Ody'mag n°1 !

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www.dufloconalavague.org

n°1 / 2013-2014

dymag

s dyreporter

Évènement

À boire !

L’Odyssée du flocon à la vague, un raid écolo-sportif unique en son genre ! p.06

Eau en bouteille ou au robinet ? p.30

zOOms

Eau virtuelle p.22 Hydroélectricité p.12 Aquaculture & végétaux p.28 Mouvement & mémoire : l’eau est en nous ! p.26

Interviews Bixente Lizarazu, Christophe Willem, Jean-Pascal Lacoste… tous ambassadeurs H2O



éDITO

© Masurel / FAV

échec et m at ?

M

ême “verre” mais beaucoup plus de “pailles” : 2,5 milliards en 1950, 6 milliards en 1999, 7 milliards en 2013 et 8 milliards en 2025 ! La population mondiale ne cesse de croître mais doit se partager une “même” quantité d’eau. Ça va batailler ferme pour siphonner sa part... Et on aura beau la stocker, la dessaler ou aller la puiser dans les profondeurs terrestres, ça ne suffira pas. La seule manière de ne pas perdre cette partie où le futur de notre planète bleue est en jeu, c’est de préserver ce bien vital. Préserver en polluant moins, préserver en consommant moins.

À nous de jouer, maintenant !

Fermons le robinet du catastrophisme, qui en ces heures coule à flots. Il y a bien mort d’hommes (34 000 décès par jour sur Terre faute d’accès à une eau saine). Mais il y a aussi des solutions. Tirer moins fort sur la “paille”, c’est utiliser moins d’eau à la maison mais aussi changer nos modes de consommation : moins de viande dans nos assiettes, moins de turnover dans notre garde-robe… Consom’actions à la portée de tous qui réduiraient considérablement notre impact sur l’eau “virtuelle”, c’est-à-dire celle nécessaire (en local et ailleurs) à la fabrication et l’acheminement de ces produits (lire p.22). Il y a bien urgence (selon l’OMS, 1/3 de la population planétaire n’aura pas accès à l’eau potable en 2015 !). Mais le meilleur moyen de transmettre ces messages, écogestes et autres consom’actions, c’est de le faire en s’amusant. Oui, parfaitement : prendre son pied, s’éclater, partager, rigoler ! Ne pas rester sur des chiffres alarmants, aller au-delà des constats terrifiants, sensibiliser les plus jeunes au contact d’artistes ou d’athlètes de haut niveau, transformer ces derniers en ambassadeurs de l’eau et les faire dévaler son cycle de la montagne jusqu’à l’océan… C’est le créneau de l’Association du flocon à la vague et de son raid écolo-sportif de l’Odyssée (p.06-19).

Désaltérez votre curiosité

Quant au magazine que vous tenez dans les mains, il se veut un outil de rayonnement de la culture H2O. Celle qui nous unit et nous fait vivre. De près ou de loin, de l’hydroélectricité à l’aquaculture, de notre robinet à notre bouteille, du liquide amniotique aux marées océaniques… Cet Ody’mag n°1 est à partager, comme l’eau. Ne soyons pas un grain de sable dans le désert, mais bien une goutte d’eau dans la mer. Des milliards de gouttes d’eau.

Ody’Reporters dyreporters

Plusieurs articles de ce magazine sont co-réalisés par des collégiens et lycéens, dans le cadre d’un atelier de journalisme animé par un professionnel (ya’com : bportrat@yahoo.com ; issuu.com/beniat). Objectifs : impliquer les citoyens de demain en les faisant remonter à la source de l’actualité H2O, vulgariser cette information pour la diffuser au plus grand nombre, bâtir un pont transgénérationnel !

L’équipe Ody’mag

Directeur de publication Wilfrid Forgues Rédacteur en chef / SR Bertrand Portrat (ya’com) bportrat@yahoo.com 06 61 88 41 86

Rédacteurs Léa Delas, Timéo Rougé (collège Paul Valéry de Séméac, Hautes-Pyrénées), Capucine Bes, Lili Dichary, Bérangère Fears, Clémence Goulet, Ladislas Kasprowicz, Paul-Louis Lange, Aurélie Marcel, Louise Mariette, Simon Mittelberger, Maurane

Perez, Agathe BassetRambert (Ambassadeurs de la mer, lycée Malraux de Biarritz, PyrénéesAtlantiques), Yasmine Kleit, Homael Hernandez (conseil municipal des jeunes de Portet-surGaronne, Haute-Garonne) Infographie élise Fougère elisefougere@yahoo.fr Éditeur Association du flocon à la vague (dufloconalavague.org) Impression Sur papier issu de forêts gérées durablement Dépôt légal À parution

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Ody’bis

© E. Zwart / Fabrique Computer Graphics

Eau d’ ici et d’ ailleur s

Journées Nature L’impact sur l’eau en débat

Du 24 mai au 2 juin 2013 à Portet-sur-Garonne, l’Association du flocon à la vague (FAV) a pris part aux Journées Nature. Outre des actions pédagogiques auprès de scolaires et l’inauguration de la 1re borne des sentiers de l’Odyssée (lire p.18), elle a organisé une table ronde sur les efforts initiés (et à mener) par les entreprises pour limiter leur impact sur l’eau. Une 2e table ronde s’est plus précisément intéressée aux pistes d’amélioration dans le domaine de la restauration collective. Sensibilisations, rencontres et réflexions : à vous pour les actions !

De g à d : Frédéric Derler -responsable production chez Cemex Bétons Sud Ouest (qui a réduit sa consommation H2O de 50 %), Christophe Terral -animateur de la table ronde, Badr Biede -chargé de mission RSE/qualité au Club Dirigeants Durables (CCI Midi-Pyrénées) et Arnaud Boschung –coordinateur Midi-Pyrénées pour l’Association du flocon à la vague.

Déchets plastique Opération océans propres ?

Boyan Slat, un Hollandais de 19 ans étudiant en ingénierie aérospatiale, aurait trouvé un moyen de débarrasser le Pacifique Nord du “7e continent” (composé de millions de particules de plastique évoluant entre - 10 et - 30 m de profondeur). Ce nettoyage ne durerait que 5 ans… Une solution qui serait transposable aux autres océans pollués eux-aussi par ces gigantesques plaques de déchets (formées à l’intérieur des Vortex -combinaisons de courants marins qui aspirent les plastiques). Son projet Ocean Cleanup utiliserait les courants pour capturer les déchets grâce à des barrages flottants qui laisseraient le plancton circuler en-dessous. Les plateformes dérivantes auxquelles seraient amarrés ces barrages auraient la forme d’une raie manta et seraient auto-alimentées grâce à l’énergie du soleil, des vagues et des courants. Bémol : Boyan Slat n’est pas le 1er à proposer une solution révolutionnaire pour “cleaner” les océans. Et l’océanographe de l’Ifremer François Galgani émet des réserves sur la capacité à trouver des financements pour des opérations techniquement difficiles et se déroulant dans des parties du globe n’impliquant personne (hors eaux nationales et zones économiques exclusives). À suivre sur : boyanslat.com

Goutte à goutte # Après les inondations historiques de juin dans le Sud Ouest, la solidarité aval-amont

s’est mise en place : le conseil général des Pyrénées-Atlantiques a prêté main forte à son voisin des Hautes-Pyrénées, mettant à disposition une équipe d’agents du Parc routier pour déblayer les voies d’accès autour d’Argelès-Gazost. L’Association du flocon à la vague a elle aussi décidé de mobiliser ses membres pour une opération sur Luz St Sauveur.

# Préservation de la vie aquatique en aval et intégration paysagère, tels sont les arguments

mis en avant par la Société Hydro-Électrique du Midi (SHEM, filiale du groupe GDF-Suez et partenaire de l’Odyssée 2013) lors de la mise en service en juin 2013 de sa 2e centrale au barrage de Ste Engrâce (64). Cette usine produira 2,4 millions de kWh (consommation annuelle de 1 200 personnes) et permettra d’éviter l’émission de 795 t de CO2 chaque année : shem.fr

#

Le gouvernement norvégien a fini par recommander aux femmes enceintes et aux jeunes de ne pas consommer du saumon d’élevage plus de deux fois par semaine. La présence dans ces poissons norvégiens « nourris aux farines animales, antibiotiques et même pesticides » (rue89.com) de polluants (dioxines, PCB) peut générer des cancers.

# La Casino Bellevue de Biarritz a accueilli les 4 & 5 octobre la 1re édition de la conférence internationale “Mer & Santé” : health-sea.com

Shamengo

Entrepreneurs, changez le Monde !

« Je purifie l’eau grâce à l’énergie solaire », « Je ramasse l’eau des nuages dans mes filets », « Mon restaurant fonctionne à l’énergie hydroélectrique », « J’installe des poubelles en mer »… Voici quelques-unes des innovations portées par les pionniers Shamengo, une nouvelle génération d’entrepreneurs qui souhaite contribuer à rendre le monde meilleur. Shamengo (“shaman” -qui passe d’un monde à l’autre, “men” –les hommes, et “go” -aller de l’avant) a été créée fin 2011 par le grand reporter Catherine Berthillier. Cette plateforme interactive et collaborative a pour objectif de promouvoir 1 000 pionniers du nouveau Monde. Pour cela, ses équipes de journalistes parcourent le globe pour ramener des vidéos de 2 mn diffusées partout (tv, web tous supports). Rendezvous sur Shamengo.com pour découvrir, contribuer, postuler !

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o dy ssé e d u flocon à l a vague 2013 U n r a id é c olo- sportif unique !

© FAV

© Masurel / FAV

AU FIL DE L’EAU. Des Pyrénées à l’Atlantique en passant par les rivières, lacs et gaves, la 6e édition de l’Odyssée du flocon à la vague a une nouvelle fois célébré l’eau dans tous ses états. De nouveaux terrains de jeu, de nouvelles épreuves sportives, de nouveaux ambassadeurs mais toujours le même esprit et objectif : fêter ensemble cette ressource naturelle pour mieux la protéger et la confier aux jeunes générations. Sportifs, artistes, scolaires, bénévoles et partenaires se sont ainsi retrouvés du 5 au 8 juin 2013 au fil de l’eau pour suivre son cycle et une idée : sans eau, ni fun ni vie, prenons-en soin ! Retour en images et interviews sur un raid écolo-sportif unique en son genre.

Philippe Bernat-Salles a pris part aux épreuves pyrénéennes de l’Odyssée. Enfant du pays, son arrière-grand-père reste l’un des premiers à s’être hissé au sommet du cirque de Gavarnie. Pour se roder, l’ancien international du XV de France s’est essayé avec succès aux 18 m 50 du mur d’escalade de Gèdre !

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Nouveauté 2013, l’organisation sur Biarritz de qualifications ouvertes au grand public pour participer à la finale pro-am ! Cent surmotivés ont bataillé pour gagner leur ticket avec les pros. Plus on est de fous...

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© Masurel / FAV

Sans eux, l’Odyssée n’aurait aucun sens. Les enfants viennent naturellement au contact des sportifs et artistes renommés, l’occasion pour ces derniers de faire passer des messages. Entre deux épreuves, jamais de dédicaces “gratuites” : chaque jeune choisit dans un guide ses écogestes et fait valider son engagement par un champion “water responsable” ! Plus de 1 200 enfants ont été sensibilisés sur l’Odyssée 2013.

