Gave de Pau : une crue historique

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#7 l Janvier 2014 l édition de Nay (64)

gave

de

pau

Vivre avec l’incertitude l’incertitude Vivre avec © Gilson

Une crue historique - Décryptage - Témoignages - Réhabiliter - Anticiper

Approuvé par :

Enquêtes réalisées par des lycéens !


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Désembâclage au pont de Nay, juin 2013. © C-PRIM

Eco-Reporters en Aquitaine Le Conseil régional d’Aquitaine soutient cet atelier de journalisme qui a ici permis aux élèves de 1re L du lycée Paul Rey de Nay de devenir co-auteurs de leur éducation à l’environnement, en menant leur propre enquête sur la crue exceptionnelle de juin 2013 qui a touché le gave de Pau et ses affluents. Encadrés par un journaliste, ces reporters en herbe se sont initiés aux différentes étapes de la presse écrite : interview, rédaction et mise en page. Le journalisme comme vecteur, l’environnement comme thématique et l’Aquitaine comme toile de fond, telle est la formule gagnante des Eco-Reporters en Aquitaine ! Eco-Reporters en Aquitaine, une réalisation des Ateliers ya’com : www.issuu.com/beniat

pauL reY...

...Un lycée au pied des Pyrénées ! Créée en 1905 par Paul Rey -maire de Nay pendant 44 ans, l’école primaire supérieure de jeunes filles s’est installée dans ses bâtiments définitifs quatre années plus tard.

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L'HISTOIRE SE REPETE...

p.04 : décryptage (Agence de l’eau Adour-Garonne)

En moins d’un an, la gave de Pau aura connu deux crues majeures : en octobre 2012 et -surtout- en juin 2013. Fin 2012, la rédaction nayaise des Eco-Reporters en Aquitaine1 avait déjà enquêté sur ce voisin omniprésent, « source de vie et d’inquiétude ». Dans ce 1er numéro, les spécialistes interviewés indiquaient ce qu’il ne fallait plus faire -en termes d’aménagement- pour que pareilles inondations ne se reproduisent (ou tout du moins ne s’accentuent). Six mois plus tard, la conjonction rare de plusieurs facteurs météorologiques n’aura donc pas laissé à l’Homme le temps de rectifier le tir…

APPRENDRE À VIVRE AVEC CE RISQUE Décembre 2013 : « Ce n’est pas la première crue, ni la dernière ! », annonce Benoît Thouary, chef de projet au Centre pyrénéen des risques majeurs2 basé à Lourdes. Et d’indiquer : « On ne peut pas supprimer ce risque, mais on peut apprendre à vivre avec. Il n’y a pas une mais des solutions. D’abord, ne pas construire en zone inondable. Ensuite, anticiper pour mieux gérer le moment venu. Enfin, et c’est le plus important : informer la population des risques encourus ! ». Cette éducation des plus jeunes, cette sensibilisation des habitants, c’était justement l’objectif du 1er journal réalisé par les Eco-Reporters du lycée Paul Rey de Nay. Et la raison d’être de ce 2e opus, motivé par l’actualité et l’envie d’en savoir plus sur ce sujet intarissable. Ces journalistes en herbe de 1re L vous proposent un décryptage de la crue exceptionnelle de juin 2013, des témoignages de professionnels et particuliers ayant porté secours aux sinistrés, un focus sur le Plan communal de sauvegarde destiné à anticiper et mieux gérer ces premiers secours, un éclairage sur les travaux de réhabilitation durable du gave… Et parce que cette rivière n’est pas uniquement synonyme de catastrophe, ces jeunes Béarnais profitent de l’occasion pour mettre en lumière deux espèces emblématiques de cet écosystème riche mais fragile : le desman et le cincle plongeur. Enfin, pour participer à votre niveau à la préservation de la qualité de l’eau qui coule à votre robinet, rendez-vous en page 12… Bonne lecture et n’oubliez pas de me partager ! 1 2

p.06 : témoignages & prévention (Nay et Mirepeix)

p.08 : travaux (Syndicat du gave de Pau)

Lire p.02 C-prim.org p.10 : faune (desman et cincle plongeur) © ya’com

La rédaction de Nay Éditeur : Conseil régional d’Aquitaine Rédacteur en chef, SR, maquettiste : B. Portrat (ya’com : bportrat@yahoo.com) Charte graphique : pepeteprod.com Conseiller éditorial : J.-F. Meurant Eco-Reporters en Aquitaine : M. Barbe, A. Bato, É. Bidegorry, F. Biondo, E. Bocquet, F. Bouquet, F. Buecher, F. Cescau, A. Commarieu,

Ce lycée accueille aujourd’hui 463 élèves répartis en 17 classes. On y prépare des bacs généraux (Littéraire, Économique et Social, Scientifique) et technologiques (Sciences Technologiques du Management et de la Gestion).

