Zénith 2, Diagnostic socio-spatial d'un bidonville montpelliérain

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Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

ZENITH2 DIAGNOSTIC SOCIO-SPATIAL

D’UN BIDONVILLE MONTPELLIERAIN

CO-AUTEURS

PARTENAIRES OPÉRATIONNELS

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Zénith 2, Montpellier

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SOMMAIRE COMPRENDRE 5 #1 VIVRE LES FRANGES 7 1.1. ACCÉDER : DU BIDONVILLE À LA VILLE

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1.2. DES LIEUX FRÉQUENTÉS ET APPRÉCIÉS

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1.3 UNE FRANGE MÉTROPOLITAINE ET DES CONNEXIONS

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1.4 UN, DEUX TROIS... ZÉNITHS ?

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#2 OCCUPER UN PAYSAGE 21 2.1. PLUSIEURS PARCELLES 24 2.2. UNE EMPRISE PAYSAGÈRE 24 2.3. ARTICULATION DE BÂTIS FORMELS ET INFORMELS

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2.4. RÉSEAUX : DES CÂBLES, DES TUYAUX ET DES LIENS

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2.5. DÉCHETS ET STOCKS 28

#3 HABITER LE BIDONVILLE 33 3.1. DES LIENS, UNE COMMUNAUTÉ ?

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3.2. RELEVÉ HABITÉ ET TYPOLOGIES DES ESPACES

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3.3. UN BIDONVILLE, DES HABITATS DIFFÉRENCIÉS

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#4 QUITTER LA PRÉCARITÉ 43 4.1. LES COMPÉTENCES DU PLATZ

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4.2. LE COURAGE DE SE DÉRACINER

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4.3. OPPORTUNITÉS RÉSIDENTIELLES DU TERRITOIRE

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#5 IMPULSER LE CHANGEMENT 71


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COMPRENDRE Ce document a été réalisé en collaboration et avec le soutien précieux de l’association AREA et de la Fondation Abbé Pierre. Il documente l’existence d’un bidonville montpelliérain afin de comprendre la situation à plusieurs échelles. Avec diverses disciplines telles que l’architecture, l’urbanisme et les sciences humaines et sociales, il observe conjointement les dimensions sociales et spatiales d’un tel habitat. Son fil rouge est la notion de “ressources” qui est déclinée en plusieurs thématiques. Usuellement, une ressource s’entend comme un moyen pour améliorer une situation difficile. Ainsi, à sa hauteur, chaque être humain mobilise quotidiennement une variété de ressources qui peuvent être pécuniaires, de l’ordre du savoirfaire ou de la compétence, de l’appel à des personnes morales ou physiques, tous ces divers «trucs et astuces» qui permettent de faire face aux situations dans lesquelles nous existons. Dans le cadre de ce travail, nous avons abordé différents types de ressources en leur ajoutant parfois des dimensions immatérielles. Mise en abîme, le document mobilise différentes sources : enquête de terrain, observation participante, entretiens semi-directifs, articles et livres universitaires, médias papiers et en ligne, plateformes d’Open Data de Montpellier Métropole Méditerrannée, etc. Largement illustré et documenté, le texte déroule différentes échelles qualifiées par des actions. D’abord, VIVRE LES FRANGES s’intéresse au territoire. On y perçoit comment les habitants du terrain peuvent accéder aux aménités urbaines, par quels modes de transports et selon quelles temporalités mais aussi, selon leurs dire, les lieux qu’ils fréquentent et apprécient. On devine alors que cette frange métropolitaine existe grâce à diverses connexions et comment sa localisation entraine une proximité, ne serait-ce que toponymique, avec d’autres bidonvilles. Ensuite, OCCUPER LE PAYSAGE montre l’implantation parcellaire du bidonville et la manière dont il est défini par des aspects physiques : ses délimitations paysagères, le bâti qui le compose, les fluides et réseaux qui y permettent la subsistance mais aussi la présence de déchets et d’espaces de stockages de matériaux qui le caractérise.

Puis, la partie HABITER LE BIDONVILLE permet un zoom avant vers les habitats de fortunes et leurs occupants. A cette étape, un regard sur le groupe qui y vit ouvre vers un relevé « habité », initialement réalisé au 1/100° (soit 1centimètre sur le dessin équivalant à 1mètre dans la réalité). Ce document graphique permet une compréhension fine des conditions de vie des personnes. Il est ensuite synthétisé par les grandes typologies fonctionnelles des logements. On voit ainsi ce qui manque. On voit aussi qu’ici comme ailleurs, plusieurs niveaux de gammes coexistent. Plus ou moins indignes tous restent cependant cantonnés dans le champ de la précarité urbaine. Enfin, la partie QUITTER LA PRÉCARITÉ renoue avec la notion de ressource en tant que compétence en s’intéressant aux différents savoirs-faire présents sur le site. De ce récit collectif, le texte passe ensuite à des récits individuels, racontés par les travailleurs sociaux, qui montrent la place du logement dans la construction des trajectoires. Ames sensibles s’abstenir, certains sont des crèves cœurs, la vie en bidonville peut briser, quand on y est, en sortir est une épreuve. Pour autant, des dispositifs d’hébergement et de logement existe et, par un abécédaire succinct, un tableau des synthèse et une ouverture vers des possibles, nous nous sommes ensuite attachés à recenser ces pistes. Finalement, la conclusion intitulée IMPULSER LE CHANGEMENT permet de présenter le plan d’action élaboré avec la ville de Montpellier, afin de rappeller la raison d’être de ce document qui est de trouver des leviers de changement à court, moyen et long terme à partir de la connexion des ressources existantes. Ces moyens restent à partager entre les différentes parties prenantes : acteurs de la société civile telle que nous pouvons l’être, représentants de la personne publique, mais aussi et surtout, les habitants et habitantes de bidonvilles qui sont les premier acteurs désirants et désireux de ce changement. Pour l’équipe de Quatorze, Daniel Millor-Vela et Nancy Ottaviano

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VIVRE LES FRANGES

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LOCALISATION DES BIDONVILLES MONTPELLIERAINS,

FONDATION ABBÉ PIERRE 2020 8


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VOUS ÊTES ICI

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Dans les villes européennes, ségrégation sociale et ségrégation spatiale vont souvent de pair. Au Zénith 2 comme dans de nombreux autres cas, la localisation du bidonville sur le territoire a pour effet de vivre au quotidien dans des tissus périurbains. Ce terme désigne “une forme urbaine caractérisée par l’éloignement et la discontinuité du bâti vis-à-vis de l’agglomération : il correspond à la partie non-agglomérée des aires urbaines” . Pour autant, du point de vue fonctionnel, le périurbain dépend fortement du centre aggloméré auquel il renvoie. Ici, sur les bidonvilles du Zénith 2 et 3, le terrain est situé au-delà des panneaux de fin d’agglomération, aux franges de la ville.

des personnes, différents modes de transport des habitants ont été étudiés : de la mobilité douce, au transport en commun en passant par les transports motorisés individuels. Sur la base de l’outil en ligne proposé par l’Institut Géographique National nous avons réalisé des cartes isochrones montrant les temps de parcours des personnes pour deux principaux modes de déplacement : à pied et en mobilité motorisée individuelle. Une carte isochrone est une carte montrant un temps de parcours dans l’espace. Ces documents présentent donc des “cibles” dont le centre est le Zénith 2 et dont les couronnes sont déformées en fonction des axes de circulation et de leur “navigabilité”.

1.1. ACCÉDER : DU BIDONVILLE À LA VILLE

MOBILITÉS DOUCES

L’accès aux aménités et services urbains dépend non seulement de la proximité mais aussi de la capacité des personnes à être en mobilité. Selon le statut socioprofessionnel des individus et le contexte, le fait d’être loin du centre-ville peut être vécu comme une chance (habiter le calme de la périphérie plutôt que subir les inconvénients des aires denses) ou comme une entrave. En parallèle d’une compréhension des pratiques

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Pour les mobilités douces on note un très net effet d’éloignement entre le terrain et le bidonville. Celui-ci est situé à 1h30 de marche de l’Écusson qui constitue le cœur historique de la ville de Montpellier et la place de la Comédie, qui est un repère métropolitain majeur, se situe à environ 1 heure de marche. Le centre commercial Odysseum, qui constitue l’un des principaux lieux d’approvisionnement des personnes notamment pour les achats alimentaires, se situe


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quant à lui à 30 minutes. Ces temps moyens, qui peuvent varier en fonction de la forme physique des individus, des conditions météorologiques et d’autres paramètres, dont bien évidemment indicatifs. Néanmoins, ils indiquent un effet de distanciation spatiale marqué. Dans les pratiques des personnes, de tels trajets sont rarement entrepris à pied. Les mobilités douces peuvent aussi comprendre les déplacements cyclables. Aucun outil ne permet de réaliser une carte isochrone sur ce sujet sur le territoire montpelliérain. Néanmoins, la mise en place du service Vélomagg et l’étendu du réseau de pistes et voies cyclables montre une politique de déploiement de ce type de mobilité à l’échelle de la Ville . Ainsi, l’avenue Albert Einstein est équipée d’une piste cyclable bidirectionnelle très protégée du flux de véhicules qui dessert la salle de concert du Zénith. Malgré un relief marqué, ceci s’inscrit en cohérence d’un accès donné au skate park et à l’aire BMX que les usagers peuvent trouver au devant du parking de cet équipement d’envergure. Au-delà, le statut de l’avenue change pour s’apparenter à une route départementale : la vitesse pratiquée s’approche des 80km/h et, aucune voie cyclable ni trottoir ne la borde. Ainsi, le terrain étudié dans ce diagnostic n’est

pas accessible de manière sécurisée pour les personnes pratiquant les mobilités douces. Par ailleurs, on peut noter que dans les pratiques des habitants du terrain, l’usage du vélo est principalement apparenté à une activité récréative réservée aux jeunes hommes adolescents. Un seul homme adulte l’utilise pour déplacer de petits objets (activité économique de chiffonnier). Pour autant, le temps de parcours Zénith 2 - centre-ville à vélo s’évalue à 15-20 minutes de déplacement. Ainsi, le développement de pratiques cyclistes pourrait potentiellement être émancipatrice pour les habitant.e.s.

MOBILITÉS MOTORISÉES

Dans les pratiques, l’usage des transports en commun est le plus répandu. Là encore c’est la proximité de la salle de concert qui permet aux habitants de bénéficier de la ligne de bus n°52 reliant la place de France à Grammont . Pour le trajet type Zénith 2 - place de la comédie, en couplage du tramway, le temps de transport est en moyenne de 30 minutes. Néanmoins, ceci dépend pour beaucoup de la durée d’attente du bus n°52 dont les fréquences sont en moyenne d’un passage toutes les 30 minutes en journée. Par ailleurs, le service de cette ligne commence à 11


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7h du matin tous les jours et se termine à 20h25 en semaine et 20h30 les dimanches, excluant tout trajet en soirée. Ce mode de fonctionnement se retrouve sur de nombreuses autres lignes de bus montpelliéraines. Depuis plusieurs années, Montpellier Méditerranée Métropole se dote d’une stratégie mobilités globale comprenant notamment un fort maillage du tramway, un déploiement cyclable volontariste ainsi qu’une volonté claire de réduction de l’empreinte carbone liée aux enjeux de mobilité sur le territoire . Pour autant, d’après les documents disponibles publiquement, il semble que le secteur Millénaire-Grammont ne soit que faiblement concerné par ces travaux d’envergure. En effet, la ligne 5 reliera Clapiers, au nord, à Lavérune située à l’ouest de la commune où se portent aussi les principaux enjeux de continuité cyclables. Le prolongement de la ligne 1 se concentre quant à lui sur la desserte de la Gare Sud de France avec un objectif de mise en service fixé à 2024. Enfin, les quatre lignes de bus à haut niveau de service (BHNS) fonctionnant à énergie hydrogène sont situées sur d’autres aires métropolitaines . L’augmentation du nombre de tramways et le déploiement de BHNS demandera néanmoins la production d’un nouvel entrepôt de remisage , dont la localisation n’est pas encore publique. La conception de ce dépôt est partie prenante de la stratégie mobilité dont Julie Frêche, viceprésidente déléguée aux transports au sein de la Métropole 3M, est la porte-parole : « Le conseil de Métropole a voté dans le cadre de la stratégie Montpellier Horizon Hydrogène, le fait que l’intégralité de ce dépôt soit couvert par 14 000 m2 de panneaux photovoltaïques de sorte que nous puissions produire nousmême de l’hydrogène vert afin de doter la nouvelle flotte de bus à haut niveau de service qui est un axe important de notre stratégie en complémentarité de notre réseau de tramway »

ainsi une réduction significative des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre. A date, toujours pour le trajet type Zénith 2 - Place de la Comédie, les transports en commun rivalisent peu avec l’efficacité de la voiture individuelle qui propose un temps de trajet de 8 minutes. Les cartes isochrones appuient ce constat. Ces données sont néanmoins à mettre en regard avec la fréquence des embouteillages qui peuvent être constatés aux entrées et sorties du territoire aux heures de pointe. Ainsi, alors que l’année 2020 a globalement connu un net recul de la fréquentation automobile du fait des restrictions gouvernementales dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire, d’après le palmarès annuel Tomtom , le taux de congestion de 24% que connaît la Ville de Montpellier la classe au 8° rang des villes les plus congestionnées de France.

1.2. DES LIEUX FRÉQUENTÉS ET APPRÉCIÉS

Dans la dialectique du centre et de la périphérie, les liens d’interdépendance sont forts. Si le bidonville est aux franges de l’urbain, les pratiques des habitants montrent qu’ils parcourent largement l’espace métropolitain. Cet aspect du diagnostic porte sur la notion de droit à la ville, formulée par le sociologue Henri Lefebvre en 1972, il s’agit d’un « droit

Ainsi, l’ensemble de ces composants vise à démultiplier les modes de transports afin de transformer progressivement les pratiques des citadin.e.s et citoyen. ne.s de la métropole et permettre

DURÉE DE TRAJETS SELON LE MODE DE TRANSPORT 12


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à la vie urbaine, à la centralité rénovée, aux lieux de rencontres et d’échanges, aux rythmes de vie et emplois du temps permettant l’usage plein et entier de ces moments et lieux » (:146). Le droit à la ville dépend donc des pratiques des acteurs étudiés, de leur perception, dans l’espace et dans le temps, de leur accès aux aménités urbaines. Pour comprendre ces pratiques, durant les entretiens réalisés auprès des habitant.e.s durant la phase de diagnostic nous avions posé deux questions renvoyant directement aux pratiques spatiales : Quels sont les endroits où tu vas / vous allez souvent ? Quels sont les endroits où tu aimes / vous aimez aller ? Les réponses des personnes ont ensuite été analysées et compilées dans un support cartographique. Il en ressort trois échelles différenciées : la ville de Montpellier et le sud de la région Occitanie, la France et l’Europe. A l’échelle de la ville, le centre tient une place de choix, tant pour les lieux fréquentés que pour les lieux aimés. L’Ecusson et la place de la Comédie apparaissent comme des lieux prépondérants dans le quotidien des habitant.e.s, notamment car ils correspondent aux lieux de pratique de la mendicité qui, pour certains ménages, reste une source de revenus importante dans l’économie du quotidien. Le centre correspond aussi aux principaux espaces d’accès aux droit : les bureaux d’AREA et son guichet sur rue en temps de crise sanitaire, la CAF, la sécurité sociale, Pôle Emploi, etc. Enfin, le centre représente aussi des lieux de plaisir, celui d’être dans l’espace urbain et de contempler la vie en ville :

«J’aime aller à la Comédie, parce que j’aime regarder les gens» (Danut R.)

Les lieux fréquentés sont principalement liés aux besoins de la vie quotidienne. Dans cette catégorie l’espace le plus cité est Odysséum car c’est là que les habitant.e.s font les principales courses alimentaires. Plan Cabane est aussi très cité pour cette raison. Cet espace situé en haut du boulevard Gambetta est un lieu de rencontre au sein du quartier populaire de la Ville de Montpellier, et une sorte de nœud entre celui-ci et le centre-ville (Ecusson élargi). Les habitant.e.s pratiquent cet espace car un marché informel s’y tient régulièrement mais aussi parce que s’y trouve un commerce de nourriture balkanique proposant notamment quelques produits en provenance directe de Roumanie. La gare, les quartiers de Port Marianne et du Millénaire sont particulièrement récurrents, tant pour les pratiques de mendicité que pour l’accès aux services urbains. Pour les lieux cités de manière très ponctuelle, d’ouest en est on recense : Mosson, la Paillade, Haut de Maussane, Tonnelles, Boutonnet, Sabines,

Les Arceaux, Rondelet, le Corum, Près d’Arène, Antigone, La Pompignane, Montaubérou et Grammont. Bien que peu citée lors des entretiens, cette liste à la Prévert, cumulée aux discussions que les habitant.e.s ont avec les travailleurs sociaux d’AREA, montre une large connaissance et une pratique de l’espace métropolitain dans son ensemble. Par ailleurs, dans le fil des entretiens la question des rondes pour les activités de chiffonnier ou d’écorecycleur n’a pas été abordée dans le détail car elle a déjà fait l’objet d’une étude par AREA . Pour les lieux appréciés on note l’importance prépondérante de La Comédie, comme lieu de sociabilité. Le parc de Grammont est aussi un lieu privilégié dédié à la promenade récréative. Viennent ensuite le centre-ville dans son ensemble et la gare comme point de rendez-vous. Enfin, à cette échelle, on peut noter que certaines personnes ont cité le Zénith 2. En effet, même si les conditions de vie n’y sont pas faciles, cet espace est aimé car il constitue le “chez-soi” des interlocuteurs et interlocutrices. Sur ce plan notons que les autres bidonvilles montpelliérains sont très peu mentionnés dans les discours récoltés alors que les pratiques montrent qu’il y a des passages entre ces espaces : tant pour le fait d’y habiter, pour les relations inter ou intra familiales que pour des échanges de services ou de savoir-faire. Pour autant, l’absence de réponses mentionnant les autres bidonvilles est une donnée en soi : il semble que ceux-ci ne méritent pas mention, notamment parce qu’ils ne sont pas tout à fait considérés comme étant des lieux fréquentés de manière volontaire. Tandis que ces questions relatives aux espaces fréquentés ne mentionnaient pas d’échelle, laissant les répondants libre de choisir celle qui leur paraîtrait pertinente, de nombreuses villes ont été nommées en France. Parmi les plus proches et les plus appréciées, la commune Palavas-les-flots et ses plages tiennent le haut du chapeau : c’est la sortie du week-end la plus mentionnée. Enfin, les autres lieux l’ont principalement été en référence à des connaissances et ami.e.s ainsi qu’à des membres de la famille proche ou élargie (frères, sœurs, cousins…). De la même manière, à l’échelle internationale les attachements résident là où se trouvent les personnes proches. Ici la Roumanie tient une place importante : lieu de départ, terre qui a été quittée, elle reste pour certain.e.s le vrai “chez soi”.

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1.3 UNE FRANGE MÉTROPOLITAINE ET DES CONNEXIONS La ville de Montpellier s’articule autour de sept conseils de quartiers dont les étendues et répartitions soulignent un découpage radioconcentrique du territoire : autour de Montpellier Centre dont les frontières administratives dépassent largement l’Écusson (hypercentre historique), on peut répertorier Port Marianne à l’est puis, dans le sens des aiguilles d’une montre, Près D’arène, Croix d’Argent, Les Cévennes, Mosson, et Hôpitaux-Facultés au nord. Avec son fort taux de croissance démographique annuel, Montpellier est une ville qui bouge. Entre 2013 et 2017, date du dernier recensement, la ville connaît un accroissement de 4,79% soit 13079 habitants supplémentaires ce qui la place en 4° position des villes les plus dynamiques de France derrière Nantes, Montreuil et Toulon . Ainsi, pour accueillir ces nouveaux venus aux profils socio-professionnels divers, de nouveaux quartiers émergent. C’est notamment le cas du quartier Port Marianne, lui-même étant subdivisé en quatre entités administratives : La Pompignane, Le Millénaire, Grammont et Odysseum. La ville de Montpellier comporte 12 quartiers classés prioritaires dans le cadre des contrats de ville 2015-2020. Sur

Le terrain d’étude de ce diagnostic est compris dans le quartier Grammont et doit son nom à sa proximité avec la salle de concert du Zénith Sud. Géré par l’entreprise Montpellier Event, cette salle est la seconde de ce type a voir été construite en France après son homonyme parisien. Avec une capacité d’accueil allant jusqu’à 6000 personnes selon les configurations, cet équipement rayonne à l’échelle de la métropole voire de la région Occitanie. Comme pour ses équivalents régionaux et nationaux, cet équipement est construit en bordure de ville pour se soustraire aux fortes pressions foncières que connaissent les villes agglomérées et permettre une acquisition foncière facilitée par l’achat de parcelles d’envergures issues du remembrement. Alors que le phénomène d’urbanisation se poursuit, les alentours du Zénith se caractérisent

principalement par des équipements dédiés à la logistique urbaine (grandes voies de circulation, parkings), des équipements sportifs conséquents (terrains de foot, nouveau skatepark), des services industriels (carrières) et une forte dominante agricole (champs, vignes et jardins familiaux). Dans cette configuration quelques habitations individuelles trouvent place : maisons individuelles privées ou appartenant à la personne publique.

