Arette : quinze mois pour effacer un tremblement de terre

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SUD

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Grand Q u o r i d i e n R é p u b l i c a i n R é g i o n a l

rapatriés

depuis

d'Indochine

EUR Viêt-nam n'a pas survécu à Dien-Bien-Phu. Ils J'ont fui parce qu'ils avaient lié leur sort à celui du corps expéditionnaire français. Très vite, sur des iniages cruelles de débâcle, de panique et d'exode, pour installer à Sainte-Livrade, au cœur du Lot-et-Garonne, un petit coin d'Asie où les * génies » Indochinois ne s'étonnent plus de recevoir en offrande... des prunes de l'Agenais. Près de mille Livradais sont donc originaires d'Hanoï, de Danang, de Cholon ou de l'une de ces localités dont le nom revient souvent à la « une » des journaux parce qu'elles sont encore l'enjeu d'une guerre. Pourtant, eux que la géographie aurait pu opposer de part et d'autre du 17» parallèle, ne s'intéressent même pas à la partie diplomatkpje qui amène à Parts les émissaires de « l'oncle Ho » et les généraux du Sud : leur « patrie » se situe maintenant sur le bord du Lot où le hasard les a expédiés, dans le dernier C.A.F.I. (1) de France.

Les derniers adeptes du culte de Ba-Dong EUR Viet-nom a huit hectares. C'est un ancien camp qui ovait abrité successivement l'armée de l'air, des républicains espagnols, un chantier de jeunesse, des prisonniers de guerre, avant que le ministère des Etots associés, le ministère de l'intérieur et celui des affaires sociales, ne décident d'y maintenir le « Centre d'accueil des Français d'Indochine».

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LE JOURNAL DU SUD-OUEST Une bande de malfaiteurs dirigée par l'un des plus vieux « truands » français

installés

est sous les verrous

1956 à S a i n t e - L i v r a d e ont d é j à . . . l'accent

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Depuis 1956, les vingt-deux baraquements ont été crépis, divisés en logements familiaux, desservis par des chaussées goudronnées, agrémentés de pelouses, mais le « quartier » qui a conservé son ordonnance toute militaire et ses allures vaguement provisoires, offre un aspect étrange : celui d'une cité basse, banale, uniforme, dont le plan, tracé ou cordeau, contraste avec la fantaisie, le pittoresque et l'exotisme de ses habitants. C'est aussi dans ce décor sans grâce, que les dieux bouddhistes, chassés du Tonkin par les communistes, ont trouvé refuge. Si bien que le C.N.R.S. a dépêché deux ethnologues à la pagode du « Moulin du Lot », pour observer en Gascogne les derniers représentants d'un culte maintenant éteint dans le Sud-Est asiatique. Quant aux catholiques, majoritaires dans le camp, ils sollicitent maintenant la construction d'une mini-grotte de Lourdes... pour faire le pendant avec l'autel des ancêtres que l'administration a octroyé aux adeptes de Ba-Dong.

Pour guérir leur nostalgie ETTE fidélité des bouddhistes à la religion de leurs pères, comme le vœu naïf des chrétiens confirment l'attachement instinctif des deux communautés à la petite Indochine française qu'ils ont ressuscitee pour guérir leur no.îtolgie, e n marge d'un chef-lieu. Douze a n s de v i e

C

1968

d'informations

Un coin d'Asie en terre gasconne Les

décembre

commune sous la tutelle d'une administration propre qui leur fournit le toit, l'eau, l'électricité et les assiste financièrement, les ont ancrés dans une attitude passive et ne leur ont guère permis de s'arracher à leur particularisme : les résidents du C.A.F.I. participent bien aux rites politiques de la république qui les a adoptés et votent avec assiduité. Mais leurs véritables interlocuteurs demeurent M . Bouchet, directeur du camp; son adjoint, M . Durney; le médecin-commandant Doualas; Mme de Cacqueray, assistante sociale; le père de Viry et un bonze qui vient parfois de Paris pour présider aux enterrements.

