Ardennes & Alpes n°225

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#225 / 3e trimestre 2025

Ardennes Alpes

LES MEILLEURS FILMS OUTDOOR DE L’ANNÉE EN TOURNÉE À PARTIR D’OCTOBRE 2025

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Et toi, tu étais où ?

En ce mois de rentrée, il est fréquent d’entendre : « Où étais-tu en vacances ? ».

Dans la cour de récré, les enfants rivalisent de « Moi j’ai fait ci ! », « Moi, j’ai fait ça ! ». À l’âge adulte, cela ne change guère.

Les vacances sont un moment unique de l’année pour la plupart d’entre nous et nous sommes excités par l’envie de raconter nos découvertes, nos émerveillements, nos aventures à la terre entière.

Que ce soit en famille ou entre amis, il n’est pas rare de planifier ses vacances une ou plusieurs années à l’avance. Pour cela, on écoute les récits des autres.

Cette revue vous donnera sûrement des idées pour vos prochaines vacances. Qu’elles soient en Belgique à portée de pédales ou en Norvège portées par le vent, vos récits sont pour nos membres de belles sources d’inspiration.

Sans oublier les stages organisés par nos cercles.

La rentrée, c’est aussi le retour au travail. Au Club Alpin Belge, on relance les dossiers en cours. Un nouveau cycle de formations démarre, les compétitions reprennent, on prépare l’entretien des rochers…

Premier créneau météo, échauffement sur ce granite magique — Aguja de la S, Cara Este. El Chaltén, Argentine

édito

Dans ce numéro :

Thomas fait la promotion de la formation Initiateur Alpinisme du CAB qu’il a lui-même suivie.

Alexandre nous fait vivre son aventure alpine en autonomie dans le Beaufortain.

Matthieu nous relate le rassemblement estival à Chamonix de la Belgian Mountaineering Community (BeMC).

Pablo et son vélo font cap sur la Norvège à bord d’un voilier, pour découvrir Flatanger (une grotte d’escalade mythique) et reviennent par voie terrestre.

Vladimir nous invite à utiliser une appli qu’il a créée nous permettant de partager nos bons plans en mobilité douce.

Pierre nous présente le Barrhorn, un 3000 m accessible sans cordes, piolets ou crampons situé dans le Valais.

Jonathan nous plonge dans une réflexion sur l’économie morale.

• Maximilien Drion se prépare aux Jeux Olympiques d’Hiver 2026 à Milan Cortina.

• Marion et Mathieu nous emmènent faire le tour des vias ferratas de notre pays dans un roadtrip familial à vélo.

Matthieu Taymans © 2025

EXPÉDITION BOUDIN

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Depuis quelques années, j’arpente les montagnes avec l’envie de découvrir de nouveaux horizons et d’évoluer dans toutes les disciplines qu’elles offrent. Pas d’objectif majeur en tête. Ce que je cherche avant tout, ce sont des sorties avec les copains et de beaux paysages, tout en essayant de créer des récits photo pour chaque sortie.

DES RÊVES PARTAGÉS, UNE COMMUNAUTÉ EN MARCHE

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Chacun présente son expérience et ses projets. Je rêve de l’aiguille de Bionassay, dis l’un tandis que d’autres parlent de belles falaises de granite ou de bivouac à 4000 m. L’ambiance est décontractée et rapidement les cordées existantes échangent entre elles, tandis que d’autres se forment autour de nos rêves communs de montagne.

CAP SUR FLATANGER

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Stanislas Thuret © 2025

La Norvège. J’ai toujours été attiré par la beauté des fjords, là où la montagne rencontre l’océan, les immenses étendues, les paysages sauvages — ou en tout cas l’idée que je m’en faisais. Il y réside une grotte, Flatanger, qui attire la communauté grimpante de manière intensive et internationale. [...] Sauf que la Norvège, c’est loin et isolé.

Vladimir Fayt © 2025

SLOSTR

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Et si l’on partait à l’aventure… sans prendre la voiture ? C’est l’idée derrière Slostr, une nouvelle appli née en Belgique, pensée pour celles et ceux qui veulent explorer, grimper, randonner ou pédaler de manière plus douce et responsable.

Sommaire

3 Édito

5 Init Alpi 2025

Sur la voie de l’encadrement

7 Hommage à Pascal Strappazzon

8 Expédition Boudin

14 J’ai emmené l’EDELRID OHMEGA en falaise…

Et voici ce qui m’a surprise

16 Des rêves partagés, une communauté en marche

Retour sur le rassemblement estival de la Belgian Mountaineering Community

24 Cap sur Flatanger

Changer d’approche, de la voile à la pédale

36 Slostr

Une appli pour des aventures sans voiture

38 Une rando alpine au Barrhorn (3610 m)

40 Être écoresponsable, ou écoterroriste ?

Féministe, ou féminazi ?

42 LIRE | Les Grimpeurs

— David Volpi & Jack Domon

46 Du rêve à la réalité

Se préparer pour les Jeux Olympiques en ski-alpinisme

48 Verticalité inattendue

Notre road trip familial à vélo de via ferrata en Belgique

Alexandre
Bie © 2025

Init Alpi 2025

Sur la voie de l’encadrement

Vous connaissez peut-être la formation « Initiateur Alpinisme » du CAB ? Cette année, nous sommes six à avoir plongé dans l’aventure : Antoine, Arnaud, David, Ophélie, Thomas et Vanessa. Si vous participez à un stage d’alpinisme dans les années qui viennent, il y a des chances que nous soyons vos encadrants !

L’objectif officiel ? Obtenir le Brevet Fédéral d’encadrement en alpinisme pour pouvoir encadrer des groupes lors des stages d’alpinisme des différents cercles du Club Alpin Belge. Bon, nos deux semaines de formation intensive ne rivalisent pas encore avec le cursus complet de l’ENSA, l’école qui forme les guides de haute montagne français…

Pourquoi se lancer là-dedans ?

Nos motivations à tous sont assez similaires. Bien sûr, nous voulons acquérir les compétences pour encadrer des groupes. Mais surtout, nous cherchions une formation qui nous permette de remettre nos techniques d’alpinisme à plat. Identifier nos points faibles : lacunes techniques, automatismes perfectibles, mauvaises habitudes qui n’ont pas posé de problème – jusqu’ici…

Le but final ? Partager notre passion de la montagne tout en étant pleinement responsables de la sécurité de ceux qui nous accompagnent. Passer du statut d’amateur responsable de lui-même et décidant conjointement avec son partenaire de cordée, à celui d’encadrant qui prend parfois des décisions pour les autres, avec toutes les conséquences que cela implique. Ce changement de paradigme exige une précision et une rigueur d’un autre niveau.

La formation en Belgique : théorie et personnages hauts en couleur

La première phase se déroule en Belgique, avec une galerie de formateurs du CAB qui ont tous leurs histoires. Notre instructeur en orientation ? Il passe plusieurs mois par an en Antarctique. Notre formateur en premiers secours nous raconte comment il a géré de sérieuses gelures lors d’une expédition au Groenland.

Cette partie belge, c’est un mix de théorie et de pratique : météo, pitonnage, premiers secours… Mais c’est aussi l’occasion de créer du lien. David m'héberge chez lui et je l’aide à nourrir ses chèvres. J’apprends qu’Aurélie Ovalie Otarie Ophélie déteste qu’on écorche son prénom. Nous nous découvrons et nous nous rapprochons ; peut-être de futurs compagnons de cordée pour nos sorties en amateurs ?

Direction Chamonix : le grand bain

Le clou de la formation, c’est évidemment le séjour à Chamonix. Accompagnés de Simon et Damien du CAB, nous voilà sous l’œil expert du guide Pascal Strappazzon, ex-formateur à l’ENSA. Autant dire que la barre est placée haute !

Le programme est intense. Réveil aux aurores, course en montagne, retour au chalet alpin, débriefing, préparation de la sortie du lendemain, nouveau briefing, présentations données par chacun d’entre nous (pour tester notre pédagogie)… Pascal nous martèle son principe : « En montagne, on ne fait jamais “rien”. » Pas question de rester bras ballants, bouche bée devant l’efficacité du guide. Il y a toujours une action utile : boire une gorgée d’eau, ajuster son matériel, vérifier l’itinéraire…

Pascal nous le rappelle sans cesse : pour encadrer un groupe, il faut garder une réserve [...] de sang-froid, d’énergie, de compétence.

Au programme des réjouissances alpines :

• Orientation puis escalade aux Aiguillettes d’Argentière : Une mise en jambes.

• École de glace à la Mer de Glace : Piolets, crampons, techniques de progression… Nous peaufinons notre technique sur glace sous l’œil attentif de Pascal.

• Traversée des Crochues : Une mise en pratique de l’encadrement sur une course d’arête accessible, mais complète.

• Traversée des Pointes Lachenal et de l’Arête à Laurence : L’occasion de travailler l’efficacité des transitions : glacier, neige, rocher, glacier à nouveau…

• Traversée des Perrons de Vallorcine : Pour finir, alors que nous commençons à accuser un peu de fatigue, une jolie course, mais nettement plus longue que les précédentes.

Garder le niveau malgré la fatigue

Ce qui m’a frappé le plus pendant cette semaine, c’est l’intensité. Difficile de rester au top quand la fatigue s’accumule et que la vraie vie continue de nous rattraper : coups de fil professionnels, obligations personnelles qui s’invitent jusque dans nos courses… Certains s’en accommodent très bien – David, par exemple, une vraie machine – mais, pour moi, la fatigue se ressent.

Le mot de Damien

En tant que titulaire de formation pour cette session 2025, c’était un grand plaisir pour moi de participer à cette troisième édition avec des apprenants aussi motivés.

Je profite de l’occasion pour remercier toutes les personnes impliquées dans cette formation, le CAB d’abord par l’intermédiaire de Simon Lambin, chargé de mission alpinisme et initiateur alpi, ainsi qu’Eric Thille, le coordinateur du groupe de travail qui a remis cette formation sur les rails en 2023. Sans oublier bien sûr les chargés de cours en Belgique : Marc, Jean, Mathieu, Jean-Hubert et moi-même.

Et pour la partie montagne, c’était une fois encore un grand plaisir de collaborer avec Pascal, le guide et formateur unanimement apprécié, et qui va énormément nous manquer pour les sessions futures.

Pascal nous le rappelle sans cesse : pour encadrer un groupe, il faut garder une réserve. Une réserve de sangfroid, d’énergie, de compétence. Nous n’avons jamais le droit de lâcher le groupe, même quand nous sommes crevés. Ce n’est pas parce que nous avons les jambes lourdes que nous avons le droit de négliger les détails !

Un héritage précieux

Deux semaines après notre retour, Pascal Strappazzon était victime d’une crise cardiaque pendant une course en montagne. Un choc pour nous tous. Avant de partir, il nous avait transmis bien plus que des techniques : un état d’esprit. Cet œil vif et précis, cette vigilance de chaque instant, ce refus de la « petite flemme » qui peut coûter cher.

< À noter : Le prochain probatoire Initiateur Alpi aura lieu le 8 novembre 2025. Inscrivez-vous vite !

Page précédente : Selfie de groupe — Pointe Lachenal, 2025

En bas : David et Ophélie — Perrons de Vallorcine, 2025

Page suivante : Pascal Strappazzon — Perrons de Vallorcine, 2025

Ambiance montagne — Aiguillette d’Argentière 2025

Simon Lambin © 2025

Hommage à Pascal Strappazzon

Pascal Strappazzon était un guide émérite, membre de la compagnie de Saint-Gervais, et une figure historique du groupe montagne des sapeurs-pompiers de France. Il y exerçait comme instructeur avec le grade de lieutenant. Il nous a quittés ce 14 juillet, là où il était chez lui, en haute montagne, emporté par un malaise cardiaque à l’âge de 63 ans.

