Les 7 sphères de l’Anthropocène - mars 2021 - Loïc Marcé

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Les 7 sphères de l’Anthropocène Loïc Marcé


Remerciements

Eternelle reconnaissance, pour leurs travaux d’intérêt général qui m’ont inspiré ce document : •

Arthur Keller

Jean-Marc Jancovici

Pablo Servigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle

Philippe Bihouix

Bruno Latour

Dominique Bourg

François Gemenne et Aleksandar Rankovic (« Atlas de l'Anthropocène »)

Jérôme François (Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020)


Nota bene Décrire l’Anthropocène est une tâche extrêmement ardue : • Par la diversité des phénomènes : liés au changement climatique, à l’effondrement de la biodiversité, aux pollutions et déchets, à l’épuisement des ressources, etc. • Par la multiplication des points d’impacts : sous-sols, sols, terres, glaces, océans et cours d’eau, animaux et végétaux, atmosphère, etc. • Parce que la Terre est un système complexe : des conséquences peuvent devenir causes d’autres phénomènes, des boucles de rétroaction positives peuvent créer de l’emballement, plusieurs causes peuvent entraîner une conséquence, plusieurs conséquences peuvent être entraînées par une cause, etc. • Parce que la science progresse quotidiennement : chaque jour/semaine de nouvelles études viennent éclairer ou préciser certains domaines d’analyse. Ce document, rédigé en janvier-mars 2021 tente d’utiliser les sources les plus actuelles possible et sera complété autant que possible à mesure que de nouvelles analyses nous parviendront. J’ai fait le choix de présenter les impacts de l’Anthropocène en prolongeant l’allégorie des 7 sphères utilisée par Arthur Keller dans ses présentations. Une représentation du lien entre les impacts est proposée sous forme de cartographie (p. 125) Je ne prétends pas être un expert de tous les sujets traités ici (je doute que quiconque puisse prétendre l’être d’ailleurs). Je me fonde sur les publications et organismes scientifiques de référence. Je suis bien évidemment ouvert à toute remarque, clarification, objection et réfutation qui m’aidera à améliorer ce travail. N’hésitez pas à me contacter sur cette adresse mail : loicmarce84@gmail.com


I

Anthropo… quoi ?


Si l’histoire de l’Univers se déroulait en un an, Homo Sapiens arriverait à 23h48 le 31 décembre et l’Anthropocène débuterait pendant la dernière seconde… En 1977, l'astronome américain Carl Sagan crée un calendrier cosmique. Sur une année, il place les événements majeurs qui ont conduit à la naissance de la Terre et, bien plus tard, à l'apparition de l'homme. Si le Cosmos est né un 1er janvier, notre galaxie, la Voie Lactée, n’apparaît que le 12 mai, et notre système solaire, en son sein, le 2 septembre. La vie survient rapidement après, le 9 septembre. Les dinosaures arrivent pour Noël, le 25 décembre. Le 31 décembre, pendant la soirée du réveillon, vers 20h, la lignée humaine se sépare des autres grands singes, et Homo Sapiens arrive vers 23h48. Athènes et Rome sont fondées à 23h 59min et 53s. Pendant la toute dernière seconde de l’année, nous comptons les Lumières, l’industrialisation, les nouvelles vagues de colonisation, les guerres mondiales, la conquête de la Lune… Et avec elles toutes les modifications qui marquent l’entrée dans l’Anthropocène. La Terre a déjà connu des modifications profondes, mais elles se sont déroulées sur des temps bien plus longs. La Grande Oxygénation, par exemple, qui correspond au relâchement massif et continu d’oxygène dans l’atmosphère après l’apparition de la photosynthèse chez des micro-organismes et qui a donné l’atmosphère telle que nous la connaissons dans ses grandes lignes, a pris des centaines de millions d’années. La période qui a vu l’accroissement de l’humanité, l’Holocène, s’est étendue sur les 10 000 dernières années : elle était particulièrement clémente, du point de vue climatique comme du point de vue de sa stabilité. L’intensité des changements en cours sur la planète est inquiétante, car elle lui fait brutalement quitter ces conditions et se diriger vers un environnement + hostile, ne serait-ce qu’en termes de climat. La Terre n’a semble-t-il jamais connu un tel ensemble de changements dans une période aussi courte : sans base de comparaison, il est très difficile de prédire sa trajectoire future. L’Anthropocène est un saut dans l’inconnu. Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300 ; https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/99/Cosmic_Calendar.png/550px-Cosmic_Calendar.png


L’Anthropocène, naissance d’un concept En 2000, lors d’une conférence scientifique à Mexico, Paul Crutzen, chimiste néerlandais et Prix Nobel de chimie pour ses travaux sur la destruction de la couche d’ozone introduit pour la première fois le concept d’Anthropocène. Il publiera ensuite plusieurs articles où il développe l’idée que la Terre est entrée dans une nouvelle ère géologique. L’un d’eux, Geology of Mankind, paru dans la revue Nature en 2002, aura une grande influence. * La proposition de Crutzen s’inscrit dans une lignée ancienne. Platon s’inquiétait déjà des conséquences de la déforestation de l’Attique, Buffon soulignait en 1778 que les humains altèrent la température et les précipitations en modifiant la végétation et en brûlant du charbon. En 1864 aux États-Unis, George Perkins Marsh publie Man and Nature, Physical Geography as Modified by Human Action. Peu après, l’Italien Antonio Stoppani proposait de définir une ère « anthropozoïque ». D’autres auteurs comme le géologue russe Vladimir Vernadski ou le Suédois Arrhenius, un des découvreurs de l’effet de serre associé au CO2, ont prolongé ces réflexions. Les conférences et rapports se sont succédés depuis les années 1950 pour analyser l’ampleur du phénomène : la conférence internationale Man’s Role in Changing the Face of the Earth (Princeton 1955), le rapport Meadows d’une équipe du MIT (1972), le dossier The Human Epoch de la revue Nature (2015)…

Paul Crutzen (Wikipedia)

Désormais, grâce aux immenses progrès scientifiques, en particulier sur la quantité et la qualité des données issues des observations partout dans le monde, nous sommes en mesure de documenter, analyser et tenter d’enrayer ce qui se passe sous nos yeux : l’impact d’une espèce parmi des centaines de milliers, l’homo sapiens, qui a acquis le pouvoir terrifiant de modifier les paramètres fondamentaux qui régissent l’équilibre du système Terre (son climat, sa biodiversité, ses ressources naturelles, etc.). * NB : L’Anthropocène est l’appellation la + connue, mais + de 100 propositions de noms alternatifs ont été formulées pour qualifier l’époque dans laquelle nous vivons : Capitalocène pour signifier que c’est le développement du capitalisme industriel qui est à l’origine des dérèglements planétaires (et rappeler que le monde développé a une responsabilité écrasante), le Plantationocène qui insiste sur le développement des plantations intensives, le Thanatocène qui postule que ce que la planète subit est une destruction intense, source de mort y compris pour les humains, le Phagocène qui insiste sur la surconsommation, son désir et son plaisir, comme cause centrale, le Polémocène qui montre que nos atteintes à l’environnement ont toujours été l’objet de disputes, ou encore le Thermocène pour lequel tout est d’abord une question d’énergie. Par ailleurs la date de début de l’Anthropocène fait toujours débat même si celle qui semble emporter les suffrages des géologues se situe autour de 1950. Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://desispeaks.com/wp-content/uploads/anthropocene1.jpg


La Grande Accélération L’Anthropocène permet de nommer un phénomène qui a lieu depuis les années 1950. Les transformations de la Terre ont augmenté au fil des siècles mais on n’a pris conscience que récemment de leur ampleur et leur rapidité avec l’observation de tendances spectaculaires. Cette montée en régime a été nommée la Grande Accélération. Au début des années 2000, emboîtant le pas à Paul Crutzen et à sa proposition de reconnaître que nous étions entrés dans une nouvelle époque géologique, le Programme international géosphère-Biosphère (IGBP en anglais) a entrepris de synthétiser les données disponibles sur l’influence humaine sur la Terre. Les chercheurs ont découvert à leur grande surprise qu’à côté de phénomènes longs et bien visibles, la plupart des valeurs observées ont connu une très forte accélération de leur évolution depuis les années 1950. En les croisant avec différents indicateurs socio-économiques, ils mettent en évidence que les modifications du fonctionnement du système Terre sont le fait d’évolutions propres aux sociétés humaines : l’augmentation de la population et de la consommation en ressources naturelles par tête. Cette Grande Accélération, nommée références à l’ouvrage de Karl Polanyi, Transformation, justifie à leurs yeux commencer l’Anthropocène plutôt au XXème siècle.

ainsi en la Grande de faire milieu du

Un travail postérieur montre que si la croissance démographique mondiale depuis 1950 provient principalement de l’activité des pays en développement, l’essentiel de l’influence humaine sur la planète émane toujours des pays de l’OCDE. Les humains n’ont donc pas (du tout) la même responsabilité, ne jouissent pas des mêmes bénéfices ni ne souffrent des mêmes conséquences de la Grande Accélération. Néanmoins avec la conversion d’un très grand nombre d’individus au consumérisme, elle gagne progressivement le monde entier. Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, http://www.igbp.net/globalchange/greatacceleration.4.1b8ae20512db692f2a680001630.html


Toute activité humaine consomme des ressources naturelles et rejette des pollutions, déchets, émissions de gaz à effet de serre en générant des impacts sur la biodiversité. Intrants

Extrants

Energie

Pollutions

Energie humaine, animale, issue de sources fossiles ou renouvelables, transformée en électricité…

Eau Air Sols

Matières

Déchets

Métaux, minerais, etc.

Eau

Corps (santé) Sonores Etc.

Activité humaine Entropie

Plastiques Électroniques Etc.

Émissions de gaz à effet de serre

Biodiversité Animale et végétale

Travail & machines Capital

Croissance démographique

Croissance économique

Modes de vie

Choix technologiques

Impacts sur la biodiversité


II

Les 7 sphères l’Anthropocène

de


Résumé des impacts humains : les 7 sphères de l’Anthropocène

L’atmosphère : l’air La cryosphère : l’ensemble des glaces de la planète (banquise, glacier, permafrost)

L’hydrosphère : l’ensemble de l’eau sur Terre (océans, mers, lacs, cours d’eau, nappes phréatiques)

L’anthroposphère

La pédosphère : les sols

La lithosphère : l’enveloppe rigide de la terre, la croûte terrestre, le sous-sol

La biosphère : l’ensemble du vivant (animaux, végétaux, champignons, bactéries…)

les objets et constructions des humains


Les 7 sphères de l’Anthropocène

II

L’atmosphère


Pollution de l’air De nombreuses activités humaines émettent des particules fines qui polluent l’air : incinérateurs, ciment, épandage engrais agriculture conventionnelle, élevage, transport routier (plaquettes de frein, usure pneus), fumées cigarettes, combustion industrielle… Les principaux polluants de l’atmosphère sont l’ozone (automobile et industrie), le dioxyde de soufre (industrie), particules fines PM 2,5 dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns (automobile et chauffage à bois). En milieu urbain, le trafic automobile est le principal responsable de cette pollution, particulièrement alarmante pour les crèches et les écoles. En 2016, 91% de la population mondiale vivait dans des endroits où les lignes directrices de l’OMS relatives à la qualité de l’air n’étaient pas respectées (toutes les zones non vertes sur la carte). La pollution atmosphérique réduit l’espérance de vie mondiale de 2,6 ans, mais la situation est très différente selon les pays et de nombreuses grandes villes (dont Paris et Marseille) sont très polluées. L’OMS estimait à 4,2 millions en 2016 le nombre de décès prématurés provoqués dans le monde par la pollution ambiante dans les zones urbaines, périurbaines et rurales. Quelque 91% de ces décès prématurés sont survenus dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, la plus grand nombre étant enregistré dans les Régions OMS de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental. Une étude d’une équipe d’Harvard publiée le 9 février 2021 dans Environmental Research livre des résultats encore plus dramatiques : • 8,7 millions de personnes seraient mortes prématurément à cause de la pollution de l’air liée à la combustion des énergies fossiles en 2018, + que les décès provoqués par le tabac (7 millions). • Ce chiffre, qui représente environ 20% des décès dans le monde, est donc 2 fois + élevé que la précédente étude de référence pour l’OMS, qui incluait en plus les émissions de l’agriculture et des feux de forêt. • En France, ce nombre de décès prématurés est évalué à près de 100.000 selon cette étude, soit 17% des morts recensés en 2018, contre 48.000 morts recensés par Santé Publique France. Et cela sans prendre en compte les autres sources de pollution de l’air, comme les particules fines liées à l’usure des freins et des pneus des véhicules, ou encore aux cheminées. Sources : OMS, http://www.epivf.fr/pollution_air_sante.html, https://www.businessinsider.com/countries-with-the-worst-air-pollution-2016-9?IR=T, https://www.seas.harvard.edu/news/2021/02/deaths-fossil-fuel-emissions-higher-previously-thought, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Émissions de gaz à effet de serre Les gaz à effet de serre (GES) ont la particularité d'être pratiquement transparents au rayonnement solaire et opaques au rayonnement infrarouge émis par la terre. L'énergie est piégée. Ce phénomène a été baptisé « effet de serre » par analogie avec la serre du jardinier. On estime que sans cet effet de serre de l’atmosphère, la température moyenne à la surface de la terre serait au plus de -18°C au lieu des 15°C que nous connaissons. Quels sont les gaz à effet de serre ? La vapeur d’eau est responsable à elle seule de la grande majorité de l’effet de serre naturel. Elle a également un effet de rétroaction important sur le changement climatique : lorsque la température augmente, l’évaporation augmente et la quantité de vapeur d’eau relâchée dans l’atmosphère aussi, accélérant encore le réchauffement. Mais ce sont les activités humaines qui sont responsables de l’essentiel de l’augmentation de la concentration des GES depuis 1750. On parle d’effet de serre additionnel pour distinguer la part attribuée à l’homme de l’effet de serre naturel. Parmi les GES, le plus connu est le dioxyde de carbone (CO2) qui concentre + de 74% des émissions mondiales. Viennent ensuite le méthane (17%), le protoxyde d’azote (6%), et les gaz fluorés. • Le CO2 pèse 74% des émissions mondiales de GES. Il est libéré par la combustion d’énergies fossiles (par ordre de pollution : charbon, pétrole, bois, gaz) utilisées pour la construction, les transports, la production industrielle, une part majeure de l’électricité. • Le méthane représente 17% des émissions de GES. Il provient de l’agriculture et élevage indus (pets et rots des ruminants), de l’extraction / combustion d’énergies fossiles et des rizières. Il a un pouvoir réchauffant 25x + important que celui du CO2 et une durée dans l’atmosphère de 12 ans. • Le protoxyde d’azote représente 6% des émissions de GES. Il est issu des engrais azotés, fumier, lisier, résidus de récolte. Les rizières émettent autant de N2O que 200 centrales charbon. Il a un pouvoir réchauffant 300x + important que celui du CO2 et une durée dans l’atmosphère de 120 ans. • Les gaz fluorés sont créés par l’homme et utilisés pour la réfrigération et la climatisation et mousses isolantes du bâtiment. Très polluants, ils ont un pouvoir réchauffant 1300x à 24000x > à celui du CO2 selon les gaz. Et une durée de séjour variable dans l’atmosphère : courte (HFC), 1000ers d’années (PFC), 3200 ans (SF6). Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/gaz-a-effet-de-serre/


Émissions de gaz à effet de serre Les émissions de GES ont connu une augmentation extrêmement marquée depuis les années 1950. Une personne de 85 ans aujourd’hui a vécu pendant la période où ont eu lieu 90% des émissions de GES issues des énergies fossiles relâchées depuis 1871. Pendant des millénaires, le taux de concentration du CO2 dans l’atmosphère, mesuré en parties par millions (ppm) qui correspond au nombre de molécules de CO2 dans un million de molécules d’air, n’avait jamais dépassé 300 ppm. Il est au 16/03/2021 à 416,8 ppm, et ce taux augmente chaque année, à un rythme qui s’accélère, de 2,5 ppm en moyenne dans les années 2010 à 3 ppm entre 2018 et 2019…

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, https://climate.nasa.gov/vital-signs/carbon-dioxide/, https://keelingcurve.ucsd.edu/


Émissions de gaz à effet de serre – un impact très différent selon les pays C’est la Chine qui émet aujourd’hui le + de CO2 : l’ équivalent de 10,2 gigatonnes (GtCO2) en 2016, soit un quart des émissions mondiales. Elle est suivie par les Etats-Unis, bien loin derrière avec 5,3 GtCO2, de l’Inde avec 2,4, de la Russie (1,6) et du Japon (1,2). Mais une toute autre carte se dessine si l’on prend en compte les émissions par habitant : le Qatar est alors le 1er émetteur (48t/hab), suivi de Curaçao (39), Trinidad & Tobago (30), Koweit et Arabie Saoudite (26 chacun). Les Etats-Unis apparaissent à la 13ème place (17) au même niveau que le Canada, l’Australie et le Luxembourg. La Chine est au même niveau que l’Union Européenne.

Les différences entre pays s’expliquent d’abord à cause du développement économique (le lien entre croissance économique et émissions de GES est très clair), ensuite pour des raisons politiques (mesures de réduction des émissions + ou - volontaristes), géographiques (pays + ou - froids, + ou - grands) et historiques (conflits qui ont augmenté ou diminué drastiquement les émissions). La démographie est aussi un facteur mais n’explique pas tout : la Chine émet 4x + de GES que l’Inde. Les pays riches ont une responsabilité très importante sur le total des émissions mondiales cumulées depuis 1870 (cf. carte). Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://medias.liberation.fr/photo/1186127-evolution-des-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-infographie.png, https://www.connaissancedesenergies.org/sites/default/files/album_images/emission-mondiale-co2-pays-par-habitant_zoom.png, https://medias.liberation.fr/photo/1273672-infographie-les-emissions-de-co2-dans-le-monde.png


Émissions de gaz à effet de serre – + on est riches, + on émet Un rapport d’Oxfam publié en 2020 présente une analyse des émissions liées à la consommation de différents groupes de revenus entre 1990 et 2015 – 25 années au cours desquelles l’humanité a doublé la quantité de CO2 émise dans l’atmosphère. Voici les résultats : • Les 10% les + riches de l’humanité étaient à l’origine de plus de la moitié (52%) des émissions cumulées entre 1990 et 2015. Les 1% les plus riches représentaient à eux seuls plus de 15% des émissions cumulées pendant cette période, soit + que les émissions totales cumulées de l’ensemble des citoyen-ne-s de l’Union européenne (UE) et 2x + que la moitié la plus pauvre de l’humanité (7%). • Au cours de ces 25 années, les 10% les + riches de la planète ont consommé 1/3 du budget carbone mondial encore disponible pour limiter le réchauffement à 1,5°C, alors que les 50% les + pauvres n’avaient consommé que 4% du budget carbone. Le budget carbone mondial définit la quantité maximale de dioxyde de carbone pouvant être émise dans l’atmosphère afin de limiter la hausse de la température moyenne dans le monde à 1,5°C, objectif défini dans l’Accord de Paris, et ainsi d’éviter les pires impacts d’une crise climatique non contrôlée. • La période comprise entre 1990 et 2015 a connu une croissance annuelle de près de 60% des émissions mondiales de CO2. Les 5% les plus riches étaient responsables de plus d’1/3 (37%) de la croissance totale des émissions, tandis que la croissance totale des 1% les plus riches était 3x + élevée que celle des 50 % les plus pauvres. Source : https://oxfamilibrary.openrepository.com/handle/10546/621052


Émissions de gaz à effet de serre – un impact considérable des multinationales Selon un rapport de l'ONG internationale Carbon Disclosure Project publié en 2017, 100 entreprises productrices d’énergies fossiles ont émis 923 milliards de tonnes d’équivalent-CO2 de 1854 à 2015, soit + de la moitié (52%) des émissions de gaz à effet de serre mondiales (CO2 et méthane) depuis 1751.

Depuis 1988, la concentration des émissions est encore + forte : 25 entreprises représentent 51% des émissions mondiales 1988-2015 et 100 entreprises ont émis 71%.