Pas de ghetto 'EST peut-être pourquoi des enfants aux prunelles sombres jouent encore « en Vietnamien » dans les cours de récréation de SainteLivrade. Pourquoi une bande de « blousons jaunes » a pu se former et provoquer l'inquiétude de la population au mois de juin dernier. Pourquoi un ultime « carré» de veuves et de vieillards s'est muré dans une solitude de ghetto. Pourquoi le C.A.F.I. ne fermera pas sans doute, tant que le dernier d'entre eux n'aura pas rejoint ses ancêtres... Mais ces irréductibles représentent maintenant une minorité. Depuis deux ans déjà une usine de chaussures, installée dans l'enceinte du camp, apporte une activité nouvelle et réalise un amalgame avec les Livradais de souche. Et cinq cents jeunes de moins de vingt ans devront, tôt ou tard, s'arracher au C.A.F.I., trouver un emploi et des conditions de vie plus normales. Cent quarante et un d'entre eux n'ont jamais connu l'Indochine. Ils parlent même français... avec une pointe d'accent gascon.

C

Francois-D. RIVIERE.

J^A bande des frères Epinette, dont nous avons récemment relaté les « exploits », est maintenant complètement démantelée. Elle comprenait huit membres, qui s'étaient tous spécialisés dans le vol des coffres-forts. Ils avaient réussi à en ouvrir une soixantaine... On se souvient qu'au début du mois d'octobre, le S.RJ?J. de Bordeaux arrêtait les trois frères Epinette, Charles, Lucien el Pierre, trois gitans qui s'étaient rendus coupables de vols de coffres à Rochefort, à Saintes, à La Rochelle, à La Réole et à Bordeaux. Ils avaient également inscrit à leur « palmarès » une tentative d'assassinat à Fouras (Charente-Maritime). Bien qu'ils nièrent tout (ils continuent, d'ailleurs, à nier), ils furent inculpés d'association de malfaiteurs, de vols qualifiés et de tentative d'assassinat. Les S.R.PJ. de Bordeaux et de Toulouse poursuivirent néanmoins leur enquête. Ils découvrirent rapidement qu'un certain Denis Blondeau, dit « le Vieux René », était au centre de l'affaire. Malgré son âge (68 ans), le « Vieux René » poursuit toujours ses activités. Il est certainement aujourd'hui l'un des plus vieux « truands » de France. Sorti de prison, Blondeau s'installa à Auch et tenta de travailler légalement comme régisseur d'un domaine. Il se lassa très vite, abandonna et loua une maison retirée dans un bois, à Simorre, dans le Gers. Il allait établir là son P.C. Il y reçut de nombreuses visites et dirigea avec l'expérience que lui confère son âge les opérations. La bande, qui comprenait les frères Epinette, un ferrailleur de Simorre, Théophile Roudeau, 62 ans; Vincent Rossi, Charles Ferrari, Pierre Théodore, et un Talençais, Guy Meytraud, 32 ans, en un an, avait opéré notamment à Simorre, à Auch, à Tarbes, à Lannemezan, au Bouscat et à La Teste (Gironde). Dans cette dernière ville, les malfaiteurs eurent d'ailleurs moins de chance. Ils perdirent en cours de route le coffre-fort... dans un virageLe « Vieux René s», en compagnie de ses amis, a repris le che. min de la prison, qu'il connaît bien. Il y a déjà passé trente-trois ans de sa vie...

Le procès Barany-Marcucci est cassé

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A chambre criminelle de la Cour suprême vient de casser l'arrêt des assises de la Corrèze qui, le 3 octobre dernier, condamnait à la peine de mort Serge Barany et Noël Marcussi, tous deux reconnus coupables des meurtres d'un encaisseur et d'un adjudantchef de gendarmerie. Le motif de la cassation est le suivant : le greffier avait commis une erreur en mentionnant de sa propre initiative dans le procès-verbal d'audience les aveux passés en public par Barany, alors que semblable mention n'aurait dû y figurer que sous la dictée du président de la cour. L'affaire sera donc jugée de nouveau.

<1) CA.iF.I. : Centre d'accueil des Français d'Indooihine.

