Jeudi 2 juin 2022
auroreboreale.ca
SCÈNE LOCALE
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Un Forum santé en trois temps Le Partenariat communauté en santé (PCS) et la Table de concertation pour la santé du Yukon se sont rencontrés le 25 mai dernier à l’occasion du Forum santé en français. C’était l'occasion pour les spécialistes de la santé de faire le point sur les différents services offerts en français à travers le territoire et d'insister sur la prévention de la santé mentale.
Laurie Trottier
Le forum a rassemblé les représentantes et représentants des organismes franco-yukonnais qui oeuvrent dans le domaine de la santé.
Ève Brosseau
La conférence de Barbara Losier, directrice générale du Mouvement acadien des communautés en santé (MACS) du Nouveau-Brunswick, a donné le coup d’envoi à la journée de rencontres. Une présentation des initiatives promouvant la santé dans la communauté yukonnaise a suivi, ainsi que la nomination d’une nouvelle représentante du Yukon à la Société Santé en français (SSF).
Prioriser la santé mentale Le PCS, réseau visant à améliorer l’accès des francophones à des
services de santé en français, rassemble ses partenaires tous les deux ans pour discuter de la planification stratégique et faire le point sur les projets en cours. En collaboration avec les spécialistes de la santé, les établissements de formation, les gestionnaires d’établissement et la communauté, le PCS souhaite améliorer le mieux-être de la communauté franco-yukonnaise. Sandra St-Laurent, directrice du PCS, souligne l’intérêt d’avoir accès à des services en français : « La santé mentale est particulièrement importante. Dans ce domaine, le langage est un véhicule thérapeutique. » Le PCS se prépare notam-
ment au renouvellement du Plan d’action pour les langues officielles 2023 - 2028 du gouvernement du Canada, avec l’intention de défendre le besoin qu’une partie du budget fédéral aille en santé mentale pour les communautés francophones vivant en milieu minoritaire. Le nombre de médecins parlant français est loin de constituer le seul indicateur de santé. « Ça passe par l’alimentation, l'activité physique et l’éducation. On veut outiller la communauté », ajoute Sandra St-Laurent. C’est dans cette perspective que le PCS offre par exemple des cours de cuisine aux Yukonnais et Yukonnaises et des cours de français aux spécialistes de la santé, via le
programme Café de Paris.
être des défis de société à regarder. »
Agir dans le 90 %
Changements à la SSF
« Souvent quand on parle de santé au Canada, on parle de maladie. Mais le 90 %, c’est tout ce qui n’est pas la maladie, » explique Barbara Losier, directrice générale du MACS et conférencière invitée au forum. Selon l’experte, si les premiers 10 % des services reliés à la santé se situent sur la gestion des maladies, les 90 % restants sont plutôt en lien avec l’environnement, l’éducation, les comportements et les besoins sociaux économiques. « On ne le lie pas automatiquement à la santé, mais on y agit tous les jours, ajoute Mme Losier. De là [l’importance de] la participation citoyenne. » Autrement dit, c’est dans cette portion de la santé que le citoyen ou la citoyenne joue son plus grand rôle, et non pas une fois rendu aux soins de santé. « Ce n’est pas seulement de stimuler la participation communautaire [qui importe], c’est de la mettre en valeur et d’exiger qu’on la respecte », explique la Néo-Brunswickoise. Elle ajoute que « quand le brocoli coûte le même prix qu’un repas pour deux [de restauration rapide], on a peut-
La SSF, dont l’objectif est de promouvoir la santé en français dans les communautés francophones en situation minoritaire au Canada et d’y améliorer l’accès aux services francophones en santé, célèbre cette année son 20e anniversaire. La société coordonne la stratégie nationale et chapeaute les 16 réseaux régionaux, provinciaux et territoriaux du pays. Le travail de Régis St-Pierre, qui représentait le Yukon au conseil d’administration (CA) de la SSF, a été salué par le PCS à l’occasion du Forum santé. Le PCS et l’AFY ont identifié une candidate pour reprendre le rôle de M. St-Pierre au CA de la SSF. La confirmation devrait survenir sous peu. Cette personne siégera sur le CA avec d’autres personnes représentant chaque province et territoire où le français est une langue minoritaire. IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale
Autochtones disparues et assassinées : le comité consultatif établit dix priorités Le premier forum sur la responsabilisation envers les femmes, les filles et les personnes bispirituelles+ autochtones disparues et assassinées (FFADA2S+) a eu lieu les 18 et 19 mai derniers au Centre culturel des Kwanlin Dün à Whitehorse et en ligne. Des discussions aussi difficiles qu’enrichissantes ont permis d’établir dix priorités, selon le comité consultatif. Laurie Trottier
Il s’agissait de la première rencontre en personne entre les familles et les survivantes de la violence, et le Comité consultatif du Yukon sur les FFADA2S+ depuis le dépôt de la stratégie en décembre 2020. Changer la donne pour défendre la dignité et la justice : la Stratégie du Yukon sur les FFADA2S+ proposait la tenue d’un forum de responsabilisation de ce genre, afin de permettre aux partenaires de faire le point sur les avancées et d’honorer la mémoire des victimes à travers des cérémonies et des rassemblements. « Ce fut deux jours très puissants. On m’a rappelé l’urgence d’accomplir le travail qu’on a à faire et le fait que nous devons
continuer à adresser la violence que nos femmes, nos filles et nos personnes bispirituelles+ autochtones subissent », a mentionné Doris Bill, cheffe de la Première Nation des Kwanlin Dün, lors de la conférence de presse du 19 mai. Dix priorités découlant de la stratégie ont été mises de l’avant par le Comité consultatif du Yukon, coprésidé par Doris Bill, Jeanie McLean, ministre responsable de la Direction de la condition féminine, et Ann Maje Raider, directrice générale de la Liard Aboriginal Women’s Society. Créer un fonds pour les familles, améliorer les services d’accompagnement d’urgence, investir dans les infrastructures et les programmes, et intégrer un cadre de responsabilisation dans la stratégie font partie de
certaines des priorités.
Un travail crucial L’ancienne présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada, Nahanni Fontaine, était présente lors de ces deux jours et a tenu à rappeler l’importance de ce travail. « Il y a un massacre de nos femmes, de nos fi lles et de nos personnes bispirituelles+ autochtones d'un océan à l'autre. C'est pourquoi des moments comme celui-ci, aussi difficiles soient-ils, sont si importants. » Selon elle, il s’agissait d’un moment crucial pour écouter les familles et apporter des correctifs à la mise en œuvre de la stratégie. Quant à elle, Jeanie McLean a insisté sur le fait que la straté-
gie doit pouvoir se modeler aux besoins des communautés, d’où la nécessité de rencontres comme celles-ci. La sénatrice et ancienne commissaire de l’Enquête nationale sur les FFADA2+ Michèle Audette a aussi assisté au forum. « Si jamais quelqu’un me dit que le rapport [de l’Enquête nationale] est tabletté et récolte la poussière, je vais m’assurer qu’il vous appelle », a-t-elle lancé au Comité consultatif du Yukon et aux familles des survivantes et des victimes. Le Yukon a été la première administration canadienne à donner suite à l’Enquête nationale en développant une stratégie appropriée.
Laurie Trottier
La Stratégie du Yukon sur les femmes, les filles et les personnes bispirituelles+ autochtones disparues et assassinées, publiée en décembre 2020, comporte 31 actions prioritaires à mettre en œuvre afin de lutter contre la violence faite aux femmes, aux filles et aux personnes bispirituelles+ autochtones.