Les petits actes anodins

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Les petits actes anodins s’inscrivent dans le cadre de l’O.S.I., l’Observatoire Subjectif International.

L’OSI existe sous des formes variées plus ou moins importantes. Son principe même le libère de contraintes telles que la RÉALITÉ, le VÉRIDIQUE, l’HISTORIQUE, le SCIENTIFIQUE. Il s’en inspire bien entendu, s’en appui si besoin, mais ne s’y limite pas nécessairement. Il peut réunir des matériaux, des informations, des descriptions partagées par d’autres, mais utilisés de manière décalée, à des fins productivistes nuancées, parfois modulables. Si le MOU, l’INSTABLE, le VACILLANT est une position, alors il en fait la sienne. Non pas in-actif, mais mi-actif, il choisit les chemins détournés pour aller à l’essentiel. Il ne relève d’aucun contextes topographique ou géographique, pas plus que de lieux utopiques ou hétérotopiques. Il ne peut avoir lieu en réalité qu’en un endroit précis, à un moment donné. Plus tard, seules des traces assureront de son existence, un constat d’une intention certes reproductible, mais autrement, différente par nécessité. Son lieu d’existence et de création est potentiellement partout, dans le cadre d’un travail alimentaire, d’un transport, d’un rêve ou d’une rencontre, il peut même être découvert et reconnu comme tel des années après sa naissance. Sa force réside néanmoins dans la petitesse de ses actions, la relative faiblesse de ses coûts et de ses impacts, et qui se veut éloigné d’une certaine logique productiviste. Il peut être mené seul ou en collectif, mais ses actes sont par principe péremptoires, car destinés à être réajustés. La donnée essentielle qui le constitue est son RAPPORT À autre chose, son potentiel de CONFRONTATION, il se veut un INSTRUMENT DE MESURE à intensité variable, déformable à l’usage, étirable à l’envie.



«Le volcan islandais Eyjafjöll, endormi depuis près de 190 ans est entré en éruption le 20 mars 2010. Après une première phase d’activité de trois semaines, le volcan est entré depuis le 14 avril dans une seconde phase, plus explosive, à l’origine d’un nuage de cendres qui rend impossible tout trafic aérien au dessus d’une grande partie de l’Europe.» www.notre-planete.info


CIEL LIBRE

A N N E C Y, l e 1 9 a v r i l 2 0 1 0


La France veut faire décoller le maximum d’avions LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 19.04.10 | 07h13  •  Mis à jour le 19.04.10 | 13h05

A

lors que l’UE comptait sur une reprise d’au moins 50 % des vols sur son espace

aérien, lundi 19 avril, l’organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne Eurocontrol a annoncé que seuls 30 % des vols, soit entre 8 000 et 9 000 sur plus de 28 000 prévus, décolleront sur le continent après quatre jours de paralysie du trafic aérien. “Nous sommes un peu plus volontaires que d’autres [pays] pour essayer de rétablir le plus vite possible les liaisons commerciales et surtout permettre l’acheminement de nos compatriotes qui sont bloqués”, a toutefois assuré Jean-Louis Borloo. Actuellement, tous les aéroports situés au nord d’une ligne Bordeaux-Nice, à l’exception de celui de Nantes, resteront fermés jusqu’à mardi 8 heures. Une réunion d’urgence doit avoir lieu, à 16 h 15, à Matignon.


Aujourd’hui il y avait un vernissage au château. J’ai emmené 6 sandwichs dans mon sac. Au buffet, je les ai distribué.

Today ther was an art previw in the castle. I took 6 sandwiches in my bag. At the buffet, I have distributed them.

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Hier, c’était le noël des amis chez Saber et Viviane. J’ai ramené un cadeau collectif, un sac de pommes de pin avec un mot: «Offre une pomme de pin à ton voisin, le reste dans le feu nous réchauffera».

Yesterday, it was the Christmas of friends at Saber and Viviane house. I brought a present group, a bag of pine cones with one word: «Offer a pine cone to your neighbor, the rest in the fire will warm up us».

Hoy, habia un vernissage al castillo. Traigo 6 sandwiches en mi bolsa. Delante el comedor, les distribuyo.

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Ayer, era la navidad de los amigos en la casa de Saber y Viviane. Traigo un regalo colectivo, una bolsa de conos con una nota: «Ofrece un cono a tu vecino, lo que quedara en el fuego nos recalentara».


17h64 - Paris Gare de Lyon, ao没t 2003


LE DÔME


- Le d么me 2009


- Le d么me 2009


- Le d么me 2009


- Le d么me 2009


La réalisation a été effectuée dans les environs de Grenade en Andalousie selon ce plan de travail. La construction est faite de roseaux attachés entre eux par de la ficelle, des élastiques et du fil de fer. Ne pouvant l’installer par moi-même, j’ai fait faire l’installation à distance par des amis par le biais d’internet. Le lieu renforce le dérisoire de la structure dont on ne sait si elle a été faite pour cet endroit ou qu’elle est un reste jeté parmi d’autres déchets et réutilisé pour l’occasion, le temps d’une après-midi.


ÉTUDE DE MARCHÉ - 2008 Ayant travaillé un temps donné à l’éclaircissage de pommiers - pratique consistant à sélectionner les plus beaux fruits et enlever les autres - je récupérais quelques pommes et poires rabougries et malformées. Je fis des moules en latex de ces fruits. Dans un festival, je posais alors un stand sur lequel j’installais ces objets en latex. J’interrogeais les personnes qui s’arrêtaient sur leur usage et leur signification présumés. Les réponses qui suivent sont des propositions d’utilisations possibles de ces formes par ces personnes.

-capote réutilisable -moon cup (serviette hygiénique réutilisable) -pour écouter les harmoniques -pour mettre de la lessive dedans et mettre à la machine -faire des boules de noël à accrocher sur le sapin -louches et chapeaux de lutins -instruments de musique à utiliser comme ventouses -imperméables de coloquintes

-c’est de la drogue! -des gourdes de schtroumpfs -des protèges panaris -des poires de lavement -chrysalides d’insectes -pour protéger les fruits et les empêcher de grossir et les faire mûrir parce que les japonais les préfèrent ainsi. -moules à gâteaux -des placentas de souris qui redonnent de la vigueur sexuelle aux hommes qui en ont besoin

-des nez de clowns -des aspire-morve pour gamins -boules anti-stress -en décoration, les trous sont fait pour remplir d’eau -pour faire des guirlandes lumineuses -faire un souvenir pour prendre la photo -pour mettre des petites fleurs au milieu -recommandation: poursuivre l’expérience avec du sucre soufflé -pour faire chanter ceux à qui on pose


la question -un piège à guêpes -un mec de Durex qui a pété un boulon -un moule en négatif -un doudou parce que c’est doux -boucles d’oreilles -marionnettes à doigts -une pompe à parfum -moulage de pommes et poires en latex pour critiquer les fruits vendus en grande surface: peau = plastique -un implant mammaire percé -des ballons dégonflés -un cucurbitacé séché avant de le toucher -la nourriture que l’on mangera plus tard quand il n’y aura plus rien d’autre -mues de fruits mutants (transgénique) -pour faire des sorbets à la poire ou à la pomme -pour mettre le doigt dedans parce qu’il y a un trou -balles de ping-pong fondues -capotes pour lucioles -des mues de nerfs optiques avec le globe -une bourse à kyste -des capotes à testicules

-des pustules séchées -c’est du caramel -un verre -un faux ongle -il y a un trou, c’est pour mettre quelque chose dedans -des chutes de matière première d’usine -une crotte de nez -un bateau de fourmi avec une voile -un champignon -une toque, et dans l’autre sens ça fait un béret -vous lancez un nouveau produit, c’est une enquête d’opinion -une trompe d’éléphant -une arme de guerre -une offrande pour Bouddah -un emballage sous vide de poire -un moule à bonbons -un test à alcool -protège les fruits des pesticides -des nouvelles boules quiès -des pots pourris -moules d’oreilles de shrek -une ébauche ratée d’une marionnette d’extraterrestre -dosettes à gnole -pour mettre des huiles essentielles