V. Gabaston, C. et D. Gaillard, A. Gilson, S. Marasse, A. Meurant, A. Milcent, C. Moncla, M. Pichenot, L. Pola, M. Rousseaux, J.-T. Vettori. Photos : Caserne des pompiers de Nay, C-PRIM, M. Gilson, PAT du gave de Pau, D. Perez / Wikimedia Commons, S. Rey (Ville de Nay), Syndicat du gave de Pau, ya’com.

Cet établissement partage son réfectoire et son infirmerie avec le collège Henry IV qui a ouvert en 1976. lyceepaulrey.org

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Une crue exceptionnelle Meurtrière et dévastatrice,

la crue de juin 2013 restera gravée dans la mémoire collective. Comment expliquer une telle catastrophe naturelle ? Que faire pour éviter que cela ne se reproduise ? Éléments de réponse avec Véronique Mabrut, adjointe de la délégation paloise de l’agence de l’eau Adour-Garonne.

Propos recueillis par Mathieu Barbe, Amaia Commarieu, Sébastien Marasse, Améliane Meurant à Nay, le pic de crue atteindra 4,40 m. © Pompiers de Nay

Quel bilan dressez-vous de la crue de juin 2013 ? Avec un pic à 4,80 m (le 18/06 à 21 h 30 sur Lourdes), cette crue devient la 3e plus forte en 130 ans1 ! Mais grâce à Vigicrues2, les pertes humaines ont été limitées (3 morts : 2 dans les HautesPyrénées et 1 dans les Landes). Avec cet outil de l’État, les élus ont pu suivre en temps réel l’évolution de la crue. Dès que les niveaux sont devenus critiques, ils ont pu prendre les mesures qui s’imposaient : évacuation des campings et constructions en bord de gave, fermeture des routes, etc. Le tout bien avant le pic de crue qui a eu lieu dans la nuit. Si le pire a été évité, les dégâts matériels ont été considérables : plus de 116 millions d’euros de réparations chiffrées dans le 65, et seulement 11 millions dans le 64. De par leurs reliefs et géologies très différents, ces départements ont été touchés inégalement. Les Hautes-Pyrénées, avec ses torrents et vallées étroites, se caractérisent par des aménagements en bord de gave. Conséquence : > 200 bâtiments endommagés, dont une trentaine complètement détruits ! Et sans aucune distinction : station d’épuration (Barèges), maisons (Cauterets), abattoir (entre Luz St Sauveur et Barèges)… Sans oublier les infrastructures routières, elles aussi lourdement touchées. Des portions entières ont disparu : entre Argelès-Gazost et Luz, Barèges et sa station, idem pour Cauterets. Ces deux derniers villages ont été coupés du monde pendant plus de 8 jours, certains habitants ont dû descendre à pied et des pistes forestières ont remplacé “temporairement” les routes emportées… 1 2

Après celles de 1937 et 1885 (données SPC Adour). Vigilance des crues en France métropolitaine : Vigicrues.gouv.fr

Comment expliquez-vous cette catastrophe ? C’est une conjonction (rare) de plusieurs paramètres météorologiques. Si les précipitations n’avaient rien d’exceptionnel (120 mm contre 350 lors de la crue d’octobre 2012), les ondées de mai avaient saturé le bassin versant : les sols gorgés d’eau ne pouvaient plus absorber les pluies de juin. L’enneigement lui était bien exceptionnel : en temps normal, il reste environ 50 cm en juin, là il y avait 2 m ! De plus, le week-end précédant, un courant d’air chaud (foën) avait accéléré sa fonte. Il faut aussi prendre en compte la spécificité de ce relief, propice aux avalanches et glissements de terrain, à l’érosion. Celles de printemps qui emportent les arbres et autres végétaux jusqu’à encombrer le cour d’eau. Puis de plus grosses, comme celle qui s’est abattue sur un affluent du gave de Pau (Bastan) créant un barrage. Et quand ce dernier a lâché, une vague s’est formée et a détruit Barèges. La crue est également due aux erreurs humaines. Trop d’aménagements sur les bords du gave l’ont transformé en “piste de bobsleigh”, l’empêchant de dissiper son énergie.

Que fait l’agence de l’eau Adour-Garonne pour éviter de futures inondations ? Depuis 10 ans, les communes du bassin versant -sur les conseils et financements de l’Agence de l’eau- repensent l’hydromorphologie des cours d’eau pour créer des zones tampons permettant au gave de s’épancher. Et ainsi de protéger l’aval… Cette approche globale sous-entend une solidarité entre l’amont et l’aval. Par exemple, les aménagements sur Lourdes auront des conséquences

«

En temps normal, il reste environ 50 cm de neige en juin. En 2013, il y en avait 2 m ! Et un courant d’air chaud a accéléré sa fonte… »

qualitE de l'eau ?