Il était père de trois enfants, habitait Sallanches, et était originaire du Tyrol du Sud.

« Depuis 1986, il avait fait du secours en montagne bien plus qu’un métier : une passion, une mission de service public d’une exigence absolue. Il a passé 39 années de sa vie à transmettre son savoir, à former des générations de spécialistes, à poser les bases d’une doctrine qui protège aujourd’hui tous ceux qui évoluent en montagne. » (Grégory Allione)

Il était aussi instructeur à l’ENSA, conseiller technique national, et conseiller technique pour des fabricants de matériel et d’équipement.

Pascal a travaillé comme formateur pour le Club Alpin Belge. En 2023, Marc Nootens, qui le connaissait depuis 2011 via l’institut IFREMMONT, lui avait proposé d’aider à remettre sur les rails la formation d’initiateur en alpinisme pour la partie montagne.

« Grand pédagogue, tu as permis d’améliorer sans cesse cette formation, et nous te saluons aussi pour cela. Nous perdons un formateur, un ami, mais nous garderons ton esprit et ton savoir. » (Marc Nootens)

Figure emblématique et charismatique, Pascal était apprécié par tous, élèves et formateurs, car ses décisions étaient toujours justes et dictées par le bon sens. Il était toujours attentif à la qualité et à la sécurité des formations, bien sûr, mais aussi au bien-être de tout le monde.

Durant les stages de cette formation Init Alpi, on a pu apprécier la chance et l’honneur de collaborer avec lui. Il s’adressait à nous, les formateurs, d’égal à égal, ce qui était très gratifiant pour nous, même si on savait très bien que sa science et sa technique de l’alpinisme étaient inégalables.

Pour terminer, reprenons une de ses phrases favorites : « Je t’aurais bien confié ma belle-mère. »

Repose en paix, Pascal. Tu vas nous manquer.

LES FORMATEURS MONTAGNE INIT ALPI (MARC, SIMON ET DAMIEN)

Expédition Boudin

Par où commencer ? Peut-être par préciser que « Boudin » ne qualifie pas notre expédition, mais désigne un hameau dans la commune de Beaufort. Et si nous avons baptisé l’expédition « Opération Boudin », et bien, c’est la faute de Dorian et de son message vocal : « On vient d’avoir Alex au téléphone et on confirme l’objectif Boudin, opération Bouuuudin ».

Ensuite, laissez-moi vous expliquer d’où vient cette expédition. Depuis quelques années, j’arpente les montagnes avec l’envie de découvrir de nouveaux horizons et d’évoluer dans toutes les disciplines qu’elles offrent. Pas d’objectif majeur en tête. Ce que je cherche avant tout, ce sont des sorties avec les copains et de beaux paysages, tout en essayant de créer des récits photo pour chaque sortie.

Mais une envie me trotte dans la tête depuis maintenant quelques années : celle d’une immersion plus complète,

Superbe vue sur la Pierra Menta, sa face célèbre pour cette forme bien reconnaissable. On ne dirait pas comme ça, mais on passait dans du raide avec de la neige encore bien gelée. Les nuages ont fait leur apparition et bloquent le dégel qu’on espérait.

une expé en autonomie totale. Pas forcément tout de suite à l’autre bout du monde, mais une aventure impliquant de la logistique, des préparations, du collectif, des imprévus. Une manière d’évoluer aussi dans le récit photo, et de me lancer dans le film (dans ce domaine, il y a encore du chemin à faire). Une expé dans nos Alpes, parce que je suis sûr qu’il y a encore de beaux endroits bien reculés à découvrir.

L’été dernier, j’ai rencontré Damien lors de la formation Initiateur Alpi du CAB. Lui, des expés, il en a déjà quelques-unes à son actif : snowkite au Svalbard, traversée de chaînes de montagnes en Géorgie en ski et pulka, et j’en passe. Son groupe d’amis n’est plus reparti depuis la dernière expé, écourtée pour cause de Covid.

On en parle, et je sens que ça le tente bien de dépoussiérer les pulkas. Il me propose une « expé test » avant de se lancer dans quelque chose de plus grand. Il faut connaître ses partenaires : en situation de stress, on peut réagir très différemment.

En quelques messages, le projet prend forme. Le groupe sera composé de Damien, Dorian, Simon, Mehdi et moi.

L’idée : trouver une vallée bien paumée, y monter un camp de base, et explorer les sommets alentour en ski de rando ou splitboard. L’autonomie, l’isolement, la rusticité…

L’idée : trouver une vallée bien paumée, y monter un camp de base, et explorer les sommets alentour en ski de rando ou splitboard.

Mais rapidement, la réalité rattrape le rêve : la neige se fait rare en ce début 2025, et les options fondent à vue d’œil. On explore plusieurs plans, on scrute les bulletins météo, et finalement, on se décide pour le Beaufortain, avec comme point de départ le fameux parking de Boudin.

Le 22 mars, on se met en route, chargés comme des mules. L’objectif : atteindre les hauts plateaux sous la Pierra Menta, emblème mythique du ski alpinisme de ce beau massif.

Nos pulkas débordent, surtout côté provisions : j’arrive tout droit d’Italie avec des sacs pleins de charcuteries, fromages, antipasti… C’est une expé, mais version slow food (label de qualité italien).

Bon, on les aura bien mérités, nos repas de luxe : il y a une sérieuse distance à parcourir avec tout ce poids. Après plusieurs heures de tirage, la pente se redresse, les pulkas grincent, et l’enthousiasme initial se heurte à la gravité. On doit s’arrêter 300 mètres sous notre objectif. Sans pulka, c’est 40 minutes seulement. Avec, on y passerait la journée. Et en plus, on entre dans un terrain avalancheux. Pas le moment de forcer.

On laisse le matériel et on monte en reconnaissance. Le panorama est superbe, promesse de belles lignes pour les jours à venir si la météo le permet. On pique-nique en observant ce terrain de jeu, puis on monte un peu plus haut, histoire de gagner quelques centaines de mètres et de sentir la qualité de la neige selon les orientations et altitudes. Les nuages, accompagnés de quelques flocons, nous rattrapent vite, et on retire les peaux pour se mettre en mode descente.

De retour en vallée, ce n’est plus de la neige, mais une pluie fine qui s’invite. Monter un camp à cette altitude serait un pari risqué : trop bas pour une neige froide qui tienne avec les températures qu’on prévoit, trop haut pour trouver un endroit sec. Bref, on risquerait la piscine chaque après-midi dans cette cuvette. On avise, et on trouve refuge dans une étable. Prévue pour une nuit… elle deviendra notre base pour toute la semaine.

On remercie au passage le propriétaire, qui, en échange de l’hébergement, aura retrouvé son étable nickel. Finalement, ce repli a des allures de bénédiction. Chaque matin, réveil dans le calme et petit déjeuner devant l’étable. Hasard ou pas, on y a trouvé six troncs d’arbre qui nous serviront de chaises et de tables. Juste ce qu’il nous fallait.

De haut en bas : Grand départ, frais et plein d’énergie.

L’arrivée dans notre étable. On rentre les pulkas et on organise le camp.

Au menu : gnocchi frais, pesto et petit pois, mais aussi beaucoup de fous rires. Sans doute la dixième fois qu’ils essaient de ne pas se tromper sur la prononciation de gnocchi (prononcez « nioki » et non, on ne dit pas « gnotchi »).

De haut : Approche sous la face nord-ouest. L’ambiance est dingue.

En bas : Pour ceux qui se demandent à quoi ressemble notre logis. Là, c’était le moment où Damien avait encore de l’air dans son Therm-a-Rest. C’est bien la garantie à vie, mais si ça ne permet même pas une expé sans fuites, c’est pas dingue.

En haut : La vue depuis notre étable, les hauts plateaux qu’on voulait rejoindre sont juste au-dessus de la limite des arbres.

Ci-contre : Une des seules photos où j’apparais [reflet] ; on comprend le surnom de « poussin » dont j’ai hérité à la première sortie de cette expé.

Passage à gué avant d’arriver sur les hauts plateaux. Toujours sympa de jouer avec les inversions ou reflets.

Ardennes & Alpes — n°225

Ci-dessus : La neige a bien fondu en une semaine, donc les derniers kilomètres doivent se faire en portant la pulka. Ce n’est pas une partie de plaisir. Je laisse mon matériel de côté et me mets en mode trail pour aller chercher la voiture afin de ne pas y passer la soirée.

Ci-contre : L’avant-dernière journée. Elle régale niveau ambiance et glisse.

Après avoir savouré un petit café, ou deux, car mes portions italiennes ne suffisent pas, on part pour 40 minutes d’échauffement jusqu’au haut plateau. Première partie raide dans une pente ou en zigzag entre les arbres suivie d’un petit passage à gué. De là, chaque jour, on part dans une direction légèrement différente. Des combes, des pentes douces, d’autres plus raides, des variantes à l’infini. On choisit selon la météo, l’humeur et l’énergie. Et quand les nuages montent, on redescend. Un bon café ou l’apéro selon l’heure. C’est simple, c’est bon.

La météo nous a finalement épargnés la plupart du temps. Alors que les bulletins annonçaient pas mal de pluie, on a eu droit à de belles fenêtres de soleil. On voyait les nuages sur les sommets voisins, ou même les grosses averses plus bas. Mais dans notre étable, en fond de vallée, on était bien.

Ceci dit, les températures montent. Et le risque d’avalanches de printemps augmente. On se réveille un matin avec vue sur une grosse coulée juste dans notre pente d’approche. Elle a dû partir dans la nuit, on n’a rien entendu. Ça ne rassure pas le groupe.

Je suis peut-être un peu trop confiant, mais j’ai aussi un peu plus l’habitude des sorties printanières depuis que je vis à Turin. Ça ne m’inquiète pas plus que ça, mais, quoi qu’il en soit, on ne tentera pas le diable. Si la

chaleur augmente, il faudra descendre plus tôt que les jours précédents.

On décide de faire une dernière sortie et de dormir en bivouac un peu plus haut. Deux jours pour finir en beauté avec Damien et Dorian, après avoir salué Mehdi et Simon qui devaient rentrer plus tôt.

On avait encore quelques jours en réserve, mais la météo s’annonce vraiment mauvaise, et rentrer sous l’orage n’inspire personne.

Pour la dernière, on se réveille de bonne heure. Grosse journée de prévue : on monte au col du Bresson avec une superbe vue sur la Pierra Menta. On voulait enchaîner avec la montée sur la Pointe de Presset, mais ce ne sera pas sous le grand ciel bleu annoncé que l’on y arrivera. Les nuages nous rattrapent et la neige ne fond pas et, sans vue et sur une neige gelée, ça n’en vaut pas la peine. On abordera la dernière descente dans un gros nuage et sous la neige. Heureusement, pour le retour au parking, on retrouve une éclaircie.

On aurait pu rêver mieux pour clore cette aventure, mais on est satisfaits. Au final, ce sont les fous rires, cette sensation de petit picotement sur les joues d’avoir passé une journée active en montage et ce superbe décor que l’on retiendra.

Sous l’imposante face nord-ouest de la Pierra Menta, avec vue sur le toit de l’Europe à quelques sommets de là, on aura passé une belle semaine dans notre étable. Rustique, imprévu, mais exactement ce qu’il nous fallait.

