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ROCK LA KASBAH

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couverture : Photographe : Mous Lamrabat Stylisme : Lisa Lapauw Mannequin : Eliza Sys (chez Dominique Models) T shirt Mohammed, robe Tsumori Chisato, broche Sonia Rykiel, Sunglasses Miu Miu, bracelet Kenzo




édito Mouna Anajjar

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Dans son deuxième numéro de l’année, le MAG vous invite au voyage. Mais pas à UN voyage. Plusieurs ! A vitesses multiples, à visages multiples, emprunts de liberté et de contrastes. Une pérégrination de l’émerveillement, entre paillettes et crème solaire. Bohème et recueillement. Car vous seul déciderez d’emprunter les chemins papiers que l’on vous déroule, de presser le pas ou de ralentir la cadence, le temps d’une extase images… mots.

Le voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. Nicolas Bouvier “L’Usage du Monde”

Si elle débute par un état des lieux d’un secteur grippé en pleine mutation, notre expédition vous embarque ensuite à bord d’un yacht made in Morocco, ou dans des hôtels de rêve pieds dans l’eau. Dans les confins des paradis cachés d’un Maroc hors sentiers battus… Ou à contre-courant du tumulte des vacanciers, au plus près de belles initiatives alternatives. Pour découvrir un Marrakech autrement, ou un autre Marrakech Express, adresses indispensables en bandoulière. Puis, elle marque une pause et vous exhorte au calme, à la rencontre d’un marcheur vers l’éternel… En somme, Bon voyage ! Et à bientôt, pour d’autres aventures…



Mous Lamrabat & Lisa Lapauw Mous Lamrabat est né dans un petit village du Rif, au nord du Maroc. Enfant, il débarque en Belgique, avec ses parents et ses 8 frères et sœurs. Jusqu’à ses 23 ans, le milieu artistique lui était totalement étranger. Il est entré dans la Photo en immortalisant les clichés de sa famille, pour se rendre compte qu’il ne pouvait plus quitter son appareil. Lisa Lapauw est styliste, et c’est sur les plateaux d’un shooting en 2010 que nos deux compères se rencontrent. Le déclic est immédiat, ils ne se quitteront plus. Passion et vision communes, complémentarité idéale, parachèvent un crédo qui retentit à l’unisson :

“On essaie de ne pas se prendre au sérieux… Parce qu’au fond, ce ne sont que des vêtements et une photo, alors ce n’est pas big deal ! Mais si on peut faire rêver les gens, ou les faire sourire, alors c’est gagné !” L’humilité ne gâchant en rien le talent, leur touche décalée séduit les plus grands magazines belges pour lesquels ils enchaînent les éditos, mais aussi des marques comme Sisley, Puma ou Sony… Aujourd’hui, le duo trentenaire s’apprête à offrir un miroir XXL à ses obsessions créatives et modesques, le 1er numéro de leur propre magazine, Crust, sortira en juillet. Pour le MAG, ils nous offrent trois belles séries : “Rétro Studio Show”, “Ourika Trip” et “Tafraoutinou”.

NADIA SAADI Sa “première vie”, Nadia Saadi l’a consacrée à étudier la philologie anglaise et la philosophie. C’est en assistant à un séminaire sur le journalisme à Mayence, qu’elle découvre sa véritable vocation : l’écriture. Depuis, cette originaire de Frankfort, de mère allemande et père palestinien, joue la carte du multilinguisme (allemand, anglais, français et arabe), enrichie de son intuition aiguisée pour raconter de belles histoires. Ses thèmes de prédilection ? Les évolutions sociales et les modes de vie au sens large. Il y a quelques années, Nadia tombe

sous le charme de Marrakech. Elle s’engage alors à faire briller les jeunes talents de sa scène artistique sur les colonnes des magazines de niche les plus en vogue en Allemagne : Woman, Revue, News, Bold Magazine, JNC, Casa Deco, Frankfurter Rundschau… Depuis, sa vie oscille entre Frankfort et cette Ville Rouge qu’elle aime tant. Pour ce numéro 7, Nadia revêt sa casquette de reporter pour le MAG, et nous livre une flopée de témoignages d’amour dans “Marrakech, I love you”.

ARTSI IFRACH (ART/C) Ancien danseur adulé en Israël, il y intègre très jeune un corps de ballet, découvrant la magie de la scène et la poésie des étoiles. Sa notoriété se renforce à Tel-Aviv avec le succès de son propre show télé. Puis, il décide de gérer Art’C Ifrach House of Style, le magasin hype du quartier branché. Autodidacte, Artsi Ifrach se distingue par une solide culture couture qu’il revisite avec une audace folle, option glamour. Passionné de tissus vintage chinés aux quatre coins de la planète, il twiste sa mode entre imprimés insolites et Hollywood touch. Ses croquis sont précis, classe, et son

savoir-faire, ultra-créatif. Voilà la griffe Art/C ! Celle qui vaut au créateur israélien d’origine marocaine de séduire Paris, dès sa première présentation lors de la Haute Couture en juillet 2010. Mais à 40 ans, Artsi quitte la ville lumière, et c’est à Marrakech, sa ville refuge et paradis, sa ville inspiration, qu’il s’installe en 2011. L’aventure se poursuit entre fun et idées délicieusement irrévérencieuses pour des collections où chaque pièce est unique… Ici, il nous présente sa “Sélection Shopping” spéciale Ville Rouge, et les clichés insolites, ”What a party”, d’une soirée pas comme les autres…

MARRAKECH MAG : Publication éditiée par la Sarl Another éditions Maroc - R.C. : 26 171 Patente: 45191132 - I.F. : 06520612 - CNSS : 7399464 Bureaux : 194-197, rue Mohamed El Beqal, résidence Firdaous, Guéliz, 40.000 Marrakech, Maroc. E.mail : info@anothereditions.com Tél : 05 24 44 97 09 Fax : 05 24 42 21 28 - Membres Fondateurs : Mouna Anajjar, Jean-Jacques Fourny - Directeur de la Publication : Jean-Jacques Fourny. E-mail : jjf@anothereditions.com - Directrice Générale Associée et Rédactrice en Chef : Mouna Anajjar. Tél : 05 24 44 97 09. E-mail : mouna@anothereditions.com Assistante DG : Rajaa Chrif. Tél : 05 24 42 02 49. E-mail  : assistante@anothereditions.com - Rédaction : Jean Berry, Soufiane Chakkouche, Sylvie Gassot, Marie Le Fort, Mélanie Polatova, Nathalie Rigoulet - Publicité : Astrid Le Gendre. Tél : 06 61 52 43 46. E-mail : astrid@anothereditions.com - Direction artistique : Mathieu Pasques pour Another Editions. E-mail : crocodilerouge@gmail.com Graphiste : Habiba Machrouh. E-mail : da@anothereditions.com Photographes : Mous Lamrabat - Ont collaboré à ce numéro : Artsi Ifrach, Youssef lamrabat, Lisa Lapauw, Audrey Marti, Nadia Saadi - Impression : Direct Print, Casablanca - Dépôt légal : 2010PE0088, ISSN 2028-4772.Tous droits de reproduction réservés (titres, textes et photos). Jean-Jacques Fourny



SOMMAIRE MAPPEMONDE

ITALIE

p.34 : EN VERRE p.38 : L’ARGENT

ETATS-UNIS p.86 : VOYAGE MUSICAL

MAROC p.48 : TOURISME : ETATS DES LIEUX p.56 : MARATHON p.60 : LA CROISIERE SULTANA p.92 : DES COINS DE PARADIS p.96 : ANAS LE MARCHEUR p.100 : LES FESTIVALS DE L’ETE p.104 : TIMITAR


E ET CONTRE TOUS ! T DE DIEU

MEXIQUE, COSTA-RICA, PORTUGAL, TURIQUIE, VIET-NAM p.78 : LES PIEDS DANS L’EAU

TUNISIE & EGYPTE p.54 : IMPACT PRINTEMPS ARABE

MARRAKECH p.36 : LA PLANTE DU MOMENT p.40 : BONS PLANS DU MOMENT p.62 : MARRAKECH AUTREMENT p.116 : SHOPPING ART/C p.118 : LA PLAYLIST DU MAG p.120 : MARRAKECH I LOVE YOU ! p.122 : LA SOIREE DE L’ETE p.144 : MARRAKECH EXPRESS p.150 : NEWS


ZOOM

#ARRET SUR IMAGES P.14 #AGENDA P.22 #MUSIQUE P. 28 #BEAUX LIVRES P. 30 #LE VERRE P. 32 #LA PLANTE DU MOMENT LA FIGUE DE BARBARIE P.36 #LE VATICAN P.38 #LES BONNES TABLES DU MOMENT P.40 #LES ESCALES DU MOMENT P.42 # LE SHOPPING DU MOMENT P.44

mmaire

so #EDITO P.4 #CONTRIBUTEURS P.6 #SOMMAIRE MAPPEMONDE P.8

DOSSIER VOYAGE

#TOURISME : ETAT DES LIEUX AU MAROC P.48 #IMPACT PRINTEMPS ARABE : TUNISIE ET EGYPTE P.54 #MARATHON DES SABLES P.56 #LA CROISIERE SULTANA P.60 #MARRAKECH AUTREMENT P.62 #SERIE MODE TAFRAOUT P.66 #HOTELS PIEDS DANS L’EAU P.78 #SOUNDWALK P.86

MONDES PARRALELES #MAROC HORS SENTIERS BATTUS : AKHEFENIR P.92 #MAROC HORS SENTIERS BATTUS : AGUINANE P.94 #ANASS LE MARCHEUR P.96

KIFF

#LES FESTIVALS DE L’ETE P.100 #FESTIVAL TIMITAR : INTERVIEW BRAHIM MAZNED P.104 #SERIE MODE STUDIO SHOW P.106 #SHOPPIN PAR ART-C P.116 #LA PLAYLIST DE AZIZ NOGOOD P.118 #STREET REPORTAGE P. 120 #LA SOIREE DE L’ETE : SOIREE DEGUISEE DE GHIZLAINE P.122 #SERIE MODE OURIKA P.124 #MARRAKECH EXPRESS P.144 #NEWS P.150


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Par Mouna Anajjar

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Les Marocains se chinoitisent !