« En l’absence d’analyse bactério-chimique, impossible de quantifier l’impact de cette crue sur la qualité de l’eau du gave. Juin étant en pleine saison du maïs, les pollutions à l’azote ont dû augmenter. La station d’épuration de Barèges ayant été emportée, des excédents

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Dans les Hautes-Pyrénées, le torrent de l’Yse a emporté la route menant à la centrale hydroélectrique de Villenave (photo) mais aussi la vie d’un septuagénaire. © C-PRIM

«

116 millions d’euros de réparations chiffrées dans le 65... »

plus bas. Notre but est de réunir les élus autour d’une table pour les convaincre de ne plus forcément construire des digues, nettoyer le gave partout… Il faut arrêter de “jardiner” le gave ! Outre ces conseils, le financement de travaux (via les syndicats), la prise en charge partielle de postes de technicien (contrat de rivière gave de Pau - 65, syndicat mixte du gave de Pau - 64), l’Agence de l’eau Adour-Garonne peut aider des collectivités à acquérir des zones visant à laisser le gave “respirer”.

Cette crue va-t-elle changer les outils de prévention ? Changer non, mais elle nous a convaincus d’être sur la bonne voie. Même si l’urgence est allée aux travaux, au détriment d’une communication pourtant essentielle… Il est primordial d’expliquer comment l’on doit gérer de façon durable le gave. L’Agence de l’eau Adour-Garonne a missionné un bureau d’études (Géodiag) pour compiler et interpréter photos et informations sur cette crue, dans le but de conseiller les élus en urbanisme et protection des berges. Au niveau des outils, il existe les Plans de prévention des risques d’inondation (PPRI) qui bénéficieront du retour d’expérience des dernières crues. Découlant de la directive européenne

bactériologiques ont dû se produire mais cela reste très limité*. La pollution visible est avérée, provenant entre autres de la décharge de Beaucens. Sur 50 000 t de déchets, 10 000 ont été charriées en 2012 et 30 000 en 2013. Par ailleurs, les matières en suspension (générées * Barèges = 5 000 lits touristiques l’hiver (avec Labatsus) mais seulement 250 habitants à l’année.

“inondation”, les Territoires à risques importants (TRI) constituent un 2e outil ayant pour but de cartographier les risques d’inondations dans des zones à enjeux importants (Pau dans le 64). Compétence de l’État1, les TRI proposeront des actions préventives sous la forme d’un plan de gestion des risques d’inondations (d’ici à fin 2015). Idéalement, ces TRI préparent le terrain à un 3e outil : le Programme d’actions et de préventions des inondations (PAPI). Dans le 65, suite à la crue d’octobre 2012, un PAPI a été mis en place et doté en mai 2013 d’un ingénieur hydraulique. Les inondations de juin 2013 ont malheureusement confirmé cette nécessité. Ce programme vise à apporter des connaissance sur les risques d’inondations, à améliorer la surveillance de crues avec des technologies encore plus réactives. Il dicte aussi des règles d’urbanisme plus strictes afin de réduire la vulnérabilité des personnes et des biens, tout en établissant une stratégie de ralentissement hydraulique. Le PAPI doit aussi inciter les décisionnaires à analyser le rapport coût-bénéfice… 1 À travers les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL).

par l’érosion et l’entraînement d’alluvions, berges…) ont impacté la vie aquatique. Mais la crue n’est pas responsable des fermetures de plages. La pollution aux E. coli est liée à la surpopulation touristique et à la saturation des stations d’épuration de la côte lors de fortes pluies. »

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Secourir s'entraider anticiper

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Outre les sapeurs-pompiers, employés municipaux et autres professionnels, des particuliers ont assisté les sinistrés de la crue de juin 2013. Une mobilisation de tout un département et même au-delà ! Sur place, les habitants ont fait preuve d’une grande solidarité, hébergeant notamment les “sans-abris du gave”. Des Plans communaux de sauvegarde ont recensé ces personnes ressources et celles vulnérables. Objectif : mieux gérer les premiers secours en cas de nouvelle catastrophe. Témoignages sur Nay et Mirepeix…

Évacuer, pomper, nettoyer

« Cette crue a été l’occasion d’expérimenter un nouveau mode d’organisation des secours : la délocalisation sur Nay du poste de commandement. Le fait d’être maître et gestionnaire des moyens, en relation avec le Codis1, nous a permis d’être plus réactifs et de disposer davantage d’équipements. On nous a par exemple envoyé des pompes de Bayonne. Ainsi que des renforts humains de tout le 64 : Arbus, Orthez, Mourenx, Lembeye, Pau, Garlin, Cambo, St Palais… Notre mission a d’abord consisté à mettre les gens en sécurité (s’ils le souhaitaient). Quand la situation est devenue critique, après le pic de crue à 2 h du matin, des habitants ont dû être évacués -sur des embarcations légères- par une équipe spécialisée en sauvetage nautique. Dès que le gave a commencé à baisser, nous avons pu utiliser les motopompes (150 m3/h). Enfin, le plus long (du jeudi au dimanche) : le nettoyage, un calvaire avec toute cette boue… Les services techniques de la Ville de Nay ont apporté leur aide, avec entre autres leurs camions de curetage. » 1

Centre opérationnel départemental d’incendie et de secours.