Entre Gavarnie et Biarritz, la caravane de l’Odyssée a notamment fait escale sur le lac des Gaves (Argelès-Gazost) et le gave de Pau. Et de poursuivre le cycle de l’eau en stand-up paddle, rafting et kayak !

Les chevilles et le cœur bien accrochés pour la championne planétaire de skicross Ophélie David (équipe France 3, lauréate de l’Odyssée 2013). Pont Napoléon, gave de Gavarnie (Luz St Sauveur).


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© Masurel / FAV

Raid écolo-spor t if

Bien hydratées : les équipes Vittel Belgique ! Sarah Hébert (vice-championne du Monde de windsurf) et Antonia de Roissard (Kutunak.com) pour la Ville de Biarritz, Charlotte Baud et Émilie Dupuis (présentatrices RTL-TVI) pour Thalassa sea & spa, Morad Wahbi et le mana power Christophe Willem (p.17) pour Evoa.

© Masurel / FAV

Épreuve “phare” de cette 6e édition : la course d’orientation nocturne entre l’Hôtel du cirque et le village de Gavarnie. Ici Jean-Pascal Lacoste (p.16) et le volleyeur international Pierre Pujol (équipe CG64).

La dimension transgénérationnelle de l’Association du flocon à la vague résumée en un cliché : le père et son fils, le cofondateur et l’un des parrains de l’Odyssée, Bernard et Mathieu Crépel.

© ya’com

© Masurel / FAV

La tyrolienne du “parcours baroudeur”. Pour cette épreuve finale à la crique du Port-Vieux de Biarritz, les compétiteurs ont dû essuyer bourrasques et pluie. Pas de quoi démotiver les troupes, à l’image de la multiple championne d’Europe de surf Emmanuelle Joly.

Le navigateur Éric Péron et le skieur Vincent Gauthier (p.10), 2es du classement pro sous les couleurs du journal Sud Ouest. Et désormais “water responsables” comme tous les autres participants de l’Odyssée !

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du f lo co n à la vague

via Bixent e

© ya’com

BIXENTE LIZARAZU. Le champion du Monde de football 1998 soutient activement l’Odyssée du flocon à la vague depuis sa 1re édition. Parrain de l’évènement, il nous en dévoile l’esprit fédérateur, mais aussi une anecdote “brûlante”… Avant de revenir sur son engagement plus global pour l‘environnement.

Propos recueillis avec Agathe Basset-Rambert, Lili Dichary, Ladislas Kasprowicz, Paul-Louis Lange et Simon Mittelberger (Ambassadeurs de la mer, lycée Malraux de Biarritz, 64)

© Robert / FAV

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Raid écolo-spor t if

Odyssée

« Voir tous ces athlètes d’horizons si divers galérer quand ils ne sont pas dans leur domaine de prédilection, ça prouve bien leur motivation à se fédérer autour de la protection de l’eau ! » Vous avez une petite anecdote à nous raconter sur ce défi sportif ? Ça remonte à la 1re édition en 2009, sur la mythique 1re épreuve au Pic du Midi de Bigorre. Cette descente, Guy Forget s’en rappelle encore : il s’est brûlé les avant-bras au 2nd degré après une chute monumentale de 500 m due à un mauvais choix de skis. Mais c’est un battant, il n’a rien lâché et a continué jusqu’au bout ! Guy a démontré sa passion du défi sportif mais aussi son attachement à la Nature, ce même plaisir et ce même amour qui unissent tous ces sportifs outdoor autour de cette odyssée du respect de l’eau. Voir tous ces athlètes d’horizons si divers (“voileux”, plongeurs, surfeurs, kayakistes, skieurs, snowboardeurs, alpinistes, perchiste…) galérer quand ils ne sont pas dans leur domaine de prédilection, ça prouve bien leur motivation à se fédérer autour de ces valeurs. Votre engagement ne se limite pas à l’Odyssée, pouvez-vous nous parler par exemple de l’association Liza pour une mer en bleu ? J’ai toujours été en contact permanent avec la Nature à travers mes passions : surf, plongée, voile… La protéger des différentes pollutions est pour moi un besoin vital. Mais je ne savais pas comment mettre mon énergie à disposition. C’est pourquoi il y a plus de 15 ans, je suis devenu ambassadeur de Surfrider Foundation Europe1. En 2002, le naufrage du Prestige a été comme un déclic pour moi : j’ai décidé de créer Liza pour une mer en bleu. Avec Liza, je monte des partenariats avec d’autres associations environnementales : Surfrider à travers ses Initiatives Océanes (sensibilisation et nettoyage de plages), le Flocon à la vague lors de l’Odyssée… Durant ces évènements, j’apporte à la fois une participation physique et un relais médiatique. Des partenariats

© Rabejac / FAV

Pourquoi avoir accepté d’être l’un des parrains (avec Mathieu Crépel) de l’Odyssée du flocon à la vague ? J’ai tout de suite été séduit par cette idée que l’on doit à Bernard Crépel et au regretté Albert Delegue : suivre le cheminement d’un flocon jusqu’à la vague en passant par les ruisseaux, rivières, lacs… avec des sportifs de haut niveau qui utilisent tous les moyens de “navigation” possibles et imaginables –sans moteur “naturellement” ! Le but : illustrer le cycle de l’eau pour sensibiliser les gens sur l’interaction entre la terre et la mer. Et rappeler qu’il ne faut pas traiter les problèmes de pollution uniquement sur les côtes (ex. stations d’épuration) mais aussi en amont (ex. assainissement en vallée et montagne). De plus, cette odyssée permet de valoriser les magnifiques paysages qu’elle traverse, des Hautes-Pyrénées jusqu’aux Pyrénées-Atlantiques.

mais aussi des cofinancements comme pour le livre Au cœur des océans de Françoise Latour2. Par ailleurs, je suis ambassadeur environnement à la Fondation du Football3. En tant que porteparole, je relaye son Programme vert (réalisé avec l’Ademe) qui sensibilise les dirigeants de clubs et licenciés aux pratiques écoresponsables. Je m’associe notamment à leur volonté de réduire la consommation d’eau en club, avec des douches moins longues par exemple (cf. Les écogestes du jeune footballeur) mais surtout en utilisant l’eau de pluie pour arroser la pelouse (un terrain en gazon naturel nécessite 3 000 m3 d’eau par an). Et avec ce qui tombe parfois, ça serait dommage de s’en priver ! Surfrider.eu Mer.glenatlivres.com 3 Fondationdufootball.com 1 2

Le défi sportif 2013

Une trentaine de sportifs (ou artistes) professionnels ont participé par binôme à cette 6e Odyssée du flocon à la vague, du 5 au 8 août 2013 dans les Pyrénées (Hautes puis Atlantiques). Du cirque de Gavarnie à la côte des Basques de Biarritz, en passant par le lac des Gaves d’Argelès-Gazost et le gave de Pau, le cycle de l’eau a été le théâtre d’épreuves sportives variées et enlevées : trail, course d’orientation nocturne, escalade, saut à l’élastique, via ferrata, course aquatique, kayak, raft, stand-up paddle, tyrolienne, descente en rappel... Pour les départager ? Le chrono, avec des pénalités en cas de balise non trouvée (course d’orientation), de mauvaise réponse (quizz environnement)… Nouveauté, le public était cette année convié à se qualifier pour une finale pro-am qui a eu lieu dans la crique du Port-Vieux (Biarritz). Plus de 100 amateurs se sont affrontés lors de ces trials à la côte des Baques, et les meilleurs ont donc pu intégrer les équipes de pros !

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ces sportifs

(et artistes ) qui s’engagent NOUVELLES RECRUES. Ils prennent part à l’Odyssée du flocon à la vague et deviennent par la même occasion ambassadeurs à vie du respect de l’eau. Ces sportifs de haut niveau sont venus en force pour cette édition 2013 qui avait pour terrain de jeu le fleuve Adour, pour toile de fond les Pyrénées et pour ligne d’arrivée l’Atlantique. Des champions (inter)nationaux comme s’il en pleuvait, et pas assez de doigts pour compter les médaillés olympiques… mais aussi les disques de platine et d’or car des chanteurs, ainsi que des comédiens et présentateurs TV, ont rejoint l’aventure (p.16) ! Sur le terrain ou au micro, les nouvelles recrues se sont livrées...

Qu’avez-vous pensé du contenu écolo-pédagogique de l’Odyssée ? Ça correspond parfaitement à mes valeurs et à ma sensibilité 100 % Nature ! Cela fait plaisir de participer, enfin, à un évènement intelligent qui donne l’occasion aux sportifs de rencontrer des enfants pour leur indiquer quelques gestes écoresponsables. Les jeunes restent la priorité car ils ont un impact sur toute la population et ce sont eux qui devront demain agir ! Mais ça ne sert à rien de les sermonner, le message passe mieux avec le sourire et avec ce genre de manifestation festive et ludique ! J’ai eu vent que vous prépariez vous-aussi une aventure écolo-sportive… Oui, ça s’appelle Donne ton énergie à la Nature. La Nature nous donne tant d’énergie, c’est la moindre des choses d’en utiliser moins pour la protéger, non ? Je vais dans les écoles du Morbihan pour encourager les enfants à mener des projets de réduction de consommation d’énergie. Je vais aussi aller au Brésil en septembre 2013 pour remonter en stand-up paddle (+ voile) le rio Tapajós. L’objectif est de rencontrer les Indiens qui vivent sur les berges de cet affluent majeur du fleuve Amazone et qui sont menacés par la construction de barrages hydrauliques. L’hydroélectricité s’impose-t-elle ici ? Que vont devenir ces gens ? Je serai avec Gil -un natif qui s’est mis au windsurf- et un journaliste reporter d’images pour tourner un documentaire. Aventure à suivre... en attendant celle de la Route du Rhum 2014 sur un bateau éco-powered, c’est-à-dire sans aucune énergie fossile à bord !

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© Masurel

Sarah, contente de votre baptême odysséen ? Ravie ! J’ai fait pour la 1re fois de la via ferrata et l’arrivée du trail sous le cirque de Gavarnie était juste magnifique ! C’était très agréable de se retrouver entre sportifs d’horizons différents et de voir qu’on a la même communication : on parle simplement, efficacement, sans préjugé ni gêne ou sous-entendu, on se découvre avec curiosité et on apprend beaucoup !