L’impact des grandes entreprises est colossal. L’ONG Notre Affaire à Tous révélait que l’empreinte carbone cumulée des 27 + grandes multinationales françaises s’ élève, selon leurs propres communications, à 1 854,82 Mt CO2e en 2019, soit + de 4x les émissions territoriales de la France. Mais cet impact est sous-évalué comme le montre Oxfam, car 12/27 ne reportent pas ou de manière très incomplète leur empreinte carbone. + précisément, l’évaluation des émissions indirectes (dites du scope 3) liées à la production et la consommation des biens, est souvent négligée. Correctement retracée, l’empreinte carbone des 27 entreprises dépasserait 4 889 Mt CO2e et représenterait donc plus de 11x fois les émissions territoriales françaises ! Sources : https://6fefcbb86e61af1b2fc4-c70d8ead6ced550b4d987d7c03fcdd1d.ssl.cf3.rackcdn.com/cms/reports/documents/000/002/327/original/Carbon-Majors-Report-2017.pdf?1501833772, https://notreaffaireatous.org/wp-content/uploads/2021/03/Benchmark-Vigilance-climatique-NAAT-6.3.21-compresse%CC%81.pdf, https://www.theguardian.com/environment/interactive/2013/nov/20/which-fossil-fuel-companies-responsible-climate-change-interactive, https://www.theguardian.com/environment/2019/oct/09/revealed-20-firms-third-carbon-emissions


Émissions de gaz à effet de serre et réchauffement climatique Les émissions de GES provoquent un réchauffement de la température de la Terre. Un réchauffement moyen global de +5 °C pourrait sembler anodin mais : • Pensez à votre température corporelle, à 37 °C tout va bien, à 42 °C vous êtes mort.e… C’est du même ordre de grandeur et une échelle tout aussi exponentielle pour les effets du réchauffement climatique. • A titre d’exemple, pendant la dernière ère glaciaire il y a 20 000 ans, le Nord de l’Europe était sous 3 km de glace et l’océan était plus bas de 120 m… et la température moyenne mondiale n’était que de 5°C inférieure à celle d’aujourd’hui…

Monde

Afrique

Asie

Europe

Arabie Saoudite

USA

Océan Arctique

Océan Pacifique N.

Amérique du S.

Groenland

France

Chine

Chaque ligne de couleur représente la variation de temperature entre -/+ 2,6°C de chaque année de 1901 à 2019 vs la moyenne 1901-2000. Dans toutes les regions du monde, le réchauffement est très marqué.

=> https://showyourstripes.info/

Sources : Jean-Marc Jancovici: https://livestream.com/accounts/16919114/events/9300001/videos/211069644, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://climate.nasa.gov/climate_resources/139/video-global-warming-from-1880-to-2020/


Conséquences du réchauffement climatique

En 2100, les zones où habite actuellement 75% de l’humanité pourraient devenir inhabitables • Le nombre de jours avec une chaleur mortelle (35°C et 100% d’humidité ce qui est la garantie certaine de mourir d’hyperthermie) y rendrait la vie impossible. Le réchauffement climatique pourrait entraîner des catastrophes multiples : • + la température moyenne augmente, + les risques (symbolisés par la couleur violette) augmenteront.

Sources : https://www.dw.com/image/39353185_7.png Conséquences du réchauffement sur divers composantes du monde et des terres, GIEC 2018 et 2019, issu de présentation de Jean-Marc Jancovici


Pour en apprendre plus sur les causes et conséquences du réchauffement climatique, découvrez la Fresque du climat !


Ozone Le problème de la couche d’ozone est un motif d’espoir quant à la possibilité d’un accord international permettant de tendre à la résolution d’un enjeu environnemental majeur. Dès 1974, Mario Molina, Frank Sherwood Rowland et Paul Crutzen alertent sur les risques que la concentration accrue de gaz chlorofluorocarbonés (CFC) font peser sur la couche d’ozone de l’atmosphère (ils obtiendront le Prix Nobel de chimie pour leur travail en 1995). La présence d’un trou dans la couche d’ozone est confirmée en 1985 par une équipe de chercheurs britanniques. Le trou s’agrandit régulièrement. Au début des années 2000, il atteint une taille de près de 30 000 km². En 2011, on découvre un autre trou + petit au-dessus de l’Arctique. La déplétion de la couche d’ozone est un problème de santé publique mondial, sans cette couche protectrice qui entoure la Terre à une altitude moyenne de 20km, la Terre est directement exposée aux rayons ultraviolets du Soleil, ce qui provoque notamment chez les humains cancers de la peau, cataractes et dégénérescences maculaires. Les efforts entrepris depuis la signature du protocole de Montréal en 1987 ont permis de réduire drastiquement les émissions de gaz CFC et, à partir des années 2000 constater une diminution progressive de la taille du trou au-dessus de l’Antarctique. A noter que les gaz promus comme gaz de substitution aux CFC, les hydrofluorocarbures (HFC) sont loin d’être inoffensifs dans un autre domaine puisqu’ils ont un pouvoir réchauffant jusqu’à 15 000 fois + important que le CO2. L’Accord de Kigali en 2016 a pour but de réduire les émissions de HFC de 80-85% d’ici 2036 à 2047 selon les pays.

Capture d’écran d’une vidéo de la NASA : The Ozone Hole: closing the gap Cliquez sur l’image pour voir la vidéo

Les HFC seront progressivement remplacés par des hydrofluoroléfines (HFO) sans impact sur la couche d’ozone et aux effets de serre beaucoup + limités. Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://earthobservatory.nasa.gov/images/147913/tracing-changes-in-ozone-depleting-chemicals


Les 7 sphères de l’Anthropocène

II

La cryosphère


Fonte de la banquise et des calottes glaciaires Les pôles sont les régions du monde où les impacts du changement climatique sont les plus visibles, les températures s'y réchauffent plus vite et la fonte des glaces s'y accélère. Depuis 2009, l’Antarctique (90% des glaces terrestres, la plus grande réserve d’eau douce de la planète) perd chaque année + de 250 milliards de tonnes de glace (dans les années 1980, c’était 40). Des scientifiques estiment maintenant que la fonte des calottes glaciaires du Groenland ont atteint un point de non-retour. Si toute la masse de glace de l’Antarctique fondait (ce qui n’est plus considéré comme impossible), le niveau des océans monterait de 57 mètres. L’Arctique se réchauffe environ 2 fois plus vite que la moyenne mondiale. Même si les Accords de Paris étaient respectés (et nous n’en prenons pas le chemin), la température de l’Arctique augmenterait de 3°C d’ici 2050 et 5 à 9°C d’ici 2100. Son volume de glace est bien inférieur à celui de l’Antarctique mais si la totalité des glaces fondait, le niveau de la mer s’élèverait de 6m. Plusieurs modèles suggèrent désormais que la hausse du niveau de la mer pourrait atteindre 2m d’ici à 2100.

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/banquise-et-calottes-glaciaires-fonte/, https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/3/2020/07/SROCC_SPM_fr.pdf, https://climate.nasa.gov/vital-signs/ice-sheets/


Fonte des glaciers Depuis la fin du 19ème siècle, dans le monde entier, les glaciers ont perdu de leur masse et reculé. De nombreuses études scientifiques analysées par le GIEC permettent de considérer, avec un degré de confiance élevé, qu’au cours des deux dernières décennies, les glaciers de presque toutes les régions du globe ont continué à se réduire. Les glaciers ont varié de tout temps de manière naturelle au cours des derniers siècles et millénaires et il est probable que des taux de perte de volume aient, par le passé, été du même ordre. Mais les échelles de temps et l’amplitude des fluctuations observées actuellement n’ont rien à voir avec le reste de l’Holocène. Le recul observé des glaciers depuis plusieurs décennies est imputable, avec un très haut niveau de confiance, au réchauffement climatique.

Evolution du bilan de masse de plusieurs glaciers des Alpes suivis depuis plusieurs décennies. Beniston et al., 2018, The Cryosphere, 12, 759–794, 2018

Evolution observée des bilans de masse des glaciers du monde entier depuis 1950 (source : GIEC SROCC, Figure 2.4)

Quel que soit le scénario climatique considéré, l’évolution des glaciers dans les prochaines décennies est en partie déjà actée du fait de l’inertie du système climatique et du temps de réponse très lent des glaciers aux changements climatiques. Leur diminution va donc se poursuivre de façon irréversible d’ici la moitié du 21ème siècle. Pour la seconde moitié du siècle, l’évolution climatique dépendra de la trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre qui sera suivie dès à présent. La fonte des glaciers représente un risque majeur parce qu’elle contribue à la montée des eaux, à des inondations et à la diminution à terme des ressources en eau douce. L’eau douce ne représente que 2% de la masse totale d’eau présente sur la planète (le reste est de l’eau salée). L’essentiel des ressources mondiales, jusqu’à 70% selon les estimations, sont contenues dans les glaces de l’Arctique, de l’Antarctique et des glaciers de montagne. On observe un recul spectaculaire de plusieurs glaciers des Alpes, d’Islande et de Patagonie, et c’est encore + vrai pour les glaciers de l’Hindou Kouch et l’Himalaya qui fournissent de l’eau potable à 250 millions de personnes réparties dans 8 pays du monde. D’ici 2100, ils pourraient avoir fondu pour plus des 2/3 ce qui provoquera des inondations puis des pénuries d’eau douce : les grands fleuves que sont le Huang Hue (fleuve Jaune), le Yang-Tsé, le Brahmapoutre, L’Indus et le Gange ne charrieront plus beaucoup d’eau en été, eux qui alimentent le Bangladesh, le Pakistan et le nord de l’Inde. Sources : https://bonpote.com/glaciers-et-changement-climatique/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://bonpote.com/glaciers-et-changement-climatique/


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Fonte du permafrost Le permafrost (terme anglais) ou pergélisol (terme français) est formé des sols gelés qui occupent de 15 à 20 millions de km², soit 25% des terres de l’Hémisphère Nord (Russie, Canada, Alaska, Groenland). Il contient 1600 milliards de carbone qui partira dans l’atmosphère sous forme de CO2 ou de méthane s’il fond (ce qui commence à se produire beaucoup plus vite que prévu).

La fonte totale du permafrost libèrerait une quantité de gaz à effet de serre équivalente à : •Tout que ce que notre civilisation a émis pendant TOUT le XXème siècle. •La quantité dégagée si on brûlait TOUTES les forêts du monde… 2 fois. Par ailleurs la fonte du permafrost est la boucle de rétroaction positive (un cercle vicieux) la plus menaçante : plus il fond, plus il libère de GES et de matière organique absorbée par les bactéries qui rejettent des GES, plus le réchauffement s’accélère et plus la fonte s’accélère… Et malheureusement, la fonte du permafrost qui ne devait se produire que dans des dizaines d’années si le réchauffement dépassait les 2°C a déjà commencé dans certaines régions. Les stocks de mercure qu’il contient seraient 2x plus importants que sur le reste de la Terre selon une étude publiée dans le National Snow and Ice Data Center. Il contient en outre des virus parfois oubliés qui pourraient déclencher des épidémies.

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/permafrost-pergelisol/, https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/3/2020/07/SROCC_SPM_fr.pdf


Les 7 sphères de l’Anthropocène

II

L’hydrosphère


Activités humaines dans les océans

On pourrait croire les géants océans immunisés de l’activité humaine, et pourtant ils sont intensément impactés par les activités humaines. + de 90% des biens consommés dans le monde sont transportés par la mer dans des navires porte-conteneurs, moyen de transport apparu dans les années 1970 et peu coûteux pour les produits et matières premières.

L’impact du transport maritime sur les océans est multiple : réchauffement climatique et acidification par les émissions de CO2 des navires, pollutions sonores qui perturbent la communication des cétacés et peuvent provoquer des collisions, pollutions par fuites de carburant, relâchement des eaux de ballast provoquant des invasions biologiques d’organismes déplacés dans des habitats lointains

Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://www.ipcc.ch/srocc/chapter/chapter-5/, https://www.nature.com/articles/ncomms8615/figures/4


Réchauffement et acidification des océans Depuis les années 1970, les océans ont déjà absorbé plus de 90% de l’excès de chaleur produit par les activités humaines. Depuis 1993, le taux de réchauffement des océans a plus que doublé. Entre 2013 et 2015, le Pacifique Nord-Ouest a ainsi vu sa température augmenter de plus de 6°C… D’ici 2100, ils devraient en capter de 5 à 7 fois plus encore ! Cela donne lieu à un phénomène de vagues de chaleur océaniques, dont la fréquence a doublé depuis 1982. L’impact sur la biodiversité marine est encore mal connu. L’océan profond au-dessous de 2000m s’est lui-même réchauffé depuis 1992, en particulier dans l’océan Austral. L’acidification de l’océan se produit lorsque le CO2 atmosphérique est absorbé par l’eau. Depuis le début de l’ère industrielle, l’océan a englouti 525 milliards de tonnes de CO2. Si les émissions de GES se poursuivent au rythme actuel, l’augmentation de l’acidité sera considérable en 2100, à des niveaux jamais observés depuis 14 millions d’années. Selon le GIEC, l’océan a absorbé entre 20 et 30% des émissions anthropiques totales de CO2 depuis les années 1980 provoquant une acidification accrue de 95% des eaux de surface, un phénomène irréversible, même si nous arrêtions dès aujourd’hui d’émettre du CO2. Cela provoquera de forts changements et un déclin de la biodiversité marine dès 2050 et plus encore d’ici 2100. Selon le rapport du GIEC sur les océans, le réchauffement de l’océan se poursuivra sur toute sa profondeur pendant des siècles ainsi que son acidification. Son pH pourrait baisser, en cas de fortes émissions, de 0,3 unité en 2081-2100 par rapport à 2006-2015, et devenir ainsi inférieur à 7,8 en 2100, ce qui correspond à plus d’un doublement de son acidité par rapport à 1850. Le taux d’oxygène de la mer pourrait diminuer de 3-4% en 2081-2100 par rapport à 2006-2015. L’acidification altèrent les processus de calcification qui limitent le développement des coraux, des animaux à coquilles et du plancton qui est à la base de la chaîne alimentaire marine. Toute la biodiversité marine s’en trouve ainsi menacée. Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/oceans/ « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Eutrophisation, désoxygénation des océans, zones mortes hypoxiques L’eutrophisation de l’océan est l’enrichissement excessif de l’eau par des nutriments tels que l’azote et le phosphore. C’est l’une des principales causes de la dégradation de la qualité de l’eau. Les 2 symptômes les plus aigus de l’eutrophisation sont l’hypoxie (ou épuisement de l’oxygène) et les proliférations d’algues nuisibles. La désoxygénation des océans dans certaines zones entre la surface et 1000m de profondeur, aggravée au niveau des côtes : les eaux polluées déversent des nutriments qui multiplient en surface phytoplancton et algues vertes qui, en mourant viennent nourrir les bactéries aérobies des profondeurs qui absorbent l’oxygène. Par ailleurs la diminution de la solubilité de l’oxygène dans l’eau a pour effet négatif que les organismes marins doivent respirer + rapidement, utilisant + d’oxygène…. Ce phénomène de désoxygénation, provoqué naturellement par des phénomènes météorologiques extrêmes ou des courants océaniques particuliers, a toujours existé dans l’histoire de l’océan moderne. Cependant, la situation s’empire depuis les années 1980. En 2003, un rapport de l’ONU estimait à 150 le nombre de zones mortes dans les océans, cinq ans plus tard, une étude publiée par l’Institut de sciences marines de Virginie en dénombrait plus de 400. Réparties sur 245 000 km2, celles-ci se trouvent principalement dans le Pacifique du sud, la mer Baltique, les côtes de Namibie ou encore dans le golfe de Mexico. « Le nombre de zones mortes est en train d’augmenter, aussi bien sur les côtes qu’en plein océan, explique Laura Bristow. Les zones hypoxiques côtières s’agrandissent principalement à cause de l’accumulation des nutriments issus de l’agriculture, comme les fertilisants. » En effet, la pollution industrielle et le déversement des phosphates et des nitrates issus des engrais dans les eaux de ruissellements provoquent une accumulation de matières organiques. Les algues prolifèrent alors et se décomposent ensuite en microbes qui consument l’oxygène. « Dans les régions où les populations explosent, comme l’Inde, on peut s’attendre à une augmentation de l’utilisation des fertilisants, et donc une diminution continue de l’oxygène dans les océans environnants », continue la chercheuse.

Graphique représentant le % d'oxygénation des océans à 100m de profondeur. NATIONAL OCEANIC AND ATMOSPHERIC ADMINISTRATION (NOAA)

Dans ces régions, nombre d’espèces ne peuvent survivre. Selon le GIEC, la désoxygénation pourrait mener à une perte de 15% de la biomasse globale des animaux marins d’ici 2100. Depuis 1950, de nombreuses espèces marines ont déjà subi des changements dans leur répartition géographique et leurs activités saisonnières en réponse au réchauffement des océans, à la disparition de la glace de mer ou à la perte de leurs habitats. Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2016/12/05/les-zones-mortes-se-multiplient-dans-les-oceans_5043712_3244.html, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


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Montée des eaux, risques de submersion et crues

Tiré du Arctic Monitoring Assessment Program, Snow, Water, Ice and Permafrost in the Arctic, Norway, 2017.

La montée des eaux est due à la fonte des glaciers et calottes glaciaires. Selon le rapport du GIEC sur les océans, l’élévation moyenne du niveau de la mer pourrait atteindre, en cas de fortes émissions, 0,71 m en moyenne en 2081-2100 et, dans le pire des cas 1,10 m en 2100 par rapport à 1986-2005, la fonte de certaines parties de l’Antarctique de l’ouest, alors irréversible, y contribuant de plusieurs dizaines de cm. Certaines organisations comme la NOAA américaine sont même + pessimistes et tablent sur +2m. La hausse du niveau marin pourrait alors atteindre la vitesse d’1,5 cm par an en 2100. Cette hypothèse, la plus pessimiste, pourrait, dans le pire des cas, aboutir à une élévation de 5,4m en 2300, principalement du fait de la fonte de certaines zones de l’Antarctique. Le réchauffement de l’eau a un impact sur la montée des eaux, car plus l’eau est chaude, plus son volume augmente. Cette dilatation thermique ne s’observe pas dans un verre d’eau, mais contribue à hauteur d’un tiers à l’augmentation du niveau de la mer. Depuis 25 ans, une hausse de 7 cm du niveau des eaux lui est attribuée. Les populations installées dans de grandes métropoles côtières, dans des deltas, ou bien sur des îles, soit plus de 10% de la population mondiale, seront exposées à ce phénomène. 8 des 10 + grandes villes du monde se trouvent en zone côtière, et 40% de la population US vit près d’une côte. Au risque submersion s’ajoute celui d’inondations passagères qui menacent les infrastructures de villes comme New-York, Tokyo, Jakarta, Mumbai, Lagos ou Shanghai, très proches du niveau de la mer. Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/oceans/, https://blog.mondediplo.net/IMG/jpg/menace.jpg, https://www.lemonde.fr/blog/oceanclimat/2019/04/26/la-fonte-des-glaces-ou-comment-et-pourquoi/ « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://climate.nasa.gov/vital-signs/sea-level/


Perturbation du cycle de l’eau

Le changement climatique est étroitement lié au cycle de l’eau avec lequel il interagit à plusieurs niveaux : •L’évaporation, qui se produit sous l’action du soleil : +1°C de réchauffement de l’air représente jusqu’à 7% d’humidité supplémentaire transportée par l’air. Cela signifie localement davantage de nuages et des précipitations plus concentrées. •Les précipitations, que l’on prévoit moins fréquentes mais plus intenses impactent de ce fait le taux d’humidité des sols, les réseaux d’eau urbains ainsi que les phénomènes de ruissellement et d’infiltration de l’eau. •Le ruissellement : des pluies plus denses, face à des sols de plus en plus artificialisés (bétonnées par exemple et ne permettant pas l’infiltration), peuvent engorger les réseaux hydrographiques et provoquer des inondations. •L’infiltration n’est donc pas favorisée par les phénomènes de pluies plus denses, qui ne rechargent plus suffisamment les nappes phréatiques. •S’y ajoute la fonte des glaces qui alimente les différents processus décrits ci-dessus et contribue notamment à l’élévation du niveau de la mer. Il faut enfin rappeler que les océans et eaux superficielles, au même titre que les végétaux, absorbent une partie du dioxyde de carbone (CO2) émis par les activités humaines ce qui les rend de plus en plus corrosives ou acides (le pH de l’eau diminue), entrainant d’importantes conséquences pour la biodiversité marine (coraux et mollusques en première ligne) d’ici la fin du siècle. Ces impacts sur le cycle de l’eau se répercutent sur la gestion de l’eau organisée pour répondre aux différents usages socio-économiques : alimentation en eau potable, assainissement, notamment.

