Le moulin est alimenté par un long canal de dérivation en cours d’envasement

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1893 : Voici donc Léonard SAUTOUR meunier. Il vit avec sa femme Anne MALIBAS, fille du meunier de Rebeyrolle à St-Paul ; ils ont deux enfants, François, 10 ans, qu'on appellera MARANTOU et Marie qui se mariera avec François BOIREAU, le meunier de Ligonat (haut), alors qu'elle n'a que 17 ans. (François et Marie iront à Oziers de Saint Vitte dont ils reconstruiront le moulin). Les meuniers se marient très souvent entre eux, mais leurs rapports n'en semblent pas moins exécrables : rivalité commerciale ? Utilisation du cours d'eau ? Jalousies ? Jugez-en : Mardi 14 juin 1910 – Courrier du Centre LINARDS – LES INONDATIONS – Le 25 mai, par suite de l’inondation, le moulin de Ligonat fut en quelques instants envahi par les eaux, c’est à grand’peine que le meunier Peyramaude put opérer le sauvetage de sa famille. S’étant aperçu que son voisin, le meunier Sautour était cause de tout le mal et qu’il s’était esquivé après avoir fermé et son écluse et le lit de la rivière, il s’adressa à la femme de ce dernier, pour lui demander d’ouvrir le passage des eaux ; mal lui en prit, car il reçut de la vigilante gardienne une maîtresse correction. Le malheureux meunier a porté plainte contre son irascible voisine et la gendarmerie fait son enquête. En 1911 Sautour Léonard est dit « patron propriétaire » du moulin. Il y demeure encore en 1921 avec sa femme et François. Il est le dernier meunier du moulin MARANTOU qui aura fonctionné jusque dans les années trente. Il possède peut-être un cheval, plus probablement une mule. (Il faut avoir suivi le chemin qui va du moulin Marantou à Saint Méard, lorsqu'il était encore praticable, pour comprendre que la plupart de nos chemins étaient des chemins muletiers).


Le moulin à huile et à farine (Simone BOIREAU, de la Maillerie de Linards, actuelle propriétaire, se souvient d'avoir vu des bons de mouture dans les restes du moulin) effectue également le concassage des céréales pour les paysans d'alentour. En 1940 le moulin, bien qu'en mauvais état, connut pendant deux ou trois ans une seconde vie avec la venue d'un CORNUT, réfugié, fabricant de sommiers métalliques. 1944: parce que le moulin est tapi à la lisière du bois de Fleurat et accessible seulement par un chemin franchissant un ruisseau à gué, des maquisards s'y installent sans bruit ... 17 juillet 1944 : c'est là que les Allemands établissent un pont provisoire. Ils fouillent naturellement les lieux, trouvent des traces d'occupation, peutêtre même des munitions ou des grenades qu'il arrive aux maquisards d'abandonner là où ils logent ... Le moulin est saccagé et démantelé.

I

l ne reste du mécanisme que des poutres et quelques ferrailles

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Au printemps, iris d’eau et orchidées font encore des ruines du moulin Marantou un site romantique, mais quelque peu dangereux et difficile d’accès … en attendant sa complète disparition.

Extrait de l’article de René Roux – Le Palisson – N°360 – Septembre 2004


LE MOULIN DU BOIS Dans le rôle des tailles (impôt sur le revenu) de 1789, on trouve deux moulins, l'un exploité par Jan-Baptiste LAMARQUE et l'autre par Louis REINEIX. Il s'agit des deux moulins de La Planche (dit encore de Fleurat) et du moulin du Bois. L'existence du moulin est ensuite attestée par l'arpentement du 3 mai 1792 et son plan annexe.

A cette époque le moulin du Bois ne comprenait probablement qu'un seul corps de bâtiment. Il faut attendre le recensement de 1831 pour que le moulin du Bois soit mentionné comme hameau habité. N'y aurait-il eu ici auparavant qu'un moulin dépourvu d'habitation ? Il est possible aussi que le moulin du Bois ait vu sa population décomptée avec celle du village de La Chaucherie. 115