Un engagement total

« Si cette crue a été plus importante que celle de 2012 (4,40 m contre 3,30 m), elle a été mieux anticipée grâce à ce transfert de moyens. En tout, 99 interventions (40 en 2012) ont mobilisé 80 à 90 pompiers par jour. Leur engagement a été total, l’un d’eux a d’ailleurs reçu les insignes de chevalier dans l’ordre national du Mérite (Christophe Gouaillardou). Une distinction que d’autres,

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Propos recueillis par Floriane Buecher, Alice Gilson, Morgane Pichenot, Mélanie Rousseaux

1. HERVÉ VIDAILLAC, 44 ANS Sapeur-pompier volontaire à Nay (caporal-chef) et opérateur à la plate-forme d’alerte du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS Pau)

© ya’com

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mobilisation .

bénévoles spontanés, auraient méritée tel ce paysagiste landais venu prêter main forte avec sa mini-pelle. Sans oublier les commerçants nayais qui ont fourni de quoi faire à manger aux pompiers. »

2. ANNE-MARIE LARRODÉ, 64 ANS Institutrice mirepeichoise à la retraite Ex-conseillère municipale de Mirepeix Personne ressource lors de la crue de juin 2013 Hébergement d’urgence

« Nous avons accueilli à la maison une personne du lotissement de Pyrène et une autre du hameau du Canal. Durant cet hébergement d’urgence qui a duré une semaine, je leur préparais petits-déjeuners et dîners. D’autres Mirepeichois ont aussi logé des sinistrés. On a également fait tourner nos machines à laver non-stop (pour nettoyer le linge souillé par la boue) et prêté du matériel (bottes, pelles…). Une trentaine de compagnons d’Emmaüs de Lescar, un agriculteur et des particuliers ont par ailleurs participé aux opérations de déblayage. »

Ne rien attendre en retour

« Malgré les dégâts et situations précaires, ces inondations ont créé des liens, nous ont rapprochés. Avec les gens que j’hébergeais, c’était un peu tendu au début ; faut dire qu’ils avaient tout perdu. Ensuite, les dîners sont devenus de vrai moment de convivialité. Même si nous n’avons pas gardé contact. Mais si nous avons fait preuve de solidarité, nous n’attendions rien en retour… »

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Non inscrit en zone inondable sur le Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) élaboré par l’état, le lotissement de Pyrène (Nay, juin 2013). © S. Rey

4. éRIC MENESSIER, 54 ANS Attaché d’opérations (travaux) à la Ville de Nay

3. HÉLÈNE ITHIER, 66 ANS Retraitée mirepeichoise (hameau du Canal) Personne secourue lors de la crue de juin 2013

Plan communal de sauvegarde

1,15 m dans la maison !

« Si mon voisin n’était pas venu m’avertir vers 7 h, je serais restée dans mon lit sans rien savoir ! Il y avait déjà 50 cm dans le lotissement… Vers 8 h, deux vagues sont arrivées coup sur coup, de vrais petits tsunamis… Malgré des sacs remplis de graviers par mes enfants pour protéger ma maison, l’eau y atteindra 1,15 m ! Mais je ne voulais pas quitter ma maison. Finalement, les pompiers m’ont évacuée mais je n’ai pas voulu monter dans l’embarcation. Je suis partie dormir chez ma fille à Coarraze, trempée et choquée. La veille au soir, des corbeaux croassaient sans cesse, comme une prémonition… »

La peur de revivre ce traumatisme

« Je remercie Emmaüs et les jeunes de Montaut qui ont nettoyé mon domicile, ainsi que le Lion’s Club et les employés municipaux qui ont rapatrié mes meubles. J’ai de suite voulu re-dormir à la maison, sur un clic-clac dans la salle-à-manger, mais l’odeur était intenable. Je me suis retirée l’été dans les Pyrénées, avant de revenir chez moi où j’ai passé 3 mois dans un camping-car le temps des travaux. Depuis mi-novembre, j’habite de nouveau dans ma maison. Mais j’ai toujours cette hantise de revivre ce moment traumatisant, d’entendre ce grondement sourd du gave… Dès qu’il pleut de trop, je regarde la météo et je sors avec mon balai pousser l’eau. Je suis une Béarnaise, j’aimais la neige, je faisais des raquettes… mais aujourd’hui, je la redoute car je crains le moment où elle fondra… Si ça devait se reproduire, je n’hésiterais plus une seconde : je prendrais mes chiennes et canaris et quitterais immédiatement la maison. »