Source : https://www.valdemarne.fr/newsletters/plan-bleu-du-val-de-marne/les-impacts-du-dereglement-climatique-sur-le-cycle-de-leau


Pollutions des cours d’eau Les émissions de mercure représentent près 8 900 tonnes chaque année. Elles peuvent être émises naturellement par l’érosion des roches, les feux de forêts et les éruptions volcaniques. Néanmoins, les émissions les plus significatives viennent de procédés d’origines humaines comme la combustion de charbon et les activités d’extraction minière artisanale et à petite échelle d’or. L’extraction minière expose à un risque d’intoxication 15 millions d’ouvriers dans 70 pays y compris des enfants travaillant dans ces mines. D’autres sources de pollution au mercure provoquée par l’homme incluent la production de chlore et de certains plastiques, l’incinération des déchets, et l’usage de mercure dans les produits pharmaceutiques, les conservateurs, les peintures et les bijoux. Selon le PNUE, au cours des 100 dernières années, la quantité de mercure dans les 100 premiers mètres des océans a doublé et augmenté de +25% dans les eaux + profondes. Le mercure est classé comme un des 10 produits chimiques les plus dangereux pour la santé et l’environnement par l’ONU. La consommation de poissons constitue la principale source d'exposition alimentaire de l'homme au méthylmercure selon l'Anses. Le niveau de contamination augmente chez les espèces marines situées en haut de la chaîne alimentaire : requin, marlin, espadon, lamproie, thon rouge du Pacifique, mais aussi le homard, les petites baleines et les phoques. Résultat : les poissons et les autres espèces aquatiques consommées par l'Homme ont des concentration en mercure qui dépassent souvent les niveaux de sécurité alimentaire définis par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/mercure-pollution-au/ ; https://www.lemonde.fr/planete/article/2015/03/03/biodiversite-etat-des-sols-pollution-l-environnement-se-degrade-en-europe_4586006_3244.html ;


Stress hydrique Le terme de stress hydrique est apparu relativement récemment pour rendre compte d'une situation de plus en plus fréquente. Ainsi, il est employé pour désigner ces périodes durant lesquelles la demande dépasse la quantité d'eau disponible. Ou lorsque sa qualité en limite l'usage. La France offre entre 2.500 et 6.000 m3 d'eau par jour à chacun de ses habitants. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) parle de stress hydrique lorsque la disponibilité en eau, par an et par habitant, est inférieure à 1.700 m3. Et le risque de stress hydrique ne plane pas que sur les pays chauds. Il concerne également des pays froids où le gel peut bloquer l'accès à l'eau liquide. Selon les Nations Unies, près de 3 milliards de personnes devraient avoir à faire face à un stress hydrique d’ici 2025. Le premier impact du stress hydrique s’observe sur la végétation. Lorsque l’évapotranspiration n’est pas compensée par des apports en eau douce. Le manque d’eau se fait ressentir, les plantes mettent en œuvre des mécanismes d’adaptation qui impactent par exemple leur développement et leur croissance. Les risques de feux de forêt augmentent alors. Les productions agricoles souffrent. Puis ce sont les ressources en eau douce qui sont impactées. En effet, en période de manque d’eau, les rivières s’assèchent et les eaux souterraines risquent la surexploitation. La qualité des eaux est également dégradée (eutrophisation, pollution, intrusions salines, etc.).

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/stress-hydrique/

https://espace-mondial-atlas.scienc espo.fr/media/map-5C33-large-full3x.jpeg


Épuisement et pollution des nappes phréatiques Alors que 2 milliards d'hommes, soit un tiers de la population mondiale, dépendent des eaux souterraines, le niveau des nappes phréatiques est devenu extrêmement préoccupant dans certaines parties du globe, comme l'Inde, la Chine ou la péninsule Arabique, ainsi que dans certaines régions de Russie ou encore dans l'ouest des Etats-Unis. La nappe phréatique Ogallala en Amérique du Nord dans laquelle de grandes quantités d’eau douce se sont accumulées pendant des millions d’années, est raccordée du Texas au Dakota du Sud à des millions de pompes et, selon les prévisions, elle sera épuisée d’ici 20 ou 30 ans ; la question se pose de savoir comment l’Ouest des Etats-Unis pourra alors s’approvisionner en eau potable. On pourrait en dire autant des grands aquifères du Mexique, d’Afrique du Nord et du Proche-Orient. En Chine, + de la moitié des réserves d’eau sont souillées par des résidus de l’industrie et de l’agriculture et le gouvernement a lancé un projet pharaonique de pipelines et canaux pour acheminer l’eau du Yang Tse sur des milliers de km vers le Nord, au risque de l’assécher à terme. La réduction de la consommation doit inévitablement passer par une amélioration des techniques d'irrigation, mais la lutte contre le gaspillage sera difficile dans les pays en développement. Voici les principales menaces pour les nappes actuelles : • La pollution de l'eau : elle est fréquente sous les zones urbaines et industrielles, et sous les zones d'agriculture intensive pour les nitrates (qui peuvent aussi provenir d'eaux usées, dans les pays où les stations d'épuration ne les traitent pas, avec alors parfois aussi un risque de maladies infectieuses et parasitoses associé) et pesticides. Forêts naturelles et prairies permanentes ont un effet protecteur sur les nappes sous-jacentes alors que le labour, l'urbanisation et l'industrialisation nuisent à la qualité et parfois à la recharge des nappes. • La salinisation, dans certains contextes littoraux avec sous-sol salins. • L'évaporation (dans le cas des nappes superficielles en zone aride, avec souvent un risque accru de salinisation). • La surexploitation : Dès 2001, l'expert américain Lester R. Brown alertait que le niveau des nappes phréatiques chutait sur tous les continents, du fait que nous disposons de puissantes pompes diesel ou électriques qui permettent de puiser l'eau des aquifères plus rapidement qu'elle n'est remplacée par les précipitations. Il citait trois régions : la plaine de Chine du Nord, le Pendjab en Inde / Pakistan, et le sud des grandes plaines des États-Unis. Or, il se trouve que la Chine, les États-Unis et l'Inde sont les 3 + grandes régions productrices de céréales dans le monde, alors que les eaux souterraines représentent la + grande partie des ressources en eau douce disponibles de la planète. Sandra Postel estime le surpompage annuel des aquifères à 160 milliards de m3 d'eau à l'échelle de la planète. Avec une équivalence approximative « mille tonnes d'eau pour produire une tonne de céréales », ce déficit de 160 milliards de tonnes d'eau correspond à 160 Mt de céréales, soit la moitié de la production US. Étant donné l'énorme population chinoise, la chute du niveau des nappes phréatiques en Chine pourrait perturber les marchés mondiaux de céréales et entraîner une hausse des prix de la nourriture dans le monde entier Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2005/03/20/l-epuisement-des-ressources-en-eau_626088_3244.html, https://fr.wikipedia.org/wiki/Nappe_phr%C3%A9atique#Pollutions_des_nappes, https://images.lpcdn.ca/924x615/201208/09/576093.jpg


Clathrates ou hydrates de méthane : une bombe climatique à retardement Les clathrates, également appelées hydrates de gaz ou de méthane sont des structures glacées qui renferment du méthane, un combustible mais aussi un puissant gaz à effet de serre. Ils ressemblent à de la glace ; en fondant ils libèrent à la fois de l'eau et du méthane qui peut s'enflammer. En effet, ils ont la particularité de stocker les gaz sous une forme très concentrée. Cette source d'énergie des régions froides et abyssales pourrait être exploitée mais elle présente également une sérieuse menace pour l'avenir climatique de notre planète. Les hydrates de méthane sont stables dans les sédiments marins à plus de 300-600 m de profondeur. Mais lorsqu'ils sont ramenés à la surface, la diminution de pression déstabilise la structure solide, le gaz est ainsi libéré et peut brûler si on l'enflamme, d'où l'expression « glace qui brûle ». Dans une étude publiée fin juillet 2020 dans Nature Communications, des chercheurs ont pu observer au large de Rio Grande (Brésil), un flux massif de méthane composé de centaines de points d’échappements de gaz qui remontent dans la colonne d'eau. Cette découverte confirme, pour la première fois dans l’hémisphère sud, "une déstabilisation des hydrates de gaz consécutive au réchauffement de la température de l’océan dans cette zone. Elle est la preuve d’un déséquilibre thermodynamique entre la bordure de la zone de stabilité observée à partir des données sismiques et l’élévation de la température des eaux profondes compatible avec un réchauffement de l’océan sur plusieurs décennies. Ces sédiments forment le plus grand réservoir de carbone sur Terre, les réserves recensées en 2001 sont colossales : le double des réserves de gaz, de charbon et de pétrole réunis ! C'est-à-dire près de 10 000 milliards de tonnes de carbone. Les hydrates de méthane représentent donc un enjeu majeur pour le climat. Le réchauffement climatique en cours entraîne notamment le dégel des permafrosts, ces sols normalement gelés en permanence. Ce phénomène pourrait alors libérer des quantités importantes de méthane avec la fusion des hydrates de gaz. Or le méthane est un gaz à effet de serre majeur 28 fois plus puissant que le dioxyde de carbone, même si sa durée de vie dans l'atmosphère n'est que d'une dizaine d'année contre des centaines pour le CO2. Or, il y a 3 000 fois plus de méthane contenu dans les clathrates que dans l'atmosphère. Il s'en suivrait alors une accentuation très nette de l'effet de serre comme en témoigneraient certains événements similaires du passé de la Terre qui inquiètent les scientifiques. En effet, il y a 55 millions d'années, l'injection d'une masse colossale de méthane dans l'océan et l'atmosphère aurait entraîné l'augmentation de la température du fond des océans d'environ 4°C en 10 000 ans, un phénomène qui se serait produit également il y a 12 500 ans... Notons enfin que selon le climatologue Hervé le Treut, « les hydrates de méthane ne sont pas pour l'instant intégrés dans les modèles climatiques » qui nous fournissent des prévisions sur l'ampleur du réchauffement climatique. Si la fusion venait à se généraliser, des impacts catastrophiques viendraient donc s’ajouter aux modélisations actuelles... Source : https://www.notre-planete.info/actualites/818-clathrates-hydrate-methane-energie-climat


Ressources en eau potable : l’agriculture/élevage productiviste réalise 70% des prélèvements d’eau potable dans le monde !

Entre 1900 et 2010, les prélèvements d’eau au niveau mondial ont été multipliés par plus de 7 alors que la population n’a été multipliée sur la même période « que » par 4,4. Certaines zones se retrouvent ainsi en état de fort stress hydrique, augurant des conflits d’usages croissants entre l’agriculture, l’industrie et la population, voire des tensions au niveau international. Entre la moitié et les deux tiers de l’humanité pourraient être en situation de stress hydrique en 2025 selon le dossier du CNRS consacré à l’eau : •L’agriculture/élevage productiviste réalise 70% des prélèvements d’eau potable dans le monde (et jusqu’à 95% dans certains pays en développement !), l’industrie (20%) et la consommation domestique 10%. •Un régime alimentaire occidental consomme environ 4000 litres d’eau par jour contre 1000 litres pour un Indien ou un Chinois •Selon le rapport du CNRS, la quantité moyenne d’eau douce disponible par habitant par an va baisser d’un tiers en 2025 de 6600 à 4800 m3 et 2/3 à 3/4 de l’humanité sera en situation de stress hydrique. •La raison est l’irrigation gigantesque de nos cultures. Quelques exemples : 1kg de viande de bœuf = 13 500 litres d’eau ! 1 kg de coton = 5 263 litres ! 1 litre de lait = 1000 litres, 1 morceau de sucre blanc = 10 litres, 1 litre d’eau en bouteille = 7 litres •En outre, une grande partie de l’eau d’irrigation est perdue par fuites et évaporation. •Parmi les industriels les plus consommateurs : Nestlé (800 millions de litres par an) et Coca-Cola. La fabrication d’1 litre de Coca demande 2,5 à 6 litres d’eau, ce qui équivaut, pour la consommation mondiale de 350 milliards de litres de Coca / an, à 2100 milliards de litres d’eau / an pour cette seule boisson ! Pour satisfaire ses besoins énormes, la firme vide les ressources aquifères du Mexique, d’Inde, Indonésie, Malaisie et de pays d’Afrique

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/eau/


Ressources en eau potable : l’empreinte eau

L’enjeu de la consommation en eau devrait faire l’objet d’une sensibilisation plus importante auprès des citoyens pour aller dans le sens d’une plus grande sobriété. Il est notamment incarné par la notion d’empreinte eau, qui pour une population donnée correspond à la quantité d’eau utilisée sur le territoire pour répondre à l’ensemble de ses besoins. Elle incorpore ainsi, en plus de l’eau du robinet consommée, celle nécessaire à la production des biens et des services produits sur le territoire national mais également importés. L’empreinte eau des citoyens des pays de l’OCDE est, en moyenne, plus élevée que celle des pays hors-OCDE. Celle d’un Français est par exemple supérieure à 200m3/habitant/an alors qu’elle est de 167m3/habitant/an au niveau mondial. Plus encore, il s’avère que l’empreinte eau française est environ trois fois supérieure au volume d’eau consommé à l’échelle domestique. À l’instar de l’empreinte carbone, une large portion du bilan en eau d’un français vient du fait que la consommation d’eau pour produire les biens et services importés en France est supérieure à celle des biens et services exportés de France.

Comparaison internationale des volumes d’eau consommée par personne et de l’empreinte eau, moyenne 1995–2016. D’après les données de base de données EXIOBASE3.7 ; MTES, 2020

Source : https://theconversation.com/les-pressions-sur-leau-face-ignoree-de-la-transition-energetique-154969


Ressources en eau potable : l’eau et les métaux de la transition Les technologies de la transition énergétique consomment certains matériaux en grande quantité. Le lithium, le cobalt ou encore le nickel sont ainsi devenus les métaux vedettes des batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques. Le cuivre, déjà omniprésent dans notre quotidien, pourrait voir sa demande exploser en relation avec les nouvelles mobilités mais également avec le solaire photovoltaïque. De manière globale, la dynamique de transition énergétique mondiale ne pourra se réaliser qu’à travers l’intensification des extractions minières à travers le monde et donc engendrer une augmentation de la consommation d’eau. À l’échelle d’un pays, le secteur minier se trouve souvent bien loin derrière l’agriculture ou même d’autres secteurs industriels (au Pérou, par exemple, il pèse pour environ 1% de la consommation en eau du pays contre 89% pour l’agriculture). Il n’en demeure pas moins un important consommateur, notamment lors des phases d’extraction et de traitement des minerais et génère de nombreuses externalités sur l’eau (déversements de substances, drainages acides, etc.). Très gourmande en eau, l’industrie des terres rares illustre bien cette problématique. Nos résultats révèlent en effet une pression accrue sur les ressources en eau dans au moins deux pays déjà soumis à des épisodes de fort stress hydrique : la Chine et l’Australie. Dans un scénario climatique contraint, la consommation en eau de l’industrie australienne des terres rares en 2050 représenterait plus de deux tiers (69,2%) du prélèvement en eau de l’ensemble des secteurs industriels en 2015 ou encore 11,2% de l’eau prélevée au total en 2015 dans le pays. Or les terres rares ne sont pas les seuls éléments concernés par la politique minière volontariste de l’Australie : celle-ci figure dans le top 5 des producteurs mondiaux pour le lithium, le nickel, le cuivre le cobalt ou encore l’aluminium. On ne peut alors qu’imaginer l’empreinte eau du secteur minier dans un pays où les épisodes de sécheresse s’intensifient. Bien que moins alarmant, le constat est similaire pour la Chine : la plus grande réserve de terre rares au monde – Bayan Obo en Mongolie intérieure – est située dans une zone de stress hydrique qualifié d’« extrêmement élevé ». L’empreinte environnementale relative à l’eau des minerais recyclés est bien inférieure à celle des minerais directement extraits du sous-sol. La consommation en eau peut être divisée par 5 dans le cas des terres rares, par 10 dans le cas du cuivre ou même par 20 dans le cas du cobalt. Lorsque l’on sait que seulement 42,5% du total des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) ont été recyclés au sein de l’UE-28 en 2019, la promotion de la collecte et du recyclage apparaît être un levier intéressant à mobiliser. Source : https://theconversation.com/les-pressions-sur-leau-face-ignoree-de-la-transition-energetique-154969


Ressources en eau potable : la boucle eau - énergie L’eau est nécessaire pour produire l’énergie, en particulier l’électricité, directement dans les barrages hydroélectriques, mais aussi dans toutes les centrales thermiques ou nucléaires qui ont besoin d’une bonne source froide pour les condenseurs des turboalternateurs. Inversement, pour rendre l’eau accessible, c’est-à-dire la pomper, la dessaler éventuellement, la transporter, la distribuer, il faut de plus en plus d’énergie. On estime que 4% à 5% de l’électricité en France ou aux États-Unis sont utilisés pour l’eau, et jusqu’à 20% en Jordanie. Et, pour fournir de l’énergie, il faut de l’eau, beaucoup d’eau même : 600 Mds de m3 par an. Le secteur de l’eau, lui, a besoin de plus en plus d’énergie. Ces deux ressources sont intrinsèquement liées « pour le meilleur et pour le pire », prévient l’ONU dans son cinquième rapport mondial sur « La Mise en valeur des ressources en eau », rendu public à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau du 22 mars 2014. Aujourd’hui, 768 millions d’êtres humains n’ont pas accès à une source d’eau améliorée, c’est-à-dire à un point d’approvisionnement propre qui ne soit pas partagé avec des animaux. 3,5 milliards de personnes sont privées du droit à l’eau et ne bénéficient pas d’une eau sûre, propre, accessible et abordable. 1,3 Md de personnes ne sont pas raccordées à l’électricité, souvent dans les mêmes régions. La carte des personnes privées d’un accès satisfaisant à l’eau recoupe largement celle des exclus de l’électricité, soulignant ainsi à quel point ces deux ressources sont aujourd’hui plus interdépendantes que jamais. Or, les ressources énergétiques et les ressources en eau sont soumises à des pressions sans précédent et font l’objet d’une concurrence croissante de la part des populations, des industries, des écosystèmes et des économies en pleine expansion. Quand la population mondiale atteindra les 9 Mds d’habitants, la production agricole devra avoir augmenté de 50%, tandis que les prélèvements d’eau devront s’accroître de 15%. D’ici à 2035, la consommation énergétique mondiale augmentera de 35%, ce qui déterminera une hausse de 15% de l’utilisation d’eau, tandis que la consommation d’eau du secteur énergétique augmentera de 85% selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie. La demande énergétique va peser de plus en plus lourd sur les ressources en eau, et les pays émergents pourraient bientôt être confrontés à un double stress, hydrique et énergétique. Le changement climatique va aggraver ce défi, par une plus grande variabilité de la disponibilité de la ressource en eau et l’intensification des phénomènes météorologiques tels que les inondations graves et les sécheresses longues. Sources : https://www.lajauneetlarouge.com/leau-et-lenergie-cles-du-developpement-durable/ ; Global Water Forum https://www.globalwaterforum.org/wp-content/uploads/2012/10/Spang-Figure-3.png ; http://12.000.scripts.mit.edu/mission2017/social-solutions-to-energy-and-water-problems/


Les 7 sphères de l’Anthropocène

II

La pédosphère


Changement d’usage des terres : l’anthropisation des sols En l’espace de 300 ans, l’humain a mis la main sur la majorité des terres disponibles de la planète. En 1700, 95% des terres libres de glace n’étaient pas, ou très peu utilisées, contre seulement 45% en 2000. Le développement massif de l’élevage, la multiplication par 6 des surfaces de pâturage entre 1800 et 2000 et l’installation des cultures dans les prairies sauvages en ont été les moteurs principaux. Le changement d’usage des terres influence considérablement le climat planétaire. Les modifications des couverts végétaux altèrent les cycles biogéochimiques et d’autres variables climatiques comme l’albédo terrestre (pouvoir réfléchissant des rayons du Soleil). Elles contribuent à augmenter l’effet de serre en réduisant la capacité des écosystèmes terrestres à jouer leur rôle de puits de carbone. L’impact direct sur la biodiversité est tout aussi considérable (dégradation et destruction des habitats naturels).

