Tableaux et Dessins anciens et du 19e siècle, Sculptures

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168 Armand Point

Alger, 1860 – Naples, 1932 et Charles Virion

Ajaccio, 1865 – Montigny-sur-Loing, 1946 Princesse à la licorne Relief en plâtre polychrome, de forme cintrée dans le haut Signé, localisé et daté ‘A Point Haute-Claire / 1899’ en bas à gauche 77 x 56 cm (30,03 x 21,84 in.) THE UNICORN PRINCESS, POLYCHROME PLASTER, CURVED AT THE TOP, SIGNED, LOCATED AND DATED, BY A. POINT AND C. VIRION 20 000 – 30 000 €

« Tout ce qui est mythe le fascine, de la princesse à la licorne à saint Georges terrassant le dragon. […] Un monde imaginaire, un rêve empli de pureté et de beauté si proche de la poésie des symbolistes 1». Avant tout peintre et dessinateur, Armand Point expose au Salon de 1882 le premier d’une riche série de tableaux d’inspiration orientaliste présents dans les collections nationales, En Tunisie, campagne de 1881. Remarqué alors par le Sâr Péladan qui l’invite à participer aux Salons de la Rose+Croix entre 1892 et 1896, son œuvre se teinte progressivement de l’idéal symboliste et cherche l’union de la poésie et de l’art. Lors de son séjour en Italie en 1894, Arman Point s’enthousiasme devant l’art des primitifs et leurs techniques anciennes, et reproduit des œuvres à fresque où s’accumulent détails ornementaux, arabesques et couleurs chatoyantes. L’idéal féminin de la Renaissance proposé par Botticelli ou le Pérugin prend les traits de son élève et compagne Hélène Linder, sa muse et modèle de prédilection, et l’artiste pousse alors avec passion l’expérimentation des diverses et complexes techniques d’expression.

À son retour en France, Arman Point s’installe à Marlotte, au cœur de la forêt de Fontainebleau, et précise sa démarche esthétique en réaction à l’essor de l’industrialisation. S’inspirant du mouvement Arts & Crafts organisé par William Morris à Merton Abbey, il y fonde une communauté d’artisans d’art, regroupés dans ce haut lieu du symbolisme équipé de forges et d’ateliers de sculpteurs, ébénistes, céramistes, ciseleurs et potiers baptisé HauteClaire. Dans leurs œuvres, le Moyen-Age et ses chefs d’œuvres fantastiques et féériques - à la mode suite à l’acquisition en 1882 de la célèbre tapisserie figurant la Dame à la licorne par le musée de Cluny - sont mariés au style raffiné de la Renaissance italienne et à la palette préraphaélite, sur divers supports et dans différentes techniques. Les beauxarts y rencontrent les arts décoratifs, et c’est à Bruxelles, au salon d’Art idéaliste de 1898, que les artistes de Haute-Claire montrent pour la première fois leur production, avant l’importante exposition ouverte à la galerie Georges Petit en 1899 : « Cette exposition, outre l’intérêt qu’elle présenta par la réunion de nombreuses œuvres de M. Armand Point, témoigna d’un curieux groupement des arts décoratifs. Des bois sculptés, des reliures, des coffrets, des émaux, une coupe, un baguier, des cachets, une lampe, un plateau en cuivre, des bagues, des boucles, des faïences et jusqu’à des broderies démontrèrent la brillante diversité de ces ouvrages 2». Y sont exposés une peinture et un dessin d’Armand Point daté de 1896 (fig. 1) représentant une Princesse à la licorne, à la longue chevelure d’or et somptueusement drapée, qui multiplient les motifs ornementaux et servent de modèle au plâtre que nous présentons.

Dessiné par Armand Point puis sculpté par Charles Virion, notre bas-relief en plâtre polychrome est un éminent exemple de la production de Haute-Claire, qui a décliné le thème de la Princesse à la licorne sur différents supports comme le cuivre émaillé. Notre plâtre, inédit et daté de 1897, est présenté dans son cadre d’origine très ouvragé, véritable partie intégrante de l’œuvre aux entrelacs végétaux et floraux et orné de libellules empruntées au bestiaire médiéval. Une étude de tête préparatoire en grès et deux autres plâtres de mêmes dimensions sont répertoriés, l’un laissé à l’état brut et non daté (fig. 2), l’autre polychrome et daté de 1898.

fig. 2

À la recherche d’un style nouveau qui hisse les arts décoratifs au rang des arts majeurs et au centre de la création artistique, Armand Point et Charles Virion signent cette œuvre d’un véritable travail de collaboration, d’une fusion entre l’art et l’artisanat qui ne sont pas sans rappeler les expériences contemporaines d’Auguste Rodin, Jules Chéret ou encore Félix Bracquemond, qui dessine les émaux réalisés ensuite par Georges Dumoulin. L’authenticité de cette œuvre a été confirmée par Monsieur Robert Doré. Pierre-Olivier Fanica, « Soixantième anniversaire de la mort d’Armand et de Victor Point, seconde partie : Armand Point et Haute-Claire », in Les Amis de Bourron-Marlotte. Bulletin d’information et de liaison de l’Association des Amis de Bourron-Marlotte, n°30, automne-hiver 1992, p.27, cité par Stéphane Laurent, « Armand Point : un art décoratif symboliste », in Revue de l’Art, 1997, n° 116, p.93 2 Edmond Pilon, « Haute-Claire et son enseignement », in La Plume, Paris, 1901, p. 42, cité par Stéphane Laurent, op. cit, p.91 1

fig. 1

186. TABLEAUX ET DESSINS ANCIENS ET DU XIXE SIÈCLE, SCULPTURES | 18 NOVEMBRE 2014. PARIS


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