Selon nos calculs, la Terre est bien carrée

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Antoine Perez - 2014 installations, fresques et sculptures


À gauche: «Tourist», México d.f., Francis Alÿs, 1994 À droite: «Vous voyez, j’y étais», México d.f., Antoine Perez, 2009

l’Observatoire Subjectif International (O.S.I.) L’OSI existe sous des formes variées plus ou moins importantes. Son principe même le libère de contraintes telles que la RÉALITÉ, le VÉRIDIQUE, l’HISTORIQUE, le SCIENTIFIQUE. Il s’en inspire bien entendu, s’en appuie si besoin, mais ne s’y limite pas nécessairement. Il peut réunir des matériaux, des informations, des descriptions partagées par d’autres, mais utilisés de manière décalée, à des fins productivistes nuancées, parfois modulables. Si le MOU, l’INSTABLE, le VACILLANT est une position, alors il en fait la sienne, non pas «in-actif», mais «mi-actif», il choisit les chemins détournés pour aller à l’essentiel. Il ne relève d’aucun contexte topographique ou géographique, pas plus que de lieux utopiques ou hétérotopiques. Il ne peut avoir lieu en réalité qu’en un endroit précis, à un moment donné. Plus tard, seules des traces assureront de son existence, un constat d’une intention certes reproductible, mais autrement, différente par nécessité. Son lieu d’existence et de création est potentiellement partout, dans le cadre d’un travail alimentaire, d’un transport, d’un rêve ou d’une rencontre, il peut même être découvert et reconnu comme tel des années après sa naissance. Sa force réside néanmoins dans la petitesse de ses actions, la relative faiblesse de ses coûts et de ses impacts, et qui se veut éloigné d’une certaine logique productiviste. Il peut être mené seul ou en collectif, mais ses actes sont par principe péremptoires, car destinés à être réajustés. La donnée essentielle qui le constitue est son RAPPORT À autre chose, son potentiel de CONFRONTATION, il se veut un INSTRUMENT DE MESURE à intensité variable, déformable à l’usage, étirable à l’envie.


PRINTEMPS-MONDE Investissement artistique in situ d’une pièce d’un appartement de la tour Misaine à Aix-les-bains, dans le cadre de l’exposition collective «Appartement témoin», projet «La ville commence ici, rénovation urbaine & art contemporain» mené avec Art’dep janvier 2014




Printemps-monde

papier peint sĂŠrigraphiĂŠ, encre de chine, collage Antoine Perez 2013


Selon nos calculs, la Terre est bien carrĂŠe

Exposition de sĂŠrigraphies, dessins, photographies et peintures murales atelier Ubik, Lyon 1er du 24 mai au 15 juin 2014





ÉTANT DONNÉ espace Larith, Chambéry du 2 septembre au 4 octobre 2014

Étant donné, poésie protocolaire (prémices) Soit un lieu d’expositions artistiques. On considère que celui-ci présente un certain point de vue de la création contemporaine. Donc il oriente le regard. Le pré-supposé veut qu’il soit opaque, incompréhensible voire dénué de sens. Sans aucun doute un manque de travail* perçu par certains comme une escroquerie artistique. On connaît également le principe d’obsolescence programmée, rapidité et brièveté d’un sujet-objet induisant une forme déterminée d’économie (acheter/à jeter). On considère le journal télévisé. On prends en compte la possibilité d’arrêts sur images, d’un art-étai arrêtant les idées pré-conçues. Supposons maintenant que nous entrions dans cette exposition. Étant donné nos certitudes et le rapport d’échelle, ainsi que le rapprochement de données et l’idée de boucle, on peut émettre le postulat que la problématique dégagée est une traduction globale et cependant anecdotique d’un énoncé en équations subjectives. Selon leurs calculs, la Terre était plate. Selon nos calculs, la Terre est bien carrée. O.S.I. (Observatoire Subjectif International) *travail: latin tripalium instrument de torture à trois pieux Antoine Perez



