B. M. : Quel enjeu environnemental représente l’espace naturel Ilbarritz Mouriscot ? S’inscrit-il dans l’Agenda 21* de la Ville de Biarritz ? A.-M. D. : Depuis 1994, la Ville s’est engagée à protéger son environnement, notamment les zones sensibles. Dans la continuité de ce qui a déjà été fait – Lac Marion et Parc Mazon - la réhabilitation de la zone d’Ilbarritz-Mouriscot s’inscrit dans nos projets, au même titre que le Jardin public ou les futurs aménagements de la Côte des Basques. Ilbarritz Mouriscot est un bel exemple pour aborder le thème d’Agenda 21, notamment sur les plans environnemental et social. L’environnement, avec la protection et la valorisation de ce domaine écologique, le social avec l’intervention sur le site de la MIFEN qui œuvre pour l’insertion. Contrairement au lac Marion dont les aménagements sont artificiels, Ilbarritz Mouriscot entre dans la catégorie des milieux naturels rares et fragiles, qu’il nous faut protéger, mettre en valeur et dont il est essentiel de gérer la fréquentation. Dédié à une population autochtone, le site n’a pas vocation à devenir touristique. Pour sensibiliser le public, la Ville projette de mettre en place dès 2009 des actions pédagogiques, par le biais de visites guidées sur le thème du développement durable. Des panneaux signalétiques et didactiques vont bientôt prendre place sur l’ensemble du domaine. * L’Agenda 21 est un plan d’action pour le XXIe siècle adopté par 173 chefs d’État lors du sommet de la Terre de Rio en 1992, dans les domaines du durable, de l’économique et du social.
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Questions à Emmanuel de Johanto directeur de la MIFEN, Maison d’initiation à la faune et aux espaces naturels. Créée en 1987, la MIFEN est une association qui compte une cinquantaine de salariés, principalement chômeurs longue durée et Rmistes. Elle est divisée en deux structures, l’une gèrant les chantiers d’entretien et activités d’insertion, la seconde spécialisée dans des actions de diagnostics environnementaux d’éducation à l’environnement et d’assistance aux collectivités. B.M. : Le domaine Ilbarritz Mouriscot constitue un « terrain de jeu » des plus intéressants pour la MIFEN. De quelle manière l’association intervient-elle sur la zone ? E. J. : La MIFEN œuvre principalement dans deux domaines environnementaux : l’entretien des espaces naturels avec un volet social important et la sensibilisation à l’environnement. En ce qui concerne Mouriscot, nos actions consistent essentiellement en des opérations d’entretien du site, de débroussaillage sélectif. Mouriscot présente les particularités d’un milieu naturel encore relativement préservé et très fréquenté. Il nous a par conséquent été nécessaire d’adapter nos pratiques à cette double caractéristique, en intervenant toute l’année à raison de quelques jours par semaine pour garantir un entretien régulier, avec des moyens mécaniques légers particulièrement adaptés au site et aux travaux qui nous sont confiés. L’autre intérêt de ces missions réside dans leur volet social et pédagogique. D’une part, la nature des interventions et la proximité avec les services de la collectivité sont des atouts intéressants dans le cadre d’une démarche d’insertion. D’autre part, la richesse écologique du site nous permet d’aborder, avec nos propres salariés ou bien avec le public, des sujets ayant trait à la protection de la nature et, en particulier, la biodiversité. [mifen@wanadoo.fr]
Un brin d’histoire
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Questions à Anne-Marie Dubecq, adjointe au maire, chargée du développement durable, environnement et jardins, membre du SIAZIM.
La présence de gisements préhistoriques donne à penser que le lac fut très tôt occupé et exploité par l’homme. Une légende relate que Dieu, sous les traits d’un vagabond, mendia du pain dans le quartier et ne reçut bon accueil qu’à la maison Martin Petit, ensuite épargnée par le déluge qui engloutit les lieux. Appelé le Lac Bleu, Lac de Harrague ou Lac de Hondarrague, le toponyme de Mouriscot apparut au début du XVIIe siècle, trouvant ses origines dans l’installation, autour des berges, des Maures chassés de la péninsule ibérique. Artisans potiers, ils disposaient là des bancs de glaise nécessaires à leur production. Le 29 avril 1808, Napoléon 1er, accompagné du général Savary, vint reconnaître les bords de Mouriscot, dans le cadre d’un projet de pêche. Sous le Second Empire, une promenade longeant le lac jusqu’à la mer fut baptisée Bois de Boulogne en référence au bois parisien très en vogue. La fin du XIXe siècle vit la construction des belles demeures de Françon, Mouriscot et Barbarenia, aux abords des berges accueillantes. La Villa Mouriscot fut, en 1907, le théâtre des fiançailles de l’infant d’Espagne, Alphonse XIII, avec Victoire-Eugénie de Battenberg (voir pages 28-29 Mémoire). Pendant la 1re guerre mondiale, le lac servit de base à des hydravions pour la surveillance des frontières.
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Biarritz Magazine • 19