Dominé par le bois de Fleurat, ses airages souvent envahis d'eaux stagnantes, le moulin apparaissait en 1881 bien peu accueillant: Quand on arrive au moulin du Bois, qu'on vienne de Linards, de La Chaucherie ou de Plantadas, on se trouve au pied du moulin dans une espèce de ravin dont la ligne de thalweg est inondée. En effet le moulin du Bois qui comprend actuellement trois corps de bâtiments d'âge différent, est adossé à la chaussée de l'écluse, laquelle est élevée de 4 m au moins au-dessus du thalweg. De la chaussé à la ligne du thalweg, il n'y a pas plus de 50 m. (Constat des lieux dressé par le juge Louis Dessale, le 4 juillet 1881) Un MAUMOT est alors meunier. Lorsque Paul NOUALHIER, châtelain de Linards et propriétaire de la métairie de Fleurat, veut interdire le passage dans ses bois, le maire de Saint-Méard rappelle que la suppression du chemin rural n°30, désigné dans le tableau des chem ins dressé en 1859 sous la désignation de Chemin de Plantadas à Saint-Méard par le moulin du Bois, ligne de parcours immémoriale pour aller de Plantadas au bourg de Saint-Méard, enclaverait et séquestrerait pour ainsi dire la petite usine du moulin du Bois. Constat du juge : Le moulin comprend le corps de bâtiment primitif où se trouve le pressoir à cidre (pelle 1) et un autre corps de bâtiment dont l'un comprend le logis de la famille MAUMOT avec 2 pelles (2 et 3) et des étables à porcs. Il y a deux meules qui paraissent fonctionner activement. On y trouve pour le transport du grain une ânesse et une mule. La maîtresse de maison nous a dit qu'il y avait une petite carriole que nous n'avons pas vue. En 1896 vivent au moulin Léonard GRENIER, 37 ans, sa femme Catherine, 35 ans et leurs deux petits garçons Léonard et François. En 1901 leur succèdent Pierre et Anna LANGLADE, auxquels se joint Léonard ARNAUD, dit l'Ebourissé, qui a alors 20 ans. Léonard ARNAUD livrait de la farine du moulin au bourg de Saint-Méard avant 1930. En 1936, Roger GUGOT, enfant, empruntant le chemin qui va du moulin à Fleurat, se souvient d'avoir vu l'écluse envasée En 1951 Léonard ARNAUD a encore sa jument, Mignonne, mais il est probable que le moulin , où il habite toujours avec sa femme, est laissé à l'abandon. Il sera le dernier meunier d'un moulin, modernisé en 1954 par sa transformation en minoterie à cylindres.


Mal desservi, relié au bourg par un chemin muletier, il périclitera. L'activité du dernier meunier se bornera alors à la fabrication du cidre avec un pressoir mobile.

Il en reste quelques pans de mur, et du long canal d'entrée, profond et large, il ne reste que ce que les exploitants forestiers du bois de Fleurat n'ont pas saccagé. On sauve des petits bâtiments, fours, puits, lavoirs … Dommage que l'aménagement hydraulique du paysage rural qui faisait l'objet de travaux constants et d'une surveillance pointilleuse n'ait pas mérité autant d'attention.

Extrait de l’article de René Roux – Le Palisson – N°361 – Novembre 2004 117


LE MOULIN DE FLEURAT

Comment le promeneur devinerait-il, allant de La Valade à La Chaucherie, qu'il passe au pied de ce qui fut un important moulin, plus important sans doute que celui, voisin, de La Grenouillère ?

Seule se dresse, comme une croix fichée dans les montants d'un échafaud, les restes d'une pelle.

Nous ne savons que peu de choses de ce moulin, appelé à disparaître probablement au milieu du XIX° siècle. En 1753, l'Etat des Fonds de Linards, mentionne décrit un moulin à une meule à seigle sur la rivière de Fleurat, dans la paroisse de SaintMéard. (Il est cité avec les biens de Joseph Sautour, laboureur à Sous-leCroux, paroisse de Linards.)


Citons néanmoins quelques meuniers, des familles Reyneix et Lamargue mentionnés dans divers documents d'archives : En 1760, Léonard DEREYNES (ou DE REYNEIX). En 1769, Jean-Baptiste LAMARGUE En 1796, Martin LAMARGUE En 1801, Léonard et Anne REYNEIX En 1810, Martin LAMARGUE à nouveau En 1812 et 1814, Pierre JABALOT Le moulin de Fleurat était alimenté par un bief prolongeant en aval celui de Marantou :

Extrait de l’article de René Roux – Le Palisson – N°365 – Septembre 2005

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LE MOULIN DU PONT DES DEUX EAUX C'était un moulin à seigle, à une paire de meules, situé sous l'étang du village du Pont des Deux Eaux, formé par le barrage du ruisseau de Planche-Ferrée, gros des ruisseaux de Linards et de Ligonat, avec une chaussée de pierres et de terre. Il était contigu et sous le même toit couvert de tuiles, à une papeterie qui fonctionnait avec les mêmes eaux, en alternance vraisemblablement. De 1736 à 1762, Jacques et Jean BOURRIQUET, l'oncle et le neveu, exploitent la papeterie pendant que leur neveu et cousin Martial DEBLOIS, époux Bourriquet, exploite le moulin. En 1770, le moulin à bled est la propriété de Bernard BLANC, gendre de Jacques BOURRIQUET dit Jacquillou, et de Anne BRIGAUD. Ils en confient l'exploitation à Guillaume BRUT en 1771. Le 12 janvier 1774, ce moulin à une paire de meules à seigle sis sous l'étang de la Papeterie et mouvant de cette eau est vendu au sieur Jean PICQUET, maître de forges au Pont des Deux Eaux. C'est un bâtiment carré couvert à tuiles plates en fort mauvais état, entouré d'airages et courtillages, plus un lopin de pâtural contigu entre le moulin et l'étang, d'une contenance d'une éminée (12 ares). Le moulin et ses dépendances confrontent par le haut le chemin de la font du village. Le moulin est aussitôt loué à Martial DEBLOIS selon un bail du 30 janvier 1774 (reçu par le notaire Chaussade de Linards) portant une rente annuelle emphytéotique de 17 setiers de seigle, 4 quartes de blé noir, 4 canets et 4 poulets à porter au 15 août.