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JANVIER 13 : Un 2ème institut Confucius a fleuri en janvier dernier dans les locaux de l’université Hassan II de Casablanca. C’est le 2ème du pays, après celui de Rabat, installé depuis 2009 à la faculté des lettres. Et pour cause, de plus en plus de Marocains plébiscitent le mandarin, qu’ils soient étudiants, hommes d’affaires ou même fonctionnaires... Il est à noter que depuis 2005, 31 instituts ont éclos sur le continent africain, dans 26 pays différents ! La stratégie chinoise pour “ni haoiser” l’Afrique semble bel et bien en route !


Un micro-continent, apparu sous l’OcEan Indien…

FEVRIER 13 : Une étude publiée le 24 février dans la revue scientifique britannique Nature Geoscience, a révélé l’existence d’un micro-continent préhistorique, qu’ils ont baptisé Mauritia, qui se situerait dans l’Océan Indien, sous l’île Maurice et La Réunion. Il se serait détaché de l’île de Madagascar il y a environ 60 millions d’années, et aurait été recouvert par d’importantes quantités de lave, qui seraient remontées du cœur de la terre.


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Un Printemps enneigE

MARS 13 : Le printemps pointait son nez, et pourtant, une grande partie de l’Europe traînait encore les aléas d’un hiver sans précédant, avec un mois de mars très particulier (jusqu’à -24°C en Pologne), le plus froid depuis au moins 1883 ! Son lot ? Des chutes de neige de jour comme de nuit, des records de froids, embouteillages, bétail prisonnier de la neige, des morts… Les soupçons de certains climatologues se porteraient sur la fonte de la banquise arctique, mais cette théorie ne fait pas l’unanimité. Néanmoins, une question demeure : ces hivers vont-ils devenir monnaie courante ?


Les icOnes du Time

AVRIL13 : Le 18 avril, l’hebdomadaire américain Time publiait sa fameuse liste annuelle des 100 personnalités les plus influentes de la planète. En 2013, on retrouve Barack Obama, le pape François, l’opposante birmane Aung San Suu Kyi, le patron de la BCE Mario Draghi, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et la patronne de Yahoo Marissa Mayer... Néanmoins, les politiques et leaders économiques se partagent l’affiche avec d’autres icônes comme Jay Z, Beyoncé, Christina Aguilera, Kate Middleton, Daniel Day-Lewis, Lebron James, Frank Ocean, Steven Spielberg ou encore Justin Timberlake… Sacré dosage !


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Baraka Obama !

AVRIL13 : Barack Obama a réuni, le 27 avril, la presse présidentielle et plusieurs personnalités (dont Michael Douglas, Nicole Kidman et Bradley Cooper) pour un dîner de gala à l’hôtel Hilton à Washington. Et comme le veut la coutume chaque année, le président des Etats-Unis s’est prêté au jeu de l’autodérision. Pour donner un “nouveau souffle” à son second mandat, il a évoqué la possibilité de “piquer” une idée à Michelle. Et voilà qu’à l’écran apparaissait une photo montage de son portrait officiel affublée de la frange de son épouse… L’amusement était général, et le Buzz sur Twitter, immédiat !


Les Indiens en colère

MAI 13 : On est en mai, et on ne vous parlera pas Bruno et Vincent qui se sont mariés devant la mairie de Montpellier le 18, car après tout, ça les regarde ! Mais, on reviendra sur la colère de ces 200 Indiens qui ont lancé, le même mois, un nouveau mouvement d’occupation pour protester contre le projet du barrage titanesque de Belo Monte, sur le fleuve Xingu, au cœur de l’Amazonie. Si le Brésil est attiré par les sirènes de la croissance, les Indiens de la région, eux, veulent avant tout protéger leurs terres ancestrales à l’écosystème fragile…


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Iran : Votez Zahra

JUIN 13 : Le 14 juin a été une date importante pour les Iraniens, ils ont voté pour élire leur nouveau président. 686 personnes se sont déclarées pour remplacer Mahmoud Ahmadinejad, le président sortant. Et parmi elles, se trouve une candidate pas comme les autres : Zahra. Sa particularité, être un personnage fictif. Et pourtant, la candidate virtuelle a compté autant de followers sur les réseaux sociaux que les candidats en lice… Derrière ce personnage, mère de famille féministe qui milite avec fougue pour un changement démocratique, se cache Amir Zoltani, journaliste iranien exilé aux Etats-Unis, auteur d’une BD née en 2009, “Le Paradis de Zahra”


Des ballons Wifi !

JUIN 13 : Après les Google Glass, lunettes futuristes connectées au web, Google a annoncé samedi 15 juin le lancement expérimental dans la stratosphère de gros ballons gonflables pouvant relayer une connexion internet vers des zones difficiles d’accès. Un projet à priori fou, baptisé “Loon”, issu de son laboratoire secret californien, mais qui reposerait sur “des bases scientifiques solides” selon l’Américain Richard DeVaul, un des directeurs du laboratoire GoogleX… Le géant du Net est à priori bien parti pour conquérir une nouvelle dimension !


022/ZOOMAGENDADESEXPO

Par Sylvie Gassot

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De peintures, photographies, installations, vidéos… l’Art est BIGGER THAN LIFE ! Florilège d’expos… Sherrie Levine, Crystal Skull, Courtesy Jablonka Galerie Cologne Photo: Nic Tenwiggenhorn / VG Bild-Kunst, Bonn

© Sucesión Pablo Picasso, VEGAP, Madrid 2013

© Yto Barrada, Patrons (patterns)

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Jean-Michel Fauquet

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Le Studio Fotokino à Marseille donne carte blanche à la figure tangéroise Yto Barrada (co-fondatrice et directrice artistique de la cinémathèque de Tanger) pour une exposition inédite. A la clé, une série de photographies, textes et collages issus de son nouveau projet de livre “Mia the Mechanic”. Yto Barrada a grandi entre Paris et Tanger, puis a suivi des études d’Histoire et de Sciences politiques à la Sorbonne, et c’est en prenant des photos pour illustrer ses textes, notamment en Palestine, qu’elle a commencé à donner la priorité à l’image sur l’écrit. Avec son Projet du Détroit, un ensemble de vidéos, d’installations et de photographies prises à Tanger à partir de 1999, elle a gagné une reconnaissance internationale. Ses clichés nous transportent dans une ville au temps suspendu, lieu de l’attente et des désirs de fuite. Studio Fotokino, jusqu’au 28 juillet www.mp2013.fr

• La plus perso “Yo Picasso” à Barcelone

En rassemblant ses nombreux autoportraits, cette exposition monographique permet de décoder l’évolution phénoménale du travail du génie du XXe siècle. Utilisant l’autoportrait, à la fois pour témoigner de sa propre histoire, mais aussi comme d’un laboratoire pour y multiplier ses expérimentations esthétiques, nous voilà au cœur de l’âme tourmentée et exigeante du

Maestro. De l’autoportrait traditionnel jusqu’aux créations les plus subtiles de la maturité, le parcours est fascinant.

Musée Picasso, jusqu’au 1er septembre www.museopicasso.bcn.cat

• La plus Black & White “Les Rencontres Arles Photographies” à Arles

Arles la fascinante, la secrète, l’insaisissable... Cette ville où Van Gogh découvrit la lumière écrasante du Midi et réalisa ses plus grands chefs-d’œuvre... Ce n’est pas un hasard si elle sert d’écrin chaque été depuis 1970 aux Rencontres internationales de la photographie… Avec plus de 20 espaces et 50 expositions, cette 44ème édition propose une programmation exceptionnelle essentiellement consacrée au Noir et Blanc, “Arles en noir”, pour mieux explorer le regard porté sur le noir et blanc à l’ère de la photographie numérique et du règne de la couleur. Les visiteurs peuvent, le temps d’une édition, retrouver cette vision du monde, et comme toujours aux Rencontres, il en est fait de très libres interprétations par de nombreux artistes et commissaires invités. Du 1er juillet au 22 septembre www.rencontres-arles.com

• La plus Est-Ouest “Le ciel partagé” à Berlin

La confrontation des blocs Est-Ouest de 1945 à 1968 ne fut pas que politique. La création

artistique de cette seconde moitié du XXe siècle, ou période dite de la Guerre Froide, est empreinte des idéologies qui s’y rattachent. Dans les Beaux-Arts, deux voies distinctes se confrontent alors. Quand l’Ouest brandissait la structure ouverte de l’abstrait comme un symbole de liberté, dans le bloc de l’Est, le réalisme socialiste devenait la tendance dominante. Ainsi s’illustrent, dans une poignante confrontation, les œuvres des plus célèbres artistes internationaux : Asger Jorn, Pablo Picasso, Francis Bacon, Jean Dubuffet, Robert Rauschenberg, Andy Warhol ou Joseph Beuys. Un duel au pinceau franchement captivant !

