MOONBEAM III : ARCHITECTE ET PREMIER PROPRIÉTAIRE
MOONBEAM III : DESIGNER AND FIRST OWNER
C
this buoyant climate that the designer William Fife made his mark Itinwastheinworld of sailing, having an unrivalled talent. On the banks of the river
’est dans ce climat d’effervescence que l’architecte William Fife va marquer le monde de la plaisance de son génie inégalé. Dans un petit village de la côte ouest de l'Écosse, à Fairlie, sur la rivière Clyde, déjà près de 400 voiliers ont été mis à l'eau depuis 1858 par le chantier familial Fife. Il jouit d'une réputation unanime et devient la référence pour les amateurs éclairés. A la fin du XIXe siècle, l’avocat londonien Charles Plumptre Johnson, fils du médecin personnel de la Reine, s'installe à Glasgow pour goûter aux plaisirs de la navigation. Membre éminent du RYS et du RTYC, il acquiert d’abord Moonbeam, dessiné et construit par Fife Senior en 1858. Ce yacht de 25 tonnes présente des lignes similaires à celles des bateaux-pilotes, avec une étrave droite, un grand bout dehors et un pavois assez haut, à l’image de Partridge conçu par Charles Nicholson en 1885. Après six ans de nombreuses navigations, Me Johnson sollicite Frederick Sheperd pour se faire construire un nouveau yacht : Moonbeam II, un cotre de 17,78 m de longueur au pont. Mais au bout d’une saison déjà, le propriétaire rêve d’un voilier moderne et rapide, répondant à la nouvelle juge du Royal Ocean Racing Club. Il s’adresse à William Fife, troisième du nom, qui est aux rênes de l'entreprise de ses aïeux depuis 1886.
Clyde in Fairlie, a small village on the west coast of Scotland, some 400 sailing boats had already been launched by 1858 by the Fife family boatyard business. Their reputation was unquestioned and the business became the reference for informed enthusiasts. At the end of the 19th century, the London lawyer Charles Plumptre Johnson, son of the Queen’s personal physician, moved to Glasgow to enjoy sailing. An eminent member of the RYS and the RTYC, he acquired Moonbeam, designed and built by Fife senior in 1858. This 25-tonne yacht bore a resemblance to the pilot boats, with a straight bow, a large bowsprit and fairly high bulwark, like Partridge designed by Charles Nicholson in 1885. After sailing the boat extensively for six years, Mr Johnson commissioned Frederick Shepherd to build him a new yacht: Moonbeam II, a cutter 17.78 metres in length at the bridge. By the end of the season, however, the owner was dreaming of a modern and fast sailing boat, in keeping with the new regulations of the Royal Ocean Racing Club. He turned to William Fife, the third of that name, who had been in charge of the family business since 1886.
Ainsi naît en 1903, Moonbeam lll, qui allie puissance et maniabilité. Gréé en yawl aurique, il est d’une élégance rare : 4,74 m de maître bau pour une longueur de coque de 24,77m, pont dégagé, grande voilure, intérieurs edwardiens d’acajou flammé et cuir capitonné. Il est « l’un des plus beaux fastcruisers de Monsieur Fife » selon Dixon Kemp qui publie ses plans dans l’édition 1904 du Manual of Yacht and Boat Sailing. On l’appelle à l’époque Moonbeam of Fife, pour ne pas le confondre avec celui de l’architecte Sheperd. C’est le premier d’une série de yawls auriques qui comprend notamment Valdora, White Heather et Rosamond, contre lesquels il régatera souvent. Sir Johnson, emporté par la compétitivité et la grâce de sa nouvelle monture, racée et rapide, parcourt près de 5 000 milles en très peu de temps. La première saison de régates est un succès et comble le propriétaire. A ses 60 ans, il sollicite de nouveau le chantier Fife pour élaborer un yacht encore plus grand, Moonbeam IV.
MOONBEAM AU XXE SIÈCLE
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oonbeam III connaitra plusieurs propriétaires mais navigue moins, du fait de la première et de la seconde guerre mondiale. Fernand Maroni, industriel parisien, le deuxième propriétaire en 1920, le renomme Eblis et lui fait changer de port d'attache : Brest, puis Cannes où il remporte la course-croisière de Méditerranée en 1927 et 1928. Il passe ensuite entre les mains de Raymond Philippe au début des années 1930, puis de Félix Amiot, pionnier de l'aviation, qui en fait l'acquisition en 1947 et le ramène à Cherbourg.
RENAISSANCE
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n France, la plaisance à voile bénéficie d’un souffle au début des années 1960 grâce à un seul homme, ou presque, Éric Tabarly. Sa perpétuelle recherche d'optimisation et d'innovation inaugure une nouvelle ère, celle des records océaniques. Cette période verra l’apparition de défis extrêmes avec le large, les yachtmen laissant dorénavant place aux skippers aventuriers. Tout au long de sa carrière, comme un clin d'œil aux racines de son sport favori, Éric Tabarly gardera un attachement particulier pour Pen Duick, un plan Fife hérité de son père, un cotre aurique comme Moonbeam III, en plus petites dimensions. Dès lors, on ne pourra plus jamais dissocier le skipper le plus exigeant de sa génération de son yacht classique. 214
RETROMOBILE 2016 – 5 FÉVRIER 2016, PARIS
And thus, in 1903, Moonbeam lll was born, combining power and manoeuvrability. A gaffrigged yawl, it was supremely elegant : with a maximum beam of 4.74 m and a hull length of 24.77m, a clear deck, large sail area and an Edwardian interior of flamed mahogany and upholstered leather. It was « one of the finest of Mr Fife’s fast-cruisers » according to Dixon Kemp, who published the details of the design in the 1904 edition of the Manual of Yacht and Boat Sailing. At that time it was called Moonbeam of Fife, so as not to be confused with the designer Shepherd’s boat. It was the first in a series of gaff yawls that notably included Valdora, White Heather and Rosamond, which it would race against on many an occasion. Sir Charles Johnson, enthused by the competitiveness and elegance of his new sporty and fast boat, covered nearly 5 000 miles in a short space of time. The success of the first season’s racing provided the owner with great satisfaction. At the age of 60, he then returned to the Fife boatyard to order an even larger boat, Moonbeam IV.
MOONBEAM IN THE 20TH CENTURY III then had several new owners but was used less, due to the two Moonbeam world wars. The second owner, Fernand Maroni, a Parisian industrialist, bought her in 1920, renamed her Eblis and changed the boat’s home port to Brest and then Cannes, where she won the Mediterranean Cruise race in 1927 and 1928. She then passed into the hands of Raymond Philippe at the start of the 1930s, then Félix Amiot, an aviation pioneer, in 1947, who took her to Cherbourg.
RENAISSANCE sailing enjoyed a revival at the start of the 1960s, due in large part IntoFrance, one man, Éric Tabarly. His constant quest for optimisation and innovation ushered in a new era of ocean records. This period saw the appearance of extreme challenges with yachtsmen giving way to skipper-adventurers. Throughout his career, in recognition of the roots of his favourite sport, Éric Tabarly retained a special attachment to Pen Duick, a design by Fife born of her predecessor, an gaff cutter like Moonbeam III, but smaller. And so, the most demanding skipper of his generation was forever associated with his classic yacht.