À refaire ? Oui, certainement. J’aurais envie de plus : un peu plus loin, un peu plus engagé, un peu plus spécial, sûrement. Mais au fond, le plus important, c’est juste de transformer les envies en actions, et d’en profiter pleinement.

On ne tentera pas le diable. Si la chaleur augmente, il faudra descendre plus tôt que les jours précédents.
ALEXANDRE DE BIE

partenaire du Club Alpin Belge

J’ai emmené l’EDELRID OHMEGA en falaise…

Et voici ce qui m’a surprise

Témoignage d’une grimpeuse passionnée & ambassadrice EDELRID

L’athlète EDELRID Tommy Caldwell a déjà testé l’assistant d’assurage, et il a été convaincu : « L’OHMEGA est l’un des produits les plus ingénieux qui aient été mis sur le marché depuis longtemps. Il réduit aussi bien la traction de la corde pendant l’ascension que la charge due aux différences de poids dans une cordée. L’appareil en soi pèse à peine plus qu’une dégaine classique. J’ai vu beaucoup d’accidents qui auraient pu être évités grâce à l’OHMEGA. Il suffit de l’essayer une fois pour constater à quel point il est facile à utiliser. Je ne serais pas surpris que l’OHMEGA devienne un incontournable dans la communauté des grimpeurs ».

Après de nombreuses années de pratique, on ne croit plus trop aux nouveautés. Un mousqueton reste un mousqueton, un dispositif d’assurage reste un dispositif d’assurage. Jusqu’au jour où… ça change.

J’ai récemment testé l’EDELRID OHMEGA à l’occasion de plusieurs sessions. Au départ, j’étais sceptique : est-ce vraiment nécessaire d’ajouter un nouvel accessoire ? Étonnamment, il s’est révélé être bien plus utile que je ne l’aurais cru.

J’ai déjà assuré des partenaires nettement plus lourds que moi, et c’est toujours un exercice d’équilibriste : soit je m’ancre au sol comme un rocher, soit je m’attends à décoller à la moindre chute. L’OHMEGA a complètement changé cette dynamique !

Mes premières impressions : discret, mais malin

Ce qui m’a tout d’abord frappée, c’est sa légèreté. Avec ses 190 grammes, il se fait presque oublier. Qu’il soit accroché au baudrier ou rangé dans le sac, il se confond avec une dégaine.

Mais la véritable différence, c’est lorsqu’on commence à l’utiliser.

L’OHMEGA est équipé d’une sangle intégrée en HMPE qui permet de passer facilement d’un niveau de freinage à l’autre, en ajustant simplement la répartition du poids avec la main. La poulie intégrée réduit considérablement la friction sur le premier point par rapport à une dégaine classique. Résultat : on sent à peine l’appareil en grimpant ou en clippant, même sur les voies longues et exigeantes.

À première vue, il n’y a rien d’impressionnant. Mais, une fois encordé et prêt à assurer, on comprend vite l’ingéniosité du système.

En action : donner du mou, chutes et assurages dynamiques

J’ai testé le dispositif en salle et en extérieur sur une voie sportive bien raide, où le tirage de corde est habituellement pénible. L’ajout d’une poulie au niveau du premier point a fait une vraie différence.

La corde glissait plus facilement qu’avec une dégaine classique, sans ce petit à-coup désagréable qu’on ressent parfois quand on donne du mou rapidement.

C’est lorsque mon partenaire a pris une belle chute en dévers que j’ai vraiment pu évaluer les capacités de l’OHMEGA. D’habitude, je me serais envolée. Mais cette fois, grâce au dispositif, j’ai pu rester au sol. L’appareil ne s’est pas « bloqué », contrairement à d’autres systèmes, mais il a fourni la résistance adéquate pour me permettre d’absorber la chute sans effort. La réception était douce, dynamique et contrôlée.

Même lors d’une chute plus basse — lorsqu’on risque de percuter son partenaire ou de s’approcher dangereusement du sol — l’OHMEGA ajoute un confort supplémentaire. Son freinage modéré adoucit la réception sans jamais réduire le contrôle exercé par l’assureur.

Pas seulement pour les experts

Pas besoin d’être un expert en matériel pour l’utiliser. Sa manipulation est intuitive : régler le niveau de freinage ne prend que quelques secondes, il n’y a pas de phase d’apprentissage complexe.

Cette petite marge de sécurité supplémentaire est également idéale pour les grimpeurs moins expérimentés, en particulier en salle, où l’on est souvent encore en phase d’apprentissage.

L’OHMEGA D’EDELRID : repenser l’assurage

Un assistant d’assurage innovant pour les niveaux pro, avancé et débutant.

L’OHMEGA d’EDELRID est un assistant d’assurage polyvalent qui ouvre une toute nouvelle dimension en matière de sécurité et de confort, tant pour la personne qui grimpe que pour celle qui assure. Il compense la différence de poids d’une cordée avec trois niveaux de freinage et, grâce à sa poulie intégrée, il réduit le frottement au premier relais intermédiaire. Compact et pesant à peine 190 g, l’OHMEGA d’EDELRID se fait quasiment oublier, aussi bien dans le sac à dos que pendant l’escalade et l’assurage — jusqu’à ce que l’on en ait besoin.

L’OHMEGA est conçu pour une utilisation en salle, sur le rocher et en escalade sportive alpine (en corde à simple). Que ce soit en 5a ou en 9 b, cet assistant d’assurage facilite la vie à la verticale des grimpeurs de niveau débutant, confirmé ou professionnel, ainsi que des cordées avec ou sans différence de poids.

Mon verdict

En testant l’OHMEGA, je ne m’attendais pas à ce qu’il finisse par avoir une place permanente sur mon baudrier. Et pourtant, après quelques séances, surtout en assurant des partenaires plus lourds sur des voies raides, j’ai commencé à me demander comment je faisais avant.

Ce n’est pas un gadget spectaculaire et il ne prétend pas faire l’assurage à votre place. En revanche, il résout subtilement une myriade de petits inconvénients familiers aux grimpeurs aguerris : tirage de corde, différence de poids, réceptions sèches ou chutes maladroites. C’est le genre d’innovation qui fait penser : « Mais pourquoi ça n’existait pas avant ? »

Aujourd’hui, j’utilise l’OHMEGA même si la différence de poids est minime, tout simplement parce qu’il rend l’escalade plus sûre et plus confortable. Il m’accompagne presque à chaque sortie.

Des rêves partagés, une communauté en marche

Retour sur le rassemblement estival de la Belgian Mountaineering Community

MATTHIEU TAYMANS

Le camp de base, Ixelles, 20 h, voilà où avait lieu notre premier rendez-vous. Nous arrivons tous au compte-goutte, scrutant dans l’atmosphère remplie de magnésie la tête de chacun pour déceler le trait qui ferait d’elle ou de lui un alpiniste.

Le groupe se constitue et, après quelques péripéties, nous décidons de nous réunir dans la rue, profitant des premières belles soirées de printemps. Chacun présente son expérience et ses projets. « Je rêve de l’aiguille de Bionassay » dit l’un tandis que d’autres parlent de belles falaises de granite ou de bivouac à 4000 m. L’ambiance est décontractée et rapidement les cordées existantes échangent entre elles, tandis que d’autres se forment autour de nos rêves communs de montagne. La soirée est bien avancée quand nous rentrons chacun chez nous avec une date en tête, le 21 juin, date où nous nous retrouverons tous à Chamonix pour réaliser ces multiples projets. C’est maintenant l’heure de la préparation.

Matthieu Taymans © 2025
Ça y est c’est le jour J. […]
Certains partent le soir même pour s’attaquer directement à la liste des 4000.

Les semaines qui suivent font place à de multiples coups de téléphone, les dernières acquisitions et la préparation des courses. L’enthousiasme est palpable et les projets se peaufinent.

Ça y est c’est le jour J. Nous avons tous rendez-vous au camping des deux glaciers aux Houches pour inaugurer ce rassemblement de la Belgian Mountaineering Community. Les logements s’installent et les cordées préparent déjà leurs premières courses. Il est prévu que chaque cordée soit autonome et que chacune suive son propre programme. Les retrouvailles sont donc d’assez courte durée, car la montagne n’attend pas. Certains partent le soir même pour s’attaquer directement à la liste des 4000 qu’ils ont prévue pour cette semaine.

C’est l’effervescence dans le camping et la météo plus que propice augure de belles aventures.

La semaine est lancée et un groupe WhatsApp nous relie et permet de s’assurer de la sécurité de tous. Certains partent vers les perrons de Vallorcines pour essayer de récupérer une carte SIM tombée avec son téléphone du

Jonathan
Delchambre © 2025
Sébastien Mercx
2025
Matthieu Taymans © 2025
Glacier d’Argentière — France, juin 2025
Marie Verkaeren © 2025
Ardennes & Alpes —
Pendant ce temps, d’autres sont en train de s’échiner sur l’arrête
Mettrier du Dôme des Miages et l’aiguille de Bionnassay.

haut d’une voie et parviennent à retrouver ce fin Graal. Morts de rire, ils enchainent ensuite la voie du même nom sur l’aiguille du Génépi.

Pendant ce temps d’autres sont en train de s’échiner sur l’arrête Mettrier du Dôme des Miages et l’aiguille de Bionnassay. Il en a fallu de peu pour qu’on s’inquiète vraiment, voyant la durée de leur course, mais tout le monde est redescendu sain et sauf après une petite nuit improvisée au nid d’aigle.

Les magnifiques parois de granite du massif ont aussi invité les adeptes du bon rocher à se lancer dans des voies, telles que la voie Acqua Concert de l’aiguille du Van, la voie Bettembourg de droite de l’aiguille du refuge ou encore la voie Contamine de la pointe Lachenal.

Enfin, entre réveils matinaux et bivouac insolite, une petite équipe de quatre joyeux lurons enchainent de superbes moments entre ciel et terre, notamment sur les aiguilles du diable avec un bivouac 5 étoiles au sommet du Tacul. C’est vrai qu’ils avaient prévu d’enchainer sur le Mont-Blanc pour redescendre sur Durier via Bionassay, mais la fatigue et l’appel d’une bonne pitance ont eu raison de cet excès d’ambition. L’équipe satisfaite de sa semaine s’en est donc redescendue vers des terres plus basses.

Chaque cordée, à son rythme et suivant son programme, a exploré les recoins majestueux de ce massif qui en recèle des milliers. Pas après pas, ils ont gravi et des-

1. Sébastien Mercx et Quentin Méeus — Aiguilles du diable

2. Thomas Colin et Marie Verkaeren — Bassin d’argentière

3. Quentin Méeus — Voie contamine Pointe Lachenal

4. Col de Rochefort

5. Jonathan Moest — Aiguille de Bionassay

7. Sébastien Mercx, Simon Lambin, Quentin Méeus et Matthieu Taymans — Mont Blanc du Tacul

8. Quentin Méeus — Voie contamine Pointe Lachenal

9. Matthieu Taymans Quentin Méeus et Sébasten Mercx — Mont Blanc du Tacul

6. Simon Lambin, Matthieu Taymans Quentin Méeus et Sébasten Mercx — Mont Blanc du Tacul

cendu des glaciers, des faces de granite verticales, des couloirs de neige et de glace pour trouver un émerveillement qu’on ne trouve que là-haut, vivre des aventures uniques et tisser des liens aussi solides que la corde qui les a reliés.

