Architecture Traditionnelle Libanaise

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- Les baies et les arcs Deux situations différentes se présentent : le cas où la baie dans le mur est une simple perforation dans sa continuité, jouant le seul rôle d’une ouverture, fenêtre ou porte ; le cas où un ouvrage de structure –c’est le plus souvent un arc dans la tradition constructive– se substitue au mur, où il est un support. De dimensions parfois très analogues, les deux situations peuvent montrer les mêmes types d’arc, c’est donc par leur fonction qu’il convient de les distinguer. - Les baies Le vide des baies constitué par le percement du mur est une fragilité. Cette contrainte que le maçon n’ignore pas le conduit naturellement à mieux soigner les jambages que les parties courantes du mur. Dans presque tous les cas, le piédroit est exécuté avec un degré de qualité supérieur qui peut prendre plusieurs formes parfois combinées : fait en pierre de plus gros calibre, en calcaire de meilleure dureté, avec plus d’ajustement des faces pour un meilleur contact entre les pierres, avec un harpage soigné avec le reste de la maçonnerie, avec une saillie qui augmente la section de cet ouvrage de support… L’organe de franchissement, linteau ou arc, premier à supporter les charges verticales, fait l’objet d’un souci particulier de résistance. Soit il est par lui-même bien dimensionné et s’oppose efficacement aux contraintes, sans déformation ou rupture, soit il est soulagé par un arc de décharge qui autorise à ce qu’il soit moins résistant à la flexion. Dans les murs épais de maçonnerie, le linteau de la fenêtre est toujours plus rigide que le parement de

façade, l’arrière linteau étant moins élaboré et réalisé dans l’épaisseur du mur au moyen de blocs de moindre épaisseur espacés ou de pièces de bois ou de branchages d’essences locales (mûrier, etc.). Au Liban, les grandes baies et portiques (2 m en largeur et 3 m en hauteur) restent quand même l’apanage de la maçonnerie en pierre. A l’inverse, il convient de mentionner la petite fenêtre, destinée à la ventilation et la protection thermique contre le vent, le froid ou le soleil, qu’elle soit rectangulaire et petite dans les habitations rurales ou de forme ronde ou elliptique (Qammarat ou Moubawaqat) dans des habitats plus bourgeois. On ne peut clore cette description technique sans mentionner l’importance de la porte comme enjeu de représentation et de protection à la fois : elle est monumentalisée par ses dimensions, son encadrement (même dans les habitations rurales, l’encadrement de la porte est badigeonné en blanc) et souvent son couronnement en matériaux plus nobles ou plus architecturés (moulures, sculptures), sa huisserie et ses ferrures ouvragées. De même, la baie dépasse sa fonction d’éclairage pour devenir un poste d’observation, un mirador social derrière les vitres de couleurs la salle de séjour. Les trois baies à arcades et balcon caractérisant les maisons à hall central signalent aussi l’appartenance à une certaine catégorie sociale.

Les arts de bâtir, les techniques et les hommes

- Les murs à ossature bois Les murs à ossature bois sont composites : les éléments de bois supportent et transmettent les charges en s’appuyant sur une base continue de maçonnerie, les espaces entre les bois sont remplis avec des matériaux minéraux (terre, cailloux et mortier). L’ossature n’est jamais laissée apparente, elle est enduite de chaux ou recouverte de planches de bois. Cette technique de murs porteurs en bois est réservée aux galeries d’arcades extérieures dans les parties nobles des étages, le plus souvent en saillie sur le reste du bâtiment. Elle n’est pas à confondre avec celle des Kecheks (volumes en saillie entièrement en bois) associés aux murs de pierres taillés des demeures palatiales. Dans d’autres cas, l’ossature formée d’un cloisonnement étrésillonné ou non est recouverte de part et d’autre par de petites lattes enduites de chaux (technique connue sous le nom de Bagdadi). Cette technique, est visible sous la forme de galeries extérieures en arcades dans certains villages de la montagne libanaise situés sur d’anciens axes commerciaux (Choueir, Douma, Chtoura, Deir el Qamar) et sous une forme plus simple dans des villages de la côte. Elle semble représenter une adaptation locale modeste des modèles d’ossatures en bois utilisés en Turquie. Pour les pièces structurales, le charpentier-menuisier utilise selon les disponibilités le sapin, le pin ou le qotrani. Les sections des bois règlent les épaisseurs des murs entre 7,5 à 14 cm : avec ces minceurs de murs, on ne dépasse pas un niveau. Pour le lattis du Bagdadi, le bois généralement utilisé est le sapin Chouh .

- Les arcs Le grand arc lorsqu’il est support avec sa pile ou colonne (Chamaa) et son chapiteau (Taj) est un organe soigneusement tracé et ajusté, performant dans son rôle de libérer l’espace en remplaçant efficacement le mur ou la poutre. Destiné à subir des efforts importants, il est réalisé en matériaux durs et réguliers : pierres taillées. Cet arc est très présent dans l’architecture de l’habitat traditionnel, moins dimensionné que celui des édifices monumentaux et ouvrages d’art certes, mais tout aussi bien exécuté et présentant un certain degré de maîtrise technique.

Moukhtara

Les deux modèles d’arcs en pierre qu’on retrouve le plus fréquemment dans l’habitat au Liban sont l’arc à plein cintre et l’arc brisé. Les rares arcs en briques de terre crues observés sont des arcs surbaissés destinés à la réalisation des niches (Youk) dans les murs intérieurs des maisons rurales.

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