« Pour mieux gérer les premiers secours en cas de catastrophes naturelles (inondation, séisme, neige, tempête…) ou technologiques (transports de matières dangereuses tel le gaz), la Ville de Nay a validé son Plan communal de sauvegarde en novembre 2013. Ce plan vise à sauvegarder les personnes (les prévenir et les accueillir en ouvrant par exemple le gymnase) et les biens (ex. sortir les troncs d’arbres menaçant le pont en réquisitionnant des pelleteuses). Le PCS comporte trois niveaux d’alerte : la veille (dès 2,30 m d’hauteur d’eau – toise de l’office de tourisme), la pré-alerte (dès 2,80 m) et l’alerte (dès 3,30 m, activation de la cellule de crise). Cette cellule, qui réunit élus et salariés municipaux, a pour but de coordonner les actions de sauvegarde tout en informant les acteurs extérieurs : préfecture, gendarmerie, sapeurs-pompiers, établissements scolaires... »

Personnes vulnérables/ressources

« Ce plan répertorie les personnes vulnérables et les personnes ressources. Les 1res doivent être évacuées en priorité car se déplaçant difficilement, âgées, médicalement dépendantes, etc. Les 2des peuvent apporter leur aide en hébergeant les sinistrés, prêtant du matériel (raclette, pompe, tracteur, groupe électrogène...), mettant à disposition leurs compétences (secourisme + langues pour les touristes). 150 personnes ressources/vulnérables ont été recensées. En cas de catastrophe, elles seront alertées par mail et SMS. Le 10 décembre, ce PCS a été présenté aux habitants en réunion publique. Nous l’avions testé “grandeur nature” avec simulation de fuite de chlore à la piscine : confinement du personnel, traitement de la fuite, suivi du nuage toxique… Nous reproduirons cet exercice chaque année, en espérant que toute la population puisse y participer et en améliorant le fonctionnement de notre cellule de crise. »

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reconstruction durable réhabilitation. Le gave de Pau a été profondément impacté par les crues de juin 2013. Des travaux s’imposent pour assurer la sécurité des biens et des personnes. Ils ont commencé et devraient se poursuivre jusqu’en 2015 voire 2016. Reconstruire oui, mais tout en préservant le gave de façon durable. Explications avec Jean-Claude Duhieu, président du syndicat intercommunal du gave de Pau. Propos recueillis par Estelle Bocquet, Florian Cescau, Alexis Milcent, Léa Pola

«

L’Homme peut arrêter le feu mais pas l’eau. Et l’eau sera toujours plus forte que l’Homme, les crues en sont la cruelle démonstration. »

Ces pieux de bois (formant un “peigne bois”) sont une alterna

Quel est l’impact de cette crue sur le gave de Pau ? Les dégâts occasionnés ont été bien plus importants que lors de la crue précédente de novembre 2012, qui avait déjà été significative. Sur les 100 km de cours d’eau (soit 200 km de berges) entre LestelleBétharram en amont et Lahontan en aval, nous avons relevé une importante érosion des berges. Ce sont par exemple des arbres qui ont été arrachés par le gave en furie, entraînant racines et blocs de terre. La berge perd du terrain et le gave s’y engouffre : on parle de poches d’érosion. La crue a également engendré de nombreux atterrissements. Ces îlots se sont formés par l’accumulation de matériaux alluvionnaires (galets, graviers, sables) qui ont été transportés par la crue. Ces atterrissements font des “misères” sur les côtés, déviant le courant sur les berges qui s’érodent d’autant. Enfin, d’innombrables embâcles sont apparus. Ces amoncellements de bois morts et autres déchets végétaux sont autant d’obstacles au bon écoulement du gave. Notamment en amont du pont de Coarraze, sur Igon, où nous en avons retiré 1 000 m3 !

Quels autres travaux le syndicat a-t-il engagés ? Nous avons déposé un dossier de reconnaissance de catastrophes naturelles récapitulant les travaux estimés à 3,5 millions d’euros (échelonnés sur 2 à 3 ans). Notre objectif est d’abord d’assurer la

SyndicaT intercommunal...

protection des biens et des personnes en cas de nouvelles crues. Des travaux d’urgence ont été réalisés de mi-août à mi-septembre sur Lestelle-Bétharram, Nay et Coarraze. Sur cette dernière commune, il fallait sécuriser le quartier Duc où des habitations mais aussi une route départementale étaient menacées. Le parement (mur protégeant les maisons des débordements du gave) avait été endommagé tout comme les épis déflecteurs de courant (ouvrages hydrauliques destinés à dévier l’impact du courant). Pas moins de 3 000 t d’enrochements ont été acheminées pour restaurer ces installations. Le cours d’eau jusqu’à Igon en amont a aussi été restauré : embâcles enlevées et atterrissements aplanis. Coût total : 172 000 € financés par l’État, le CG64, la Région Aquitaine, l’Agence de l’eau Adour-Garonne et le syndicat du gave de Pau.

