De la santé (et) de la ville

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Par tie 2

Moteur, ça roule !

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Quarante-trois pourcents des Bruxellois sont ainsi susceptibles d’être exposés à des niveaux Lden supérieurs à 55 dB(A), seuil à partir duquel l’environnement sonore est considéré comme «relativement bruyant»; et onze pourcents à des niveaux dépassant les 65 dB(A), qualifiés de «bruyant». La nuit apporte les mêmes données avec quarante-sept pourcents, encore, des Bruxellois qui seraient exposés cette fois à des intensités sonores nocturnes, Ln, supérieures à 45 dB(A); ce qui est le seuil pour lequel l’OMS considère la perturbation sur le sommeil comme étant modérée à forte. Et cela, pour le seul bruit routier. Si les impacts du manque de sommeil nous sont déjà connu, il s’agit maintenant d’en explicité ceux relatifs à une exposition prolongée de stimulus sonores considérés comme bruyant au cours de la journée. Perturbation du pouls, de la pression artérielle et de la transition du rythme cardiaque; anxiété, dépression, stress chronique ainsi que baisse de la concentration en sont les symptômes courants. Différentes études menées par des psychologues de l’industrie au cours du XXème siècle ont aussi mis en évidence la perte d’efficacité des travailleurs exposés aux bruits 52 et les tensions infligées au système nerveux par ces travailleurs afin de contrecarrer cette baisse de rendements. Cependant, fort de toutes ces données, le niveau sonores ne fait encore qu’augmenter. A cette profusion incessante de bruits automobiles, notre société, par son mode de vie, y rajoute de nouvelles sources; dans les magasins, les restaurants, les cafés, les musiques d’ambiances par exemple sont aujourd’hui omniprésentes, allant dans certains magasins de vêtements jusqu’à dépasser les limites autorisées pour les lieux publics. Technique de marketing ou « antidote à la peur diffuse de n’avoir rien

à dire […] la musique d’ambiance serait devenu une arme efficace contre une certaine phobie du silence.53 » Pour s’en convaincre, rien de mieux qu’un

voyage en transport en commun, les casques sur la tête, les écouteurs dans les oreilles, le silence règne par l’absence de conversation mais dans les écouteurs, le son est bel et bien au maximum.

52 . Schivelbusch, Wolfgang, op.cit.

53

. Ibid., p205

Pour notre société postmoderne, le silence serait pour certains auteurs un reste, le dernier espace en friche de notre civilisation, libre d’usage. Mais dès lors, cet espace-temps libre, selon une logique marchande et productiviste propre à notre économie, ne sert à rien, note David Le Breton. « Il occupe

un temps et un espace qui pourrait bénéficier d’un fin vouée à un meilleur rendement. […] Le silence est un reste, ce que le bruit n’a pas encore pénétré ni altéré, ce que les moyens ou les conséquences de la technique épargnent encore.54 »

54

. Ibid.


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