Un nouveau bail est passé aux mêmes conditions avec Guillaume BRUT, le meunier époux de Marguerite DEBLOIS (donc gendre de son prédécesseur). Le preneur sera tenu de maintenir le moulin « tournant » et de veiller au bon état des murs et du toit, d'acheter les meules nécessaires que le bailleur fera transporter. Le bailleur garde à sa charge les impositions royales et la rente foncière directe (droits féodaux). Il pourra aussi faire moudre gratuitement tous les grains nécessaires à l'usage de sa maison. En 1780, le meunier demande à son propriétaire le sieur PICQUET l'autorisation d'installer une seconde meule, ce qui lui est accordé, mais ne semble pas avoir été fait. Guillaume BRUT pensa en 1781 pouvoir pêcher l’étang, ce qu'il fit. Mal lui en prit ! Il est cité à comparaître devant la juridiction seigneuriale de Curzac le 29 octobre 1781 et condamné à payer le poisson et réparer les pesles (les vannes) endommagées. En octobre 1782, un violent orage gonfle les eaux et provoque un débordement de l'étang qui emporte la chaussée et dévaste la papeterie. Jean BOURRIQUET le papetier, n'ayant pas les moyens de la remonter, vend l'emplacement et sa masure le 3 avril 1783 pour la somme de 150 livres à Guillaume BRUT et son épouse, les meuniers. Si la papeterie a disparu, le moulin à blé fonctionne encore : il figure sur la carte de Cassini, et en février 1784 est baptisé en l'église de Saint Méard Martial DEBLOIS, fils de Martial, meunier et de Jeanne FOUCAUD. L’emplacement de l’ancien étang et du moulin sur le cadastre napoléonien En 1791 le moulin du Pont des Deux Eaux, appartenant à Jean PICQUET, est loué à Martial DEBLOIS qui possède en propre dans le village une maison, une grange avec ses airages, un jardin et une dizaine de pièces de terre, prés et bois, d'après le recensement des domaines. En l'an II (1794), Martial DEBLOIS est toujours meunier-fermier.

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Le 18 nivôse de l'an III, Martial DEBLOIS, meunier au moulin du Pont des Deux Eaux, remet au citoyen Léonard PIQUET, maître de forges à la forge du Pont des Deux Eaux, 12 setiers ¾ de seigle, 3 canets et 3 poulets, pour la rente du moulin accensé par les auteurs dudit Piquet à ceux dudit Deblois par acte du 30 janvier 1774, déduction faite du quart, conformément à la loi. (En effet le propriétaire n'avait plus à sa charge les droits seigneuriaux ni la dîme abolis). Le 19 ventôse an VI (1798), le moulin est vendu au citoyen MARTINOT DU THEIL, fils aîné du citoyen MARTINOT LA VALADE, moyennant la somme de 448 livres. Le 18 avril 1812, Léonard MARTINOT DU THEIL, habitant à La Faye de Saint Pardoux (près de Bourganeuf), vend l'étang et le moulin du Pont des Deux Eaux avec ses aisines, moyennant 524 F à Anne FOUCAUD, épouse de Léonard FAYE.


Mais en 1836, sur le plan cadastral, l'étang a disparu ... et le moulin aussi ! Il se trouvait en contrebas de la dernière maison du village, au fond du pré ci-dessus à gauche.

Albert SAGE – Le Palisson – N°351 – Mars 2003 et N° 352 – Mai 2003

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Les églises du canton de Châteauneuf-la-Forêt

SURDOUX

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Le moulin de L’AGE C’est le premier moulin sur La Briance, situé au plus près de sa source

La Briance prend sa source au village de Malassagne dans la commune de Surdoux et rejoint La Vienne à L’Aiguille commune de Bosmie- L’Aiguille

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Sous l’ancien régime, il y avait à Surdoux un prieuré de filles de l’ordre des Bénédictines, dépendant de l’abbaye de la Règle à Limoges, dont l’abbesse nommait les curés affectés à l’église. Il est vraisemblable que le moulin de L’Age dépendait de cette abbesse qui en percevait les rentes. En 1741 Antoine BARDEAU, gendre JUILLE y était meunier . A la Révolution les habitants de Surdoux réclamèrent l’inclusion du moulin de L’Age dans son territoire. Il ne pouvait y avoir de communes sans moulin