Hormis le coût, y’a-t-il d’autres freins à l’exécution de ces travaux ? Il existe une réglementation française et européenne qui limite nos “fenêtres” de travaux. Par exemple, de mi-novembre à mimars, c’est la période de reproduction des salmonidés (truite fario, saumon atlantique) nous interdisant toute intervention dans le gave en 1re catégorie piscicole. Il y a aussi des arbres qu’on essaie de préserver jusqu’à leur maturité (frênes, aulnes, saules blancs

…du gave de Pau : concertation, mutualisation, protection Créé en 1938, il regroupe aujourd’hui 57 des 59 communes riveraines du gave de Pau (dans le 64). Son but : travailler dans la concertation et mutualiser les dépenses. Ses compétences :

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AVANT

APRès

ative aux enrochements pour protéger les berges des courants latéraux. © SIGV

Avant/après les travaux au quartier Duc, commune de Coarraze. © SIGV

par exemples, qui sont des essences classées Natura 2000 de la forêt alluviale). Si leurs branches entravent le bon écoulement du gave, on pratique un bûcheronnage sélectif en enlevant uniquement celles qui gênent pour obtenir un “boisement transparent”. Mais si l’arbre est susceptible de créer une poche d’érosion ou de constituer un quelconque danger, alors on doit le couper en conservant la souche. Le bois récupéré lors de cette restauration végétale (et des collectes d’embâcles) est valorisé en papeterie. Le respect de la faune et de la flore encadre ainsi nos interventions.

La protection de l’écosystème du gave de Pau est-elle entrée dans les mœurs des élus ? Oui et ils se sont rendus compte que les enrochements ne sont pas toujours la panacée. Comme on dit : « Pas besoin d’un marteaupilon pour casser une noisette... » Le risque des enrochements, c’est de chenaliser le gave et ainsi d’en accroître dangereusement la vitesse et donc l’impact. C’est aussi s’éloigner de son aspect et fonctionnement naturels, un “tout-béton” peu valorisant pour la commune et son territoire. Des alternatives existent tel le peigne bois (pieux de bois remplaçant les rochers) qui protège les berges des courants latéraux. On peut aussi effectuer un talutage, c’està-dire adoucir l’inclinaison des bords du gave pour éviter qu’ils

protéger les berges, valoriser le gave et ses milieux associés (saligue), régler un problème à la demande d’un tiers ou d’une collectivité (“maîtrise d’ouvrage déléguée”, ex. réhabilitation du parcours de canoë-kayak au Pont d’Espagne à Pau), porter un projet (étude de zone inondable).

ne s’effondrent. Cette fragilisation des berges s’explique en partie par l’extraction des matériaux (gravières), désormais terminée, qui n’a cessé de creuser le lit du cours d’eau.

Que vous inspirent vos 18 ans d’expérience à la tête du syndicat ? L’Homme ne peut imposer sa volonté à la Nature. Il peut arrêter le feu mais pas l’eau. Et l’eau sera toujours plus forte que l’Homme, les crues en sont la cruelle démonstration. Il y aura toujours des évènements à forts impacts hydrauliques et aucun édifice construit par l’Homme prétentieux ne les empêchera. Il faut protéger notre population et son patrimoine. Mais l’on doit aussi laisser le gave divaguer et fertiliser les sols (c’est sa nature/fonction) et donc limiter l’urbanisation sur ses abords. Leur classement en “zones vertes” va dans ce sens. Se protéger tout en préservant le gave et son écosystème, voilà le compromis auquel nous devons arriver !

«

Pas besoin d’un marteau-pilon pour casser une noisette... »

Afin de garantir une politique globale sur l’ensemble du bassin versant, un syndicat mixte regroupe ces communes mais aussi celles riveraines des affluents (au total 120 communes, soit 250 000 habitants, seront réunies d’ici 3 ans). Syndicat-du-gave-de-pau.com

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Desman le mEconnu endémisme.

Son nom résonne comme celui d’un super-héros mais il reste pourtant connu des seuls initiés. Espèce emblématique et endémique des Pyrénées, le desman est un baromètre de la qualité de l’eau d’une rivière tant ses proies sont sensibles à la moindre altération de leur biotope. Immersion dans l’antre du rat-trompette avec Robert Laffitte, un passionné de montagne qui n’a de cesse de faire sortir de l’ombre ce rat-bohèr .

