Magazine «environnement» 1/2011: La Suisse des parcs

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Après l’Année, la Décennie Commentant la cérémonie organisée en janvier 2010 pour marquer le début de l’Année internationale de la biodiversité, un animateur de la Radio Télévision Suisse alémanique trouvait encore que la biodiversité était « un mot affreusement compliqué ». Depuis, les médias du pays ont publié plus de 3000 articles sur les espèces d’animaux, de plantes et de champignons menacées en Suisse, les habitats dont elles disposent encore, le rôle des écosystèmes dans la garantie de la vie et de la sécurité sur notre planète ou l’importance de la diversité, aussi bien des plantes cultivées que des animaux de rente, pour notre alimentation. La biodiversité a trouvé sa place dans notre vocabulaire quotidien et beaucoup ont compris à quel point elle est essentielle. A Nagoya, au Japon, la communauté internationale est parvenue, en octobre 2010, à s’entendre sur un accord qui attribue à chaque pays des tâches et des objectifs mesurables pour la période allant jusqu’en 2020. Grâce à ces progrès, l’année écoulée fut vraiment l’Année de la biodiversité. Mais elle a aussi montré tout le chemin qui reste à parcourir. Voilà pourquoi il a été décidé à Nagoya de déclarer les années 2011 à 2020 Décennie de la biodiversité. CONTACTS Kathrin Schlup Cheffe de la section Conseils en communication, publications et Internet OFEV 031 323 38 97 kathrin.schlup@bafu.admin.ch Sarah Pearson Perret, voir page 13

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tie de la structure urbaine, et il devait en rester ainsi. Vous plaidez en faveur d’une argumentation éthique et culturelle afin de préserver la biodiversité.

La plupart des efforts consentis jusqu’ici pour maintenir et promouvoir la biodiversité s’appuient sur le principe éthique selon lequel il faut respecter la nature. Tout organisme a le droit d’exister, et d’exister dans de bonnes conditions. A ce stade, la science ne peut pas intervenir. Il ne me viendrait jamais à l’idée d’expliquer à des personnes engagées dans la protection de la nature pourquoi elles doivent le faire. La science peut toutefois souligner diverses fonctions et fournir des arguments supplémentaires pour préserver la biodiversité. Il ne faut cependant pas trop miser sur les aspects fonctionnels et économiques. Les motifs économiques vérifiables resteront en effet l’exception et tout ce qu’ils ne sauraient justifier risquerait de passer pour superflu. Préserver et entretenir la diversité doit plutôt faire partie intégrante de la culture humaine. Que se passe-t-il lorsque la société humaine perd le contact avec la nature?

C’est là que la science peut s’avérer fort utile. Elle peut aider les hommes à mieux comprendre les écosystèmes naturels, susciter leur enthousiasme et leur étonnement. La nature comporte une foule d’associations fascinantes. L’azuré de la croisette pond par exemple ses œufs exclusivement sur les boutons de la gentiane à feuilles courtes. Au bout d’une période donnée, les larves se laissent tomber sur le sol et émettent des phéromones afin de se faire passer pour les larves d’une certaine sorte de

fourmis. Si elles ont la chance d’être découvertes par ces fourmis, elles seront aussitôt emportées à la fourmilière. A l’instar des autres larves de la colonie, elles seront nourries pendant dix mois avant de muer et de s’envoler au printemps. La plupart des associations ne sont pas aussi spectaculaires.

Ce n’est pas mon avis. Lors de nos excursions, les associations fonctionnelles – le fait, par exemple, que les limaces déterminent au cours de leur petit déjeuner les essences que l’on trouvera dans une pelouse sèche – suscitent toujours étonnement et respect. Il y a des années, des représentants du gouvernement uranais ont visité notre station de recherche au col de la Furka et je leur ai expliqué comment fonctionne un alpage. Comprenant la stratégie subtile des plantes pour survivre, les politiciens ont ressenti un profond respect pour la nature en haute montagne. C’est cette prise de conscience qui empêchera les hommes d’abandonner à la légère des écosystèmes entiers. L’ignorance de ces collaborations et de ces symbioses conduit souvent à rabaisser la protection de la nature au rang d’une entreprise romantique. La science doit servir de moteur à la formation et les écoles participer à la transmission de notre savoir. Il ne suffit pas que les élèves apprennent à calculer, ils doivent aussi comprendre les fondements de la vie et ressentir leur importance. Le respect de la nature ira alors de soi. Propos recueillis par Sarah Pearson Perret et Gregor Klaus www.environnement-suisse.ch/ magazine2011-1-17

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