RUREX

Page 1

RUREX

Une proposition d’ALTERATLAN

RUREX

« Urbain », « suburbain », « rurbain », toute notre perception des espaces habités se rapporte à la ville. Au-delà est supposé s’étendre le « paysage », cette surface de la terre ameublie et sublimée par la main de l’homme. Au fond du tableau, peut-être, un paysan, un rural. Notre époque a redécouvert les habitants sur des ronds-points : le symbole marque un décalage, qui ne se limite pas à un conflit de représentation. Qu’avons-nous fait du rural ? Quelle nature s’y exprime ?

Rurex est une exploration de l’espace rural francilien, qui interroge l’anthropocène au ras du sol, la profonde immixtion de l’activité humaine dans les productions du règne minéral et végétal, jusqu’à questionner le concept de nature.

Peut-être l’ industrie a-t-elle donné des réalisations admirables ailleurs, peut-être. Ici, aux marches de la Marne, dans les champs et les carrières, elle n’est que rejets et déchets. L’industrieux humain a marqué le territoire à la façon d’une gangrène, il a retourné la peau du paysage, couturé les poussées végétales. Rien ne pousse qui ne soit tordu, écrasé. Jamais na turelle dans ses productions, la nature ne persiste dans ces images que comme force génératrice, poussée inlassable vers un recouvrement qui ne sera que temporaire.

Rien ici des fastes de l’exploration urbaine qui, sous prétexte de donner à voir l’effondrement d’une civilisation, continue à célébrer les fastes et la splendeur sous les espèces des géants déchus – palais, usines, écrins d’une humanité dont on admire la grandeur au pied de ses statues renversées. Rurex montre le grade I de la maladie anthropocène, et sans en faire un drame. Il n’est pas certain que ce soit laid ou beau.

En deçà du paysage, ces sous-produits de l’activité humaine n’ont à offrir qu’une humilité un peu gauche, une ébauche de mimétisme anthropomor phique, la maladresse d’une créature à sa naissance. Autour d’une carrière comblée d’argile laiteuse, une oasis parfois donne l’idée d’une renaissance possible ; dans les interstices, sur les tas de gravats, les fers à béton euxmêmes ont des attitudes d’insectes. Des signes semblent semés partout.

Seconde nature ? Mirages de l’anthopocentrisme qui voudrait voir du vivant là où il a semé l’inerte ? Il faudrait être certains, pour pouvoir l’affirmer, que les objets des hommes relèvent de l’artificiel - comme si nous n’étions pas partie prenante de la nature, et les victimes à venir d’une ogresse irritée.

C’est le dernier éclairage de Rurex : porter sur cette terre le regard du pre mier visiteur après l’extinction, un regard sans passions, relevant les signes et les fossiles, pour tenter une archéologie de l’humanité.

L’ensemble des clichés proviennent de l’exploration d’un petit territoire proche de Provins, en Seine-et-Marne.

ALTERATLAN est le nom d’artiste du plasticien Frédéric Atlan pour son travail photographique.

fredericatlan@gmail.com - 06 19 57 36 92

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
RUREX by Atlan Frédéric - Issuu