Sources : http://ecotope.org/anthromes/images/ellis_et_al_2010_fig_http://ecotope.org/anthromes/v2/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Biodiversité des sols Les sols sont composés approximativement pour moitié d’air et d’eau, pour 45% de minéraux et 5% de matière organique. Dans ces 5%, seuls 10% sont de la matière organique vivante. Et pourtant ils contiennent une des formes les + riches de la biodiversité terrestre. Selon une estimation, les sols contiennent également 80% du carbone terrestre. Les organismes vivant dans le sol sont très abondants et incluent des vers de terre, des nématodes, des arthropodes, des protozoaires, des champignons et des bactéries. Les champignons et bactéries sont de très loin les organismes les + abondants et jouent un rôle capital dans les processus écosystémiques vitaux dans les cycles de la matière, de l’énergie et des nutriments : séquestration du carbone, stockage de l’azote, purification de l’eau… Leur relations symbiotiques avec les végétaux favorisent la croissance des plantes et des arbres par l’amélioration de leur nutrition et la protection contre les herbivores et pathogènes. La biodiversité des sols est la + riche dans les forêts tropicales humides et la + faible dans les déserts. Historiquement, les sols et forêts ont été le + grand puit de carbone du monde, mais des études récentes suggèrent qu’ils pourraient devenir émetteurs nets de carbone. Les sols fournissent également la plupart de l’eau nécessaire aux végétaux et à la biodiversité terrestre, 65% de l’eau douce mondiale, 90% de l’eau utilisée pour la production agricole et pour la production + de 99% de nos calories alimentaires. La biodiversité des sols pourtant fondamentale, se réduit fortement. Le sol abrite l’un des plus grands réservoirs de biodiversité sur Terre : selon plusieurs estimations, ils hébergent + d’un quart des espèce de la planète et jusqu’à 90% des organismes vivants dans les écosystèmes terrestres, y compris certains pollinisateurs passent une partie de leur cycle de vie dans les habitats du sol. La diminution de la biodiversité des sols contribue à aggraver de nombreux problèmes environnementaux : eutrophisation (charge nutritive excessive) accrue des points d’eau douce, réduction de la biodiversité à la surface et aggravation du réchauffement climatique. Sans la biodiversité des sols, les écosystèmes terrestres risqueraient de s’effondrer. Sources : https://esdac.jrc.ec.europa.eu/public_path/shared_folder/Atlases/JRC_global_soilbio_atlas_high_res-2019-06-13.pdf, https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/957292/Dasgupta_Review_-_Abridged_Version.pdf, https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite/ « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Artificialisation des sols Les sols artificialisés recouvrent les sols bâtis et les sols revêtus et stabilisés (routes, voies ferrées, parkings, chemins...), les chantiers, les terrains vagues, et les espaces verts artificiels. L’artificialisation des sols engendre une perte de ressources en sol pour l’usage agricole et pour les espaces naturels. Elle imperméabilise certains sols, ce qui accroît la vulnérabilité aux inondations. Elle a également un impact sur la biodiversité et créé des îlots de chaleur urbain. Selon l’analyse de l’Agence Européenne de l’Environnement, la surface moyenne annuelle dénaturée pour la France est de 470 m² / habitant, contre 410 m² / hab pour l’Allemagne ou encore 260 m² / hab pour l’Italie. Les causes principales en France sont la croissance démographique, l’attrait des Français pour les logements individuels en périphérie des zones urbanisées, l’augmentation du nombre de logements vacants (8.4% soit 3 millions de logements) et la dévaluation économique, toujours plus importante, des terres agricoles françaises par rapport aux terres urbanisables (en moyenne, les terrains constructibles français valent donc 55 fois plus chers que les terres agricoles). Les conséquences de l’artificialisation des sols sont dramatiques pour l’environnement et l’humain : •Réchauffement climatique : un sol artificialisé n’absorbe quasiment plus de CO2 (taux d’absorption de 70 tonnes de carbone / ha pour les pairies contre 43 tonnes pour les terres arables et <1 tonne pour les sols artificialisés (70 fois moins que les prairies). Par ailleurs, en absorbant les rayons du soleil, la bétonisation participe grandement à l’augmentation de la température moyenne du globe (voir îlots de chaleur). •Perte de biodiversité : voyant leurs habitats considérablement modifiés, voire, dans certains cas, détruits, la faune sauvage est obligée d’adapter son mode de vie, voire dans certains disparaître. La biodiversité terrestre n’est pas la seule menacée, l’avifaune et la faune aquatique sont également largement affectées par cette artificialisation. À titre d’exemple, on estime que 421 millions d’oiseaux auraient disparu depuis 30 ans, soit en moyenne 14 millions par an… et l’artificialisation a grandement sa part de responsabilité dans ce déclin ! •Menace sur la sécurité alimentaire du territoire : avec une disparition d’un quart de sa surface ces 50 dernières années, les terres arables représentent à elles seules plus de la moitié des zones artificialisées.

Source : "Artificialisation des sols : état des lieux", Ecologie humaine, 02/11/2020, https://www.ecologiehumaine.eu/artificialisation-des-sols-etat-des-lieux/ https://larbredesimaginaires.fr/tronc/artificialisation-des-sols/


Salinisation des sols

La salinisation des sols désigne l’augmentation de la teneur en sel dans les sols, diminuant leur rendement voire les rendant stériles et infertiles. La salinisation des sols progresse dans le monde et concerne 1/5 des terres irriguées. Selon une étude de l’Université des Nations Unies, cela fait perdre 2000 ha de terres cultivées par jour ! En deux décennies (1994-2014), la superficie totale des terres irriguées abîmées par le sel est passée de 40 millions d’ha à 62 millions d’ha (= superficie de la France). Au niveau économique, ces pertes de productivité ont été estimées à environ 24 milliards de $ par an. Elle résulte généralement d’un mauvais drainage. Parmi les plus grandes zones confrontées à ce problème : la mer d’Aral, les bassins du Gange et de l’Indus, du fleuve jaune et de l’Euphrate, la vallée de San Joaquim.

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/salinisation-des-sols/


Îlots de chaleur

L'îlot de chaleur est un effet de dôme thermique qui crée un microclimat urbain où les températures sont + élevées. En cause ? Les matériaux de construction qui emmagasinent la chaleur, l’albédo de la ville plus important qu’en campagne, le manque d’eau et de végétation (qui d’ordinaire rafraichissent l’atmosphère du fait de la chaleur latente de l’humidité dégagée), la stagnation des masses d’air à cause du fait de la rugosité du sol en ville, les activités humaines qui dégagent de la chaleur, ...

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/ilot-de-chaleur-urbain/


Les désastres de l’agriculture intensive Entre 1850 et 1950, l’expansion massive de l’agriculture à grande échelle s’est surtout produite en Amérique du Nord et dans le sud et l’est de la Russie et de l’Union soviétique. Au cours des 50 dernières années, elle s’est intensifiée dans ces région et s’est redirigée vers les tropiques (Amérique latine, Asie du Sud-Est, Afrique). L’agriculture intensive repose sur 3 composantes : le développement de variétés à meilleur rendement, engrais azotés et mécanisation de l’agriculture (machines agricoles et irrigation intensive). Le système agricole a des impacts environnementaux considérables en raison de la destruction d’habitats, de l’usage massif de pesticides et d’engrais ainsi que des émissions de GES qui lui sont associés. La production agricole représente 20% des émissions territoriales françaises de gaz à effet de serre (GES). Ce chiffre comprend les GES liées à l’élevage, l’ épandage d’engrais azotés, les serres et engins agricoles, etc. émises sur le sol français. Tandis que les émissions de GES liées à l’alimentation des ménages français représentent 24% de leur empreinte carbone (incluant, en plus des étapes de production agricole, la transformation alimentaire, le commerce des biens alimentaires, la fabrication des emballages et la gestion des déchets, le transport et la réfrigération). Ces émissions proviennent de l’élevage (48%), des cultures (41%), ainsi que des tracteurs, engins et chaudières agricoles (11%). Les émissions de l’agriculture sont avant tout liées à des processus biologiques : méthane émis par la fermentation entérique des ruminants et les effluents d’élevage, protoxyde d’azote principalement émis par les sols agricoles après fertilisation azotée minérale ou organique (engrais). Le système agricole et alimentaire industriel est fortement importateur et utilisateur d’intrants (produits phytosanitaires, engrais azotés de synthèse, alimentation pour les animaux, etc.), ce qui accroît ses émissions de GES. Au-delà des impacts en matière d’émissions de GES, l’agriculture intensive réalise 70% des prélèvements d’eau potable dans le monde (et jusqu’à 95% dans certains pays en développement !). L’influence de l’agriculture intensive sur le cycle des nutriments, en particulier l’azote, est lourde de conséquences. Il est estimé que les humains via les engrais azotés, la plantation de légumineuses et différents processus de combustion, font entrer autant d’azote assimilable dans la biosphère que toutes les sources naturelles combinées. Une grande part de cet azote, répandu dans les champs, n’est pas assimilé et se retrouve dans les masses d’eau douce, puis dans la mer. Dans les milieux aquatiques, ces excès d’azote peuvent aboutir au phénomène d’eutrophisation (excès de nutriments qui entraîne une prolifération d’algues et bactéries qui consomment l’oxygène disponible), ce qui peut engendrer la mort de nombreux organismes aquatiques (voir la page zones mortes hypotoxiques). En outre, 90% du phosphore est utilisé comme engrais pour l’agriculture industrielle, ce qui menace d’épuisement cette ressource fondamentale à la vie. L’utilisation massive des pesticides a un impact mortel prouvé sur la biodiversité, en particulier les insectes pollinisateurs, pourtant indispensables à la perpétuation de la vie. Par ailleurs l’agriculture industrielle a drastiquement diminué la diversité des cultures : plus de 6000 espèces de plantes ont été cultivées dans l’histoire, aujourd’hui moins de 200 espèces contribuent substantiellement à l’alimentation mondiale et seules 9 d’entre elles* représentent les 2/3 de la production agricole totale en 2014. Enfin, dans certaines régions du monde, de mauvais drainages ont salinisé et tué les sols, comme par exemple dans la mer d’Aral, les bassins du Gange et de l’Indus, du fleuve jaune et de l’Euphrate, ou la vallée de San Joaquim. Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/agriculture-alimentation/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300 / * betterave, blé, canne à sucre, maïs, manioc, palmier à huile, pommes de terre, riz, soja


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Pollutions des sols (pesticides, métaux lourds) La famille des pesticides regroupe les insecticides, les fongicides et les herbicides (>600 variétés). L’expansion très rapide de l’agriculture intensive a entraîné une augmentation exponentielle de leur utilisation. L’Asie est de loin le 1er utilisateur, elle consomme + de la moitié des substances (Chine principalement). La France est le 7ème utilisateur mondial. A l’exception de l’Afrique subsaharienne et des pays scandinaves, la quasi-totalité des sols cultivés dans le monde sont chimiquement traités. 4 firmes mondiales détiennent 75% du marché mondial des pesticides et exercent un lobbying intense pour limiter les réglementations : Bayer-Monsanto, Dow DuPont, Syngenta et BASF. Plusieurs pesticides se sont révélés très nocifs pour la santé humaine et pour l’environnement, et ont été interdits dans de nombreux pays : atrazine (maïs), Gaucho (semences), DDT (insecticide). Le + utilisé est de loin est le glyphosate, commercialisé par Monsanto sous le nom de Roundup puis par d’autres marques quand le brevet de la molécule est tombé dans le domaine public. Le glyphosate a été classé par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OMS comme « probablement cancérigène » en 2015. Depuis de nombreux procès d’agriculteurs atteints de cancers ont fait condamner Monsanto (et son propriétaire Bayer) dont le + retentissant a été celui de Dewayne Johnson (290 millions de $ en août 2018). Pourtant à ce jour il n’est toujours pas interdit en Europe et en France en raison de l’opposition de certains agriculteurs et de l’industrie qui mettent en avant l’absence d’alternatives et parfois contestent sa dangerosité. Les pesticides ont un impact majeur sur la diminution de la biodiversité. Une méta-analyse de + de 800 publications scientifiques sur les néonicotinoïdes, publiée en 2014 montre que ces pesticides comportent un risque élevé de dommages pour les abeilles mellifères et autres pollinisateurs comme les papillons, ainsi que pour une large variété d’autres invertébrés (vers de terre par exemple) et de vertébrés tels que les oiseaux. Selon l’association Générations Futures, près de 75% des fruits et 41% des légumes non bio portent des traces de pesticides quantifiables pouvant altérer notre santé et celle des agriculteurs (étude février 2018). L’agriculture intensive est au cœur du problème des pesticides qui contaminent également les nappes phréatiques : en France par exemple où on estime que la moitié des nappes sont polluées, l’agriculture intensive serait responsable de 75% de leur contamination aux nitrates et aux pesticides. Par ailleurs, ce mode d’agriculture est de très loin le 1er consommateur de ressources en eau. Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/pesticides/, https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/agriculture-pesticides-pays-plus-gros-consommateurs-10757/ « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Pollutions des sols (pesticides, métaux lourds) Selon une étude de l’université de Sydney, publiée dans Nature Geosciences le 29 mars 2021, près d’un tiers des terres agricoles dans le monde sont exposées à un risque élevé de pollution par les pesticides, pesticides qui peuvent se retrouver dans les nappes phréatiques et menacer la santé humaine et la biodiversité. Les chercheurs ont examiné l’utilisation de 92 herbicides, fongicides et insecticides dans 168 pays, afin de déterminer quelles substances dépassaient les niveaux recommandés, en se basant sur des données de la FAO et de l’Institut américain de géophysique (USGS). Soulignant le « risque de pollution par les pesticides à l’ échelle mondiale », les chercheurs ont constaté que 64% des terres agricoles présentaient des niveaux de pesticides chimiques supérieurs à ce que les normes industrielles considèrent comme des « concentrations sans effet », et que près de 31% des terres agricoles mondiales, dont 60% des terres agricoles en Europe, présentent un « risque élevé » de pollution par des pesticides qui peuvent s’infiltrer dans les réserves d’eau et avoir un impact sur la santé humaine. L’étude classe une zone comme « à haut risque » quand les niveaux de concentration d’un pesticide sont estimés à au moins mille fois le niveau où ces concentrations n’ont pas d’effet néfaste. C’est en Asie que l’on trouve le plus de terres à haut risque, 4,9 millions de km², dont 2,9 millions en Chine. En Europe, la Russie, l’Ukraine et l’Espagne constituent l’essentiel (62%) des zones à haut risque. Plus le niveau de risque est élevé, plus la probabilité que des espèces non ciblées subissent un effet est grande, a expliqué à l’AFP la chimiste Fiona Tang, autrice principale de l’étude. Source : https://reporterre.net/64-des-terres-agricoles-dans-le-monde-sont-contaminees-par-les-pesticides


Erosion des sols 75% de la surface de la Terre est dégradée. Selon l’IPBES, 3,2 milliards d’humains sont concernés soit près de la population mondiale actuelle. À ce rythme, d’ici 30 ans, ce sont 90% des sols qui sont menacés d’érosion. Or, 95% des aliments que nous mangeons proviennent des sols. Selon l’experte des sols Prof Jane Rickson de Cranfield University, « seul 3% de la surface de la Terre est propice à la production arable or nous perdons 75 Mds de tonnes de sol fertile par an à cause de la dégradation des sols. ». A comparer avec le rythme de constitution de ces mêmes sols : 1cm en 300 ans ! Selon David Montgomery (Dirt. The erosion of civilizations), 1% de la terre arable est perdue en moyenne par an. Le niveau exact de dégradation des sols reste incertain. Mais les zones les plus dégradées sont l’Amérique du Sud où les forêts sont abattues, l’Afrique saharienne, l’Inde et la Chine. Dans ces deux pays, les experts des sols sont inquiets de la capacité à nourrir durablement la population. Les pays développés ne sont pas non plus épargnés par le phénomène. En France, 60% des sols seraient ainsi frappés d’érosion.

La qualité des sols est fondamentale bien sûr pour maintenir les rendements agricoles et permettre des récoltes abondantes. Il est également capital pour le changement climatique. Il y a trois fois plus de carbone dans le sol que dans l’atmosphère. Si ce carbone était relâché, l’emballement climatique serait considérable. Pour conserver le carbone dans le sol, l’option la plus simple est de laisser les forêts repousser. Et transitionner massivement l’agriculture vers des modèles permettant une préservation voire un enrichissement des sols (agroécologie, agroforesterie, permaculture, etc.)

Sources : https://www.bbc.com/news/science-environment-48043134 ; https://www.passerelleco.info/article.php?id_article=113, https://www.novethic.fr/actualite/environnement/biodiversite/isr-rse/degradation-et-erosion-des-sols-cinq-chiffres-chocs-sur-un-danger-mondial-147976.html


Les 7 sphères de l’Anthropocène

II

La lithosphère


Minerais et métaux : ça nous mine le moral… L’extractivisme a pour conséquence de ponctionner en quelques dizaines d’année des quantités de ressources disponibles que la planète a mis des centaines de milliers voire des millions d’années à constituer. Cela entraîne une diminution rapide des stocks et menace d’extinction la plupart des ressources naturelles. Selon l’UNEP (programme environnement de l’ONU), le volume total de matériaux utilisé pour l’économie mondiale est passé de 22 (1970) à 70 milliards de tonnes en 2010 !

Taux de recyclage des métaux (UNEP 2011)

Sources : https://www.unep.org/resources/report/global-material-flows-and-resource-productivity-assessment-report-unep ; https://news.infomaniak.com/web-ecologique/ ; https://www.encyclo-ecolo.com/Epuisement_des_ressources_naturelles ; https://www.euchems.eu/wp-content/uploads/2018/10/FRENCH-Periodic-Table-Element-Scarcity.pdf


Minerais et métaux : ça nous mine le moral…

Sources : http://www.informaction.info/sites/default/files/images/en6_-_penurie_matieres_premieres.jpg


Boucle minerais & métaux / énergie

Pour extraire toujours plus de matières nous devons forer toujours + profond ou dans des endroits + difficiles d’accès, ce qui nécessite + d’ énergie par quantité de matière extraite. Or l’extraction d’énergie fossile elle aussi nécessite de + en + de matières extraites.

Au fil du temps, le capital naturel s’épuise: il faut de plus en plus d’ énergie afin d’extraire de l’énergie de basse entropie et des matières. Quant au stock de haute entropie (déchets), son stock augmente considérablement.

Source : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020


Le marchand de sable passe trop souvent… Le sable est la deuxième ressource la plus utilisée après l’eau. Son rythme d’extraction est 9 fois supérieur à celui du pétrole. L’épuisement de cette ressource est prévu vers 2100. Le secteur de la construction est la principale cause de l’épuisement des ressources en sable. Chaque année, 40 à 50 milliards de tonnes de sables sont extraites des fonds marins, des mines et des lacs, afin de nourrir le secteur du bâtiment. Le béton est composé aux deux tiers de sable, et malheureusement, nos ressources en sable ne sont pas infinies. Seul le sable marin, donc issu de l’érosion de la pierre, est compatible à la création de béton. Sur les quelques 120 milliards de millions de tonnes de sable présents sur la Terre, nous ne pouvons donc en utiliser qu’une infime partie. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Dubaï, état désertique – au sens premier du terme – est obligé d’importer du sable pour construire les Palm Islands ou autre Burj Khalifa. En France, la demande annuelle en sable s’élève à presque 400 millions de tonnes. La quasi-totalité est destinée au secteur de la construction. De tels besoins expliquent pourquoi l’Asie, en pleine transition urbaine, consomme 70% de la demande annuelle mondiale. La Chine, notamment, a besoin de subvenir aux besoins de sa population, qui a presque doublé en 60 ans. Voici quelques ordres de grandeur pour comprendre la consommation mondiale de sable : •Centrale nucléaire : 12 millions de tonnes de sable •1 km de route : 30 000 tonnes •Maison individuelle : 200 tonnes Les conséquences de l’extraction massive de sable des fonds marins sont nombreuses. Les plages disparaissent : lorsque l’on extrait du sable marin, le sable des plages vient combler le vide créé. Petit à petit, le sable des côtes, s’il n’est pas lui aussi dragué, va donc glisser vers les fonds marins, pour finalement disparaître. En Floride, 9 plages sur 10 ont déjà disparues. Le sable des côtes constitue également une barrière naturel contre les éléments. Il a été montré que certains ouragans n’auraient pas été aussi dévastateurs il y a 100 ans. L’extraction massive met enfin de nombreuses espèces sous-marines en danger. En bref, les conséquences environnementales de notre surconsommation de sable sont désastreuses. Sources : https://www.natura-sciences.com/environnement/penurie-sable.html, https://information.tv5monde.com/info/penurie-de-sable-un-enjeu-planetaire-environnemental-et-economique-185813


Phosphore

Sans lui, la vie n’est pas possible. Le phosphore est un élément fondamental du vivant, indispensable aux écosystèmes naturels : les phosphates sont solubilisés par l’altération des roches par l’eau de pluie. Les végétaux les prélèvent sous cette forme et les utilisent pour produire de la matière organique. Le phosphore est ensuite transféré le long de la chaîne alimentaire par la consommation des plantes par les animaux. Il est de nouveau solubilisé grâce à la décomposition de la matière morte par les micro-organismes. Pourtant, il provient de mines de phosphates, ce n’est pas une ressource renouvelable, certaines sources parlent d’épuisement dans 40 ans ou 90 ans au rythme d’extraction minière actuel. Son épuisement est dû à la surexploitation comme engrais dans l’agriculture industrielle qui utilise 90% du phosphore extrait. Une utilisation démesurée de produits fertilisants représente un frein à la prolifération de ces micro-organismes qui fonctionnent en réseau et jouent un rôle essentiel dans le transport et la répartition du phosphore dans la terre. Le phosphore est malheureusement perdu : •Depuis l’installation des toilettes humides (fèces et urines partent dans les eaux usées et se concentrent dans les stations d’épuration) •Lorsque les déchets alimentaires ne retournent pas à la nature (compostés) •Depuis la « fin » du principe de polyculture-maraichage qui permettait de recycler le fumier des animaux

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/phosphore/, https://ecoloyolo.weebly.com/cycle-de-lazote.html Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020


Énergies : la transition énergétique n’existe pas, il y a addition énergétique ! L’historien Jean-Baptiste Fressoz démontre que “l’histoire de l’énergie n’est pas celle de transitions, mais celle d’additions successives de nouvelles sources d’énergie primaire.”