En l’an III (1795) les DESCLAUD en sont propriétaires, les JUILLE y sont toujours meuniers-fermiers . En 1801 et 1803 Annet JUILLE est toujours fermier En 1810 François BARBEAU l’a remplacé. En 1813 JULIOT ( JUILLE ) frère, achète le moulin à François BARBEAU qui continue d’y travailler. En 1817 un autre JULIOT, le cadet, dit « Martial » et son gendre Léonard VIROLLE exploite le moulin


.En 1833 le moulin de L’Age appartient à Jean TAXAIN . D’après le plan le moulin est composé de deux corps de bâtiments distants de 150 mètres L’un placé sous étang, l’autre sous une petite écluse en aval On peut supposer que les deux moulins avaient des usages différents, l’un servant à moudre du blé ou du seigle pour la panification, l’autre des céréales secondaires pour l’alimentation animale. Les moulins ont cessé de fonctionner en 1901.

La maison du meunier Texte d’après Albert SAGE

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Chaussée éventrée de l’ étang ( Photo Albert SAGE )

Les meules écroulées du moulin bas ( Photo Albert SAGE )

La Briance après le moulin


Les moulins du canton de Châteauneuf-la-Forêt

SUSSAC

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Sept moulins sur le territoire de la commune de Sussac : Rebeyrolle, Les Cheneaux et Chamont sur la Combade, Picq, Augéras, Barre et Beauvais sur des ruisseaux affluents de la Combade

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Le moulin de Rebeyrolle A 423 m d’altitude sur la rive droite de la Combade : « Un moulin à une meule à seigle et un moulin à huile situé sur le ruisseau de Combade avec une maison pour le logement du meunier sous le même toit avec une grange et appentis, jardin, couderc et chènevière y tenant au communal de Rebeyrol où nous avons trouvé 6 vaches, 20 brebis et 2 cochons, appartenant à Léonard Panteix, exploité par Pierre Belou meunier, contenant 27 perches » (Etat des Fonds de la Paroisse de Sussac , 1753) Champs

Rebeyrolle

Ecluse

Reproduction du plan cadastral de 1832

La diversité des noms relevés sur les actes de mariages entre 1767 et 1779 laisse supposer que plusieurs familles habitaient au moulin ou que le meunier employait plusieurs domestiques ou servantes. 1836, 12 personnes vivent au moulin dont 2 meuniers appelés Jean Panteix, l’un âgé de 30 ans, l’autre de 26 ans, et 2 meunières Léonarde Legouteil (29 ans) et Marie Margaraud (50 ans). 1866, Léonard Legouteil est propriétaire du moulin. 1872, Marie Panteix est veuve. Léonard Sirieix est le chef domestique et 11 personnes vivent encore au moulin.


A partir de 1876 et jusqu’en 1887, c’est Léonard Vergne qui est meunier et en 1886, on trouve encore 9 personnes habitant le moulin. En 1881 : - la chute d’eau est de 2,30 m pour une roue horizontale à cuillères, 3 - le volume des eaux motrices 0,55 m / s, - la force brute 17 CV, la force utilisée de 6 CV soit 33 %, - deux meules écrasent le grain en farine. Le 18 octobre 1887, Pierre Lepetit et Mme Marie Profit, suite à une adjudication sur saisie immobilière, deviennent propriétaires. Jusqu’en 1911 nous trouvons Pierre Lepetit comme patron meunier et 6 personnes seulement vivent au moulin. Le 18 octobre 1917 a lieu la vente Lepetit - Gillet : « moulin à farine à deux paires de meules à moudre le blé et tous autres accessoires composant une bluterie » La production a varié, en 1924 on relève 2,5 quintaux. Les propriétaires se sont succédé : 1919, Louis Gilles, cultivateur propriétaire exploitant et patron meunier, 1926, Paul Gilles et André Jarraud, domestique meunier, 1931, François Daudinot, meunier, 1943, Henri Lorne, 1944, Jean Lachenaud époux Roux La Croisille sur Briance.

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Le moulin de Rebeyrolle il y a une dizaine d’années ... aujourd’hui cette façade n’existe plus

Vers 1945 le moulin a cessé de fonctionner en mouture. En 1958, il est aménagé en pisciculture. Actuellement, les prairies accueillent des bovins et le bâtiment, dont subsiste un mur latéral, est transformé en stabulation.