-des chips ratées: l’huile a été remplacée par un truc bizarre -des pelures de fruits OGM -des capuchons de stylos -des préservatifs XXXXS -c’est un arbre que tu as créé et qui fait des fruits bizarres -ça sert à rien -des balles de jonglage pour débutant pour pas se faire mal quand elles tombent sur les pieds -des k-ways pour doigts de pieds -un truc pour faire fuir les gens qui ont pas d’imagination -emballage de compote de pommes et poires -moules de fruits en pâte d’amande -pour protéger les fruits du gel -à la base c’est une envie de bidouiller, de créer par envie, sans savoir ce qu’on va faire, et c’est une fois réalisé que l’idée de le soumettre aux gens est venue -une tétine -pour un rat qui a un problème de reins -on dirait du calamar -une coloquinte gluante -ce sont les fruits de l’arbre à latex


COMMERCE ÉQUITABLE - 2009 Dans l’histoire du Mexique, les civilisations pré-hispaniques comme les Mayas et les Aztèques utilisaient traditionnellement les fèves de cacao comme monnaie d’échange. J’achetais des fèves de cacao, et rencontrant des gens au hasard de mon voyage au Mexique, je leurs proposais de m’échanger une poignée de fèves contre ce qu’ils voulaient, de préférence léger et/ou utile afin de les ramener facilement dans mon sac à dos.


une bouteille d’eau une carte de Oaxaca

un couteau suisse deux préservatifs

un collier un livre de contes asiatique et un bracelet

une carte de métrobus un bracelet


GLOBALMÉXICO - 2009


GLOBALMÉXICO - 2009 En Mésoamérique, les peuples pré-hispaniques pratiquent depuis plus de 3000 ans le jeu de balle, qui consiste en l’affrontement de 2 équipes de joueurs sur un terrain, une balle en caoutchouc (le caoutchouc est la sève extraite de l’hévéa, un arbre originaire d’Amérique) et un anneau de pierre disposé verticalement accroché à un mur. La trajectoire de la balle lors de cérémonies représente la course du Soleil qui ne devait pas s’arrêter. L’issue du jeu a parfois permis de calmer ou trancher des débats et conflits politiques sans passer par la guerre. Le terrain était alors un grand espace, en forme de « I » majuscule. Dans cette installation, celui-ci prend cette fois une forme étriquée: la cour intérieure d’un immeuble de 5 étages qui ne voit pratiquement jamais la lumière du jour, et un anneau accroché à son sommet probablement inaccessible. Ici, c’est un pneu de voiture en caoutchouc industriel qui fait office d’anneau. Le bâtiment se situe dans la banlieue de México d.f., où s’entassent quantité de migrants des campagnes

et d’Amérique Centrale, pour certains descendant actuels de ces peuplades pré-hispaniques. Globalméxico est leur nouvel horizon.


19/12/09 Le mangeur ĂŠmancipĂŠ (pour 100 personnes)


MENU - X litres d’eau potable du robinet - 15 kilos de pommes de terre - 7 kilos de navets - 7 kilos d’oignons - 5 bottes de poireaux - 5 kilos de gigot d’agneau - 3,5 kilos de côtelette de boeuf - 2 choux - 1 kilo d’échalotes - 1 kilo d’ail - 1 kilo de noix - 4 citrons jaunes - 500 grammes de miel - 100 grammes de curry - 70 grammes de sel - 20 grammes de thym - 20 grammes de cumin - 10 brins de romarin - 10 brins de sauge Bon appétit




Perdu/trouvé - 2007 Poire type conférence dimensions: environ 17,5 x 7 x 6 cm Ces dimensions correspondent au calibre idéal d’une poire sur le marché français.


Étant donné a) le latex pré-vulcanisé b) les moyens de l’époque Installation dans une vitrine du musée paléolithique de Laugerie Basse, Dordogne, France latex, environ 8 cm chaque moule 2008

J’ai réalisé des copies de sculptures et pierres taillées que l’on considère, avec les peintures rupestres, comme les premiers objets d’art et d’usages: La dame à la capuche de Brassempouy pour la plus connue, est parmi les plus anciens visages façonnés de l’humanité découvert à ce jour (-20 000 ans environ). J’ai ensuite coulé du latex liquide dessus puis l’ai démoulé. Ce sont ces matrices habituellement transitionnelles qui m’intéressaient. Produites préalablement à un voyage dans le sud-ouest de la France, lieu d’abondantes découvertes paléo-anthropologiques, je les ai par la suite installé dans les vitrines du musée du site paléolithique de Laugerie Basse en Dordogne, au milieu des autres objets exposés. Nuançant la valeur temps, ces «moules préhistoriques» ont alors contaminé les autres pièces montrées, révélant leur nature de copie en résine.


ANNECY-MONTPELLIER Les objets de la distance

ANNECY-MONTPELLIER The objects of distance

ANNECY-MONTPELLIER Los objetos de la distancia

Je suis parti ce matin 25 février 2008 à 10h30 au péage sud de l’autoroute à Annecy. Après avoir attendu une trentaine de minutes, une femme me prend jusqu’à Chambéry. La trentaine, au chômage, elle se rend là-bas pour une réunion. J’avais acheté auparavant un petit canif en porteclef. Je lui propose de troquer cet objet contre ce qu’elle veut. D’abord étonnée devant l’étrangeté de la proposition, elle accepte et une fois arrivés sort de son coffre une boite tupperware rose qui d’après ses dires sert à ranger une pomme. A Chambéry, j’attends bien 2 bonnes heures, en mangeant un sandwich vite avalé tout en continuant à tenir mon panneau. Puis je me fait prendre par un jeune de 25 ans, teint mat, parfumé, qui travaille pour une grande compagnie de machineries électriques. Nous nous découvrons une connaissance commune d’Aix-les-bains. Le paysage défile vite dans cette voiture aseptisée qui sent le caoutchouc neuf. Il m’échange ma boite contre une paire de lunettes de soleil fashion encore dans l’emballage. A Grenoble, à peine déposé que 2 minutes après une voiture s’arrête.

I left this morning February 25, 2008 at 10:30 at the south toll of the highway in Annecy. After waiting about thirty minutes, a woman takes me to Chambéry. About thirty, unemployed, she is going there for a meeting. I had previously bought a small knife key-ring. I offered to swap the object for what she wants. First surprised with the strangeness of the proposal, she accepts, and once arrived, takes out of her boot a pink tupperware box used to store an apple according to her. In Chambéry, I wait more than 2 hours, eating a sandwich quickly swallowed while continuing to hold my sign. Then I am picked up by a 25 year old man, olive complexion, perfumed, who works for a big company of electrical machinery. We find a common acquaintance of Aix-les-Bains. The landscape unfolds fast in that car that smells of new rubber. He trades my box for a pair of fashion sunglasses still in the package. In Grenoble, barely dropped when just 2 minutes after a car stops. This is a man of forty, moustache and goatee, he takes me to Valence. We go via the trunk road. Former soldier, he owns a farm in Ardèche.

Salí hoy 25 de febrero 2008 por la mañana, a las 10h30 en la caseta súr de la autopista en Annecy. Después de unos treinta minutos de espera, una mujer me lleva hasta Chambery. Tiene unos treinta años, desempleada, está yendo allí para una reunión. Anteriormente, había yo comprado, antes de salir una navajita en llavero. Le propongo de trocquearle este objeto por lo que quiera. Al principio sorprendida por el extraño de la propuesta, acepta y, cuando llegamos, saca de su cajuela una cajita «tupperware» rosa que, según ella, sirve para guardar una manzana. En Chambery, espero como 2 buenas horas, comiendo mi sandwich, rápidamente tragado mientras sigo cargado mi letrero. Luego me lleva un joven de 25 años, moreno, perfumado, el cual trabaja por una empresa de maquinaria eléctrica. Charlando nos encontramos un conocimiento compartido de la ciudad de Aix-les-bains. El paisaje se desfila rápido en este coche aséptico que huele a hule nuevo. Me intercambia mi caja por unas gafas «fashion» todavía en su envoltura. En Grenoble, apenas dejo que 2 minutos después, un coche se para. Es un hombre de unos 40 años de edad, bigotes y barbita, me lleva hasta Valence. Tomamos la carretera federal.