La mauvaise nouvelle c’est que l’histoire nous apprend qu’il n’y a en fait jamais eu de transition énergétique. On ne passe pas du bois au charbon, puis du charbon au pétrole, puis du pétrole au nucléaire. L’histoire des énergies n’est pas celle transitions, mais d’additions successives nouvelles sources d’énergie primaire.

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L’erreur de perspective tient à la confusion entre relatif et absolu, entre local et global : si au XXème siècle, l’usage du charbon décroit relativement au pétrole, il reste que sa consommation augmente et que, dans le monde, on n’en a jamais autant brûlé qu’en 2019. Pour l’instant, le nucléaire et les énergies renouvelables n’ont fait qu’ajouter une fine couche supplémentaire au mix énergétique qui demeure fondamentalement carboné, à + de 80%.

Sources :”Le mythe de la transition énergétique”, Jean-Baptiste Fressoz, in Collapus ; http://www.columbia.edu/~mhs119/EnergyConsump/WorldEnergyConsumption.png


Énergies : les énergies fossiles restent prédominantes. Le charbon a permis la première révolution industrielle puis le problème de la densité surfacique a été réglé par les hydrocarbures (pétrole et gaz). La densité surfacique d'énergie est la quantité d’énergie associée à une unité de surface. Les énergies denses (hydrocarbures, uranium) se trouvent, par ailleurs, dans la lithosphère, réglant ainsi le problème de la compétition qui prévalait sur la consommation de bois-énergie. La compétition alimentaire / « carburant » était aussi importante: il fallait choisir entre nourrir les humains ou nourrir les chevaux (force de travail, moyen de mobilité) Tous ces avantages des hydrocarbures et du charbon entraînent une augmentation constante de leur consommation. Les énergies renouvelables voient leur part augmenter mais elles s’ajoutent aux énergies fossiles sans les remplacer. « Renouvelable »: env 11% (NB : le capteur n’est pas renouvelable; toutes les énergies se dégradent : c’est l’entropie

Non « renouvelable » : env 89%

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020 http://www.columbia.edu/~mhs119/EnergyConsump/WorldEnergyConsumption.png, http://gidmodel.org/?p=582


Energies : l’économie actuelle est dopée au pétrole. Si près de 60% du pétrole mondial est consommé par le secteur des transports (fret routier, véhicules, navires, avions), il est également destiné à d’autres usages. • Les produits du quotidien : la plupart des matières plastiques, des solvants ou des cosmétiques. Environ 99% des matières plastiques et une majorité des textiles (nylons, polyesters, etc.) sont issus de la pétrochimie. Par ailleurs, la pétrochimie permet aussi de produire des détergents, des caoutchoucs, des adhésifs et même des médicaments. • L’habitat et les bâtiments publics : les GPL ou Gaz de Pétrole Liquéfié (butane, propane), issus du raffinage du pétrole ou du traitement de gaz naturel, sont utilisés en bouteilles pour la cuisson des aliments ou le chauffage domestique. Le fioul, qui est également issu du raffinage du pétrole, est encore beaucoup utilisé pour le chauffage. • La production d’électricité : les centrales thermiques à fioul produisent environ 5% de l’électricité mondiale. • Les travaux publics : le secteur de la construction routière utilise 90% de la production mondiale de bitume, produit issu des pétroles lourds. Par ailleurs, les engins de travaux publics utilisent fréquemment du gazole. • Les secteurs de l’agriculture et de la pêche : De nombreux engrais et pesticides sont issus de transformations pétrochimiques et les machines agricoles fonctionnent souvent au fioul domestique (tracteurs, moissonneuses, etc.) tout comme les bateaux de pêche. Sources : https://pbs.twimg.com/media/CVXQuRCWwAA3syN.jpg ; http://files.cgerardphilipesvt.webnode.fr/system_preview_detail_200007371-58c4959bef-public/utilisations%20du%20p%C3%A9trole.jpg https://www.connaissancedesenergies.org/en-dehors-du-transport-quels-sont-les-autres-usages-du-petrole

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Energies : le pic de pétrole conventionnel a été atteint en 2008-2011, le pic total en 2015-2019. La dépendance de l’économie mondiale au pétrole entraîne une consommation très importante qui nous ont fait dépasser le pic de production. Le pic de production du pétrole conventionnel (moins intense en énergie à extraire, moins cher) a été atteint entre 2008 et 2011 selon l’Agence Internationale de l’Energie. L’exploitation de pétrole non conventionnel (sables bitumineux, pétrole lourd, schiste bitumineux, en offshore profond, en conditions polaires…) a permis de maintenir la croissance de la production mondiale. Mais ces pétroles demandent + d’énergie pour être exploités. L’intensité énergétique de l’extraction s'accroît (pétrole de schiste et sables bitumineux demandent énormément d’énergie pour obtenir du pétrole). Il y a 100 ans, on prélevait environ 100 barils avec un seul. Aujourd’hui, le TRE (Taux de Retour Energétique, EROI en anglais) avoisine en moyenne 15:1 (15 barils extraits avec un baril consommé). Des physiciens estiment qu’à 7:1, la civilisation thermo-industrielle entre en risque d’effondrement. Le pic de production total aurait été atteint entre 2015 et 2019.

« En quelques années seulement, le taux de réussite des forages d'exploration à terre (pour trouver du pétrole) est passé de 50% à 10% : 5x moins de réussite ! En mer, la chute est moins brutale, mais elle est régulière : ce taux de succès est passé de 40% à 25% sur les 10 dernières années. La recherche des gisements de pétrole, c'est comme la chasse aux œufs de Pâques : ceux que l'on trouve en premier sont les plus gros et/ou les moins bien cachés. L'exploitation est alors facile et le prix du pétrole produit est bas. Plus le temps passe, plus les découvertes de pétrole baissent en volume (elles baissent depuis les années 1960, et sont devenues inférieures à la production depuis 1980), et plus les gisements découverts sont petits et/ou très bien cachés, donc chers à exploiter (et rapidement vidés). Le pétrole, c'est la corne d'abondance du 20ème siècle. Sans pétrole, pas de mondialisation, pas de civilisation urbaine (dépendante des transports longue distance pour tout ce qui y est acheminé), pas de plastiques, d'huiles, de détergents et de vêtements synthétiques, pas de routes (car pas de bitume !)... Il n'y a pas que le climat qui va nous faire souffrir à l'avenir. L'autre mâchoire qui se referme doucettement, c'est la contraction pétrolière. », Jean-Marc Jancovici

Sans décroissance énergétique et développement massif d’énergies de substitution, la chute risque d’ être brutale pour l’économie mondiale avec des conséquences imprévisibles sur les sociétés. Notons par ailleurs qu’au-delà des questions de pic, il faudrait laisser les réserves d’hydrocarbures dans le sol pour limiter le réchauffement climatique à des niveaux compatibles avec les Accords de Paris et préserver l’habitabilité de la planète !

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020, https://www.artberman.com/wp-content/uploads/Chart_World-Con-Uncon-1.jpg ; https://insideevs.com/news/324422/tar-sands-eroi-for-ice-transportation-vs-evs/ ; https://comitemeac.com/dossiers-2/dossiers/capsules-energetiques-introduction/quest-ce-que-le-taux-de-retour-energetique-eroi/, https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_chute-record-du-taux-de-r%C3%A9ussite-des-forages-activity-6775318094542868480-ZsGh


Énergies : les énergies de substitution sont beaucoup moins denses. La combustion de l’hydrogène génère une forte quantité d’énergie (environ 3 fois plus que l’essence à poids constant) mais sa densité est très faible vs les hydrocarbures.

slide issue du site de Nicolas Meilhan

Les énergies de substitution ne peuvent maintenir la civilisation thermo-industrielle dont l’EROI (TRE) est estimé à 7:1. En deçà, la civilisation (thermo-industrielle) basée sur des ressources énergétiques denses (et gratuites puisque les ressources naturelles le sont) s’effondrera.

Mix énergétique 0,5% FR (2015)

0,5% 1%

0%

20% 3,5%

3%

16%

* solaire à concentration ** centrale à gaz cycle combiné

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020 ; http://memepoliceman.com/are-windmills-idiot-power/


Énergie décarbonée et matières : risque de blocage systémique

Les énergies décarbonées et les véhicules électriques développés pour se substituer aux hydrocarbures consomment de grandes quantités de matériaux ce qui met en risque de tension voire de pénurie l’approvisionnement pour nombre d’entre eux.

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020 ; https://ree.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/focus_ressources_naturelles_version_complete.pdf


Energies : une efficacité énergétique en amélioration constante… mais annihilée par les effets rebond. L’efficacité énergétique s’améliore chaque année, ce qui permet de consommer moins d’énergie par unité produite (l’intensité énergétique de l’économie se réduit)…

Cela s’explique notamment par les effets rebond, ou paradoxe de Jevons. L’économiste britannique W. Stanley Jevons a mis en évidence le paradoxe que les gains en efficacité énergétique de la machine à vapeur n’ont pas permis de diminuer la consommation globale de charbon, qui a au contraire augmenté. Plus on améliore l’efficacité – courbe jaune (consommation marginale d’énergie ou de matière), plus on consomme- colonnes bleues (consommation globale).

Pourtant, la consommation d’énergie par habitant continue à augmenter…

Les économies d’énergie initialement prévues sont donc en partie perdues ; compensées par une plus grande production de cet équipement et une plus grande consommation d’énergie pour faire fonctionner le total de ces équipements. Les exemples contemporains sont nombreux : l’aviation low cost baisse le prix d’entrée et augmente le trafic aérien global, les gains d’énergie par voiture sont gommés par des poids + élevés et une utilisation accrue, + sobres… Moins cela coûte par unité plus la consommation globale augmente. Ainsi, si les mesures d’efficacité énergétiques, sont indispensables, elles ne sont pas suffisantes. Elles se doivent d’ être couplées à un changement profond de regard sur le consumérisme. Sachant que nombre de nos comportements sont conditionnés par le contexte social dans lequel ils s’inscrivent, c’est une révolution culturelle sur les méfaits et le non-sens de la surconsommation qui est à mener.

Dans une étude récente, + de la moitié des économies d’énergie résultant d’une amélioration de l’efficacité énergétique est effacée par les effets rebond. En conséquence, la consommation d’énergie totale continue à augmenter fortement ! (elle est toujours à 89% non renouvelable) Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020 ; https://i0.wp.com/mrmondialisation.org/wp-content/uploads/2016/05/03_jevons_paradoxes.jpg ; https://www.eia.gov/todayinenergy/images/2016.07.12/main.png ; https://ourfiniteworld.com/2020/11/09/energy-is-the-economy-shrinkage-in-energy-supply-leads-to-conflict/ ; https://larbredesimaginaires.fr/tronc/effet-rebond/ ; https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1364032121000769?via%3Dihub


Énergies : Énergie grise et déchets cachés : un problème économique structurel L'énergie grise, ou énergie intrinsèque, est la quantité d'énergie consommée lors du cycle de vie d'un matériau ou d'un produit : la production, l'extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l'entretien et enfin le recyclage, à l'exception notable de l'utilisation. Les déchets cachés, aussi appelés « sac à dos écologique », sont tous les déchets qu’un objet « transporte » derrière lui. En moyenne, on peut estimer que les 354 kg d’ordures ménagères que génère un Français chaque année représentent en réalité 2 500 kg de déchets industriels, 11 300 kg de matières premières extraites et 35 000 kg de ressources naturelles exploitées. Ces déchets du quotidien ont donc un réel coût pour l’environnement. Quelques exemples :

Objets

Déchets cachés

Énergie grise

Micro-ondes

….

2 tonnes****

Voiture (1,2-1,5to)

2/3 d’énergie grise vs 1/3 d’énergie embarquée

Entre 15 et 30 to**

Avion (100-250 to)

Téléphone portable

Env. 85% d’énergie grise vs 15% d’énergie embarquée

183 kgs ****

Ordinateur portable

800 kgs***

Modem

500 kgs***

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020, données issues de l’Ademe, du Ministère de l’environnement et d’un MOOC de l’Université des Colibris


Les 7 sphères de l’Anthropocène

II

La biosphère


Espèces envahissantes Les invasions biologiques sont une des principales causes de perte de biodiversité. Elles sont aussi bien le fait d’animaux que de plantes, voire de micro-organismes. Par exemple, depuis les années 1990, un champignon, possiblement originaire d’Afrique, décime les espèces d’amphibiens sur tous les continents. La rascasse d’eau fait partie des 100 espèces les + envahissantes du monde, si elle est introduite sans ses consommateurs naturels, elle asphyxie les cours d’eau. Les espèces peuvent être déplacées de manière non intentionnelle ou volontairement (ex : pour la chasse ou la pêche sportive), parfois un mélange des deux. Dans les 2 bases de données référençant les espèces envahissantes (CABI ISC et GISD), 1517 espèces étaient identifiées en 2016, dont 39% ont été introduites intentionnellement, 26% non intentionnellement, 22% un mélange des deux et 13% pour lesquelles on manque d’informations Une fois qu’elles sont déclarées, il est très difficile et coûteux de remédier aux invasions biologiques, il faut donc essayer à tout prix de les éviter.

Nombre d’espèces envahissantes par pays et nombre par km² selon le Global Invasive Species Database (GISD) en 2016

Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Menaces sur le phytoplancton, à la base de toute la chaîne alimentaire marine

Le phytoplancton est le plancton végétal, c’est-à-dire l’ensemble des organismes végétaux vivant en suspension dans l’eau. La plupart de ces organismes sont trop petits pour être visibles à l’œil nu, mais s'ils sont en quantité suffisante, ils apparaissent à la surface de l'eau comme des étendues colorées. Le phytoplancton produit la moitié de l'oxygène que consomment l'ensemble des êtres vivants hétérotrophes et les volcans (ces derniers consomment de l'oxygène en brûlant le carbone organique des sédiments dans les zones de subduction). Il capte l'énergie solaire grâce à la photosynthèse. Il constitue 50% de la production primaire à l’échelle mondiale et est à la base des réseaux trophiques océaniques et de l'alimentation des oiseaux marins. Il joue un rôle essentiel dans le rétrocontrôle du climat global, notamment en pompant le CO2 de l'air. Son développement est fortement saisonnier et souvent constitué de successions de populations dominantes. Le phytoplancton constitue à lui seul environ 50% de la matière organique produite sur la planète Terre, mais il semble en diminution régulière depuis la fin du XXe siècle. Sa vulnérabilité n’est pas encore bien connue, mais la surpêche ou une pêche ciblant des espèces consommant le plancton (dont certaines baleines par exemple) peut modifier le réseau trophique et la composition planctonique de l’océan, de même que le réchauffement climatique ou la pollution (acidification, eutrophisation en particulier).

Source : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/phytoplancton/


La pêche industrielle, machine à vider les mers… Selon la FAO, la production mondiale de la pêche de capture a atteint en 2018 un niveau record de 96,4 millions de tonnes (Mt), soit +5,4% par rapport à la moyenne des 3 années précédentes. Cette progression est principalement due à la pêche de capture marine (84,4 Mt en 2018). En 2018, les captures de la pêche continentale ont atteint leur plus haut niveau, avec 12 Mt. 7 premiers pays de la pêche mondiale de capture = 50% des captures totales : Chine (15% du volume total des prises, Indonésie (7%), Pérou (7%), de l’Inde (6%), Russie (5%), USA (5%) et Vietnam (3%). 20 premiers pays producteurs = 74% de la production totale de la pêche de capture.

Ces chiffres sont considérés comme sous-estimés par la communauté scientifique qui compte également les captures non déclarées (unreported landings) et les poissons rejetés en mer (discards). Ainsi, les captures annuelles de poissons ont été multipliées par 6 entre 1950 et 1996 où elles ont atteint un pic à 130 millions de tonnes.

Dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture, on estime qu’il est perdu ou gaspillé, chaque année, 35% des quantités récoltées et capturées à l’échelle mondiale. Par ailleurs, pour faire face aux besoins en consommation de poissons, l’aquaculture a été massivement développée à partir du début des années 1990 et + de 25% des prises de poisson sauvage sont désormais utilisées pour faire des farines de poissons données aux poissons d’élevage et à du bétail.

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/surpeche/, Sea Around Us https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/faf.12233, FAO, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


… et ça marche ! Les bateaux vont toujours + loin, toujours + profond et un nombre toujours + grand d’espèces est capturé. L’industrialisation massive de la pêche a de lourdes conséquences. Beaucoup de populations sont déjà très fragilisées. La situation des stocks de poissons marins est dramatique : d’après l’évaluation réalisée par la FAO, la part des stocks de poissons exploités à un niveau biologiquement durable à l’échelle mondiale est passée de 90% en 1974 à 66% en 2017 (et la quasi-totalité de ces stocks sont à la limite maximale de la durabilité). À l’inverse, le % des stocks exploités à un niveau biologiquement non durable a augmenté, en particulier à la fin des années 1970 et dans les années 1980, passant de 10% en 1974 à 34% en 2017. Sur les 600 espèces pêchées dans le monde, environ un tiers sont menacées d’extinction totale, car le niveau de leurs stocks est descendu trop bas. Parmi les plus connues, citons le cabillaud, la morue du Canada, le saumon sauvage de l’Atlantique, le thon rouge, la sole... Les poissons migrateurs ont vu leur population diminuer en moyenne de 76% entre 1970 et 2016 en raison de la dégradation des habitats et la surpêche, selon un rapport du WWF, l’UICN et de la World fish migration foundation publié en juillet 2020.

% de variation de la biomasse des populations par rapport à la période 1950-1954 dans les zones maritimes mondiales

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/surpeche/, https://www.fishbase.de/rfroese/PalomaresGlobalBiomass.pdf, https://www.actu-environnement.com/ae/news/infographie-peche-france-exploitation-poissons-ifremer-37046.php, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Biodiversité – la 6ème extinction de masse Il y a eu 5 extinctions de masse dans l’histoire de notre planète au cours desquelles plus de la moitié des créatures vivantes de la Terre ont disparu. Toutes ces extinctions de masse ont été causées par des évènements externes aux actions du vivant (climat, astéroïdes, activité volcanique…). Ces extinctions se sont étalées sur plusieurs siècles. Nous sommes à présent entrés dans la 6ème extinction de masse. Pour la première fois dans l’histoire, une seule espèce vivante (l’humain) en est responsable et le rythme d’extinction (quelques dizaines d’années) est sans précédent. L‘IPBES estime qu’entre 500 000 et 1 million d’espèces sont menacées d’extinction. L’Indice Planète Vivante (IPV) 2020 mondial publié par WWF montre un déclin moyen de 68% des 21 000 populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons suivies entre 1970 et 2016. Or les variations des populations d’espèces sont un indicateur majeur de la santé globale des écosystèmes. L’IPV mondial ne nous donne pas une image complète : il existe des différences dans les courbes d’abondance entre régions, les plus forts déclins étant observés dans les zones tropicales. La baisse de 94 % de l’IPV pour les sous-régions tropicales des Amériques est le déclin le plus important jamais observé dans une région. La conversion des prairies, des savanes, des forêts et des zones humides, la surexploitation des espèces, le changement climatique et l’introduction d’espèces exotiques sont des facteurs clés de ce déclin. La biomasse des insectes se réduirait de 2,5% par an selon les données disponibles. De 1970 à 2014, la taille des populations de vertébrés aurait diminué de 60%. Les populations de poissons auraient décru de moitié. L’UICN dénombre dans sa liste rouge 26 500 espèces menacées d’extinction, ce qui correspond à + d’un quart des espèces suivies. Cela correspond à 40% des amphibiens, 25% des mammifères et 25% des espèces de conifères par ex. Rappelons par ailleurs que nous sommes très loin de connaître toutes les espèces présentes sur Terre, 2 millions ont été répertoriées mais il y en aurait de 8,7 millions à plusieurs milliards selon les estimations. A tel point que l’astrophysicien et écologiste Aurélien Barrau parle d’« extermination délibérée des formes de vie sur Terre ». Car même dans la majorité des espèces non menacées, le nombre d’individus s’effondre. Et nous savons que cette crise résulte de l’action délibérée d’une seule espèce, la nôtre. Les causes majeures de cet effondrement sont connues : destruction et perte d’habitats (liées à l’agriculture non durable, l’exploitation forestière, les transports, le développement résidentiel ou commercial, production d’énergie, exploitation minière…), pollutions, surexploitation directe (chasse, braconnage, pêche, récolte non durable) ou indirecte (espèces tuées par inadvertance), invasions biologiques (espèces envahissantes et maladies), changement climatique (conséquences multiples détaillées dans ce document). Source : https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/principales-extinctions-masse-Terre-2019-04-29-1301018606 « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Biodiversité – la 6ème extinction de masse

Source : rapport WWF Planète Vivante 2020


Biodiversité – la 6ème extinction de masse

Source : rapport WWF Planète Vivante 2020


Biodiversité – la 6ème extinction de masse

Source : rapport WWF Planète Vivante 2020


Biodiversité – la 6ème extinction de masse

Sources : https://www.la-croix.com/environnement/Biodiversite-68-vertebres-milieux-deau-douce-aneantis-50-ans-2020-09-10-1201113216, https://ree.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/focus_ressources_naturelles_version_complete.pdf « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Effondrement de la biodiversité terrestre - pollinisateurs Les abeilles et autres pollinisateurs sont d’une importance capitale pour la perpétuation du vivant. 75% de la production mondiale de nourriture dépend des insectes pollinisateurs. •Entre 60 et 90% des plantes sauvages ont besoin d’insectes pollinisateurs pour se reproduire. •Le volume de la production de cultures dépendant des pollinisateurs a augmenté de 300% au cours des cinq dernières décennies, de sorte que les moyens de subsistance sont de plus en plus tributaires de la pollinisation. •La pollinisation animale est directement responsable de 5 à 8% de la production agricole mondiale actuelle en volume (en d’autres termes, cette partie de la production serait perdue s’il n’y avait pas de pollinisateurs), et inclut des aliments qui apportent des proportions importantes de micronutriments, comme la vitamine A, le fer et le folate, dans l’alimentation humaine à l’échelle mondiale •265 milliards de dollars : c’est la valeur estimée du service rendu par la pollinisation dans le monde. Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite-terrestre-pollinisateurs/, https://www.ipbes.net/sites/default/files/downloads/2016_spm_pollination-fr.pdf


Effondrement de la biodiversité terrestre - pollinisateurs Et pourtant, les pollinisateurs disparaissent. La situation est dramatique : • Les populations d’abeilles domestiques ont chuté de 25% en Europe entre 1985 et 2005. • Les évaluations de la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) indiquent que 16,5 % des pollinisateurs vertébrés sont menacés d’extinction au niveau mondial (ce chiffre atteignant 30 % pour les espèces insulaires). • Il n’existe pas d’évaluation mondiale de la Liste rouge concernant spécifiquement les insectes pollinisateurs. • Toutefois, des évaluations régionales et nationales font état de niveaux élevés de menace pesant sur certaines espèces d’abeilles et de papillons. En Europe, 9% des espèces d’abeilles et de papillons sont menacés et les populations diminuent pour 37% des abeilles et 31% des papillons. • Lorsque des évaluations des Listes rouges nationales existent, elles montrent que, souvent, plus de 40% des espèces d’abeilles peuvent être menacées. Ces derniers hivers, la mortalité de ces populations était de 20% en moyenne en Europe, voire de 53% dans certains pays.