Port Marianne, seul le centre de la nouvelle Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) de La Pompignane est concerné. Les bidonvilles étant des quartiers informels, ils sont largement en deça des indicateurs qui permettent l’accès à cette catégorie de quartiers soutenus par des investissements et financement d’État qui s’inscrivent dans une logique de cohésion et solidarité territoriale. 16

Comme le montre la carte faisant état des divers bidonvilles montpelliérains réalisée par la Fondation Abbé Pierre Occitanie (page 8 et 9), la localisation aux franges de la ville est un point commun aux différents bidonvilles du territoire. La carte est sans appel, cette localisation en bordure d’agglomération de la ville donnant le nom à la Métropole est nettement visible, que cela soit l’extrême ouest comme pour les sites de Celleneuve, Bonnier ou Chez Paulette, aux franges sud comme pour le sites de Saporta, au sud-est pour les terrains dénommés Mas Rouge 1


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et 2, Pablo 1 et 2, Nina Simone ou La Banquière. A l’est, les trois sites nommés Zénith 1, 2 et 3 semblent ainsi être dans une relative proximité les uns des autres.

1.4 UN, DEUX TROIS... ZÉNITHS ? Dans cette configuration urbaine on peut noter l’existence de trois bidonvilles nommés d’après la salle de spectacle : Zénith 1, 2 et 3. D’après les données récoltées par l’Observatoire des bidonvilles de l’Hérault et la Fondation Abbé Pierre, et malgré leur numérotation, le Zénith 2 est le plus ancien car son implantation est identifiée dès 2006, tandis que l’installation date de 2009 pour le Zénith 1 et de 2016 pour le Zénith 3. Le Zénith 1 est actuellement habité par 92 personnes qui ont été installées sur le terrain, à la demande de l’ancien collectif Roms après viabilisation par la municipalité. Il est équipé d’un point d’eau et d’un accès électrique via un compteur général. Ces deux équipements ont été installés et sont entretenus par les pouvoirs publics.

Le Zénith 2 présente plusieurs similarités avec le premier : l’accès à l’eau y demeure tandis que l’installation initiale électricité a été largement sollicité, créant ainsi des dysfonctionnements progressifs jusqu’à ne plus être fonctionnelle du tout. Une seconde installation électrique aérienne a été envisagée, mais n’a pas connu de suites. De ce fait, plusieurs poteaux électriques temporaires (pris dans des blocs de béton déplaçables) sont encore présents sur le site. Cette installation étant hors d’usage les habitants sont raccordés de manière informelle. Daté de 2006, le Zénith 2 est le bidonville le plus ancien mais aussi le plus peuplé, avec selon les comptes et les années entre 92 et 200 personnes vivant sur place avec une présence forte d’enfants : environ un quart des personnes dénombrées. Le Zénith 3 est actuellement habité par une quarantaine de personnes. Il ne comporte aucun accès à un point d’eau potable officiel, des piquages ont été réalisés en sortie d’une borne de forage ainsi que sur les installations existantes dans des maisons appartenant à la métropole. De même pour l’accès électrique qui s’effectue par des branchements informels. 17


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OCCUPER UN PAYSAGE

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2.1. PLUSIEURS PARCELLES

Les bidonvilles Zenith 2 et Zenith 3 occupent un ensemble de parcelles environnantes de 5,5 hectares, qui appartiennent à la Commune (66%), à la Métropole (16%) et au privé (18%). L’ensemble parcellaire trouve sa limite à l’ouest, à l’encontre de l’entreprise de construction BATIR, avec ses grandes montagnes de terre. Au nord, l’avenue Albert Einstein, dans laquelle circulent des véhicules roulant à grande vitesse dans les deux sens, sépare les bidonvilles des terrains de football du Complexe Sportif de Grammont. A l’est, on retrouve l’horizon des champs des vignes, entrecoupés de vieilles parcelles agricoles non cultivées. Enfin, au sud de la parcelle, on trouve des parcelles publiques dédiées à des jardins familiaux, bucoliques et isolés, bordées par une route rurale et jouxtant l’autoroute A709. La parcelle dispose de deux entrées depuis l’avenue Albert Einstein (route D24), séparées de 120 mètres et difficiles à parcourir à cause du manque de trottoir, des chaussées envahies par la végétation et de l’inexistence d’un passage piéton à proximité. Le seul moyen de se rendre à pied à l’entrée depuis le trottoir le plus proche

ou depuis l’arrêt de bus, situé à 220 mètres, est de longer le bord de la route, ou de le faire à l’intérieur du Complexe Sportif, en traversant avec difficulté la chaussée. En plus, l’entrée principale est située à l’ouest et sert d’entrée et de sortie des camions poids lourds de la société BATIR. Les conditions de circulation, combinées à la courbe que présente la route D24 à ce niveau, créent un point extrêmement dangereux et propice aux accidents. Ces deux entrées représentent le début de deux chemins carrossables, mais en très mauvais état, qui délimitent les périmètres est et ouest de la parcelle.

2.2. UNE EMPRISE PAYSAGÈRE

Le bidonville du Zénith 2 est situé dans une grande haie bocagère, qui est partagée avec le Zénith 3 et qui constitue une unité paysagère que nous appellerons «les bidonvilles». Au niveau de la frontière nord de la parcelle, la présence d’arbres et des canisses crée une barrière visuelle qui rend difficile la vue depuis l’extérieur. Ce manque de visibilité crée les conditions de

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possibilité du déversement illégal d’ordures, générant de fait des décharges sauvages dans les alentours des deux entrées depuis la route D24. L’entrée à l’est de la parcelle crée une frontière avec les champs des vignes, qui servent de toilettes à ciel ouvert pour les familles habitant sur la parcelle. La présence de gravats et de débris recyclables indique une activité continue de décharge sauvage et d’éco-recyclage dans cet espace. Le chemin mène vers la parcelle, longeant la zone habitée du Zénith 2 de l’autre côté de la limite des arbres, ce qui crée une barrière visuelle sur 180 mètres. La route se termine par un virage serré, où l’on trouve la deuxième benne de 20m3 installée par les services municipaux. Le lien avec l’entreprise de construction BATIR, adjacente à l’ouest, est marqué par une séparation physique générée par des monticules au long de la limite de la parcelle, une clôture partielle avec des grillages et la présence massive de végétation et d’arbres, notamment des rosiers.

2.3. ARTICULATION DE BÂTIS FORMELS ET INFORMELS

y a un chemin pavé qui fait environ 220 mètres de manière transversale et qui permet d’accéder à cinq édifications distinctes. Les trois premiers (E1, E2 et E3) sont à la hauteur du bidonville dit Zénith 2, au sein de la parcelle de la société BATIR. Ils se trouvent actuellement en ruines, deux sont abandonnés et remplis de déchets et un sert d’entrepôt pour des épaves. Si on avance vers l’intérieur, on accède à la zone dite Zénith 3, avec des caravanes des deux côtés de la route et bâtiments pavillonnaires (E4, E5), un à l’ouest du chemin habitée par une famille, partiellement dégradée et en contact avec les tas de terre de l’entreprise de construction; et l’autre à l’est de

À partir de la première entrée à l’ouest, il

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BRANCHEMENTS RÉSEAUX VILLE E3

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la rue, plus détériorée et avec une grande fuite d’eau qui génère une flaque autour de l’entrée. Le chemin se termine contre la carrière, à la hauteur d’une zone d’habitation plus dispersée qui relève aussi du Zénith 3. Le Zénith 2 est organisé le long d’un chemin de terre irrégulier qui génère des grandes flaques dans les périodes de pluie. Aux bouts du chemin on trouve les deux bennes de 20m3 installées par les services municipaux, entourées des déchets issus du travail d’éco-recyclage et des déchets ménagers. À l’entrée des habitations on trouve des couches de gazon artificiel, récupéré de l’ensemble sportif avoisinant. Les

modules habités s’organisent par associations familiales, appelés “quartiers” par certain·e·s habitant·e·s. Ceux-ci sont composés de caravanes et de constructions adossées, parfois fermées, constituant des baraques, et parfois ouvertes, en forme d’auvents. Les compositions sont très variées en forme, qualité constructive et état en fonction des familles, et on trouve des espaces plus ou moins privatifs avec des séparations grillagées ou clôturées. L’unité du Zénith 2 montre une hiérarchie des espaces avec des espaces servis et servants. Les espaces servis sont les espaces de vie déjà décrits et constituent une centralité, tandis que les espaces servants sont plutôt périphériques et dédiés aux questions fonctionnelles du travail encombrant, le stock de matériaux, le dépotoir, la construction des toilettes et la défécation à ciel ouvert.

2.4. RÉSEAUX : DES CÂBLES, DES TUYAUX ET DES LIENS

Si l’on suit les câbles électriques et les conduites d’eau, on découvre une grande communauté d’intérêt formée par le complexe habité des bidonvilles du Zénith 2 et 3. Nous 27


Zénith 2, Montpellier

avons trois points d’accès à l’électricité, avec des raccordements sauvages aux poteaux haute tension, un enchevêtrement de câbles de tailles et de distances différentes se succèdent, générant un réseau électrique instable avec des pointes qui brûlent successivement. Quant à l’eau, il existe également trois points de raccordement, dont deux pour l’eau potable, en bordure de l’avenue Albert Einstein, et dans l’un des pavillons (E4) ; le troisième est au sud de la parcelle et part d’un

2.5. DÉCHETS ET STOCKS

point de forage. Cette situation de réseaux partagés précaires et instables est source de collaboration, mais elle est aussi susceptible d’être source de commerces informels et d’extorsion, ainsi que d’intimidations et de conflits récurrents, renforcés par la proximité :

«Quand il n’y a plus eu d’électricité, ils sont venus avec des voitures et ont failli tuer le chien la nuit» (Cireaza C) Si la communauté initiale disposait déjà d’un réseau commun, le passage du temps a rendu difficile l’organisation avec l’apparition des bagarres et l’arrivée de nouveaux groupes d’habitants, qui ont modifié les rapports de force :

“Au début il y avait moins d’embrouille et de l’électricité” (Sorin G)

28

Les deux bidonvilles Zénith 2 et 3 sont largement entourés de déchets, notamment le premier. Tant les voies d’accès que la périphérie des zones habitées sont couvertes par ces ordures, tandis que les espaces de stockage sont proches des caravanes des propriétaires ou de ceux qui travaillent à la sélection et au nettoyage de la ferraille. L’organisation actuelle de la collecte des ordures ménagères est totalement dysfonctionnelle, avec une minorité de familles utilisant les bennes installées à cet effet et une majorité qui déversent les déchets à l’extérieur des bennes ou en périphérie près de leurs espaces d’habitation. La raison en est surtout l’éloignement et l’inconfort du trajet vers les bennes pour les familles habitant la partie centrale du bidonville. Concernant les gravats et déchets issus de l’éco-recyclage, une certaine diligence peut être observée de la part de certains travailleurs qui utilisent systématiquement les bennes, tandis que d’autres utilisent automatiquement les espaces remplis d’ordures comme dépôt. Nous avons également détecté la présence de débris de construction, qui semblent provenir de travaux extérieurs au bidonville. Cette accumulation continue durant les plus de dix ans de présence sur ce site ont généré une surface de déchets d’environ 4000 m2, que nous estimons pouvoir représenter entre 2000 et 4000 m3, selon l’expansion des déchets au moment du ramassage. Cette situation, associée à la proximité des espaces de défécation, génère un environnement insalubre propice aux maladies, avec la présence continue de mouches et de rats à côté des lieux de vie.


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ZÉNITH3

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Zénith 2, Montpellier

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Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

#3

HABITER LE BIDONVILLE

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Zénith 2, Montpellier

3.1. DES LIENS, UNE COMMUNAUTÉ ? A partir des relevés effectués sur place, il peut sembler que le groupe d’habitant.e.s du bidonville Zénith 2 soit composée de 224 habitant.e.s, 126 hommes (56%) et 98 femmes (44%), répartis en environ 70 unités familiales. Pour autant, tous et toutes ne vivent pas ou plus sur place (voir ci-après, “Récits de vie”). Pour certains les aller-retours pendulaires restent présents, ne serait-ce que pour des enjeux d’état civil, entrainant des temps d’absences longs. Ainsi, un nombre important de personnes se sont inscrites dans une logique de mouvements 34

pendulaires, avec des séjours de plusieurs mois en Roumanie ou dans d’autres villes françaises (emplois saisonniers, autres réseaux d’entraide). Parfois, pendant cette période, les habitations sont habitées par d’autres personnes, souvent elles restent dans l’attente du retour de leurs occupants usuels. D’autres «présents-absents» peuvent


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être mentionnés, notamment du fait des entrées fragiles dans divers dispositifs d’hébergements permettent des temps de répits courts hors du site. Ainsi, les chiffres d’occupation fluctuent tout en montrant une progressive décroissance (voir AREA, Rapports annuels de L’Observatoire des bidonvilles de l’Hérault). Par ailleurs, il est à noter que la pyramide des âges montre une majorité de personnes de plus de 18 ans (60%), 20% de mineurs entre 11 et 17 ans et 20% de mineurs entre 0 et 10 ans. Ainsi, sur cette base dont les données restent à complêter, la moyenne d’âge apparait relativement jeune car elle se situe aux alentours de 26 ans.

Les familles implantées au Zénith 2 sont principalement originaires de Roumanie, notamment de villes de Transylvanie (Alba Iulia, capitale du département, et deux autres petites communes : Blaj et Ocna Mures) mais aussi de Barbulesti située dans l’agglomération de Bucarest. Elles ne se connaissaient pas nécessairement 35


Zénith 2, Montpellier

avant leur installation sur ce terrain. Pour autant, depuis 2006, la vie sur le bidonville et pour certain·e·s dans des lieux de vie similaires auparavent, de nombreux mariages entre les habitant·e·s ont multiplié les liens familiaux. Les enfants grandissant décohabitent en s’installant à proximité de leurs familles et belles familles. Comme pour tout milieu social, la rencontre se fait au plus proche. Néanmoins, ici, les familles sont beaucoup plus éloignées de l’emploi que dans la moyenne des bidonvilles de Montpellier, avec 7 % de personnes actives qui le sont de plus essentiellement sur des emplois saisonnier ou en intérim. La plupart des familles vivent de la mendicité et de la ferraille. 36

Dans l’espace, ces observations se traduisent par une présence journalière de nombreuses familles qui, selon les liens interfamiliaux et les affinités, partagent des espaces pour des activités telles que la cuisine, les repas mais aussi le travail de ferraille ou de mécanique. Ces mêmes affinités conditionnent aussi le plus souvent la relation avec les ressources partagées, comme l’eau, l’électricité, mais aussi la gestion des ordures, le stockage de ressources ou encore les toilettes. Tous ces éléments, conjugués à la multiplicité des liens affectifs, familiaux et économiques, génèrent tout autant un climat de collaboration que de conflit qui peut être renforcé par la promiscuité.


Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

3.2. RELEVÉ HABITÉ ET TYPOLOGIES DES ESPACES

Le relevé habité est un registre que nous empruntons à la sociologie des espaces habités. Pour le faire, avec l’accord des familles, nous dessinons les espaces de vie à la main, à l’échelle 1/100ème, ce qui nous permet d’aborder le détail des traces d’usage de chaque zone du bidonville et de chaque pièce intérieure. Le processus de dessin prend du temps et nécessite une certaine confiance, car l’objectif de l’exercice est d’obtenir une représentation maximale, ce qui peut être intrusif. En ce sens, l’outil est double, d’une part il crée un moment d’introduction, dans lequel l’équipe de travail rencontre progressivement les habitants et gagne la posibilité legitime d’acceder aux différents espaces, et d’autre part il sert de prétexte pour dessiner un moment éphémère du bidonville, tenant conversations sur la situation

actuelle, les intérêts individuels et collectifs, ou les préoccupations des multiples interlocuteurs qui apparaissent tout au long des deux semaines de dessin. Pendant ce temps, alors que l’équipe de Quatorze visitait et représentait l’espace du projet, l’équipe AREA menait des entretiens pour mettre en lumière les ressources des personnes et de la communauté, les connaissances, les passions, les compétences, les groupes d’intérêt, les histoires et les liens qui sont présents dans le groupe humain qui habite le bidonville Zénith 2. Le résultat de la représentation est une carte de 2,5 mètres de long et 1 mètre de large, avec un registre facile à comprendre pour des personnes peu habituées à interpréter des documents techniques. Il servira également de transition pour les conversations sur d’autres plans, avec d’autres registres, et à d’autres échelles. 37


Zénith 2, Montpellier

CE QUE LE RELEVÉ MONTRE

Pour interpréter le relevé habité dans son ensemble, nous avons identifié différents types d’espaces. D’une part, en tant qu’espaces de vie, nous avons défini les zones de séjour, de dortoir et de cuisine. De l’autre côté, les espaces moins nobles, zones de stockage, espace de rassemblement des déchets ou espaces pour les toilettes. On peut observer à différentes échelles un effet de centralité et de périphérie, qui peut être interprété comme des espaces servis et servants. Dans les petites compositions familiales, on constate une répartition équitable des espaces entre la cuisine, l’espace nuit et l’espace séjour, généralement accompagnée d’espaces de rangement extérieurs. Cependant, dans les 38

grandes compositions, nous voyons que les espaces de séjour et de cuisine sont partagés dans la centralité, dans des endroits plus ou moins fermés et abrités, générant des organisations un peu plus complexes qui maintiennent le dortoir à la périphérie. On peut observer la même situation dans les zones d’entrepôts, des vide-ordures ou des accès aux sanitaires, qui apparaissent en périphérie des ensembles familiaux ou du bidonville, laissant les parkings et les zones de circulation ou de loisirs au centre de l’ensemble habité. La mise en place des grilles nous donne aussi des pistes sur la relation entre la proximité physique et sociale. D’un côté, les familles qui arrivent à mettre en commun des espaces, marquent les délimitations de “son territoire”de façon très claire, et montrent aussi une protection


Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

et une séparation plus évidente avec les voisins proches qui ne font pas partie du groupe. De l’autre côté, ces codes en forme de grille montrent aussi un rapport de force, car les familles qui ont le moins besoin de se protéger, sont celles qui détiennent le plus de pouvoir. Néanmoins, les groupes finissent tous par se côtoyer à travers des usages extérieurs comme le stock, l’étendoir, l’élevage des animaux ou la grillade.

3.3. UN BIDONVILLE, DES HABITATS DIFFÉRENCIÉS

Le logement ou l’habitat insalubre est un déterminant social de la santé des personnes qui l’habitent, qui affecte transversalement de

multiples dimensions de la vie et la croissance des locataires, conditionnant la santé, le bienêtre au quotidien et l’évolution individuelle et familiale à moyen et long terme. Les conditions que l’on observe dans les différents habitats présents dans le bidonville, bien qu’elles ne soient pas homogènes et présentent une grande diversité de pathologies, ont de nombreux points communs. Les infiltrations d’eau dues au manque de couvertures adéquates ou des remontées capillaires (eau qui s’infiltre de bas en haut depuis le sol), combinées à une mauvaise aération et à des matériaux de mauvaise qualité, génèrent des conditions humides qui affectent la pollution de l’air intérieur et l’apparition ou l’exacerbation de l’asthme, des infections respiratoires ou des malaises quotidiens tels que maux de tête, de gorge, diarrhée ou fièvre. D’autre part, le manque d’installations de chauffage génère des situations de risque 39


Zénith 2, Montpellier

d’incendie et de brûlures dues à l’utilisation de poêles à bois qui surchauffent les pièces mal isolées dans les espaces surpeuplés. Le manque d’eau et d’installations sanitaires entrave une bonne hygiène et une bonne évacuation des eaux usées, vecteur de maladies infectieuses et attracteur pour les insectes et la vermine. Les installations électriques aussi sont un danger important, car les dispositifs de sécurité type disjoncteur ne sont pas habituels, et les connexions sont faites au besoin, sans prendre en compte les risques potentiels. Les effets du surpeuplement sont particulièrement nocifs pour le développement des enfants, car le bruit et la promiscuité rendent difficile le sommeil correct, affectant la sécrétion des hormones de croissance nécessaires au bon développement du corps humain, ce qui entraîne des conséquences désastreuses sur la croissance physique, la maturation du système nerveux et le développement de la mémoire. L’absence de toilettes dans les lieux de vie génère des situations de rétention, notamment chez les femmes, qui peuvent provoquer des infections urinaires systématiques, entraînant des problèmes chroniques à long terme. La défécation à l’air libre comporte également un risque de violence sexuelle, ce qui crée un sentiment d’insécurité, surtout la nuit. Enfin, il faut comprendre que la vie dans un habitat précaire comporte une multitude de tâches qui n’existent pas dans l’habitat normatif, comme trouver du bois pour se réchauffer en hiver, gérer l’approvisionnement d’eau, l’insécurité contre le vol ou le nettoyage continu d’un espace de vie entouré par les ordures, la saleté et la poussière. (Voir Domergue M, Taoussi L. Le mal logement, déterminant sous estimé de la santé. 2016).