La Neue Nationalgalerie, jusqu’au 8 septembre www.neue-nationalgalerie.de

• La plus collective “Prima materia” à Venise

François Pinaut propose 80 œuvres d’une trentaine d’artistes phares de sa collection, des années 1960 à nos jours, dont la moitié n’ont encore jamais été vues. Cette lecture de l’histoire contemporaine à travers un dialogue artistique confronte nos angoisses (réchauffement climatique, menaces terroristes…) à la vérité de l’art. Entre vide et chaos, “high and low”, Loris Gréaud, Philippe Parreno, Lucio Fontana, Bruce Nauman et Theaster Gates ébauchent des réponses avec pour certains d’entre eux des commandes spécifiques à l’architecture du lieu. Et si la force de l’art gagnait ? Fascinant. Punta della dogana, jusqu’au 31 décembre www.palazzograssi.it



024/ZOOMAGENDADESIGN

Par Sylvie Gassot

En pleine effervescence, le design enchante nos quotidiens et entre au musée. Suivez le parcours…

© London Design Festival www.londondesignfestival.com

Seated Exhibition © Konstantin Grcic La Fabrika

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Création récente pour Les Ω frères Ω ΩΩ ΩΩ ΩMagis ΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩ ΩCampana ΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩ

• Le plus spectaculaire “Momentané” à Paris

A l’honneur, les frères Ronan & Erwan Bouroullec revisitent avec audace 15 années de création ! De l’objet à l’espace, de la série limitée à la pièce industrielle, du mobilier public au meuble à usage domestique, du dessin à la vidéo, en passant par la photo, l’installation est gigantesque et leur univers monumental. Eprises de fonctionnalité, plusieurs de leurs pièces se modulent pour révolutionner l’habitat. Leurs créations signées de fameux éditeurs, de Kreo à Vitra, révèlent leurs aspects sensuels et délicats. Privilégiés, les visiteurs peuvent tester l’ergonomie et l’usage du mobilier dans un espace architecturé par leur nouveau système de rideaux ultra légers, prêt à poser, et édité par Kvadrat. Plus de 300 dessins préparatoires ou photos d’usine révèlent enfin leur processus de création, dévoilant les coulisses de leur épatant imaginaire. Musée des Arts Décoratifs, jusqu’au 1er septembre www.lesartsdecoratifs.fr

• Le plus Crazy “London Design Festival” à Londres

Voici l’évènement design le plus spectaculaire de la City ! Design is everywhere pour une semaine, avec plus de 250 exposants et 300 évènements variés qui célèbrent son

dynamisme créatif des deux côtés de la Tamise. Venez grimper le phénoménal escalier sans fin en 3 D de la cathédrale Saint Paul, signé par dRMM architectes et Seam Design ! Ou découvrir, au Victoria and Albert Museum, l’exposition “God is in the details”, regroupant 20 talents influents, sponsorisée par Swarovski ainsi que les ébouriffantes nouvelles acquisitions du musée. De la Tate Modern à South Kensington, pleins feux également sur l’art graphique et sur le dessin digital avec les installations de Yuri Suzuki. Place aussi, le week-end, au forum sur le global design avant que ne soit décernée la fameuse médaille du London Design 2013. Après Marc Newson, Paul Smith, Zara Hadid, Ron Arad et Sir Terence Conrad, à qui le tour? London Design Festival 2013, du 14 au 22 Septembre www.londondesignfestival.com

• Le plus VIP “Dangerous Luxury” à Monte-Carlo

Vive le Brésil avec les frères Fernando et Umberto Campana ! Les célèbres designers dévoilent la magie de leur univers coloré dans les salons du Sporting d’Hiver à l’occasion des 150 ans de la Société des Bains de Mer. Présentées en avant-première mondiale, leurs dernières créations de meubles, toujours inspirés de l’Arte Povera et produites de manière artisanale au centre du Brésil, associent fibres naturelles et éléments inspirés par l’Art Déco. Tous seront

par ailleurs mis en vente aux enchères à l’issue de l’exposition. Etonnante, une flamboyante collection de bijoux inédits sera également exposée. Ainsi qu’une série rare de dessins qui invitent à s’imprégner des coulisses du processus créatif des deux stars du design, respectivement architecte et avocat de formation, et toujours fidèles à leur source d’inspiration : la nature et le monde animal. Sporting d’Hiver, du 6 au 29 juillet www.sportingmonte-carlo.com

• Le plus ludique “Brussels Design” à Bruxelles

Incontournable rendez-vous annuel des passionnés de design, le festival propose une centaine d’évènements qualitatifs. Visites d’ateliers, conférences, marché du design et un parcours urbain ultra créatif à la rencontre de talents émergents. Cette année, focus sur le textile, le siège (la Fabrika), et sur la création à Milan, en Pologne et à Hong Kong. Quant aux multiples expositions, elles invitent à explorer l’architecture en Estonie (100 Maja houses), à dialoguer avec les matières (Rozmova d’Amaury Poudray), à explorer l’Art Nouveau comme un générateur d’inspiration et à Aimer, Penser, Créer le design belge contemporain. Honneur aussi au tabouret stool 60 d’Alvar Aalto qui fêtera ses 80 ans avec un relooking signé de plusieurs designers célèbres… Design September Brussels 2013, du 5 au 30 septembre www.designseptember.be



026/ZOOMEVENEMENT

Par Sylvie Gassot

EvE e me ts

Ils créent le buzz sur la scène internationale, le MAG aime…

© Patrick Demarchelier

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Giuseppe Penone “Projet pour Versailles - Triplice (Triple)”, 2012 © Archivio Penone

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> • Le plus musEal Les trésors du Louvre à Abu Dhabi

Exceptionnel prélude à l’inauguration du Louvre Abu Dhabi annoncée pour 2015, l’expo inaugure sur l’île de Saadiyat -ville musée de 64.000m2, imaginée par Jean Nouvel- un nouvel espace fascinant. Au générique, 130 œuvres majeures constituant la future collection permanente du Louvre des sables qui en comptera plus de 400 à terme. Extraordinaires, les chefs d’œuvre de la peinture : Picasso, Manet, Gauguin, Mondrian, Cy Twombly, Paul Klee… cousinent avec le meilleur de la sculpture, dont des miniatures islamiques, et de la photographie. Symbolique, le choix exigeant des pièces délivre un message universel de paix et de tolérance. “Birth of museum” au Louvre Abu Dhabi, jusqu’au 20 juillet www.louvre.fr

• Le plus fashion Alaïa à Paris

Pour sa réouverture, le musée Galliera frappe fort ! En consacrant une première rétrospective à l’architecte du vêtement, l’évènement sélectionne une foultitude de modèles depuis son arrivée à Paris en 1957 jusqu’aux collections les plus récentes. Inventant de nouvelles morphologies au vêtement par le simple jeu de coutures complexes, le couturier adulé d’origine tunisienne révolutionne la haute couture avec un style qui traverse le temps. Fondamentale, son influence sur des générations de créateurs dévoile ici ses codes.

Discret par nature, cette mise en lumière révèle un talent dans la force de son génie. Alaïa au Musée Galliera, de septembre à janvier 2014. www.museegalliera-paris.fr

• Le plus avant-gardiste Rancinan à Brastislava

Longuement construites, les photos de Gérard Rancinan sont des tableaux vivants qui s’imposent par leurs dimensions -3 à 6m de large !-, et surtout par les sujets qu’elles mettent en scène. La nouvelle série “Chaos”, en duo avec Caroline Gaudriault, s’interroge sur une société où l’homme passe de victime à profiteur dans un monde ou le virtuel prend le pas sur la réalité et où le pouvoir sans limite de la science donne le vertige. Lucide, ce travail, ni partisan, ni militant, reflète une période troublée, à la frontière de l’anarchie. Et zoome en émotions sur les soubresauts d’une société toute en interrogations… “La trilogie des modernes+Chaos” au Musée d’art contemporain Danubiana, jusqu’au 1er septembre www.danubiana.sk

• Le plus rEvolutionnaire “Posters contestataires” à Londres

Quant la rue proteste, l’art atteste et il est bon que le musée expose. Bouillonnant, le défilé de slogans qui s’affiche dans : “A World to Win: Posters of Protest and Revolution”

est un geste démocratique, culturel et social. De la campagne en faveur du droit de vote pour les femmes au début du XXe siècle aux sujets de contestations qui ont gagné une forte résonance contemporaine à l’orée du Printemps Arabe, le foisonnement créatif est aussi riche que passionnant. Explorant un siècle d’affiches militant pour un changement politique ou des avancées sociales face à la crise financière mondiale, ce digest du monde défile au nom du Street Art. Hasta la victoria ? “A world to win” au Victoria & Albert Museum, jusqu’au 2 novembre www.vam.ac.uk

• Le plus green spirit Penone à Versailles

Avec son talent modeste et pourtant si orgueilleux à sculpter le temps, il révèle des matériaux inanimés. Cernes d’arbres, veines de marbres ou rides de l’eau, il en remonte le cours sans l’interrompre. Penone, sacré roi des jardins du château de Versailles, honore les 400 ans de la naissance de Le Nôtre qui les inventa. L’artiste italien en dévoile la splendeur naturelle avec une intensité fragile. D’un mur de feuilles de laurier, le marbre se déroule, ou, posée sur une branche, la pierre tire une force ahurissante ! Du Château au parc, les créations rythment terrasses, jardins, parterres et Grand Canal alors qu’une forêt d’œuvres jaillit du Bosquet de l’Etoile. Le silence de l’esthétique parfaite de la nature résonne en ces gestes poétiques exaltant qui frappent droit au cœur ! “Penone” au château de Versailles, jusqu’au 30 octobre www.chateauversailles.fr