Un article de synthèse publié en février 2019 clarifie et aggrave encore ce constat : 41% des espèces d’insectes pour lesquelles on dispose de suivis de long-terme dans le monde sont en déclin, et 31% sont menacées d’extinction. La baisse de la biomasse d’insectes serait de 2,5% par an dans le monde. Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite-terrestre-pollinisateurs/, https://www.ipbes.net/sites/default/files/downloads/2016_spm_pollination-fr.pdf, https://insect-respect.org/fileadmin/images/insect-respect.org/Rueckgang_der_Insekten/2019_Sanchez-Bayo_Wyckhuys_Worldwide_decline_of_the_entomofauna_A_review_of_its_drivers.pdf, https://fr.statista.com/infographie/16973/diminution-des-populations-insectes-extinction-animale/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Effondrement de la biodiversité terrestre - pollinisateurs Les raisons de la disparition des pollinisateurs sont multiples et s’entretiennent les unes les autres : dérèglements climatiques, nouveaux virus et agents pathogènes, acariens, parasites, disparition des habitats naturels en raison des monocultures et, bien évidemment, traitements phytosanitaires (pesticides). Le risque que présentent les pesticides pour les pollinisateurs est déterminé par la combinaison de la toxicité et du niveau d’exposition, qui varie géographiquement en fonction de la composition des produits utilisés, de l’échelle de la gestion des terres et de la dimension de l’habitat dans le paysage. Il a été démontré que les pesticides, et en particulier les insecticides, ont de nombreux effets létaux et sublétaux sur les pollinisateurs dans des conditions expérimentales contrôlées. Dans les années 1990, les ruches enregistraient une mortalité de l’ordre de 3 à 5%, mais avec l’arrivée sur le marché des néonicotinoïdes, en une quinzaine d’années ce taux est monté à 30% et en 2018 les pertes sont montées à 60% voire 90% de la population ! En France, près de 30% des colonies d’abeilles disparaissent chaque année. Par ailleurs, + la fragmentation de l’habitat augmente et la taille des parcelles se réduit, sous l’action de l’intensification agricole et/ou l’urbanisation, moins la population des pollinisateurs est riche et abondante.

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite-terrestre-pollinisateurs/, https://www.ipbes.net/sites/default/files/downloads/pdf/pollination_chapters_final.pdf, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Effondrement de la biodiversité terrestre – biodiversité d’eau douce

Les écosystèmes d’eau douce sont menacés par un ensemble de facteurs comprenant essentiellement les changements d’utilisation des terres, y compris l’extraction de l’eau, l’exploitation, la pollution, les changements climatiques et les espèces envahissantes. La biodiversité d’eau douce diminue bien plus rapidement que celle des océans ou des forêts. Sur la base des données disponibles, WWF affirme que près de 90% des zones humides mondiales ont été détruites depuis 1700, et une cartographie mondiale a récemment révélé que des millions de kilomètres de rivières ont été modifiés par l’homme. Ces changements ont eu un impact sévère sur la biodiversité d’eau douce, une forte baisse démographique a été constatée sur les espèces suivies. Les 3741 populations suivies – représentant 944 espèces de mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons – dans l’Indice Planète Vivante Eau Douce ont diminué en moyenne de 84%, ce qui équivaut à 4% par an depuis 1970 ! La plupart des déclins sont observés chez les amphibiens, les reptiles et les poissons d’eau douce. Ils sont enregistrés dans toutes les régions, en particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Source : rapport Planète Vivante 2020 du WWF, https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite/


Effondrement de la biodiversité terrestre - végétaux Chaque année, plus de 2 000 espèces de plantes en moyenne continuent d’être décrites comme nouvelles pour la science, ce qui s’ajoute au nombre total des espèces de plantes vasculaires connues, estimé entre 340 000 et 390 000. Pourtant, malgré l’importance des plantes pour la vie sur Terre, leur état et leurs évolutions restent mal compris, comparés à celles des vertébrés, et elles sont généralement absentes des analyses mondiales sur la biodiversité. Les informations géographiques, génétiques et propres aux caractéristiques des plantes, y compris leurs utilisations par l’homme et leur fonction dans les écosystèmes, sont encore + incomplètes. Par exemple, environ la moitié des espèces végétales du monde ne disposent pas de données détaillées sur leur répartition, contrairement aux cartes de répartition disponibles pour la plupart des vertébrés. La Liste Rouge mondiale de l’UICN n’a évalué que 10% des plantes et la couverture actuelle est biaisée, car ce sont les arbres et les espèces menacées qui sont le plus susceptible d’avoir été évalués. Cependant, l’évaluation d’un échantillon de milliers d’espèces représentant l’éventail taxonomique et géographique de la diversité végétale mondiale a montré qu’une espèce sur cinq (22%) est menacée d’extinction, la plupart d’entre elles se trouvant sous les tropiques. Le nombre d’extinctions connues de plantes est deux fois plus élevé que celui des mammifères, des oiseaux et des amphibiens réunis. La moitié des extinctions de plantes signalées depuis 1750 ont été réfutées par la suite (en raison de la redécouverte ou de la redéfinition d’espèces), mais si l’on se base sur celles qui ont été confirmées, les plantes à graines disparaissent jusqu’à 500 fois plus vite qu’à l’époque pré-industrielle. Dans le cadre du Global Tree Assessment (GTA), plusieurs organisations internationales comme le Botanic Gardens Conservation International mènent en 2021 un travail minutieux d’évaluation de l’ensemble des espèces d’arbres connues à travers le monde. Cette synthèse qui devrait être publiée en 2021, devrait permettre de disposer d’une première « photographie » de leur état de conservation à l’échelle planétaire. Bien que demeurant partiel (70% des espèces analysées à ce jour), le bilan provisoire s’avère déjà très préoccupant puisqu’il estime que près de 4 espèces d’arbres sur 10 sont menacées de disparition. En Europe, continent que l’on aurait pu imaginer davantage épargné, la récente liste rouge européenne (septembre 2019) a révélé que plus du tiers des essences étaient en forte régression. Dans d’autres régions du monde, la situation est encore plus alarmante. En Asie centrale, par exemple, ce sont plus de la moitié des arbres qui ont rejoint la longue et funeste liste des espèces susceptibles de disparaître à court ou moyen terme. L’agriculture, comprenant l’expansion ou l’intensification des cultures, de l’élevage, des plantations ou de l’aquaculture, est la menace la plus fréquemment incriminée pour les plantes dans les évaluations de la Liste Rouge de l’UICN. Conformément à ces évaluations, la destruction des habitats et les changements d’utilisation des terres, principalement liés à l’urbanisation et à l’agriculture, sont les principales causes d’extinction de plantes signalées. Cependant, la cause de la plupart des extinctions de plantes reste inconnue. Source : rapport Planète Vivante 2020 du WWF, https://reporterre.net/Quatre-especes-d-arbres-sur-dix-sont-menacees-de-disparition, https://larbredesimaginaires.fr/tronc/biodiversite/


Déforestation Les forêts couvrent 4 milliards d’hectares et jouent un rôle capital pour la stabilité du climat, en séquestrant 3 milliards de tonnes de carbone/an (30-37% du CO2). Elles constituent un des principaux puits de carbone avec les océans. Pourtant, 13 millions d’hectares de forêts sont détruits chaque année, entraînant le relâchement de 1,5 milliards de tonnes de carbone/an dans l’atmosphère. La déforestation tropicale à elle seule représente entre 10 et 12% des émissions anthropiques de gaz à effet de serre. Selon une étude scientifique publiée dans la revue Nature, en mars 2020, les forêts tropicales perdent leur capacité à absorber le carbone, et la forêt amazonienne risque même dans les 15 prochaines années d’en produire plus qu’elles n’en captent. Actuellement, les forêts tropicales représentent 50% des capacités mondiales de l’absorption de carbone (par des techniques de séquestration), mais approchent de la saturation, face notamment à l’augmentation des émissions d’origine humaine. La capacité des forêts à capter le CO2 dans l’atmosphère par la photosynthèse est aussi entamée par la disparition d’arbres, pour cause d’incendie, de sécheresse ou de déforestation. Cette capacité chute bien plus vite en Amazonie que dans les forêts d’Afrique subsaharienne. L’Amazonie s’étend sur 6,5 millions de km² (5% de la surface terrestre), abrite plus de 50% des espèces animales et végétales terrestres, ravitaille 1/5 de l’humanité en eau douce et joue un rôle essentiel dans la stabilisation du climat mondial en retenant aussi d’immenses masses d’eau par ses fleuves et ses arbres. Selon la revue Science Advances, 17% de la forêt amazonienne a été détruit ces 50 dernières années, et depuis Bolsonaro le rythme ne fait que s’accélérer. En parallèle, la surface terrestre plantée en arbres a augmenté de 7% (2,2 millions de km²) entre 1982 et 2016, mais ce « gain en forêts se produit en dehors des régions tropicales, dans les zones tempérées et boréales, et résulte principalement de l’essor de forêts plantées et d’exploitations de bois de construction ou énergétique. Les exploitations agricoles qui remplacent les forêts tropicales sont en général pour des cultures et élevage de masse dédiés à l’exportation. La responsabilité de la déforestation revient donc aussi au pays importateur et au consommateur final du produit qui en est issu. Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/deforestation/, https://research.wri.org/gfr/forest-pulse


Déforestation Les causes de la déforestation sont multiples : •Elevage (bovin) •Cultures intensives de soja (pour nourrir le bétail) •Plantations de palmiers pour l’huile de palme (biocarburants et additif agroalimentaire), de cannes à sucre, cacaoyers et caféiers •Industrie du bois

Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/deforestation/, Our World in Data, https://research.wri.org/gfr/forest-pulse


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Boucle agricole : le verrou agro-industriel Destruction des ceintures maraichères: artificialisation du territoire / extension des zones d’habitat, « bitumisation »

Industrie agroalimentaire Perte biodiversité (dont Intrants chimiques

insectes pollinisateurs) Destruction biologique de la pédosphère

monoculture Besoins énergétiques

Surspécialisation agricole

Grande distribution

Épuisement énergétique

Besoins énergétiques spécifiques: chaine du froid (transport + stockage), cuisson, transport

Intensification de la mécanisation et des intrants chimiques

intensité énergétique de l’ énergie (EROI-TRE)

Saturation des exutoires: pollution de l’air, des sols et réchauffement climatique

Perte rendements à l’hectare

• Lecture: • boucle violette: l’industrie agroalimentaire mondialisée est étroitement liée à l’agriculture conventionnelle.

Débouclage des cycles naturels: potassium, phosphore, azote, carbone

• Boucle grise: la surspécialisation agricole des territoires est par définition un modèle de monoculture nécessitant quantité d’intrants chimiques (compense l’absence d’auxiliaires de culture et de revalorisation des déchets agricoles (compost animal et humain) et forte mécanisation (logique financière) Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020


Boucle agricole : le verrou agro-industriel

Production agricole: ceintures maraichères / vente de proximité

Agriculture conventionnelle et spécialisation agricole: monoculture, intrants chimiques, ultra-mécanisation

Peu de transformation

transport

Grande surface: consommation d’ énergies (froid), artifcialisation des sols

Consommation directe

Transformation industrielle

Modèle agricole de proximité

transport

Modèle agroindustriel transport

Stockage (froid positif, froid négatif

• Lecture: création de PIB…et de destruction naturelle (consommations énergétiques, CO2, artificialisation des sols, consommation de matières pour le transport, l’architecture logistique). Plus les items sont nombreux, plus il y a de PIB et donc de destruction naturelle Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020


Les 7 sphères de l’Anthropocène

II

L’anthroposphère


Démographie – Humains, trop d’humains ? Le 1er milliard d’humains n’a été atteint que vers 1800. Aujourd’hui nous sommes 7,5 milliards. Depuis que nous avons marché sur la Lune pour la 1ère fois en 1969 notre population a doublé. Les personnes nées autour de 1930 auront vu la population mondiale doubler 2 fois de leur vivant ! De 2 Mds vers 1930 à 4 Mds dans les années 1970 et 8 Mds projetés dans les années 2020. Selon l’hypothèse moyenne de l’ONU nous serons 9,8 Mds en 2050 et 11,2 Mds en 2100. + de la moitié de cette croissance se concentrera sur 9 pays : Etats-Unis, Congo, Éthiopie, Inde, Indonésie, Nigeria, Ouganda, Pakistan et Tanzanie. Beaucoup d’entre eux seront pauvres voire très pauvres. Certaines estimations prévoient 3 Mds de personnes dans des bidonvilles en 2050 (1/3 de la population mondiale). La fourniture de biens et services essentiels deviendra critique et posera des défis de durabilité majeurs. La relation entre le nombre d’humains et leur niveau d’impact environnemental est complexe et l’équation de l’économiste japonais Yoichi Kaya (connue sous le nom d’équation de Kaya) pour le seul problème des émissions de gaz à effet de serre (mais on pourrait l’appliquer pour les ressources en matière, en eau, etc.) est utile pour l’appréhender. Outre la taille de la population mondiale, il faut aussi prendre en compte la croissance du PIB par habitant, la quantité de ressources terrestres nécessaires pour chaque point de cette croissance, et l’impact terrestre associé à la consommation de ces ressources. L’interdépendance de ces facteurs est d’une très grande diversité d’un pays à l’autre, l’empreinte environnementale d’un Américain (et dans une moindre mesure d’un Européen de l’Ouest ou d’un Japonais) est sans commune mesure avec celle d’un Africain.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://www.populationdata.net/wp-content/uploads/2017/08/population-mondiale-2100.jpg, https://ourworldindata.org/uploads/2018/11/Annual-World-Population-since-10-thousand-BCE-for-OWID.png, https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/957292/Dasgupta_Review_-_Abridged_Version.pdf


Empreinte environnementale – la gloutonnerie incurable des humains La croissance et la quête d’abondance matérielle qui lui est associée s’appuient sur une extraction toujours + intense de matériaux et d’énergie ; combinée à l’augmentation exponentielle de la population, l’impact sur la planète est colossal. Malgré le développement de l’hydroélectricité, du nucléaire et des énergies renouvelables, nous restons à 90% dépendants des énergies fossiles, les nouvelles énergies s’étant additionnées à la consommation d’énergie sans se substituer aux énergies fossiles. Entre 1800 et 2015, notre consommation d’énergie a été multipliée par 25. Notons au passage que dans le même temps la population a été multipliée par 7,5 ; on voit bien qu’elle n’explique pas toute cette hausse gigantesque. Selon l’OCDE, l’humanité consommait 79 gigatonnes de matériaux (métaux, combustibles fossiles, biomasse, minéraux non métalliques) en 2011 et en consommera 167 en 2060. La multiplication du nombre d’appareils numériques, des réseaux et centres de données pour connecter des milliards d’objets, notre dépendance à la voiture… contribuent à nous garder sur une trajectoire où chaque année notre consommation de ressources excède au global largement la capacité de la planète à les générer. L’ONG Global Footprint Network estime ainsi que le jour où les humains commencent à vivre à crédit (jour du dépassement = jour où les ressources terrestres consommées sont > aux ressources que la Terre peut créer en un an) est passé du 29 décembre en 1970 au 29 juillet en 2019 ! (NB : la forte baisse constatée en 2020 correspond à l’impact du Covid-19 et ne peut être considérée comme pérenne) Sources : WWF rapport Planète Vivante 2020, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, http://blog.bio-ressources.com/wp-content/uploads/2020/01/Global-Primary-energy-consumption.png, https://smartcitiesmag.lu/web/wp-content/uploads/2020/06/2020_Past_Overshoot-Days-French-768x475.jpg, http://www.oecd.org/environment/waste/highlights-global-material-resources-outlook-to-2060.pdf


Empreinte environnementale – + on est riche, + on pollue Cette empreinte environnementale est très différente selon les pays et régions du monde. Elle est très forte pour les Etats-Unis, la Chine et l’Inde ; forte pour le Canada, l’Australie, la Russie et les pays européens (hors Scandinavie) ; très faible presque tous les pays africains (carte orangée). L’empreinte par habitant est très forte aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Mongolie, dans des petits Etats pétroliers / gaziers (Koweït, Oman, Qatar, Emirats Arabes Unis) et des petits Etats développés (Danemark, Luxembourg) ; forte en Russie, Scandinavie et Arabie Saoudite ; moyenne-forte en Europe, Amérique centrale et du Sud, en Chine et Asie du Sud-est ; faible en Inde et Afrique (carte beige). En soustrayant cette empreinte à la biocapacité des pays, on constate que l’immense majorité des pays les + riches (auxquels on peut ajouter les pays pétroliers), dont la Chine et l’Inde, sont en déficit écologique. Les exceptions à cette règle (Canada, Brésil, Russie, Scandinavie, Australie) s’expliquent leur très faible densité de population.

Sources : WWF rapport Planète Vivante 2020, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://data.footprintnetwork.org/#/


Empreinte environnementale – + on est riche, + on pollue

Sources : https://www.footprintnetwork.org/, https://assets.publishing.service.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/957292/Dasgupta_Review_-_Abridged_Version.pdf


Empreinte environnementale – + on est riche, + on pollue

Source : http://www.viewsoftheworld.net/


Empreinte environnementale – Explosion de la classe moyenne

Selon certaines estimations, la classe moyenne, définie par une dépense quotidienne située entre 11 et 110 $ par jour, serait devenue majoritaire pour la 1ère fois de l’histoire en 2018. La sortie de centaines de millions d’humains de la pauvreté, en Chine et en Inde notamment, explique largement cette tendance. En 2030, le marché de consommation des classes moyennes chinoise et indienne pourrait représenter respectivement 14 et 12 milliards de $, une taille comparable aux 16 milliards de $ estimés pour les USA à cette même date. Un déterminant critique pour les trajectoires environnementales de notre planète sera l’allocation des dépenses de cette classe moyenne mondiale.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SP.URB.TOTL.IN.ZS, https://www.eea.europa.eu/signals/signals-2011/earth-2050-global-megatrends/changeinconsumption_FR.JPG/image_large, https://assets.weforum.org/editor/gD7_C1gKTOAU8vE7Jh_rV0ykI6eANMQt_OqVYU_4D3A.JPG, http://econintersect.com/images/2013/11/83383500middle-class-population-global.JPG


Empreinte environnementale – Urbanisation L’urbanisation s’est fortement développée depuis la 1ère révolution industrielle et a connu une explosion à partir des années 1950. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), la population urbaine mondiale a été multipliée par 5,5 entre 1950 et 2018, passant de 751 millions à 4,2 milliards. 55% de la population mondiale vit dans des villes et la population urbaine pourrait encore gagner 2,5 à 3 milliards d’habitants d’ici à 2050. Les villes sont des sources majeures d’impacts environnementaux directs : 80% des consommations énergétiques et des émissions de GES correspondantes leur sont associées. Leur construction nécessite une quantité colossale de matériaux : la production de ciment, principal constituant du béton avec le sable, a été multipliée x40 depuis 1950, x4 depuis 1990. Sa fabrication serait responsable de 8% des émissions mondiales de CO2. Les volumes de sable sont si énormes (2ème matériau le + consommé au monde) qu’une pénurie mondiale se profile et que des marchés noirs se constituent. Au cours des années 2000, la Chine a bâti un nombre de m² équivalant à l’ensemble du parc immobilier de l’UE. Entre 2011 et 2013, elle a utilisé + de béton (6,6 milliards de tonnes) que les USA pendant tout le XXème siècle !