« Etant donné » est une exposition invitant à la discussion, au débat. Dans le cadre de l’exposition « Les yeux palpitent, le cœur crépite », l’objectif est de mettre en avant la relation artiste / spectateur et de rendre à ce dernier toute sa place d’acteur au sein de cet échange. Le spectateur est donc invité, à l’issue de la visite, à tracer son propre « système » d’explication sur le paper-board de la petite salle. Antoine Perez postule clairement sa subjectivité (il fait partie de l’OSI, Observatoire Subjectif International), son refus absolu de l’absolu et l’absurdité du dogmatisme. Ses schémas nous donnent à voir la complexité du monde à travers des systèmes éphémères et infinis, autrement dit une vision holistique qui peut être absente de la vision occidentale, et qui s’ancre plutôt dans les philosophies extrême-orientales. Ces systèmes se nourrissent des sérigraphies sur papiers peints, des dessins et des sculptures qui les encadrent : Une vision du monde nourrie de voyages, de réflexions politiques et sociales, et de dialogue interculturel. La Toguna Tate Modern, maquette de la célèbre galerie londonienne, monument post industriel par excellence, ici réalisée en torchis, est un exemple de la manière dont Antoine Perez fait dialoguer (ou se fracasser) les codes. A l’origine, la sculpture était liée à une case à palabres, lieu de discussion où l’égalité est induite par la forme basse de l’objet (voir le carnet retraçant le projet). La forme induit l’usage, et les relations sociales qui lui sont liées. La sculpture s’insère dans la salle intitulée Ajustements dogmatiques, composée de sérigraphies de Selon nos calculs, la terre est bien carré, parodie d’une affirmation scientifique écrasant de son « expertise », répétée industriellement comme pour mieux endoctriner le visiteur, et que complète le poème « Etant donné » (poésie protocolaire). Diogène (issu du tableau de Gérome, 1860), symbole d’une vie dénuée et proche de la Nature, côtoie Peter Coates, artiste dont les performances « chamaniques » tendent à la rédemption des rapports de l’Homme à la Nature, et une vision « entertainement » de la déforestation avec le surgissement d’une fenêtre Youtube à travers le papier peint. La planète des vaches, mur de la salle centrale, évoque le fameux film La planète des singes (lui même issu d’un roman de 1963 de Pierre Boule), remise en question de notre évolution darwinienne. La question de l’action artistique nous met face à nos responsabilité et notre capacité d’« agir dans le champ social ». L’œuvre d’art est questionnée comme production (industrielle?) et mise face à sa capacité d’aliénation. L’illusion du spécialisme confronte une vision de l’art discount, consommation rapide et vidée de sens, face à la tradition presque devenue illusoire de la traction animale comme source lente et durable d’énergie ; le peintre du dimanche, outillé du dernier cri, symbolise le regard « éclairé » d’un spectateur limitant l’art à son jugement esthétique (à confronter à la citation de Picasso sur le mur opposé). Les deux sculptures de la grande galerie nous parlent d’autres échelles et d’illusions : un aileron de baleine « customisé » au point de ressembler à une langue... En effet, comment l’Homme peut-il traduire les besoins et la protection d’une espèce dont nous ne parlons pas la langue ? Dans Les cargos meurent aussi, les champignons bien réels grignotent une image bien fragile de porte-conteneur. On pense aux organismes vivants et transportés malgré eux d’un coin à l’autre de la planète, forme de viralité mondialisée parmi d’autres. Enfin, C’est en bûchant qu’on devient bûcheron montre le positionnement de l’artiste, humble face aux géants de l’histoire des arts, et qui l’enrichit à son tour par ses modestes réalisations et avec ses propres moyens. Sa quête est celle de l’être humain, de trouver sa place parmi ses pairs. Elodie Morel