C’est un homme d’une quarantaine d’années, moustache et barbiche, il m’emmène jusqu’à Valence. Nous passons par la nationale. Ancien militaire, il possède une ferme en Ardèche. Il me fait remarquer sur la banquette arrière une grosse glacière orange. Elle contient, me dit-il, un chevreuil cuisiné aux fruits rouges que des amis chasseurs ont tué la veille. Il me donne des recettes puis me raconte qu’il vient de passer 4 jours dans les Bauges avec des amis à se déplacer à l’aide de chiens de traineaux. Sur le tableau de bord une petite croix blanche et une icône de la vierge orthodoxe. Sa façon de rouler est beaucoup plus tranquille que la voiture précédente. Je renouvelle ma demande. Le voyant hésiter, je lui explique que son objet est destiné à la prochaine personne qui me prendra en stop et lui demande alors de choisir quel cadeau j’aurais à charge de transmettre. Après avoir cherché autour de lui, il m’échange la paire de lunettes contre un petit personnage vert en mousse expansée à tête de pomme à lunettes. Désolé de ne pouvoir m’offrir mieux, il me donne avant de se séparer une branche de lauriersauce, une mandarine pour faire un petit en-cas, et 2 euros pour me payer un café plus tard. Je m’installe cette fois juste à côté des barrières de péage avec mon panneau.

He points out to me on the back seat a large orange coolbox. It contains, he said, a roebuck cooked with red fruits that hunter friends killed the day before. He gives me recipes and tells me he had just spent 4 days in Bauges with friends travelling with sled dogs. On the dashboard a little white cross and an icon of the Orthodox Virgin. His way of driving is more calmer than the previous car. I renew my request. Seeing him hesitating, I explain to him that his object is meant for the next person who will take me hitchhiking and so ask him to choose what gift I would have to take to pass on. After looking around him, he trades me the glasses for a small green expanded foam character with an apple head with glasses. Sorry nor to be able to offer me better, he gives me before we leave each other a branch of bay leaves, a mandarin for a little snack, and 2 euros to buy me a coffee later. This time I sit right next to the toll gates with my sign. Fifteen minutes later a 25-30 year old young woman picks me up. She is going to Montpellier. She is coming from Aix-les-Bains, where her boyfriend lives. Currently unemployed, she has a catering background. She has a daughter of eight years. We stop at a highway rest area where she buys me a coffee, and I explain to her, like all others, my plan to barter.

Antes militar, ahora es dueño de un rancho en Ardèche. Me hace notar que hay en el asiento de atrás una gran helera naranja. Contiene un corzo guisado con frutos rojos que amigos cazadores mataron ayer. Me da recetas y me cuenta que acaba de pasar 4 días en las Bauges con amigos en una traviesa con perros de trineo. Sobre el tablero, una crucecita blanca y un icono de la virgen ortodoxa. Su manejo es mucho más suave que el coche precedente. Reitero mi pedido. Viendo que dudaba, le explico que el objeto del canje es destinado a la próxima persona que me tomara en coche y además, le pido elegir cual regalo me encargará transmitir al siguiente. Después de haber buscado en su alrededor, me intercambia las gafas contra un pequeño personaje verde, de goma expandida con cabeza de manzana y lentes. Lamentándose de no poder ofrecerme algo mejor, me da antes de separarnos, una ramita de laurel, una mandarina, y 2 euros para que me tome un café mas tarde. Esa vez me apuesto al lado de la barrera de peaje con mi cartel. Un cuarto de hora después una mujer de unos 25-30 años me recoge. Va a Montpellier. Llega de Aix-les-bains dónde vive su compañero. Por el momento está desempleada, hace una formación en la restauración. Tiene una hija de 8 años de edad. Nos detenemos en una área de autopista. Me ofrece un café, y le expongo, como a los anteriores, mi proyecto de intercambio. La idea parece gustarle, y ella me cambia el personaje-manzana por un perrito en peluche marrón de llavero perteneciente a su hija.


Un quart d’heure après une jeune femme de 25-30 ans me prend. Elle va à Montpellier. Elle revient d’Aix-les-bains, où son copain habite. Actuellement au chômage, elle a fait une formation dans la restauration. Elle a une fille de huit ans. Nous nous arrêtons à une aire d’autoroute où elle me paye un café, et je lui expose, comme à tous les autres, mon projet de troc. L’idée semble lui plaire, et elle m’échange le personnage-pomme contre une petite peluche marron de chien en porte-clef appartenant à sa fille. Arrivés en centre ville, nous tournons un moment en voiture à chercher la rue dans laquelle mes amis habitent, grillant quelques feux au passage, mais faute de trouver, elle me dépose finalement à la gare. Là, ne pouvant leur téléphoner car les cabines étaient toutes hors-service, je demande mon chemin au tabac-presse. J’arrive chez mes amis vers 20h. Je leur offre mon objet de déplacement, et leur conte son histoire...

The idea seems to please her, and she trades me the small apple character for a brown plush dog key ring belong to her daughter. Arriving in the town center, we drive around for a moment in the car looking for the street where my friends live, going through stoplights at the same time, but not finding, she finally dropped me off at the station. There, cannot phone them because the telephone booths were all out of order, I ask my way in the newsagent’s. I arrive at my friends’home around 8 pm. I offer them my last-obtained object, and I tell them its story ...

Llegando al centro de la ciudad, dimos vueltas buscando la calle dónde viven mis amigos, pasando, con la roja algunos semáforos. Al final, por no haber encontrado la dirección, me deja a la estación de trenes. Aquí, sin poder llamarlos por teléfono porque las cabinas estaban todas fuera de servicio, pregunto mi camino en un quiosco de diarios. Llego a casa de mis amigos a eso de ocho de la noche. Les regalo mi objeto de desplazamiento, y les cuento su historia....





LE RETOUR DES COURGES ou LE JARDIN PLANÉTAIRE

THE PUMPKIN RETURN Or THE GLOBAL GARDEN

LA VUELTA DE LAS CALABAZAS o EL JARDÍN PLANETARIO

Cela fait maintenant bien 2 semaines qu’il pleut tous les jours. Nous sommes déjà le 5 juin 2008, et je ne sais quand ça va s’arrêter. Je me décide à commencer malgré le mauvais temps. Sur une carte IGN de la région que j’ai achetée, j’ai tracé une flèche qui part de chez moi (LOVAGNY) et dont la pointe arrive au Rhône, en direction de l’Ouest. C’est sous la pluie que je pars planter mes deux premiers plants de courge que j’avais auparavant fait démarrer chez moi, et que je transporte à l’intérieur de mon sac à dos qui comporte une pelle, une bouteille d’eau, et des gants. Le premier plant dans un tas de fumier ne présente pas de difficulté, quant au deuxième, c’est dans une clairière dans la forêt, suivant l’itinéraire tracé que je me rends pour le planter.

It has now been raining every day for 2 weeks. We are already in June, the 5th, and I don’t know when it is going to stop. I have decided to begin in spite of the bad weather. On an IGN(NATIONAL GEOGRAPHIC INSTITUTE) map of the region which I have bought, I have drawn an arrow which leaves from my home ( LOVAGNY) and whose tip arrives at the Rhône, in the direction of the West. In the rain I leave to plant my first two plantations of pumpkin that I had previously started at home, and I transport them inside my backpack which contains a shovel, a bottle of water, and gloves. The first plantation in manure does not present difficulty, and for the second, it is in a clearing in the forest, following the drawn itinerary that I go to plant it.

Hace ya 2 semanas que llueve todos los días. Estamos a 5 de junio 2008, y no sé cuando parará. Decidí empezar a pesar del tiempo malo. Sobre un mapa de la región, tracé una flecha que arranca de mi casa (LOVAGNY), y va con la punta hasta el Ródano, en direccíon del oeste. Es bajo la lluvia que me voy a plantar mis dos primeros plantones de calabaza que hice germinar días antes en casa, y que llevo en mi mochila con una palita, una botella de agua, y guantes. El primer plantón lo enterré en un montón de estiércol y no presenta dificultad, y el segundo lo planté en un claro del bosque siguiendo el itinerario trazado.

2ème excursion, le 6 juin: c’est sous les cordes que je traverse discrètement une propriété privée surveillée par un labrador pour aller de l’autre côté d’un champ de blé, où j’installe ma plante après avoir

2nd excursion, on June 6th: it is in the pouring rain that I cross discreetly a private property watched by a Labrador dog to go to the other side of a wheat field, where I install my plant after having cleared and dug the land.