/ FAV

D u c œ ur et de l’é n e r g i e SARAH HÉBERT

AVENTURIÈRE & EX-WINDSURFEUSE PRO  4 titres nationaux (2000-01, 2004-05), 1 titre continental (2006), vice-championne planétaire (2007).  A dû se faire implanter un défibrillateur cardiaque (2006). La fédération française de voile l’ayant jugée “inapte au sport de haut niveauˮ, elle concoure désormais sous les couleurs de l’Arménie.  Entreprend une traversée de l’Atlantique en planche à voile (2012) « pour montrer qu’avec du cœur, tout est possible ! » # Odyssée 2013 : associée à Antonia de Roissard (copilote et cofondatrice de Kutunak.com) / équipe Ville de Biarritz Vittel (11e en pro et pro-am). + web : windsurf-transatlantic.com


Raid écolo-spor t if

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© Tom Hébert

« Ça ne sert à rien de sermonner les enfants, le message passe mieux avec le sourire et avec ce genre de manifestation festive et ludique ! »

L’esprit de partage

Avez-vous pris à cœur votre rôle d’ambassadeur de l’eau auprès des enfants ? Une belle responsabilité ! L’aspect écologique du projet m’a d’emblée attiré, avec cette idée géniale de faire porter la bonne parole par des sportifs pros. Pour ces jeunes générations qu’il faut sensibiliser aux enjeux de l’eau, je pense qu’on est plus attractifs que les politiques... Sinon, quand j’étais à l’école dans le Jura, j’ai eu des cours pour apprendre à bien trier les déchets : pourquoi l’Éducation nationale ne ferait-elle pas de même avec l’eau via l’association du Flocon à la vague ?

« Handis-valides : on peut faire plein de trucs ensemble, transmettre ce respect de l’eau, apprendre les uns des autres. »

C’était la 1re fois que l’Odyssée accueillait un handi sur l’ensemble des épreuves. Réaction ? Encore ! Et qu’on soit plus nombreux l’an prochain ! Je suis très heureux d’avoir pu montrer le niveau que pouvait avoir un handi. Jusqu’à mes 15 ans, malgré mon handicap (pas d’avant-bras gauche), j’allais skier avec mes potes. Un seul bâton, chaque geste un objectif : ma vie était déjà une compétition ! Pour devenir performant, j’ai développé mes propres prothèses : ski, escalade, moto, rallye, golf, parapente... J’en ai une pour chaque passion ! Mais l’important reste de tisser ce lien entre le monde des valides et celui des handis : on peut faire plein de trucs ensemble, transmettre ce respect de l’eau, apprendre les uns des autres. Ici grâce à l’Odyssée, demain j’espère avec des jeux paralympiques avant ou pendant les JO !

© ya’com

Vincent, on vous sait fin technicien sur les skis et on connaît votre sens des trajectoires. Ça vous a servi sur l’Odyssée ? Je sais pas trop (rires) ! Ce qui m’a servi, c’est mon goût de la compétition et mon binôme Éric Péron. J’ai beaucoup échangé avec lui, pour l’Odyssée et mon quotidien. Il m’a donné des conseils pour gérer mon sommeil (rires) ! L’esprit de partage régnait sur cet évènement, bravo à Bernard (Crépel) pour le casting ! Un défi sportif qui a tenu toutes ses promesses (mon baptême au saut à l’élastique, ma galère au kayak avec ma prothèse cassée). Tout le monde avait la gagne mais avec beaucoup de fun et de rigolade !

VINCENT GAUTHIER HANDISKIEUR PRO

 Triple médaillé olympique 2010 (officier de l’ordre national du Mérite), quadruple champion du Monde 2011 (slalom, géant, super combiné et par équipe), vainqueur du Globe de cristal 2012, double médaillé d’or (slalom et slalom géant) aux Mondiaux 2013.

© photosportshop.com

 Originaire de la station des Rousses (Jura), membre du Comité national olympique et sportif français, vise l’or aux JO de Sochi 2014 ! # Odyssée 2013 : associé au navigateur Éric Péron (4e de la Solitaire du Figaro 2010) / équipe journal Sud Ouest (2e en pro et 5e en pro-am).

>>> Suite des itws ambassadeurs p.15 !

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© ya’com

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Propos recueillis avec Léa Delas et Timéo Rougé (collège Paul Valéry de Séméac, 65)

u n “ jus”

reno u ve lab l e à l ’en vi e

© EDF

HYDROÉLECTRICITÉ. Dans les décennies à venir, nos sociétés seront de plus en plus énergivores. Les combustibles fossiles sont eux de plus en plus rares (pétrole, gaz) et émettent des gaz à effet de serre (+ charbon). Les énergies renouvelables s’imposent, à commencer par l’hydraulique. Deuxième source d’électricité en France et dans le Monde, c’est une énergie “propre” et naturelle. Dans les Pyrénées, Timothée Ricordeau, responsable du groupement d’usines EDF Luz-Pragnères, nous explique comment on transforme l’eau en électricité, et aborde les questions de la sécurité et de l’environnement. Attention, on ouvre les vannes !

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Comment fonctionne une centrale hydroélectrique ? On utilise la force motrice de l’eau pour produire de l’électricité. Cette eau est stockée dans une retenue principale de 68 millions de m3, à Cap-de-Long (photo p.13), puis acheminée dans une galerie (tunnel) horizontale de 10 km. Ensuite, elle passe dans une conduite forcée de près de 2 km de long, dont 1 250 m quasiment à la verticale ! Dans ce tuyau, le débit est de 19 m3 /s, soit 19 tonnes d’eau par seconde ! Du coup, elle arrive à la centrale hydroélectrique à grande vitesse, environ 570 km/h quand elle vient taper les augets (godets) de la roue Pelton (3 à 4 m de diamètre), photo ci-contre. La rotation de cette roue entraîne un arbre de transmission qui lui-même fait tourner le rotor du générateur produisant de l’électricité ! Voir aussi le schéma p.14


Odyssée

© EDF/Gilles de Fayet

Raid écolo-spor t if

Comment protégez-vous les gens qui sont en aval (en-dessous) du barrage ? L’une de nos missions est d’assurer la sûreté hydraulique et la sécurité des tiers : promeneurs, baigneurs, pêcheurs, professionnels et pratiquants de sports en eaux vives (canyoning, canoë-kayak, rafting…). On partage tous ensemble la rivière, une ressource naturelle et donc un bien commun. Pour que cette cohabitation se passe bien, on doit informer ces publics de la présence de l’ouvrage et des lâchers d’eau automatiques. Ces derniers permettent notamment d’adapter la production de la centrale aux besoins fluctuants des consommateurs d’électricité (on ne peut pas en effet stocker cette énergie !). Pour prévenir les usagers, on embauche l’été des étudiants. Ces hydroguides partent à la rencontre des tiers pour leur expliquer les risques d’une brusque montée des eaux. Ils leur donnent aussi un numéro de répondeur (05 62 97 46 13) pour avoir l’information en temps réel. Par ailleurs, pour ceux qui font du canyoning en aval des barrages des Gloriettes et d’Ossoue, il est possible de voir sur le barrage une ligne rouge : si le niveau d’eau est au-dessus, ils ne peuvent pas pratiquer leur activité. En-dessous, ils disposent d’au moins 4 h pour se divertir en toute sécurité. En juin 2013, le Sud-Ouest (et notamment les Hautes-Pyrénées) a connu des inondations historiques1. Comment avez-vous géré cette quantité d’eau supplémentaire soudaine ? Rappelons que les barrages sont équipés dès leur construction d’évacuateurs de crues, qui permettent de libérer le trop plein

Pragnères en chiffres La construction de la centrale de Pragnères a nécessité des travaux pharaoniques. Une véritable épopée humaine qui a commencé dès 1947. Mise en service en 1954, elle fait aujourd’hui partie d’un système complexe au cœur de la haute vallée des Gaves (cf. infographie p14).Pour cet aménagement, on dénombre 40 km de galeries, 4 barrages et 30 prises d’eau, 1 centrale hydroélectrique et 2 stations de pompage. C’est l’exemple le plus saisissant de la “cueillette de l’eau” dans les Pyrénées. Les eaux collectées sur le versant rive gauche du gave de Pau peuvent être transférées sur la rive droite et, de là, vers la retenue de Cap-de-Long (photo) sur la Neste de Couplan. À ce barrage s’ajoutent d’autres lacs pour créer un ensemble de 78 millions de m3 de réserve à plus de 2 000 m d’altitude. Grâce à ces dispositions techniques, 95 km² de bassins versants peuvent être captés et drainés vers le barrage de Cap de Long alors que ce dernier ne dispose que d’environ 10 km² de bassin versant naturel !

d’eau une fois le barrage rempli. Les barrages sont ainsi sans influence sur la crue qui reste un phénomène naturel. Pour revenir à celle des 18 et 19 juin, elle a été exceptionnelle : fonte des neiges tardive, redoux et pluie en même temps… le pire des scénarios ! Mais EDF l’avait anticipé, nos équipes sont entraînées pour y faire face et nos barrages dimensionnés en conséquence. Bref, une situation exceptionnelle mais maîtrisée ! Il faut par exemple remonter aux 50’s pour retrouver une telle crue du gave de Pau.

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© EDF

En quoi la centrale et ses barrages respectent l’environnement ? Le respect de l’environnement est une des priorités d’EDF, tant pour la construction des ouvrages que pour leur exploitation. Avec ses barrages des Pyrénées et du Massif central, EDF gère 80 % des réserves en eau du Grand Sud-Ouest. Si à l’époque des grands chantiers (50’s), les enjeux étaient avant tout économiques, aujourd’hui la préservation de la biodiversité est -avec le changement climatique- une préoccupation constante. Ainsi, EDF s’implique dans la gestion du partage de l’eau, aux côtés des collectivités locales et de l’administration afin de répondre au mieux aux besoins divers et parfois contradictoires des usagers (ex. soutien d’étiage en été). EDF innove aussi dans l’aménagement et les pratiques d’exploitation et de maintenance de ses installations hydrauliques, afin de protéger durablement la faune et la flore : création d’ouvrages de franchissement (passes et ascenseurs à poissons) et de dévalaison, adaptation des plans de vol des hélicoptères pour préserver le Gypaète barbu, limitation des impacts des chantiers... Nous sensibilisons et formons nos exploitants et prestataires sur les enjeux liés à la biodiversité. Depuis les 90’s, EDF est partenaire du parc national des Pyrénées. Un plan d’actions concrètes est arrêté chaque année pour mieux protéger l’environnement : enlèvement de vestiges, organisation des chantiers avec prise en compte des espèces protégées, actions de formation et d’éducation à l’environnement...

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La centrale de Pragnères utilise l’eau stockée dans plusieurs barrages. Le plus gros (Cap-de-Long) retient l’eau des Nestes (affluents de la Garonne) mais aussi celle pompée dans les gaves. Or, toute l’eau est restituée au gave de Pau : en privant la Garonne de l’eau des Nestes, n’y-a-t-il pas un risque de déséquilibrer ce fleuve ? L’hydroélectricité prend sa place dans le cycle naturel de l’eau (précipitations, fonte des neiges, torrents, rivières) en retenant l’eau dans les lacs de barrage puis en l’utilisant pour faire tourner des turbines et produire du courant électrique. Sans les barrages, l’eau ne pourrait être stockée. En clair, cela veut dire notamment qu’en été, sans les barrages, il y aurait beaucoup moins d’eau dans les torrents, voire même pas du tout. Il est important de souligner que cette eau retenue dans les barrages ne représente qu’une infime partie des précipitations naturelles. Dans le cas de Pragnères et de Cap-de-Long, seuls 10 des 95 km2 de l’aménagement correspondent au bassin versant naturel situé audessus du barrage. La plus grande partie de l’eau contenue dans cette retenue provient donc du bassin versant des gaves et non de celui des Nestes. Dès l’origine, l’équilibre des cours d’eau du bassin des Nestes a été étudié en tenant compte de cette particularité et des autres retenues existantes sur ce bassin versant.