FAMILLE I.

Exemple représentatif des constructions en meilleur état au sein du bidonville. Ensemble composé d’une caravane en bon état, dotée d’un réseau électrique fonctionnel, entourée d’une baraque auto-construite avec une structure en bois, qui couvre l’ensemble d’un toit à deux versants terminé par un revêtement en tôle 40

métallique. La toiture déborde de 50 cm, évitant le contact de l’eau de pluie avec la façade. Le faîtage et la sortie de cheminée ont des pièces adaptées, minimisant les risques d’entrée d’eau. La construction est réalisée sur une dalle de béton, surélevée de 10 cm du sol et terminée par un carrelage. La maison a des fenêtres fixes sur la façade, assurant l’entrée de la lumière naturelle, et avec des fenêtres à battants sur les côtés, permettant la ventilation. Les fermetures périmétriques sont faites de planches de bois et n’ont pas d’isolant. L’intérieur est divisé en deux pièces, délimitées par la présence de la caravane, dont l’accès se fait par à travers deux marches installées à cet effet.Un poêle à bois est installé en bon état, entouré de protections métalliques au sol et à proximité des murs. L’espace de la baraque dispose d’un espace dédié à la cuisine avec une cuisinière à gaz, un raccordement à l’eau courante mais pas de raccordement à l’évacuation, qui est géré avec des bassines en plastique. Le réseau électrique est visible et ne comporte pas d’éléments de sécurité tels que fusible ou disjoncteur. La famille partage, avec d’autres familles voisines, une toilette sèche auto-construite, située en périphérie de l’espace habité. Cette construction n’est pas verrouillée et ne comporte aucun élément pour protéger les matières fécales (sciure, cendres ou autres), l’exposant au contact avec des insectes ou des vermines.

FAMILLE L.

Exemple représentatif d’habitat en mauvais état au sein du bidonville. Ensemble composé de deux caravanes en mauvais état disposées en L, et d’une construction fermée en bois, alternant tasseaux et planches, auquel s’ajoute un espace couvert mais ouvert par les côtés en forme d’auvent. La couverture atteint l’étanchéité grâce à la superposition de toiles et de plastiques, qui sont lestés, pour empêcher le vent de les emporter, à travers des objets de natures diverses (pneus, outils à main, matériaux de construction, etc.), générant de multiples zones de risque d’infiltration. La maison est directement en contact avec le sol, sans aucun type de fondation, ce qui génère de l’humidité due à la remontée d’eau par capillarité. Le revêtement de sol est en


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linoléum, sur lequel sont superposés des tapis. A part le revêtement intérieur à base de tissus et moquettes, il n’y a aucune présence d’isolant dans les murs et les plafonds, et la plupart des fenêtres sont fixes. La ventilation des pièces est possible grâce aux fenêtres des caravanes et de la porte d’entrée. Les espaces intérieurs sont marqués par les deux caravanes, auxquelles on accède en franchissant deux marches installées à cet effet. Le réseau électrique est apparent, réalisé avec des câbles souples. La construction ne compte pas avec une arrivée d’eau, la famille fonctionne donc sur la base de seaux et des bidons, qui sont amenés des points d’eau communs. La chambre auto-construite et l’auvent servent d’espace de vie et de cuisine, avec une cuisinière à gaz installée dans un meuble de type cabinet. Le poêle à bois intérieur est auto-construit et est entouré de plaques métalliques au sol et aux murs. Une grande table d’extérieur couvre la fonction d’espace de travail, de salle à manger et de cuisine, selon le besoin. Les membres de la famille élargie partagent une toilette sèche auto-construite, exposée aux insectes et aux vermines. Ils n’ont pas d’accès direct aux toilettes, ils utilisent donc également les champs situés en périphérie du bidonville. Comme ils n’ont pas de point d’eau à proximité, ils doivent parcourir 100 mètres pour remplir des bidons d’eau.

FAMILLE R.

Cette construction est représentative des pires habitats au sein du bidonville. La baraque autoconstruite est isolée des constructions environnantes, constituée d’un ensemble disparate de planches de bois et de planches de différentes compositions. La toiture monopente est dirigée vers la façade et contient des éléments d’étanchéité tels que des bâches en plastique et des tôles qui n’empêchent pas complètement

l’entrée de l’eau. Ces éléments sont lestés par des roues ou des objets lourds pour éviter d’être déplacés par le vent, cependant la présence d’autant d’éléments sur le pont favorise l’accumulation de saleté et d’eau, qui finit par pénétrer à l’intérieur de la baraque dès qu’il y a des rafales des vents forts. La construction n’a pas de fondation et le contact avec le sol est évité grâce à des couches de linoléum, de tapis et d’autres tissus. Cette solution est également adoptée sur les murs intérieurs, dans le but de faciliter le nettoyage et l’isolation thermique et contre l’humidité. La façade est le seul parement qui permet l’entrée de la lumière naturelle, bien que la seule ouverture permettant l’aération de l’habitat est la porte principale. Un petit auvent fait office de sas d’entrée, et sert à abriter quelque mobilier, à accumuler des palettes en bois ou des objets récupérés. Pour chauffer la pièce, la famille dispose d’un poêle à bois, créé à partir d’un fût métallique et avec un tuyau métallique qui sort par un trou de la toiture. Il est situé sur deux parpaings qui le séparent du sol, mais il ne comporte pas d’éléments qui protègent les murs proches. Des ustensiles de cuisine sont visibles autour de cet espace, et la famille n’a pas d’éléments électroménagers autres qu’un réfrigérateur installé à l’extérieur. Les seuls meubles de la chambre sont quatre matelas, qui s’empilent le jour et se déplient la nuit, et une armoire basse qui sert de table pour cuisiner et manger. Les membres de la famille n’ont pas d’accès aux toilettes, ils utilisent donc les champs situés en périphérie du bidonville. Comme ils n’ont pas de point d’eau à proximité, ils doivent parcourir 100 mètres pour remplir des bidons d’eau.

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#4

QUITTER LA PRÉCARITÉ

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Zénith 2, Montpellier

4.1. LES COMPÉTENCES DU PLATZ «Sur le platz il y a beaucoup de problèmess, ses mains. (voir Faire de ses mains). Ce soin mais on fait des trucs ensemble. Des fois c’est s’effectue actuellement sur les espaces de l’ordre du privé, laissant présager qu’une telle attention bien, parfois moins» UN GROUPE CAPABLE

Parmi les questions posées autour du thème des ressources, celle des savoirs-faire semblait importante. En effet, il s’agissait de voir l’émergence d’un curriculum vitae commun des compétences des habitants de Zénith 2. Ceci montre les opportunités d’emploi et de vivre ensemble. Ainsi, les actes de «conduire» et «travailler» sont les mots les plus récurrents en entretien et sont ainsi vecteurs de motivation des personnes interrogées. D’autres sujets ont cependant été abordés.

FAIRE DE SES MAINS

La catégorie de compétences la plus présente sur le terrain. Ces compétences permettent de créer son espace de vie, qui sera par la suite soigné grâce à celles de la catégorie «prendre soin de son espace». Certaines d’entre elles peuvent être liées à la catégorie «Loisir» mais au-delà d’un loisir, elles permettent d’accéder à une mobilité et à un confort par le réemploi et la réparation d’anciens véhicules et de matériaux. • Bricoler • Construire • Mécanique • Jardiner • Chantier • Electricité • Couture • Electronique • S’occuper de la ferraille • Mécanique agricole • Peinture • Réparer les vélos • Tuning

PRENDRE SOIN DE SON ESPACE

Ces actions du quotidien donnent à voir la capacité et l’ambition d’entretenir et de soigner son»chez soi». Prendre soin de son espace veut dire prendre soin de ce qui a été fabriqué de

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pourrait être donnée à des lieux communs s’ils sont appropriés. • Faire le ménage • Laver le linge • Repasser le linge • Aménager l’espace • Laver la vaisselle • Faire les courses

PRENDRE SOIN DE SOI ET DES AUTRES

Ces compétences impliquent une interaction avec les personnes autour de soi, que ce soit les membres de la famille ou non. Elles sont de l’ordre du repos (prendre le café, être en famille) ou de tâches quotidiennes (cuisine, soin à domicile, s’occuper des enfants). Ces soins peuvent ainsi être donnés aux autres en faisant preuve de qualités reconnues par son entourage (la gentillesse) et faire vivre la communauté en créant des opportunités de contact, autour de la nourriture par exemple. • S’occuper des enfants • Aider • Être en famille • Être à la maison • S’occuper des animaux • Gentillesse • Prendre le café • Soin à domicile • Soins esthétique • Pâtisserie • Cuisiner • Faire du fromage

LOISIR / TEMPS

Prendre du temps pour soi permet de s’imprégner de ce que son environnement a à offrir pour découvrir par l’expérience de nouveaux savoirs et connaissances. Ces temps de loisir créent des espaces d’expression et de développement de sa créativité. Il s’agit finalement de moment de vie afin de dépasser la survie.


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• • • • • • • • •

Se promener Ecouter de la musique Étudier Imaginer Regarder la TV Voyager Jouer Lire Conduire

S’EXPRIMER

L’expression de soi tient de l’intime. Des formes différentes d’expression peuvent pallier la barrière de la langue ou à l’incapacité de s’exprimer par les mots, par l’usage du corps ou de la spiritualité. • Danser

• • •

Avoir la parole Chanter Prier

FAIRE DU SPORT

La pratique du sport vient peut-être associée au loisir ainsi qu’à l’expression de soi. Elle permet de s’approprier l’espace urbain ainsi que de s’ouvrir à l’extérieur du lieu de vie par la socialisation qu’elle offre. • Foot • Fitness-Musculation • Boxe • Faire du vélo • Basket

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Zénith 2, Montpellier

4.2. LE COURAGE DE SE DÉRACINER “Je préfèrerais un autre platz, mais on est ici, avec la famille” (Victor C.) Le bidonville retient car il s’y crée des liens familiaux et filiaux, des mariages, des naissances, des décés. La vie sur une dizaine d’année induit la création de réseaux d’entraide où l’envie de s’en sortir entre en écho avec la notion de conflit de loyauté. Mais, ici, il faut un franc courage pour aller à l’école, maintenir un emploi, être et rester propre sur soi… Ainsi, comment passe-t-on du avant à l’après vie en bidonville sachant qu’il arrive qu’il n’y ait pas d’avant car on peut y naitre ? Pour interroger ces parcours potentiels, nous nous sommes attachés à entendre les trajectoires résidentielles des habitants à travers les récits de vies récoltés par les travailleurs sociaux. Le choix du mot trajectoire est signifiant car « parler de ‘trajectoire’, plutôt que de ‘parcours’, d’‘itinéraire’ ou de ‘mobilité’, revient [ensuite] à suggérer qu’une série donnée de positions successives n’est pas le simple fait du hasard, mais s’enchaîne au contraire selon un ordre intelligible. (…) Cela ne signifie pas pour autant qu’une trajectoire résidentielle puisse à tout coup s’interpréter comme l’accomplissement réussi d’un projet initial fermement conduit jusqu’à son terme, ni même comme une suite de décisions librement prises à chaque fois par les agents au seul gré de leur 46

préférence du moment. (…) [En effet,] parler de trajectoire ne préjuge (…) pas du degré de maîtrise que les personnes exercent sur leur propre mobilité. C’est, plus largement, faire l’hypothèse que les mobilités ont néanmoins un sens. Autrement dit, qu’on peut non seulement les décrire, mais en rendre raison, à condition toutefois de situer l’explication au carrefour de logiques d’acteurs et de déterminants structurels » [Grafmeyer, Authier, 2008]. Ces liens entre trajectoire résidentielle et rôle de la famille étendue sont connues des chercheurs en sciences humaines quelque soit le milieu social auquel les acteurs appartiennent. En effet, “les recherches sur les trajectoires résidentielles de ces vingt-cinq dernières années placent la famille étendue (par opposition à la famille nucléaire ou conjugale) au centre de leur analyse, comme l’indiquent les titres des ouvrages centraux publiés sur ce thème : Le logement, une affaire de famille [Bonvalet, Gotman, 1993] ; Trajectoires familiales et espaces de vie en milieu urbain [Grafmeyer, Dansereau, 1998] ; La famille et ses proches, l’aménagement des territoires [Bonvalet, Gotman, Grafmeyer, 1999]. Le familial et le résidentiel sont étudiés comme un « couple indissociable » [Bertaux Wiame, 1995], l’un et l’autre permettant de se réinterroger mutuellement : l’analyse des solidarités familiales autour de la question du logement invite à redéfinir les frontières de la famille au-

delà du seul « ménage » et la redécouverte des réseaux de parenté incite à regarder les rapports au logement et aux espaces au-delà des frontières du logement principal [Bonvalet, 1997 ; Bonvalet, Lelièvre, 1995].” (PUCA :27) En proposant un focus sur les trajectoires en bidonville il importe de préciser que nul ne passe sa vie sur un même terrain. Les raisons de départ sont nombreuses, expulsion, changement situation familiale, mauvaise entente avec les voisins, changement de statut social… Il y a plusieurs conséquences à l’implantation sur autre bidonville ou dans un autre lieux : difficulté de scolarisation ou continuité d’emploi, perte de suivi social et collectif de soutien. Le “platz”, quelqu’il soit est une étape dans un parcours résidentiel individuel. Celuici peut mener à vivre de platz en platz ; il peut comporter des temps de logement avec moments transitionnels (logement passerelle, hotel ou autre) mais aussi mener au logement de droit commun en plein (parc locatif public ou privé). Pour se faire les travailleurs sociaux s’attachent à articuler l’accès au logement comme droit et l’injonction des services gestionnaires à démontrer un “savoir habité” qui passe par la stablisation des revenus pour aquérir l’autonomie financière nécessaire. Ainsi, les aides d’état sont un levier, pas un finalité. Très souvent, l’accès au logement est étroitement lié aux raisons ayant mené les gens en bidonville.


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rassembler des ressources bientôt lui ira en Norvège pour réussir à construire alors, finalement pourquoi sa maison en Roumanie. rester à Montpellier ? A ce Elle raconte son enfance moment de leur vie, une dans la maison familiale… proposition de logement Lorsque nous la Le parcours de soin se arrive pour eux deux. Il rencontrons, Lizbeth est poursuit et progressivement s’agit d’un hébergement en une femme de 30 ans qui la maladie régresse, elle se CHRS , dans un logement vit en couple sans être remet doucement. Lorsque individuel, dans un mariée et sans enfant. En la maladie perd du terrain, immeuble collectif. Mais France depuis 10 ans, elle sa supposée stérilité est entre-temps, monsieur est a d’abord vécu à Marseille remise à l’ordre du parti en Norvège. Elle sur un bidonville, arrive jour de sa vie, est ici, seule, sur le à Montpellier suite à l’envie d’être bidonville. Elle l’expulsion de ce premier mère est forte, n’arrive pas à lieu de vie. A ce momentelle décide s’imaginer dans là, elle est chiffonnière et d’entamer le logement, me sollicite beaucoup pour un parcours cela ne fait des questions de soins car PMA. Alors plus de sens. elle a des excroissances qu’elle avait La démarche qui apparaissent sur son reçu des OQTF, avait été engagée un corps. L’accompagnement dont certains avaient an auparavant, entresocial s’amorce et très vite, été annulés, elle engage temps la situation a changé. l’enjeu principal devient son les démarches pour une Sur le plan des bonnes orientation professionnelle. demande titre de séjour nouvelles, la rémission est Lizbeth trouve un premier et l’obtient. En sortant du presque complète. Quant à emploi. En parallèle, rendez-vous auquel nous l’infertilité, on lui annonce l’accompagnement médical se qu’elle a 2% de chances poursuit. Le diagnostic tombe l’accompagnons, elle sortira en brandissant sa carte : d’avoir un enfant à elle. Elle : elle est atteinte d’un cancer “Je suis libre!”. hésite, est-ce qu’elle se lance rare avec une tumeur principale «En fait, c’est où Cette étape passée, dans ce long processus pour la demande lequel il y a un an d’attente au niveau du chez nous ? d’hébergement se ? Ensemble, ils prennent cou. L’ablation pose alors que les questions la décision de tenter leur de la tumeur est obligatoire autour d’un parcours PMA chance à Montpellier pour la avec ensuite un suivi en et l’accompagnement santé PMA. Ils sont très motivés, radiothérapie. Elle hésite. A se poursuivent. Elle trouve il revient de Norvège pour 32 ans, l’idée de sa propre un nouvel emploi. Elle nous être présent à un rendezmort la terrifie. A travers demande de l’inscrire dans vous difficile à obtenir dans cette maladie, un lien est le dispositif du SIAO pour le cadre de la PMA. Un fait avec son envie d’avoir elle et son compagnon. Lui jour elle nous dit : “On va un enfant sans y parvenir. continue d’être éco-recycleur saisir notre chance, ici à Rassemblant son courage, et n’a pas accès à un emploi Montpellier, parce que c’est elle fait le choix de recevoir déclaré jusque là. là que je peux des soins en France. Elle «On va saisir Une opportunité faire la PMA”. subit une parotidectomie notre chance, ici Côté emploi, se présente à lui qui est suivie de séances de à Montpellier, en Norvège, un elle tient. Le radiothérapies. Ce sont des parce que c’est là vrai travail, bien CDI est là, le soins lourds, entraînant une que je peux faire rémunéré, pour rythme s’installe. grande fatigue et un moral en poser des câbles. Le Elle organise la PMA» berne. Cette épreuve impacte ses congés pour la perception qu’elle a de son couple s’interroge : “en fait, c’est où chez nous aller passer son permis en parcours de vie. Elle se pose ?” Leurs familles font des Roumanie, qu’elle obtient. des questions, se rappelle aller-retours entre France Quelle fierté pour une pourquoi elle est arrivée en et Roumanie, ils sont là et femme ! Elle s’achète une France, l’objectif était de

LIZBETH : LE CHOIX DE LA VIE, LE CHOIX DU LOGEMENT

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Zénith 2, Montpellier

voiture et va à présent au de l’expérience en Norvège, boulot avec, la confiance monsieur devient intérimaire revient ! Puis, la rémission sur les chantiers, il travaille. est prononcée par le médecin. Elle décide de renoncer à Elle revient de loin et son CDI où l’embauche se entreprend de déposer une fait à 5h du matin et les demande de logement SIAO journées sont séquencées en parallèle des démarches sur plusieurs lieux de PMA. La 2° demande est d’interventions. Elle a accès lancée. Durant l’instruction, aux ARE, lui travaille de son compagnon revient de plus en plus régulièrement, Norvège car, si la paye était ils se maintiennent dans bonne, les conditions étaient l’hébergement. Le bidonville dures : énormément d’heures, où ils étaient connaît une travail éreintant, logement procédure d’expulsion. en camping. Six Initialement, mois après le dépôt “Allez, on tient Lizbeth est arrivée de demande SIAO, encore un mois, en France avec une proposition encore 5000€ et sa famille élargie d’hébergement pour gagner de on rentre.” leur est faite. Il l’argent. Chaque s’agit d’un appartement semaine, durant les réunions relais, accessible six mois, ensemble la question était renouvelable une fois, qui de savoir quand ils allaient leur permettrait ensuite de repartir : “bientôt, allez, basculer sur un logement on tient encore un mois, HLM. Durant l’entretien encore 5000€ et on rentre.” avec la commission du L’objectif était de rassembler SIAO, Lizbeth explique les moyens pour construire qu’ils sont un couple mais une maison en Roumanie. qu’avec la PMA en cours, Puis, comme elle le dit, une chambre pour le futur “les mois sont devenus des bébé serait nécessaire. On années” et dans ces années, sent qu’elle se projette. Un la vie a suivi son cours, premier appartement est avec son lot d’épreuves visité, mais la cuisine ne et d’espoirs. Du projet de fonctionne pas. Ils déclinent. retour, le changement des Un mois plus tard, une conditions de vie a mené à seconde proposition apparaît, un projet d’installation. Pour qu’ils acceptent. Cependant, Lizbeth et son compagnon, durant l’état des lieux, des le logement est devenu un voisins les préviennent : il choix plein et entier, plus y a une femme toxicomane qu’un simple toit, Lizbeth a dans l’immeuble, des fait le choix d’habiter. Dans sujets de prostitutions, des ce choix elle a maintenu son pompiers tous les soirs. Une habitation de fortune dans femme enceinte confirme le bidonville pour permettre les dires. Ils déclinent à à ses parents de leur rendre nouveau. Un mois plus tard, visite en été et de passer du une troisième proposition temps avec leur petit-enfant. apparaît avec une chambre pour eux et une petite MICHAEL ET chambre pour l’enfant. Le rêve se concrétise, ça y est ils JULIETTE : DE LA REVALORISATION emménagent. Stabilisé, fort