028/ZOOMMUSIQUE

Par Jean Berry

Actu, chroniques, albums, groupes à suivre… Le MAG décrypte et monte le son

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Récemment installée dans le Sud-Ouest de la France, la diva d’origine anglo-égyptienne confirme le tournant plus classique initié il y a quelques années avec ce très bel album Live enregistré en compagnie de l’Orchestre National de Toulouse et arrangé par son compagnon, le violoniste Samy Bichai, avec lequel elle signe également la musique du nouveau ballet d’Angelin Prejlocaj, autour des 1001 Nuits, qui sera la matière de son prochain opus. (Harmonia Mundi)

• OUM Soul of Morocco

Avec ce disque placé sous les auspices du journaliste Sir Ali, la chanteuse marrakchie trouve enfin un écrin à la hauteur de son inspiration, au sein d’un groupe d’orientation jazz réuni par Alain Debiossat, ancien saxophoniste de Sixun et l’Orchestre National de Barbès. Une approche acoustique qui

sied à merveille à sa voix douce et rêveuse et ses compositions mutines et enjouées, et lui ouvre les portes d’une belle reconnaissance internationale. (Harmonia Mundi)

• IDRISS EL MEHDI Wild Bird

Excellent premier album solo pour ce pianiste marocain installé à Paris depuis une vingtaine d’années et initié au Guembri par Mahmoud Guinea... Lancé à la recherche d’un son très anglo-saxon, blues, rock et folk, inspiré par Ben Harper et Keziah Jones, il explore les origines africaines des musiques populaires, son Guembri en bandoulière, invitant Tony Allen et Teofilo Chantre... L’éclosion d’un talent. (Awang)

• GNAWA DIFFUSION Shock El Hal

Cinq ans après le split, un dernier concert africain à Marrakech et un travail de mémoire autour des textes de son père, Amazigh

Kateb a réuni l’an dernier Gnawa Diffusion en réaction aux mouvements de protestation du Printemps arabe. Toujours au menu, poésie insoumise, slogans enfumés et incantations enflammées ; Chaâbi rebelle, esprit africain et dub du désert, autour des épines du temps... Notre chouchou. (Turn Again Music)

• RACHID TAHA Zoom

Le retour du parrain du rock, avec, aux manettes, Justin Adams, Brian Eno et Sodi. Convoquant l’esprit d’Oum Kaltoum, ses amis Mick Jones, Jeanne Added et Rodolphe Burger, débarrassé de ses démons, il livre un nouvel opus majeur, où l’on retrouve le fidèle Hakim Hamadouche (mandole) et l’inévitable Amar Chaoui (percussions), reprenant “Jamila”, un titre de l’époque de Carte de Séjour sur les femmes bafouées : “C’est une histoire vieille comme le monde / Qui fait toujours la Une”... (Naïve)


#Rest in Peace

Maâlem Abdallah Guinea

Abderrahmane Paco, Abdallah Guinea, Cherif Regragui... Trois grands Maâlems disparus cette année, trois fils d’Essaouira ayant marqué la musique marocaine et auxquels la cité des vents rend un hommage ému. Le premier a été l’âme africaine de Jil Jilala puis Nass El Ghiwane dès les débuts du groupe mythique dans les années 70, et son souffle gnaoui a imprégné les titres Sinia, Lebtana et Mahmouna. Le second, descendant d’une lignée de maîtres, frère de Mahmoud, Mokhtar et fils de Boubker Guinea, avait été sacré Maâlem dès ses 16 ans. Sa rencontre voici deux ans avec le groupe d’afrobeat Fanga, objet de l’album “Fangnawa Experience”, constitue un beau témoignage de son art, en forme de testament. Enfin, formé par les Maâlems Ahmed, Boubker et Hajjoub, le troisième fut consacré à 18 ans, s’essaya au théâtre avec Tayeb Saddiki, et côtoya les Maâlems casablancais Sam, Boussou, Abdelkader, Thami... Tout trois ont dévoué leur vie à l’art gnaoui, et avec eux se sont des pages d’histoire de la culture marocaine qui se sont tournées. Rest in peace.

© Youssef Amchir

Après une dizaine d’années de carrière, c’est peut-être enfin le temps de la reconnaissance pour le combo casablancais, auréolé en mars dernier à Babel Med à Marseille du Prix de la Fondation Orange grâce au vote du public. Après Nefs & Niya, produit par Justin Adams, la Haïha Music Division revient aux sources rock et garage avec “Kalakhnikov”, un nouveau disque autoproduit, enregistré Live et aux accents punk, avec les ingrédients que l’on connaît : distorsions et bendirs, rythmiques maghrébines et africaines, et pour la première fois, quelques cuivres. L’occasion de prendre des nouvelles des personnages qui ont peuplé les chansons du groupe, Fhamator (monsieur je-saistout), Jamal le chômeur, Miloudi le gendarmi, la femme actuelle... Objectif avoué : secouer la médiocrité et la bêtise ambiante à grands coups d’insoumission et d’ironie, mettre en musique l’absurde qui nous entoure, source d’inspiration inépuisable pour le parolier Reda Allali, et bien sûr, inviter à la danse et à la fête... Dans l’esprit de la chanson marocaine, populaire et engagée, que le groupe perpétue avec un son qui lui est propre, reprenant sur scène “Fine Ghadi Biya Khoya” ou “Ida Nzor Nbara”. Kalakhnikov, antidote au n’importe-quoi ambiant ? Pas bête...

© Jean Berry

#Hoba’s back

Hoba Hoba Spirit - remise des prix et live.

#Le Maroc joue collectif

Initié l’an dernier par José Kamal (Dakhla Festival) et Younès Boumehdi (Hit Radio), le collectif Maroc Festivals fédère déjà une vingtaine d’événements, “qui font la fierté de chaque région du Maroc”. Présenté officiellement au salon Babel Med, à Marseille, en mars, avec un stand très en vue et un showcase en ville de Aziz Sahmaoui, le collectif édite un guide des festivals du Royaume, et entend représenter à l’étranger et au près des professionnels du monde de la musique “la tolérance, les traditions, l’ouverture et la générosité de nos événements et de la culture marocaine”. “La présence des artistes marocains à l’international, malgré la richesse et la diversité de notre culture, reste extrêmement limitée”, note Brahim El Mazned, qui appelle à une politique concertée de valorisation et de soutien à l’export des artistes marocains. Belle idée. Prochains rendez-vous à la rentrée, à la Fête de l’Huma à Paris et au Womex à Cardiff.

Maroc Festivals - Aurélie Filipetti & José Kamal © Jean Berry


030/ZOOMBEAUXLIVRES

Par Sylvie Gassot

Beaux livres

Glissant des ailes sous les tapis du vent, ces voyages de papier pour s’émerveiller…

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Etes-vous jet-set style ou plutôt d’esprit bohême ? Inutile de choisir, astucieuse, l’auteur, fine observatrice de l’air du temps, combine les deux -gypsy + jet-set = gypset- en un livre réjouissant qui plonge aux racines du néochic. Julia Chaplin, journaliste new-yorkaise spécialiste en Lifestyle, nous embarque pour un tour du monde des lieux les plus gypset. Attachez vos ceintures, car le périple, riche en émotions, s’étend de Lamu au Kenya aux îles Eoliennes en Italie, en passant par Goa, Ibiza, Montauk et l’Uruguay. Toujours à la rencontre d’artistes, de designers et de bons vivants, elle décode ce Lifestyle qui prône en “colorama” une insouciance sophistiquée type Dolce vita. Et qui s’accorde formidablement avec l’été ! “Gypset Travel”, éditions Assouline

• Le plus Marocain “Maroc”

Il y a le soleil qui découpe la dentelle des moucharabiehs, le rouge des cuirs dans les cuves des teinturiers, les parfums qui s’envolent dans le souk aux épices, les chameaux, les fantasias, les dunes, les mouettes d’Essaouira, le chant du muezzin sous le ciel immobile, et cette petite fille qui rit dans Chefchaouen. Il y a le Maroc... Des milliers de sensations, d’impressions, de souvenirs que ressuscitent cet ouvrage magnifique. Un album petit format richement illustré, à mi-chemin entre le carnet

de bord et le livre de voyage, qui, à l’inverse des guides touristiques, parle d’abord aux sens, aux émotions. Et fait la part belle aux “souvenirs“  : tickets de musée, affichettes, coupures de journaux, étiquettes, cartes postales anciennes… que complètent les images de Cécile Tréal et Jean-Michel Ruiz. “Maroc“, éditions Le Chêne

• Le plus Marrakchi “Marrakech Gardens”

Angelica Gray découvre Marrakech en 2005, elle tombe alors sous le charme de la ville, et plus particulièrement de ses jardins… Elle nous en dévoile tous les secrets dans cet ouvrage illustré par le photographe Alessio Mei. “Les jardins font partie intégrante du patrimoine, ils racontent tous une histoire, et souvent, l’Histoire. Tout est écrit dans les jardins, on peut les lire.” Angelica nous emmène dans les jardins historiques cachés des palais de la Médina, les parcs du Guéliz, espaces publics qui datent du protectorat, et les propriétés de la Palmeraie. Un livre qui raconte 20 jardins de Marrakech, se lit comme un guide qui apporte une autre vision de la ville, loin des souks et du folklore… Très beau travail de mémoire ! “Marrakech Gardens”, éditions Francis Lincoln