Les partenaires

de l’O dy ss ée et de l’ Ody’ m ag

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Les partenaires

de l’O dy ss ée et de l’ Ody’ m ag

PROGRAMME

BACHELOR MANAGEMENT

RELATIONS CLIENTS PROGRAMME

BACHELOR PROGRAMME MANAGEMENT

BACHELOR RELATIONS

CLIENTS MANAGEMENT

RELATIONS CLIENTS

Des choix de parcours Un accompagnement individualisé Un programme international L’environnement d’une Des choix de parcours Grande Ecole de Management Un accompagnement individualisé Contact alexandra.bordes@esc-pau.fr 05 59 92 33 03 Un programme international

Des

L’environnement d’une choix deEcole parcours Grande de Management

Un accompagnement individualisé 16

Contact alexandra.bordes@esc-pau.fr 05 59 92 33 03

Un programme international

Act business ǀ Think human

ESC ESC

GROUPE

Act business ǀ Think human

PAU GROUPE

www.esc-pau.fr


© ya’com

Raid écolo spor t if

THOMAS DOMENACH SKICROSSER PRO

Odyssée

ces sportifs

qui s’engagent

 3e circuit pro américain de skicross (2011).

(suite des p.10-11)

# Odyssée 2013 : associé à l’exhandballeur pro Pierre Chevalier / équipe FAV.2 (9e en pro et pro-am, mais 1re pour la visite du Musée de la mer de Biarritz en combinaison de surf !). + web : thomas-domenach.com

ODYSSÉE 2013 : PODIUM PRO-AM

L’an prochain avec Christine Janin ? Thomas, c’était votre 1re Odyssée, comment ça s’est passé ? J’avais un peu d’appréhension car j’ai pris un carton à l’épaule cet hiver en ski. Mais tout a tenu et on s’est régalés ! Se tirer la bourre dans des cadres grandioses, se retrouver comme des lucioles affolées lors de cette course d’orientation de nuit en pleine Nature… Du bonheur à l’état pur et une cohésion de groupe immédiate ! D’autant qu’on était là pour faire passer un message : celui de la préservation de l’eau. Message reçu 5 sur 5 par les jeunes qu’on a rencontrés au fil de l’eau. S’ils ont adhéré, c’est qu’ils ont vu qu’on ne faisait pas semblant. Être soi-même convaincu avant d’aller prêcher, c’est essentiel ! Je m’en suis rendu compte très vite avec À chacun son Everest1.

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1

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1. Équipe France 3, emmenée par Fabienne d’Ortoli (double championne du Monde de kitesurf freestyle) et Ophélie David (multi-championne du Monde de skicross).

Achacunsoneverest.com

Pouvez-vous nous parler de cette association dont vous êtes aussi un ambassadeur ? À chacun son Everest a été co-fondée en 1994 par le Dr Christine Janin (1re Française à gravir l’Everest). Pour cette association, un enfant qui se bat pour guérir d’une maladie (ici le cancer ou la leucémie) c’est un peu un alpiniste qui fait l’Everest. C’est même plus dur mais aussi plus beau. L’idée n’est pas seulement de guérir, mais de continuer à vivre avec des objectifs élevés. Et pour y arriver, il faut y aller étape par étape. Ce parallèle “sommet-guérison”, on l’entretient à travers des stages nature où les jeunes mettent de côté leur maladie et l’hôpital pour découvrir la montagne et faire plein de choses, comme tout le monde... Escalade, accrobranche, VTT tandem, mais aussi sensibilisation sur le cycle de l’eau (là aussi !). Comme sur l’Odyssée, j’ai remarqué que plus ces enfants sont confrontés au milieu naturel, plus ils veulent comprendre. Le point culminant du stage, c’est l’ascension en fin de semaine d’un sommet mythique comme le Brévent (2 525 m). À leur rythme et selon leurs moyens, mais en haut quand même ! Vous rempilez sur l’Odyssée 2014 ? Avec plaisir, mais cette fois avec une équipe À chacun son Everest en faisant venir Christine Janin et -si c’est possible- un jeune en rémission de l’association !

2.

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Équipe Agence de l’eau Adour-Garonne, conduite par Travis Grant (champion planétaire de stand-up paddle “race”) et Rico Leroy (champion du Monde de surf tandem).

+ “Prix de la bonne humeur” à l’équipe Evoa EQ - Vittel, avec côté “professionnels” Christophe Willem et Morad Wahbi (p.17).

© Laurent Salino

3. Équipe Région Midi-Pyrénées, avec Sylvain Bourbousson (snowboardeur pro) et Mathieu Crépel (double champion du Monde de snowboard).

>>> Suite des itws ambassadeurs p.16 !

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ces artistes qui s’engagent (suite de la p.15)

© ya’com

JP reviendra, affûté ! Jean-Pascal, c’est votre 1re Odyssée : pourquoi être monté à bord ? Je connaissais déjà Bernard et Mathieu Crépel (respectivement directeur-fondateur et parrain de l’évènement), on avait fait des sorties ski ensemble. J’apprécie ces personnes et j’ai de suite accroché à leur idée de faire prendre conscience aux gens qu’on perdait les choses vitales à notre existence, à commencer par l’eau ! D’autant quand ils m’ont dit que le message passerait par le biais du sport…

JEAN-PASCAL LACOSTE

CHANTEUR, ACTEUR ET COMÉDIEN  Maître nageur sauveteur, médaillé du courage et du dévouement (+ cité à l’ordre national du Mérite) pour avoir participé au sauvetage de trois jeunes baigneurs à St Jean de Luz.

Justement, qu’avez-vous pensé de ces épreuves sportives au fil de l’eau ? Je remets ça l’an prochain ! Mais là, je ferai une préparation physique pour être affûté dans les Pyrénées : la course de montagne, ça part trop vite si t’es pas habitué ! Même sans une top condition, j’ai adoré le trail sur Gavarnie et la course d’orientation nocturne où on a bien gazé -faut dire que j’avais les lunettes de Mac Lesggy… Sérieusement, l’Odyssée m’a emmené dans des aventures et endroits insoupçonnés. La seule épreuve que je n’ai pu faire, c’est le saut à l’élastique au pont Napoléon : j’ai le vertige, j’y peux rien !

 Apprenti chanteur dans Star Academy (2001), animateur sur TF1 et NRJ 12 (2002-09) et comédien notamment dans la série Section de recherche (TF1, 2006-13). # Odyssée 2013 : associé au volleyeur Pierre Pujol (212 sélections en équipe de France) / équipe CG64 (8e en pro et 4e en pro-am).

En dehors de l’Odyssée, que fais-tu au quotidien pour l’eau ? Des petits trucs que je transmets à mes enfants comme faire moins couler le robinet dans la salle de bains ou le jardin. Mais avec l’Odyssée, nous avons aussi pris conscience de notre consommation d’eau “invisible” (lire p.22). Du jean à la côte de bœuf, c’est impressionnant ! Pour l’alimentation, on va dire que je suis à bonne école puisque ma femme est coach sportive et ma belle-sœur nutritionniste.

Un dernier mot sur l’ambiance de ce raid écolo-sportif ? On a bien rigolé et en plus c’était pour la bonne cause, que demander de plus ? On s’est tous bien complétés et des liens se sont créés : on s’est échangés nos numéros et on va se revoir. Il y a maintenant un truc entre nous, une histoire. D’ailleurs, l’ambiance et l’osmose ont été telles que la pluie n’a pas entamé la bonne humeur ; il aurait neigé qu’on y serait quand même allés !

© FAV

« L’ambiance et l’osmose ont été telles que la pluie n’a pas entamé la bonne humeur ; il aurait neigé qu’on y serait quand même allés ! »

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Après l’Odyssée, quelle est votre actualité ? Je repars avec TF1 sur un projet de fiction mais cette fois-ci ce sera une comédie. Et comme je continue à faire le grand écart entre Paris et St Jean de Luz où je vis, j’ai décidé de m’investir pour qu’il y ait de la vie toute l’année (et pas seulement l’été) dans cette cité des Corsaires. La promotion de la culture locale et la défense de l’environnement sont de bonnes pistes !


Odyssée

À l’arrivée, pas de regrets ? Aucun ! L’Odyssée est une super aventure humaine, avec de belles rencontres. J’ai découvert des gens très différents mais tous animés d’une même bonne humeur, j’ai découvert aussi de nouveaux muscles ! Ce raid m’a vraiment fait repousser mes limites… Quand vous “ouvrez le bal” au saut à l’élastique, on n’est pas loin de votre chanson Double je, non ? Nous rentrons là dans des considérations bien philosophiques (rires). Disons que le saut à l’élastique ne nécessite pas d’être un sportif accompli, c’est du mental et je suis content de m’être jeté le 1er dans le vide… comme ça les autres étaient obligés de suivre ! Par contre, la dernière épreuve, cette tyrolienne qui finissait sa course dans un océan en furie et bien froid... Là, je me suis senti “au bout de ma vie”. Et c’est grâce aux encouragements des autres compétiteurs que j’y suis allé ! Au quotidien, que faites-vous pour protéger l’eau ? Avant l’Odyssée, j’essayais déjà d’agir sur des choix de consommation : pompe à chaleur à la maison, pas de grosses cylindrées dans le garage… Mais ta sensibilité, tu la développes au contact de la Nature et de gens qui te font prendre conscience que ton action peut être quotidienne. Avec Save Water, j’ai appris que manger moins de viande permettait de préserver significativement cette ressource naturelle –et ma santé. Je vais aussi essayer de plus consommer “local”. Il y a un avant et un après Odyssée ! Et vos projets de chanteur ? Je prépare mon 4e album. Et comme j’ai 30 ans ce 30 août 2013, il sera sûrement le reflet d’une évolution personnelle et donc musicale. À suivre… (NDLR : en concert sur l’Odyssée 2014 ?)

© Masurel/FAV

Christophe, comment vous êtes-vous retrouvé embarqué dans cette Odyssée ? La connexion s’est faite… au Maroc ! Je donnais un concert à Essaouira pour le Rallye Aïcha des Gazelles, j’y ai rencontré Charlotte Baud (présentatrice sur la chaîne belge RTL-TVI) et sa copilote Antonia de Roissard (co-gérante de Kutunak.com, évènementiel et production audiovisuelle). Et on a très vite voulu partager une aventure ensemble. Quand Antonia est revenue vers moi avec ce défi sportif et écologique au fil de l’eau, j’ai dit banco ! Avec Morad (son coéquipier), on n’est pas vraiment sportifs dans l’âme mais ces supers paysages nous attendaient, sans oublier notre mission pédagogique avec ces enfants qui ont bossé toute l’année sur le cycle de l’eau et qui sont venus à notre rencontre.

CHRISTOPHE WILLEM

CHANTEUR, AUTEUR, COMPOSITEUR

 Vainqueur de la Nouvelle Star (2006).  Collectionne les disques de platine (France) et d’or (Belgique, Suisse). Double je (tiré de son 1er album Inventaire) est le single le plus vendu en France en 2007.  Lauréat aux NRJ Music Awards (2008 & 2010), World Music Awards (2007), Victoires de la musique (2008).  Participe aux Enfoirés (Restos du cœur), à Sol En Si (Solidarité enfants sida). # Odyssée 2013 : associé à Morad Wahbi (gérant d’un bar de nuit à Bruxelles) / équipe Evoa-Vittel (12e en pro et 10e en pro-am, “Prix de la bonne humeur”). + web : christophewillem.com

« Ta sensibilité, tu la développes au contact de la Nature et de gens qui te font prendre conscience que ton action pour l’eau peut être quotidienne. »

© Masurel/FAV

La tortue se jette à l’eau !