DE SOI À LA

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DIGNITÉ DU LOGEMENT

Ils se connaissent depuis qu’ils sont enfants et fréquentaient la même école. Elle vient d’un milieu relativement aisé, il vient d’un milieu où le père était ouvrier agricole et travaillait dans le BTP pour compléter les revenus du foyer. Tous deux sont issus d’une fratrie de trois enfants. Ils tombent amoureux alors qu’ils sont adolescents. Ses parents à elle ne veulent pas qu’elle le fréquente du fait de l’écart de statut social. Elle désobéit, ils se marient et quittent ensemble la Roumanie. Juliette rompt le lien avec ses parents. Ensemble, ils rejoignent la famille de Michael en France, d’abord à Martigue puis à Arles. Ils résident avec le frère de Michael et vivent d’abord de la mendicité. Ils ont un premier enfant puis, rapidement, un deuxième se prépare. Le frère entreprend une formation qualifiante et obtient un diplôme de soudeur qui lui permet d’accéder à un emploi bien rémunéré. Il prend alors un logement, achète une belle voiture. Le Mépris s’instaure. Pour rivaliser il faut gagner plus d’argent, Michael commet “Mon frère et ma quelques méfaits soeur réussissent pour lesquels il alors que moi est incarcéré je suis en pendant un an. bidonville” Juliette donne ainsi naissance à leur second enfant pendant qu’il est écroué. Elle doit se débrouiller, elle fait la manche avec les enfants durant toute la période d’incarcération. A sa sortie, il rompt les liens avec son frère. Plus tard il nous


Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

racontera sa colère : lui seul envoie de l’argent à ses parents alors que ses frère et soeur gagnent mieux leur vie que lui. Le couple décide de quitter Martigue, ils partent retrouver la sœur de Juliette à Montpellier. Lorsqu’on les rencontre en 2016, Michael est profondément déprimé. Il a pris du poids, se sent triste, nul, en échec. Il apparaît introverti, se présente en disant qu’il fait les poubelles. Dès les premiers échanges il parle de sa place dans la famille : “tu vois mon frère et ma soeur réussissent alors que moi je suis en bidonville”. Il raconte avoir été retiré de l’école à 12 ans pour que la famille puisse payer les études de son frère. Étant ici, il voit l’écart s’accentuer et met en lien la scolarisation du frère avec l’obtention de son diplôme et l’évolution de sa situation. Lui se sent incapable de faire quoi que ce soit. Leur fille aînée est scolarisée, leur fils cadet semble chétif et reste collé à sa mère à longueur de journée tandis qu’elle continue la mendicité à plusieurs endroits de la ville, en robe longue et dotée d’un foulard sur les cheveux. Il fait le biffin en voiture et vend ce qu’il peut à la Paillade. Des discussions avec lui naît l’idée de déclarer son activité de chiffonnier en celle d’écorecycleur. Le changement de nom et la création d’un statut pour cette activité amorce une modification de la perception qu’il a de

lui-même. En parallèle, Elle est ensuite retournée AREA et La Fenêtre montent auprès de son mari. Les deux un projet d’exposition sur se racontent en contraste, ces activités économiques expliquent qu’elles ne sont en confiant des appareils pas arrivées en bidonvilles photos aux biffins afin qu’ils pour les mêmes raisons et documentent leur quotidien. pourtant de nombreux points L’activité économique communs apparaissent. informelle s’institutionnalise Au moment du montage : elle est déclarée à de l’exposition à La Fenêtre, l’URSSAF via un statut Michael est très impliqué. d’auto-entrepreneur, Pour le vernissage, Michael cela lui permet est aux côtés de Juliette et d’ouvrir des de de leurs deux enfants. Le droits CAF. public découvre les vidéos, Pour Juliette, les photos, les parcours… Des les choses questions lui sont posées. Estsont alors ce vrai que tu fais 80km deux complexes. fois par jour ? Et ça combien Elle formule ça coûte ? Il y a comme un une problématique déclic, il se rend compte de différence entre que son métier est un vrai les enfants : la grande métier. Leur fille le regarde ressemblerait à son père, avec des yeux neufs : “mon tandis que le petit lui père, il a un vrai travail ressemblerait. Nous en !”. Juliette reprend espoir, discutons. Elle raconte cherche des leviers pour que que les grossesses étaient sa vie change. Elle entame compliquées, les démarches pour “mon père, il a qu’elle était une demande de un vrai travail !” chargée logement. Lorsqu’ils d’angoisse. Un emménagent dans jour elle nous raconte que un logement relais, l’une la première échographie des premières choses qu’ils semblait montrer un enfant font est d’appeler la famille sans bras. La barrière : pour Michael l’appel est de la langue ne lui aura adressé à son frère, “ça y pas permis d’avoir une est, j’ai un appartement !” ; explication adéquate. Un quant à elle, Juliette appelle accompagnement aux soins ses parents, “ça y est, j’ai s’amorce. Nous rencontrons un appartement !”. Etant la grande sœur de Juliette entrés dans le logement en alors qu’elle vit sur le tant qu’éco-recycleurs, à bidonville de Mas Rouge. ce stade, ils gardent leurs Juliette commence à se caravanes au bidonville raconter à travers son aînée. pour stocker, réparer ou Elle a été mariée à 12 ans entretenir les objets à vendre. avec un homme choisi par Grâce à l’appartement, ils leurs parents. Annabelle a scolarisent les enfants de d’abord accepté la situation, manière stabilisée. Les loyers puis elle l’a fuit. Enceinte sont payés. Michael engage de leur premier enfant, elle alors les démarches pour était revenue chez leurs un emploi en intérim. Les parents sans sortir de la choses se passent bien et maison durant six mois. son patron lui permet de 49


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passer le CASSES . Durant L’accompagnement s’est mécanisme et de l’évolution cette période, il continue fait en douceur et, libérés des lois, leurs cartes de l’éco-recyclage le soir et le des conditions de vie en séjour sont transformées en weekend pour compléter bidonville, ils peuvent à cartes de résidents de dix ans les revenus du foyer. Ils présent faire leurs choix. en tant que ressortissants ont l’opportunité de rester européens. Ensemble, ils MARIUS, DOMITIEN développent une activité dans l’appartement relais ET CÉSAR : LE pendant un an et demi suite de ferrailleur déclarée à MASQUE DE à quoi ils basculent vers l’URSSAF, ils travaillent avec L’INTÉGRATION un HLM dans le quartier une entreprise de recyclage ET LE LOGEMENT de Port Marianne. Michael qui les rémunère par chèque. COMME SIGNE abandonne progressivement Grâce à la stabilisation de Les trois frères sont l’éco-recyclage au fur et à leurs revenus déclarés, les arrivés en France il y a mesure que le travail salarié deux frères et une belle environ 12 ans et sont se stabilise et que les revenus sœur obtiennent HLM. Les sur le Zénith 2 depuis 10 augmentent. Juliette change enfants poursuivent leur ans. En Roumanie, leur ses habitudes scolarisation, les garçons famille possède vestimentaires : sont aussi inscrits dans un “maintenant je une exploitation les pantalons jeans suis une vraie club de sport qui leur permet agricole où se se substituent aux femme” de pratiquer à haut niveau pratiquent le robes longues. : certains iront jusqu’aux maraîchage, Un jour elle vient voir championnats de France. la culture de céréales, les travailleurs sociaux au Mais, les logements ne l’élevage pour la production bureau avec une jupe au sont ni habités ni occupés, de viande et l’élaboration genou, on rit ensemble et elle l’ensemble des familles vit de quelques produits nous lance : “maintenant je sur le bidonville. Au mieux, finis tel que du fromage. suis une vraie femme”. ils permettent de prendre une Comme de nombreuses La rupture familiale douche de temps en temps. exploitations agricoles, cellecumulée au sentiment L’école où sont les enfants ne ci est soutenue par l’Union d’incapacité les ont conduits correspond pas à l’école de Européenne via la Politique en bidonville. Pour Michael, secteur dont dépend l’adresse Agricole Commune. Ils le processus de revalorisation des logements mais à une parlent parfois des personnes de soi à travers la valorisation domiciliation postale qui employées sur place pour de ces activités de subsistance avait été faite en amont. En travailler dans l’exploitation a été un moteur pour se parallèle, ils construisent des située dans la région de sentir en capacité d’envisager maisons presque en dur sur Bucarest mais un futur différent pour sa le bidonville. Sans n’abordent jamais “ça leur fait famille nucléaire et luiostentation, les les raisons de leur baisser leurs même. Ils ont maintenant 31 constructions sont venue. Ils arrivent droits CAF, et 32 ans. Il a perdu du poids sur dalles, ont des étant adultes, avec tu comprends, tout en regagnant confiance toitures étanches, leurs femmes et en lui, elle envisage de passer des façades où moi je veux pas leurs enfants. Dès le permis et parle maintenant les fenêtres de d’embrouilles” leur installation français. A présent on les réemploi côtoient au Zénith, ils voit de temps en temps, des bardages faits de sont accompagnés par des simplement pour prendre panneaux peints et de volets bénévoles. Ceux-ci les aident des nouvelles et en donner en bois. pour la scolarisation des ou, plus occasionnellement, Les enfants grandissent enfants. Puis, viennent les lorsqu’ils n’arrivent pas à et certain.e.s entrent dans conseils sur l”ouverture des résoudre seuls une question les démarches nécessaires à droits CAF qui se traduisent administrative ou que l’obtention de la nationalité en un divorce pour l’un des des doutes apparaissent française, eux se projettent frères afins que la femme sur des sujets importants, ici. Un hiatus apparaît entre seule soit prise en charge notamment la scolarisation les générations : les enfants dans un logement. Plus et l’orientation des enfants. sont là et se vivent là tandis tard, à l’aide de ce type de 50


Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

que les parents préparent la suite en Roumanie, ne cherchent pas de travail salarié et restent dans des formes d’entreprenariat semi-déclarées puisqu’elles comportent des sous traitances non déclarées. Certains frères développent des activités de création de dette sur le bidonville. Dans les discours, leur activité économique “réelle” reste en Roumanie où il s’agit à présent de passer l’exploitation agricole familiale au bio. Pour cela, l’un des frères fait de nombreux aller-retours entre France et Roumanie. Vers ses 20 ans, l’une des filles aînée obtient logement avec son mari et ses enfants. Quand elle avait 18 ans, son père a ouvert une fausse micro entreprise à son nom à elle, lui ayant ses propres arrangements. Avec le logement, elle a bénéficié d’allocations via la CAF durant trois ans. En parallèle, elle a accumulé quelques dettes personnelles. Son mari travaille mais les activités “en règle” sont rattrapées par le faux autoentreprenariat légué par le père. Le jeune couple continuait une activité de ferraillage non déclarée en revenus complémentaires du foyer. Après trois ans, l’ensemble est reclassé en fraude caractérisée. La sanction tombe, la CAF demande le remboursement des aides versées, l’ensemble équivaut à environ 20’000€. Acculés et avec de jeunes enfants à charge, ils perdent leur logement et basculent vers un hébergement d’urgence. La suite ? Un probable retour au bidonville. Le schéma s’inverse pour

un autre fils devenu adulte : ouvrier agricole et à présent père, il a longtemps hésité à sortir du rattachement au foyer de ses parents parce que “ça leur fait baisser leurs droits CAF, tu comprends, moi je veux pas d’embrouilles”. Pour autant il reste dans le giron en habitant tout proche de ses parents sur le bidonville. Le grand paradoxe de cette famille élargie est qu’ils présentent parfaitement : maîtrise de la langue, travail déclaré pour partie, logement, enfants scolarisés avec des activités périscolaires, vêtements étincelants, chaussures propres et sourire Fluocaril®. Dans ces trajectoires le logement est un outil : un accès à la CAF, une justification de sa présence en France. Ce n’est pas un lieu de vie, un espace pour habiter. Ce n’est même pas une adresse. Tout comme nombre de démarches initiées avec l’aide de bénévoles, le logement ne s’inscrit pas dans leur projet de vie, il semble avoir été obtenu trop tôt et au vu des revenus et des aides sociales perçues ne leur coûte que peu mensuellement. A force de tentatives, parfois des failles apparaissent chez les frères, notamment pour Domitien qui se demande comment ne plus recourir à l’aide sociale : est-il possible de se remarier ? Peut-on dire à la CAF qu’on est encore amoureux ? L’envie de défaire le cercle, de ne pas apparaître comme un poids pour la société, d’arrêter de recourir à l’aide sociale est freinée par la crainte des conséquences. Pour autant, la ritournelle persiste : “ma vraie vie est en Roumanie”.

On sent de la souffrance, la logique de retour perpétuel des parents freine les enfants dans leur capacité à se projeter durablement en France, les empêche d’entamer un réel parcours d’insertion ici. Pris entre conflits de loyauté et rêves d’émancipations, toutes les générations vivent avec le risque du tribunal. Ainsi, malgré les conséquences, il semble impossible de se libérer de l’emprise, voire de porter plainte contre ceux qui ont créé une fausse entreprise. Ce cas montre que l’apparente réussite (accès au droit, à un logement, situation économique, etc.) n’engendre pas de facto l’inclusion sociale. Le parcours est hors sol, l’ancrage est ailleurs. Dans ces trajectoires, le logement est un vecteur pour cocher toutes les cases. Il permet d’apparaître comme une figure qui se présente comme un miroir du “mendiant” vivant en bidonville, de la voix traînante et du “s’il te plaît”. Paradoxalement, le mécanisme est pourtant similaire, il force les personnes à coller à un archétype. Ici, il s’agit de porter le masque du “bon migrant”.

DOLORÈS : LA VIE EN MORCEAUX ET LE LOGEMENT COMME ESPACE DE RÉSILIENCE

Née dans une grande ville en Roumanie, Dolorès grandit dans un foyer malheureux : son père est alcoolique, sa mère a des troubles psychologiques lourds. Elle a une grande sœur. Très tôt, les deux fillettes vivent des violences

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parentales graves qui font qu’elles sont régulièrement hospitalisées en urgence. Elles sont placées dans un foyer de protection de l’enfance à Bucarest. Dolorès apprend à lire et à écrire. A l’abri, elle commence à comprendre, dans ses mots d’enfants, que ce qu’elle a vécu n’est pas normal, qu’il y a un souci avec ses parents. Le placement se passe bien, des demandes de retour à domicile le weekend s’effectuent. Durant ces temps au domicile parental, le père leur dit qu’il les aime et qu’il ne comprend pas pourquoi elles ont été placées. Les weekends se passant bien, elles demandent à retourner chez leurs parents. Les maltraitances de la mère reprennent. Imbibé, le père ne voit rien. Elles finissent par formuler le souhait de retourner vivre au foyer, Dolorès a 12 ans, sa sœur n’attend pas, elle fugue alors qu’elle en a 14. En allant chez ses parents, Dolorès a rencontré un homme de 30 ans qui venait aider une dame du bloc d’en face. Elle tombe amoureuse, c’est son prince charmant. Tout s’enchaîne, placée à nouveau, elle fugue du foyer pour retrouver cet homme, pensant qu’il va la protéger de sa mère et du foyer. Elle part sur les routes avec lui. Un jour, bien plus tard, elle racontera qu’à cette période elle était parfois “prêtée à d’autres hommes” après le repas. Elle se met en couple avec lui et, toujours dans 52

l’année de ses 12 ans, tombe plus de temps en prison enceinte. Elle ne sait pas qu’en liberté. Malgré ces ce qui lui arrive. Il a de la temps d’absence, elle tombe famille à Montpellier, cela enceinte d’un troisième devient leur destination. Ils enfant. Elle accouche de partent ensemble d’abord en cet enfant pendant qu’il est Allemagne, puis Mulhouse, incarcéré. Encouragée par Nice et enfin Montpellier. son contexte, elle développe Un premier janvier à Nice, des vols à l’arrachée lors de prise de crampes, elle va aux ses activités de mendicité. urgences, on lui explique Les deux jeunes filles sont qu’elle accouche. Elle ne incarcérées pour coups et comprend pas, il la rejoint blessures sur une personne avec quelques membres de âgée. A 15 ans, elle est sa famille. A l’hôpital, un mère d’un nouveau-né de signalement est 4 mois. Dans un fait. Elle arrive “C’est ça la vie de premier temps, à Montpellier à tsigane, ici je suis elle demande 12 ans, avec un la présence de libre” nouveau-né qui son enfant à ses est son enfant. La famille de côtés. Après quelques mois, son compagnon s’occupe du constatant la souffrance de bébé tandis qu’elle arpente l’enfant, elle demande qu’il les rues avec les pétitions soit remis en liberté et finit d’aides pour les sourdssa peine seule. C’est un muets. Les journées sont déchirement. Après moins fructueuses et elle se noue d’un an sous les barreaux d’amitié avec la nièce de son grâce à une remise de peine, mari qui a son âge et a eu un elle retourne vivre sur le enfant en même temps. Elles bidonville à sa sortie. Elle ont 14 ans à présent et leur a 18 ans lorsque nous la activité de mendicité leur rencontrons. Une bénévole permet de gagner nous la présente en nous environ 1000€ par disant : “Elle, il n’y a rien semaine. Elle à en faire, elle ne sortira tombe enceinte jamais du bidonville et de ses d’un second magouilles, elle veut sa vie de enfant tout en tsigane”. L’accompagnement maintenant son via le travail social activité durant la commence. A cette période, grossesse. Les deux elle alterne entre des enfants sont gardés moments de travail salarié par sa belle-sœur qu’elle et des temps de mendicité paie à la journée grâce à la où elle gagne plus d’argent. mendicité, une autre partie Les freins et les souffrances des bénéfices va au beau sont discutés, dont l’absence frère et le reste est pour de scolarisation des enfants. elle et son mari. “C’était Ponctuellement, elle se beaucoup d’argent” dit elle retranche derrière le discours parfois dans un sourire. relaté par la bénévole : “c’est Les hommes de la fratrie ça la vie de tsigane, ici je suis vivent de cambriolages et libre”. A l’occasion des sorties font des aller-retour entre de prison de son mari, nous liberté et prison. Au global, tentons de l’accompagner vers son compagnon a passé l’emploi mais il explique que


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la “liberté le rend dingue, chance, on a été contraint connaissait le problème, elle en prison au moins ça sonne d’aller en prison, de faire continue de payer l’électricité quand il est temps de faire la mendicité et tout ça. De tout en passant 9 mois sans les trucs : se lever, bouffer, vivre ici. Toi t’as d’la chance, chauffage. Chaque fois que pioncer”. On se concentre prends la. Et puis Dédé... le mari revient les problèmes essentiellement sur Dolorès. Il est encore en prison”. reviennent : violence, Avec son accord, nous Elle décide d’essayer. Elle humiliation, accumulation de l’inscrivons à l’Ecole de la nous appelle tous les jours dette, sape de son rôle auprès deuxième chance ainsi qu’à pour raconter ses journées des enfants… Il veut qu’elle Pôle Emploi. Sachant lire et de travail par le détail. Elle renonce à l’appartement. écrire en Roumain, raconte tout, elle Elle est prise dans des “Mais Dolorès, elle a des bases et en a besoin. Elle injonctions contradictoires. nous on a pas eu se maintient dans Alors qu’il est à nouveau apprend donc très cette chance, on l’emploi, ouvre vite à parler et incarcéré pour autre chose, a été contraint écrire en français. des droits APL, elle ose porter plainte contre d’aller en On remarque les enfants vont lui pour son dernier accès prison, de faire qu’elle parle en à l’école et au de violence. Durant cette romanès à ses périscolaire. Par période, elle entre dans un la mendicité et enfants alors que ce tout ça. De vivre flashback, elle logement HLM. La fierté n’est pas sa langue ici. Toi t’as d’la reconstitue son renaît, elle continue de maternelle. On parcours comme travailler. Elle commence à chance, prends apprend qu’elle n’a la. un puzzle, les demander comment obtenir plus de lien avec entretiens mêlent la nationalité française, ses parents mais passé et présent. maintenant c’est ici chez elle. garde contact avec sa sœur Quand Dédé sort, il regarde Mais elle reprend contact qui vit en Allemagne. l’évolution de la situation avec le père de ses enfants Au début, elle montre d’un mauvais œil. Un jour par téléphone, l’amour une résistance forte à elle aperçoit qu’il y avait semble renaître. A sa sortie, l’insertion, lorsque son mari quelque chose qui clochait il la rejoint, il accepte le est incarcéré, elle se sent dans le fait d’avoir 12 ans domicile et son travail. Mais, redevable envers sa belleet d’être avec cet homme en quelques semaines, il famille qui est devenue sa de 30 ans. Il retourne à l’oblige à contracter 8000€ “vraie famille” et pour qui il nouveau en prison. Durant de dettes. Alors qu’elle avait faut continuer à gagner de cette peine, elle obtient commencé à passer le permis, l’argent. L’accompagnement un logement SIAO pour 6 elle renonce. Puis vient une proposé lui rappelle le foyer mois renouvelable nouvelle scène “Ma seule chance de violence liée en Roumanie et réactive 1 fois. Elle s’y c’est de me jeter aux questions des souvenirs, sa parole maintient et s’y émerge. Elle continue son débrouille comme sous une voiture, d’argent. Il la bat chemin, entre mission locale une chef : les je n’en peux plus, devant les enfants, et parcours de soin tout loyers sont payés la jette dans la je ne veux pas en s’occupant de ses trois grâce aux revenus cage d’escalier, les que ce soit lui enfants. Après l’école de la du travail, elle enfants sont dans qui me tue” deuxième chance, elle trouve est une très jeune l’appartement, elle un emploi comme femme de mère isolée avec 3 enfants, court pour se sauver. Elle chambre. En parallèle, dès une femme de détenu, une nous racontera avoir pensé : 2017, nous l’accompagnons femme montpellieraine “Ma seule chance c’est de me pour une première demande qui fréquente le bidonville jeter sous une voiture, je n’en en SIAO. Un jour elle nous mais commence aussi à peux plus, je ne veux pas que appelle : “j’arrête tout, je ne fréquenter la ville grâce à ce soit lui qui me tue”. Elle gagne pas assez d’argent”. Par son abonnement pour les passe à l’acte. Par chance, ses chance, son beau-frère est là transports en commun. Elle blessures sont relativement lors de l’appel, il nous prend commence à se faire des superficielles, la police et les de court : “Mais Dolorès, amies au travail. Alors que pompiers arrivent, les voisins nous on a pas eu cette l’association gestionnaire témoignent, il est incarcéré 53