Le moulin de Picq

Situé à 490 m d’altitude sur la rive gauche du ruisseau d’Intras, dit aussi de La Ribeyrie, affluent de la Combade, il figure sur le plan cadastrai de 1832 (voir ci-dessus). Quelques propriétaires ayant tous des liens de parenté : en 1836, Léonard Lamy, 45 ans, sa femme Léonarde Denizou et plus tard Léonarde Lamy épouse de Léonard Jarraud maçon. Les derniers « exploitants » du moulin, sont Barthout et Catinaud, gendres de Léonard Angleraud lui-même gendre Jarraud. A partir du recensement de 1872, plus de meunier au moulin de Picq, mais il y a toujours des habitants au village qui porte ce nom. Le faible débit du ruisseau ne permettait que peu de fonctionnement. D’après l’actuelle propriétaire, ce petit moulin ne produisait que de la farine panifiable transportée à l’aide d’un cheval capable de suivre le chemin rejoignant la « route » de La Ribeyrie. Le site a été réaménagé.

Au fond du vallon où coule le ruisseau, à l’aplomb des maisons du village, existait autrefois un moulin dont il ne reste que quelques pierres au milieu de la végétation

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Le moulin des Cheneaux Il est situé sur la rive gauche de la Combade à 395 m d’altitude. « Le moulin de Laschenaud a une meule à seigle et une maillerie à un marteau à fouler les draps situé sur la rivière Combade, avec un jardin et couderc y tenant un cochon confrontant au pré de G. Bourbon appartenant à Martin Ponchut meunier, ledit moulin lui servant de logement contenant 28 perches » (Etat des Fonds de la Paroisse de Sussac , 1753)

Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les registres paroissiaux nous livrent plusieurs mariages de la famille Ponchut du moulin des Cheneaux. Nord

Plan cadastral de 1832

En 1836, 6 personnes vivent au moulin. C’est Jean Ribiéras, qui est meunier avec son épouse Anne Arnaud. En 1866, le propriétaire est toujours le même mais on le nomme alors Jean Ribière sur un autre document administratif. Un pas le roi de 2,44 m permettait le flottage du bois effectué jusqu’en 1894.


Jusqu’en 1876, on retrouve la même famille avec le garçon meunier Léonard Ribiéras fils aîné puis le gendre meunier Léonard Pradet. Cette même année 1876, il y a encore 6 habitants alors qu’on en a compté jusqu’à 11 en 1866. L’adjudication transcrite du 18 février 1882 précise que : « le moulin a été acquis par M. Mazaudois Joseph suivant jugement d’adjudication prononcée à la barre du tribunal civil de Limoges le 3 août 1881 à Mme Ribiéras et Léonard Pradet » Le 5 mars 1894 le sieur Mazaudois Joseph meunier au moulin des Cheneaux « tentait à obtenir la réunion des eaux du ruisseau de Grigeas à celles du ruisseau de la Combade ». Avant 1903, il y avait un moulin à huile. En 1881 : ● la roue horizontale à cuillères tourne grâce à une chute d’eau de 2,15 m, ● un bief, long de plus d’un km, allant jusqu’au pont St-Martin, constituait une réserve d’eau, 3 ● le volume des eaux motrices est de 0,68 m / s, ● la force brute de 19 CV, la force utilisée 6 CV soit environ 31 % de force utilisée, ● deux paires de meules écrasent de la farine panifiable et de la farine animale. Par la vente du 17 mars 1904, Guillaume Barlet, fermier demeurant à Eymoutiers, devient propriétaire du moulin des Cheneaux, mais le recensement de 1906 précise que le meunier est Louis Bartout. C’est vers 1911 que le propriétaire Guillaume Barlet est déclaré patron meunier entouré de 9 personnes dont 2 fils meuniers. Lui succède sur le recensement de 1921 Léonard Barlet, époux Reineix, cultivateur propriétaire et patron meunier.

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En 1914, le pressoir à cidre est installé dans le bâtiment près de l’eau. En 1926 interviennent de grandes transformations : ● la roue en bois d’arbres fruitiers ou de hêtre souvent réparée par Léonard Texier menuisier à Sussac est remplacée par une turbine à coquilles très puissante, ● une paire de meules a été vendue, une autre gardée ; on installe deux cylindres broyeurs. En 1927, la minoterie fonctionne avec bluterie, planschister. Un remblai masque le sous-sol. Pendant la guerre, la minoterie pouvait produire d’importantes quantités de farine, elle fonctionnait parfois 24 heures sur 24. En 1947, le meunier est toujours Albert Guillaume Barlet. Sa mort prématurée en 1953 oblige Mme Barlet et sa fille à prendre des gérants. En 1956, c’est la fin de la minoterie ; des pièces ont été vendues. Cette même année, Melle Barlet épouse Jouffret vend les bâtiments aux Eclaireurs de France. Puis des Tchèques, M. et Mme Lass, ont occupé les lieux.

A l’heure actuelle, le moulin est transformé en résidence (photo ci-dessus).