MÉTÉO ERSISTANCE du flux de nord-est devenant progressivement plus froid et plus sec. Le temps sera couvert et brumeux le ma,tin, mais des éclaircies se développeront l'après-midi, surtout du Foiton à la moyenne vallée de la Garonne. Les vents seront modérés, de nord-est. l e s gelées atteindront — 2» à — 4° le matin et les températures ne seront que faiblement positives au cours de la journée.

P < Leur Viêt-nam a huit hectares.-. >

(Photo « Sud-Ouest »; op. Ribet.)

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La dernière fois que nous avions rencontré son propriétaire M. Robert Le Blont, conseiller à la cour de Douai, il venait de publier pour le compte des archives nationales du gouvernement canadien diverses pièces de contrat et de procès du X V I I e siècle, concernant des navigateurs et des colons fronçais établis au Canada, — important travail dont « Sud-Ouest » a rendu compte dans sa page littéraire. M . Le Blant était alors fort inquiet sur le sort de son château : « Il faudrait, disait-il, une fortune pour le sauver et je ne reçois a u cune aide. J e me demande même si le plan d'urbonisme tel qu'il est prévu, permettra les travaux... i .

• POUR LA NAVIGATION ET LA PECHE COTIERES : Nuageux. Quelques éclaircies l'après-midi. Vents nord-est 10 à 20 nœuds. Mer peu agitée à agitée. • POUR LA REGION TOULOUSAINE : Dans le régime de nord, temps très nuageux et brumeux. Températures en baisse, minimales négatives; Vents de secteur nord-ouest modérés. • PYRENEES : Temps très nuageux en montagne; neige à partir de 500 mètres; températures négatives au-dessus de 1000 mètres. Vents de secteur fiord modérés. Nombreuses gelées en fonds de vallées. • QUELQUES TEMPERATURES RELEVEES SOUS ABRI, HIER, A 16 HEURES : —9» an pie du Midi; — l» à Limoges;

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m 40 16 85 15 38 18 39 116 S» 15 89 15 34

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celle qui a la plus grande valeur historique. Elle remonte au moins au X l V e , peut-être au X l l l e siècle. Je le supposais déjà, d'après l'épaisseur des murs : vers 1 6 2 0 — on connaît la dote d'après les travaux effectués à l'ancienne église probablement par le même entrepreneur — , on ajouta l'aile sud et une seconde tour carrée, avec.

cer un tremblement de terre... entre les deux, un escalier monumental et une porte armoriée, pour donner à l'ensemble l'aspect symétrique d'un édifice de Mansard. La reconstruction actuelle a permis de le confirmer. M. Le Gall, chef du chantier de l'entreprise Morgeridon, et qui s'est passionné pour ce travail, a, au cours des travaux, retrouvé, d'une part, près de

l'entrée centrale, les pierres d'ongles primitives, d'outre port, à la jointure de la foçode et de la tour septentrionale, les vestiges d'une porte en plein cintre et d'une dalle de pallier. J e sais ainsi mointenont que l'abbaye initiale, probablement romane, devait comporter, comme d'autres manoirs de nos voilées, deux corps perpendiculai-

res, et dons l'angle, une tour cylindrique contenant l'escalier à vis... — Et cependant, vous continuer les travaux ? — Oui. J e vois essayer d'obtenir un prêt pour achever le toit et les murs de tout le château; ça empêchera les intempéries de

Restauré a grands frais après le séisme de 1 9 6 7 e château d'Arette retrouve une seconde jeunesse