De retour à Chamonix alors que la semaine se termine, les cafés se remplissent d’histoires insolites et les cordées reprennent des forces autour d’une bonne bière et d’un repas bien mérité. Les retrouvailles sont chaleureuses, les anecdotes fusent et tout le monde, les yeux rivés vers les cimes ne pense qu’à y retourner. Vivement l’année prochaine pour certains et bonnes aventures pour d'autres. Remplis d’amitiés nouvelles et de souvenirs pleins les yeux et plein le cœur, chacun retourne à son quotidien. Comblé, grandi et porté par la force de la montagne et cette passion qui nous relie.

Simon Lambin

Cap sur Flatanger

Changer d’approche, de la voile à la pédale

PABLO RECOURT
Nolwen Berthier © 2025

Avez-vous l’appel du lointain ?

Découvrir de nouveaux territoires, cultures, climats. Partir là où c’est tellement différent qu’on s’y sent tout petit, tel un enfant qui découvre la mer pour la première fois. Le dépaysement. Depuis plusieurs années, je m’applique à montrer qu’il n’y a pas besoin d’aller loin pour voyager. Se détacher de cette idée reçue que le voyage a un goût de plage azurée ou de sommet sherpaïsé accessible à coups de kérosène ailé, idéal vendu par un capitalisme obsolète.

J’ai sillonné les falaises de France et d’Espagne à coup de pédales et découvert des merveilles au bout de mon jardin.

J’ai été dépaysé au-delà de ce que j’aurais pu espérer.

Partie 1 — Naviguer

L’eau salée lèche mes orteils au rythme du clapotis contre la coque de Coloratura. Je suis assis sur le pont, jambes pendantes par-dessus de bord, à profiter de la lumière dorée de fin de journée. À travers l’eau cristalline, je peux apercevoir l’ancre qui nous retiendra pour la nuit aux abords d’une petite île des Glénan. Je viens de passer une semaine sur le bateau de Stan et Emka, des amis navigateur·ices qui viennent d’acquérir leur navire, un joli RM de 40 pieds. Ce bateau, c’est une porte vers plein de nouvelles aventures. Stan, vidéaste et ancien skipper de course au large, souhaite se reconnecter au sens premier du voilier : se déplacer à travers les océans à la force du vent. Emka, violoniste et biologiste marine, souhaite continuer à voyager et explorer le monde. Au détour d’une conversation, j’apprends qu’un de leurs prochains projets serait d’aller faire du ski/snowboard au cap Nord. Tiens, Flatanger c’est sur la route vers le Grand Nord non ? Je sème une graine.

Et pourtant. Je dois vous avouer que je ne suis pas insensible à l’attrait de ces destinations mythiques situées de l’autre côté des mers et océans. Le Yosemite, la Patagonie, Flatanger. Je suis aussi victime des charmes d’Instagram qui donnent l’impression que ces merveilles sont à portée de doigt. Ces histoires qui donnent envie de toujours plus beau, plus loin, plus unique, et de compléter sa collection de destinations visitées. Difficile d’y échapper.

La Norvège. J’ai toujours été attiré par la beauté des fjords, là où la montagne rencontre l’océan, les immenses étendues, les paysages sauvages – ou en tout cas l’idée que je m’en faisais. Il y réside une grotte, Flatanger, qui attire la communauté grimpante de manière intensive et internationale. Faute (en partie) aux assauts des Youtubeurs qui prêchent ce petit coin de paradis. Sauf que la Norvège, c’est loin et isolé. La plupart des grimpeur·euses s’y rendent en avion et y louent une jolie voiture électrique pour deux semaines. Un mode de consommation des falaises qui fait de moins en moins sens selon moi.

Personnellement, je suis tiraillé entre l’envie de vivre ces récits de voyage dans lesquels nous avons grandi et la prise de conscience qu’ils ne peuvent plus s’inscrire dans le monde de demain – un monde plus sobre et conscient des limites planétaires et humaines. Face à ce dilemme, il y a deux façons d’agir : le déni, ou l’évolution. Je préfère explorer la deuxième option. Je vois l’escalade comme un grand jeu, et changer d’approche est une très chouette manière de réinventer les règles et de vivre de belles aventures. Je vous invite à embarquer à bord de la dernière, cap sur Flatanger !

Un an plus tard, fin mars 2025, je suis dans la cage d’ascenseur d’un grand supermarché dunkerquois, coincé entre le mur et nos trois caddies débordant de provisions. En face de moi, écrabouillée contre l’autre mur, Nono, aka Nolwen Berthier, me regarde en se réjouissant face à la montagne de vivres que l’on compte ingurgiter durant le prochain mois – et plus spécifiquement l’éventail de 40 plaquettes de chocolat qui trônent fièrement

À gauche : Ça prend du temps de prendre le temps — Mer du Nord

À droite : Itinéraire aller à la voile (en bleu) & Itinéraire retour à vélo (en vert)

au sommet de la pile. On ne se connait pas beaucoup avec Nolwen, on s’est juste croisés quelques fois dans des soirées obscures de grimpeur·euses auparavant. Grimpeuse française de haut niveau, j’aime aussi beaucoup son travail d’activisme écologiste. Quand j’ai commencé à chercher quelqu’un·e pour intégrer le projet, je l’avais aussitôt interpellée sur Instagram : « Salut Nolwen, ça te dirait de partir en Norvège à la voile avec moi ? On part début avril et on a un bateau. À bientôt j’espère. »

Après trois jours de préparation amarrés au port de Dunkerque, nous voilà prêts à larguer les amarres. Les cales sont remplies de vivres, de 2 paires de skis, d’un vélo

(Mais pourquoi donc ? L’histoire nous le dira peut-être, le suspense est à son comble), de cordes de grimpe, d’instruments de musique, et de matos vidéo. Nous sommes cinq à partir pour cette grande aventure nordique. Simon, vidéaste et photographe animalier, est le dernier pirate à avoir rejoint l’équipage. Nolwen et moi sommes les seuls à ne pas avoir d’expérience de traversée en pleine mer – voyez-vous, notre terrain de jeu est plus solide, tel du rocher. Mais la perspective de vivre à cinq sur 10 m² durant 15 jours, entourés d’un bleu infesté de dauphins et d’orques, nous réjouit. Nous avons tout à apprendre, et avec les bonnes personnes. Hissez la grand-voile ! Partir loin, dans une démarche de ralentir et de moins consommer, c’est accepter que ça prend du temps. Et prendre le temps, c’est laisser énormément de place à des petites choses auxquelles on n’accorde pas assez d’importance et qui sont pourtant source de plaisir immédiat. Rêvasser en regardant l’Océan, se perdre dans une conversation passionnante, cuisiner avec amour, dormir beaucoup, observer les oiseaux, jouer de la musique. Vivre au rythme de la météo et des éléments aussi. Littéralement, dépendre des éléments. Car ici, sur notre maison flottante, tout découle du vent. Les paysages qui changent, le confort qui tangue, la tension qui monte au sein de l’équipage lorsque la mer est forte, les séances de TRX si ça ne gîte pas trop, et surtout notre itinéraire. Ici, c’est le vent qui règne. Quelle incroyable sensation d’être dirigé par une chose si simple, loin de toute construction sociétale. Respiration.

Après avoir bu les explications de nos capitaines, je remercie monsieur l’anticyclone de nous emporter avec lui. En son cœur, une zone de dévent proposant une palette de mer d’huile sans vaguelettes, pétole à éviter. Mais autour, tournoyant dans le sens horaire, le vent nous offre un courant dans lequel s’engouffrer presque directement jusqu’à la Norvège. Nous ferons juste une petite escale aux îles Shetland, attirés par les rumeurs d’orques et de Fish & chips croustillants. Le temps passe vite lentement sur le bateau. Il n’y a pas grand-chose à faire, mais prendre le temps prend vite du temps. Les nuits criblées de quarts – on se relaie toutes les heures pour veiller sur le bateau lorsque les autres dorment –ressemblent aux journées remplies de siestes. Rien ne change vraiment, sauf le bleu de l’Océan en fonction de la lumière, ce qui fait toute la différence. P’tit dej, lunch, goûter, apéro, repas du soir, snack de nuit. Séance de muscu, session musicale, bouquin, écriture, tenir la barre. Ou dans un autre ordre, ça n’a pas vraiment d’importance. Vivre ici se résume à faire avancer le voilier, partager avec son équipage et répondre à ses différents besoins. C’est assez facile d’être heureux au final. Petit à petit, les stations pétrolières postapocalyptiques de la mer du Nord laissent place aux fermes à saumons, les cargos gigantesques aux oiseaux marins. On croise de moins en moins de bateaux, et la nature respire. Terre en vue ! Que dis-je : montagne en vue ! Après neuf jours en mer, la voilà dans toute sa beauté. La Norvège. Sommets enneigés tendant les bras directement aux failles océaniques, le tout coordonné par un labyrinthe de fjords. Ces lieux sont si peu accessibles qu’ils respirent le sauvage. Durant encore cinq jours, on joue alors à cache-cache avec le vent, sortant la grande voile lorsqu’il est clément, trouvant refuge dans les terres lorsqu’il l’est moins. Un matin, nous sommes tous sur le pont, l’excitation est palpable. Alors qu’on ne se lasse pas de longer cette côte féérique, la fin de la traversée approche. Et, tout d’un coup, telle une géante veillant sur la mer, elle apparaît. La grotte de Flatanger.

Partie 2 — Grimper

Il est temps de vous dire la vérité. Cette grotte s’appelle en réalité Hanshelleren Cave. Flatanger, ce n’est pas le nom du lieu, ni même du village d’à côté (qui n’existe pas), mais de la commune tout entière. Une région de granite parfait, de petits villages de pêcheurs, et de grands espaces sauvages. Les gens se déplacent plus en bateau qu’en voiture, au vu de l’océan qui s’immisce loin dans les terres, créant un vaste paysage de lacs salés. Lorsque je débarque dans la grotte, je suis estomaqué par son immensité. Je l’ai vue grandir, pourtant. D’abord en longeant la côte, puis en m’approchant pas à pas à travers la forêt. C’est une véritable cathédrale de granite, si haute qu’on a du mal à en comprendre la 3D. Il suffit de se déplacer d’une dizaine de mètres en dessous de ce plafond pour être complètement désorienté. La grotte vous surplombe, elle vous dépasse. Le rocher est d’une qualité rare, sculpté avec une telle finesse qu’elle donne des noms de voies comme Nordic Flower. Et je vous passe la description de la vue sur l’Océan, juste indescriptible. Pas étonnant que le lieu attire une population internationale de grimpeur·euses. Qui n’a pas envie de faire son premier 8a dans des bacs qui penchent sur l’Océan ? Lorsqu’on commence à y grimper avec Nolwen, on est aussi émerveillés. Mais très vite, le revers de la médaille apparaît. Les voies débordent de magnésie, peu brossées. Les sols sont morts, piétinés. Les déchets jonchent le sol, abandonnés par la faune grimpante. On a même retrouvé des tampons dans les prises pour absorber l’humidité ! On est les premier·es grimpeur·euses de la

Lorsque je débarque dans la grotte, je suis estomaqué par son immensité.
Je l’ai vue grandir, pourtant.
Simon Maurissen © 2025
Hanshelleren Cave — Flatanger, Norvège

saison, et pourtant, ça sent encore la surfréquentation de l’été dernier. En discutant avec les gens du coin, on comprend que la plupart des grimpeur·euses ici ne font que l’aller-retour entre le camping et la falaise, c’est-àdire 30 min d’approche, sans trop prendre conscience de l’environnement ni de la région autour. J’ai l’impression que cette destination ultramédiatisée attire beaucoup de néo-grimpeur·euses débarquant des salles indoor sans avoir les bons réflexes pour préserver un site. Faut-il leur en vouloir ? Je préfère penser qu’il faut plutôt les sensibiliser et éduquer chacun à limiter son impact. Et pour ça, il faut en parler.