• Le plus EtoilE “The luxury collection, Hotel stories”

Si vous appréciez les hôtels de contes de fées,

voici le florilège des 80 lieux magiques sur la planète à (re)découvrir. Feuilleter cet album qui envisage le voyage avec un goût exquis pour le glamour est une promesse de bonheur. De Dubaï à Phuket, d’Australie en Asie, d’Europe en Afrique, les différents palaces scannés par Francisca Mattéoli livrent leurs secrets d’alcôves à travers les célébrités qui y séjournèrent. Et rend hommage, photos à l’appui, aux stars de l’architecture qui les inventèrent. Un voyage de papier, première classe ! “The luxury collection, Hotels stories”, éditions Assouline

• Le plus zen “Great yoga retraits”

Vous êtes à la recherche de vacances détendantes et inspirantes ? Alors, essayez une retraite de yoga, vous en reviendrez la mine rayonnante ! Car les yogis comprennent l’influence positive des décors naturels et du Feng shui sur le corps, l’esprit et l’âme. Quant à la cuisine bio, presque toujours végétarienne, servie dans la plupart de ses refuges, elle vous aidera à vous sentir légers et purifiés. Un vrai luxe, dans l’esprit Less sis more. Le livre propose un choix étudié des adresses les plus stimulantes au monde. De l’hôtel de luxe exotique au Bhoutan, à l’âshram spirituel en Inde, en passant par une ferme toscane ou un centre balnéaire au Mexique. Le choix est envoûtant, et prenez garde, on devient vite accro à cet art de vivre. “Great yoga retreats”, Taschen



032/ZOOMDESIGN

En verre et contre tous !

Insaisissable, le verre fascine les artistes du monde entier. Au musée Maillol à Paris une exposition retrace l’extraordinaire aventure du verre de l’île de Murano. “Fragile”, ce parcours évoque 7 siècles de création intense…

A

rtistes, designers, architectes, tous s’emparent de sa magie virtuose comme un défi à l’éclat de sa transparence. Inédite, la scénographie de l’exposition témoigne, en 200 œuvres et du XVe siècle à nos jours, des évolutions techniques et stylistiques du verre. Habillant d’histoire l’art de la table des cours européennes de la Renaissance, il se fait baroque au XVIIIe, audacieux en Art Déco, et fascine, compressé par César ou ciselé par Arp. Spectaculaires, les créations contemporaines de Javier Perez, du Studio Glass ou de Shen Yuan, riches en émotion, puisent toujours dans la tradition séculaire de ces maîtres verriers, au carrefour de l’Orient et de l’Occident, le souffle d’une inspiration à la sensualité débridée. Fascinant par la chimie de son grain à la vertu de poudre de Perlimpinpin, le verre installe un dialogue subtil entre l’immatériel traversé d’incandescence et la matière en fusion qui d’invisible devient visible… Infinie, sa palette de forme et de couleur ouvre à l’imagination l’horizon de tous les possibles. Froid au contact, chaud au regard, corps vivant aimanté de lumière, il joue du reflet de l’ombre ou du soleil. Adroit en vitres, il se courbe en majesté par la sophistication de la main qui l’invente, le chauffe, l’incruste. En éclat, il fait voler des vies mais préserve en panneau l’intimité… De billes en façades, il épouse nos rêves d’architectes du ciel. Voilà pourquoi, au-delà de cette grandiose exposition, nous avons voulu le célébrer avec un designer qui, depuis 15 ans, lui dédie sa passion.

Par Sylvie Gassot


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Page de gauche, de haut en bas : Tree Bubbles, le verre aime le vert par Mathieu Lehanneur., Lampe Iceberg, pièce maîtresse du bestiaire de Vanessa Mitrani, Mugs d’esprit japonisant et floral par Vanessa Mitrani. Page de droite : 1/ Amphore à 2 attaches en verre de Murano d’une pureté mystique. 2/ Vittorio…venini, un mariage réussi entre tradition et modernité. 3/ Somptueux calice à pied d’une beauté muséale 4/ Verre de Murano black is beautiful par Fred Wibon.


034/ZOOMDESIGN

Vanessa Mitrani Magicienne du verre soufflé MM : D’où vient votre passion pour le verre et comment définir votre travail ? VM : En chinant avec ma mère, j’ai appris à regarder les objets au-delà de leur apparence à travers leur origine, matériau, rareté et style. Enfant, je modelais, moulais, collais… Aux Arts Décoratifs à Paris, j’ai appris à souffler le verre et, rapidement, rencontré mes limites. En demandant à un verrier de souffler ce que j’avais en tête, j’ai créé mes premiers modèles, et 2 ans plus tard, mon entreprise. Intuitif, ce travail repose sur des essais techniques, des mariages de matériaux, des contrastes forts et des innovations subtiles avec pour fil directeur : l’envie. MM : Quelle relation avez-vous avec le verre ? VM : Tombée dedans petite, je suis amoureuse

de ce matériau ultime. Transparent, modelable, littéralement vivant, difficile à dompter, il tire sa noblesse du feu. Je suis sous le charme de sa magie quand il sort de la cuve en fusion pour se prêter à mes petits jeux avant d’être couvé sous l’arche de refroidissement où se fixent couleur, forme, épaisseur. Alors, ce liquide figé accepte coupe, polissage et perçage avec précaution. MM : Quelles influences traduisent vos voyages? VM : Le Japon a été le déclic de mes poissons, j’étais en extase face aux bassins. Je visite tous les ateliers artisanaux : laque (Birmanie, Japon), porcelaine (Chine, Japon), verre soufflé (Italie, Roumanie, Portugal). Mais l’Inde demeure mon paradis : marbre, bronze, broderie, tissage, métal forgé avec, comme en

Afrique, la force de sa mythologie : fémininmasculin, destruction-construction… MM : Vous éditer est une liberté ? VM : J’ai la chance de pouvoir créer sans être sous la contrainte de clients même si j’aime répondre à des besoins spécifiques. Lorsque j’ai une chose en tête, je la fais pour la voir exister et la présente au prochain salon après test du prototypage. Le risque est de ne pas plaire. “Fragile Murano”, Musée Maillol jusqu’au 28 juillet www.muséemaillol.com www.vanessamitrani.com

©Jacques Gavard


Une des œuvres de Vanessa Mitrani, orfèvre du verre et du métal, qui tisse sa toile avec une une poésie spectaculaire à l’image de son imaginaire.


036/ZOOMPLANTEMAGIQUE

Par Nathalie Rigoulet

Après le Boum de l’Argan, la figue de Barbarie à l’Affiche ! Appelée Karmouss nssara (“figues des chrétiens” en Darija), et Akermus, ou encore Tahendit en tamazight, on la voit partout au Maroc et on se demande toujours comment cueillir ce fruit hérissé de glochides, ces petits aiguillons pas sympas et irritants pour la peau dont il faut se débarrasser pour goûter l’intérieur ! En les frottant avec une brosse, à sec ou dans l’eau, il semblerait que ce soit possible !

C

es dernières années la communauté scientifique a enfin reconnu les propriétés incontestables de la figue de Barbarie ; et depuis, c’est l’euphorie ! La précieuse huile trône en tête des rayons cosmétiques à côté de la non plus fameuse huile d’Argan.
Si le grand public découvre seulement aujourd’hui les bienfaits de cette plante, elle appartient depuis toujours à la pharmacopée des Indiens d’Amérique, les populations précolombiennes la considérait au même titre que l’Agave, le Chocolat, le Maïs, le Cereus et le Peyotl, comme une plante sacrée. Tout-à-fait à son aise dans les régions les plus arides, cette plante, présente au Maroc depuis trois siècles, est traditionnellement utilisée dans la pharmacopée ancestrale des Berbères de l’Atlas pour ses propriétés thérapeutiques et cosmétiques. Mais d’où vient cette plante si vertueuse ? La figue de Barbarie (Opuntia ficus-indica) fait partie de la famille des Cactaceae, emblématique du Mexique dont elle est originaire. Il faudra attendre les voyages de Christophe Colomb pour découvrir en Europe ce fruit à l’allure étonnante. Le figuier de Barbarie se diffuse rapidement dans le bassin méditerranéen et dans l’hémisphère sud (Afrique du Sud, Madagascar, La Réunion, Ile Maurice, Inde, Sri Lanka, Australie, Nouvelle-Calédonie) jusqu’à devenir un véritable fléau.