Raid écolo-spor t if

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 Repère : Après y avoir organisé une édition de son raid écolo-sportif (l’Odyssée) en 2012, l’Association du flocon à la vague était partenaire à Portet-sur-Garonne des Journées Nature 2013 (organisées depuis 2006 par la Région Midi-Pyrénées).

dyreporters

GARONNE. Vous connaissez les chemins de Compostelle ? Voici ceux de l’Odyssée ! Un voyage le long des fleuves, non pas initiatique et intérieur mais ouvert sur l’amont et l’aval pour une prise de conscience collective : tout est lié et notre mobilisation doit être solidaire et pérenne ! La 1re borne de ce parcours d’éducation à l’environnement par le sport a été inaugurée en juin 2013 à Portet-surGaronne. Philippe Goitschel, nettoyeur de sites naturels extrêmes et parrain de cette 1re “pierre”, ainsi que Thierry Suaud, maire de cette commune pionnière, nous en disent plus…

Vous venez d’inaugurer la 1re borne des chemins de l’Odyssée. À quoi sert-elle ? Philippe Goitschel1 : Cette borne est un moyen de faire savoir aux gens que des actions sont menées ici en faveur de l’eau et de la Garonne. Elle nous invite à prendre soin du patrimoine naturel dans lequel on vit. C’est aussi un rappel : nous devons faire en sorte que ces initiatives se multiplient au fil du fleuve, et surtout qu’elles perdurent ! Thierry Suaud : Cela permet d’inscrire dans un cadre plus large les actions menées par notre commune. Car nous ne règlerons pas seuls le problème de la qualité de l’eau. D’autres bornes verront le jour sur les communes qui bordent la Garonne. Elles viendront mettre en lumière le lien qui existe entre l’amont et l’aval, et rappeler la solidarité dont les hommes doivent faire preuve tout le

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sur les t r ac e s de l’odyssée

Propos recueillis avec Yasmine Kleit et Homael Hernandez (conseil municipal des jeunes de Portet-sur-Garonne, 31). à g. M. Suaud, à d. M. Goitschel.

long du fleuve pour préserver notre environnement. Cette 1re borne valorise les actions des Portésiens en ce sens : du ramassage de déchets sur les berges jusqu’à une prise de conscience globale de leurs responsabilités de citoyens au quotidien. Cette borne est également un fabuleux outil d’information puisqu’un flashcode permettra d’en savoir plus sur les chemins de l’Odyssée, les missions de l’Association du flocon à la vague, les engagements des sportifs de haut-niveau comme Philippe Goitschel, mais aussi d’en connaître davantage sur nos espaces naturels -Parc des confluents, Ramier- sans oublier nos actions environnementales. Justement, que fait la Ville de Portet-sur-Garonne pour protéger l’eau ? Thierry Suaud : Par exemple, pour nos espaces verts, nous avons abandonné l’arrosage intégré pour limiter l’utilisation d’eau potable.


Raid écolo-spor t if

Avec le Sivom de la Saudrune, nous œuvrons aussi pour un accès à l’eau pour tous grâce à une nouvelle tarification : les premier m3 sont moins chers, mais ceux consommés au-delà de 500 m3 par an deviennent eux plus chers ! L’idée, c’est que les familles les plus modestes puissent continuer à satisfaire leurs besoins en eau de tous les jours. Et que les plus gros consommateurs soient eux incités à faire des économies d’eau : ceux qu’on ne peut toucher au cœur, on les sensibilise par le portefeuille ! Enfin, le prochain grand défi pour la Ville, c’est de remplacer notre vieillissante station d’épuration du Bac par une STEP faisant appel aux dernières technologies d’assainissement. Nous réalisons une étude complète à ce sujet et devrons ouvrir une discussion avec les futurs voisins de cette installation d’intérêt général. Nous souhaitons intégrer à ce projet un volet de production d’énergie renouvelable que nous avons initié avec le lycée Charles-de-Gaulle : des élèves ont déjà installé une micro-turbine sur la sortie d’eau de la STEP du Bac. L’électricité produite sert à alimenter une partie de l’éclairage de la station. L’an passé, vous nous aviez indiqué un projet en restauration collective. Qu’en est-il aujourd’hui ? Thierry Suaud : Votre suivi de ce dossier révèle le temps politique. Pour que ce projet voie le jour à la cuisine centrale de la communauté d’agglomération du Muretain, nous devons encore convaincre les habitants. Non pas pour avancer sur la qualité des repas préparés -qui a été saluée- mais pour aller encore plus loin sur les circuits courts afin de non seulement dynamiser l’économie locale mais aussi réduire l’impact environnemental

Odyssée

des transports. Proposer moins de viande permettrait enfin de réduire la consommation d’eau nécessaire à sa production2. Mais préalablement, il faudra œuvrer pour que cette filière locale puisse assurer un approvisionnement tout au long de l’année. Et parallèlement continuer nos actions d’éducation au goût pour réapprendre à apprécier ne serait-ce déjà que les fruits et légumes de saison. Les moyens financiers sont considérables pour acheter des denrées ; on doit pouvoir mener des politiques volontaristes. Et pour les eaux pluviales polluées3 ? Construire une unité de traitement spécifique est toujours d’actualité, mais il nous manque des moyens financiers pour concrétiser cette nécessité. Nous étudions actuellement les possibles sources de financement, pourquoi pas une taxe payée par les responsables de cette imperméabilisation des sols ? Par ailleurs, nous souhaitons toujours expérimenter l’outil du BilanH20© (lire p.32). Dans un 1er temps, nous pourrions faire un focus sur le bâtiment administratif de la mairie ou sur l’école primaire. Engagements à suivre ! 1 Multiple recordman et champion du Monde de ski de vitesse (250,7 km/h !). Philippe Goitschel est aujourd’hui un aventurier et “clearner pro” de l’extrême. Lors de ses expéditions en trek, spéléologie ou plongée, du lac du Bourget jusqu’au Népal, il récolte les déchets rencontrés pour éveiller les consciences : respect-planet.com 2 Par exemple, 1 kg de viande bovine nécessite jusqu’à 15 000 l d’eau et rejette 350 g de pollution ! 3 L’urbanisation (bâtiments, routes, parkings) cause une imperméabilisation des sols. L’eau de pluie ne pleut plus pénétrer dans le sol, elle ruisselle et se charge d’huile de moteur, de métaux lourds… avant de reprendre le cycle de l’eau.

Rejoignez bientôt les chemins de l’Odyssée ! En 2012 lors de l’édition Garonne de l’Odyssée du flocon à la vague, des sportifs de haut niveau ont suivi le cycle de l’eau depuis le massif pyrénéen de l’Aneto jusqu’au Verdon-sur-Mer où le fleuve rejoint l’Atlantique. Du trail à la pirogue, en passant par le VTT ou le stand-up paddle, ils n’ont jamais perdu le fil pour porter le message du respect de l’eau. Bientôt, vous pourrez vous aussi, à votre rythme, suivre les pas de ces champions et partir sur les traces de l’Odyssée. Entre deux bornes, chaque tronçon sera l’occasion de faire du sport donc (canyoning, rando, kayak, escalade…) mais aussi de découvrir ce patrimoine naturel. Et, surtout, de prendre conscience de la nécessaire solidarité entre l’aval et l’amont… et entre les générations ! Des balades encadrées par des professionnels et ambassadeurs de l’Odyssée, une aventure à partager en famille ou entre amis ! Plus d’infos à venir sur dufloconalavague.org

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eau v irtuelle : c’ e st pas de la

IMPACT H2O. Chaque jour, nous consommons (et polluons) de l’eau. Ce que l’on sait moins, c’est que nous n’impactons pas uniquement l’eau que l’on voit à la maison. Ce serait oublier l’eau “invisible” et pourtant indispensable pour fabriquer un jean, produire une entrecôte… À l’arrivée, cette eau “virtuelle” est plus que réelle : elle représente 95 % de notre consommation quotidienne ! Explications et solutions avec l’Association du flocon à la vague et le centre technologique en environnement Apesa.

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FA V

* L’eau vi rtuel l e n’est en ri en de l a Sci ence Fi cti on ! El l e représente 95 % de not re consom m ati on d’eau gl obal e au quoti dien.

Depuis des années, on nous bassine qu’il faut : fermer le robinet quand on se brosse les dents, prendre des douches et non des bains, ne pas tirer la chasse après chaque pipi… Et alors ? On nous aurait menti ? Non, il est vrai que l’eau douce est un bien rare (moins de 3 % de l’eau sur Terre) : moins on en consomme et plus on préserve cette ressource. Sans compter que pour rendre potable l’eau du robinet, il faut la traiter dans des usines de plus en plus énergivores. Donc oui aux économies et à l’eau de pluie dans nos “waters” ! Ne serait-ce déjà par respect pour les 2,4 milliards d’habitants, notamment du Sud, qui n’auront pas accès à l’eau potable en 2015 (soit 1/3 des Terriens !)1. Mais pour tendre vers un accès équitable à cette ressource (et prévenir à l’échelle planétaire les migrations de population et tensions qui en découlent), il ne faut pas se tromper de combat…

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A gir m aint enant

Alimentation :

save water

l’activité la plus impactante !