Observer des élans, essayer de pêcher, admirer les aurores boréales, regarder la neige qui tombe parfois. Grimper.

Avec Nolwen, dans cette même optique de changer d’approche, on aime réfléchir à l’escalade qu’on aimerait voir demain. Je ne pense pas que l’explosion démographique des grimpeur·euses soit le véritable problème pour les sites naturels. Par contre, une concentration de cette population sur une poignée de falaises et un manque d’éducation quant aux bons gestes est le nœud du problème. Des rochers, il y en a assez pour tout le monde et ils peuvent très bien évoluer si tout le monde en prend soin. En se rendant aux falaises autrement, plus lentement, on prend profondément conscience d’un lieu. D’où on est sur une carte, des territoires qu’on traverse pour y arriver, de la faune et de la flore qui y vit, de son authenticité, de ses fragilités. On s’y connecte, on y voit ses merveilles, on a envie de les préserver. Et aussi, on prend conscience de tout ce qu’il y a autour. Et ce qu’il y a autour, c’est souvent tout aussi bien, si pas mieux.

Après avoir été déposés par Stan et Emka, qui repartent aussitôt pour le cap Nord, on passe trois semaines sur place à explorer la grotte et ses alentours. La région regorge de petits sites tout aussi grandioses que la cathédrale, à la différence près qu’il n’y a personne. Le temps passe sans trop prévenir. Observer des élans, essayer de pêcher, admirer les aurores boréales, regarder la neige qui tombe parfois. Grimper. Il y a une infinité de rochers de haute qualité, on pourrait y grimper une éternité. On se rend compte que les locaux font principalement du bloc ici, ça regorge de pépites cachées. Vingsand, Glasøyfjellet, Seawall. Il y a de tout pour tout le monde. Spotlight sur l’Autour.

Nolwen sur le beau granite norvégien — Flatanger, Norvège

Simon Maurissen © 2025

Il est temps de rentrer. C’est marrant comme on s’habitue. Le climat différent, les paysages sauvages, le calme. On explore la région, on prend ses marques, on s’y sent bien. Comme à la maison. Et pourtant, c’est un lieu bien loin de notre réalité et des gens qu’on aime. Alors, finalement, au bout d’un temps, on a envie de rentrer. C’est ainsi que se clôture le deuxième chapitre du voyage. Mais l’aventure n’est pas finie, car il reste le retour. Pour moi, c’est une partie à part entière du projet. Alors que Nolwen rentre en train, je compte traverser la Scandinavie à vélo ! 3500 km à travers les fjords et les forêts, rouler à l’infini et me remplir les yeux de beauté. Je suis un poil limité par le temps, donc je fais le pari de rentrer en mode ultradistance, c’est-à-dire rouler beaucoup et très léger. Je me donne 15 jours pour rentrer en Belgique, en passant le plus possible par les voies terrestres : Norvège, Suède, Danemark, Allemagne. Après avoir envoyé mes affaires par la poste, il ne me reste plus que 18 kg de matériel, vélo compris. Premier coup de pédale sous la pluie avec Nono qui sourit dans mon dos. Au revoir, Nolwen, merci, on se recroise en teuf un jour ? Quelle étrange sensation de quitter un lieu en sachant qu’on n’y reviendra probablement jamais, et d’aller vers l’inconnu, droit devant, sans se retourner.

On explore la région, on prend ses marques, on s’y sent bien. Comme à la maison. Et pourtant, c’est un lieu bien loin de notre réalité et des gens qu’on aime. Alors, finalement, au bout d’un temps, on a envie de rentrer.

Partie 3 — Rouler

Les premiers jours sont durs. Le vent océanique me tire en arrière et la pluie qui martèle mon visage est glaciale. Faire du vélo début printemps en Norvège, c’était risqué. Je longe la côte jusqu’à Bergen, passant d’un fjord à l’autre. Je mange du dénivelé matin, midi et soir. J’ai simplement un sac de couchage et un matelas. Je dors où je peux, comme je peux. Une gare abandonnée, un abri pour bateau, une cabane de jardin. Je porte seulement la nourriture dont j’ai besoin jusqu’au prochain ravitaillement, c’est-à-dire tous les 50 km environ. Il fait froid, le style de froid qui t’empêche de t’arrêter au risque de tomber en hypothermie. Clairement, ça ressemble à de la survie. Et pourtant, je reste émerveillé. À chaque col, chaque détour de virage, je découvre un paysage grandiose. Tout est singulier et imprévisible. J’ai juste envie

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d’avancer et de me nourrir de cette beauté, encore et encore. Rouler, rouler, rouler. Et, petit à petit, je perds en latitude. La température remonte, le climat change. Je passe de l’hiver, au printemps, à l’été. Il y a de plus en plus de fleurs, de plus en plus d’insectes. C’est complètement fou de faire assez de distance quotidiennement pour voir les paysages se réchauffer.

Au bout de six jours, j’arrive à Bergen. Je suis épuisé. J’ai peu dormi les nuits précédentes, juste assez pour trouver un peu d’énergie, mais pas assez pour récupérer. Mon corps accumule. Et le plus dur est devant : la traversée de Bergen à Oslo. 500 km à travers les montagnes norvégiennes. J’ai peur de me retrouver dans le froid là-haut. Alors, je tente le coup de poker : faire la traversée en one push. Si je le fais d’une traite, je ne dois pas m’arrêter, donc j’évite le froid. Bingo. C’est plus ou moins ce qu’il se passe dans ma tête à ce moment-là, vous imaginez bien que je n’étais pas entièrement lucide. Après 24 h de repos à Bergen, je reprends la route cap vers l’est. Je me sens étonnamment bien. C’est fou comme mon corps s’est vite adapté à la charge physique. 230 km et 2 500 D+ plus loin, je me retrouve au milieu d’immenses plateaux d’altitude. Je suis seul dans le blanc. Le soleil commence à peine à dorer ses rayons, la nuit est encore loin à ces latitudes. J’ai le vent dans le dos et j’avance vite dans cette immensité. Cette immensité blanche. Je me sens tout à coup si petit, vulnérable face à cette puissante beauté. Je suis ému. À peine les premières larmes formées qu’elles se transforment en sanglots. Je craque.

Simon Maurissen © 2025
On me demande souvent si j’ai des moments de solitude quand je voyage seul sur mon vélo. [...]
Évidemment qu’il y en a.

On me demande souvent si j’ai des moments de solitude quand je voyage seul sur mon vélo. Ça a l’air d’intriguer beaucoup, d’effrayer même. Évidemment qu’il y en a. Ils sont parfois très présents. Mais ce n’est pas négatif et je les accueille. Et en l’occurrence, je suis venu les chercher ici. Dans nos vies orientées vers la productivité, les moments de vraie solitude sont rares. Je ne vous parle pas des moments où vous êtes seul à la maison en train de vous reposer, ou plutôt certainement de vous distraire avec un bouquin ou une série, si ce n’est de ne pas rattraper les mille petites choses qu’on doit faire. Je vous parle de ces moments où on se retrouve seul avec sa tête, ses pensées et ses émotions. Rien d’autre à faire que d’y être confronté·e. Personnellement, je trouve ça uniquement dans des moments où je rêvasse, ou alors quand mon corps est occupé de manière automatique. Typiquement, pédaler. Et quoi de mieux que d’être seul face à une beauté immense pour s’accueillir ? Ajoutez-y une poignée d’épuisement physique, et les émotions débordent. Personne pour vous regarder ni vous juger. Ici, vous êtes libre d’être vulnérable. La fragilité est belle, sublimée par le calme blanc.

Ces moments de solitude au milieu des montagnes sont un cadeau à moi-même. Je suis venu chercher les larmes, là où un quotidien trop organisé ne leur laisse pas la place. J’ai l’espace mental – eh oui 12 h/jour sur un vélo, ça laisse le temps – pour accueillir mes pensées les plus profondes, celles que je refoule d’habitude. La solitude peut faire peur, mais, par moment, elle fait du bien. Elle permet de grandir et de s’apaiser. Lorsque je redescends des montagnes et que j’arrive à Oslo, je me sens vidé. Le genre de vide qui vous fait sentir léger. Sentiment d’être au bon endroit.

La suite du voyage se déroule sans trop d’encombres. Après les 20 000 D+ norvégien, la Suède et le Danemark sont d’un calme plat. Cette fois c’est vraiment l’été, je roule en t-shirt à travers les champs de colza. Les pay-

1. La maison pour le prochain mois — Dunkerque, France

2. Départ à vélo, avec la grotte de Flatanger en arrière-plan — Flatanger, Norvège

3. Emka joue du violon pour attirer les dauphins — Mer du Nord

4. Coucher de soleil à Wingsand — Wingsand, Norvège

5. Nolwen sur le beau granite norvégien — Flatanger, Norvège

6. La pluie glaciale rend les premiers jours du retour piquants — Norvège

7. Je dors là où je peux, comme je peux— Norvège

Pablo Recourt © 2025
Pablo Recourt © 2025
Je souhaite montrer que faire autrement peut être source d’émancipation et permet d’accéder à des bonheurs simples, profonds, et durables pour soi et pour ce qui nous entoure.

D’autre part, parce que je suis heureux de pouvoir mettre en évidence qu’il y a des manières durables de visiter le lointain. Des façons de voyager différentes de celles que la société capitaliste nous propose, ignorante des limites planétaires et de l’impact sur le vivant. Je suis bien conscient d’avoir le privilège de pouvoir mettre en place de tels projets, et que ce n’est pas accessible à tout le monde. Mais j’aime penser que créer de nouveaux récits, de nouveaux imaginaires, est à l’origine du changement systémique. Je souhaite montrer que faire autrement peut être source d’émancipation et permet d’accéder à des bonheurs simples, profonds, et durables pour soi et pour ce qui nous entoure.

sages sont assez similaires jusqu’en Allemagne, seuls les drapeaux hissés au sommet des mâts dans les jardins donnent une impression de changement. Malgré la fatigue nerveuse qui s’accumule, mon corps semble s’habituer à l’effort. Je suis moins stimulé par la beauté des lieux, alors j’enchaine les grosses journées de 300 km. Et pour finir ce voyage en beauté, une amie me rejoint pour le push final : 500 km d’une traite entre Essen (Allemagne) et Freyr. Car oui, c’est là-bas que j’ai envie de rentrer. Et croyez-moi, après 3 500 km et 30 000 D+ en 15 jours, la frite au Colébi n’a jamais été aussi bonne !

En rentrant chez moi, je me sens profondément accompli. D’une part, parce que le projet a bien fonctionné. On a tissé des amitiés fortes à travers l’Océan, j’ai découvert une nouvelle manière de voyager loin sans moteur, on a exploré une région incroyable en termes d’escalade, j’y ai fait mon premier 8c avec Nordic Flower, je me suis découvert une passion pour l’ultradistance, et j’ai traversé les plus beaux paysages que j’ai vus dans ma vie, jour après jour.

Voyager loin durablement c’est possible. Il suffit d’accepter de ralentir, de prendre plus de temps et d’avoir moins de contrôle sur le déroulement de l’aventure. Orienter la destination, mais se laisser porter par le vent. Moitié-moitié. Ça peut faire peur, mais au final, ce sont sans doute ces expériences-là qu’on retient le plus. Les émotions, les imprévus, les rencontres. Finalement, n’est-ce pas cela qu’on recherche dans le voyage ?