Salle centrale

L’illusion du spécialisme

dessins muraux à l’encre de chine, sérigraphies sous verre



Salle centrale

La planête des vaches

dessins muraux à l’encre de chine, sérigraphie sous verre



Salle adjacente

Ajustements dogmatiques

papier peint sérigraphié, encre de chine, collage

Les dessins proviennent d’images issues de l’actualité telle que les printemps arabes, la déforestation, internet, ou bien de l’histoire de l’art, des hommes ou naturelle. Ce sont des citations provenant d’époques, de lieux et d’univers très différents, dont la réunion les fait se dialoguer afin de suggérer aux spectateurs de réagir à ces références. Ce sont des bases de discussions, des prétextes à confronter des points de vue en même temps que leur nature esthétique permet de laisser divaguer le regard et la pensée vers un ailleurs indéterminé et incertain, menaçant ou poétique selon l’interprétation.



Dessin réalisé d’après une image de l’occupation du parc Paul Mistral à Grenoble, 2003 peinture sur vitre


Un porte-containers perd son chargement dans l’océan. Diogène entouré de chiens errants allume sa terre carrée à l’intérieur de son tonneau, une amphore de terre cuite (le «seminarium») où germent les graines mais aussi les idées.



Paper-board à disposition du public afin qu’il réalise ses propres dessins et schémas inspirés de l’exposition.

Toguna Tate Modern bois, torchis 2009-2010 60 x 130 x 80 cm

La sculpture s’accompagne d’un petit livre retraçant l’histoire du projet, ainsi que de cartes postales et de timbres de l’œuvre.


Toguna Tate Modern La case à palabres (ou Toguna) est utilisée par le peuple Dogon au Mali. Sans mur et délibérément trop basse de plafond pour s’y tenir debout, elle contraint à s’asseoir pour discuter. Elle est l’équivalent dans d’autres cultures d’un parlement, d’une agora ou d’une table ronde. C’est un lieu d’échanges qui a pour fonction soit de régler les conflits personnels, comme par exemple un différent opposant deux voisins, soit de soumettre à la discussion des propositions concernant la communauté, dans le but de prendre des décisions à son sujet. Construite à Londres, la Tate Modern est une ancienne usine électrique en brique datant des années 1930 ; elle abrite aujourd’hui la plus grande galerie britannique d’art contemporain. Lors d’un séjour au Mexique et au Guatemala en 2009, j’ai réalisé des interviews vidéo de personnes venant de différents milieux sociaux. Je leur ai exposé le projet de construction d’une réplique de la Tate Modern, qui aurait pour fonction de servir de case à palabres. Celle-ci serait faite en matériaux traditionnels, bois, terre et paille. De ce symbole artistique et culturel du Nord économique, je laisserais aux habitants la liberté d’usage. Les images extraites de ces vidéos, accompagnées des commentaires des interviewés, éclairent leurs points de vue sur ce projet, et témoignent de tensions liées à des enjeux économiques et interculturels. Antoine Perez

Cartes postales pré-timbrées de la Toguna Tate Modern.


Nicolas AGUILAR directeur de l’association «Nataté» communauté zapatiste d’Altamirano, Chiapas, MÉXICO

Enrique de COSS étudiant en biologie Tluxtla Gutierrez, Chiapas, MÉXICO

Cristina Pablo MENDOZA commerçante communauté Mames, Todos Santos Huehuetenango, GUATEMALA