Toutefois, les choses ont bien changé, car cette plante est aujourd’hui cultivée dans de nombreux pays. Le figuier de Barbarie est cultivé principalement pour la production de ses fruits et, plus marginalement, pour ses pousses consommées comme légumes au Mexique, et pour l’élevage de la cochenille pour la production d’un colorant rouge aux Iles Canaries. La figue de Barbarie -ou poire cactus- est une baie charnue dont le poids varie entre 50 et 400g. Ce fruit au goût très doux est aujourd’hui devenu un fruit précieux ! Il faut environ une tonne de figues pour obtenir 1 litre d’huile de ce fameux cactus. Obtenu par pression à froid des graines, ce précieux liquide regorge de vitamines C, E anti-oxydantes et d’acides gras essentiels qui nourrissent en profondeur et tonifient la peau, agissant contre le vieillissement cutané.
Reconnue aussi pour ses vertus réparatrices, elle semble efficace pour atténuer les cicatrices, boutons d’acné et diminuer les vergetures, de quoi séduire évidemment ! Elle pénètre rapidement dans l’épiderme et convient à tous types de peaux : grasse, sèche ou mixte. Des bruits courent que les pouvoirs de cette huile dépasseraient ceux de l’huile d’Argan ! Hydratante, nourrissante et adoucissante, l’huile de figues de barbarie possède, entre autres, 65 % d’acides gras poly-insaturés (nourrissants) (contre 33 % pour l’Argan), ainsi qu’un taux de vitamine E (anti-oxydante) supérieur à 100mg /

100g (contre 65mg pour l’Argan). La figue de Barbarie est aussi un puissant anti-diarrhéique qui aurait un effet notoire de réduction des taux de glucose sanguin, de cholestérol et de triglycérides sanguins. Une expérience locale de la culture de cette plante qui pique ! Nous avons rencontré Redouane Stoti, directeur de l’entreprise Inkubia, installée dans la région de Rhamna (50km de Ben Guerir) qui, depuis 4 ans, travaille en collaboration avec les familles locales pour récolter et transformer ces figues “on récolte les graines, on les sèche et on extrait l’huile. Un travail long et difficile, mais qui donne au final une huile végétale naturelle 100% bio certifiée Ecocert, très demandée au Maroc et sur le marché international”. Spécialisée dans la fabrication d’huiles végétales et huiles essentielles, Inkubia surfe sur l’engouement pour les vertus uniques de la figue de Barbarie. Redouane annonce même la mise au point de crèmes et autres serums pour 2014. L’Etat marocain et l’INDH (Initiative nationale pour le développement humain) ont bien compris le potentiel économique prometteur de ce précieux cactus, ils subventionnent sa culture et le matériel nécessaire pour sa transformation. Plante à suivre !



038/ZOOMVATICAN

Par Soufiane Chakkouche

V L’argent de Dieu V Avec 0,44km² de superficie et un peu plus de 800 habitants permanents, le Vatican est le plus petit Etat du monde. Minuscule certes, mais riche, très riche. Cependant, pour connaitre avec exactitude le “patrimoine de Dieu”, il faut être dans la confidence des dieux. Zoom sur le plus secret des systèmes financiers de la planète.

L

e premier des François n’est pas Français, le premier des François est un Argentin qui n’aime pas l’argent, du moins, c’est la réputation que trainait le Cardinal Jorge Mario Bergoglio avant d’accéder au siège papal et par là même devenir François I. L’homme semble avoir gardé cette qualité, et pour preuve, lors de sa “papalisation”, dans la Chapelle Sixtine, il a refusé de porter la croix pectorale en or, lui préférant la sienne en métal. Plus que cela, le pape a souhaité une paupérisation du clergé en déclarant publiquement : “Je voudrais une église pauvre pour les pauvres”. On ne peut que tirer sa Kippa devant de telles paroles et un tel comportement. Seulement voilà, l’église est loin d’être pauvre, car si l’argent est le nerf de la guerre, il l’est aussi pour la religion. Le souverain pontife a beau ne pas porter le luxe dans son cœur et multiplier les gestes simples, il a hérité d’une fortune colossale qu’il va bien falloir gérer. Le peu d’informations qui ont filtré suite aux nombreux scandales financiers du Saint-Siège, font état d’un capital de 6,3 milliards d’euros en 2011, soit beaucoup plus que le budget alloué à l’investissement public au Maroc. Cet actif est dispatché dans 20.772 comptes, dont 236 de cardinaux, 128 de couvents, monastères et abbayes,

1.604 d’évêques et 37 des membres de la famille du pape. Cette montagne de fric est gérée par une sombre banque, l’IOR (Institut pour les Œuvres de Religion, en d’autres termes, la “banque de Dieu”). Oui sombre, sombre par l’Histoire, et voilà ce qu’elle narre : il était une fois dans les années 80, la banque de Dieu. Elle écoulait des jours heureux dans l’opulence, le secret et la prière, jusqu’au jour où le monde entier eut vent de son pacte avec la banque du diable. Elle se nommait Banco Ambrosiano et était accusée de blanchir l’argent du crime pour le compte de la mafia (petit hommage à Al Pacino dans “The Godfather”, alias “Le Parrain”). Le pacte était solide, le bien et le mal n’en faisaient qu’un, la banque du Bien s’avéra être l’actionnaire majoritaire de la banque du Mal. L’église promettait un autre paradis aux mafieux, le paradis fiscal. Il était une autre fois, mais moins lointaine cette fois, la même banque du Bien et une contrée bénite, les Etats-Unis. En 2012, dans son rapport annuel concernant la lutte contre le trafic de drogue dans le monde, le département d’Etat américain ajouta le Vatican dans la liste des 68 Etats qualifiés de préoccupants. La réaction du pape de l’époque ne s’est pas faite attendre, le directeur de la banque du Saint-Siège, Ettore


Gotti Tedeschi, fut limogé pour incompétence et violation des lois anti blanchiment de capitaux. La loi de bon aloi qu’avait promulgué Benoît XVI en 2010, et qui avait conduit à la création de l’Autorité d’information financière (AIF), n’arrive toujours pas à redorer le blason de l’église, les soupçons de péché financier planent toujours sur sa tête, tel l’auréole de l’ange, qu’à Dieu ne plaise. Mais nom de dieu, d’où provient tout cet argent ? La question est simple, mais la réponse est compliquée tant le système financier de l’église catholique n’est pas très catholique et tentaculaire. Tout d’abord, il y a les revenus du secteur touristique qui s’élevaient en 2011 à 91,3 millions d’euros, regroupant les recettes des musées du Vatican, les timbres et monnaies très convoités par les collectionneurs et l’organisation des pèlerinages et voyages. L’autre ressource vaticane concerne les dons des croyants, ce qu’on appelle communément “le denier de Saint-Pierre”. Et il faut croire que les croyants sont généreux, car quand on aime on ne compte pas, et quand on a la foi, on donne. Grâce à ces fonds providentiels, le Vatican récolte annuellement entre 60 et 70 millions d’euros selon le degré

de croyance de l’année et la crise financière. Enfin, l’église fait aussi des affaires, surtout dans l’immobilier et c’est bien là où le bât blesse. Cette activité est entourée de secret et de mystère, le patrimoine immobilier du Saint-Siège est quasiment impossible à chiffrer. Mais ce qui est certain, c’est que l’église possède plusieurs terrains, appartements, hôtels particuliers de luxe et immeubles à travers le monde entier, et ce, jusque dans les quartiers les plus huppés de la ville lumière, Paris. Personne ne peut donc prétendre connaître la valeur exacte de ce patrimoine, seul Dieu le sait. Toutefois, les quelques bribes d’informations qui ont réussi à franchir les remparts du Vatican, parlent d’une plus-value annuelle avoisinant les 50 millions d’euros, issue directement du patrimoine et placements mobiliers de la sainte église. La richesse de l’église est sans conteste un secret jalousement gardé, certains avancent que ce sujet était l’une des causes qui avaient conduit l’ancien pape à déposer sa démission. Mais gardons-nous de toute conclusion hâtive, car, comme ses voies, les coffres du Seigneur sont impénétrables. Aaamiiin !


040/ZOOMRESTOS

Par Mélanie Polatova

Nouvelles adresses gourmandes à Marrakech et Casa… •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• une carte de tapas, une longue liste de recettes méditerranéennes entre 35 et 60 DH : bruscettas, carpaccios, mini pizzas, raviolis, Salades, patatas bravas, champignons poêlés… Le tout, dans des petites proportions façon tapas, pour pouvoir goûter un maximum de recettes. Une formule qui rend ce lieu encore plus convivial, pour déjeuner ou prolonger l’heure de l’apéritif autour de jolies assiettes.

• Marrakech I Limoni Dans un Riad simple et authentique de la Médina de Marrakech, quatre restaurateurs italiens ont mis tout leur amour dans la création du resto I Limoni. Bercés par une déco vintage où se côtoient mobilier, photos et objets chinés des années 60/70, on passe un agréable moment à déguster des antipasti, salades, panini, toutes sortes de pâtes et des plats à l’italienne, évidemment ! Une carte concoctée à 4 mains, une cuisine simple sans chichi et un accueil très sympathique : les quatre associés viennent à tour de rôle diriger la cuisine, secondés par une équipe marocaine. Une adresse en Médina qui vaut le détour...

Tel : +212 5 24 38 30 30

• Casa La Madeleine de Proust I Limoni

I Loli

Tel : +212 5 24 38 30 30

• Casa Iloli C’est un restaurant gastronomique japonais, un vrai. Oubliez les assortiments classiques de sushis et makis, sans odeur ni saveur : place au poisson cuisiné dans les règles de l’art par Yusuke Furukawa, un chef japonais qui travaille selon des méthodes spécifiques ancestrales de préparation. Le menu-dégustation “Omakase” nous propose de nous en remettre au choix du Chef, sans consulter la carte, afin de mieux découvrir les subtilités de cette culture culinaire fascinante... Le tout dans un décor ultra contemporain aux inspirations japonaises, signé Didier Gomez. Une étape désormais incontournable dans la Ville Blanche.

Tel : +212 6 65 89 80 00

• Marrakech Un dEjeuner au MusEe

Chez Joël

Au détour d’une ruelle de la Médina de Marakech, le Musée des bijoux Nawahi abrite dans son patio design une surprenante table minimaliste. Tarte fine au bleu et poivrons, Rillettes de sardines, melon et mesclun, Foie gras maison… La cuisine nouvelle est au rendezvous, grâce à un passionné, Jason, qui met un point d’honneur à proposer des recettes du jour réalisées à la minute, à base des produits frais. Une très bonne adresse en Médina pour faire une pause gourmande, qui peut aussi être l’occasion de visiter le musée des bijoux, dans ce Riad scénographié avec brio.