S’attaquer au gros du problème L’eau de notre robinet ne représente que 5 % de notre consommation personnelle de tous les jours. Les 95 % restants correspondent à l’eau “virtuelle” mais bien réelle : c’est l’eau qui a été utilisée pour fabriquer et acheminer notre jean (11 000 l) ou ordinateur portable (33 000 l) depuis l’Asie, et surtout pour produire la côte de bœuf d’1 kg du barbecue estival (15 000 l pour faire pousser les céréales qui ont nourri le bétail qu’il a fallu aussi abreuver, etc.)… Cette eau “invisible” (on ne peut la voir à domicile) a été prélevée au milieu et rendue polluée. Et là encore, l’eau virtuelle que nous utilisons à travers les produits qu’on achète (alimentation, textile, high-tech) ou nos choix de transport (80 % des Français roulent en solo dans leur voiture) est bien plus impactée que l’eau de notre robinet : 200 g de pollution rejetée par jour et par personne pour l’eau indirecte contre 15 g pour l’eau directe ! Objectif : mieux manger Pour peser favorablement sur notre futur, il faut donc surtout réduire notre recours à cette eau virtuelle. Et vite : « À l’horizon 2020, demain donc, 40 % de la population planétaire connaîtra une situation de stress hydrique ou sera confrontée à une grande pénurie d’eau2. C’est donc maintenant qu’il faut agir, et c’est au plus impactant qu’il faut s’attaquer en priorité : l’alimentaire ! », indique le porteur de la démarche Save Water pour l’Association du flocon à la vague. L’assistante au développement des outils pédagogiques Save Water apporte de l’eau à son moulin : « D’autant que si on mange mieux, on consomme et pollue moins d’eau, mais on ingère aussi moins de polluants ! Cycle alimentaire oblige… » Et M. Save Water de cibler “l’ennemi” n°1, la viande « industrielle ou issue de l’agriculture

intensive » très consommatrice d’eau mais aussi très polluante3, et pas seulement : « Quand on achète du bœuf industriel, on pollue l’eau (médicaments, pesticides…) mais aussi sa propre santé. On pollue la Nature (et in fine la qualité des eaux de baignade) et donc aussi le tissu économique local (tourisme). Et on “pollue” ses finances car dépolluer l’eau (notamment de la chimie que l’on ne voit pas) coûte de plus en plus cher et augmente nos impôts (stations d’épuration et de potabilisation de plus en plus complexes face à toutes ces pollutions) ! » Que faire à notre échelle d’individu ? Partant de là et en accord avec ses valeurs, M. Save Water s’est converti au végétarisme. Mais pas obligé d’aller si loin pour participer à cet effort collectif et devenir “water responsable”. Avec le centre technologique en environnement Apesa, Save Water a mis au point un outil permettant de calculer son impact personnel sur l’eau : l’EmpreinteH20® (disponible sur empreinteh2o.com et en appli smartphones) : « L’idée est que chacun puisse prendre conscience du poids de son propre mode de consommation sur cette ressource naturelle vitale. C’est très simple : on renseigne un questionnaire sur nos habitudes (alimentaire, textile, eau au domicile, équipements technologiques) et l’outil calcule notre empreinte personnalisée sur l’eau. Surtout, on se rend compte des postes les plus impactants, qui utilisent notamment l’eau virtuelle. » Bien sûr, l’objectif n’est pas de rester sur ce constat alarmant mais de proposer des solutions pour améliorer notre EmpreinteH20®. N’attendons pas l’année prochaine pour prendre de bonnes résolutions. Top 3 des écogestes en page suivante…

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Le top 3 d e s é c ogest es

Écogeste 1 Manger moitié moins de viande, c’est - 45 % d’eau consommée et - 50 % de pollution rejetée !

Écogeste 2 Doubler la durée de vie de ses vêtements, c’est - 60 % d’eau consommée et - 35 % de pollution rejetée !

Et même si l’eau de la maison n’est que la partie émergée de l’iceberg, on peut quand même agir dessus en installant des limitateurs de débit (- 55 % d’eau consommée et - 50 % de pollution rejetée !), en utilisant des produits d’entretien écoresponsables, etc. Et à l’échelle des collectivités et entreprises ? Deuxième outil développé par Save Water et l’Apesa, en collaboration avec Meta IT (start-up d’informatique responsable), le BilanH2O® s’adresse aux entreprises et collectivités. L’Agence de l’eau AdourGaronne finance à 50 % ce projet innovant : « Cet outil n’existe ni en France ni en Europe ! Ni même dans le Monde eu égard aux ambitions du BilanH2O®… », lance M. Save Water. Une première à laquelle se sont associés d’autres soutiens financiers4 pour un lancement de l’ingénierie en octobre 2013. Enthousiasmant ! Mais au fait, quel est le principe du BilanH2O® ? Cyril Baldacchino, chef de projet éco-innovation à l’Apesa : « Comme pour l’EmpreinteH2O®, on va renseigner l’outil avec toutes les données qui font le quotidien de l’audité. Sauf qu’on s’intéresse ici à une entreprise ou collectivité. Plus complexe, d’autant qu’on va regarder non seulement l’impact de son siège mais aussi de ses différentes activités. Pour cela, on récolte les informations transmises par l’audité, qu’on complète avec différentes données génériques. Par exemple celles du Water Footprint Network, pour l’utilisation d’eau douce (localement et dans le Monde) de telle ou telle activité. Pour la pollution, on se sert de bases de données utilisées pour les Analyses de Cycle de Vie (matières premières, fabrication, transport, utilisation, élimination ou recyclage) de tel ou tel produit utilisé. Toutes ces mesures sont complétées par les données “eau” du bassin versant où est implantée la structure. À l’arrivée, on remet à l’audité une photographie complète de ses impacts H2O mis en lien avec son territoire. » Exemple ? Un salon de coiffure à Biarritz va avoir un impact direct sur l’eau de son territoire lors du lavage des cheveux

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Écogeste 3 éteindre ses multimédias (tv, lecteur dvd, ordi, hifi…) et non les laisser en veille, c’est - 20 % d’eau consommée et - 25 % de pollution rejetée !

(utilisation et pollution d’eau) mais aussi un impact indirect sur d’autres territoires par les shampoings/colorations achetés chez son fournisseur (utilisation et pollution lors de la fabrication). Identification-action-compensation Comme pour l’EmpreinteH2O®, le principe “identification-action” est de mise : « Pour un hôtel-restaurant par exemple, on pourrait suggérer non pas de remplacer ses baignoires par des douches, mais plutôt de faire travailler l’agriculture locale bio -ou “paysanne”grâce à laquelle l’établissement réduira considérablement son impact sur l’eau… et relèvera le goût dans l’assiette de ses clients ! », annonce M. Save Water. Malgré tous leurs efforts, ces entreprises ou collectivités ne pourront tomber à un impact H2O zéro. Mais là encore, on peut agir ! Pour compenser leur consommation-pollution restantes et devenir water neutral (sans incidence sur l’eau), elles pourront soutenir des programmes d’éducation à la préservation de l’eau (Save Water, Surfrider Foundation Europe), de solidarité avec les pays du Sud (France Libertés, Action Contre la Faim), de reforestation ou d’agroforesterie (Pur Projet Pérou et Gers). Car si l’eau de notre maison est l’arbre qui cache la forêt, l’arbre est bien la 1re solution pour dépolluer les sols et… l’eau !

Estimation de l’Organisation mondiale de la santé (rapport 2013). Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et la pêche (FAO). Et pour le journaldelenvironnement.net, « l’eau connaîtra une pénurie de l’ordre de 40 % de ses ressources mondiales en 2030. » 3 350 g de pollution rejetée pour 1 kg de bœuf produit. 4 Sous réserve de confirmation : Ademe, conseils régionaux d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées, conseil général des PyrénéesAtlantiques, Crédit Agricole, Lyonnaise des Eaux, Elior, Négoti, Quiksilver, Kokolo… 1 2


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les enjeux du bassin adour-garonne

© AEAG / R. Estrade

AGENCE DE L’EAU ADOUR-GARONNE. Nommé cette année à la tête de cet établissement public de gestion de l’eau, Laurent Bergeot1 nous dévoile les grands projets d’un bassin hydrographique aux enjeux multiples. Quelles sont vos motivations et ambitions pour l’agence de l’eau Adour-Garonne? C’est avec plaisir et détermination que j’aborde ma nomination à la direction de cet établissement. Au-delà de la volonté de m’investir pour la cause de l’eau, l’ambition est de porter -à la tête de l’Agence mais aux côtés de l’ensemble de nos partenairesla politique publique de l’eau sur le bassin Adour-Garonne. Je fais miens les fondements de l’action de l’Agence, l’écoute des acteurs, la solidarité entre les usages et les territoires dans le cadre de relations partenariales avec les maîtres d’ouvrage et les représentants du monde de l’eau. C’est le cas pour L’Odyssée du flocon à la vague, dont nous sommes partenaires depuis l’origine. Pouvez-vous nous rappeler à quoi sert une agence de l’eau ? Une agence de l’eau met en œuvre la politique publique de l’eau. Pour cela, elle est au service de la qualité des eaux de son bassin hydrographique et de l’équilibre de leurs usages. En France, la gestion des eaux est organisée autour de 7 bassins hydrographiques, qui correspondent : aux 4 grands fleuves (Adour-Garonne, Loire-Bretagne, Rhône-Méditerranée, SeineNormandie), à la Corse, aux rivières du Nord (Artois-Picardie) et au bassin français du Rhin (Rhin-Meuse). Chaque agence, grâce aux redevances qu’elle perçoit auprès des usagers de l’eau, met en œuvre un programme d’interventions techniques et financières, en fonction des priorités identifiées sur ce territoire. Quelles sont les spécificités du bassin Adour-Garonne2 ? C’est un bassin à enjeux multiples, les priorités restent la qualité de l’eau potable, le bon fonctionnement des milieux aquatiques et le maintien des débits suffisants dans les rivières dans un contexte avéré de changement climatique. La frange littorale de

400 km tient aussi une grande place dans notre politique. Notre programme est mis en œuvre par tranches de 6 ans. Quels sont les grands projets de l’agence de l’eau Adour-Garonne pour les prochaines années ? Les projets sont nombreux et s’inscrivent sur le long terme. Le 10e programme répond aux exigences du SDAGE (Schéma directeur d’aménagement et de gestion de l’eau), document voté par le Comité de bassin, qui détermine la politique de l’eau en Adour-Garonne. Nous avons quasiment terminé la mise aux normes de l’assainissement collectif, il reste beaucoup à faire pour l’assainissement individuel dans le Sud-Ouest encore très rural3. La protection des ressources pour l’eau potable est également un chantier important. Et les pollutions diffuses4 -les plus difficiles à traiter car elles concernent tous les usagers et tous les milieux aquatiques- nous demandent encore des interventions importantes. Tout ceci sans oublier une nécessaire démarche prospective qui vise à anticiper les conséquences du changement climatique sur un bassin déjà régulièrement déficitaire.

Ex-directeur adjoint de la Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement (DREAL) de Midi-Pyrénées, Laurent Bergeot succède à Marc Abadie au poste de directeur général de l’agence de l’eau Adour-Garonne.

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Le bassin versant Adour-Garonne couvre les régions Aquitaine et MidiPyrénées, une partie de l’Auvergne, du Languedoc-Roussillon du Limousin et de la région Poitou-Charentes. Il correspond à un découpage naturel : la “ligne de partage des eaux” entre le bassin méditerranéen et le bassin atlantique.

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Environ 30 % de la population vit en habitat dispersé.

Pollution des eaux due non pas à des rejets ponctuels et identifiables, mais issus de toute la surface d’un territoire et transmis aux milieux aquatiques de façon indirecte, par ou à travers le sol, sous l’influence de la force d’entraînement des eaux de précipitations ou d’irrigation (dictionnaireenvironnement.com).

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>>> Plus d’infos sur : eau-adour-garonne.fr

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Mouvements,mémoire : dyreporters

l’eau est en nous

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ANALOGIE. L’Homme est constitué à 65 % d’eau, le fœtus à 97 % ! La surface terrestre est recouverte à 71 % par des océans. Tous deux liquides, Homme et Océan ont d’autres similitudes. À commencer par les mouvements qui les animent… Sans oublier que tous deux ont une mémoire… Éclaircissements avec Éric Delion, ostéopathe et cogérant de Soorf, société de formation et de recherche en ostéopathie.