Le mode de vie urbain favorise la (sur)consommation, notamment à cause de l’abondance de biens à disposition. Toute avancée dans le sens de la « ville durable » est bonne à prendre mais il ne s’agit pas uniquement de « verdir » les bâtiments, la gestion de l’eau et les énergies, mais encore + de revoir en profondeur les usages et les modes de vie, ce qui est bien + complexe.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://ghsl.jrc.ec.europa.eu/documents/Atlas_2020.pdf?t=1608576520, https://www.temoignages.re/IMG/gif/info-population.gif, https://ghsl.jrc.ec.europa.eu/documents/Atlas_2020.pdf?t=1608576520


Nos modes de vie en question(s) – Marche pas dans la mode… L'industrie textile pollue notre environnement. Aujourd’hui, l’industrie de la mode génère + d’1,2 milliard de tonnes équivalent CO2, soit 2,2% des émissions globales de gaz à effet de serre (GES), + que les transports maritimes et aériens réunis. En 2050, le secteur textile émettrait même 26% des émissions globales de GES si les tendances actuelles de consommation se poursuivent. L’Agence européenne de l’environnement classe en 2019 la filière textile d’habillement et chaussures comme la 5ème pour les émissions de gaz à effet de serre, après le logement, l’impact direct des ménages, le transport et l’alimentation. On estime actuellement que 4% de l’eau potable disponible dans le monde est utilisée pour produire nos vêtements. Le textile est le 3 ème secteur consommateur d’eau dans le monde, après la culture de blé et de riz. Le polyester, issu du pétrole, non biodégradable et provoquant la diffusion de microfibres dans les océans, est la fibre la + employée et son utilisation sera multipliée par 3 entre 2007 et 2025. 90% du coton est en culture OGM, représente 18% de l’usage des pesticides et 25% des insecticides dans le monde et ses besoins colossaux en eau ont provoqué l’assèchement de la mer d’Aral. Outre son impact majeur sur l'environnement, l'industrie du textile - qui emploie directement au moins 60 millions de personnes - profite de la misère sociale. + de 40 millions de personnes y sont employés comme des esclaves modernes, dont 70% de femmes selon le Global Slavery Index. La raison centrale de ces impacts croissants du secteur tient à la quantité considérable et au renouvellement effréné de nos achats de vêtements. Chaque année, c'est près de 150 milliards de vêtements et accessoires qui sont vendus à travers le monde : une consommation qui a doublé en seulement 15 ans et qui illustre le nouveau phénomène de la « mode jetable » ou « fast fashion ». Cette surconsommation est bien entendu entretenue à dessein par l’industrie à coup de nouvelles collections saisonnières, prix de plus en plus bas, soldes et promotions, qualité moindre, événements nationaux et internationaux du type Black Friday, etc. Or + de 50% de notre garde-robe ne serait tout bonnement pas portée. Nous achetons par envie, pour suivre la mode, sans même faire le point sur ce que nous avons déjà, nous nous déculpabilisons en jetant ou en donnant notre ancien surplus pour faire de la place aux nouveaux achats. Finalement, plusieurs millions de tonnes de vêtements et autres textiles sont jetés dans nos décharges. Aujourd'hui, la confection de vêtements et les 2ème secteur où l'esclavagisme moderne est le + important, après la fabrication d'ordinateurs et de smartphones. Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/textile-habillement/, https://www.oxfamfrance.org/wp-content/uploads/2020/07/infographie-textile-900x594-768x507-1.png


Nos modes de vie en question(s) – une vie virtuelle aux impacts bien réels… Le numérique, s’il jouit auprès du grand public d’une image propre et virtuelle a de multiples impacts écologiques. La production des équipements électroniques nécessite de grandes quantités d’eau et l’extraction de ressources non renouvelables. Elle génère de la pollution liée à l’extraction, à la fabrication mais surtout au recyclage des déchets de ces équipements, actuellement fait à la main dans des pays à bas coût de main d’œuvre (Nigeria, Ghana, Bénin, Inde…). La pollution générée (au plomb, cadmium, mercure, arsenic) tue, en particulier dans les pays en développement, où 80% des 50 millions de tonnes annuelles de Déchets électriques et électroniques (DEE) sont envoyés illégalement selon la Banque Mondiale. La production de ces équipements nécessite l’extraction massive de métaux rares qui a des impacts environnementaux et géostratégiques colossaux. En outre, leur extraction alimente l’instabilité dans les zones où ils sont exploités : République Démocratique du Congo, région des Grands Lacs Africains, Amérique Centrale, Birmanie. L’empreinte carbone du numérique est très loin d’être négligeable, elle représente en 2019 près de 4% des émissions de GES annuelles dans le monde. Cela dépasse celle du secteur aérien civil et c’est autant que ce qui est émis par la flotte de camions. Si Internet était un pays, il serait le 3 ème + gros consommateur d’électricité au monde, derrière la Chine et les USA. Surtout, le sujet est majeur car ce qui est très inquiétant c’est la croissance de ces émissions : +8% par an ! Si nous suivions cette tendance, le numérique représenterait 8% des émissions mondiales de GES en 2025, soit autant que le milliard de voitures actuellement en circulation. Les émissions mondiales actuelles sont dues à 45% à la production (TV, ordinateurs, smartphones et autres appareils) et 55% à l’utilisation (terminaux, réseaux et datacenters). L’impact de la production des équipements est massif, les 15 milliards d’objets connectés en 2018 qui passeront selon l’Ademe à 46 milliards en 2030, mettent sous tension l’extraction de métaux et émettent des émissions de GES. Plusieurs causes alimentent le volume faramineux des ventes mondiales : la croissance démographique et l’accession d’une part plus importante de la population à ces produits, mais aussi le taux de renouvellement élevé des modèles de smartphones. Ainsi, en France, les smartphones sont remplacés la plupart du temps bien avant qu’ils ne tombent en panne. Et ce pour deux grandes catégories de raisons selon l’Ademe : la volonté d’être à la pointe de la mode, poussée par les publicités et offres promotionnelles, et le fait que les smartphones ne sont souvent pas conçus pour être réparables, compatibles et évolutifs dans le temps. A ces deux catégories s’ajoute le cas du déploiement d’une nouvelle technologie comme la 5G pour laquelle les téléphones portables actuels deviendraient obsolètes. Aux impacts liés à la production des équipements s’ajoutent ceux liés aux usages du numérique. D’une part parce qu’ils déterminent le volume de production des équipements et d’autre part parce qu’ils engendrent intrinsèquement un impact important. Et parmi les usages les plus énergivores et donc émetteurs de gaz à effet de serre, la vidéo est particulièrement préoccupante. En effet, parmi les usages, 80% repose sur la vidéo, 20% sur les autres usages. La plus grande partie des flux vidéo peut être rangée sous la catégorie « vidéo en ligne ». qui représente 60% du flux mondial de données en 2018 et 20 % du total des émissions totales de GES dues au numérique, soit près de 1% des émissions de GES mondiales. Enfin, le numérique a des effets indirects qui peuvent être dévastateurs. Il a des effets induits en facilitant certains usages, eux-mêmes polluants. Il produit également des effets rebonds, les gains de temps et d’efficacité étant réinvestis en de nouvelles activités (polluantes). Les économies réalisées sont ainsi vite compensées par une augmentation des usages. Par exemple, étant donné que les microprocesseurs sont de plus en plus petits, chacun d’entre eux requiert en valeur absolue moins de matériaux pour être fabriqué. Par conséquent leur prix baisse… et leur demande explose, de nouveaux modèles venant rapidement remplacer les plus lents, ce qui contribue aussi à accélérer l’obsolescence des ordinateurs. La miniaturisation des technologies numériques peut également avoir un effet démultiplicateur sur leur demande : les économies de matières générées par la miniaturisation vont alors être absorbées par la multiplication du nombre de petits appareils électroniques. Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/numerique/


Nos modes de vie en question(s) – Alerte (viande) rouge ! La production de viande a connu une hausse effrénée dans le monde, passant de 71 à 341 millions de tonnes (Mt) entre 1961 et 2018, soit une multiplication par presque 5 !

La consommation de viande est très inégale selon les pays et on observe une corrélation nette entre consommation de viande par habitant et PIB par habitant. Autrement dit, + on est riche, + on mange de la viande…

Les chiffres sont à peine croyables : en 2018, on estime que 69 Mds de poulets, 1,5 Mds de porcs, 656 millions de dindes, 574 millions de moutons, 479 millions de chèvres et 302 millions de bovins ont été tués pour nous nourrir… Et c’est sans compter les poissons et autres animaux de la mer !

Sources : https://ourworldindata.org/land-use, https://www.notre-planete.info/actualites/images/elevage/consommation-viande-monde.png « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,


Nos modes de vie en question(s) – Alerte (viande) rouge ! Outre la souffrance animale, visible dans les abattoirs, et perçue par la recherche sur la culture et la sensibilité animales, la surconsommation de viande a de nombreux impacts sur la santé humaine, sur le climat et sur la biodiversité. Selon la FAO, les émissions directes (méthane et N2O émis par les animaux et effluents d’élevage) et indirectes (dont production d’aliments pour les animaux et transport de la viande, des œufs et du lait) totalisent 7,1 gigatonnes de CO2équivalent par an, soit 1/7 (14,5%) de toutes les émissions mondiales. La production intensive de viande est aussi une cause majeure de déclin de la biodiversité du fait de la conversion des écosystèmes en pâturages ou en cultures de grain et de soja pour nourrir les bêtes : environ 71% de la conversion de la forêt tropicale en Amérique du Sud serait liée à l’extension des pâturages et 14% à la culture commerciale, dont le soja pour l’alimentation du bétail. La FAO rapporte qu’au cours de la décennie 2010, la consommation de viande dans les pays en développement d’Asie a augmenté d’environ 3% par an (soit x2 en 20 ans à peine) et celle des produits laitiers d’environ 5% par an, montrant une convergence vers les standards des pays industrialisés. En parallèle, la consommation de viande dans l’UE a diminué de 17% depuis 2002 et 7,5% depuis 2011. La production intensive de viande et produits laitiers prennent une place démesurée par rapport à l’apport en protéines : 37% de l'apport mondial en protéines est d'origine animale mais 77% des surfaces agricoles sont dédiées à l'élevage, ce qui entraîne des impacts sur la déforestation et donc la biodiversité et le climat et génèrent des conflits d'usage des sols. Source : https://ourworldindata.org/land-use, https://www.notre-planete.info/actualites/images/elevage/consommation-viande-monde.png « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300,


Nos modes de vie en question(s) – Réduisons (très) vite nos déchets, ça déborde ! La production de déchets se concentre dans les villes. En 2018, les citadins produisaient 2 milliards de tonnes (Mt) de déchets par an. Ce chiffre a doublé en 10 ans et devrait continuer d’augmenter considérablement (3,4 Mt en 2050) par le double effet de la hausse de la population urbaine et de l’augmentation de la production de déchets par habitant (0,74 kg/hab/jour en 2016 et près du double, 1,4 projetés en 2025).

Sources : Banque Mondiale https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/30317, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Nos modes de vie en question(s) – Réduisons (très) vite nos déchets, ça déborde ! + du 1/3 de ces déchets ne sont pas traités et c’est sans surprise dans les pays pauvres que la situation est la + critique. Le mauvais traitement des déchets entraîne une série de conséquences néfastes : prolifération des maladies pour les humains et les animaux, inondations par accumulation dans les systèmes d’évacuation, contamination des océans, gaz à effet de serre émis par leur décomposition (5% des émissions de GES mondiales en proviennent)… Or la production de déchets dans les pays pauvres devrait être multipliée par + de 3 en 2050 selon la Banque mondiale. La gestion des déchets est une illustration particulièrement marquante des inégalités entre pays riches et pays pauvres. Alors que ces derniers produisent 4 fois moins de déchets par habitant, seuls 39% de leurs ordures sont collectées et la quasi-totalité s’y décompose dans des décharges à ciel ouvert. De +, une quantité importante de déchets produits dans les pays riches est exportée vers les pays pauvres. Sources : Banque Mondiale https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/30317, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Nous avons créé un 7ème continent ! … De plastique L’Agence Internationale de l’Energie estime que le principal facteur de croissance de la demande mondiale en pétrole dans les 10 à 15 prochaines années est la pétrochimie, principalement le plastique. Depuis 1950, 7,8 milliards de tonnes de plastique ont été produites dans le monde, le rythme de production a connu une croissance exponentielle, de 2 millions de tonnes (Mt) à 380 Mt en 2015, soit 12 tonnes chaque seconde dans le monde ! La production des 15 dernières années représente 57% du total depuis 1950. On estime à 1,4% du total la quantité de plastique présente dans l’océan, soit 110 millions de tonnes. 500 000 tonnes flottent à la surface des océans tandis que le reste se répartit entre le littoral (29 Mt), le fond marin (37 Mt) et la haute mer (43 Mt). Chaque année, les rivières du monde charrient vers les océans entre 1,15 et 2,4 Mt de plastique. Au rythme actuel, il y aura plus de plastique que de poissons dans ces océans en 2050 ! Le plastique est présent sur 88% de la surface des océans et, poussé par les courants marins, ils vont jusqu’à former le « septième continent » dans le Pacifique Nord, grand comme 3x la France (!), qui mettra des siècles à disparaître (400-450 ans pour le plastique, 1000 ans pour le polystyrène).

Selon le rapport 2019 de l’IPBES, la pollution marine par les plastiques a été multipliée par 10 depuis 1980, affectant au moins 267 espèces, dont 86% des tortues marines, 44% des oiseaux marins et 43% des mammifères marins. Ceci peut affecter les humains au travers des chaînes alimentaires. Il provoque des étouffements et intoxications aussi bien pour les animaux (poissons, oiseaux) que pour les hommes. Tous les ans, 100 000 mammifères marins et 1 million d’oiseaux meurent à cause du plastique. Parmi les déchets de plastique particulièrement invasifs et dangereux, on trouve les microbilles utilisées dans les produits cosmétique et d’hygiène, les mégots, les pailles, cotons-tiges et bouteilles… Sources : rapport 2019 IPBES, carte 1, carte 2, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Le poids des constructions humaines dépasse celui du monde vivant sur la Terre Une étude scientifique (Weizmann Institute of Science, publiée le 09/12/2020 dans la revue Nature) indique que la masse anthropique — le poids de ce qui est fabriqué par les humains — dépasse celle des êtres vivants. Elle ne constituait en 1900 que 3% de cette biomasse, explique l’article. Depuis, elle double tous les vingt ans pour aujourd’hui atteindre, donc, les 100%, le même poids que la biomasse, 120 ans + tard. Premier responsable : le secteur de la construction. Le poids des bâtiments et des infrastructures dépasse même celui des arbres. Selon une étude publiée dans The Anthropocene Review en 2017 (cf. sources), la masse totale du bâti sur Terre est de 30 000 milliards de tonnes ! Et le plastique ? Il pèse deux fois plus que l’ensemble des animaux.

Sources : https://www.courrierinternational.com/article/planete-le-poids-des-constructions-humaines-depasse-celui-du-monde-vivant-sur-la-terre https://reporterre.net/Batiments-routes-plastique-Ce-que-l-humain-fabrique-pese-desormais-plus-que-les-etres-vivants https://repository.si.edu/bitstream/handle/10088/31889/Zalasiewicz%20et%20al%202016%20Anthropocene%20Rev%20Technosphere.pdf?sequence=1&isAllowed=y


La masse des mammifères sauvages ne représente plus que 4% de la masse totale des mammifères vivant sur Terre. L’étude menée par des scientifiques du Weizmann Institute of Science et publiée par le PNAS démontre que les mammifères d’élevage représentent 60% de tous les mammifères sur Terre et que les volailles d’élevage représentent 70% de tous les oiseaux. En réalité, les mammifères sauvages ne représentent plus que 4% de tous les mammifères sur Terre face aux 96% que le bétail et nous-mêmes représentons et les oiseaux sauvages ne représentent plus que 30% de tous les volatiles…

Sources : https://www.bibliotecapleyades.net/archivos_pdf/biomass-distribution-earth.pdf, https://envertetcontretout.ch/2018/08/19/4-de-mammiferes-sauvages-le-reste-nest-que-nourriture/, https://www.ecowatch.com/biomass-humans-animals-2571413930.html


L’humain impose ses lumières (pas celles de la raison) et ses bruits partout sur la planète. La pollution lumineuse, c’est-à-dire l’immixtion de lumière artificielle dans l’environnement nocturne, ne cesse de s’aggraver tant par l’intensité lumineuse que par l’étendue des zones touchées. Ses causes tiennent essentiellement à l’éclairage public et l’illumination des bâtiments et des magasins. L’atlas mondial de la luminosité artificielle du ciel nocturne, montre que + de 80% de la population mondiale et + de 99% de la population américaine et européenne, vivent sous un ciel nocturne pollué par la lumière. Plus d'un tiers de l'humanité, 60% des Européens et près de 80% des Nord-Américains ne voient plus la Voie lactée. De plus, 23% des surfaces émergées entre 75° N et 60° S à l’échelle mondiale, connaissent des nuits polluées par la lumière. Il est en de même pour 88% des terres en Europe et pour près de la moitié aux Etats-Unis. La lumière artificielle des humains est un facteur de pression important sur la biodiversité, elle perturbe le reste du vivant sur presque toute la surface de la planète. Les animaux aussi bien nocturnes que diurnes voient leur rythme biologique très perturbé, ce qui affecte durablement leur croissance et leur reproduction. Les oiseaux migrateurs sont particulièrement touchés, 2/3 d’entre eux migrent la nuit et la lumière nocturne les désoriente voire provoque des collisions sur les immeubles. La pollution sonore est aussi d’apparence anodine, mais elle peut avoir de graves conséquences sur la santé humaine et animale. Les transports en constituent la principale cause (en France ils représentent 80% des bruits dans l’environnement). Chez les animaux, elle perturbe des communications indispensables à la survie ou à la reproduction ; chez les humains elle est cause d’insomnie, de dépression, de troubles de l’audition et d’hypertension. A en croire le bioacousticien Gordon Hempton, il n’existe presque plus aucun endroit sur Terre sans le moindre bruit d’origine humaine : la planète ne recèlerait plus qu'une cinquantaine de zones à l'abri du bruit des hommes. Aucune en France. Sources : https://www.nuitfrance.fr/fichiers/falchi_et_al_2016_fr.pdf, https://sciencepost.fr/terre-vue-de-nuit-lactivite-humaine-planete-mise-lumiere-nasa/, https://nourrituresterrestres.substack.com/p/sauver-la-nuit-pour-que-plus-rien-ne-s-y-oppose, https://www.wedemain.fr/respirer/gordon-hempton-l-homme-qui-veut-sauver-le-silence_a4275-html/, https://e360.yale.edu/features/listening-to-silence-why-we-must-protect-the-worlds-quiet-places