PABLO RECOURT

De gauche à droite : Arrivé à Freyr ! — Freyr, Belgique Épuisé, mais ravi, en jour 4 du retour à vélo— Norvège

Slostr, une appli pour des aventures sans voiture

Et si l’on partait à l’aventure… sans prendre la voiture ? C’est l’idée derrière Slostr, une nouvelle appli née en Belgique, pensée pour celles et ceux qui veulent explorer, grimper, randonner ou pédaler de manière plus douce et responsable.

Voyager en train, à vélo ou même à pied pour rejoindre un site d’escalade, c’est possible –encore faut-il savoir comment s’y prendre. C’est là que Slostr entre en jeu.

Pourquoi grimper sans voiture ?

En Belgique comme ailleurs, la voiture reste encore la norme pour se rendre en falaise. Et pourtant, celles-ci ne sont pas toujours si loin : certaines sont facilement accessibles en train, à vélo ou via une combinaison des deux. Ce qui manque, ce sont parfois simplement des infos, de bons exemples ou des outils pour s’organiser autrement. On a tendance à oublier que, malgré son ancrage dans la nature, la pratique de l’escalade a encore un impact carbone important lié aux déplacements, en particulier à cause de la voiture individuelle. Opter pour le train ou le vélo, c’est choisir une approche simple, plus durable et, souvent, une aventure bien plus riche et mémorable. Prendre le temps de voyager autrement, c’est redonner une saveur particulière au trajet. C’est faire du chemin une part entière de l’expérience.

Balk'n Climb : Un voyage vélo-grimpe à travers les Balkans par Margaux et François — 2023

On imagine que grimper sans voiture, c’est galère… mais, avec les bons conseils et quelques retours d’expérience, on se rend vite compte que c’est bien plus simple (et agréable) que ce que l’on pensait.

Une appli pensée pour les baroudeuses et baroudeurs sans moteur

Slostr, c’est une appli qui permet de :

• Découvrir des spots accessibles sans voiture, notamment en Belgique : accès en train, à vélo ou en combinant les deux, et toutes les infos utiles pour s’y rendre en mobilité douce.

• Partager ses propres trips : d’un week-end vélo + grimpe à un voyage de plusieurs mois à travers les falaises d’Europe. Chacun peut ajouter son itinéraire, ses photos, ses conseils. De quoi inspirer, orienter, et créer du lien.

• Planifier son aventure : une carte interactive répertoriant les gares, campings, falaises, refuges, etc., pour construire facilement un parcours sans voiture. S’inspirer d’itinéraires déjà testés : bikepacking, vélo-grimpe, randos belges ou européennes, avec un max d’infos sur les accès en train, les hébergements, les points d’intérêt, etc. De quoi trouver des idées et partir plus serein.

• L’idée est aussi de centraliser un max d’infos pratiques qu’on passe souvent du temps à chercher : quels trains acceptent les vélos sans devoir les démonter ? Quels setups sont idéaux pour un trip vélo + grimpe ? Quels spots sont facilement atteignables ?

Et pour les grimpeuses et grimpeurs ?

Pour la communauté escalade, Slostr commence à recenser plusieurs falaises accessibles en mobilité douce : sites proches de gares, falaises atteignables à vélo, ou encore spots majeurs en Europe.

Chaque fiche propose des infos concrètes sur l’accès, l’approche, le site même et les possibilités d’hébergement et ravitaillement.

L’objectif n’est pas de refaire une base de données complète, mais de faciliter l’accès aux sites pour les grimpeurs qui choisissent la mobilité douce. Le projet est mené avec l’appui du CAB qui fournit notamment des contenus essentiels pour les sites référencés, et enrichi au fil des retours terrain des utilisateurs.

Un projet en construction

Slostr est un jeune projet, lancé début 2024. Aujourd’hui, l’appli compte plus de 2500 utilisateurs et une communauté active sur les réseaux.

Comme tout projet en lancement, il évolue, pivote, se construit avec les retours pour rester au plus près des besoins de celles et ceux qui veulent vivre des aventures locales, accessibles, sans voiture.

Depuis peu, Slostr s’intéresse aussi à l’équipement utilisé pendant ces aventures. L’équipe imagine et fabrique des sacs ou sacoches vélo modulables en sac de rando ou d’escalade, à partir d’anciens matériaux récupérés : tentes, voiles, sacs usés…

Une carte avec des idées d’aventures à vélo ou en randonnée

L’idée ? Partager des patrons DIY pour que chacun puisse créer son propre équipement upcyclé, pensé pour des sorties multiactivités.

Pour soutenir le projet, une adhésion sera bientôt proposée, avec quelques fonctionnalités bonus : accès à des petits avantages comme des réductions chez nos partenaires locaux, accès à tous les patrons couture et des jeux en extérieur organisés pour encourager encore plus les micro-aventures. Mais l’essentiel de l’appli restera gratuit, car l’objectif est de rendre l’aventure sans voiture plus accessible et d’en faire peu à peu une norme.

Envie d’essayer ?

Que vous soyez grimpeur aguerri ou adepte des micro-aventures locales, Slostr peut vite devenir un outil simple et pratique pour vos prochaines sorties.

C’est aussi un bon moyen de partager vos trips, d’en inspirer d’autres… ou tout simplement de tester une autre manière de bouger.

Slostr est accessible depuis les appareils Android, iOS, ainsi que via sa version Web : www.slostr.com.

Pour toute question ou pour proposer un spot : vladimir. fayt@slostr.com

Suivez-nous aussi sur Instagram : @goslostr

À bientôt sur les falaises… sans voiture !

VLADIMIR FAYT

Une rando alpine au Barrhorn (3610 m)

Le Barrhorn, sommet des Alpes Valaisannes, est logé au fond de la vallée du Turtmanntal, elle-même coincée entre le Val d’Anniviers de Zinal et le Mattertal de Zermatt. Différence majeure : la vallée s’enfonce, depuis le Rhône, moins profondément au sud que ses deux célèbres voisines. Ici, pas de grandes stations touristiques, ce vallon assez sauvage est accessible par une étroite route où le croisement entre véhicules est parfois compliqué. En bout de vallée, un parking payant sur borne n’accepte que de la monnaie sonnante et trébuchante, voire un smartphone. Vu de l’ouest, le Barrhorn perché à 3 610 m ne montre aucune hardiesse dans les formes, mais émerge plutôt mollement d’une longue crête qui rejoint au sud le Bishorn (4 151 m).

En haut : Dom Michabel — Valais Suisse

En bas : Approche du sommet du Barrhorn Didier Marchal & Dominique Bauwin — Valais Suisse

L’ascension

Étant donné que nos deux sorties estivales précédentes n’avaient pas permis à tous les participants de fouler, sans guide, les sommets de la Meije Orientale en 2023 et des Rouies en 2024 dans les Écrins, il semblait dès lors judicieux de trouver, pour casser cette dynamique, un sommet assez élevé accessible en mode rando. Le Barrhorn entrait parfaitement dans cette catégorie. En conditions normales estivales : pas de corde, pas de crampons ni de piolet obligatoire. Sans une conversation entre Didier, Hélène et Marie-Anne Marchal lors d’une randonnée du Club Namur-Luxembourg, je n’aurais jamais porté attention à cette montagne du Valais. Merci à eux !

Ce 22 juillet, nous quittons la Turtmannhütte (2 519 m) à 7 h. Conditions météo idéales. Ciel bleu. Le sentier est bien balisé. Rapidement, nous rejoignons le couloir et la barre rocheuse de Gassi, seul passage un peu technique de l’ascension. Des câbles sécurisent la progression. Après une moraine et un plateau calcaire incliné et cairné, nous abordons la face ouest du Barrhorn, barrée d’un bon sentier pierreux en diagonale ascendante. La pente devient fuyante sans être vertigineuse. Le groupe de huit s’étire quelque peu, mais, finalement, nous nous retrouvons tous vers 10 h – 10 h 40 autour de la grande croix érigée au sommet de l’Ussers-Barrhorn (3 610 m). Là-haut, l’atout maître de cette montagne quelconque, c’est la vue. Démonstration : Loin à l’ouest, voici le décor : le MontBlanc, le triptyque Verte, Droites et Courtes. Sans oublier l’aiguille d’Argentière et le Chardonnet.

Au sud et bien bien plus proche : le Bishorn, surmonté de l’impressionnant Weisshorn.

Mais aussi la Dent Blanche (4 358 m), qui émerge dans le lointain. Plus loin encore, le Mont Rose, État dans l’État.

À l’est, c’est la masse glaciaire des Dom du Mischabel qui impressionne du haut de ses 4 547 m.

Au nord, plusieurs grands sommets de l’Oberland se dressent au loin. Bref, vous l’aurez compris, le Barrhorn est un magnifique belvédère.

Retour à la cabane vers 13 h 15, et c’est autour d’une « bonne » bière suisse Feldschlösschen que nous savourons avec plénitude cette belle journée en altitude. J’ai envie de paraphraser Renaud en écrivant que ce n’est pas l’homme qui prend la montagne, mais la montagne qui prend l’homme. Une passion assurément.

PIERRE MASSART

avec Didier Marchal, Dominique Bauwin, Olivier et Caroline De Backer, Thierry Bruyr, Bernard et François Delvaux.

RESTEZ DEHORS PLUS LONGTEMPS.

Vêtements et accessoires de randonnée depuis 1964.

Être écoresponsable, ou écoterroriste ?

Féministe, ou féminazi ?

Récemment, j’ai pris l’avion. L’histoire pourrait s’arrêter là tant elle a fait parler. Pourtant, je suis adulte et je n’ai enfreint aucune loi. Mais il existe une morale dont le cadre tient à des valeurs fortes. Cette morale est soumise à une loi du marché : nous parlerons alors d’« économie morale ».

Petit détour par la sociologie

C’est l’historien E. P. Thompson, marxiste, qui propose la notion d’économie morale en étudiant les agissements « immoraux » de la classe ouvrière lors des émeutes de la faim dans l’Angleterre du XVIIIe siècle [Fassin, 2009].

Didier Fassin, socio-anthropologue contemporain, s’empare à son tour de ce concept. Il explique que celui-ci a permis d’introduire une dimension morale à l’analyse marxiste de l’histoire économique et sociale. Il s’agissait de produire une « économie morale des pauvres », où deux dimensions se complètent : l’une prenant en compte la production et la circulation de biens et de prestations, • l’autre, la production et la reproduction de normes et d’obligations.

Bref, je vous invite à lire et écouter Didier Fassin, qui traite de nombreux sujets de société à travers cette notion d’économie morale. Son objectif est de comprendre la légitimation morale d’agissements spécifiques sur un marché conditionnant l’accès à un bien immatériel surévalué.

Un exemple frappant est son travail sur les juges qui octroient (ou non) l’asile, se déclarant défenseurs des droits humains, mais justifiant leurs nombreux refus par le biais d’une économie morale de l’asile [Fassin et Kobelinsky, 2012].

C’est un concept un peu farfelu, né de la socio-anthropologie, qui permet de traduire comment un individu, dans un environnement donné, peut trahir sa morale par des arguments économiques (et donc de coût/bénéfice).

Du type : « je suis écolo, mais l’intérêt supérieur de ce voyage m’amène à prendre l’avion », ou encore – pour faire vraiment simple – commettre un vol, c’est mal. Mais voler les riches ? Voler pour grimper ? C’est pas bien. Oui, mais c’est loin, c’est mieux, je vais perfer là-bas. Et puis on y mange bien !

L’économie morale se joue souvent autour de ce « oui, mais… » – à ne pas confondre avec le huit mai, rien à voir.