2nda excursión, el 6 de junio: Llovía a mares cuando crucé discretamente una propriedad privada vigilada por un perro labrador, para ir del otro lado en un campo de trigo, dónde puse mi plantón después de desbrozar y cavar.


défriché et creusé. 3ème excursion, le 8 juin: Enfin un jour meilleur, sans soleil certes, mais sans pluie non plus. Deux courges de plantées aujourd’hui, dont je reporte l’emplacement sur ma flèche, et référence la position GPS de chaque pied grâce à un site internet de cartes géographiques. 4ème excursion, le 10 juin: Je franchis de nombreuses clôtures, cottoyant tantôt les vaches dans les champs, tantôt les zones industrielles et zones d’habitations. Ca fera six croix de notées pour cette seule journée.

3rd excursion, on June 8th: finally a better day, without sun sure, but without rain either. Two pumpkins planted today, whose position I indicate on my arrow, and I mark the GPS position of every plant thanks to a map website.

3era excursión, el 8 de junio: Por fin un día mejor, sin sol, pero sin lluvia tampoco. Dos calabazas plantadas hoy, de las cuales apunto las situaciones geográficas GPS de cada plantita sobre mi flecha gracias a un sitio de mapas en internet.

4th excursion, on June 10th: I go over numerous fences, mixing sometimes with cows in fields, sometimes industrial estates and housing areas. There will be six crosses noted for only this day.

4rta excursión, el 10 de junio: Atravieso varios alambrados, cruzando tropas de ganado en los campos, zonas industriales y de viviendas. Son ya seis cruces anotadas sólo hoy.


5ème excursion, le 12 juin: Toujours plus à l’Ouest. Je poursuis le voyage, qui est autant le mien dans le principe de réalisation de cette action que celui de la courge que je ramène de manière abstraite dans son lieu d’origine, la flèche indiquant l’Amérique Centrale. La cinquième et dernière courge pour ce jour me fait emprunter un sentier de forêt sur une petite montagne. 6ème et ultime excursion, le 14 juin: De l’autre côté, la pointe de la flèche. Alternance entre la forêt, les champs de vigne, un stade de foot et la limite du Rhône. C’est à cet emplacement où j’ai planté qu’est stocké de gros tas de fumier par le paysan, et où je découvre par une coïncidence troublante de beaux pieds de courge en train de pousser.

5th excursion, on June 12th: always more to the West. I continue the journey, which is as much mine in the principle of carring out this action as that of the pumpkin that I return in an abstract way to its origin place, the arrow indicating Central America. The fifth and last marrow for this day makes me take a forest path on a small mountain. 6th and last excursion, on June 14th: on the other side, the arrow tip. Alternation between forest, vineyards, a football stadium and the limite of the Rhône. It is in this place where I planted, that big piles of manure have been stocked by the farmer, and where I discover by a disturbing coincidence beautiful pumpkin plants growing.

5ta excursión, el 12 de junio: Siempre más al oeste. Sigo mi viaje, en el principio de la realización que es tanto el mío como el de la calabaza que llevo, de manera abstracta, hacia su propia origen: la flecha materializada por los plantones, apunta hacia América Central. La quinta y última calabaza de hoy me lleva por un sendero del bosque de una pequeña montaña.

6ta y ultima excursión, el 14 de junio: Del otro lado, en la punta de la flecha. Alternando bosques, campos de viñas, un estadio de fútbol y el límite del Ródano. Es en este lugar que planté la última plantita, que encontré por asombrosa coincidencia sobre el estiércol amontonado por un agricultor, hermosas germinaciones de calabazas creciendo.



LE PANTALON

THE PAIR OF PANTS

Le 28 juillet 2009 nous partons pour Todos Santos, petit village à 2500 m d’altitude perdu dans la cordillière des Cuchumantanes dans une camionnette collective surchargée comme à chaque fois (24 personnes pour 16 places). Nous nous faisons déposer au croisement de 3 caminos, et plutôt que d’attendre 2 heures le prochain collectif jusqu’au village, nous choisissons de faire du stop, et pour 10 quetzales chacun (ici l’autostop se paye), John et moi nous retrouvons à l’arrière d’un camion de chantier, assis entre moellons, tuiles d’argiles et sacs de ciment. Les sacs sur le dos nous faisons notre entrée. Un couple suisse rencontré vers le rio Dulce dans le nord du pays nous a parlé de ce lieu, où vit depuis 15 ans un autre suisse marié avec une femme de la communauté Mames, du nom des habitants de ces montagnes. Il loue quelques chambres dans sa maison, nous nous lançons donc à sa recherche. Dans un virage, nous demandons notre chemin à une tienda. L’homme prend énormément de temps pour les explications, nous raconte qu’il aime parler avec les personnes venues d’ailleurs, qu’il a vécu 2 ans aux ÉtatsUnis à changer ses habitudes alimentaires, vestimentaires et de vie en général face à des personnes très différentes venues du monde entier, et c’est ce qui lui donne cette facilité d’ouverture et de parole avec les étrangers. Il s’appelle Roberto. À force de questions-réponses j’en viens à lui raconter que je suis étudiant en école d’art en France. Il me demande alors combien je voudrais être payé pour repeindre la devanture de son magasin. Surpris, je lui dis que je n’en sais rien, je n’ai jamais fait ça au guatemala et je ne sais pas combien un peintre demande pour ce travail ici. Nous convenons de mon retour le soir même pour en parler. Installés dans les chambres et enfin un peu reposés, je retourne le voir en fin de journée. Nous tombons finalement d’accord sur un échange: je lui ferai une peinture expliquant qu’il donne des

On July 28th, 2009 we leave for Todos Santos, a small village at an altitude of 2500 m lost in the cordillera of Cuchumantanes in a minibus overloaded as every time (24 persons for 16 places). We are dropped off the crossroads of 3 caminos, and rather than wait 2 hours for the next minibus up to the village, we choose to do hitchhiking, and for 10 quetzales each (here hitch-hiking is not free), John and I find ourselves in the back of a construction site truck, sitting between breeze block, clay tiles and bags of cement. With our bags on our back we make our entrance. A Swiss couple met around the Rio Dulce in the North of the country spoke to us about this place, where an other Swiss man has lived for 15 years married to a woman of the Mames community , Mames is the name of the people of these mountains. He rents some rooms in his house, we set out to look for him. In a bend, we ask our way in a store. The man takes a great deal of time to explain, tells us that he likes speaking with people frm other places, that he lived 2 years in the United States learning to change his food, clothing and living habits confronted with very different persons coming from the whole world, and this is what gives him this open approach to foreigners. His name is Roberto. In the course of the conversation, I tell him that I am a student in an art school in France. He asks me then how much I would like to be paid to repaint the frontage of his store. Surprised, I tell him that I don’t know, I have never done that in Guatemala and I don’t know how much a painter asks for this work here. We agree that I will return the same evening to speak about it. Settled in rooms and finally a little rested, I return to see him at the end of the day. We finally come to an agreement on an exchange: I shall make for him a painting explaining that he gives sewing


cours de couture et qu’il répare également tout type de marques de machines à coudre, en échange de quoi il me fera un pantalon traditionnel sur mesure aux bandes verticales rouges et blanches, porté sans exception ou presque par tous les hommes dans ces montagnes, du jeune garçon de 5 ans au vieillard de 70 ans. Je me met au travail le lendemain matin. Au Guatemala, mais au Mexique également, on pourrait résumer une bonne part de la création artistique par ARTISTE = PEINTRE. Je me suis donc prêté au jeu, et bien que ma pratique artistique habituelle utilise peu cette technique, me voilà peintre professionnel, demande à laquelle j’avais déjà répondu dans un appartement de la capitale de México ainsi que dans une communauté zapatiste au Chiapas. Pendant 3 jours je me rends donc au magasin de Roberto et peints sa devanture. Je manges avec lui, sa femme et ses enfants le plat de base, riz et haricots noirs moulus avec des tortillas de maïs. Il me parle en espagnol, les échanges qui se font avec sa famille sont en langue indigène que je ne comprends pas. Pendant la réalisation, de nombreux curieux viennent me voir, me demandent ce que je vais faire, on me propose à 2 reprises de repeindre d’autres magasins, offres que je décline puisque je suis avant tout en voyage, et que mon intérêt réside surtout dans cet étonnant échange culturel, tradition contre réclame aux lettres psychédéliques issues d’une histoire plus occidentale. Le troisième jour, sa femme m’adresse enfin la parole et je découvre alors qu’elle parle également espagnol, contrairement à ce que j’avais cru au début. Dans la matinée, il faut à Roberto un peu plus de 3 heures pour me confectionner mon pantalon tandis que j’achève la peinture. Je profite des derniers instants pour me promener au marché avant de récupérer mon pantalon terminé, mes affaires, et en passant devant l’hôtel on me propose une fois de plus -dans le cas où je voudrais revenir l’année suivante- de repeindre toute la façade contre l’hébergement gratuit. 15h30, nous partons dans le dernier car de transport de la journée.