Fernando MEJÍA commerçant Altiplano de los Cuchumatanes Huehuetenango, GUATEMALA


Entre sauvage et rationnel Voyager entre les signes, les codes et les identités ne relève pas uniquement de l’art contemporain, c’est le fait que l’art contemporain s’en empare cumulé à une mondialisation agissant comme une loupe laissant apparaître les détails qui nous fait voir ces formes comme neuves. Seulement, tout dépend de qui tient la loupe et ce qu’il pointe. Cette relativisation me permet de dire que des aller-retours sont possibles, et des glissements de genre sont possibles. Ma pratique artistique est liée à la vie, elle est donc liée à cette même instabilité, faite de passages d’un état à un autre, non pas de manière linéaire (contrairement au khronos qui ne permet pas le retour vers le passé, on ne peut pas revenir en arrière), mais sur plusieurs temps et plans à la fois. Elle est coussin, elle est toit, elle est socle. Elle est leur rapport, leurs confrontations. Elle est art, la mise en jeu de ces formes et de ces concepts, de leurs histoires. Bref, de ce qui les a précédé. On peut s’asseoir sur un socle, on peut brûler un livre pour se réchauffer. L’objet a une histoire sans l’Homme mais c’est l’Homme qui lui crée une histoire. Une autre possibilité serait de se situer sur une frontière floue, une zone marécageuse entre rationnel et sauvage, afin de mieux mesurer les degrés, être entre ces deux points. Certains initiés sur les hauts plateaux boliviens ont des pratiques aussi concrètes par exemple que d’aller dans le désert pour déterminer si les pierres qu’ils y trouvent sont mâles ou femelles, comme aurait pu/pourrait le faire un artiste contemporain. Les innovations, plus que des lieux ou des temps, ont des émetteurs puissants. Mais qui dépendent de capteurs compatibles. Directement sortis d’usine ou bricolés avec des grilles de barbecue ou des fourchettes, ce qui peut altéré légèrement leur lisibilité selon paradoxalement leurs lieux et temps (donc leur contexte). L’art contemporain et les autres mondes Les indigènes des communautés zapatistes du Chiapas ont coutume d’utiliser dans leur propagande le mot «caber» qui signifie «tenir dans», «contenir», «rentrer». «Queremos un mundo donde quepan otros mundos» , un de leurs slogans, signifie donc: «Nous voulons un monde où pourraient tenir d’autres mondes». L’art contemporain existe donc en même temps que l’art traditionnel, les œuvres-sources en même temps que les œuvres ayant pour référenciel telle ou telle culture. Je me vois comme un passeur, un relais, diffuseur et partageur d’information. Installé sur un écotone, ces zones de transition entre deux écosystèmes, je ne vois pas ce qui m’empêcherait d’utiliser la traduction, l’interprétation, puisqu’elle conditionne déjà tout échange, qui plus est commercial. Tout documentaire se présentant comme non-fictionnel a pourtant son propre référent culturel, ce qui ne l’empêche pas d’aller voir ailleurs, et c’est souvent son intérêt. Cependant la réappropriation ne doit pas aller jusqu’à nier l’origine, au risque de créer une forme vide. Peut-on dire pour autant que la seule fonction esthétique est une forme vide? Vide de sens, de signification. Ce pourrait être le cas des slogans, des symboles, d’une esthétique attribuée à un mouvement... que l’on retrouve sur des habits ou des produits de grande consommation. Ils sont détournés, traduits, et évoque à celui qui sait, qui en connaît l’existence et l’interprétation première ou celle qui en a été faite. Formes réellement vides ou bien à des degrés différents d’évocations? Ce sont déjà des débuts d’usages. Antoine Perez, textes extrait du livre «Les Petits actes anodins»


Tintin aux requins 2014

techniques mixtes sur puzzle (sĂŠrigraphie, collage, dessin)


BMPT industrie 2014

tampon «œuvre/Aliénation/Travail» espacé tous les 30 cm sur papier


C’est en bûchant qu’on devient bucheron I et II 2014 bois

Des noms de peintres et de paysagiste (Le Notre est connu pour avoir conçu les jardins à la française qu’on trouve à Versailles). Ceux-ci ont appartenu à différents mouvements de l’histoire de l’art (classicisme, académisme,...) qui a orienté et donné une certaine rigueur à leur travail. L’enjeu ici a été de donner à cette proposition artistique sa propre rigueur: les lettres ont été réalisées en bois flotté, souvent tordu, et liées à l’aide de ficelles et de tenons de bois, technique traditionnelle de charpente. Elles s’adaptent donc aux contraintes naturelles du matériau. Le cadre quant à lui se rapproche de la ligne droite par l’usage de bois d’épicéa.