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L’ H om m e et la Mer

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« L’Homme a des mouvements analogues aux marées (…) un phénomène de gonflement/dégonflement. L’Homme et la Mer “respirent” donc de la même façon ! » Vous aimez à rappeler la concordance qu’il y aurait entre les mouvements liquidiens chez l’Homme et dans l’océan. Pouvez-vous nous l’expliquer ? En ostéopathie, il y a 3 types de techniques : biomécanique (on utilise une force extérieure au patient, ce qui provoque parfois des craquements articulaires), biocinétique (on a recours aux forces présentes chez l’Homme et on se sert des mouvements liquidiens de son corps) et biodynamique (on contacte les forces du monde naturel, ses énergies). En biocinétique, j’ai été directement témoin de ces mouvements liquidiens, qui m’aident à “débloquer” mes patients sans rien leur imposer, en me servant de leurs propres forces intérieures. Ces mouvements liquidiens ont été décrits par le Dr Erich Blechschmidt. Pour cet anatomiste allemand, ce sont eux qui permettent d’installer chaque molécule, cellule, tissu, organe, système… aux bons endroits, et de constituer chaque corps !

sons qui apaisent les nouveau-nés. Ils leur ont par exemple diffusé la musique qu’écoutait leur mère pour se détendre pendant la grossesse. Et même si c’était du Johnny, ça les calmait ! En revanche, s’ils diffusaient une musique “inconnue”, même reposante comme du Debussy, le rythme cardiaque du bébé ne se calmait pas. Dans le 1er cas, si le bébé a reconnu cette musique, c’est qu’il y a eu conduction liquidienne du son jusqu’au fœtus : l’eau a transporté cette information en la mémorisant ! L’eau peut aussi mémoriser des mots, la lumière… Des agriculteurs travaillent avec de l’eau “structurée”. Par exemple, le développement des épis de blé sera supérieur avec une eau qui a été exposée au soleil. Mais pour revenir au son et aux études de Busnel et Relier, un seul bruit a fait l’unanimité chez les nouveau-nés, et ce même si leurs mères ne l’avaient jamais entendu lors de leur grossesse : le bruit de l’océan…

Et du côté de la Nature, de l’océan ? Il y a ces notions de rythmes de vie : le jour et la nuit, les saisons… Si on prend les marées, on a chez l’Homme des mouvements analogues : flexion/extension et rotation externe/interne, qui ne sont que l’expression mécanique adaptative de “l’inhalation/exhalation” ; soit un phénomène de gonflement/dégonflement. L’Homme et la Mer “respirent” donc de la même façon ! Pour preuve, même si ce n’est pas scientifiquement prouvé, les sages-femmes ont remarqué qu’il y avait plus d’accouchements autour de la pleine lune. L’attraction de la lune et du soleil agit donc sur les océans -provoquant les marées, mais aussi sur les futures mamans et plus généralement sur l’Homme car nous sommes composés essentiellement d’eau !

Pourquoi le son de l’océan apaise-t-il les bébés ? Et les adultes ! L’océan nous apaise car c’est le berceau de la vie. Revenir à son contact, c’est revenir à notre origine collective d’être humain. Retourner à l’océan, c’est aussi retourner à notre origine individuelle d’individu, comme dans le liquide amniotique de notre mère animé des mêmes mouvements que la mer. Enfin, l’océan, cette eau en mouvement, c’est peut-être là qu’on trouvera (l’ADN n’en dit rien) l’origine de la forme humaine…

En parlant de musique, on dit qu’il existe une mémorisation intra-utérine : c’est possible ? Marie-Claire Busnel3 et Jean-Pierre Relier4 l’ont prouvée ! Leurs expériences sur la neuro-sensorialité consistaient à trouver des

Ses procédures expérimentales sont remises en cause par certains scientifiques.

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Chercheur en physiologie acoustique et en audition prénatale à l’Université René Descartes (Paris).

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Surnommé “le médecin qui écoutait les bébés”, spécialiste en néonatologie, en charge de la maternité de Port Royal, hôpital Cochin (Paris).

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Homme et océan “respireraient” donc des mêmes mouvements car tous deux sont eau. Autre théorie qui vous est chère : la mémoire de l’eau. Pouvez-vous nous la “rafraîchir” ? Cette théorie est née d’intuitions mais aujourd’hui des preuves viennent la confirmer. Ainsi, Jacques Benveniste, le 1er à avoir mis en relation homéopathie et mémoire de l’eau, a longtemps été controversé. Mais le Pr Luc Montagnier, l’un de ses plus virulents détracteurs, lui a finalement donné raison1. L’homéopathie, c’est réaliser de nombreuses dilutions par exemple à partir d’un végétal. Au-delà d’une dilution de 9CH (= dilué 9 fois au centième), il n’y a plus rien et pourtant ça marche. C’est bien qu’il reste quelque chose, en l’occurrence une information mémorisée par… l’eau ! Les travaux de Masuru Emoto2 ont montré que les molécules d’eau s’organisent au contact de sons pour former des “cristaux” spécifiques. Cette forme d’écriture aquatique, l’auteur japonais l’a photographiée : il a fait passer de la musique à travers de l’eau, l’a congelée, découpée en lamelles pour l’observer au microscope et immortaliser l’organisation de ces “clusters” qui différaient selon qu’ils aient été “imprégnés” de classique ou de hard-rock !

Ce Prix Nobel de médecine a indiqué que ses travaux sur le VIH l’ont amené à « rencontrer des phénomènes que seules ses théories (celles de Jacques Benveniste) semblent pouvoir expliquer. » (Les combats de la vie, Luc Montagnier, éditions Lattès).

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Propos recueillis avec Bérangère Fears et Louise Mariette (Ambassadeurs de la mer, lycée Malraux de Biarritz, 64)

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d es p rotéi ne s p ou r to u s ? AQUACULTURE. En 2050, 9 milliards d’être humains peupleront la Terre. Comment leur fournir des protéines à prix raisonnable pour les nourrir ? L’élevage de poisson pourrait être la clef. L’Europe ne représente que 4 % de la production mondiale mais ses chercheurs sont partis depuis bien longtemps à la pêche aux solutions. Remontée de filet avec Sandrine Skiba, directrice de l’unité INRA NuMeA (Nutrition, Métabolisme, Aquaculture) à St Pée sur Nivelle (64).

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Comment se porte la filière aquacole mondiale ? Par rapport aux autres productions animales, l’aquaculture a cette particularité de progresser de façon continue : + 6 % sur 2012 par exemple (et déjà plus de 50 millions de tonnes en 2007). Cela s’explique par une augmentation constante de la demande, tirée par l’Asie. Autre cause, les prises de pêche en espaces naturels stagnent depuis 20 ans (90 millions de tonnes en 2007) et ne peuvent plus couvrir les besoins de la population mondiale. L’aquaculture doit ainsi prendre le relais de la pêche pour nourrir les 9 milliards d’individus qui peupleront la Terre en 2050. D’après la FAO1, la production aquacole devra déjà doubler d’ici

Propos recueillis avec Aurélie Marcel et Maurane Perez (Ambassadeurs de la mer, lycée Malraux de Biarritz, 64)

« L’aquaculture doit prendre le relais de la pêche pour nourrir les 9 milliards d’individus qui peupleront la Terre en 2050. »

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2030 pour stabiliser une consommation de produits aquatiques autour de 12 kg / an / habitant. Un véritable défi d’autant que cette aquaculture est dépendante d’une pêche minotière déclinante… Il y a encore dix ans, les poissons d’élevage étaient nourris en grande majorité par ces petits poissons pêchés puis transformés en farine et huile. Mais là aussi, les prises stagnent et les prix flambent. Il fallait trouver une source d’alimentation complémentaire et les végétaux se sont imposés. Aujourd’hui, il ne faut plus que 1,5 kg de poisson sauvage pour produire 1 kg de salmonidés (saumons et truites) d’élevage et non 5 kg pour 1 kg comme cela a été affirmé dans différentes publications et relayé par les médias.


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Poisson her bacé

Selon l’étude européenne AquaMax, les consommateurs accueillent favorablement les poissons d’élevage nourris par des végétaux. La couleur appétissante de ces truites est obtenue en rajoutant dans l’alimentation de l’astaxanthine (pigment de la famille des caroténoïdes). à droite, saurez-vous différencier le poisson d’élevage du sauvage ?

Quelles difficultés rencontrez-vous dans la mise au point de cette alimentation végétale? À l’INRA, nous résonnons en nutriments. Le poisson a essentiellement besoin de protéines ! Selon son espèce, ces protéines représentent 25 à 45 % de son alimentation contre 12 à 18 % pour les volailles et 10 à 15% pour l’Homme ! Notre travail consiste à trouver d’autres sources de protéines et notamment ces acides aminés essentiels qu’on ne peut synthétiser. 1er problème : leurs profils en acides aminés diffèrent selon qu’ils viennent d’une plante ou d’un animal. Résultat : on doit combiner plusieurs plantes (colza, soja, maïs, lupin, pois…) pour garantir un apport compatible en qualité et quantité. Et il faut parfois rajouter de la poudre de méthionine ou de lysine pour faire “l’appoint” d’acides aminés. Aujourd’hui, seuls 15 à 20 % de l’alimentation des poissons d’élevage sont issus de la pêche minotière. Dans nos laboratoires de l’INRA, nous sommes même tombés à 5 % ! Pour l’heure, nous ne parvenons pas à aller plus bas sans qu’il n’y ait de conséquences sur l’appétit et la croissance des poissons. Quid des oméga-3 ? C’est l’autre nutriment clef : les lipides. Parmi les acides gras essentiels, il y a en effet le fameux oméga-3, représentant à lui seul la valeur santé du poisson (il participe à la lutte contre le cholestérol, les maladies cardio-vasculaires…). 2e problème : l’huile végétale n’en contient pas assez et les capacités des poissons à synthétiser ces fameux acides gras sont faibles. Solution, on pratique une alimentation de finition : 3 semaines avant la commercialisation, on les nourrit avec de la farine et de l’huile de poisson pour restaurer un niveau correct d’oméga-3. Il n’y en aura jamais autant que dans un poisson sauvage mais largement assez pour couvrir nos besoins (300 g de poisson apportent les 3,5 g d’oméga-3 recommandés par semaine). Nourrir un carnivore avec des végétaux, n’est-ce pas contre-nature ? Le seul hic, c’est que le poisson n’est pas fait pour manger des

glucides et que ceux-ci sont très présents… dans les végétaux. Des poissons en deviennent d’ailleurs diabétiques (aucun risque pour les consommateurs). Solutions : extraire des végétaux uniquement les protéines et lipides (c’est cher), les nourrir de végétaux très riches en protéines (pois, lupin) ou de tourteaux (graines de colza ou soja pressées pour en éliminer l’huile) voire de gluten de blé ou maïs. Au final, que retrouve-t-on dans notre assiette ? Grosso modo, la même chose. Preuve en est, le programme AquaMax, mené de 2006 à 2010 par différents laboratoires européens (dont celui de St Pée sur Nivelle), qui a étudié l’acceptabilité de ces produits par les consommateurs. Au terme d’observations en supermarché et de tests organoleptiques (évaluation sensorielle), le poisson d’élevage a été jugé plus frais mais plus jaune (chair). Au niveau du goût, le poisson d’aquaculture aurait moins le goût de poisson et plus un goût fruité, herbacé. L’aquaculture serait une solution, à travailler, pour continuer à nourrir la planète. Mais quels sont ses risques et limites ? L’enjeu, c’est de trouver un cocktail nutritionnel qui s’approche le plus des besoins du poisson tout en étant rentable, durable et non toxique. Le prix des végétaux peut être un frein, leur assemblage à l’instant “t” prend en compte les cours mondiaux de ces matières premières. C’est pourquoi il est intéressant d’étudier d’autres alternatives, comme une nourriture à base de micro-algues ou d’insectes, même si cela pose des problèmes de production (volumes). La durabilité, c’est par exemple ne pas utiliser d’huile de palme – dont la production est responsable de déforestation en Indonésie et Malaisie. Pour la toxicité, on a relevé moins de dioxine et de PCB dans les produits aquacoles que dans ceux de la pêche (qui accumulent par ailleurs les métaux via la chaîne alimentaire). Là où il faut être vigilant, c’est au niveau des rejets des piscicultures qui contiennent de l’azote2. Pour les maîtriser, on ajuste l’alimentation au minimum des besoins et on développe l’aquaculture en circuits fermés (la même eau est filtrée puis réutilisée). 1 2

Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et la pêche.