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sur le champ. Elle s’en sort avec quelques séquelles physiques, criblée de dettes avec un appartement abîmé. Nous l’aidons à trouver une avocate qui la soutient et prend au sérieux sa souffrance. Celle-ci demande l’interdiction au mari de s’approcher d’elle. Elle ne va plus au bidonville et s’accroche au logement. Il reste quelques trous dans les portes, elle repeint pour cacher les traces de violences. Cet espace lui permet d’amorcer sa reconstruction. De nouvelles problématiques avec les enfants émergent, notamment son fils aîné, adolescent, qui reproduit certains gestes de son père. Elle comprend ce qui se passe et ne renonce pas. Dans son courage, elle a osé porter plainte contre la camata . A 25 ans maintenant, chargée de blessures physiques et morales, l’appartement lui permet d’amorcer un travail sur son histoire. Il agit comme un cadre pour révéler ce qu’elle a vécu, le penser, le remettre en mot. L’appartement fait défiler sa vie, lui permet de prendre soin de sa santé physique, mentale et morale. Les dettes ont toujours cours, elle subit des pressions liées à sa situation ex-conjugale. L’avocate prolonge son soutien pour faire face au harcèlement du mari depuis sa libération. Travailleuse, elle s’est nouée d’amitié avec ses patrons. Mais, avec le contexte socio-économique, leur hôtel ferme, entraînant un licenciement économique. Ses patrons lui ont exposé les options : une somme versée en une fois ou un versement progressif étalé sur un an 54

avec un accompagnement pour trouver un nouvel emploi. D’abord tentée, elle a accepté la sécurité plutôt que le pactole. Elle se projette et a choisi de signer son contrat de sécurisation professionnelle. Une mesure d’intervention éducative à domicile (IED) a été mise en place aux côtés des travailleurs sociaux pour l’aider à canaliser son fils aîné. Malgré ou grâce à ce qu’elle a vécu, Dolorès est d’une maturité relationnelle incroyable qui nous impose le respect. Son parcours donne du sens à l’accompagnement social.

personne en pleine insertion professionnelle. Nous apprenons qu’adolescent, il a été accompagné par un chef d’entreprise qui lui a donné du travail, lui a fait faire des formations. Commence le début de notre action sur la question de l’accès au droit, en restant dans la perspective de sa représentation de la situation. On ne passe pas le voile de son discours, le travail social ne se fait d’abord qu’avec lui. Valérien nous donne presque toujours rendez-vous en dehors du bidonville. Petit à petit, on fait plus ample connaissance. Il parle de l’homme ayant MÉLANIE : aidé, on le rencontre, un DU PROFIL DE montpelliérain au bord de CENDRILLON À la retraite, président d’un LA FIGURE DE collectif d’entreprise du STABILITÉ GÉRANT bâtiment, ayant sa propre LE FOYER entreprise. Ils se rencontrent En 2016, sur un alors que Valérien a 15 ans bidonville montpelliérain, et fait la mendicité à un nous rencontrons Valérien, feu rouge dans le quartier un jeune homme de 25 où habite l’entrepreneur. A ans environ qui donne le force de se croiser, ils se lient change, parle bien français, d’amitié. Valérien regarde dans les “Elle sert à rien, passe alors certains yeux, charme avec c’est une femme weekends dans la humour. Ses deux famille de Bruno du bidonville parents sont sur qui explique “être le bidonville. Il y c’est tout” prêt à tout faire vit avec sa femme, pour l’émancipation de Mélanie. Ensemble ils ont ce jeune”. Le relation deux enfants et bientôt trois. deviendrait ensuite la raison Il ne parle presque jamais de la rupture familiale qui d’elle. Il se présente comme s’opère chez Brunon : sa étant en grande souffrance. Il femme le quitte, le dialogue nous explique subir de plein avec ses enfants s’effiloche. fouet une sorte d’injustice : Leur relation est forte, le il n’a pas d’emploi alors second enfant de Valérien qu’il est couvreur zingueur, et Mélanie est prénommé qualifié, il n’a pas de CAF Bruno en son hommage. ou de sécurité sociale alors L’accompagnement se qu’il parle bien et sait se poursuit sur la base d’un débrouiller. Il raconte discours masculin à deux sortir en boîte, etc. Sauf voix. Parfois, Valérien dit que rien ne marche et il ne que sa femme “ne sert à comprend pas. Il présente rien, qu’elle incarne la tous les attributs de la


Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

bidonvilloise et c’est tout”. L’insertion professionnelle est entrecoupée par des périodes d’incarcération. A ces occasions, nous rencontrons Mélanie. Accaparée par son troisième enfant, elle ne parle pas français mais fait les papiers, suit les demandes de l’administration que nous lui relayons et engage le dialogue. A sa sortie, il fait une demande de SIAO. Il trouve un emploi, ses droits sont alors ouverts. Le temps semble les presser, ils ont besoin de l’appartement rapidement. On leur propose d’aller dans un centre d’hébergement en sortant des procédures usuelles. La directrice du centre est convaincue par le discours et contourne la file d’attente en leur proposant un appartement. Ils sont alors logés dans le centre de Montpellier. Rapidement, les parents de Valérien les rejoignent. Après quelque temps, nous sommes interpellés par l’association de gestion de l’appartement : les loyers ne sont pas payés alors qu’il travaille et a reçu des arriérés de la CAF. L’argent a été dilapidé. Après seulement trois mois, la fin de l’hébergement est actée. La famille se réinstalle au bidonville. Le discours sur le sentiment d’échec réapparaît avec une germe de conscience sur ce qui cloche dans ses actions. De notre côté, nous apercevons ses excès : sorties de grand seigneur, infidélités répétées et frics-fracs occasionnels.

On note aussi que son réseau et écope d’une peine lourde. relationnel est composé Seule avec bientôt quatre essentiellement de jeunes qui enfants à charge, prenant l’admirent. En parallèle, on soin de ses beaux parents reçoit des appels de Bruno affaiblis par l’âge et le afin de dénoncer l’injustice handicap, elle est régulière dont est victime son poulain. dans l’accompagnement, ne Partant à la retraite, il loupe pas de rendez-vous. Les s’apprête à léguer l’entreprise droits CAF sont rouverts à à Valérien. Il mise gros, son nom grâce aux heures de Valérien doit réussir. En travail cumulées par Valérien. parallèle, il amorce des Recevant 900€/mois, elle relations soutenues avec reprend sa propre existence de jeunes garçons dont le en main ainsi que celle de fils de Valérien : ses enfants. Elle inscription au foot “Mes enfants inscrit ses deux fils et invitations seuls. ont grandi en au foot en payant Nous commençons bidonville, ils de sa poche, à avoir la puce sont tous vivants prend contact à l’oreille même avec l’assistante et vont tous à si, concrètement, sociale du collège, l’école rien ne permet progresse en de l’incriminer français. Au hormis son insistance. bout de quelques mois, Pendant ce temps, Mélanie le quatrième enfant étant retourne faire la manche né, elle demande un malgré l’argent qui est censé hébergement. Elle demande être là. L’entreprise léguée un CHRS, qui lui est est exsangue. refusé. Une concertation est Après une discussion organisée pour trouver une en équipe, nous décidons de solution : un encadrement changer de stratégie. A la en autonomie dans le travailleuse sociale cadre de l’urgence avec un suivant le mari, accompagnement social nous substituons global. Elle entre dans un travailleur l’appartement avec ses social pour enfants qui sont scolarisés et placer le vont à l’école. Elle s’occupe focus sur la du bébé et trouve un travail. femme. Nous A présent elle parle bien lui montrons français. son dossier Après le passage de d’accompagnement et son deux assistantes sociales dossier d’incarcération pour un problème est signalé : qu’il constate que les deux madame ne s’occupe pas font la même épaisseur. On correctement des enfants, explique le fait que Mélanie l’appartement est trop apparaît comme l’élément propre pour être habité. Un stable de la famille, elle est rendez-vous est pris, nous ébahie, presque honteuse l’accompagnons. Il est alors d’attirer autant d’attention. expliqué que Mélanie a Il acquiesce. Lorsque la laissé le petit assis sur le lit quatrième grossesse est en s’absentant dans la pièce annoncée, il retourne en d’à côté et laissé les grands prison pour des faits graves manger des cacahuètes. 55


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Elle prend la parole : moi et si tu n’es pas expulsé d’une petite fille qui vient “Mes enfants ont grandi aussi”. On n’en croit pas nos de naître. Par ailleurs, on en bidonville, ils sont tous oreilles et on en rit avec elle, accompagne aussi ses parents. vivants et vont tous à l’école, chapeau bas. Elle a à présent Ensemble, on commence alors les cacahuètes... J’ai ses ressources personnelles, à définir un chemin. Un laissé mon petit sous votre sait se débrouiller, se sent an plus tard, Dorian a une responsabilité et suis revenue bien dans le logement et domiciliation, une CMU, une très vite”. Les enquêtrices attend à présent un logement carte d’identité et un premier renoncent à la procédure, HLM. Son dossier vient travail. Avec les premiers accordant une deuxième d’être instruit. salaires viennent les premiers chance, elles instruisent droits CAF. Les premiers DORIAN : ALLERSnéanmoins une demande succès sont là. Un jour, au RETOURS À L’HÔTEL, mois de novembre, il vient pour une Technicienne ENTRE RÊVE en intervention sociale au bureau : “ça ne va pas, D’ÉMANCIPATION et familiale (TISF). Avec il faut que tu me sortes de ET CONFLIT DE la personne mandatée, là s’il te plait, le bidonville LOYAUTÉ tout se passe bien. Elles je peux plus”. Il explique se Nous rencontrons développent une relation sentir victime de pressions, Dorian sur un bidonville de complice. Mélanie est ravie, qu’il est obligé de jouer des l’Est montpelliérain il y a elle sollicite moins AREA, rôles. Il demande deux ans et demi. ne veut pas nous “déranger” un hôtel pour Du haut de ses 18 “Ça ne va pas, comme elle dit. Quand c’est lui seul, sans sa il faut que tu ans, il vient vers important, qu’elle a un doute, femme et sa fille. me sortes de là nous car il sait elle appelle. On regarde les que nous sommes s’il te plait, le Ses beaux parents possibles, s’accorde travailleurs sociaux bidonville je peux l’aident à garder les enfants pour laisser un : “Salut, tu peux plus“ par moment, elle paie les temps de réflexion. m’aider ?”. On loisirs et la cantine des Après quelques fait un petit point sur sa enfants de sa poche. Elle jours, il revient avec sa situation : “Je n’ai plus de rend régulièrement visite à femme, la demande a changé carte d’identité, je l’ai perdu, son mari à la maison d’arrêt. : “On veut partir tous les je n’ai qu’une copie et elle Bruno tombe des nues en deux avec notre fille”. Je est périmée. J’ai pas de carte constatant les capacités de demande si je peux parler vitale, pas d’argent, pas de Mélanie, “celle qui ne servait normalement devant sa CAF, pas de sécu. à rien”. Mélanie femme, il acquiesce, on lui “Ok tu vas J’ai rien quoi, a construit sa remémore certaines de ses pour moi c’est sortir mais à place auprès de paroles inoubliables : “les foutu la France”. la prochaine son mari, dans roumains aiment le porc et je On lui répond connerie c’est le travail, dans suis un porc pour eux, il me qu’à 18 ans, on fini entre nous. l’appartement, trouvent délicieux”. Il sent peut tout faire. L’appartement dans la société. Son qu’il est en train de se faire c’est grâce à moi, On prend rdv au mari commence manger par sa belle famille. bureau. Il vient aussi à la féliciter. le travail c’est Il maintient la nouvelle et on commence Elle s’occupe de ses grâce à moi“ demande : “C’est pareil pour les démarches. Il papiers, le travail elle”. Une semaine plus tard, a de l’humour, qu’elle fournit permet de lui le couple et leur jeune enfant aime faire des blagues, éviter l’expulsion lorsqu’il sont mis à l’abri en urgence se tourner en dérision. Il sortira, dans un an et demi. dans un hôtel à Montpellier aimerait du travail mais Elle s’affirme et pose ses via le 115. Ça se passe bien, il ne sait pas comment, quoi conditions. Elle nous raconte travaille, fait des démarches. et puis il dit avoir fait des un jour lui avoir dit : “Ok tu Mais sa femme élude les bêtises. Les premiers rendezvas sortir mais à la prochaine démarches : on arrive pas à vous sont longs et pénibles connerie c’est fini entre nous. lui faire faire sa CMU, ses : papiers en tout genre et L’appartement c’est grâce à propres ouvertures de droits. domiciliation. On apprend moi, le travail c’est grâce à De l’hôtel ils basculent qu’il est marié et père 56


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ensuite vers l’urgence elle ne vient pas et ne se : “Mais moi je suis seul à pérenne : un dispositif de manifeste pas. Tiraillé, il lui dire d’y aller et eux sont logement autonome avec met fin à l’hébergement. dix à me dire que ça ne une base d’accompagnement Deux mois après son retour sert à rien...” Il continue social. Ce levier potentiel sur le bidonville, rebelote. l’accompagnement social et semble prendre. Nous A nouveau la demande parfois nous demande comme sommes contactés par la d’hébergement est faite par une vérification : “Est-ce que travailleuse sociale lui, pour lui seul. je peux m’en sortir malgré… “Est-ce que je du dispositif de En moins d’une où je suis ?” Les aller-retours logement qui se semaine, une à l’hôtel sont pour lui des peux m’en soritr heurte au même chambre d’hôtel temps de respiration pour malgrè... Où je problème que nous suis ?“ est trouvée. En apercevoir la possibilité de : ça roule avec parallèle, nous sortir du bidonville, ces Dorian mais, pour Laurence, accompagnons sa belle petites pierres forment le rien ne se passe. Il nous famille qui, ayant fait une fond d’une rivière qui lui semble alors qu’on ne peut demande il y a quelques appartient de dessiner. faire avancer monsieur sans semaines, emménage après UMBERTO ET madame. On travaille sur le lui dans le même hôtel. Il HERMANA, FÉLIX ET couple. On invite Laurence à change alors de posture : “Je LOUISE : PARCOURS ouvrir un livret. On s’accorde dois être avec ma femme”. CROISÉS D’ACCÈS pour que le salaire de Dorian Grâce à la compréhension AU LOGEMENT ET arrive sur son livret à lui des gestionnaires, il change CHOIX DE RETOUR et les prestations de chambre et sa Umberto et Félix sont sociales sur son femme le rejoint des amis d’enfance. Ils ont livret à elle. avec leur bébé. des liens familiaux lointains Les deux Tout le monde et sont tous deux mariés avec sont ravis. semble heureux deux enfants. Arrivés en Laurence mais ça ne tient même temps sur Montpellier, élude qu’un temps et quand nous les rencontrons, tout autre tous retournent cela fait déjà six ans qu’ils bientôt au vivent sur le bidonville. A accompagnement. bidonville. ce moment-là, ils vivent Une nouvelle Quelques mois, nouvelle en faisant les poubelles et problématique émerge, demande pour le couple et vendant ce qu’ils peuvent les travailleurs sociaux leur enfant. Dans les faits, il sur le marché aux puces. du 115 nous relatent que y séjourne souvent seul. Hermana avait travaillé ça ne se passe pas bien à Après huit mois d’allerdans l’usine de Monsanto l’appartement, ils ont eu des retour entre bidonville et en Roumanie où elle mettait doléances des voisins au sujet hôtel, il semble trouver un les graines en de hurlements qui suggèrent équilibre, passe paquets prêt à la Pardon je ne des violences sur Laurence. actuellement vente. Louise avait veux pas vous On en discute. Dorian son permis quant à elle était embêter mais reconnaît les faits, parle à de conduire. finalement, on a couturière pour nouveau des tensions avec sa On resserre discuté, on pense Mark et Spencer. belle famille, il dit se sentir actuellement le Le père de l’un sous emprise. Il aimerait travail social sur retourner en était patron d’une mettre en oeuvre son chemin son rôle de père. Roumanie entreprise du BTP, mais doit être loyal à sa Alors que lui celui de l’autre un femme et à sa belle famille. sait lire et écrire grâce à sa agriculteur aisé. Leur idée On repose le cadre, soit ils scolarisation en Roumanie, initiale était une migration se mettent tous les deux sa fille est inscrite à l’école économique : venir en dans une dynamique, soit ici mais n’y est allée pour France, gagner de l’argent et on arrête l’accompagnement. l’instant qu’une demirepartir. Pendant longtemps Il est indécis mais vient journée. Là encore, le nous avons peu de contact à tous les rendez-vous, tiraillement familial apparaît avec eux, ils sont discrets et 57


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ne demandent rien. Par le biais de notre accompagnement auprès d’autres personnes résidant sur le site, ils amorcent le dialogue pour de petites questions administratives : un papier mal compris, les problèmes de vue du frère de Félix enclenchant des questions sur l’AME. Doté de lunettes, celui-ci décide de repartir en Roumanie. Ensuite vient la question de la scolarisation des jeunes enfants. Nous leur proposons d’ouvrir une micro entreprise d’éco-recyclage. Cela leur permet l’ouverture des droits CAF, CMU, etc. Pas à pas, ils régularisent leurs situations administratives. Chaque foyer engage ensuite la démarche pour l’obtention d’un logement via le SIAO. Ils perçoivent leur vie sur le bidonville comme un échec car ils ont une situation sociale en Roumanie. Ils s’institutionnalisent en France : les enfants sont scolarisés, les femmes cherchent du travail, l’une trouve un emploi, l’autre demande cherche dans son champ de compétence : la couture. Les couples reçoivent une proposition de logement. Félix et Louise sont logés en premier. Au bout de 2 mois dans le logement, ils nous demandent un rendez-vous : «Pardon je ne veux pas vous embêter mais finalement, on a discuté, on pense retourner en Roumanie». Là bas, les salaires ont été revalorisés et puis ils se questionnent : ça fait un moment que les enfants sont scolarisés en France alors une question émerge : “Si on rentre en Roumanie comment vont- ils faire ?”. On les rassure, il n’y a pas d’obligation à rester, ce 58

qui compte c’est qu’il s’agisse d’un choix positif, d’un vrai choix. Ils décident de faire un test durant les vacances d’été. Septembre puis octobre passent. Ils nous appellent : “Ok, on est sûrs, on ne rentrera pas en France”. Leur projet migratoire s’est achevé. Cela fait maintenant deux ans qu’ils sont en Roumanie. Umberto nous parle des discriminations subies par ses enfants au sein de l’école : “Tes parents sont dans les poubelles, toi t’es habillé en poubelle…” On leur propose d’en parler aux parents des enfants en question, ils sont d’accord et, avec notre soutien, engagent euxmême le dialogue. Quand la proposition de logement arrive pour Umberto et Hermana, on sent une hésitation. Ils reviennent vers nous ensemble, en expliquant qu’ils préfèrent ne pas entrer dans le logement : “On a réfléchi, on a discuté ensemble, on préfère rentrer chez nous.” Les nouvelles de Félix confirment que les conditions de vie se sont améliorées. Ils décident de rentrer au pays. A présent les deux foyers vivent dans la même ville et les deux hommes travaillent dans la même entreprise de BTP. Ils ont chacun leurs maisons, les enfants sont scolarisés. Nous ne savons pas si les femmes travaillent à nouveau. Pour ces familles, l’accès à un logement a été l’élément déclencheur de la décision de retour. Pour eux ce qui avait du sens était d’habiter, pas d’être logé. Huit ans après leur arrivée, dont deux ans d’échanges réguliers entre notre équipe et leurs familles, ils ont achevé leur

parcours migratoire par le choix du retour. Ils ont pris le temps de dire au-revoir à leur réseau relationnel ici, y compris nous, travailleurs sociaux. De temps en temps, ils nous appellent ou nous font un petit message pour donner des nouvelles : la photographie du dernier né, un petit message pour informer d’un nouvel emploi.