Sociologie de bord de falaise

Assez pour la théorie. Que se passe-t-il dehors ? Il est opportun d’utiliser ce concept au pied du caillou pour comprendre ce qui s’y joue.

La masse se déplace au bord des falaises, piétine, chie, hurle, déverse sa magnésie, puis s’en retourne insulter les SUV. Une masse qui va et vient, le plus souvent, en van de taille de plus en plus surprenante, et au poids dépassant souvent les homologations.

Ma question est simple : existe-t-il une économie morale du·de la falaisiste ?

Ce voyage en Patagonie m’a coûté un bras. Pas financièrement, mais moralement. J’ai tout donné, j’ai même emprunté : ma valeur morale a chuté.

Le caillou est magnifique, les formations de glace incroyables. Mais on a surtout mangé, cuisiné, patienté. Si la faim justifie les moyens, là clairement, mon appétit a été coupé.

Socialiser le questionnement

Généralement, quand un projet se présente, le transport apporte son lot de questions. La réponse la plus simple étant : « Le trajet le plus propre est celui que l’on ne fera pas. »

Chaque jour de beau temps, ma morale d’écolo soulève le débat : vélo, voiture, train ?

Parfois, par manque de temps, j’emprunte la voiture de ma compagne – sa boîte paie l’essence. C’est « gratuit », mais surtout efficace. Porte à porte, sans fatigue. J’ai pourtant demandé à mon petit moteur de dépenser plus de 50 000 kcal.

Sur place, on échange sur les prochains projets : l’avion pour l’Espagne, la Grèce – « c’est pas ouf, mais c’est tellement bien équipé et pas patiné ! ». En attendant, on ira au boulot à vélo et on mangera des graines bio dans des sachets réutilisables.

Creuser la morale derrière les pratiques

Avec le concept d’économie morale, je vous invite à prendre du recul. À écouter la morale qui circule, puis à voir qui en fait l’économie, selon quelle justification. Souvent, la morale dominante s’exprime sous forme de rappel à l’ordre : « Regarde-le avec sa grosse bagnole. »

Mais l’économie, elle, est silencieuse. Elle permet pourtant l’accès à des services honnis : l’avion, couper à travers les sentiers, user de plastique à usage unique, etc.

Il faut alors creuser, questionner, rappeler les règles, pour qu’enfin quelqu’un avoue : « Je ne veux pas prendre l’avion, mais c’est une île, c’est un peu le seul moyen. » Le fameux : « Oui, mais… les trains sont trop lents, toujours en retard… Oui, mais… »

Confession carbone

Ce voyage en Patagonie, justement, m’a coûté un bras. Pas financièrement, mais moralement. J’ai tout donné, j’ai même emprunté : ma valeur morale a chuté.

J’ai pris l’avion – même trois. Un TGV pour Paris, puis un vol pour Milan, un suivant pour Rome et un dernier pour Buenos Aires. S’ensuivent 2 400 kilomètres en voiture (pour bien plomber le bilan carbone).

Rien, aucune morale n’a su justifier un tel déplacement. Chacun·e, à mon retour, s’attendait à une petite explication, une justification colorée, pailletée.

Mais non. La météo a été naze.

Je n’ai même pas pu sauver la face par un : « Oui, mais on a fait le sommet de notre vie. » Non.

Page de gauche : Amertume du départ

— El Chaltén, Argentine, Janvier 2025

Ci-contre : Un beau vélo dans un beau wagon ? !

— Namur, Belgique, Mars, 2025

Face à cette économie morale, qui permet de comprendre comment de fervents défenseurs de leur terrain de jeux (l’environnement) peuvent se retrouver dans l’avion, j’invite à un pas en arrière. Est-ce vraiment nécessaire d’aller si loin ? D’aller à Freyr quand il fait 30 degrés ?

Vais-je vraiment grimper ? Puis-je peut-être y aller à vélo si je tiens vraiment à voir les copin·es ? Lier vélo et train ? Tronquer l’aventure ? Changer les habitudes ?

Prendre conscience de la morale et de son économie qui nous fait croire qu’on est de « bons écolos, nous, les falaisistes ».

La raison sociale l’emporte à tous les coups. La falaise, c’est avant tout les copin·nes.

Alors, ensemble, réfléchissons à deux fois avant de bouger. Mais surtout : à où aller, et comment.

Si tout le monde prend sa voiture, être seul·e à pied est ridicule. On arrive plus tard, on n’est pas aussi mobile ou, tout simplement, on est le·la chiant·e, comme l’étaient (ou le sont encore) les végétarien·nes.

Être écoresponsable, ce n’est pas ne plus bouger. C’est réfléchir ensemble à nos pratiques, déplacer nos habitudes, penser chaque acte, être conscient·e de l’impact de nos comportements. Attention, cependant, à ne pas confondre questionnement social et reproche individuel.

VARD

Notes & références :

FASSIN, Didier – 2009, « Les économies morales revisitées », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2009/6 (64e année) ; pp. 1237-1266.

FASSIN, Didier et Carolina KOBELINSKY – 2012, « Comment on juge l’asile. L’institution comme agent moral », Revue française de sociologie, 2012/4, vol. 53 ; pp. 657-688.

JONATHAN

Lire

Grimper… et en rire !

LES GRIMPEURS — TOME 1

Scénario : DAVID VOLPI | Dessin : JACK DOMON

C’est une première : une bande dessinée 100 % dédiée à l’escalade en bloc, façon BD d’humour populaire. Gags en une planche, personnages hauts en couleur, magnésie plein les chaussons… Les Grimpeurs, signée David Volpi (scénario) et Jack Domon (dessin), et parue chez Bamboo, réussit le pari de faire grimper le rire au sommet.

Tout part d’un coup de cœur. En 2020, David Volpi découvre le bloc presque par hasard. C’est le déclic. Très vite, il y retourne plusieurs fois par semaine. Il s’immerge dans cette communauté de passionnés… et observe.

« Les salles sont un théâtre formidable, confie-t-il. On y croise des débutants râleurs, des acharnés qui s’énervent tout seuls, des couples complices… ou en conflit. C’est drôle, parfois touchant, et toujours très humain. »

Scénariste déjà actif dans l’édition jeunesse, il propose alors l’idée d’une BD à sa maison d’édition. L’aventure peut commencer.

Un duo complémentaire

Pour l’accompagner dans ce projet, Bamboo met David en relation avec Jack Domon, dessinateur chevronné… mais néophyte en grimpe.

« Je connaissais à peine le mot “varappe” ! », plaisante-t-il. « Mais j’adore les défis graphiques. J’ai observé David, écouté ses anecdotes, regardé des vidéos… et j’ai essayé de restituer tout ça avec un trait vivant et comique, sans trahir la réalité des gestes. »

La salle comme miroir

Les Grimpeurs suit une petite bande de personnages attachants et délicieusement caricaturaux : le compétiteur stressé, le coach improvisé, la grimpeuse surdouée qui humilie ses potes sans le vouloir… sans oublier Kashu, le chat mascotte.

« Beaucoup de situations sont inspirées de ma propre expérience, avoue David. J’avoue avoir, un jour, lancé un tube de magnésie à travers la salle… » (rire).

La BD fonctionne comme un miroir à la fois drôle et tendre, dans lequel les grimpeurs reconnaîtront leurs petites manies. Et les non-initiés ne seront pas perdus : « Pas besoin d’avoir un 7A au compteur pour rire d’un chausson trop petit ou d’un jeté raté souligne Jack.

Une activité qui grimpe… aussi en librairie

Le succès du bloc n’est plus à démontrer. Accessible, ludique, devenu discipline olympique, il séduit un public toujours plus large. Il y a dix ans, ce projet aurait semblé trop niche

Cette reconnaissance éditoriale est un signal : l’escalade sort du cadre purement sportif pour devenir une culture à part entière, avec ses codes, ses récits et son humour. Les Grimpeurs en est une expression joyeuse et décomplexée.

Cerise sur le topo : l’album se termine par un cahier pédagogique réalisé avec la FFME, rappelant les bases de sécurité et les différents types d’escalade. Une idée maligne, surtout pour les ados ou les débutants.

Et la suite ?

Un deuxième tome est déjà en réflexion. « Cette fois, on explorerait la “voie”, avec ses propres codes, ses défis… et ses occasions de se ridiculiser », sourit David.

« On retrouvera les mêmes personnages et de nouvelles figures encore plus loufoques. »

Le message est clair : les auteurs sont prêts à repartir à l’assaut… si les lecteurs, eux, ne lâchent pas la prise.

Trois (très) bonnes raisons de grimper dans cette BD

1. Parce que ça sent le vécu

∙ Les scènes sont tirées de la vraie vie de grimpeur de David Volpi. Et oui, même le chat existe.

2. Parce que c’est pour tout le monde

∙ Pas besoin d’un niveau 6C pour rigoler : les situations sont universelles, les personnages attachants.

3. Parce que c’est drôle ET utile

∙ Un cahier pédagogique, rédigé avec la FFME, rappelle les bonnes pratiques de sécurité. Parfait pour les ados… et les têtes en l’air.

Les Grimpeurs – Tome 1

Scénario : David Volpi

Dessin : Jack Domon

Aujourd’hui, les salles se multi plient, la communauté grandit. »

Alpes
Alpes

Du rêve à la réalité

Se préparer pour les Jeux Olympiques en ski-alpinisme

MAXIMILIEN DRION DU CHAPOIS

En 2021, le Comité International Olympique a annoncé que le ski-alpinisme ferait son entrée aux Jeux Olympiques de Milan-Cortina 2026. Ce sont les formats sprint et relais mixte, plus télévisuels, qui ont été choisis pour représenter la discipline. Ainsi, depuis 2021, les Jeux Olympiques ont occupé une place importante dans mon esprit. Allais-je être en mesure de me qualifier, quelle performance serais-je en mesure d’obtenir, comment m’y préparer optimalement… ?

En route vers les JO d’hiver de Milan-Cortina

Avec les globes de ma 2e place au classement général de la coupe du monde et 2e place au classement de la discipline Vertical Race — Tromso, Norvège, avril 2025

C’est l’hiver précédent les JO, donc l’hiver passé, que tout allait se jouer. Car pour performer aux JO, il faut déjà s’y qualifier ! Et ce ne fut pas une mince affaire… Ne concourant pas dans la discipline relais mixte, car je n’ai pas de partenaire féminin qui pratique ce sport à ce niveau, je n’avais accès qu’à 6 quotas sur les 18 totaux disponibles pour le ski-alpinisme aux JO (12 places étant attribuées aux nations participant au relais mixte). Il fallait par conséquent que la Belgique – donc moi – fasse partie des 6 meilleures nations mondiales dans le format sprint. Pour établir ce classement mondial, toutes les courses internationales de sprint ayant lieu entre mi-décembre 2024 et mi-décembre 2025 ont été (ou seront) prises en compte. Au total, 9 sprints allaient définir mon destin. Qui dit grand enjeu, dit pression supplémentaire. Lors des deux premiers sprints de la saison, j’ai connu des chutes. La première fut inévitable à cause d’un concurrent

Skimostats © 2025
Garder cette passion qui m’anime au cœur de ma pratique sportive est ce qui me permet de performer.

américain qui m’a emporté dans sa chute, mais lors de la seconde course, une trop grande prise de risque en descente m’a envoyé au tapis. Je me suis donc retrouvé très loin au classement mondial, et je commençais à voir mon rêve olympique s’envoler.

