MICROPOLITIQUE DES GROUPES David VERCAUTEREN

Page 82

82

PROGRAMMER Abandon de ce qui nous soumet aux programmes par lesquels s’exerce la domination sociale… Abandon des programmes qui pensent à notre place… Abandon des langages programmés… L’abandon de la partition n’est pas le renoncement à l’écriture mais s’offrir à une écriture liée à l’aléa. À l’aléa du parcours réel. P. Carles et J.-L.Comolli En arabe ancien, « Eilm » exprime un savoir, une science singulière : celle des signes qui permettent aux nomades de se déplacer dans le désert sans se perdre. À ce savoir des signes correspond une manière d’envisager le trajet. Par habitude, nous concevons un trajet à partir de deux points, le départ et l’arrivée, mais pour un nomade il existe un troisième espace-temps qui a sa propre consistance et jouit d’une autonomie particulière : c’est l’entre-deux du trajet. Celui-ci se vit non pas comme si, d’un point de départ A, on sautait au-dessus d’un vide ou d’un quelconque abîme pour arriver à un point B, mais comme un parcours qui trace l’expérience et la connaissance « de proche en proche ». Le problème devient moins d’arriver coûte que coûte à l’objectif que l’on s’était fixé initialement que de prospecter chaque bout, chaque morceau d’expérience rencontré lors du cheminement, et de penser les raccords entre ces lignes. À ce savoir des signes, Eilm, s’agence donc un art de la marche : la déambulation. Le programme peut être conçu comme un processus déambulatoire qui permettrait de voyager entre une série de relations, qu’il s’agirait dans le même geste de raccorder selon les intensités qui traversent la situation. Il constitue un moyen de repérage dans la conduite d’un projet. Mais ces repères sont les limites ou les contours provisoires qui débordent, excèdent nos capacités à prévoir. Autrement dit, on programme une chose, mais en même temps, on ne sait pas à l’avance comment cela va tourner. C’est dans cette indétermination que vont se fabriquer une série de relations censées permettre le passage. Le programme s’imagine là, dans la dynamique de cette construction : entre deux points, nous avons une myriade de relations possibles. La question qui se joue, lors de l’élaboration du programme et au cours de sa réalisation, est donc la suivante : quelles relations allons-nous sélectionner et comment allons-nous tisser des ponts entre chacune d’elles ? Divers problèmes peuvent néanmoins surgir. Ainsi, dans le récit qui suit, nous verrons que le programme peut être conçu sans intermédiaire, comme s’il s’agissait d’effectuer un grand saut, du point de départ à la visée prévue. Ici, l’espace et le temps entre ces deux points restent vides : le mobile ne peut se traduire que dans la concrétisation d’un résultat à atteindre au final, sorte de projection mentale de ce à quoi il s’agirait idéalement d’arriver, bien plus qu’à l’occasion de chacun des moments qui vont jalonner le chemin censé y conduire. Le vagabondage en ligne droite Sortir de l’école, prendre les chemins du vagabondage en vue d’autonomiser les enfants, briser les dichotomies entre l’école et la vie, le savoir et l’action… : tels étaient les mobiles d’un projet lancé par les professeurs d’une classe de cinquième année primaire (CM 1), en France. L’idée fut soumise aux enfants, qui se montrèrent très enthousiastes et proposèrent de concrétiser ces ambitions à travers la réalisation d’un spectacle de


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook

Articles inside

Les Grâces

2min
page 131

Serpents

5min
pages 133-135

Dragons

1min
page 132

NOTIONS

2min
page 129

Souci de soi

2min
page 109

Transformer

3min
page 110

Lier

7min
pages 112-114

Théories (effets des

10min
pages 121-124

Savoir et technique de soi

3min
page 111

Le double discours

6min
pages 117-118

« Cela fait signe de quoi, toute cette histoire… »

4min
pages 119-120

« Rencontre culturelle »

2min
page 116

Silence

6min
pages 106-108

Échapper

4min
pages 104-105

2. La réunion

6min
pages 91-93

Ça ru-moralise

7min
pages 102-103

Princesses, serpents et facilitateurs

10min
pages 96-98

Dix et plus

3min
page 95

Memento

3min
pages 99-100

Les notions communes

6min
pages 87-89

Les rencontres

3min
page 86

Deux semaines de tournée et sept représentations furent prévues

3min
pages 83-84

Programmer

2min
page 82

Repère 4 : quels critères ?

4min
pages 80-81

Repères

3min
page 71

Repère 1 : Situation

3min
page 77

Un regard

7min
pages 72-74

Pouvoir

3min
page 69

La création d’une culture de soi

6min
pages 60-62

La capture de l’affect

6min
pages 58-59

« C’est un front secondaire ! »

3min
page 57

Mémoire

3min
page 46

Une histoire n’est pas l’autre

2min
page 53

Fantômes

5min
pages 51-52

D’une prise à l’autre

5min
pages 54-55

Les absents ont toujours tort

3min
page 45

Aion

2min
page 41

Préparer et expérimenter

3min
page 37

Un signe d’une mauvaise volonté

3min
page 36

1. « Évaluation contrôle »

2min
page 34

2. « Évaluation signe »

3min
page 35

Du jeu

2min
page 32

Passage : la « mue »

3min
page 31

Évaluer

3min
page 33

Question de rapports

2min
page 28

Deux cas de figures illustrent cette approche

3min
page 30

3. La bascule

7min
pages 25-27

Une étrange schizophrénie

7min
pages 13-14

Un vent du sud

6min
pages 11-12

Artifices

9min
pages 18-20

L’option choisie

7min
pages 15-17

A. La charpente

3min
page 22

Savoir royal, savoir nomade

3min
page 8

Qui est (dé)possédé ? Qui est séparé ?

3min
page 7

Cheminement

7min
pages 9-10
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
MICROPOLITIQUE DES GROUPES David VERCAUTEREN by Bruno TISON - Issuu