SANDRINE : L’ENTRÉE PAR LE SOIN, LE LOGEMENT MISE À L’ABRI PRÉMATURÉE

Sandrine vit avec son mari sur le bidonville avec son père, sa mère, ses sœurs, ses enfants, ses neveux… En France depuis 12 ans, elle est d’abord accompagnée par une bénévole. Nous la rencontrons en 2016, la bénévole nous appelle en disant : “Ils ont une histoire pas possible, il faut les aider, leur trouver un hébergement... Et puis, elle a besoin d’une baisse de hanche. Attendez, je vous raconte son histoire.” On apprend qu’elle a eu un cancer au niveau du cerveau et que contre toute attente, elle s’en est sortie alors que tout le monde, notamment sa famille proche, la donnait pour morte. On nous explique qu’elle a un problème grave au niveau de la hanche. Le traitement nécessite une greffe, ce qui signifie une baisse drastique des ressources immunitaires afin qu’il n’y ait pas de rejet. Pour cela, elle doit donc entrer dans un logement


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afin d’accéder à un niveau ne sont jamais achetées. liste de choses à faire. Au d’hygiène que le bidonville Au bout d’environ six début, le soin reste l’entrée ne permet pas. Nous lançons mois, l’association gérant principale. Mais, petit à donc les démarches. Une le logement appelle AREA, petit, la famille et la nouvelle association propose un l’accompagnement ne référente se rendent compte appartement au premier prend pas. Nous dialoguons que les problèmes de santé étage d’un immeuble du autour du fait que la famille de Sandrine peuvent être parc diffus. La famille est est entrée pour raison traités dans un parcours de heureuse et entre médicale, pas soin normal. Le temps du Ce n’est plus dans le logement. pour un parcours cancer est loin, la rémission Sur place, les possible, c’est un d’insertion sociale. est complète, la hanche ne travailleurs sociaux échec Nous organisons va pas si mal. Finalement, la de l’association ensemble une famille change ses demandes. gestionnaire se substituent réunion avec la famille. Le Un jour c’est le jackpot, le à notre accompagnement. cadre est posé : s’il n’y a mari annonce : “Je veux Jusque-là, la famille n’a pas d’école pour les enfants, du travail”. On cherche, engagé aucune démarche pas d’inscription à Pôle on regarde, des pistes pour s’inscrire dans un Emploi, pas de recherche s’esquissent. parcours d’insertion, ils n’ont d’emploi alors, le risque est Tout s’arrête quand pas de CMU, de CAF, de le retour au bidonville. Il se Sandrine se fait interpellée travail, les enfants ne sont trouve que nous les croisons pour mendicité avec sa pas scolarisés. Au bout d’une régulièrement sur le terrain petite fille qui est alors un semaine dans le logement, où nous accompagnons nourrisson. La mère est mise la famille se plaint du fait d’autres familles. Au bout en garde-à-vue, la petite d’être au premier étage d’un an, les gestionnaires est placée à la pouponnière car Sandrine a du mal à du logement sont exaspérés : durant 72h sur ordonnance se déplacer à cause de sa “Ce n’est plus possible, c’est du juge. Tous les acteurs hanche. L’association leur un échec”. Nous rappelons de l’accompagnement se propose de changer pour que le logement a été obtenu déploient à nouveau et les un appartement en rezdans une perspective de doubles discours émergent de-chaussée. L’infirmière soins, pas pour les autres à nouveau. La référente de santé globale fait le attentes mentionnées par les trouve le lieu de placement, lien avec les médecins travailleurs sociaux. On se s’assure que les éducateurs hospitaliers. Finalement questionne, est-ce un échec de la pouponnière ont vu les la greffe ne se fait pas, la ? L’association parents qui leur Je veux du travail ont confirmé que rééducation fait son œuvre met fin à et il semble qu’elle n’aie l’hébergement. La la petite est bien plus besoin de greffe. Les famille est de retour sur le là et les ont informés qu’ils mois passent. Les enfants ne bidonville. On se sent usé, peuvent la récupérer avant. vont pas à l’école et font la on finit par leur en vouloir Les numéros de téléphones manche avec père et mère : on voit les problèmes sont échangés. Dans le non loin de l’appartement de hanche réapparaître à même temps, la bénévole alors que l’école de secteur chaque fois qu’il y a besoin ayant suivi la famille appelle est à une centaine de d’argent. Durant une réunion AREA : “C’est un scandale, mètres du logement. Les d’équipe, on décide qu’il est les parents sont inquiets, travailleurs sociaux liés au temps de changer de stratégie ils ne savent pas où elle est, logement tentent de venir et pour cela de changer de c’est injuste”. Le dénouement chercher les enfants pour référent. est que les parents ont pu les accompagner à l’école, Une nouvelle rentrer chez eux avec leur un jeu de dupe se met en travailleuse sociale d’AREA petite fille de deux ans après place. Lorsque le traitement reprend l’accompagnement, 48h de placement. L’enfant avec le kinésithérapeute se la bénévole est toujours dans semble aller bien mais elle termine, Sandrine obtient les parages. Elle lui écrit, développe des symptômes une ordonnance pour des recommence l’explication post-traumatiques : peur semelles orthopédiques qui du parcours, donne une de sortir du bidonville, 59


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peur des sirènes de police, énurésie nocturne puis diurne réapparaissent. Sandrine renoue avec de vieilles habitudes, demandes d’aides financières et d’ordonnances. Question émergent à ce moment-là. Elle tente parfois : “D’accord à Montpellier ce n’est pas possible, mais, si je vais à Nîmes, est-ce que je peux faire la mendicité avec ma fille ? Pourquoi n’est-ce pas permis de faire la mendicité avec un enfant en France ? En quoi est-ce un danger si elle est avec moi ?” Nous avons le sentiment d’un retour à la case départ mais on tient bon, on explique par A+B et parfois même par C si besoin. La famille nous ramène à l’accompagnement par le soin, on choisit de le mettre à distance. Le ton change et durant six mois, la référente les rabroue : il faut faire la domiciliation, aller chercher son courrier, avoir ses droits AME à jour, travailler, aller à l’école qui est la place de l’enfant. Parfois le dialogue s’apaise mais il s’agit de poser un cadre serré, les enguirlander à chaque fois qu’ils font mine de ne pas comprendre. C’est un jeu de rôle, un passage obligé pour poser la dynamique nécessaire. Un jour, alors que la référente joue ce jeu, le mari annonce : “Je veux du travail”. Le curriculum vitae est repris, envoyé, les recherches semblent sérieuses. Le couple n’a qu’un seul téléphone pour deux. Une opportunité apparaît, ils vont ensemble à l’entretien d’embauche. Le patron les rencontre et fait son choix : «Ça marche mais j’embauche Sandrine car il ne parle pas assez 60

français alors qu’elle oui”. Tout le monde tombe des nues et on en rit. Elle accède donc à son premier emploi. Un court passage dans le monde de l’hôtellerie permet d’ouvrir des droits CAF pour la famille, d’accéder à une prime d’activité et à la CMU. Pour l’accompagnement c’est un chance, pour la première fois, la famille semble sérieusement envisager la possibilité d’une vie “normale”, hors du platz . Les deux parents ont alors des CV et recherchent du travail. La famille vit encore sur le bidonville, leurs deux fils aînés fréquentent l’école et le collège. Franchissant leur propre peur et celle de leur petite, toujours terrorisée, la scolarisation s’amorce grâce à un parcours adapté au sein d’une école maternelle. Directrice, maîtresse et médiateur scolaire ont saisi l’enjeu, un accueil aménagé lui permet d’y prendre ses marques, Sandrine peut rester un peu en classe et maintenir le lien avec la maîtresse au fil de la journée. La régularité, en construction bien qu’elle soit encore fragile par moment, est une clef du succès. Il s’agit de faire de l’école un lieu familier. Sandrine ne boite plus et ses problèmes de santé ne sont plus centraux dans notre relation. Elle est enceinte de leur quatrième enfant. En parallèle, son mari a pu suivre une formation de coffreur-bancheur et travaille à présent sur des chantiers. Ce nouveau statut le valorise au sein de la famille élargie présente sur le bidonville. La position d’accompagnement a été réajustée, les passages de savons alternent avec une

bonne dose d’autodérision. Alors que toute la famille vit dans une caravane et une barraque et qu’un nouvel enfant est à naître, une nouvelle demande d’hébergement a été déposée au SIAO. Cette fois, en toute connaissance du cadre.

FLORE ET SES FILLES : DE L’APATRIDIE AU PLATZ VERS LA “VIE NORMALE”

Quand on commence à intervenir sur ce bidonville, on est sollicités par beaucoup de personnes sauf une famille qui vit à côté du terrain, plus loin, isolée. On nous les présente comme ayant eu le droit de s’installer là “par pitié”, on nous dit que “ce sont des yougo sans papiers”. Au début on a du mal à engager le dialogue, elles sont méfiantes, ne se livrent pas, ne nous appellent pas. Un jour l’occasion apparaît de se présenter et d’aborder la possibilité de travailler avec elle autour des problèmes de régularité du séjour si elles le souhaitent. Le lien s’amorce mais elle ne nous emmènent vers de menues questions administratives, des sujets de scolarisation des enfants, les sujets préfectures et titres de séjour sont éludés. On apprend à se connaître. Il y a Flore, ses trois filles et leurs enfants, puis son fils, plus jeune. On les accompagne pour la scolarisation des petits, les cartes d’Aide Médicale d’Etat, la domiciliation. Au fil du temps un lien de confiance se crée. Au bout de plusieurs mois, elles demandent si on peut les aider à obtenir le statut d’apatride. Pour cela, on doit monter un dossier très complet qui demande


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d’investiguer en profondeur souhait d’éviter d’être témoin sur la vie des personnes. de conflits interfamilaux. Flore nous raconte son Elle raconte enfin comment histoire. Arrivée à l’âge elle pose les valises sur ce d’un an en Italie avec ses bidonville. parents, elle a passé sa vie Quelques mois après sur des bidonvilles ou des leur installation, le mari de campements de fortune de Violette, l’une des filles de la région de Naples. Elle Flore, les rejoint. Il fait alors n’a jamais eu de document beaucoup d’aller-retour et d’identité, de titre de séjour durant cette période Violette ou une quelconque donne naissance à scolarisation. leurs trois enfants, Elle est mariée a chaque fois en à 13 ans et a Italie car elle un premier y maîtrise la enfant. Les langue alors trois autres que son français suivent à deux reste balbutiant. ans d’intervalles A notre rencontre chacun. Elle en 2016, le mari raconte la violence de Violette est sur le subie auprès de son mari, terrain, il y a de la violence l’alcool, les maltraitances sur conjugale. Flore intervient : elle et les enfants. Les gestes «Soit tu pars sur tes pieds, obscènes, les mimes de viols. soit les deux devant, mais Elle raconte les moments de tu pars.» Il s’exécute. Le pogrom en Italie. Les milles clan de femmes se reforme départs en camionnettes, la avec un seul homme encore vie à la sauvette. Le souhait jeune adolescent. Elles de mettre ses vivent comme Je m’appelle enfants à l’école, chiffonnières et Flore, je suis née font leurs tournées la contrainte de à tel endroit, c’est dans une vieille retourner faire la écrit là ! manche exercée bagnole qu’elles par le mari. La conduisent sans triche : la journée à l’école permis. Grâce à leur tchatche, et le déguisement pour faire elles vendent le tout au la manche après 16h30. Les marché aux puces. filles abondent. Elles en La démarche est lancée retiennent un sentiment auprès de l’OFPRA pour d’injustice, le désir d’aller la reconnaissance du statut à l’école pour faire comme d’apatride. Plus d’un an les autres enfants, comme après, Flore et ses filles les copains et les copines. sont convoquées à Paris. Flore raconte le départ du Un membre de notre mari, le soulagement et équipe les accompagne l’angoisse d’être seule avec pour les entretiens. Elles quatre enfants. Elle raconte sont extrêmement stressées, l’itinérance perpétuelle et malgré la préparation, l’arrivée à Montpellier en elles s’emmêlent, le récit 2012. Elle raconte le risque est incohérent. Le statut de s’installer sur un terrain leur est refusé. C’est une avec d’autres ex-yougoslaves grande déception. Nous leur en tant que femme seule, le proposons de tenter une

demande de régularisation exceptionnelle auprès de la préfecture de Montpellier. On monte un épais dossier avec leurs parcours de vie, des évaluations sociales, des photos de familles, la scolarisation, les cours de français, les stages... Tout. Un rendez-vous est obtenu avec le secrétaire général de la préfecture qui valide la régularisation de la famille. En septembre 2018, pour la première fois de leur vie, elles ont une identité et un document d’identité, un titre de séjour qui mentionne un nom et un lieu de naissance : “Je m’appelle Flore, je suis née à tel endroit, c’est écrit là !”. C’est alors comme si le champ des possibles s’ouvrait. Olivier, son fils, s’inscrit à la mission locale, trouve une formation, entre en CHRS. Il cherche son autonomie. La sœur aînée, Hortense, est employée dans un hôtel. Elle fait une demande au SIAO pour un logement relais. Elle l’obtient, y emmènage mais y reste peu car l’appartement est un peu en sous-sol, elle reste très présente sur le bidonville. Elle se maintient dans son travail. Sa sœur cadette la rejoint, elles travaillent ensemble pendant plusieurs mois mais décident de ne pas renouveler le contrat lorsque la question se pose. Travailler en intérieur sous la direction d’un chef est difficile, l’indépendance prime. A cette période, les trois sœurs ont une demande de logement en cours, elles veulent construire une vie qu’elles définissent comme normale. Pour Flore c’est plus compliqué, elle n’entre pas dans les critères d’employabilité, ne sait pas lire ni écrire. Elle continue 61


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à être chiffonnière, souvent avec l’aide des filles, au volant de sa voiture et toujours sans permis. Un jour, elle est contrôlée par la police. Sans permis ni papier d’identité, elle tente de fuir. Elle prend un sens interdit, a un accident. Le jugement la condamne à un an de prison ferme. Pour elle, il est inimaginable de laisser les enfants, de les abandonner. Un aménagement de peine est trouvé avec les magistrats : elle exécute sa peine en extérieur, dans un appartement où elle doit dormir toutes les nuits, entrer et sortir à heure fixe. Ceci lui permet donc d’emménager dans son premier petit appartement en dur en dehors d’un bidonville ou d’un campo. Elle y accueille ses petits-enfants et leur rend visite chez ses filles. Dans la résidence, elle devient la grand-mère adorable qui nourrit les étudiants qui sont ses voisins. Elle semble surprise de s’y sentir bien. Malgré les recherches, l’emploi ne suit pas. La fin de la peine sonne le retour au bidonville. Elle ne croit plus en sa capacité à travailler, accepte le bidonville comme devenir. Elle y construit une maison presque en dur. Pour cela, elle paie un entrepreneur pour couler une chape de béton et poser du placoplâtre. Avec à ces menus revenus et à des alliances choisies (un don de matériaux par ici, une récupération par là), elles construisent. Avec ses filles elles posent la toiture, la cuisine, la salle de bain, font la décoration. Ensemble, apprenant sur le tas, elles refont l’adduction et l’évacuation d’eau qui avaient été mal faites par 62

l’entrepreneur. En parallèle de ces travaux, Flore exprime souvent son désir d’un appartement ou d’une petite maison ou d’un terrain familial : un quelque part où elle serait chez elle. Les titres de séjours sont renouvelés d’année en année. Elles ont actuellement un titre valable 2 ans, si tout se passe bien, le prochain sera de 5 ans. Les filles de Flore continuent leur processus d’institutionnalisation. Violette engage les démarches pour l’obtention d’un acte de naissance, faire établir un état civil qui n’existait pas. Officiellement ça y est elle a un nom et cela complète le titre de séjour. En revanche, leur statut fait qu’elles n’ont pas droit aux prestations familiales car elles sont de nationalité dite indéterminée, ne peuvent donner de preuve d’être entrées en France avec leurs enfants. Il n’y a ni CAF, ni RSA , ni aide au logement, leurs demandes sur ce sujet doivent être pour elles seules, ce qui freine considérablement l’accès au logement. Pour cette raison, nous les orientons vers des appartements relais car ceux-ci ne sont pas soutenus par des APL mais par des ALT . Actuellement, Violette attend une solution, Hortense vit dans appartement relais dont le bail devrait glisser prochainement à son nom. Elle hésite, c’est un grand pas, une responsabilité et un ancrage qui s’affermit. Flore ne demande plus de logement directement. Il s’agit d’abord pour elle de régulariser la vente au marché aux puces, de passer de l’activité de chiffonnière à celle d’écorecycleuse. Violette désire un appartement et son autonomie

; Hortense veut l’autonomie mais en restant proche de sa mère ; Olivier veut vivre avec sa copine. Sorti du CHRS, il est tombé amoureux d’une belle jeune femme brune aux yeux noirs. Toute jeune, son parcours résonne avec celui de sa nouvelle belle famille. Olivier a formulé une demande de SIAO pour eux deux. L’accompagnement le plus difficile pour nous est celui de Rose, la cadette, qui n’a pas fixé son projet de vie, veut parfois un appartement mais pas vraiment. Elle est moins accessible, il faudra plus de temps. Le parcours d’accompagnement que nous avons mis en place avec cette famille était centré autour de l’identité. Alors qu’elles n’ont vécu qu’en itinérance et dans la dissimulation, la famille a décidé de sortir du flou permis par la non reconnaissance de leur identité ici comme ailleurs. Dans l’itinérance apatride, on apprend à ne jamais dire son nom. Ici, il aura fallu quelques années de travail pour gagner leur confiance et travailler avec elles pour fixer leur identité, avoir un nom, un papier et ce faisant accepter d’être institutionnalisées. C’était un risque qui aurait pu mener à une reconduite à la frontière. Les enfants de Flore ont à présent des actes de naissances obtenus en Italie pour trois d’entre eux et par un juge en France pour Violette. A partir de là, nous avons la possibilité de travailler sur d’autres problématiques familiales. La solidarité est une force, cela peut aussi être un aussi attachement qui enferme et les désirs de vie “normale” avec un appartement et un travail restent saillants.


Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

Les centres d’hébergement d’urgence (CHU) sont des structures d’hébergement permettant une mise à l’abri immédiate et offrant des prestations assurant le gîte, le couvert et l’hygiène ainsi qu’une première évaluation médicale, psychique et sociale et une orientation vers un professionnel ou une TYPOLOGIES ET DISPOSITIFS structure susceptible d’apporter à la personne D’ACCOMPAGNEMENTS l’aide justifiée par son état. L’une des spécificités Afin de pousser la réflexion sur la stratégie de ce dispositif est de proposer une durée de séjour de relogement des habitants venant de bidonvilles, indéterminée: selon l’article 4 de la loi DALO, toute et plus particulièrement du Zénith 2, l’un des personne accueillie doit en effet pouvoir y rester objectifs du diagnostic est de mettre en regard les jusqu’à ce qu’une orientation lui soit différents types de parcours résidentiels proposée. des habitants du bidonville du Zénith «Habiter est le 2 présentés ci-dessus avec les dispositifs propre de l’espèce CENTRE D’HÉBERGEMENT d’hébergement et logement existants sur humaine (...) ET DE RÉINSERTION la métropole de Montpellier, ceci permet or les humains SOCIALE (CHRS) de mettre en avant des leviers éventuels n’habitent plus, Les Centres d’Hébergement et pour le relogement des habitants. Pour ils sont logés (...) de Réinsertion Sociale (CHRS) sont cela, un recensement des dispositifs Habiter est un art des catégories d’établissements sociaux d’hébergement et logement existants a et nous sommes intervenant dans le domaine de l’accueil, été réalisé (voir ci-dessous), sous forme de l’hébergement et de la réinsertion des artistes alors de tableau croisé. De la mise à l’abri aux sociale et professionnelle des personnes revendiquons offres de logement dans le parc privé, en situation d’exclusion : isolées, en non un droit au en passant par les offres de logement couple ou en famille. Les CHRS sont adapté, ce tableau illustre la progressivité logement mais pensés comme des lieux de transition, des offres de logement et d’hébergement, notre liberté permettant la socialisation des personnes tels que théorisé par le dispositif d’habiter et créons à travers des actions collectives proposées national “Accueil, Hébergement, notre demeure.» et des instances de participation, tels que Insertion” (AHI). Ceci vise à permettre (L’art d’habiter le conseil de vie sociale. Les personnes aux personnes sans-abri ou mal logées Ivan Illich) s’acquittent d’une participation financière d’accéder progressivement à l’autonomie à leurs frais d’hébergement et d’entretien et à un logement décent. Le dispositif sur la base d’un barème réglementaire tenant AHI regroupe des offres d’hébergement (CHU, compte de leurs revenus. CHRS) et de logement adapté (résidences sociales, pensions de famille) et s’appuie une plateforme INTERMÉDIATION LOCATIVE unique de régulation, le SIAO (Service intégré Le terme « intermédiation » renvoie à d’accueil et d’orientation) qui est chargé de recenser l’intervention d’un tiers social entre le propriétaire l’offre et la demande en matière d’hébergement et la personne occupant le logement, afin de et de logement sur le territoire, et d’orienter sécuriser la relation locative. Il s’agit à la fois de les personnes vers la solution la plus adaptée à faciliter l’accès au logement de ménages pouvant leurs besoins. Cette partie du diagnostic s’appuie présenter des difficultés et d’inciter les bailleurs à notamment sur le “Répertoire des dispositifs mettre en location leur logement, y compris à des d’hébergement et de logement adapté de l’Hérault” ménages pouvant présenter des difficultés. publié par le SIAO 34 en 2019, qui donne notamment des précisions sur le nombre de places LOGEMENT EN SOUS-LOCATION à Montpellier pour chaque typologie. Il a également La sous-location consiste à permettre à une été enrichi par des entretiens réalisés avec les personne seule ou une famille en difficulté sociale équipes d’AREA, afin de mieux comprendre les d’accéder à un logement temporairement en tant usages actuels de ces dispositifs pour les publics que sous-locataire d’un organisme d’insertion vivant en bidonville. Voici, ici synthétisé, un petit sociale, lui-même locataire en titre du propriétaire. «abécédaire» de quelques dispositifs “classiques” Les logements mobilisés peuvent provenir de parcs recensés par le SIAO : de logements publics ou privés. Le bail de souslocation est un bail à durée déterminée, pouvant CENTRE D’HÉBERGEMENT aller de 1 à 3 ans. Ce bail peut soit glisser vers D’URGENCE (CHU) un bail classique, soit constituer une réponse

4.3. OPPORTUNITÉS RÉSIDENTIELLES DU TERRITOIRE

63


Zénith 2, Montpellier

temporaire avant l’accès à un autre logement. Dans cette démarche d’insertion, l’organisme sert d’intermédiaire entre les propriétaires et les souslocataires. Quant au degré d’accompagnement social dans le logement, il est susceptible d’évoluer d’une structure partenaire à l’autre.