Tel : +212 5 22 22 30 05

La Madeleine de Proust

© IWA Factory

• Marrakech Chez JoEl C’est le nouveau bistro marrakchi, confortable, lumineux, cosy… Un lieu comme on les aime. Jaouad Kazouini (rebaptisé Joël par les Américains) revient de Chicago où il a longtemps vécu et où il a toujours un bistro français. A Marrakech, il a mis en place

Aya Belkahia est une passionnée. Elle est passée par le prestigieux établissement du Cordon Bleu à Paris, dont elle a obtenu un diplôme en haute pâtisserie et gastronomie, avant de revenir dans sa ville natale, Casablanca, pour ouvrir La Madeleine de Proust. Son épicerie fine et pâtisserie propose de bonnes recettes de pâtisserie française, américaine… originales et faites à base de produits de qualité. Dans sa jolie boutique, retrouvez sa collection “Paris mon amour” ou encore, ses délicieux Cupcakes, montagnes de macarons, fraisier revisité…

Le Musée des bijoux Nawahi

Tel : +212 5 24 39 06 93



042/ZOOMHOTELS

Par Mélanie Polatova

L’année 2012 a vu la floraison de nombreuses enseignes hôtelières dans le Royaume. Des palaces marrakchis à l’inévitable Sofitel casablancais, en passant par une adresse insolite… Voici les nouveaux lieux où poser ses bagages le temps d’un week-end, ou plus. •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• literie MyBed. Adresse idéale quand on aime courir sur la plage le matin, et respirer le parfum énergisant de l’océan Atlantique…

• CAP SPARTEL Le Mirage C’est à la pointe du Cap Spartel, juste à côté des fameuses grottes d’Hercule, que Le Mirage a installé ses terrasses et ses escaliers menant à l’immense plage de sable, sur laquelle il offre une vue à couper le souffle. Non loin de Tanger, cet hôtel de 45 résidences de luxe, épouse le panorama qu’il surplombe, certaines terrasses privées étant accrochées à la falaise, pour une vue vraiment bluffante. Un lieu qui porte particulièrement bien son nom ! www.lemirage.com

www.sofitel.com

• Dakhla Version Bungalow A l’OcEan Vagabond

Le Mirage

Sultana Oualidia

• OUALIDIA La Sultana Par la qualité de ce site naturel de grande valeur écologique en bordure d’océan, La Sultana Oualidia, membre de Small Luxury Hotels of the World, est un lieu de luxe et de volupté, situé juste au bord de la lagune, renommée pour son ostréiculture… Les 12 chambres possèdent leur terrasse privative et jacuzzi d’eau de mer. Le restaurant décline tous les plaisirs de la mer, grâce à un vivier judicieusement intégré dans la pierre pour une fraîcheur et qualité irréprochable. Cure de bonheur iodé au programme !

www.oceanvagabond.com

Version “Pieds dans l’eau” A l’hOtel Bab Al Bahar

Sofitel Agadir

Cet édifice contemporain est adossé à la falaise sur la corniche de Dakhla, un emplacement exceptionnel qui permet à son immense terrasse de flirter avec l’océan. On peut opter pour une pause farniente sur sa plage privée ou, depuis son embarcadère, rejoindre en bateau les plages secrètes de la région... En plus de toutes les activités qu’offre la destination, Bab Al Bahar est avant tout un lieu qui invite à la déconnection totale : cure de mise en forme au spa de l’hôtel, et régime 100% océanique : la table est recouverte de poissons, huîtres, langoustes…

www.lasultanahotels.com

• AGADIR Sofitel Agadir Thalassa & Spa C’est l’un des derniers fleurons de la chaîne Sofitel au Maroc, voisin du Sofitel Agadir Royal Bay Resort, il jouit de la même situation stratégique sur la baie d’Agadir en bordure de plage. Ses plus ? Un superbe centre de thalasso, des menus healthy pour une cure de remise en forme globale, une déco épurée noir et blanc, une piscine chauffée près de la plage… Et tout ce qui constitue l’identité “Sofitel”, comme la fameuse

Entre deux dunes, des bungalows ont été intelligemment intégrés à l’environnement, composés de bois pour mieux se fondre au paysage, et de larges baies vitrées qui s’ouvrent sur le lagon et le sable blanc... L’Océan Vagabond est l’adresse idéale pour s’initier aux sports nautiques (Kite ou Windsurf) avec une école dédiée et des moniteurs tops. Pour le reste : dégustation de poissons et fruits de mer fraîchement pêchés, sorties en bateau, balades en catamaran, ou à pied le long du lagon… Enfin, pause en fin d’après-midi au bar La Paillotte, pendant que les enfants font une partie de baby foot !

www.bab-al-bahar.com Ocean Vagabond

Bab Al Bahar



044/ZOOMSHOPPING

Par Mélanie Polatova

Nouvelles adresses emplettes à Marrakech, Casa ou Online… •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• • CASA Private Room

Fenyadi (linge de maison, art de la table, bougies…) qui a donné vie au studio de création Crazy Days. Un mini concept store rue des Vieux Marrakchis à Marrakech, qui réunit harmonieusement leurs coups de cœur et leurs propres créations : housses de dressing en soie imprimée, plaids, étoles, classeurs à rayures, pochettes pour iPad, sacs à linge astucieux en toile cirée, housses à lunettes, foulards patchwork en tissus imprimés et mousseline de soie, tabliers 5 poches pratiques et joliment pensés avec ses accessoires en bois beldi... Craquant !

Tout nouveau concept store casablancais, le Private Room propose à ses clients de vivre une réelle “expérience shopping” à travers différents espaces dans lesquels on retrouve des marques exclusives de prêt-à-porter comme Moschino ou Alexander Wang, de la maroquinerie, des cosmétiques (MarocMaroc, Reminiscence…) mais aussi bijoux fantaisie et joaillerie, art de la table, décoration intérieure, livres… Dans des couleurs rafraichissantes, Private Room dispose également d’un espace t-room sous l’enseigne “Miam” et d’un Nail Studio, permettant de faire une pause entre Private Room amis, pendant la virée shopping…

Tel : +212 5 24 45 81 18

• MARRAKECH Pierre Balmain

Tel : +212 5 22 27 36 09

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Armes aiguisé chez Francesco Smalto, Fédérico Banzola installe sa boutique-atelier de tailleur haute couture à Marrakech, dans le Guéliz. Des vestes élégantes, des miroirs, une banquette, des photos en noir et blanc de stars impeccablement costumées, le bruit des machines à coudre… Un univers assez inattendu dans lequel des Maîtres Tailleurs marocains créent, dans les règles de l’art et sous la houlette de Fédérico, des costumes sur-mesure avec une touche unique. “Aujourd’hui, nous sommes capables de produire la même qualité de costumes que les grandes maisons de Londres, Paris ou Milan. Mais nous avons notre propre style : le “Gentleman Marocchino”, un style qui a déjà séduit Christian Audigier…

Fédérico Banzola

Crazy Days Studio

Tel : +212 5 24 42 20 56

• ONLINE Bakchic

Tel : +212 5 24 42 18 05

• MARRAKECH Crazy Days C’est l’histoire de Géraldine, Rodolphe, Sophie et Charlotte, l’équipe de directeurs artistiques de

C’est à Marrakech que la franchise Pierre Balmain a choisi d’ouvrir sa première adresse marocaine. Un très bel espace noir et blanc baigné de lumière, où les dernières collections de la marque s’exposent en beauté. Des vestes, chemises, robes cocktail aux coupes très couture, mais aussi une ligne de jeans plus décontractée. Une adresse chic, très parisienne, où les Marrakchis peuvent faire des folies sans avoir à prendre l’avion ou l’autoroute…

Balmain

Bakchic

Bloggeuse mode casablancaise, Sofia est passée de la contemplation à l’action, en créant sa marque Bakchic : “fruit d’une longue et profonde expérience de macération culturelle inspirée de toute l’énergie de Casablanca”. Asymétrie, jeux de couleurs et de matières, les classiques sont revisités avec style et ensoleillement, pour le plus grand bonheur des fashionistas marocaines et internationales, qui peuvent faire leur shopping en ligne ! bakchic.com



DOSSIER VOYAGE



TOURISME A TOUS RISQUES 048/DOSSIERVOYAGE

Par Soufiane Chakkouche

Le tourisme au Maroc n’est plus ce qu’il était et ne sera plus ce qu’il est. Crise mondiale, “printemps” arabe, islamistes au pouvoir, crise politique intérieure… les mauvaises nouvelles se suivent mais ne se ressemblent pas et le secteur peine à sortir la tête de l’eau. Quel bilan, quelles perspectives, quelle stratégie ? Le MAG fait le point. uand on est un pays non industrialisé comme cela est le cas pour le Maroc, on n’a pas mille et une options économiques, on en a trois : les services, les ressources naturelles et bien sûr le tourisme. Pour le Royaume, ce secteur est plus que vital dans la mesure où il est le premier contributeur à la balance des paiements, deuxième contributeur au PIB national et deuxième créateur d’emplois. Il convient donc d’avoir une stratégie bien définie,

durable et visionnaire. Seulement voilà, la conjoncture internationale n’est pas au beau fixe et les récents bouleversements qu’a connus -et que continue à connaître- la région ont bouleversé l’échiquier touristique. Le touriste étranger change de comportement et le Maroc semble être à la traine devant des pays comme la Turquie qui a su profiter du“printemps” arabe et attirer les vacanciers qui boudent, et à juste titre, des pays comme la Tunisie ou l’Egypte.