Le moulin de Beauvais Il est situé sur la rive droite du ruisseau de Beauvais (appelé aussi ruisseau de Murat ou ruisseau du Chedail) à 410 m d’altitude. Nord

Plan cadastral de 1832

« un moulin à une meule de seigle appelé de Beauvais avec un petit mauvais jardin et pacage y tenant appartenant au sieur de Ligoure ledit moulin affermé à Léonard Sénisse meunier et contenant vingt-six perches » (Etat des Fonds de la Paroisse de Sussac , 1753)

De maigres renseignements sur ce moulin qui a peu fonctionné.

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Les recensements nous donnent le nom du meunier. En 1836 c’est Louis Chapouteau, toujours meunier en 1846, époux de Léonarde Denizou meunière, ayant 5 enfants dont les fils Jean et Joseph eux aussi meuniers. En 1866, c’est François Morange, et sa femme Marie Senisse. Le gendre Jean Laleuf est cultivateur. Un domestique âgé de 15 ans, Barthélémy Langlade, sait écrire et compter. En 1872 vit un ménage : Jean Lamy, sa femme M. Périgaud et leurs 3 enfants. En 1891 on trouve au moulin 4 personnes dont Jean Francillon, et sa femme Anne Faucher ménagère. En 1896, le meunier est Louis Texier, et sa femme Thérèse Mazaudois est aussi ménagère. Vers 1907, Louis Barthout venant du moulin des Cheneaux tente d’exploiter le moulin. Moulin et maison ont été incendiés en 1913. Actuellement, c’est une résidence secondaire (photo ci-dessous).


Le moulin d’Augéras A 460 m d’altitude, environ 500m au suddu village, le moulin d’Augéras figure sur la plan cadastral du 24 octobre 1832 (voir cicontre) sous le n° 940, avec la maison n° 939 l’étang n° 904 bis.

et à est

et

Il était aussi appelé « moulin de Peliquet ». Des « anciens » rectifient et disent « Peniquet », nom donné au moulin qui peinait pour moudre : « ô penicave » ! En effet, il ne fonctionnait que 3 mois dans l’année pour écraser du seigle et du blé noir. La roue horizontale tournait grâce à l’eau de l’étang qui fermait le ruisseau de Barre. C’est aujourd’hui, même après la tempête de 1999, une plantation de sapins. Sur la matrice cadastrale de 1836, Léonard Titaux, meunier, était propriétaire. D’après les recensements de 1836 et 1846, 12 personnes vivaient au moulin formant sans doute deux ménages : Léonard Titoux (l’orthographe a changé) et sa femme Françoise meunière et Jean Blondet meunier et sa femme Anne Titoux et leurs enfants. La démolition du moulin est signalée fin 1855.

Sur cet emplacement aujourd’hui envahi par la végétation, près du ruisseau de Barre, existait avant 1855 le moulin d’Augéras

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Le moulin de Barre Il est situé sur le ruisseau de Barre (en 1832) ou du Mastrichas (en 1881) qui se jette dans la Combade, rive gauche. Le vieux moulin était construit sur le talus. Il a été détruit et remplacé par le bâtiment actuel, à 420 m d’altitude, avec maison attenante qui n’existe plus. Mastrinchas

Levées d’arrosage Moulin

Châteauneuf Sussac D’après le plan cadastral de 1832

En 1836, un jeune meunier de 26 ans Blaise Juittot et 7 personnes vivaient au moulin. En 1872, le propriétaire meunier Jean Francillon, veuf avec 3 enfants, est aidé par son gendre Pierre Devaud et un jeune domestique meunier de 16 ans nommé Gourdy. En 1886 jusqu’en 1891, nous ne trouvons plus que 4 personnes au moulin : Pierre Devaud, sa femme Marie et leurs 2 enfants. Le document de 1881 donne les renseignements suivants : - deux roues à augets, - deux paires de meules, 3 - volume des eaux motrices : 0,06 m / s, - chute en eaux ordinaires : 1,29 m, - force brute : 1 CV, force utilisée ; 0,70 CV soit un rapport de 70 %. - le moulin fonctionnait 4 heures par jour. L’eau a été déviée dans une levée dite « lève », c’est à dire un remblai formant digue élevé parallèlement au ruisseau.


Une roue en chêne avait subsisté jusqu’aux malencontreux coups de pelleteuse nécessaires à l’aménagement d’un étang surplombant le moulin. En 1894, Pierre Chambenègre est meunier, puis en 1937 son fils André Léon Chambenègre. Les écrasements de blé en farine ont varié : en 1924 : 3 quintaux puis en 1935 : 16 quintaux. La guerre de 39-45 n’a laissé que deux mois en 1939 à Marcel Arnaud dit Louis, meunier, époux Grimaud à Mastrinchat, pour produire la farine panifiable. Mobilisé, il n’a pu continuer son activité ; par contre la farine animale était broyée, son épouse assurant la relève. Le pressoir à cidre, toujours en place, se trouvait sous un hangar attenant au moulin. Tout a cessé de fonctionner en 1945. Depuis 1951, M. Dumont est propriétaire du bâtiment bien conservé ; il a même fait rénover les ouvertures à la suite de détériorations malveillantes. Que reste-t-il ? A l’extérieur, une meule composée de blocs de quartz assemblés par des bandages de fer plat. A l’intérieur, les cylindres et les chaînes à godets.

