UNE HEURE AVEC…
ÉRIC NAULLEAU
Il a fait pleurer Boccolini, fuir Attali et ridiculisé Cali. Entres autres… Ecrivain et éditeur, le nouveau flingueur du PAF est-il si méchant que ça ?
Une étiquette aussi collante que celle de “méchant” n’est-elle pas trop déprimante ? Cette étiquette m’est collée par paresse intellectuelle. On ne peut pas lutter contre ça. Méchant, de toute façon, ça ne veut rien dire pour un critique qui fait son travail consciencieusement. C’est qui le “salaud” ? Celui qui dit, sans prendre de gants mais honnêtement, ce qu’il pense d’une œuvre ou celui qui n’a pas eu la politesse de consacrer du temps à ce dont il parle ? La violence pour moi, elle est là. C’est une injure puissance deux. Sur les plateaux télé, vous faites peur aux gens. Dans la vraie vie, on vous craint aussi? Au contraire ! Pour le public, je suis un Zorro qui arrache les masques des stars ! Le lundi matin, il m’arrive de tenir de vraies conférences de presse dans le métro. J’en rate parfois ma station ! Le téléspectateur n’estil pas déçu quand vous ne vous énervez pas ? Peut-être… Mais je ne vais pas me mettre en pétard systématiquement ! Au fond, moi, je n’aime rien tant qu’admirer. Mais, hélas, ce ne sont pas des écrivains de l’acabit de Modiano qu’on me donne en pâture. Et quand bien même, ça ne passerait pas sur YouTube ! 74 FHM
Vous avez déjà lu de la peur dans les yeux des invités ? Oui ! L’émission fait vendre et la pression est grande. J’ai même vu Bernard-Henri Lévy nerveux ! Il est vrai que c’est une de mes têtes de Turc. On ne peut pas lui reprocher de manquer de courage. Pas comme son ami Houellebecq qui m’insulte et refuse de venir ! Vous regrettez l’époque des duels ? Ah oui ! Je réclame le retour du duel sur le pré ! A un moment, on ne peut plus trancher une querelle par les mots. Donc vive le duel au petit matin… même si j’ai de plus en plus de mal à me lever tôt. Mais on s’arrête au premier sang, hein ! (rire) Faute de vous provoquer en duel, Cauet vous fait un procès… Il me reproche de l’avoir traité de con. Et son avocat attend que j’en fournisse la preuve. Surréaliste ! Ardisson m’a suggéré de
ACTU
On n’est pas couché, tous les samedis vers 23 heures sur France 2.
fournir un DVD d’une de ses émissions (rire). Il m’inspire plus d’accablement qu’autre chose… A ce propos, il y a des invités qui vous ont fait pitié ? Harry Roselmack était tellement secoué qu’on s’est sentis obligés de le réconforter. Et la patronne des patrons, Laurence Parisot, que je prenais pour un androïde blindé, est complètement partie en vrille en direct. Sidérant. Certaines attaques vous ébranlent-elles ? Je ne suis pas de marbre ! Quand le feu de mes adversaires est nourri, c’est parfois dur. Mais je balaie les critiques des convertis à la gentillesse, comme Carlier ou Boccolini… On savait que certaines filles de mauvaise vie se faisaient refaire une virginité. Pour les anciens snipers du PAF, ça semble marcher aussi. Sans chirurgie. Ruquier, c’est un néogentil ? Laurent a d’énormes qualités humaines. De là à dire que c’est un gentil… Mais un animateur doit arrondir les angles. Quand je présente Starmag sur TPS, je n’accueille pas les gens d’un “assied-toi là, pauv’ merde” ! Vous avez des amis dans le milieu télé ? Non. Je sors peu le soir.
recueillis par Bertrand Rocher
( JE RÉCLAME LE RETOUR DU DUEL ! )
© BLAISE ARNOLD - FRANCE 2
INTERVIEW
Un truand a essayé de faire croire que j’étais un habitué du Baron. Je ne sais même pas y aller ! Et Yves Calvi ? Yves, c’est un copain de lycée. On jouait au foot ensemble – lui, pas très bien d’ailleurs (rire) … Il a joué un grand rôle dans ma vie en m’encourageant à m’inscrire en fac à une époque où j’étais un peu paumé. Votre carrière est plus atypique que la sienne… Oui et je vois que ça dérange. J’ai 47 ans et c’est juste ma quatrième saison. Tout ce que j’ai fait avant m’a servi. Prof, par exemple. C’est plus dur d’affronter une classe de trente gamins que d’être sur un plateau ! Vous avez été attaché parlementaire ? Oui, cinq ans. Louis Perrin, un sénateur PS, m’a offert le job alors que je n’étais pas encarté. Le refus de porter la cravate suffisait à me faire passer pour un punk ! La polémique, vous êtes tombé petit dedans ? Dans ma famille, ça chambrait sec. Et j’étais pas en retard. Ma grand-mère racontait qu’à 3 ans, j’avais balancé un “je te dis merde !” à une femme qui était gaga devant moi. Vrai ou faux : vous êtes fan de Ma sorcière bien-aimée ? Vrai. J’adore. Je suis dingue des vieilles séries ! La petite maison dans la prairie, je la vois et revois au premier degré. Ça me bouleverse. La dernière fois que vous vous êtes battu ? Au foot. J’ai joué de 15 à 35 ans. J’étais un avantcentre du genre teigneux… La dernière fois que vous avez pleuré ? Oh, je pleure beaucoup ! Parfois de joie : à chaque fois que je vois les Stones monter sur scène. Propos
C’est Laura Flessel, l’invitée de Ruquier ?
SES DATES CLÉS » 1961. Naissance à Baden-Baden, en Allemagne. » 1993. Il crée sa maison d’édition, L’esprit des péninsules. » 2004. Il publie Le Jourde & Naulleau, précis de littérature du XXIe siècle, où il égratigne les vaches sacrées du roman français. » 2007. Il remplace Michel Polac comme chroniqueur littéraire d’On n’est pas couché. » 2009. Il fait son entrée aux Guignols, en compagnie d’Eric Zemmour.