lessons and that he also repairs every brand of sewing machine, in exchange for which he will make me a pair of customized traditional pants in red and white vertical stripes, worn without exception or almost by all the men in these mountains, from the 5 year old boy to the 70 year old man. I start working the following morning. In Guatemala, but in Mexico also, we could summarize a good part of artistic creation by ARTIST = PAINTER. So I have decided to enter the spirit of the game, and although my usual artistic practice does not use this technique much, here I am a professional painter, a request which I had already answered in an apartment in the capital of MÊxico as well as in a zapatista community in Chiapas. For 3 days I thus go to Roberto’s store and paint his frontage. I eat with him, his wife and their children the basic dish, rice and black beans ground with corn tortillas. He speaks to me in Spanish, exchanges with his family are in the native language which I don’t understand. During the painting work, many curious people come to see me, they ask me what I am going to do, twice I am asked to paint other stores, offers that I decline because I am above all in travelling, and because my interest is especially in this surprising cultural exchange, tradition for an ad using psychedelic letters coming from a more western history. The third day, his wife finally speaks to me and I discover she also speaks Spanish, contrary to what I had believed at the beginning. In the morning, it takes him a little more than 3 hours to make me my pants while I finish the painting, and spend the last moments walking in the market before getting back my belongings and leaving the place on the last coach of the day. I get finally my finished pants, call in the hotel where they approach me one more time - in case I would like to come back next year- to repaint all the front of the hotel for free accomodation. At 3:30 pm, we left.


EL PANTALÓN El 28 de julio 2009 partimos hacia Todos Santos, pequeño pueblo situado a 2500 m de altura sobre el nivel del mar perdido en la cordilliera de los Cuchumantanes en un colectivo sobrecargado como cada vez (24 personas por 16 asientos). Nos hacemos dejar al cruzero de 3 caminos, y mejor que esperar durante 2 horas la llegada del colectivo que va hasta el pueblo, eligimos hacer raite, y por 10 quetzales cada uno (aquí el aventón se paga), John y yo nos encontramos detrás de un camión de obra, sentados entre bloques de concreto, tejas de arcilla y saco de cemento. Las mochilas sobre la espalda, hacemos nuestra entrada. Una paraja suiza que conocimos cerca del río Dulce, en el norte del país, nos han hablado de ese lugar, dónde vive desde hace 15 años un otro suizo casado con una mujer de la comunidad Mames, el nombre de los habitantes de estas montañas. Nos dijeron que alquíla unos cuartos en su casa, por lo tanto nos ponemos en su búsqueda. En una curva, preguntamos nuestro camino en una tienda. El hombre toma tiempo en explicarnos, nos cuenta primero que le gusta platicar con personas de otros lugares, que él ha vivido en los Estados Unidos cambiando sus habitos de comida, de vestir y de vida en general en contacto con personas muy diferentes venidas del mundo entero, y es esto que le da esta apertura y facilidad de palabra con los extranjeros. Se llamá Roberto. A lo largo de la platica, empecé a explicarle que soy estudiante en una escuela de arte en Francia. ¡Entonces él me pregunta cuanto cobro para pintar la pared delantera de su tienda! Sorprendido, le digo que no sabia porque nunca lo he hecho en Guatemala y no sé cuanto pide un pintor por ese trabajo. Convenimos en que iba a volver más tarde para hablar de esto. Una vez instalados en los pisos, y por fin, tomando un poco descansado. Vuelo a la tienda en el fin del día. Al fin y al cabo nos pusimos de acuerdo sobre un intercambio: le haré un mural promoviendo que da taller de costura y hace reparaciones de todo tipo de marcas de máquinas de coser, en cambio de que me hará un pántalon tradicional regional sobre medidas con telón de bandas verticales rojas y blancas. ¡Lo traen puesto, casi sin excepción, todos los hombres en estas montañas! desde los niños de 5 años hasta los

ancianos de 70 años. Empecé el trabajo la mañana siguiente por la mañana. En Guatemala, pero en México igualmente, se podria symbolisar la mayor parte de la creación artística por ARTÍSTA = PINTÓR. Entonces me presté al juego, aunque mi practica artística habitual casi no pasa por esta técnica, Aquí, me pongo el papel de pintor profesional, cosa que ya me habian pedido en una colonia del D.F. y en una comunidad Zapatista en Chiapas. Así que durante 3 días iba a la tienda de Roberto y hacia yo su murál. Comía con él, su mújer y sus niños, el plato de base, -o sea- arroz con frijoles negros molidos y con tortillas. El me habla en español, pero los diálogos con su familia son en idioma indígena que no entiendo. Durante la realización del mural, numerosos curiosos vinieron a observarme, preguntandome lo que estoy haciendo, en 2 ocasiones me pidieron si pudiera repintar otras tiendas, ofertas que declino porque, ante todo, estoy de viaje y que mi intéres se enfoca sobre todo en ese sorprendente intercambio cultural: tradición por propaganda -con letras psicodélicas eligidas por mi iniciativa resultante de una historia más occidental-. El tercer día, su mújer me dirijo la palabra por primera vez y descubrí que hablaba támbien el español, sorprendiendo mi primera impresión. Por la mañana, le tomó un poco más de 3 horas para confeccionar mi pantalón mientras acababa el murál. Pasé mis últimos momentos en Todos Santos paseando en el mercado antes de recuperar, por fin, mi pantalón terminado. Paso al hostal dónde me vuelven a proponer -en el caso en que quisiera volver el proximo año- repintar toda la fachada del hostala cambio del hospedaje gratuito. 15h30, nos vamos en el último colectivo del día.



Une politique de la réappropriation et de la circulation Je suis pour une politique de la réappropriation mais sans nier l’origine, elle doit même être connue et reconnue pour pouvoir l’interpréter, qu’il s’agisse d’un concept, d’un objet qu’on transfère d’une culture à une autre, d’un domaine à un autre, cela peut aussi s’appliquer à un organisme vivant ou un matériau. Ainsi des briques rouges me servant de socle à une maquette sont là pour rappeler l’architecture imitée. Ou c’est la forme qui induit une origine: une botte de paille rectangulaire évoque peut-être la campagne, mais elle évoque aussi son conditionnement par une machine, donc son origine et un indice d’observation d’une société. J’aime osciller entre endémisme et cosmopolitisme. Dans mon cas, mon art est lié à la vie. Connaître un lieu c’est se rappeler sa teneur, sa constitution, les plantes qui y poussent, sur quels sols. Les organismes vivants qui le fréquentent. Mais l’endémisme est aujourd’hui beaucoup affecté par les activités humaines. Directement quand des axes routiers, des barrages sont créés, modifiant des corridors biologiques, un paysage, des «conditions de départ»; ou indirectement à échelle parfois plus longue quand on découvre (ou plus exactement redécouvre) un nouvel insecte, une nouvelle plante ou un produit et ses conséquences et implications possibles. Dès lors qu’on lui donne un nom, quand bien même il en est déjà un utilisé par les locaux, cette chose se met à exister aux yeux de certains. Elle va exister pour celui qui le voit, mais aussi pour celui qui le sait. Cet organisme, cet objet, voire ce concept existe selon sa nature de manière géographique, historique et scientifique; il existe donc aussi de manière sociologique, c’est à dire dans son rapport avec l’Homme.