Le moulin de Barre il y a une dizaine d’années

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Le moulin de Chamont Nord

Plan cadastral de 1832

Il est situé sur la rive gauche de la Combade, à 380 m d’altitude. C’est un moulin sous écluse où l’eau est déviée de son lit naturel dans un canal en pente douce. En 1881, ● l’écluse débouche sur une chute de 1,75 m avec un volume des eaux 3 motrices de 0,80 m / s. Onze heures d’arrosage sont permises. 3 ● le débit de la prise d’eau est de 0,25 m / s. La force brute étant de 18 CV, la force utilisée de 6 CV, le rapport est de 33 %. ● l’eau dans sa chute entraîne une roue horizontale à cuillères qui fait tourner deux paires de meules en silex de 1,50 m de diamètre et de 25 cm d’épaisseur dont on voit, encore, les rayonnages piqués par martelage. La meule « vive » ou « courante » légèrement concave est percée d’un trou où « œil ». On obtenait : ● de la farine panifiable, le mélange froment-seigle nécessitait souvent une deuxième mouture, ● et de la farine animale.

Une des meules de l’ancien moulin de Chamont toujours visible


Le « mouton »

La présence d’un « mouton » de 0,80 m de diamètre sur 50 cm d’épaisseur (photo ci-dessus) atteste de l’utilisation d’un moulin à huile qui écrasait en roulant sur une cuvette des noix puis du colza, de l’oeillette. Le moulin existait déjà au XVIIIe siècle, des actes de mariage relevés sur les registres paroissiaux en témoignent. De 1836 à 1872, les recensements indiquent un maximum de 12 personnes vivant au moulin dont Guillaume Reineix, en 1836, meunier. En 1866, Jean Sauviat est propriétaire du moulin. En 1872 François Degeorges est meunier. En 1881, 3 ménages soit 19 personnes vivent au moulin dont Georges Degeorges (gendre du précédent) et son épouse Anne Degeorges et François Degeorges et son épouse Victoire Péjout. Ces deux derniers couples ont acquis le moulin le 18 juin 1886. L’acte de vente Degeorges - Peyclit indique : « Le 22 mars 1924, Léonard Peyclit né le 3 juin 1880, propriétaire cultivateur au village de Manin commune de La Porcherie, époux de Mme Jeanne Allamargot, achète un bâtiment en pierre couvert en tuiles et ardoises avec son écluse à usage de marche à farine avec deux paires de meules » En 1924, le bâtiment en mauvais état est démoli, le moulin devient une minoterie à trois niveaux qui débute le 8 septembre 1925.

143


Les transformations ont nécessité d’énormes travaux : il a fallu surélever les bords de l’écluse et creuser en aval pour obtenir une chute d’eau plus importante soit 2,50 m. Une turbine, dite « noyée » dans une chambre à eau, de 25 CV débite 1000 l / s ; le pivot servant de support à l’axe était en cormier, bois très dur. Les meules ont été remplacées par deux cylindres cannelés en acier, entraînés par des transmissions de poulies tournant à 250 tours / minute et de courroies glissant jusqu’à 10 m de longueur.

Le moulin de Chamont vers le milieu du XXe siècle (ancienne photo aimablement prêtée par M. et Mme Peyclit) ...

... et aujourd’hui


Le sac de froment ou de seigle est hissé à l’étage à l’aide d’une corde mue par un treuil. Le grain est trié, débarrassé des « grains noirs » par l’extracteur, brossé à 1500 t / minute. Les produits sont divisés par granulométrie et vont vers la bluterie. Les cylindres d’un convertisseur permettent d’obtenir une farine plus fine. Si la toile en soie servant de tamis se perce, la bluterie de sûreté fonctionne. On obtient pour : 100 kg de froment => 78 kg de farine, 100 kg de seigle => 70 kg de farine, 100 kg de sarrasin => 50 kg de farine. La farine était remontée par des courroies à godets. On a pu écraser jusqu’à 30 quintaux par 24 heures.