DIAGNOSTIC ZÉNITH 2 Dispositifs hébergements/logements : du platz au droit co

Catégorie

Les pensions de famille, ou maisons relais, correspondent à une déclinaison particulière de la résidence sociale créées à la suite d’expérimentations menées à la fin des années 90, dans le but d’accueillir de façon durable des personnes au faible niveau de ressources dans une situation d’isolement ou d’exclusion lourde et dont l’accès à un logement autonome apparaît difficile à court terme. Contrairement aux autres formes de logement adapté, il s’agit d’un type d’habitat pérenne puisque les personnes peuvent être accueillies sans limitation de durée.

Mise à l'abri État (115)

Personnes majeures. Sauf femmes isolées avec enfants de moins de 3 ans.

État

Mise à l'abri départementale

Femmes seules enceintes ou Département avec enfants de moins de 3 ans.

Centre d'hébergement d'urgence

Accueil inconditionnel - Toute personne majeur isolée ou famille.

État

Alternativ' hôtel

Étrangers sans papier avec perspective de régularisation.

État

Hébergement de stabilisation

Personnes isolés ou familles en grande difficulté d'ordre économique ou social.

Centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS)

Accueil inconditionnel - Toute personne majeure isolée ou famille.

Appartement relais

Adulte ou familles relativement autonome, sans solution de A Montpellier finan logement avec ressources et en Métropole situation régulière

Hôtel social

Familles ou personnes autonomes, sans grandes difficultés sociales en risque de se retrouver sans domicile.

Etat ?

Lit halte soins santé (LHSS)

Personnes sans domicile ayant besoin de soin sans relever d'une hospitalisation

Etat

Lit d'accueil médicalisé (LAM)

Personnes majeures sans domiciles atteinte d'une pathologie lourde, chronique et irréversible

Etat

Appartement de coordination thérapeutique (ACT)

Personnes majeures isolées avec pathologie chronique sévère

Etat (50%) + CPAM

Intermédiation locative

Personnes en dificulté d'insertion économique, sociale administrative. Transition depuis une structure d'hébergement ou une situation de mal logement.

Sous-location avec/sans Bail Glissant

Accueil tout public. Personnes en situation régulière avec des ressources et "savoir habiter".

Résidence sociale

Accueil tout public. Personnes en situation régulière avec des ressources et "savoir habiter".

Résidence sociale jeunes

Accueil public jeune (16-35) en cours d'insertion sociale et professionnelle. Personnes en situation régulière avec des ressources et "savoir habiter".

Foyers de travailleurs migrants

Travailleurs migrants

Maison relais - Pension de famille

Personnes vieillissants en situation régulière avec des resources (notamment des SDFs)

Résidence d'accueil

Personnes soufrants d'un handicap psychique en isolement ou exclusion sociale avec des faibles ressources.

Mandat de gestion (Gestion locative adaptée, Agences Immobilières à Vocation Sociale)

Personnes en situation régulière en dificulté d'insertion économique, sociale administrative.

Weco

Personnes en situation de grande précarité, exclues des dispositifs classiques d'accès au logement

Fonds d'investisse solidaire Weco Inv des investissemen institutionnels)

Habitat intercalaire (projet du collectif Luttopia)

Personnes en situation de grande précarité

Soutien de 40 000 de Montpellier pou projet d'habitat inte le collectif Luttopia

Logement social, HLM

Adulte ou familles relativement Soutien à l'investis autonome, sans solution de collectivité territoria logement avec ressources et en (prêts PLAI, PLUS

Hébergement d'insertion

Hébergement médicosocial

SIAO

RÉSIDENCE SOCIALE

64

Mode de finan

Hébergement d'urgence

NUITÉES D’HÔTEL

Les résidences sociales, qui étaient au nombre de 212 à Montpellier en 2019, font partie des offres de logement adapté, entre l’hébergement et le logement de droit commun. Leur mission est d’accueillir des « personnes éprouvant des difficultés particulières pour accéder à un logement décent et indépendant » (J. Baronnet, J. Van Hille, 2016) notamment : > les publics ayant des difficultés d’accès à un logement ordinaire pour des raisons sociales et économiques, et pour lesquels la résidence sociale peut constituer une étape dans le parcours résidentiel > les publics aux revenus modestes, en demande de logement temporaire pour des raisons de mobilité professionnelle : salariés en contrat à durée déterminée, stagiaires en formation professionnelle, apprentis, travailleurs saisonniers.

Public cible et conditions d’accès aux dispositif

Mise à l'abri

MAISON RELAIS, OU PENSION DE FAMILLE

Rentrant dans la catégorie de l’hébergement d’urgence, les nuitées d’hôtel sont pensées pour accueillir des personnes mais aussi des familles en situation de détresse, dans des hôtels, à défaut de places disponibles dans les centres d’hébergement d’urgence, notamment pendant la période hivernale. La durée du séjour varie généralement d’une à quelques nuits. Il s’agit de la forme d’hébergement la plus précaire pour les personnes, les exposant souvent à la promiscuité et à la grande instabilité, sans possibilité de bénéficier d’un accompagnement social associé à l’hébergement.

Nom du dispositif / typologie

Logement adapté

État


Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

ommun

ncement

ncé par

M (50%)

Nombre bénéficiaires du Zénith 2 (2020)

Nombre bénéficiaires accompagnés par AREA (2020)

Accessible public suivi par AREA

Nombre de places sur Montpellier (2019)

24h/7 Contact téléphonique (115)

X

Variable

35

43

Toute forme

24h/7 Contact téléphonique (Conseil Départemental)

X

Variable

5

13

Non

Toute forme

Contact en journée en presentiel ou téléphonique

X

409

NC

NC

Non

Toute forme

Contact téléphonique

X

130

0

0

X

51

1

1

Orientation par le SIAO

X

363

4

5

Convention tripartite Accompagnement social lié au logement, Déterminé - 6 mois (Métro, CD et personne), Logement du parc privé Orientation par le accompagnement à la gestion locative et diffus SIAO renouvelable 1 fois sous-location sans bail "savoir habité" glissant

X

583

0

45

X

86

0

0

Mission (type d'accompagnement)

Durée du séjour

Contractualisation

Forme d'habitat

Accès au dispositif (horaires, contact)

Accueil, orientation, observation.

Illimitée (conformement loi DALO)

Non

Toute forme

Accompagnement social par une AS du Secteur (Département).

Illimitée (conformement loi DALO)

Non

Accompagnement social global.

Illimitée (conformement loi DALO)

Accompagnement social global.

Illimitée (conformement loi DALO)

Contrat de séjour avec Non limité - Contrat condition Évaluations des situations familiales pour d'un mois d'accompagnement réorientation vers un dispositif adapté. renouvelable social. Accompagnement social global.

Chambre individuelle ou Orientation par le partagée. SIAO Logement difus.

Déterminé - 6 mois L'accompagnement social renouvelable 1 fois conditionne le contrat de Toute forme (sous réserve autre séjour solution)

Pas d'accompagnement social

De 1 jour à 3 mois maximum (renouvelable 1 fois)

Signature d'un contrat d'hébergement, avec participation financière

Chambre ou logement individuel dans résidence collective

Accompagnement parcours de soin global en lien avec équipe pluridisciplinaire

2 mois renouvelable conditionné à l'évolution de l'état de santé

Contrat de séjour avec projet accompagnement autour question de soins

Variable (diffus, collectif ou dans centre Commission LHSS d'hébergement)

X

13

0

0

Aide à la vie quotidienne adaptée, accompagnement social global

Illimité, selon état de santé

Non, participation à hauteur de 25% des revenus de la personne

Chambre avec possible studio pour les familles Orientation par le dans résidence SIAO regroupée

X

19

0

0

Accompagnement individualisé global avec accent parcours de soin quotidien

Variable, 24 mois maximum

Contrat de séjour avec échéance temporelle

Variable (logement en diffus, hébergements regroupés en petit nombre)

Commission ACT (lettre de motivation + entretiens)

X

87

0

0

Intermediation locative dans le parc de logements privés. Accompagnement social global.

18 mois

Contrat d'occupation avec condition Logement en difus d'accompagnement social (appartements) et règlement intérieur.

Orientation par le SIAO

X

173

Sous-location des logements du parc privé ou public. Securisation de la relation entre le propietaire et le locataire. Accompagnement social renforcé en fonction du partenaire.

0

10

12 mois

Contrat de sous-location à durée determiné avec un glissement au nom du Logement en diffus locataire ou une transition vers un autre dispositif.

Identification, orientation et accompagnement à la gestion locative.

1 mois renouvelable jusqu’ Contrat de location. à 2 ans.

Identification, orientation et accompagnement à la gestion locative.

Contrat d'occupation, 1 mois renouvelable jusqu’ contrat de séjour et un reglement intérieur. à 2 ans.

Identification, orientation et accompagnement à la gestion locative.

1 mois renouvelable tacitement

Accompagnement sociale et animation communautaire. Lien avec l'AS du Secteur pour l'identification et l'orientation.

Orientation par le SIAO ou référent social

Orientation par le SIAO

X

187

Logements individuels et collectifs en habitat regroupés.

Orientation par le SIAO

X

212

0

0

Chambres ou logements et espaces collectifs dans foyer intégré ou foyer-soleil avec unité centrale et logements dans le diffus.

Orientation par le SIAO + Demande en ligne

X

405

0

0

Contrat d'occupation, contrat de séjour et un reglement intérieur.

Équipement avec des chambres ou logements Demande en directe et espaces collectifs.

X

143

0

1

Sans limitation de durée.

Contrat d'occupation de résidence et reglement intérieur.

Équipement avec des Orientation par le chambres ou logements SIAO et espaces collectifs.

X

212

0

0

Gestion de famille et animation.

Sans limitation de durée.

Contrat de location concernant le logement et Équipement avec des Orientation par le contrat chambres ou logements SIAO d'accompagnement et espaces collectifs. sociale.

X

47

0

0

Orientation par un assistant social.

Sans limitation de durée.

Contrat de location conventionnel

Parc diffus : variable du Commision studio au T5 d'atribution directe.

X

200 logements

0

0

Accompagnement social dans le logement

24-36 mois

Bail de location avec système d'épargne

Logement en diffus, cohabitation solidaire avec des primoaccédants

Orientation par une association de suivi socio-professionnel

X

0

0

0

0€ de la mairie ur le premier ? ercalaire avec a

Mise à disposition pour 3 ans

Mise à disposition de la ville de Montpellier et de la SA3M à l'association Luttopia

?

?

X

20 à 25 places en 2021

Non applicable

Non applicable

ssement par ales et état S, PLS)

Sans limite de temps

Bail de location

Parc diffus : variable du Commission des studio au T5 offices HLM

X

40383 appartements*

10

22

ement vest (appel à nts privés et

Sans

65


Maison relais - Pension de famille

Zénith 2, Montpellier

Les personnes admises disposent d’une habitation privée en échange d’une redevance mensuelle dont le montant est déterminé selon les ressources du foyer. Les résidents bénéficient aussi d’une plus grande autonomie que dans les structures d’hébergement, et peuvent notamment profiter de garanties proches des régimes locatifs de droit commun (contrat d’occupation, quittances, ouverture de droits APL). RÉSIDENCE D’ACCUEIL La résidence d’accueil est une forme de maison relais (ou pension de famille) dédiée aux personnes souffrant d’un handicap psychique, prévoyant un partenariat formalisé avec des équipes de soins et d’accompagnement social et médico-social adapté. Comme les pensions de famille, les résidences d’accueil suivent une logique d’habitat durable, en proposant l’accueil de résidents sans limitation de durée.

Personnes soufrants d'un DIAGNOSTIC ZÉNITH 2 Dispositifs hébergements/logements : du platz au droit co handicap psychique en Résidence d'accueil

Catégorie

66

Public cible et Personnes en situation régulière conditions d’accès aux Mode de finan en dificulté d'insertion dispositif économique, sociale administrative.

Mise à l'abri État (115) Weco

Personnes en situation de majeures. grande précarité, exclues Sauf femmes isolées avecdes dispositifs enfants declassiques moins de 3d'accès ans. au logement

Mise à l'abri départementale Habitat intercalaire (projet du collectif Luttopia) Centre d'hébergement d'urgence Hébergement d'urgence

Logement social, HLM Alternativ' hôtel Bail d'abord (Logement d'abord) Hébergement de stabilisation

Un toit d'abord (Un chez-soi Centre d'hébergement et de d'abord) réinsertion sociale (CHRS) Offres de logement/hébergement Hébergement d'insertion hors SIAO Appartement relais Terrain familial pour gens du voyage Hôtel social Village d'insertion Lit halte soins santé (LHSS)

Hébergement médicosocial

Fonds d'investisse solidaire Weco Inv État des investissemen institutionnels)

Femmes seules enceintes ou Soutien de 40 000 Département avec enfants moins de Personnes ende situation de 3 ans. de Montpellier pou projet d'habitat inte grande précarité le collectif Luttopia Accueil inconditionnel - Toute personne majeur isolée ou État Adulte famille.ou familles relativement Soutien à l'investis autonome, sans solution de collectivité territoria logement Étrangers avec sans ressources papier avecet en (prêts PLAI, PLUS État situation régulière perspective de régularisation. Personnes majeures en situation régulière vivant à la rue Personnes isolés ou familles en Métropole ou mis àdifficulté l'abri aud'ordre 115 avec grande ressources économique ou social. Idem avec souffrance - Toute Accueil inconditionnel psychotique sévèreisolée ou personne majeure famille.

Etat + ARS État

Adulte ou familles relativement autonome, sans solution de A Montpellier finan Collectivité territori logement avec ressources et en Métropole hauteur de 70% de Gens du régulière voyage (réguliers) situation totale (max 15245€ caravanne) Familles ou personnes autonomes, sans grandes Etat ? difficultés sociales en risque de se retrouver sans domicile. Habitants de bidonville (ex: Celleneuve) Personnes sans domicile ayant besoin de soin sans relever d'une hospitalisation

Ville de Montpellie équipe municipale de l'Etat Etat

Dispositif Spécial Celleneuve Lit d'accueil médicalisé (LAM)

Personnes sans Habitants demajeures Celleneuve Direction Départem domiciles atteinte présents sur le sited'une en 2017 (20 Etat l'Emploi, du Travai pathologie lourde, chronique et familles) Solidarités (ex DD irréversible

Appartement de coordination thérapeutique (ACT)

Personnes majeures isolées avec chronique Accèspathologie sous conditions de sévère ressources (même plafonds de

OFS SIAO Intermédiation locative Parc privé

isolement ou exclusion sociale avec des faibles ressources.

Mandat de dispositif gestion (Gestion locative Nom du / typologie adaptée, Agences Immobilières à Vocation Sociale)

Mise à l'abri

POLITIQUES DE LOGEMENT À MONTPELLIER ET NOUVEAUX LEVIERS À ACTIVER

La description des différents dispositifs d’hébergements/logements liés au SIAO témoigne d’une logique apparente de progressivité dans les typologies de logements proposés dans le département de l’Hérault et dans la ville de Montpellier. Ceux-ci permettent en théorie de répondre à des besoins différents (logements individuels et collectifs, avec des dispositifs d’accompagnement social plus ou moins étoffés et des structures spécifiques en fonction des publics accueillis) et d’accompagner les publics les plus précaires vers un logement de droit commun. La réalité est néanmoins bien plus nuancée, en raison d’un déficit structurel de places d’hébergement et de logement adapté, rendant souvent très difficile l’accès à ces dispositifs pour les personnes concernées. Sur ce plan il est important de noter une offre bien mieux adaptée à des personnes seules qu’à des ménager ayant plusieurs enfants. Sous-équipée en établissements d’urgence et d’insertion, la Métropole de Montpellier fait aussi face à un déficit structurel de logement social, bloquant la logique d’insertion vers le droit commun pour des personnes ayant franchi les différentes étapes du parcours résidentiel prévu par le dispositif AHI (hébergement, logement adapté…). Ainsi, en 2019, parmi les 20 communes de la Métropole soumises aux obligations de l’art. 55 de la loi SRU, aucune n’avait encore atteint le seuil de 25% de logements locatifs sociaux imposé par l’Etat

Personnes vieillissants en situation régulière avec des resources (notamment des SDFs)

Location Achat Sous-location avec/sans Bail Glissant

*Préfecture de l'Hérault 2008

Etat (50%) + CPAM

Prêt Gaïa (prêt à lo prix de vente que les logements la Caisse des dépô Personnes en dificulté PSLA) d'insertion économique, sociale administrative. Transition depuis une structure d'hébergement ou une situation de mal logement. Accueil tout public. Personnes en situation régulière avec des ressources et "savoir habiter".

l'état en de 2020la population de la Métropole .**Objectif Alorsénoncé quepar69% Accueil tout public. pour la métropole de Montpellier Personnes en situation régulière Résidence sociale est éligible au logement social, le manque d’offre avec des ressources et "savoir habiter". sur le territoire explique la présence file d’attente Accueil public jeune (16-35) en particulièrement longue, avec en moyenne 8 cours d'insertion sociale et professionnelle. demandes de logementRésidence socialsociale pour une attribution. jeunes Personnes en situation régulière Logement adapté avec des ressources et "savoir Néanmoins, Montpellier mène ces dernières habiter". années une politique volontariste pour développer Foyerscomme de travailleursen migrants Travailleurs migrants des logements pour tous, témoignent la mise en place de deux programmes spécifiques, Personnes vieillissants en situation régulière avec des recensés dans le tableau ci-dessous. Maison relais - Pension de famille resources (notamment des SDFs) > Le “Logement d’abord”. La Métropole de Montpellier a été choisie comme territoire de Personnes mise soufrants d'un handicap psychique en d'accueil en œuvre accélérée duRésidence plan quinquennal pourisolement le ou exclusion sociale avec des faibles ressources. Logement d’abord et la lutte contre le sans-abrisme. Personnes en situation régulière de gestion (Gestion locative Dans la Métropole de Mandat Montpellier, 140 personnes en dificulté d'insertion adaptée, Agences Immobilières à économique, sociale vont bénéficier de ce dispositif Vocation Sociale): un dispositif de administrative. logement en bail glissant dans le parc social, couplé Personnes en situation de grande précarité, exclues des à un accompagnementWeco social renforcé. dispositifs classiques d'accès au logement > Un « chez-soi d’abord » : Ce dispositif destiné à des personnes ayant des besoins sanitaires et

Fonds d'investisse solidaire Weco Inv des investissemen institutionnels)

Soutien de 40 000 de Montpellier pou projet d'habitat inte le collectif Luttopia

Habitat intercalaire (projet du collectif Luttopia)

Personnes en situation de grande précarité

Logement social, HLM

Adulte ou familles relativement Soutien à l'investis autonome, sans solution de collectivité territoria logement avec ressources et en (prêts PLAI, PLUS


ommun

ncement

ement vest (appel à nts privés et

Accompagnement sociale et animation communautaire. Lien avec l'AS du Secteur pour l'identification et l'orientation.

Sans limitation de durée.

Gestion de famille et animation.

Sans limitation de durée.

Mission (type d'accompagnement) Orientation par un assistant social.

Accompagnement dans le Accueil, orientation,social observation. logement

0€ de la mairie Accompagnement social par une AS du ur le premier Secteur (Département). ? ercalaire avec a

ssement par ales et état S, PLS)

Durée du Sans limitation de séjour durée. Illimitée (conformement loi 24-36 mois DALO) Illimitée (conformement loi Mise à disposition DALO) pour 3 ans

Illimitée (conformement loi Accompagnement social global. DALO) Sans limite de Sans Illimitée temps (conformement loi Accompagnement social global. DALO) 6 mois Accompagnement social global (avant Non limité - Contrat Évaluations des bail situations familiales pour renouvelable 1 fois mise en oeuvre glissant) d'un mois bail glissant réorientation vers un dispositif adapté. renouvelable

Contrat d'occupation de résidence et reglement intérieur.

Équipement avec des Orientation par le chambres ou logements SIAO et espaces collectifs.