Propos recueillis par Angéline Bato, Fiona Biondo, Coline et Déborah Gaillard

«

L’Homme a peur quand il ne sait pas à quoi il est confronté. Et son réflexe de protection est bien souvent d’éliminer sans procès ce qu’il ne connaît. Il en a été de l’ours et du desman… »

Desman des Pyrénées (Galemys pyrenaicus), côté espagnol (r

Pouvez-vous nous présenter le desman ?

Notre Galemys pyrenaicus est un petit animal (60 g) qui ressemble à un rat mais avec une trompette. Entre ces trous de narines, un organe sensoriel dit de Eimer détecte les vibrations infimes de l’air et de l’eau. Ce dispositif le renseigne sur les obstacles, ses proies, prédateurs, congénères… remplaçant une vision médiocre. Ce rat-trompette vit au bord des rivières, entre 300 et 1 200 m d’altitude, uniquement dans les Pyrénées. Son cousin russe (moschata) a lui été élevé pour sa fourrure au bord des grands fleuves sibériens. Entre son duvet très épais et ses jarres (poils de couverture), le desman pyrénéen emmagasine de l’air, ce qui lui donne du volume mais surtout lui procure une excellente isolation thermique ! Notre desman a été distingué -notamment du rat et de la taupe- en 1811 par le naturaliste Étienne Geoffroy Saint-Hilaire. Mais ce n’est que 50 ans plus tard qu’il sera qualifié par le biologiste Antoine Peyre, d’espèce “relique” possédant des caractéristiques physiologiques et anatomiques archaïques. Ses pattes antérieures palmées et ses clapets de fermeture de narines font du rat-bohèr (son nom béarnais) un insectivore particulièrement adapté à la vie aquatique. Pour preuve, il chasse à 95 % sous l’eau ; essentiellement la nuit. Il mange des insectes (perle, phrygane, éphémère, mouche de mai) mais aussi des larves (libellule, éristale, ver de

Cincle plongeur ...

vase). Cette nourriture, il la trouve dans une eau limpide, froide et oxygénée, soit le biotope des salmonidés (saumons, truites). Malgré une reproduction satisfaisante due à une maturité précoce (fertile dès 4 mois), le desman n’en est pas moins menacé. Il est d’ailleurs protégé par arrêté ministériel depuis 1981.

Quelles menaces pèsent sur le desman ? Les matières déversées par l’Homme dans le milieu dégradent la microfaune de la rivière. À commencer par les nitrates (engrais), dont la norme européenne est fixée à 50 mg / l. En vallée d’Ouzom, ce taux est de seulement 1,8 mg1 : idéal pour le desman et la faune locale ! Ce n’est pas le cas en plaine de Nay, avec 40 mg dans les nappes phréatiques... Autre danger, le sel que l’on met sur les routes pour déneiger et qui se retrouve dans les cours d’eau. Sans oublier les enrochements, qui renforcent les berges mais réduisent les zones de chasse et de refuge du rat-trompette. La menace peut aussi venir directement de l’Homme. Ex : les pisciculteurs qui ont un temps éliminé2 ce mammifère qui mangeait leurs truitelles. Mais l’Homme n’est pas le seul prédateur : le vison d’Amérique, une espèce invasive, chasse le desman pendant son repos diurne… 1 2

Source : Saur. Aujourd’hui, ils doivent le capturer à l’aide d’une nasse et le relâcher plus loin.

… l’oiseau “scaphandrier” Autre espèce emblématique des Pyrénées (présente aussi notamment dans les montagnes européennes – c’est l’oiseau national de la Norvège), le cincle plongeur a besoin comme le

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rivière Balboa), province de León. © David Perez / Wikimedia Commons

Comment protéger le desman ? En préservant sa biocénose1 ! La directive cadre sur l’eau (2015) va dans ce sens. Si on prend le ruisseau de l’Ouzom, il sera interdit d’y prélever des matériaux (graviers, galets, sable) afin de maintenir le niveau de l’eau. Quant aux rejets domestiques (fosses septiques), ils seront soumis à des filtrages plus strictes. Et l’utilisation d’engrais sur le bassin versant ne sera plus autorisée. Une étude d’impact spécifique au desman a été lancée localement sur cinq points d’observation, en juin 2013 par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Malheureusement, les mauvaises conditions météorologiques n’ont pas permis de la mener à bien. 1

que c’était un rat et je lui ai donné un coup de bâton… » Mais ce qu’il m’a ramené ce jour-là était un desman ! Je l’ai conservé dans du formol plusieurs années et j’ai alors tout entrepris pour faire connaître cette espèce à la population. Le maire a d’ailleurs fait inscrire “La rivière aux desmans” sur le panneau descriptif de la commune. L’Homme a peur quand il ne sait pas à quoi il est confronté. Et son réflexe de protection est bien souvent d’éliminer sans procès ce qu’il ne connaît. Il en a été de l’ours et du desman…

Groupe d’êtres vivants cohabitant dans un même lieu (biotope).