Grande galerie

Wild wonderful world 2014 bois, ouate de cellulose, peinture, paillettes, environ 600 x 100 x 50 cm

Sculpture en forme de nageoire costale de baleine taille réelle. Celle-ci se contraint à l’architecture du lieu tout en révélant la différence d’échelle par rapport au corps du spectateur humain. Les couleurs créent une distance avec le sujet, langue difforme, chair mise à vif et en même temps embellie par les paillettes bleue, tel un parc animalier ou naturel à visée lucrative.



Les cargos meurent aussi

2014 dibbon pvc, carton, champignons séchés

Les cargos et les porte-containers sont vecteurs de notre société mondialisée, on les retrouve sur toutes les mers du globe. Il nous semble banal aujourd’hui de les voir charger et décharger des marchandises du monde entier, comme une chose évidente et éternelle, une impression naïvement ressentie que cette société ne peut disparaître, alors même que ses bases reposent sur une quantité limitée de matières premières qui l’ont rendue possible (pétrole, métal, matériaux de construction, ...), et une répartition inégale de celles-ci. Depuis des siècles, dans leurs voyages, les humains introduisent de manière volontaire ou non des espèces végétales ou animales. Ici les champignons, par leur vie courte en comparaison à la vie humaine, mettent en valeur ce côté éphémère des choses, en même temps qu’ils semblent grignoter le bateau.


Antoine Perez Né en 1985 à Annecy, France Il se sert de plusieurs formes d’expressions plastiques pour exprimer sa vision critique et poétique du monde. Voyageur, il cherche à créer le lien entre la vie et l’art contemporain. EXPOSITIONS PERSONNELLES 2014 -Étant donné, Espace Larith, Chambéry, France -Selon nos calculs, la Terre est bien carrée, Ubik, Lyon, France 2013 -Le poids du papillon, L’art du Biel, Faverges, France EXPOSITIONS COLLECTIVES (participation et/ou organisation) 2014 -Objet-témoin, Pontverre, France -Appartement témoin, projet La ville commence ici, Aix-les-bains, France 2013 -Arbrissages, Pontverre, France -I like the Mamouth and the Mamouth likes me, La Ciergerie, Annecy 2012 -ça marche!, Pontverre, France -Art’bre, Romans-sur-Isère, France -Le Grand Machin, Alliance Française (AFKL), Kuala Lumpur, Malaisie 2011 -La tour qui s’enlisait, La Estacion, Lyon, France -Les chemins de Pangée, Pontverre, France -sans titre (dessins), Espace Vaugelas, mjc d’Aix-les-bains, France -Une fraise dans la gueule du loup, La Robertsau, Rumilly, France -Chasse, pèche et pow wow, Pontverre, France 2010 -L’esthétique des frontières dans le cadre du festival EXTRA-10, Bonlieu Scène Nationale, Annecy, France -Otro Exposition collective en plein air, Pontverre, France -Coke, ou quand éco supplante néo avec Léo Félix-Faure, LPA, Cran-Gévrier, France 2009 -Le dessin comme recoupement de la distance avec Tommy Zoller, LPA, Cran-Gévrier, France 2008 -Exploration jardinière, les Gumes des jardins Exposition en plein air, Pontverre, France CURSUS 2010 DNSEP avec mention pour la qualité des réalisations -école d’art d’Annecy 2008 DNAP -école d’art d’Annecy

issuu.com/antoineperez antoineperez2007@yahoo.fr


LA TERRE EST BIEN CARRテ右 Antoine PEREZ 2014

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