Responsable de l’eutrophisation (étouffement de l’écosystème aquatique).

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en bo u teill e o u au r o b in et ?

En quoi l’eau en bouteille et celle du robinet peuvent-elles impacter l’environnement ? Pour l’eau en bouteille, il faut se rendre compte de toute l’énergie nécessaire à sa fabrication, son transport et son élimination (ou recyclage). Pour fabriquer une bouteille en plastique, nous avons besoin de pétrole, une énergie non renouvelable aujourd’hui rare et qui émet des gaz à effet de serre lors de la fabrication du produit. L’acheminement de ces bouteilles participe aussi au réchauffement climatique (fioul). Et ne pas oublier les 140 000 t de bouteilles en plastique qui finissent en déchets tous les ans en France, dont moins de 15 % seront recyclés1 ! Le reste sera enfoui ou incinéré (émissions de gaz toxiques) ou finira dans les océans. Pour l’eau au robinet, il n’y a pas cet impact du transport puisqu’elle est produite localement (ex. en puisant dans la Nive pour Anglet et Biarritz). Par contre, il faut là aussi de l’énergie pour rendre potable cette eau (usine de traitement), construire et entretenir les tuyaux du réseau de distribution. Pour autant, le bilan carbone de l’eau au robinet est bien meilleur que celui de l’eau en bouteille2.

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COMPARATIF. Pour notre consommation d’eau potable, nous avons le choix entre l’eau du robinet et celle en bouteille. Impact environnemental, prix, qualités… Qu’est-ce qui change ? Laquelle choisir ? Pierre Echavidre, directeur technique Lyonnaise des Eaux (Landes et Pyrénées-Atlantiques), a bien évidemment fait son choix et nous dit pourquoi.

Propos recueillis avec Capucine Bes et Clémence Goulet (Ambassadeurs de la mer, lycée Malraux de Biarritz, 64)


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Q uelle eau boir e ?

« Le bilan carbone de l’eau au robinet est bien meilleur que celui de l’eau en bouteille. » Pierre Echavidre, Lyonnaise des Eaux Et au niveau du prix ? En France, l’eau du robinet coûte en moyenne 3,70 €/m3 ; cela comprend l’eau potable mais également son assainissement et les taxes. Si nous achetons une bouteille d’eau de 1,5 l à 0,50 € (une des moins onéreuses), cela revient à 0,33 €/l soit 90 fois plus cher qu’au robinet ! Le prix du m3 varie géographiquement, il est moins cher au Pays basque mais plus onéreux en Allemagne (5 €) où ils ont beaucoup investi dans le traitement de l’assainissement par temps de pluie. La plus grande différence entre l’eau du robinet et celle en bouteille, c’est qu’on ne parle finalement pas du même produit : d’une part un produit de service (distribution d’un bien commun vital), d’autre part un produit marchand (commercialisé par des publicités). Pour le 1er, c’est la collectivité qui fixe le tarif (réactualisé pour suivre le coût de la vie, de la main d’œuvre et de l’énergie). Pour l’évolution du prix au robinet, Jérôme Monod (ancien pdg de Lyonnaise des eaux) avait déjà prédit il y a 25 ans qu’il allait doubler. Il avait raison, et cela s’explique par la mise en application en droit français de la Directive européenne de 1991 qui a imposé l’amélioration de l’assainissement en France. Aujourd’hui, la tendance est aussi à la hausse, avec la part tarifaire consacrée à l’assainissement qui va continuer à augmenter. En effet, la Directive Cadre sur l’eau (2000) fixe comme objectif le bon état écologique et chimique des rivières françaises dès 2015, ce qui nécessite d’importants investissements. Y’a-t-il une différence sanitaire entre ces deux offres d’eau potable ? L’eau du robinet est l’un des produits alimentaires les plus vérifiés dans notre pays, avec 54 paramètres fixés par le ministère de la Santé et contrôlés par les Agences régionales de santé (ARS) aussi bien en sortie d’usine de potabilisation qu’au domicile du consommateur. En France, il y a trois règlementations différentes (mais voisines) pour l’eau de source, minérale et du robinet. La

plus grande différence entre ces deux dernières, c’est qu’on peut rajouter des produits chimiques à l’eau du robinet pour la désinfecter. La plupart du temps, c’est du chlore. L’État en impose 0,3 mg/l en sortie d’usine de potabilisation et 0,1 mg/l au domicile. Il est interdit de désinfecter l’eau avant de la mettre en bouteille car elle est censée être captée pure (ressource préservée grâce à des périmètres de protection) puis contrôlée en usine et transportée en bouteilles fermées.

Les arguments du minéralier Nous avons demandé à Vittel Belgique (partenaire de l’Odyssée du flocon à la vague) quels étaient les arguments en faveur de l’eau en bouteille. Le groupe Danone Waters Benelux, à qui appartient cette marque d’eau minérale, s’est appuyé pour cela sur un document de la Fédération Royale de l’Industrie des Eaux et des Boissons rafraîchissantes (fieb-viwf.be). Dans “L’eau en bouteille dans un monde durable”, il est notamment indiqué que les énergies fossiles nécessaires à la fabrication des bouteilles d’eau « sont progressivement remplacées par des énergies renouvelables (…) et les infrastructures font l’objet d’un renouvellement des matériaux d’isolation. Toutes ces mesures ont considérablement réduit, au cours de ces dernières années, les émissions de CO2 des unités de production. Par ailleurs, certains minéraliers intègrent jusqu’à 50 % de matière PET recyclée dans leur nouvelles bouteilles et diminuent continuellement le poids des bouteilles ce qui nécessite nettement moins de matières premières. » Pour l’empreinte carbone, cette fédération indique qu’on ne peut pas comparer celle de l’eau embouteillée et celle de l’eau du robinet car ce sont « deux produits différents qui répondent à des législations différentes. » Et de souligner par ailleurs que cette empreinte ne « dit rien sur l’impact environnemental total », ne prenant en compte ni la consommation d’eau (fuites des canalisations) ni la pollution des sols (résidus des traitements chimiques de potabilisation).

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« C’est plus facile d’envoyer une fusée sur la Lune que de ne pas avoir de goût dans l’eau du robinet ! » Pierre Echavidre, Lyonnaise des Eaux

Qu’en est-il des résidus de médicaments ? Ils sont négligeables. Si vous prenez 1 comprimé de paracétamol de 500 mg, il faudrait boire 2 litres d’eau du robinet chaque jour pendant 100 000 ans pour retrouver une teneur semblable3. Par contre, les concentrations de nitrates et pesticides -dans certaines régions- peuvent être significatives. En Bretagne, l’élevage intensif de porcs provoque un dépassement de la norme de nitrates (50 mg/l) de certaines ressources. Dès l’usine de potabilisation, ces résidus agricoles (qui affluent lors des précipitations) sont traités par des charbons actifs et seules des traces subsistent ; les normes sont respectées. Qu’est-ce qui est meilleur pour ma santé, l’eau du robinet ou en bouteille ? Personnellement, je ne bois pas d’eau en bouteille. Et si je le faisais, je privilégierais les bouteilles en verre. On ne sait pas comment les bouteilles en plastique sont entreposées. Le risque, c’est qu’en cas de stockage en plein soleil, des particules de plastique migrent dans l’eau. Par ailleurs, les eaux minérales sont à la base des eaux médicamenteuses, prescrites dans l’absolu par un médecin et censées nous aider à guérir d’une maladie. Certaines ne doivent surtout pas être consommées de façon régulière sans indication médicale. Il peut y avoir des risques cardiaques ou rénaux pour les eaux riches en sodium (sel). Attention aussi à celles trop riches en fluor : une eau en bouteille en contient 8 mg/l alors que la norme (au robinet) est de 1,5 mg/l… Et pour le goût ? Je dis toujours : « C’est plus facile d’envoyer une fusée sur la Lune que de ne pas avoir de goût dans l’eau du robinet ! ». Nous avons quelques plaintes pour mauvais goût de l’eau et le plus dur est de déterminer si cela relève d’un problème technique (ex. surdosage du chlore) ou d’un palais très sensible du consommateur. Après un déménagement, ce dernier peut en effet trouver un goût à l’eau

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de sa nouvelle commune s’il était habitué à celle de sa précédente habitation. Pour nous aider dans cette tâche, nous avons mis en place un panel de dégustateurs d’eau (Observatoire du goût de l’eau). Ce sont des bénévoles volontaires qui ont été formés à la dégustation de l’eau et nous renseignent une ou deux fois par mois sur la présence ou non de mauvais goûts au robinet. Ces problèmes de goût viennent essentiellement du chlore que nous sommes obligés d’utiliser pour prévenir tout risque sanitaire potentiel qui interviendrait lors de travaux de réparation des fuites ou ruptures de tuyaux. Le réseau n’est en effet pas étanche à 100 % : 18 à 20 % de l’eau transportée n’arrive pas à destination. Pour améliorer ce rendement, nous recherchons les fuites avec des “grandes oreilles” (capteurs enregistreurs de bruits) et nous remplaçons progressivement la fonte “cassante” (utilisées avant les 80’s) par des conduites en fonte “ductile” (incassable). Une fois le réseau “imperméabilisé” au maximum, nous aurons moins besoin de chlorer et le goût sera donc potentiellement meilleur ! 1 2 3

Ecosynthese.com Ale-lyon.org

Soit 365 mg, en partant d’une teneur médicamenteuse résiduelle de 5 ng/l

dans les cours d’eau.

Carafe aux charbons : pour une eau limpide et sans odeur Les carafes filtrantes aux charbons actifs permettent d’éliminer les éventuelles traces indésirables présentes dans l’eau du robinet. Elles sont aussi une solution pour enlever toute odeur de chlore. La durée d’utilisation du filtre ne doit en général pas dépasser les 4 semaines. Au-delà, la solution devient un problème : le filtre se transforme en nid à bactéries !


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dymag

s

dyreporter Évènement

À boIre !

L’Odyssée du flocon à la vague, un raid écolo-sportif unique en son genre ! p.06

Eau en bouteille ou au robinet ? p.32

zooms

Eau virtuelle p.24 Hydroélectricité p.12 Aquaculture & végétaux p.30 Mouvement & mémoire : l’eau est en nous ! p.28

IntervIews Bixente Lizarazu, Christophe Willem, Jean-Pascal Lacoste… tous ambassadeurs H2O



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