Heureusement, l’histoire a une fin heureuse. J’ai, par la suite, enchaîné les excellents résultats et obtenu deux podiums en sprint lors des dernières courses de la saison. Ces résultats m’ont permis de marquer de gros points et de déjà assurer à la Belgique une place en ski-alpinisme aux JO ! Et ce, avant le 9 e et dernier sprint international qui aura lieu en décembre 2025 à Solitude aux États-Unis. Je me rendrai donc aux Jeux Olympiques de Milan-Cortina, plus précisément à Bormio, site où auront lieu les épreuves de ski-alpinisme.

Se préparer pour les JO, une histoire d’équilibre

Maintenant que je suis certain d’être qualifié pour les JO se pose la question de comment s’y préparer optimalement. Certains diront qu’il ne s’agit que d’une course comme une autre et qu’il ne faut rien changer. Mais ce n’est pas si simple. En tant que compétiteur, tu veux avoir la certitude d’avoir tout mis en place, pour optimiser tes chances de performance et pour n’avoir aucun regret. D’où cette notion d’équilibre ; tu veux t’entraîner mieux et plus, mais pas trop, tu veux tout planifier, mais pas devenir parano, tu veux manger sainement tous les jours, mais tu aimes quand même trop les frites…

Avec mon encadrement sportif s’est donc posée la question « Que faire ? ». Cette réflexion a touché tous les aspects pouvant impacter ma performance : planification des entraînements, préparation physique, définition du calendrier, préparation mentale, suivi médical, suivi nutritionnel, amélioration du matériel avec mes partenaires… Et ça se complique encore. Il fallait que tout ceci s’accorde avec les trois piliers qui sont à la base de ma pratique sportive (j’avais détaillé ces trois piliers dans un précédent article, paru dans le numéro 220), à savoir la recherche de performance, l’envie de découverte et le partage de ma passion avec les autres. Dans cet article, j’expliquais que, pour me sentir épanoui dans ma pratique sportive, il fallait que les entraînements que je réalise me permettent d’être compétitif dans mon sport, de découvrir de nouveaux endroits et de partager ces moments avec d’autres personnes.

« Enjoying the journey, not just the destination ». Trouver cet équilibre dans ma préparation en vue des JO a donc pour moi logiquement été essentiel. Apprécier cette préparation est donc pour moi la clé. Je suis convaincu que cela me permettra de m’ôter un peu de pression le jour J (le 19 février 2026) et de me dire que j’ai adoré ces derniers mois et que, peu importe le résultat, rien ne

pourra m’enlever les moments magiques que j’ai vécus en chemin. Garder cette passion qui m’anime au cœur de ma pratique sportive est ce qui me permet de performer. Par le passé, il m’est arrivé d’oublier cela, et à chaque fois les conséquences se sont vite fait ressentir : baisse de motivation, perte de l’envie de pratiquer du sport et pause prolongée jusqu’à ce que le goût du sport revienne. Mais cela ne m’arrivera pas lors de cette préparation olympique ! Tout est en équilibre ? Pour l’instant, oui.

La préparation suit son cours et il me reste un peu moins de 6 mois jusqu’aux JO. Je sais qu’il y aura de petits grains de sable qui viendront perturber cet équilibre, mais j’ai une entière confiance en mon encadrement et en ma résilience pour être en mesure de rebondir rapidement.

Dans le portage du parcours sprint lors du test event de Bormio — Bormio, Italie, février 2025

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MAXIMILIEN DRION DU CHAPOIS

Verticalité inattendue

Notre road trip familial à vélo de via ferrata en Belgique

MARION COURTOIS & MATHIEU VAN VYVE

L’idée a germé un soir, aussi improbable qu’excitante : parcourir avec les enfants les vias ferratas belges… à vélo. Une manière originale de découvrir notre plat pays sous l’angle vertical. En quelques jours, nous avions rassemblé le matériel nécessaire pour la via ferrata grâce à des connaissances branchées « montagne ». Notre projet prenait forme.

Nous avons inscrit toute la famille au Club Alpin Belge pour pouvoir accéder aux différents sites d’escalade. Notre feuille de route s’est dessinée entre Charleroi, Namur et Liège, laissant de côté les quelques ascensions du côté de Dinant, pour que la semaine reste agréable pour tout le monde. Côté logement, nous avons réservé une nuit à Charleroi. Pour le reste, des amis et membres de la famille nous ont accueillis à Wépion et à Tilff. Voyager pas trop loin revêt aussi un aspect pratique !

Ci-dessus : Via Ferrata de Maizeret

— Andenne, avril 2025

Page suivante : Rappel final aux Grands Malades

— Namur avril 2025

La veille du départ, une joyeuse effervescence régnait. Les vélos ont eu droit à une révision complète, un porte-bagage avant supplémentaire a fait son apparition, et l’inventaire du matériel d’escalade a transformé notre salon en camp de base miniature. Baudriers, longes, descendeurs… Chacun des 5 membres de la famille a reçu son équipement, méticuleusement réparti dans les sacoches de vélo, sans oublier le matériel commun : la corde de 50 mètres pour les rappels et la double poulie pour les tyroliennes. Comme d’habitude, la préparation du matos fait monter l’excitation.

Nous avons commencé notre aventure en montant sur nos vélos pour nous rendre à la gare d’Ottignies. De là, nous avons pris le train en direction de Charleroi. La dizaine de kilomètres à vélo le long de la Sambre nous a plongés dans une atmosphère paisible. Nous avons rejoint la carrière de Landelies sous un soleil radieux, prêts à affronter notre première via ferrata. Le parcours était varié, alternant passages techniques dans une cheminée, adrénaline sur la tyrolienne (évitable pour les moins téméraires) et se terminant par une descente en rappel optionnelle. À part une très légère entorse de cheville et une fesse endolorie causées par une réception de tyrolienne un peu trop violente pour l'un d'entre nous, ce n'était que du bonheur ! La soirée à Charleroi, entre découverte culturelle et dîner en terrasse, scelle cette première étape réussie.

La suite du voyage à vélo le long de la Sambre offre une perspective plus industrielle, mais c’est l’occasion d’un cours d’histoire-géographie improvisé pour les enfants.

La via ferrata de Maizeret, facile et rapide, nous permet d’échanger avec des bénévoles passionnés qui œuvrent à la maintenance du site. Merci à eux.

Le trajet en train de Tamines à Namur ménage les mollets et les fesses. La via ferrata de Maizeret, facile et rapide, nous permet d’échanger avec des bénévoles passionnés qui œuvrent à la maintenance du site. Merci à eux.

Celle des Grands-Malades, surplombant la Meuse, nous donne des sensations uniques. L’impression de voler sur la paroi, les vues imprenables sur la ville et le fleuve, les ponts de singe ludiques, la tyrolienne et le rappel final… un beau concentré d’émotions partagées en famille. Retrouver notre hébergement fut synonyme d’un aprèsmidi de pur farniente, savouré par chacun et chacune.

L’accueil militaire de Marche-les-Dames , à la fois succinct et sympathique, donne le ton. La voie s’est finalement avérée la plus longue et la plus « variée » de notre semaine : échelles horizontales et verticales, pendule, rappel impressionnant en plein milieu, pont de singe vertigineux. L’imprévu de la fin de parcours avec un sentier bloqué nous a valu une petite désescalade improvisée et un train manqué. L’ambiance surréaliste de notre pique-nique au milieu des militaires en exercice restera un souvenir familial amusant. L’après-midi s’est poursuivi avec la via ferrata des Awirs, juste à côté de la gare d’Engis. La chaleur et le manque d’éléments spectaculaires n’ont pas entamé notre plaisir de la parcourir ensemble. En revanche, la longue traversée à vélo jusqu’à Tilff, nous a révélé un manque criant d’infrastructures cyclables le long de la Meuse en arrivant à Liège, tout en contraste avec les rives de l’Ourthe et son Ravel accueillant. Notre dernière ascension, celle de la carrière du Fonds des Cris, s’est avérée la plus intense. L’approche à vélo, se transformant en randonnée à travers des sentiers forestiers escarpés, a donné un avant-goût de l’aventure qui nous attendait. Cette via ferrata, gérée par un club de spéléo et réputée « très difficile », nous avait quelque peu intrigués. La première partie, facultative, est très abordable, malgré des échelons parfois espacés. La seconde, en revanche, a tenu toutes ses promesses en matière d’engagement physique : deux courts passages déversant dès le début, suivis d’une longue traversée horizontale et d’une montée directe, les deux en léger dévers. La consigne donnée aux enfants était claire : ne pas hésiter à faire des pauses et à utiliser leur personnel1 en cas de fatigue. Les laisser partir en premier était une

1 - Le « personnel » désigne le système d’ancrage personnel : une longe courte fixée au baudrier, permettant de se vacher directement à un point d’ancrage pour se reposer en sécurité. (NDLR)

Volet pratico-pratique

Conseils pour une expédition similaire

Si l’aventure de traverser la Belgique à vélo en enchaînant les vias ferratas vous tente, voici quelques conseils et bons plans pour organiser votre propre expédition.

• Liste des sites : Le site du Club Alpin Belge maintient une page web à jour reprenant toutes les vias ferratas ouvertes actuellement (www.clubalpin.be/viaferrata).

• Choix de l’itinéraire : La dorsale wallonne (Charleroi-Namur-Liège) offre une concentration intéressante de sites. Un autre groupe de via ferrata se situe près de Dinant.

• Transport : Le réseau ferroviaire belge est bien développé et permet de combiner facilement vélo et train pour certaines portions du trajet, en fonction des envies.

• Hébergement : Les options varient : appartements, chambres d’hôtes, campings, ou l’hospitalité d’amis et de la famille, comme nous l’avons expérimentée.

• Équipements techniques : Baudrier, longe de via ferrata avec absorbeur d’énergie, casque, corde de 50 mètres pour les rappels (Landelies, Grands-Malades, Marche-les-Dames), descendeurs, prussik, poulie double et ficelle de récupération pour les tyroliennes (Landelies, Grands-Malades).

• Carte d’identité et carte de membre du CAB (à donner à l’arrivée du camp militaire de Marche-Les-Dames – ouverte uniquement les weekends et les jours fériés).

Marion Courtois © 2025
Ce fut une aventure humaine riche en émotions, en entraide, en moments de partage intenses et en souvenirs impérissables.

stratégie prudente, nous permettant de les conseiller et gérer toute difficulté éventuelle du bas de la falaise. Leur fierté d’avoir réalisé l’intégrale sans pause témoignait de leur détermination, même si nous ne recommanderions pas d’y emmener des débutants en escalade.

1. Via Ferrata des Grands Malades — Namur

2. Via Ferrata de Landelies — Charleroi

3. Ravel le long de la Meuse — Namur

Pour revenir vers nos pénates, nous avons repris le train depuis Liège jusque Limal, via Louvain. La dernière courte étape à vélo sous la pluie contrastait fortement avec le soleil et la chaleur du reste du séjour. Ce road trip familial a été bien plus qu’une succession de via ferrata. Ce fut une aventure humaine riche en émotions, en entraide, en moments de partage intenses et en souvenirs impérissables. La verticalité de la Belgique, explorée à la force du mollet et des bras, nous a révélé des paysages insoupçonnés et a renforcé nos liens familiaux. Une expérience que nous recommandons chaudement.

Cette aventure belge, alliant la liberté du vélo à l’excitation de la via ferrata, est une manière unique et mémorable de découvrir notre territoire. Avec une bonne préparation et un esprit d’équipe, elle est à la portée de ceux et celles qui aiment l’effort, la nature et les sensations fortes.

Marion Courtois © 2025
Marion Courtois

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