Multifonctionnalité et multiculturalisme Les cairns, ces amas de pierre d’élaboration humaine servant généralement à baliser un chemin ou commémorer un événement sont également utilisés en Mauritanie comme épouvantails à chacals, pour leurs similitudes anthropomorphiques par ailleurs évoquées dans d’autres langues: inukshuk par exemple, en langue inuktitut, parlé par une partie du peuple inuit, signifie «ce qui a la capacité d’agir comme un être humain». C’est une autre forme d’utilisation du cairn. Andy Goldsworthy a également érigé des cairns. Je ne parle donc pas des «ready mades» formés par Marcel Duchamp, choisi pour l’indifférence procurée, mais d’objets et d’idées avec des affects, sujets à observation et interprétation. Un objet peut passer d’un état industriel de consommation de masse à la même forme jugée et pensée artistiquement on le sait; un objet artisanal peut être révélé de manière artistique. Cependant On peut rajouter aussi qu’un objet d’art peut cesser de l’être et devenir une planche, une chaise, un lavabo. Il peut aussi basculer dans l’artisanat, si on le regarde autrement -soit qu’on l’interprète autrement- , qu’on le montre dans un autre contexte et qu’on l’utilise différemment. Ces frontières-là sont ténues ou poreuses. Entre sauvage et rationnel Voyager entre les signes, les codes et les identités ne relève donc pas uniquement de l’art contemporain, c’est le fait que l’art contemporain s’en empare cumulé à une mondialisation agissant comme une loupe laissant apparaître les détails qui nous fait voir ces formes comme neuves. Seulement, tout dépend de qui tient la loupe et ce qu’il pointe. Cette relativisation me permet de dire que des aller-retours sont possibles, et des glissements de genre sont possibles. Je décrivais ma pratique artistique comme liée à la vie, elle est donc liée à cette même instabilité, faite de passages d’un état à un autre, non pas de manière linéaire (contrairement au khronos qui ne permet pas le retour vers le passé, on ne peut pas revenir en arrière), mais sur plusieurs temps et plans à la fois. Elle est coussin, elle est toit, elle est socle. Elle est leur rapport, leurs confrontations. Elle est art, la mise en jeu de ces formes et de ces concepts, de leurs histoires. Bref, de ce qui les a précédé. On peut s’asseoir sur un socle, on peut brûler un livre pour se réchauffer. L’objet a une histoire sans l’Homme mais c’est l’Homme qui lui crée une histoire. Une autre possibilité serait de se situer sur une frontière floue, une zone marécageuse entre rationnel et sauvage, afin de mieux mesurer les degrés, être entre ces deux points. J’ai réalisé et je compte réaliser des remakes d’œuvres d’art, que je considère cependant comme de l’artisanat: le concept me plaît, je le sort de sa bulle artistique pour le mettre ailleurs: Au États-Unis, le groupe Fallen Fruits dresse des cartes de villes, répertoriant les arbres fruitiers comestibles et leur époque de cueillette puis organisent des récupérations nocturnes prenant la forme de trajets archivés à travers cartes, textes et photos. J’ai déjà agit ainsi. Penone a fait pousser des courges et des patates dans des moules, certaines productions industrielles également (des pastèques carrées). Je compte reproduire l’intention, en les déplaçant toutefois dans le domaine de l’artisanat.


Les capteurs compatibles Ces voyages, ces échanges sont effectués depuis des temps immémoriaux jusqu’à aujourd’hui. Certains initiés sur les hauts plateaux boliviens ont des pratiques aussi concrètes par exemple que d’aller dans le désert pour déterminer si les pierres qu’ils y trouvent sont mâles ou femelles, comme aurait pu/pourrait le faire un artiste contemporain. Les innovations, plus que des lieux ou des temps, ont des émetteurs puissants. Mais qui dépendent de capteurs compatibles. Directement sortis d’usine ou bricolés avec des grilles de barbecue ou des fourchettes, ce qui peut altéré légèrement leur lisibilité selon paradoxalement leurs lieux et temps (donc leur contexte). C’est en effet le public à qui il est adressé et le lieu de monstration ou parfois d’action qui est déterminant. Une chose peut être adressée aux dieux, aux esprits, aux hommes du futur ou à des spectateurs contemporains. Elle peut être issue de l’histoire de l’art, de l’art contemporain, de l’art populaire, être religieuse, artisanale, fonctionnelle ou relever de plusieurs à la fois. C’est en ce sens qu’on peut parler d’endémisme d’origine multiculturel, soit de cosmopolitisme. Ce sont des concentrés d’extériorité révélant certaines facettes du monde, actuel ou pas. Ce sont des zones de transit physiques ou imaginaires où se déplacent -peu importe que ce soit de manière contrainte, acceptées ou voulues- des organismes vivants, des objets ou des concepts d’un lieu à un autre. L’art contemporain et les autres mondes Les indigènes des communautés zapatistes du Chiapas ont coutume d’utiliser dans leur propagande le mot «caber» qui signifie «tenir dans», «contenir», «rentrer». «Queremos un mundo donde quepan otros mundos» , un de leurs slogans, signifie donc: «Nous voulons un monde où pourraient tenir d’autres mondes». L’art contemporain existe donc en même temps que l’art traditionnel, les œuvres-sources en même temps que les œuvres ayant pour référenciel telle ou telle culture. Je me vois comme un passeur, un relais, diffuseur et partageur d’information. Installé sur un écotone, ces zones de transition entre deux écosystèmes, je ne vois pas ce qui m’empêcherait d’utiliser la traduction, l’interprétation, puisqu’elle conditionne déjà tout échange, qui plus est commercial. Tout documentaire se présentant comme non-fictionnel a pourtant son propre référent culturel, ce qui ne l’empêche pas d’aller voir ailleurs, et c’est souvent son intérêt. Cependant la réappropriation ne doit pas aller jusqu’à nier l’origine, au risque de créer une forme vide. Peut-on dire pour autant que la seule fonction esthétique est une forme vide? Vide de sens, de signification. Ce pourrait être le cas des slogans, des symboles, d’une esthétique attribuée à un mouvement... que l’on retrouve sur des habits ou des produits de grande consommation. Ils sont détournés, traduits, et évoque à celui qui sait, qui en connaît l’existence et l’interprétation première ou celle qui en a été faite. Formes réellement vides ou bien à des degrés différents d’évocations? Ce sont déjà des débuts d’usages. Dans la série de dessins «Mapache», je recycle et rejoue des œuvres d’art qui m’interpellent ou que j’aurais aimé réaliser moi par un personnage interposé que je me suis créé, un raton laveur malicieux qui use et abuse de ces œuvres. Il les traduit justement, dans une orientation qu’il choisit et dont pour une fois il n’est pas victime et simple récepteur.


La diffusion et l’effacement Il y a d’abord une envie de me déplacer, de voir et de comprendre par moi-même. De faire moi-même. Une volonté un peu idéaliste peut-être de hiérarchiser et d’organiser mes propres connaissances du monde d’aujourd’hui. De propager des savoirs via la parole et les objets transportés. Semer dans le seminarium; mais aussi semer le seminarium. Des graines d’ailleurs. Il s’agit de partager l’information, les découvertes et prises de conscience issues des voyages physiques et imaginaires, je m’efforce de développer certaines possibilités d’agencements qui soient ajustables face aux structures mondialisantes de la communication humaine. Dans son livre «Mechatronic Circus», l’artiste mexicain Fernando Palma Rodríguez déclare: «Les mêmes forces qui menacent d’imposer l’homogénéité culturelle globale ont ouvert des fractures à travers desquelles les renaissances culturelles, les résistances des cultures aborigènes et néo-culturelles reformulent l’imagination contemporaine.» Les formes que je produis pointent ce même basculement: ce sont des réflexions sur l’interculturalisme, ses confrontations et ses incohérences dans un contexte de prétendue normalisation, d’aplanissement du monde par le gommage des particularismes. Désormais les distances sont complètement tronquées, amputées. La valeur temps qui les reliait au corps humain depuis fort longtemps a été progressivement mais fortement raccourcie. D’abord par la domestication animale, l’emploi de chevaux pour se mouvoir, la construction de moyens de transports fluviaux et maritimes, puis l’invention des machines comme le train, la voiture, l’avion,... Parallèlement, les transports de la pensée: le message scellé, le pigeon voyageur, la lettre, le ballon monté; puis le télégraphe, le téléphone et internet aujourd’hui font qu’une impression de plus en plus forte de finitude du monde est ressentie et partagée par beaucoup. La remise en question des limites de l’identité relationnelle Il y a ensuite la question de la langue. Découlent des décalages, des pertes d’informations, des imprécisions. La nécessité d’un choix de la justesse de traduction et de contraintes d’équivalence des sens des mots pouvant varier d’un idiome à l’autre, la taille des articles sur un même site multilingue... De la parole, certains sont passés aux actes. Commerciaux tout d’abord: continuation logique de la vente par correspondance, la vitrine mondiale que propose à faible coût le réseau internet permet aujourd’hui de vendre pratiquement n’importe quel produit de consommation, de l’alimentaire à l’outils, au dispositif de consommation lui-même, de la grande série issue de l’industrie à la plus précise spécification artisanale et personnelle en fonction du demandeur, aux produits tirant parti de l’abolition des frontières pour s’exporter dans des lieux physiques réels aux législations et normes pouvant différer du contexte originel de leur création. Sociaux ensuite: sites de rencontres amoureuses (meetic), d’affinités (facebook) ou d’hébergements (couchsurfing), annonce d’événements (culturels, sportifs, politiques,...),