poursuivre leurs dégâts. C'est une affaire de trente-cinq millions. Pour l'intérieur, je verrai plus tard. Mais trois générations de Le Blant avaient fait du château ce qu'il était à la veille du séisme. Il me serait dur de l'amputer de moitié et de lui enlever son harmonie classique. — Ce ne doit pas être facile, de restaurer un château branlant ? — Il 0 d'abord fallu placer le toit, sur verrins, et faire tomber la haut des murs, trop ébranlés, fis étaient constitués d'un à deux m i tres de maçonnerie en blocs énormes. Il a fallu aussi descendre avec précaution les fenêtres à lo Monsard elles n'en ont pos l'air, comme ça, mois chacune pèse une tonne ! Le coût était d'un demi-million de travaux par fenêtre. Puis on les a remontées. On a complété la muraille avec des agglomérés, cachés par le crépi. On a ceinturé le tout d'un « chaînage » de béton et de fer pour le protéger contre d'éventuels retours du séisme. Ce n'est pas tout. A l'étage, il a fallu couler de bout en bos^ s s s dalle de béton. Les poutres authentiques restent au-dessous, et le parquet au-dessus... J ' a i seulement renoncé à refaire les cheminées extérieures qui, en tombant, ont causé tant de dégâts... »

Une route, en effet, devait a m puter le parc. Elle a été depuis, déviée sur le papier.

— Elles avaient pourtant belle allure, ces cheminées...

Quelques mois ont passé et nous avons retrouvé le magistrat orettois, cette fois plus souriant et plus optimiste. Une grue de vingt mètres tend son bras par-dessus le toit du château, les ouvriers qui apparaissent par intervalles derrière les fenêtres à meneaux, prouvent par le mouvement que la reconstruction est en marche. Et de fait, les murs ont retrouvé leur faîte, l'aile nord son toit, la grosse tour ronde qui fut pigeonnier, sa jeunesse...

— Oui, huit à dix mètres de hauteur. I a fallu un échafaudage géant pour les démolir. Et il en o coûté un million. Mais pour les rebâtir, il en foudroit sept. Ça, c'est vraiment trop pour un point de vérité historique. J e ne le ferai pas, à moins qu'on ne m'aide... Là, en effet, est la question. A une heure où toute la France s'inquiète de l'appouvrissement de son patrimoine historique, ceux qui entreprennent de sauver un vieux château, mériteraient d'être aidés. On nous objectera que tout autour, des sinistrés davantage à plaindre tardent aussi à recevoir l'aide à laquelle ils ont droit. Ne mêlons point des problèmes différents. Il est essentiel d'accélérer l'aide aux sinistrés. Il n'est pas moins nécessaire de souver les monuments qui font partie de nos richesses touristiques.

— Est-il indiscret. Monsieur Le Blant, de vous demander le coût de ces travaux. Gros, sans doute ? — Mon architecte, M . Wiort, a établi un devis de 80 millions d'anciens francs... Pour l'instant, j'en a i dépensé dix pour la tour ronde, sur la façade postérieure, et vingt pour l'aile nord. J ' o i dû vendre pour cela des terres que j'avois en Champagne. Et j'ai d'abord pensé en rester là I D'abord, il faut pouvoir trouver tous ces millions. Et puis, molgré tout, l'aile déjà touvée est

BASSES

RÉOlONALE

Quinze mois ^ ' E S T la photo d'un chef-d'ceuvre blessé : une aile encore totalement ravagée dit bien en quel état le séisme de 1967 avait réduit le château d'Arette : sans toiture, ses vieux murs fissurés jusqu'à la base, éboulis au sommet, menaçant ruine, faisant eau de toute part, s'abîmant davantage chaque jour de pluie, ce monument, une des plus séduisantes « gentilhommières » béarnaises du X V I I e siècle (en réalité rebâtie à l'époque sur des bases plus a n ciennes par Pedro Sacale, gros tanneur noyais enrichi à Sarogosse...) paraissait définitivement perdu...

0" à Gourdon, Millau; 2° à Cognac; 3» à Agen, Mont-de-Marsan, Tarbes, Toulouse, Auch, Saint-Girons; 4° à La Rochelle, Pau, Royan, Carcassonne; 5° à Arcachon, Biarritz, Bordeaux; 6» à Perpignan. Pression barométrique au niveau de la mer, à 18 heures ; 765 mm.

L'aile nord est déjà restaurée; i droite, le sauvetage de l'aile sud va commencer..

(Photo «Sud-Ouert

op. Louis Bachoué.)

Louis LABORDE-BALEN.


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