Le canal d’arrivée d’eau

Naturellement, moulin et maison d’habitation bénéficiaient de l’éclairage électrique grâce à une dynamo, un rhéostat d’excitation, un tableau en chêne verni, un renvoi pour la commande de la dynamo avec paliers, chaises, poulies. L’installation comportait 25 lampes à simple interrupteur, 3 crémaillères à pignons de commande des vannes. 145


Canal d’arrivée d’eau et trop plein

En 1944, Arsène Peyclit, fils de Léonard Peyclit, est déclaré fabricant de cidre. Il apporte des modifications : ● une annexe à droite du bâtiment initial a été rajoutée, le pressoir à cidre se trouvait au fond à droite, ● il a fallu surélever les planchers et des travaux complexes ont été nécessaires pour obtenir les transmissions par courroies, ● un local de stockage a été aménagé. Vers 1960, Jean Peyclit, fils d’Arsène, abandonne la minoterie pour la fabrication d’aliments pour le bétail. Orge, maïs, blé, tourteaux de soja, granulés avec apport de vitamines sont broyés, mélangés dans des proportions bien définies selon l’animal consommateur. La tempête de 1971 qui enleva la toiture de l’annexe n’arrêta pas le travail. Grâce à l’intervention rapide des pompiers et à l’aide des voisins, tous les sacs entreposés furent protégés. En janvier 1997, Jean Peyclit vend le fonds de commerce à Olivier Butaud.


Table des mati ères Commune

Texte

Photographie

Page

1

Linards

Christian Palvadeau

Antoine Gatet

1

2

Châteauneuf la Forêt

3

La Croisille sur Briance

Eliane Vigé Eliane Durand

Jacques Durand

4

Masléon

Eliane Vigé Eliane Durand

Jacques Durand

5

Neuvic Entier

Christian Millochau

6

Roziers Saint Georges

Simone et Jean-Pierre Boulège Eliane et Jacques Durand

Eliane Vigé Bernard Grasdepot

Remerciements à N. Charbonniaud, Mlle Chouviac, C. Soumagnas 7

Saint Gilles les Forêts

8

Saint Méard

9

Surdoux

10

Sussac

Eliane Vigé Eliane Durand

Jacques Durand

René Roux - Christian Palvadeau Eliane Vigé Eliane Durand

Jacques Durand

Denise Chassard - André Chassard Remerciements à Gisèle Faure, Michèle Laubary, Suzanne Perissé

Société Historique du Canton de Châteauneuf-la-Forêt Mairie de Châteauneuf - 8 place du 8 mai 1945 87130 Châteauneuf-la-Forêt Site Internet : http://canton-chateauneuf.ifrance.com 147


P l u s d ’i n f o s Plus d’informations sur l’histoire du canton de Châteauneuf la Forêt : Commandez les fascicules de la Société Historique et retrouveznous sur le Net. 1 Le presbytère de Linards, 1668 - 1913 2 Linards, Sautour, Le Duveix, documents d’archives du XIII° au XIX° siècles. 3 Les routes de Linards, 1788 - 1913 4 Découvertes archéologiques à Linards 5 L’insurrection de Linards, 6 décembre 1851 6 L’impôt de 1789, taille, rentes et dîmes à Linards 7 Le village et prieuré du Duveix de 1100 à 1914 8 Essai de chronologie et de toponymie 9 Les archives notariales de Linards, 1767-1789 10 Les bâtiments publics de Linards Vol.I 11 Les bâtiments publics de Linards Vol. II 12 Seigneur et tenanciers de Meyrat aux XVII° XVIIIsiècles 13 La Révolution et ses conséquences à Linards, 1789 - 1851 14 Les possessions ecclésiastiques à Linards 15 La vie quotidienne au XVIII° s. d'après les inventaires du notaire de Linards 16 La commune de Linards d'après les plans féodaux du XVIII° siècle 17 Terre et société à Linards d'après l'état des fonds de 1753, et microtoponymie 18 Faits divers et société à Linards de 1848 à 1914 19 Vie et personnel politique à Linards au XIX°s. 20 Rythmes démographiques à Linards, 1739-1789 21 Le régime féodal à Linards de 1354 à 1789 22 Les linardais devant la justice au XIX° siècle 23 Rythmes démographiques à Linards, 1793 1892

1 L’église de Châteauneuf ou «les péripéties d’une construction » 2-Le quartier de Ste Marie la Claire 3-Recherche sur les origines d’une légende «St Antoine de Padoue aurait eu une vision de l’Enfant Jésus au château de Châteuneuf la forêt » 4-Clin d’œil 1ère partie : l’état des villages de la commune de Châteauneuf la forêt il y a 160 ans. 5-Clin d’œil 2ème partie : l’état du bourg de Châteauneuf la forêt il y a 160 ans. 6-Firmin et Amédée TARRADE et les élections législatives de 1889 à 1928. 7-La Combade (1ère partie). 8-La Combade (2ème partie). 9-Tramways et ligne 4 (1ère partie) 10-Recueil et essai de traduction des mots et expressions en patois de Châteauneuf et des environs. 11-Tramways et ligne 4 (2ème partie). 12-Concentré d’articles «30 ans de la vie de Châteauneuf la forêt à travers la presse locale de 1852 à 1883. 13-Clin d’œil sur les dix communes du Canton de Châteauneuf la forêt. Guide de visite : Les fontaines à dévotion du canton de Châteauneuf-la-Forêt

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Une aide à la découverte de notre patrimoine cultuel

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