manifestations variées (le phénomène des flash mobs par exemple), les occasions s’en trouvent multipliées. Cet éveil au monde, enivrant pour certains, qui y voient s’ouvrir un champ des possibles, s’en trouve effrayant pour d’autres, qui y voient eux aussi s’ouvrir un autre champ des possibles. La question n’est pas de trancher, de savoir si elle a lieu d’être, mais plutôt de comment se tenir prêt, penser les positions et propositions à adopter, les stratégies et angles d’attaque mettant en place une nouvelle économie de l’art et de la vie. L’autre étranger Mon travail cherche à pointer une certaine mondialisation des repères en s’attachant aux petits détails, il pose la question du rapport entre diversité culturelle et enjeux contemporains. Ainsi, il s’opère en prise avec le réel, et de cette base là, contextuelle, je tire des images, des histoires, des narrations. J’effectue des transformations de voyages que je diffuse et qui m’amènent à user de chemins détournés, indirects. Ce peut être des tracts, des photographies, des récits d’actions, des objets. Mais loin de m’éloigner, ces chemins détournés me permettent alors de prendre le temps d’aller à l’essentiel, c’est à dire qu’il me permettent de réfléchir à quel degré de naturalité les choses se situent selon leurs lieux et temps (la notion de travail, la vision de l’autre, qu’il soit humain ou animal, l’exotisme, le tourisme...) que ce soit par l’usage de matériaux bruts ou par l’approche des lieux de dialogues tels que les cases à palabres, ces lieux de discussions délibérément bas de plafond de sorte que l’on ne peut s’y tenir debout et qui sont utilisées dans le pays Dogon au Mali, équivalent par l’usage aux principes de l’agora, du parlement ou de la table ronde. Les modulations globuleuses des niveaux ou Des choses plus ou moins grosses L’économie de moyens qui régit mon travail est donc liée à une simplicité volontaire, un format souvent adapté à la diffusion, transportable, rapportable . J’agis dès lors comme un passeur, chasseur d’image et attrapeur d’idées, celles-ci circulant souvent aux alentours d’1m70 au dessus du niveau du sol, ce qui m’aide à les saisir plus facilement. Il faut bien dire que ce sera toujours de manière partielle, puisqu’elles s’étirent et existent sur plusieurs niveaux simultanément, dans peut-être ce que certains appellent la noosphère, un monde vaporeux, gazeux, superposé à notre monde physique réel. Je les transforme donc, les assemble et les réagence, leur trouvant une raison d’être. Ce sont des narrations données, des bribes d’histoires partagées impliquées dans le réel, une altermodernité, pour reprendre le terme de Bourriaud dans son livre «Radicant», qui réactive des récits et en enclenche de nouveaux parallèles à l’histoire globale. À la manière de Sysiphe cherchant à pousser un rocher jusqu’au sommet d’une montagne, mes propositions sont des tentatives souvent vouées à l’échec et à l’absurde par des choix d’action sur et autour des petits détails de la vie. Ainsi ces micro-utopies, ces microrécits ludiques et poétiques donnent corps à une certaine dérision et un certain recul envers les choses du monde, où je me fais spécialiste du pas-grand-chose, et du tout-à la-fois.


Des instruments de mesure adaptés mais provisoires Ces images arrêtées extraites de ma compréhension globale des dispositifs humains et terrestres m’amènent à utiliser souvent l’humour dans mon travail afin de rejouer cet «étant donné» scientifique et historique, cette hiérarchisation des savoirs communément admise qui peut s’avérer fortement induite par leur origine culturelle et leur temporalité. Ce sont des constats, des états des lieux que je fais entre impératifs anthropologiques et actualités de l’Humain, et dans lesquels je m’efforce de mesurer l’espace les séparant, me fabriquant mes propres instruments de mesure adaptés à cette fin et se réinventant sans cesse, en fonction de chaque situation nouvelle. De ces réflexions vient mon intérêt pour les lieux communs physiques de dialogues et débats d’idées aux pouvoirs décisionnels qui induisent un nivellement, une notion d’égalité positive qui permet la réflexion, l’individu fait l’effort d’intégrer le groupe tout en conservant son identité et son individualité propre. Ces lieux communs physiques sont cependant à différencier des lieux communs intellectuels, aplanissements négatifs qui empèchent l’émancipation de l’individu et entraîne une égalité des points de vue. Vous voyez, j’y étais La série de cartes postales intitulées «Vous voyez, j’y étais», série de photographies me représentant posant devant des lieux du monde entier reconnus pour leur importance historique ou culturelle, tenant en main un panneau au message éponyme relève de ceci également: ces images pré-cadrées, pré-enregistrées et pré-découvertes, charmes exotiques tenant bien évidemment du lieu commun car condensant une société, un système en quelques traits, crée un parasitage du dispositif touristique par la seule mise en valeur de l’intention touristique, celle du retour aux sources. Celui-ci se différencie de la vision de Diderot et des Lumières, ainsi que de celui d’intégration curieuse où l’on a d’abord civilisé puis faussement resauvagisé pour la mettre par la suite en spectacle comme lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1889 par la troupe de Buffalo Bill. Ce n’est pas plus celle dénoncée par Chris Marker et Alais Resnais dans leur court-métrage de 1953 «Les statues meurent aussi» et l’intérêt de l’époque pour «l’art primitif», mais celui plutôt d’une preuve rapportée, asseptisée aux couleurs d’un temps post-colonial se reconstruisant à travers une société de consommation touristique, souvenir acceptable car politiquement correct (N.B.:penser à en faire une sur la place Tian’anmen). La photographie de couverture de l’encart fait référence à celle de l’artiste belge Francis Alÿs, «Tourist». Le lieu, le cadrage, la pose et l’apparence vestimentaire que j’adopte là en font un remake, une parodie en même temps qu’un hommage à l’œuvre originale.



Des matériaux passerelles Mon travail entend provoquer la parole, soulever un message légué qui peut et qui doit être ravivé, reconduit. Je prends pour cette raison la liberté de modifier et d’influer moi-même sur les relations de l’échange. Mes matériaux sont connectiques, universels, transitionnels. Ils pourraient tout aussi bien être de la fibre optique, du câble, un tuyau, du bois, une pierre, un porte-clef, un texte ou une image: ce sont des vecteurs, des chemins de traverse, des maillons. Mes pièces tentent d’apporter des questionnements - à défaut de vraies réponses - sur des points aussi actuels et concrets que les recherches d’alternatives énergétiques, les contraintes naturelles, historiques et sociales, des solutions qui ne se voudraient pas forcément nouvelles, innovantes ou spectaculaires, mais adaptées au lieu et époque, d’un point de vue peut-être plus poétique. À mesure naissent des chaînes de connexions construisant des réalités temporaires, d’improbables et éphémères assemblages. Il s’agit d’une pratique fondée sur la précarité d’une action et laissant possible son renouvellement, sa reproductibilité. Elle se veut évolutive, améliorable, et ne vise pas à la permanence. Mes pièces pourraient être faites et refaites constamment tant que perdure leur potentiel intentionnel et d’efficacité (qui consisterait plus en des déclinaisons en réalité, car j’y intègre une évolution), leur nature artisanale n’en annule pas pour autant leur réplication possible ou voulue, comme c’est le cas de mes livres-objets par exemple. Partage d’exotismes Le petit livret intitulé «Partage d’exotismes», reprenant le titre de la biennale de Lyon de 2001 orchestrée par Jean Hubert Martin également à l’origine de l’exposition «Les magiciens de la Terre» en 1989, est signifiant de ce propos. Ce petit livre de 6,5 x 5,5 cm reprend quelques symptômes touristiques comme les photos-souvenirs de lieux culturels et esthétiques assemblées en accordéon, un objet de voyage qui se transporte et se ramène facilement. Mais contrairement au premier qui serait révélateur de la muséification d’un lieu, d’une conservation permanente visant à l’éternité des édifices historiques et particularismes régionaux représentés dans n’importe quel éco-musée, celui-ci s’insère dans un atemporalisme universel, cyclique, puisque le choix des images s’est fait dans le kairos, un temps commun de la prise de vue, le solstice d’été du 21 juin 2009. L’élection de cette date n’est pas anodine: c’est un jour spécial mondialement, astronomiquement et culturellement parlant. Il est le jour le plus long dans l’hémisphère nord, et le plus court dans la partie sud de la planète. «Solstice» vient du latin sol (soleil) et stare (s’arrêter). Ce sont donc des images arrêtées, un projet mis en place par internet et adressé à des individus que je connais tous personnellement qui se trouvaient alors chacun dans un pays différent, et dont les consignes étaient de prendre une photographie depuis la fenêtre de leur lieu de résidence à 14h ce jour là, les variations d’heures de prises de vue ne me dérangeant pas outre mesure, compte tenu du décalage horaire, mais aussi du fait qu’à la différence des équinoxes (où jours et nuits sont égaux), l’heure et le jour exact des solstices ne peut être déterminé qu’une fois l’événement passé par comparaison des résultats, les outils de mesure requis nécessitant d’extrèmes performances. Ce parti-pris est délibérément anecdotique: s’éloignant du cliché culturel ou esthétique, il peut illustrer aussi bien une normalisation qu’une différenciation et sert en réalité de prétexte à un échange. Il ne prouve donc rien, sinon sa propre existence.