Contrat de location concernant le logement et Équipement avec des Orientation par le contrat chambres ou logements SIAO d'accompagnement et espaces collectifs. sociale. Accès au dispositif Contractualisation Forme d'habitat Contrat de location Parc diffus : variable du Commision (horaires, conventionnel studio au T5 d'atribution contact) directe. Bail de location avec Non système d'épargne Mise à disposition de la Non ville de Montpellier et de la SA3M à l'association Luttopia Non Bail de location Non Bail locatif glissant avec Contrat conditionde séjour avec condition d'acccompagnement d'accompagnement social social.

Logement en diffus, cohabitation Toute forme solidaire avec des primoaccédants Toute forme ?

24h/7 Orientation par une Contact association de suivi téléphonique (115) socio-professionnel 24h/7 Contact téléphonique (Conseil ? Départemental)

Contact en journée en presentiel ou Toute forme téléphonique Parc diffus : variable du Commission des studio au T5 offices HLM Contact Toute forme téléphonique

Parc diffusindividuelle : variable du Chambre ou Métropole Orientation par le studio au T5 partagée. SIAO Logement difus. Commissions Déterminé - 6 mois Accompagnement social global (avant L'accompagnement social Parc diffus : variable du pluripartite (hôpital, ? renouvelable 1 fois Bail locatif glissant Orientation par le accompagnants mise en oeuvre bail glissant) studio au T5 conditionne le contrat de Toute forme Accompagnement social global. (sous réserve autre SIAO sociaux) séjour solution) Renouvellement de Convention Convention tripartite écrite signée Accompagnement social lié au logement, l'autorisation de et personne), Logement du parc privé Orientation par le - 6 mois ncé stationner tous les (Métro, tripartiteCD (bénéficiaires, ialepar et Etat à accompagnement à la gestion locative et Déterminé Acquisition par voie Habitat privé sur terrain SIAO sans bailet diffus renouvelable trois ans ou 1 fois sous-location collectivité territoriale e la dépense "savoir Accès sous réserve de projet social et habité" familial avec moins de 6 privée ou acquisition glissant autorisation gestionnaire). Le locataire €/place de familial par voie amiable caravanes d'aménager De 1 jour à 3 mois deivent titulaire d'un droit Chambre ou logement Orientation par le Signature d'un contrat ouvrant à droit d'occupation maximum SIAO ou référent individuel dans d'hébergement, avec Pas d'accompagnement social d'usufruit définitif (renouvelable 1 social résidence collective participation financière fois) er (ancienne Familles ciblées lors 2? mois e) + services Accompagnement social global de la définition du Mobil-homes renouvelable Variable (diffus, collectif dispositif Contrat de séjour avec Accompagnement parcours de soin conditionné à projet accompagnement ou dans centre global en lien avec équipe Commission LHSS l'évolution de l'état autour question de soins d'hébergement) pluridisciplinaire Commission de santé spécifique SIAO (conditionnée à une Chambre avec possible mentale de Accompagnement social global Non, participation à présence sur Appartement studio pour lesindividuel familles Orientation par le Aide à la vie l'accès quotidienne adaptée, Illimité, selon état Bail glissant (12 mois) il et des comprenant aux loisirs et à la Un an maximum hauteur de 25% des Celleneuve en 2017 parc public dans résidence SIAO accompagnement social global de santé DCS) culture revenus de la personne lors du diagnostic et regroupée ressources Variable (logement en Commission suffisantes) ACT diffus, hébergements Accompagnement individualisé global Variable, 24 mois Contrat de séjour avec (lettre de motivation M (50%) regroupés en petit avec accent parcours de soin quotidien maximum échéance temporelle entretiens) ong-terme de Appartement individuel +Commission Sans Bail réel solidaire (BRS) nombre) ôts) dans parc privé d'attribution Contrat d'occupation avec Intermediation locative dans le parc de condition Logement en difus Orientation par le 1 anmois minimum si logements privés. 18 logement meublé // d'accompagnement social (appartements) Appartement individuel SIAO Accompagnement social global. Bail d'habitation Marché privé Sans 3 ans minimum si et règlement intérieur. dans parc privé Sous-location des logements du parc privé Sans ou public. Securisation de la relation entre le propietaire et le locataire. Accompagnement social renforcé en fonction du partenaire.

logement vide

12 mois

Contrat de sous-location Appartement individuel vente avec àContrat durée de determiné dans parc privé un glissement au nom du Logement en diffus locataire ou une transition vers un autre dispositif.

sociaux élevés, nécessitant un accompagnement intensif Logements individuels 1 mois et collectifs en habitat renouvelable jusqu’ Contrat de location. car ayant connu un long parcours d’errance et vivant regroupés. à 2 ans. avec des parcours psychiatriques sévères. Ce Chambres dispositif ou logements et espaces devrait accueillir jusqu’à 100 personnes en deux ans. collectifs dans foyer Contrat d'occupation, 1 mois Identification, orientation et De nombreux ménages venant dedebidonvilles ontouété intégré foyer-soleil séjour et un renouvelable jusqu’ contrat accompagnement à la gestion locative. avec unité centrale et reglement intérieur. 2 ans. accueillis dans cesàdispositifs de droit commun, ainsi logements dans le diffus. que dans le dispositif “bail glissant” spécial Celleneuve, Équipement avec des Contrat d'occupation, 1 mois Identification, orientation et logements de séjour et unsur chambres renouvelable qui a bénéficié à 20 personnescontrat présentes le siteouen accompagnement à la gestion locative. et espaces collectifs. reglement intérieur. tacitement 2017. Accompagnement sociale et animation Identification, orientation et accompagnement à la gestion locative.

X

212

0

Résidence soc

Diagnostic socio-spatial d’un bidonville X

47

Accessible public suivi par X AREA

Nombre de places sur Montpellier 200 logements (2019)

0

0

Logement adapté Nombre Nombre bénéficiaires bénéficiaires accompagnés du Zénith 0 2 0 par AREA (2020) (2020) 35 0

43 0

X X

Variable 20 à 25 places en 2021

5 Non applicable

13 Non applicable

X

409

NC

NC

X X

40383 appartements* 130

10 0

22 0

Mandat de ges adaptée, Agen Vocation Socia

X X

72 51

0 1

9 1

Weco

X X

100** 363

1 4

1 5

X

583

0

45

non

?

0

0

X

86

0

0

non

?

0

0

X

13

0

0

non X

20 logements 19

Maison relais -

Logement soci

Bail d'abord (L

Un toit d'abord

Offres de logement/hébergement hors0 SIAO 0

Terrain familial X

87

0

0

non

0

0

0

0

0

0

10

0

0

X

173 99 781

Marché privé Orientation par le SIAO

non X

45 699 187

Orientation par le SIAO

X

Orientation par le SIAO + Demande en ligne

X

Village d'insert

Dispositif Spéc

TABLEAU DE0 SYNTHÈSE 212 0 DES DIFFÉRENTS DISPOSITIFS 405 0 0 ET D’HÉBERGEMENT Parc privé LOGEMENT

X

143

0 1 *Préfecture de l'Hérault 2008 **Objectif énoncé par l'état en 2020 pour la métropole de Montpellier 0 0

Équipement avec des Orientation par le chambres ou logements SIAO et espaces collectifs.

X

212

Gestion de famille et animation.

Sans limitation de durée.

Contrat de location concernant le logement et Équipement avec des Orientation par le contrat chambres ou logements SIAO d'accompagnement et espaces collectifs. sociale.

X

47

0

0

Orientation par un assistant social.

Sans limitation de durée.

Contrat de location conventionnel

Parc diffus : variable du Commision studio au T5 d'atribution directe.

X

200 logements

0

0

Accompagnement social dans le logement

24-36 mois

Bail de location avec système d'épargne

Logement en diffus, cohabitation solidaire avec des primoaccédants

Orientation par une association de suivi socio-professionnel

X

0

0

0

0€ de la mairie ur le premier ? ercalaire avec a

Mise à disposition pour 3 ans

Mise à disposition de la ville de Montpellier et de la SA3M à l'association Luttopia

?

?

X

20 à 25 places en 2021

Non applicable

Non applicable

ssement par ales et état S, PLS)

Sans limite de temps

Bail de location

Parc diffus : variable du Commission des studio au T5 offices HLM

X

40383 appartements*

10

22

Sans

Résidence d'ac

Habitat interca Luttopia)

Contrat d'occupation de résidence et reglement intérieur.

ement vest (appel à nts privés et

Foyers de trav

Variable 0

Sans limitation de durée.

communautaire. Lien avec l'AS du Secteur pour l'identification et l'orientation.

Résidence soc

X X

non

Demande en directe

0

67

OFS

Location Achat


Zénith 2, Montpellier

Parmi les autres projets illustrant la politique volontariste de la ville de Montpellier, on peut citer également le projet d’habitat intercalaire porté par le collectif Luttopia. et validé lors du conseil municipal du 12 avril 2021, celui-ci ayant acté la mise à disposition pour trois ans par la Ville de Montpellier et la SA3M de trois maisons. Le projet du collectif Luttopia sur ces maisons comprend un accueil de jour inconditionnel et la création de 25 places d’hébergement pour des personnes en précarité, dans l’attente de la définition d’un projet plus pérenne sur ces maisons, dans une logique d’urbanisme transitoire. L’analyse des dispositifs d’hébergement/ logement existants et de la vision de la ville de Montpellier en termes de politique de logement permet de mettre en avant certains leviers pour le logement des habitants du Zénith 2, et plus largement des personnes vivant en bidonville dans la métropole de Montpellier: 1) Une meilleure exploitation des dispositifs existants. Certains dispositifs recensés dans le tableau mériteraient de faire l’objet d’une analyse

68

approfondie afin d’identifier dans quelle mesure ils pourraient correspondre aux besoins de certains habitants. En particulier, les résidences sociales et les pensions de famille pourraient constituer des pistes intéressantes pour les personnes vieillissantes ou éprouvant le besoin d’une vie en collectif. 2) La mobilisation d’un réseau de bailleurs sociaux sur le territoire. Afin de fluidifier les parcours résidentiels des personnes venant de bidonvilles et permettre leur accès au logement de droit commun, l’un des leviers identifiés consiste à mobiliser un réseau de bailleurs sociaux, qui puissent apporter des solutions de logement aux personnes les plus engagées dans leur parcours d’insertion. 3) La création de nouvelles solutions d’hébergement et de logement pour les publics les plus en difficulté. Parallèlement, dans la mesure où le marché du logement est tendu sur la métropole Montpelliéraine, il est nécessaire d’étudier des stratégies alternatives, d’hébergement et de logement. Parmi celles-ci, l’association Quatorze propose de travailler sur l’immobilier solidaire, à


Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

travers le dispositif Weco . Ce dispositif, combinant la construction de logements neufs en accession à la réhabilitation de bâtiments vacants à destination des populations les plus fragiles, propose un modèle économique autonome basé sur la mixité sociale. Des pistes alternatives seront également explorées par l’Agence Intercalaire, afin de fournir des solutions d’hébergement dans le diffus pour les personnes les plus éloignées de l’insertion. A travers les opérations d’urbanisme transitoire, l’Agence intercalaire propose quant à elle d’apporter une réponse flexible pour la mise à l’abri des personnes. Les deux démarches sont complémentaires, dans le sens où les opérations Weco nécessitent plusieurs années pour sortir de terre, pendant lesquelles des opérations d’hébergement/logement passerelle sont nécessaires pour mettre à l’abri les personnes habitant dans des conditions indignes.

Montpellier. Le pré-projet déposé par la métropole de Montpellier auprès de la Région en mai 2021 pour la mobilisation d’une ligne “RHI-résorption de bidonvilles” prévoit ainsi un budget total de 19 976 270€, avec la mobilisation de fonds FEDER et de financements privés (Solifap et Weco) sur le volet investissement. La combinaison de ces fonds européens et privés permettra de financer notamment les opérations d’hébergement intercalaire et de logement pérenne, sans que cela n’impacte les finances de la collectivité, qui bénéficiera - en plus - de la rénovation de son patrimoine immobilier.

4) La mobilisation de fonds européens pour la mise en œuvre d’un programme global de résorption de bidonvilles à l’échelle métropolitaine. Enfin, un dernier levier pour accélérer la stratégie de relogement consiste en la mobilisation de fonds européens (FEDER et FSE) pour la mise en œuvre d’un programme de 6 ans, sur 14 bidonvilles de 69


Zénith 2, Montpellier

70


Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

#5

IMPULSER LE CHANGEMENT

71


Zénith 2, Montpellier

COMPRENDRE, UN PRÉALABLE

RÉSORBER N’EST PAS PÉRÉNISER

Ce diagnostic a été fait en collaboration Depuis l’ordonnance de 2014 publiée au étroite avec l’équipe d’AREA et avec le franc journal officiel et consolidée par l’instruction soutien de la Fondation Abbé Pierre, ainsi que la du 25 janvier 2018, l’Etat, à travers l’action ville de Montpellier. Nous avons de plus échangé de la DIHAL, a fixé le cap d’une politique de avec Médecins du Monde, présent sur le terrain résorption des campements illicites et bidonvilles pour des permanences et conseils de santé, La présents en France métropolitaine. Dans le plus Cimade, accompagnant les familles vivant au ancien on peut lire : “L’accès au droit commun Zénith 3 et Weco, dont la vocation est des populations vivant en bidonvilles «On a pas eu de permettre la réalisation d’opérations prime sur toute autre considération et d’immobilier solidaire avec le concours de scandales ou relève de deux conditions préalables de problèmes de la force publique. Il a aussi été : dans l’urgence, la commission ici, on a notre largement élaboré avec les familles et recommande l’arrêt immédiat des habitants du terrain. Nous remercions petite vie. Ce qui évacuations de bidonvilles sans infiniment toutes les personnes que des solutions de relogement et nous manque rencontrées pour leurs temps, leurs d’accompagnement dignes, adaptées c’est le manque accueils, leurs récits, le partage de et pérennes soient proposées aux de conditions, leurs connaissances du territoire, du familles ; à moyen et long terme, la les rats, terrain et celles de leurs expériences de l’électricité...» commission appelle à une stratégie de vie dans ces conditions. sensibilisation et de lutte contre un Ce document tente de mettre en racisme « anti-Roms » prégnant dans valeur la récolte de donnée qu’il propose mais, l’ensemble de la société, condition incontournable ce n’est pas sa finalité. En effet, après avoir à une politique d’Etat humaine et cohérente.” observé différentes échelles, de la ville à la vie (urlr.me/S7JHX). Plus récement : “« Résorber, individuelle, il s’agit d’impulser le changement. cela signifie agir sur tous les bidonvilles, en les encadrant et en travaillant le plus tôt possible à 72


Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

l’accompagnement des personnes vers la sortie, dans le but d’une résorption complète des campements » (Instruction du Gouvernement du 25 janvier 2018). Cette orientation fait suite à un constat : expulser coute cher et ne produit pas d’effets de long terme. Ainsi, ce travail s’inscrit dans cette ligne, son existence doit à des financement publics dont l’objectif est de lutter contre les poches de précarité urbaine et les situations de grande pauvreté. Pour cela, le diagnostic est le premier jalon pour orienter des actions structurantes à court, moyen et long terme. comprenant des enjeux d’accès aux aménités les plus classiques des logements : eau potable, salles d’eaux et sanitaires décents 3) Puis, lorsque les personnes sont prêtes, accompagner les ménages vers des solutions d’hébergement et, plus encore, de logement. Les récits de vie le montrent : ceci est possible et désiré par une large majorité des premiers concernés : les habitant.e.s des bidonvilles. Pour le faire, les associations sont mobilisées sur le terrain, cependant elles ne peuvent agir qu’avec le concours éclairé des institutions publiques. La rédaction du diagnostic s’est donc accompagnée d’instances de partage de l’information et de relevés collectifs de décisions

ENRAYER LES SITATIONS

C’est dans ce cadre que la Ville de Montpellier s’est donné comme objectif une résorption de l’ensemble des bidonvilles de son territoire. Pour cela, il importe de coordonner des axes complémentaires : 1) Assurer une continuité du suivi social pour permettre d’aborder les sujets d’accès au droit, de santé, d’insertion professionnelle et de scolarisation. 2) Améliorer les conditions de vies pour permettre de stabiliser les personnes et les outiller pour se projeter vers un avenir meilleur. Ceci passe notamment par la sanitation du site,

stes d’actions : pré-plan d’ensemble

ements

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Avenue Albert Einstein

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ORPTION DU BIDONVILLE ZENITH 2 // SANITATION PARTICIPATIVE

se è th o p hy

rs u o c n e l i a av r :t

E4

E5

PRÉSENTATION EN LIGNE

31/05/2021

73

18


Zénith 2, Montpellier

(comité de pilotage et comité technique) pour élaborer un plan d’action structuré et progressif qui a été aussi présenté et discuté auprès des représentants de la Ville et partenaires associatifs lors du séminaire “Agir en bidonville” qui s’est tenu les 29 et 30 juin 2021.

UN PLAN D’ACTION

Concernant les aspects tangibles permettant d’améliorer les conditions de vies immédiates sur le terrain : 1) En préalable, nettoyage des déchats et mise en fonctionnement d’un mode de récolte au plus proche des conditions citadines 2) Reprises et/ou fourniture des adductions d’eau froide potable et des évacuations d’eaux usées, 3) Construction de blocs sanitaires déplaçables ou démontables pour répondre aux besoins des ménages et permettre leur usage auprès d’autres familles dans le besoin lorsque le bidonville sera ici résorbé, 4) Sécurisation des alimentations électriques générales du site, 5) Mise en place d’un système à minima de gestion des eaux pluviales, 74

6) Sécurisation des cheminements sur et aux abords du site. Afin d’impliquer les habitants dans la maintenance ultérieure du site et des équipements, il semble opportun de mener toutes les actions qui peuvent l’être en coconception et co-construction. En particulier, les premier et troisième propositions, peuvent faire l’objet de temps de sensibilisation et de formation à vocation d’insertion professionnelle. Il s’agit de mobiliser et, par la participation à la transformation immédiate de son cadre de vie, d’outiller les personnes dans une perspective d’inclusion sociale. En paralèlle, sur le plan humain, il s’agit de maintenir et renforcer l’accompagnement social, afin de permettre aux ménages d’accéder à d’autres conditions de vie et ainsi d’éviter que la pauvreté ne devienne une fatalité.


Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

75


Zénith 2, Montpellier

2021 JR

ACCOMPAGNER LA RÉSORPTION CRÉATION ET ANIMATION DE GROUPES DE TRAVAIL SÉMINAIRE “AGIR EN BIDONVILLE”

DIAGNOSTIC SOCIO-SPATIAL PERMANENCES AREA + QUATORZE

Analyser l’histoire du site Analyser la composition des familles Comprendres les ressources présentes sur le bidonville (compétences, relations et espaces de partage, histoires...) Analyser les programmes Analyser le bâti Analyser les parcours résidentiels

CO-CONCEPTION ATELIER 1

Échanger sur les cartes pour confirmer l’exactitude des données relevées par groupes des familles. Former des groupes de travail pour des échanges cohérents et recueillir la parole des habitant·e·s. Réunion publique avec les habitants pour annoncer des groupes de travail.

ATELIER 2

Faire émerger les différents besoins et une priorisation Réfléchir aux usages, à la gestion et au partage des ressources Déterminer la nature et le nombre d’équipements nécessaires Déterminer quelles sont les possibilités de mutualisation et de regroupement par ménage

PRODUCTION DES SCÉNARIOS

Réaliser des esquisses de projet pour la création des scénarios sur parcelle Réaliser les outils de gestions adaptés au suivi du projet Échanger avec les services techniques

ATELIER 3

Échanger avec les ménages, responsabilisation et engagement des habitant·e·s Production de l’Avant-Projet Définitif Échanger avec les services techniques Grand nettoyage participatif de la parcelle Présentation du projet en Mairie, aux Services et Associations Corriger et ajuster la proposition

SANITATION CONTRACTUALISATION

Création de contrats Signature entre la Mairie et les habitants

NETTOYAGE

Grand nettoyage des débris accumulés Mise en place du nouveau système de collecte des ordures ménagères Mise en place du nouveau système d’éco-recyclage

TERRASSEMENT

Cheminements, accès et gestion des eaux pluviales Creuser des tranchées pour les réseaux d’adduction, d’assainissement et d’électricité

RÉSEAUX

Raccordement par la mairie des réseaux d’eau et d’assainissement. Installation par la mairie du réseau électrique.

BLOCS SANITAIRES /// CHANTIERS PARTICIPATIFS & DE FORMATION Préfabrication des infrastructures amovibles Co-construction et installation des blocs sanitaires (toilettes & douches)

MAISON & ESPACES COMMUNS /// CHANTIERS PARTICIPATIFS & FORMATION Réhabilitation de logements existants pour créer un espace commun. Création de jardins communautaires.

RÉSORPTION SORTIE PACIFIQUE ET PROGRESSIVE DU BIDONVILLE Sortie des familles du bidonville Démontage des baraques

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FR

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Diagnostic socio-spatial d’un bidonville

2022 SE

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VERSION SEPT. 2021

CO-AUTEURS

PARTENAIRES OPÉRATIONNELS


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