Quelles relations entretient Arthez-d’Asson avec le desman ? La méconnaissance de la faune locale entraîne des confusions entre les différentes espèces. Par exemple, en 1985, un des habitants me dit « Tiens, une grosse buse ! » alors qu’il s’agissait d’un gypaète barbu, une espèce protégée. Plus tard, ce même homme est venu me raconter sa dernière rencontre : « Je faisais boire mes génisses au bord de l’Ouzom quand je l’ai vu. J’ai cru Sculpture sur bois d’un desman par Robert Laffitte. © ya’com

desman d’une eau pure pour trouver sa nourriture. Autres similitudes, sa solitude et son agressivité. Sa particularité est de se laisser tomber dans la rivière pour chasser. Il marche au fond de l’eau tel un scaphandrier pour dénicher ses proies (larves d’invertébrés aquatiques). Son

apnée dure jusqu’à 20 s sur 3 à 4 m. Si le “merle d’eau” est une espèce protégée, il n’est pas menacé. Il niche sous les ponts ou derrière les cascades, ce qui explique en partie son taux de survie : 40 % (20 % pour les hirondelles, 10 % pour les mésanges).

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eau du gave, l'affaire de tous ! PRÉSERVER LA QUALITÉ DE L’EAU de la nappe alluviale, tel est le but du Plan d’action territorial (PAT) du gave de Pau. En cause : les nitrates et produits phytosanitaires. En ligne de mire : les engrais chimiques et herbicides. Des alternatives existent et chacun peut agir à son niveau ! Bérangère Aviron-Violet, l’animatrice de ce PAT, nous en dit plus...

« Chaque particulier peut agir en modifiant sa pratique au quotidien à l’échelle de son jardin. » © pat-gavedepau.fr

Propos recueillis par Éloïse Bidegorry, France Bouquet, Victor Gabaston, Charlotte Moncla, Jean-Thomas Vettori

Que peuvent faire les particuliers pour améliorer la qualité de l’eau du gave ? Modifier leurs pratiques au quotidien à l’échelle de leur jardin. Objectif : limiter le recours aux herbicides ! Ces phytosanitaires s’infiltrent dans le sol jusqu’à polluer une nappe phréatique se situant parfois juste sous nos pieds (- 2 m). Plusieurs alternatives au désherbage chimique existent. En prévention, on peut pailler les espaces susceptibles d’accueillir les herbes indésirables (adventices), c’est-à-dire recouvrir la terre (d’ardoises, de copeaux, de graviers) pour empêcher la lumière d’atteindre le sol. Ou encore, au pied d’une clôture, faire pousser une plante rampante qui occupera l’espace sans se développer verticalement. De façon curative, il existe deux solutions : le choc thermique (eau de cuisson ou chalumeau) qui fait exploser les cellules végétales dès 63° C, et l’action mécanique (binage). Piocher est certes plus contraignant que désherber au Roundup®, mais cela évite d’utiliser des molécules dangereuses pour notre santé et pour l’environnement telles que le glyphosate.

Et les agriculteurs ? Ils doivent améliorer eux-aussi leurs pratiques. En cause : les phytosanitaires mais aussi les engrais. Organiques ou chimiques, ils produisent des nitrates qui -lessivés par la pluie- viennent charger la nappe (que l’on pompe pour produire de l’eau potable). Les agriculteurs peuvent en limiter et optimiser l’usage (ex. ne pas

traiter lorsque la météo prévoit de la pluie dans les 2 jours qui suivent). Surtout, ils doivent faire évoluer leur système de production. Comment ? En diversifiant les cultures avec d’autres variétés moins gourmandes en engrais : chanvre, tournesol, soja… qui ne sont malheureusement pas aussi rentables que le maïs. Pas très incitatif au niveau économique mais très efficace avec une rotation des cultures (ex. maïs en avril/octobre puis blé) qui permet d’affaiblir naturellement les adventices. De plus, la nouvelle PAC (2015) rendra obligatoire cette diversification en interdisant d’avoir plus de 70 % de sa surface agricole en monoculture.

Et du côté des collectivités ? Le PAT les accompagne dans le plan de désherbage des voiries et espaces verts. C’est le même principe que pour les particuliers mais avec un matériel plus conséquent à l’échelle de la commune (ex. de grosses brosses et non plus de simples pioches). Depuis 2008, 270 agents ont été formés, 125 élus ou responsables de collectivités sensibilisés, et 28 plans de désherbage mis en place. Résultat pour le CG64 : - 67 % de phytosanitaires en 4 ans ! Objectif : “0 phyto” en 2014. Ce sera beaucoup moins évident dans l’agriculture, où les enjeux économiques sont un frein. C’est le défi que devra relever le PAT 2014-18, où l’accent sera mis sur l’accompagnement individuel des agriculteurs. pat-gavedepau.fr

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