Autres pollutions – Déchets nucléaires radioactifs Depuis les années 1990, le nombre des essais militaires nucléaires s’est beaucoup réduit, mais certaines régions ont été durablement contaminées par les retombées radioactives des essais américains, britanniques, français et soviétiques : Bikini (Îles Marshall), Mururoa (Polynésie française), ou encore Semi-palatinsk (Kazakhstan) où les tests auraient irradié près d’1,5 millions de personnes et développé des cancers et des anomalies génétiques. En ce qui concerne le domaine civil, l’ énergie nucléaire émet beaucoup moins de gaz à effet de serre, mais elle produit des quantités non négligeables de déchets radioactifs. Même s’ils ont diminué très fortement au cours des dernières années, la France continue à en produire près de 25 000 m³ par an. Fin 2017 elle en comptait 1,6 millions sur son territoire. La plupart sont stockés dans des entrepôts ou à faible profondeur dans des futs ou des caissons métalliques. Les 10% les + radioactifs sont envoyés dans l’usine de La Hague qui traite aussi des déchets de la Belgique, de l’Allemagne et du Japon, ce qui pose de gros enjeux de sécurité et transport. L’Agence Nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) souhaite à terme les enfouir à 500 m de profondeur sous la commune de Bure ce qui suscite une vive opposition des riverains. Certains de ces déchets peuvent rester radioactifs pendant 100 000 ans. Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/ea/Dechets_nucleaires_par_types.svg/1200px-Dechets_nucleaires_par_types.svg.png, https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/producteur-industriel/nucleaire/enjeux/dechets-radioactifs/edf-fileres_de_gestion.jpg


Autres pollutions – Marées noires De nombreuses marées noires ont marqué les esprits et les littoraux proches, provoquées par des naufrages de pétroliers comme le Torrey Canyon (1967), le Texaco Denmark (1971), l’Amoco Cadiz (1978), l’Atlantic Empress (1979), le Nowruz (1983), le Son Bong (1985), le Fortuneship (1987), l’ABT Summer (1991) ou l’Erika (1999), ou les accidents sur les plateformes pétrolières : Ixtoc I (1979) et Deepwater Horizon (2010). Certaines ont aussi été déclenchées intentionnellement, en particulier par l’armée irakienne qui a saboté les puits de pétrole du Koweit pendant la guerre du Golfe. Malgré leur impact catastrophique, les marées noires ne représentent qu’environ 1/10 des quantités de pétrole qu’on retrouve en mer. Ainsi, entre 1976 et 2014, l’équivalent de + de 3 millions de barils de brut ont déversés dans les mangroves du delta du Niger, au Nigeria, en provenance de + de 12 000 différentes sources de pollutions. Aujourd’hui + de 40 millions de litres (+ de 250 000 barils) sont déversés chaque année dans le delta à cause de la vétusté des pipelines, d’incidents opérationnels ou de sabotages.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://i.pinimg.com/originals/38/79/f6/3879f64b9094615339e36c90cd3a8885.png


Autres pollutions – Perturbateurs endocriniens Bisphénol A, phtalates, parabènes… Les perturbateurs endocriniens sont omniprésents dans notre quotidien. On les retrouve dans de nombreux aliments, détergents, cosmétiques, revêtements de sols, etc. Ces substances perturbent notre processus hormonal et provoquent de nombreux troubles de la santé : sperme de moindre qualité, puberté + précoce, cancers de la thyroïde, effets sur le développement des bébés, l’hyperactivité, le repli sur soi… Certains de ces perturbateurs sont désormais interdits dans plusieurs pays : bisphénol A en France dans les contenants alimentaires depuis 2015, chlordécone (pesticide) pour les bananeraies depuis 1980… Mais nombre de perturbateurs endocriniens restent présents dans de multiples produits de notre quotidien. Une tentative de réglementation a été proposée par la Commission européenne en 2016 mais très critiquée pour le laxisme de sa définition. L’Europe est accusée d’en faire trop peu ou d’agir trop lentement et les lobbies sont régulièrement accusés de ralentir ou de torpiller le processus. Quant à une réglementation mondiale, cela semble inconcevable à ce stade. Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, http://www.ria.fr/ra/lowres/Publie/RIA/p1/Infographies/Dossier/2018-11-10/804%20dossier%20perturbateurs1.ai


Risques d’accidents industriels L’accident de l’usine pétrochimique de Minamata au Japon dans les années 1950, qui provoqua un empoisonnement au mercure de la région, est considérée comme un début de prise de conscience des dangers environnementaux liés à l’industrie. Le début de la médiatisation de ces risques est intervenu dans les années 1970 où ce type d’accidents se multiplient : en juillet 1976, une usine chimique près de Seveso (Italie) laisse échapper un grand nuage de dioxine qui donnera lieu à la directive européenne Seveso en 1982 qui impose désormais aux Etats européens d’identifier les sites industriels présentant des risques d’accident ( les fameux sites classés Seveso). En décembre 1984, une usine de pesticides explose à Bhopal qui rejette un nuage toxique de 25 km² sur une zone où vivent 800 000 habitants. Bilan : 25 000 victimes et 300 000 malades. En septembre 2001, l’usine chimique AZF, pourtant classée Seveso, explose à Toulouse et fait 31 morts et plusieurs milliers de blessés. Les accidents nucléaires sont extrêmement rares mais particulièrement dramatiques. La catastrophe de Tchernobyl en avril 1986 entraîne le déplacement tardif de 250 000 personnes mal informées des conséquences, et le nuage s’étend sur toute l’Europe. L’accident de Fukushima au Japon en mars 2011 est du même niveau de gravité que Tchernobyl (niveau 17). Il a été provoqué par un tsunami et a provoqué l’évacuation de + de 300 000 personnes. Il a incité plusieurs pays à renoncer à leur programme nucléaire et l’Allemagne à accélérer son plan de sortie. Les risques nucléaires (avec les déchets) font partie des éléments à charge contre le nucléaire, par ailleurs énergie permettant de fournir de l’électricité décarbonée. L’International Disaster Database (EM-DAT) de l’Université Catholique de Louvain recense 1 520 accidents industriels et nucléaires de 1901 à 2020 (dont un peu + de la moitié d’explosion), avec une très nette accélération depuis les années 1980. Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, International Disaster Database (EM-DAT) du Centre for Research on the Epidemiology of Disasters (CRED) de l’UC de Louvain https://emdat.be/


Maladies et pandémies Le réchauffement climatique provoquera des vagues de chaleur + fréquentes dans les régions tempérées et une augmentation des allergies : les pollens par exemple seront produits en + grand nombre, et sur de + longues périodes. Les impacts sanitaires les + graves se produiront dans les pays du Sud. Les maladies infectieuses comme la malaria, la dengue, et le chikungunya y sont déjà très meurtrières. Les variations de température modifieront la distribution géographique des vecteurs de maladie, moustiques et tiques. En 2016, ces maladies ont touché 216 millions de personnes, en tuant 700 000. Le paludisme est responsable de 57% de ces décès. La hausse des températures aura également un effet sur les maladies liées à l’eau et à la nourriture : hépatites, gastro-entérites, choléra. La fonte du permafrost est un autre risque majeur, elle pourrait libérer des maladies piégées, contre lesquels les organismes humains ne sont pas protégés. Enfin, l’IPBES (le « GIEC de la biodiversité ») a publié un rapport d’experts le 29/10/2020 faisant le lien entre les pandémies et la destruction de la biodiversité. Le Covid-19 est une zoonose (une maladie issue des animaux). L’IPBES estime que l’actuel coronavirus est la 6ème grande épidémie mondiale depuis la grippe espagnole de 1918. Le rapport de l’IPBES conclut clairement que toutes les grandes épidémies (sida, Ebola, SRAS) sont des zoonoses. Les chercheurs estiment que 1,7 million de virus inconnus sont les hôtes de mammifères et d’oiseaux. Entre 540 000 et 850 000 d’entre eux sont potentiellement dangereux pour l’Homme. Les mammifères (chauves-souris, rongeurs, grands singes) sont les « réservoirs » principaux devant les oiseaux principalement aquatiques (canards, oies) et les animaux domestiques comme les porcs, les chameaux (SRAS-MERS) et les volailles. Selon le Dr. Peter Daszak, président de EcoHealth Alliance et de l’atelier d’IPBES, « Il n’y a pas de grand mystère sur la cause de la pandémie de COVID-19, ou de toute autre pandémie moderne. (…) Ce sont les mêmes activités humaines qui sont à l’origine du changement climatique, de la perte de biodiversité et, de par leurs impacts sur notre environnement, du risque de pandémie. Les changements dans la manière dont nous utilisons les terres, l’expansion et l’intensification de l’agriculture, ainsi que le commerce, la production et la consommation non durables perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune sauvage, le bétail, les agents pathogènes et les êtres humains. C’est un chemin qui conduit droit aux pandémies. » Sources : https://larbredesimaginaires.fr/tronc/pandemies-et-biodiversite/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)32594-7/fulltext


Réfugiés environnementaux Entre 2008 et 2017, près de 250 millions de personnes se sont déplacées à la suite d’une catastrophe naturelle. Près de 214 millions (87%) pour des catastrophes de type météorologique (inondation, tempête, sécheresse, températures extrêmes, etc.). Près de 33 millions (13%) pour des catastrophes de type géophysique (tremblement de terre, activité volcanique, glissement de terrain, etc.). En 2019, 1900 catastrophes naturelles ont déplacé 25 millions de personnes dans 140 pays. C’est le plus grand nombre de déplacements depuis 2012, trois fois + que le nombre cause par les conflits et la violence. Au total, d’ici 2050 selon les scénarios et les estimations, 31 à 143 millions de personnes pourraient être forcées de se déplacer à l’intérieur de leur pays en raison du changement climatique.

Source : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://www.internal-displacement.org/global-report/grid2020/


Guerres climatiques ? Les milieux de la défense considèrent désormais le changement climatique comme un risque important pour la sécurité et la stabilité internationales. Plusieurs ministères de la Défense ont créé des structures d’études prospectives sur cette question (observatoire dédié en France depuis 2016). La question a été portée à l’agenda du Conseil de sécurité des Nations unies à 4 reprises, à l’initiative notamment du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Le lien entre changement climatique et conflits armés est controversé, certains ont pu y voir une cause du conflit au Darfour en 2007 ou en Syrie de 2007 à 2011 (consécutif à une sécheresse), mais il n’y a pas de consensus scientifique sur la question. Selon le Comité international de la Croix Rouge (CICR), les scientifiques s'accordent généralement à dire que le changement climatique ne provoque pas directement de conflits, mais qu'il peut indirectement accroître le risque de conflit en exacerbant les facteurs sociaux, économiques et environnementaux existants. Sur les 20 pays considérés comme les + vulnérables au changement climatique, 12 se trouvent en situation de conflit En tout état de cause, il semble extrêmement probable que la multiplication des évènements climatiques extrêmes, la chute des rendements agricoles et des stocks de poissons, la raréfaction des ressources, les sécheresses, inondations et crues, les migrations de population…ne seront pas sans conséquence violente. Un monde + chaud et avec - de ressources sera un monde + violent.

Sources : « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://shop.icrc.org/when-rain-turns-to-dust-pdf-en-1


Pour en apprendre plus, découvrez les Fresques !

Fresque des déchets, de la ville, de la mobilité, du textile, de la construction, du plastique…


III

Où sont les freins ?


« Pour marcher, la machine à accumuler a besoin d’un approvisionnement toujours croissant en énergie et en matières premières ; à l’autre bout de la chaîne, il en résulte une production de déchets et de gaz à effet de serre qui augmente aussi de manière exponentielle. Le lien entre croissance économique et destruction de la planète saute tellement aux yeux qu’il suffit de nos cinq sens pour le saisir. Quand on traverse les forêts saccagées de Bornéo ou d’Amazonie, les côtes du Nigeria ou du golfe du Mexique souillées par des marées noires, les régions irradiées de Fukushima et de Tchernobyl, les continents de déchets à la dérive dans l’Océan Pacifique, les districts dévolus à l’exploitation des gaz de schiste aux Etats-Unis, les paysages ravagés par les mines de cuivre, d’or, de bauxite et d’uranium en Papouasie Nouvelle-Guinée, en Inde, au Ghana ou au Chili ainsi que les îles des Caraïbes détruites par des ouragans inouïs – pour ne donner qu’un aperçu sommaire et arbitraire de la dévastation planétaire en cours – , on n’a pas besoin de s’enfermer dans les bibliothèques où s’entassent les études scientifiques sur la dégradation de la biosphère, pour saisir l’essentiel : un système qui détruit ses propres conditions d’existence à un tempo si rapide n’a aucun avenir. En outre, la fin du pétrole bon marché (le « pic pétrolier ») et la raréfaction prévisible de matières premières stratégiques comme le cuivre et l’uranium posent à l’expansion continue des limites énergétiques et matérielles. »


Seuils de rupture, boucles de rétroaction positives et scénarios d’emballement Dans le domaine du climat, un seuil de rupture est généralement défini comme un point où une petite altération suffit à faire brutalement basculer certains éléments du climat et des écosystèmes dans un état radicalement et irréversiblement différents. En voici quelques exemples : •La hausse de la température de l’Océan Atlantique combinée à la baisse de la salinité peuvent ralentir le Gulf Stream (dont la circulation est au + faible depuis au moins un millénaire selon une étude publiée en 2021 dans Nature) qui permet à l’Europe de bénéficier d’un climat tempéré •Une grande menace pèse sur la fonte des calottes glaciaires (la fonte complète de l’Arctique entraînerait une hausse de +6m du niveau des mers, celle de l’Antarctique… 57m !) Par ailleurs, nombre de ces seuils de rupture sont des boucles de rétroaction positive qui ont pour particularité d’enclencher des cercles vicieux d’emballement du climat : •Par exemple, à mesure que le réchauffement planétaire s’intensifie, le pergélisol des hautes latitudes dégèle, ce qui entraîne la libération du dioxyde de carbone (CO2) et du méthane (CH4) que le sol renferme, ce qui à son tour accentue le réchauffement mondial. •Autre exemple, la montée des températures aux pôles augmente la fonte des glaces, qui perdent leur Albedo (pouvoir réfléchissant) ce qui réchauffe plus rapidement la planète et accélère la fonte… •Ce n’est malheureusement pas tout. On estime qu’un réchauffement global de 3°C provoquerait l’effondrement de l’Amazonie, dont les arbres et les sols cesseraient d’absorber du carbone, pour en libérer au contraire d’énormes quantités, ajoutant 250 ppm dans l’atmosphère. •Au stade de 4 ou 5 degrés de réchauffement, les humains pourraient assister impuissants au dégazage des hydrates de méthane, emprisonnés dans la glace des fonds marins polaires. A l’heure actuelle, il est impossible de savoir exactement quand de tels seuils de rupture seront atteints, mais + on s’éloigne de l’objectif de ne pas dépasser +2 °C, + la probabilité augmente. Les impacts sociaux obéissent à la même logique : de faibles perturbations de l’environnement (ex : variations de températures ou pluviométrie) peuvent entraîner des transformations sociales majeures et brutales a fortiori si elles sont répétées. Source : https://static.secure.website/wscfus/8154141/6845214/tipping-nov-17.png, Marie-Monique Robin, « Les « boucles de rétroaction positive » ou comment le dérèglement climatique peut s’emballer », https://blog.m2rfilms.com/les-boucles-de-retroaction-positive/, « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300, https://www.nature.com/articles/s41561-021-00699-z.epdf


Risques globaux liés au changement climatique Globally, the level of socioeconomic exposure to climate risk is alarming. We find that flood and water stress may affect around 40% of both the global population and the global economy by 2040. Approximately 8% of the world’s economy is expected to be subject to coastal flooding amplified by sea level rise, equivalent to $17 trillion USD. Many of these areas are exposed to more than one risk, such that heat extremes and drought-like conditions or sea level rise and hurricanes and typhoons tend to occur together, increasing the likelihood of impacts for these regions.

Sources : http://427mt.com/wp-content/uploads/2020/12/Measuring-What-Matters-Sovereign-Climate-Risk-427_12.2020.pdf https://www.nytimes.com/interactive/2021/01/28/opinion/climate-change-risks-by-country.html


Un monde à +4°C, c’est chaud

Source : https://mymodernmet.com/wp/wp-c ontent/uploads/2018/02/climate-ch ange-map-HD.jpeg


Un monde à +4°C, c’est chaud

Source : https://geoaweso meness.com/top-1 1-maps-ultimatelyexplain-climate-ch ange-impact/


Circulaire, y a (presque) rien à voir ! Dans une étude publiée en décembre 2020 sur l'évolution de la "circularité" de l'économie de nos sociétés au cours du siècle qui vient de passer, "Spaceship earth's odyssey to a circular economy - a century long perspective", les auteurs constatent avec peu de surprise que l'économie de nos sociétés est devenue de moins en moins "circulaire" au cours du XXème siècle. De 1900 à 2015, le taux de recyclage des intrants est passé de 43% (41-51%) à 27% (25-30%), et le recyclage des sortants [output] de 46% (44-54%) à 40% (37-44%). Dans la discussion, les auteurs soulignent que l'économie circulaire ne pourrait pas permettre de régler le problème de la croissance "physique" des flux : "Tout d'abord, fermer complètement les boucles de matériaux [plus d'intrants et sortants] n'est pas compatible avec la croissance physique, car la demande supplémentaire de matériaux ne peut pas être satisfaite par des rendements de matériaux plus faibles des années précédentes, à moins que cette croissance ne soit basée sur des apports croissants de biomasse renouvelable, qui est cependant aussi une ressource limitée. Comme nous l'avons vu dans la section précédente, même le niveau actuel de production de biomasse n'est pas durable, de sorte que l'augmentation des apports de biomasse tout en respectant les limites écologiques n'est pas une option viable dans un avenir proche. Dans la période de 1900 à 2015, l'extraction de minéraux primaires, de métaux et de matières fossiles a déjà été multipliée x30. Jusqu'en 2050, même en tenant compte de la poursuite des gains d'efficacité, l'utilisation des ressources mondiales devrait doubler, voire tripler. Si l'on considère les taux de croissance actuels, l'utilisation des ressources doublera en deux décennies seulement. Dans ces conditions, même un recyclage complet à la sortie ne pourrait pas satisfaire la demande d'intrants en ressources et on peut s'attendre à ce que les pressions et les impacts environnementaux augmentent encore, sapant les perspectives de durabilité mondiale." Les auteurs finissent par une série de recommandations : « Nous concluons que pour réaliser le potentiel de transformation de l'économie circulaire, la recherche et les politiques doivent relever 4 grands défis : s'attaquer à la croissance des stocks de matières premières, définir des critères clairs pour le cycle écologique et éliminer la production non durable de biomasse, intégrer la décarbonation du système énergétique à l'économie circulaire et donner la priorité aux réductions absolues des flux non circulaires plutôt qu'à la maximisation des taux de (re)cyclage. »

Source : Commentaire de Loïc Giaccone sur l’étude : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921344920303931


Circulaire, y a (presque) rien à voir !

🡺 Seulement 8,6% des ressources utilisées par l’économie mondiale chaque année sont recyclées ! Sources : Circularity Gap Report 2020 https://shiftingparadigms.nl/projects/3rd-global-circularity-gap-report/ et 2021 https://drive.google.com/file/d/1MP7EhRU-N8n1S3zpzqlshNWxqFR2hznd/view


Circulaire, y a (presque) rien à voir !

🡺 Dans l’Union Européenne, ce n’est pas beaucoup mieux : 12% seulement des ressources utilisées chaque année sont recyclées ! Source : European Environmental Agency, “Briefing no. 28/2020 - Growth without economic growth”, 11/01/2021


Les falaises (de Sénèque) approchent… Depuis 1970, nous n’avons pas réussi le moindre découplage entre notre empreinte matérielle (la consommation mondiale de matériaux _ material footprint) et notre croissance économique (le PIB mondial _ Global GDP). Dans le même temps, le découplage entre les émissions de gaz à effet de serre (Global GHG emissions) et la croissance économique n’a été que relatif, ne permettant en aucun cas de répondre à l’impératif vital de baisser ces émissions.

« Ce serait une consolation pour notre faiblesse et nos œuvres si toutes choses devaient périr aussi lentement qu’elles adviennent ; mais il est ainsi, la richesse est lente, et le chemin de la ruine est rapide. » Sénèque

Si nous continuons collectivement sur cette trajectoire (très proches de celle prédite par le rapport Meadows en 1972), la chute des courbes de production de biens et services, mais surtout de ressources non renouvelables, de nourriture et in fine de population pourraient être brutales.

Sources : European Environmental Agency, “Briefing no. 28/2020 - Growth without economic growth”, 11/01/2021, https://www.alternatives-economiques.fr/sites/default/files/public/media/20190201/A717071A.GIF « Atlas de l'Anthropocène », François Gemenne, Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Science Po, http://www.pressesdesciencespo.fr/fr/book/?GCOI=27246100070300


Interactions entre les sphères naturelles : tout est lié !

Le système Terre fonctionne grâce aux interactions entre les différentes sphères naturelles : une dégradation forte dans l’une des sphères implique une déstabilisation systémique des cycles naturels

Sources : Jérôme François, « Analyses des risques systémiques liés au système Terre – économie des ressources naturelles », décembre 2020, https://www.pinterest.fr/pin/571816483921236699/


Nous avons déjà dépassé certaines limites planétaires, nous nous approchons des autres : tout est lié !


TOUT EST LIÉ !

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A

IV

… e r v i su

Comment en sommes-nous arrivés là ?


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V

… e r v i su

Sortir de l’Anthropocène



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