Partage d’exotismes - 2009


L’intention est reproductible Comme je l’ai évoqué plus haut, mes productions sont transformables, agençables. Ma demande pourrait être réitérable avec d’autres gens et d’autres images, mais regroupées sous un thème commun. En 2000, l’artiste écossais Simon Starling réalise Rescued Rhododendrons, un sauvetage de ces arbustes dans la lande écossaise (considérés là-bas comme espèce invasive) où au XVIIIe siècle un botaniste suédois les a importé d’Espagne. Dans sa voiture de marque suédoise, il en rapporte 7 sur leurs terres d’origine. Le retour des courges ou Le jardin planétaire, que j’ai réalisé en 2008, bien que différent, comporte des similitudes dans ces processus. Les courges ont été planté sur un chemin imaginaire, une direction géographique précise et arbitraire tout en réussissant à jouer sur le potentiel poétique de l’instrument de mesure rigoureux qu’est le GPS. Des formes qui circulent Ainsi ce sont des objets à rêver, à voyager, à méditer. Ce sont des retransmissions suggestives et subjectives d’impressions de voyages, des bribes de perceptions dévoilant un rapport au monde non pas pré-existant mais en constante mutation, en constante reformulation. C’est la volonté d’ouverture au monde que recherche Siddartha, dans le livre du même nom d’Hermann Hesse, réécriture du mythe du Bouddah, où il l’oppose à ce dernier déjà engagé dans un chemin où il y a trouvé son inspiration. À l’inverse ce Siddartha là va chercher sa voie dans ses nombreuses expériences sans jamais se fier à un modèle ou une méthode qu’on lui aurait donné. Le voyage c’est aussi le souffle, la respiration. Le déplacement, l’éphémère, le transitoire. La rencontre de l’autre, l’individu, le groupe, l’ethnie. L’organique et l’inorganique. Il est un excellent moteur à la connaissance, la découverte et l’apprentissage, mais aussi pour en ramener des choses à voir. Pas forcément une image d’Épinal, un stéréotype culturel, mais quelque chose de régurgité, de retransmis par le biais d’une action, d’une histoire, d’un lieu, avant, pendant ou après, qui aura usé de plusieurs filtres, altéré.


Des points d’équilibres Mes pièces sont des réceptacles intentionnels, comme des fossiles, des traces qui témoignent de ce qui s’est passé. Les processus, textes, dessins et formes que je crée ont comme point de départ des découvertes rapportées et inscrites contextuellement. Elles sont des solutions locales à des problèmes locaux. Elles partagent un même monde mais elles se distinguent par leur inaptitude à répondre à d’autres attentes en d’autres lieux et temps. Ce sont des points d’équilibres, fragiles, provisoires, comme des côtes aux contours sans cesse remodelés par la mer. Ces formes sont des zones-tampon, des éponges s’imbibant et se rétractant. Elles ne peuvent être éternelles, puisqu’elles parlent de mouvements. Elles sont donc des traces passées d’adéquations momentanées. Montrées, elles font place à une mélancolie poétique, dans le sens où elles ont su répondre en leur temps, dans le kairos, au moment opportun, aussi difficilement identifiables avec exactitude que peut l’être le solstice, qu’on ne peut déterminer qu’une fois l’événement passé. Ces formes sont une collection, des inventaires de connaissances et d’objets étonnants et incongrus. Ces formes convoquent le passé puisque pour être exposées dans un espace physique, dans un livre, sur un support numérique, elles ont été tirées de la vie dont elles mentionnent l’existence. Elles ont eu une validité à un instant donné, une connexion s’est opérée, une passerelle s’est montée, reste l’enveloppe. L’histoire est racontée, décrite, et a vécu dans les processus que j’engage. On en trouve la trace également dans les objets et les dessins. Ils ne sont pas loin d’être colportés (les cartes postales et petits livrets-souvenirs sont des témoignages d’échanges, de voyages, une boutique de souvenirs touristiques transportable), au moins transportés, ou même transplantés, greffés. Le temps de. Le temps du passage, de l’action, que les choses soient possibles. Et que l’on sache que les choses ont été possibles en un point précis, localement. Et donc qu’elles peuvent être réitérées en les déplaçant de peu, d’un minimum poétique nécessaire à sa possible reformulation. Une forme s’essouffle mais ses intentions sont ajustables, circulatoires. Celles-ci peuvent être remises dans un cycle, dans une écologie de l’objet et de son histoire qui le fera passer d’un stade à un autre. On en découvre alors les mues.


Qui pousse le plus vite? - 2011 bois et plastique Une chaise d’arbitre surplombe des planches de semis. Compétition et rendement étant de rigueur, laquelle pourra prétendre à la meilleure croissance?


Caracoles de maíz - 2011 coquilles d’escargots, terre, maïs L’escargot se trouve rattaché à plusieurs images et symboliques. La lenteur d’une part, qui prend le temps pour faire les choses, en tout cas par rapport à l’Homme. La force, par la solidité de sa coquille, image reprise par les zapatistes pour désigner leurs regroupements de villages, car celle-ci croît vers l’extérieur tout en s’appuyant sur des bases solides. La liberté de mouvements, par l’extraordinaire possibilité de déformation et de rétractation de ses membres. Enfin l’escargot est la caravane, la maison nomade. Le maïs est une céréale servant de base à l’alimentation américaine, comme le blé en Europe ou le riz en Asie. Caracoles de maís, escargots de maïs en français, est une proposition poétique pour une réappropriation de la nourriture par son auto-production, elle sous-entend évidemment les évocations citées juste avant.


STAND - 2011 Des coquilles d’escargots remplies de terre et d’une graine surprise (maïs, radis ou petit pois) sont à vendre sur un stand. À côté le mode d’emploi: casser le dessous, mettre en terre, arroser régulièrement. Au dessus 5 ardoises encastrées dans deux bambous sur lesquelles sont écrites en 5 langues différentes (français, anglais, espagnol, russe et allemand) la même phrase: «Nous ne vendons rien que vous ne puissiez faire vous-mêmes».


That is Paradise 2011 installation de fausses plantes en plastique dissimulées dans la végétation.

Un couple. L’homme, sortant son appareil photo: - Oh, les belles fleurs! La femme: - Mais elles sont en plastique! l’homme, rangeant son appareil, déçu: - Ah.


Newton est sauf - 2011 intervention sur pommier À la manière des certains paysans malais qui attachent les fruits des durians à l’arbre pour ne pas se les faire voler, ici des fruits défendus à antivols pour mieux goûter au bonheur de ce jardin sans risquer la connaissance. durians d’après Francis Hallé, in «Plaidoyer pour l’arbre», éditions Actes Sud


Citius, Altius, Fortius - 2012 impression couleur, podium en terre Ceci est une proposition ouverte au Comité International des Jeux Olympiques d’intégrer comme nouvelle épreuve la traversée d’un massif montagneux avec un âne dans les environs de la ville où ont lieu des J.O. Les tests ont été effectués pendant une semaine sur le trajet Die - Villard-deLans par les haut plateaux du Vercors.


Antoine Perez antoineperez2007@yahoo.fr issuu.com/antoineperez -2014-


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