Océan, mer, forêts, montagnes, erg, reg..., à lui seul le Maroc est une planète. “Il dispose des atouts nécessaires pour satisfaire les différents besoins touristiques mais n’a pas encore réussi à les exploiter pleinement” et c’est le Ministère de tutelle qui le dit. Sans langue de bois, cela revient à dire que la nature a gâté le pays mais que l’homme n’a pas su l’utiliser à bon escient. En effet, sur les 1.500 ressources touristiques identifiées comme les plus pertinentes, seules 350 sont partiellement valorisées. De plus, le pays connaît aujourd’hui une inégalité flagrante dans la répartition géographique de ce secteur, et

pour preuve, deux destinations, Agadir et Marrakech s’accaparent 70 % des nuitées des visiteurs étrangers. Cela va de soi, une telle concentration géographique ne permet pas d’exploiter toutes les potentialités du Royaume chérifien. Pire que cela, même ces deux destinations phare commencent à s’essouffler sans d’autres alternatives solides. D’après les professionnels du secteur, le taux de remplissage des hôtels dans ces villes avoisine 40 % en 2013, en d’autres termes, l’offre dépasse largement la demande et tout nouveau projet d’envergure ne fera qu’accentuer cet écart si de

nouvelles niches ne sont pas dénichées. Et c’est dans l’urgence qu’il va falloir opérer, car cette situation ne fera que s’aggraver. Selon une récente étude du sérieux bureau Ipsos-Europ datant du 30 mai dernier, seulement la moitié des Européens -dont les Français, les Espagnols, les Italiens, les allemands et les Britanniques-, ce qui représente l’essentiel des touristes qu’accueille le Maroc, compte partir en vacance cet été. Qui plus est, la majorité de ceux qui partiront resteront dans la zone euro… Du jamais vu depuis la création de cet indicateur. Il faut donc rectifier le tir et vite.


Dans un tel contexte, les ambitions du gouvernement et des professionnels du secteur paraissent de plus en plus irréalisables. Les responsables n’en démordent pas, ils crient toujours à qui veut bien les entendre (ou plutôt les croire) que le Maroc atteindra 20 millions de touristes, doublera sa taille et entrera dans le top 20 des plus grandes destinations mondiales à l’horizon 2020. Pour ce faire, la vision 2020 prévoit la création de 200.000 nouveaux lits hôteliers, attirer 1 millions de touristes

en provenance des pays émergents, comme les Brésiliens ou les Chinois, et multiplier par trois le nombre de voyages domestiques, comprendre par là, les locaux. L’autre aspiration, plus noble et plus proche du réalisable celle là, si elle est menée sérieusement et surtout à terme, consiste à développer le tourisme durable en dégageant d’autres régions jusque là négligées. C’est le cas pour la zone méditerranéenne où on mise sur trois nouveaux sites : Saïdia, Marchica et Cala Iris, l’idée

est de combiner loisirs et développement durable. Quand au Grand Sud qui n’attire actuellement qu’à peine 0.2 % des hôtes du pays, et ce malgré des conditions climatiques et paysagères idéales, le but est de se focaliser sur le site de Dakhla en présentant une offre exclusive combinant nature préservée et niches sportives. Un plan d’écotourisme à même été pensé pour les vallées du Haut Atlas et les oasis du Sud Est, reste à l’appliquer, et ça c’est une autre paire de manche.


050/DOSSIERVOYAGE

Le problème du tourisme marocain est dual, il est intrinsèque et extrinsèque. Extrinsèque par ce que “le printemps” arabe continue à déteindre sur le pays. Pour avoir une idée sur ces conséquences, il ne faut bien entendu pas le demander aux responsables marocains (car aucune étude n’a été menée dans ce sens, malgré l’évidence du phénomène), mais aux tour-opérateurs étrangers. Ainsi, selon l’Association des Tour-opérateurs français (le CETO), les ventes de voyages à forfait pour le Maroc ont chuté de près du quart et ceci est directement lié aux révolutions arabes. Si la majorité des européens soutiennent les révolutions de la Tunisie et de l’Egypte, ils préfèrent le faire de loin, les vacanciers évitent ces deux destinations pour la troisième année consécutive. Le Maroc n’a pas su les récupérer, pire, il en perd aussi. Mais où donc sont-ils passés ? En Espagne et surtout en Turquie. Le vrai printemps est Turc : depuis le “printemps” arabe, ce pays a fait un bond de géant dans le domaine touristique, pour devenir la sixième destination au monde. L’autre face de la pièce à problème est propre au pays. Sur le papier, l’ambition est grande, mais sur le terrain, l’infrastructure ne suit pas, et quand elle existe, la mauvaise gérance vient la plomber.

La RAM (Royale Air Maroc) en est l’illustration parfaite. En effet, ce maillon essentiel de la chaine est en panne, même son ministère de tutelle dénonce ses défaillances et tape du poing sur la table. Lahsen Haddad, ministre du Tourisme avait déclaré à un confrère que “Le Maroc a besoin d’une compagnie qui soit au service de l’Etat et de ses secteurs prioritaires, capable de lancer de nouvelles lignes aériennes et d’ouvrir de nouveaux marchés”. Les professionnels aussi montent au créneau et réclament une augmentation de la capacité d’accueil et ce, en qualité et en quantité. Ils s’opposent aussi à la fermeture de lignes comme cela était le cas pour la ligne Marrakech-Londres qui a fait perdre 1 milliard de dirhams de recette selon les dirigeants de l’ONMT (Office National Marocain de Tourisme). Par ailleurs, le plus grand défaut du Tourisme national est d’ordre géostratégique. Le rapport de la vision 2020 le mentionne clairement : “Dans la décennie passée, les investissements touristiques se sont concentrés sur quelques destinations (Marrakech, Agadir, et dans une moindre mesure Casablanca et Tanger)… A l’exception de quelques sites dans les principales villes, le patrimoine culturel matériel et immatériel marocain reste encore peu

valorisé, aucune démarche globale d’ingénierie touristique n’ayant été déployée pour en assurer l’accessibilité et l’attractivité touristique”. En langue humaine, cela signifie que beaucoup de régions au potentiel énorme sont sous-exploitées où même des fois laissées à l’abondant, à l’instar du Rif. En somme, le Maroc privilégie le tourisme de masse au détriment du tourisme individuel, il préfère des formules standardisées et n’œuvre pas pour la diversification de l’offre, alors que la géographie de ce pays est idéale pour ce faire. Cet état de fait est d’autant plus problématique que le Royaume est fortement concurrencé dans un environnement où l’enjeu de la diversification est central. Enfin, le segment des touristes locaux est marginalisé et présente un véritable manque à gagner. Pour preuve, les besoins en hébergement des visiteurs internes ne sont couverts qu’à hauteur de 10% par les structures classées, alors que, paradoxalement, la moitié de la population marocaine voyage. Voilà qui en dit long sur l’antagonisme présent dans ce secteur. Comme ne le dit pas le vieil adage, une erreur identifiée est à moitié réparée.


Comme la nature des problèmes que connait le Tourisme au Maroc, les solutions sont diverses et variées mais possèdent un seul tronc commun : l’adaptabilité. Pour commencer, le Maroc a besoin dans l’urgence de redorer son image à l’international. Pour cela, il faut se dissocier du “printemps” arabe en communiquant intelligemment sur la stabilité et la sécurité du pays. Parallèlement, il devrait renforcer l’investissement dans l’aérien et ouvrir de nouvelles lignes en adéquation avec le changement du comportement du voyageur étranger. Côté stratégie, les décideurs sont dans l’obligation de revoir leurs plans pour les années à venir. Il faut certes maintenir le tourisme de masse en place, mais il est primordial de développer le

tourisme individuel. Le cas des visiteurs français en est la preuve indiscutable, selon la CETO, pour la destination Maroc, le touriste français préfère de plus en plus les formules individuelles et n’hésite plus à chercher de ses propres moyens des établissements d’hébergement et des lieux peu fréquentés par le tourisme industriel. Ce développement passe inexorablement par la création d’une infrastructure dédiée exclusivement au tourisme durable et à l’écotourisme, l’actuel projet du Resort de Dakhla (voir encadré) est un bon début et pourra ouvrir cette voie. Quand à l’ignominieux problème du tourisme local, il est plus que temps de créer un tour-opérateur marocain spécifique à cette clientèle et de créer des offres qui conviennent à

ce niveau de pouvoir d’achat. Cela permettra aux autochtones de bénéficier des mêmes avantages que les étrangers, notamment concernant les prix des vols et des nuitées. Actuellement, le touriste local paie jusqu’à trois fois plus ces services. Qu’on le veuille ou pas, le Tourisme au Maroc traverse une zone et une période de turbulences, il opère un virage de 90 degrés qu’il vaut mieux bien négocier. Toutefois, avec un gouvernement qui n’arrive même pas à se mettre d’accord sur les dates de ses réunions, et avec cette animosité et ces conflits quasi quotidiens entre les partis politiques qui constituent sa majorité, l’affaire semble mal partie…. Croisons les doigts !


052/DOSSIERVOYAGE

MARRAKECH Un autre pôle d’activité non évoqué dans ce dossier, mais qui est loin d’être négligeable, est celui du tourisme d’affaire. Il est vrai que tout le monde n’est pas femme ou homme d’affaire, et qu’en terme de quantité, cette“cible” ne court pas les rues, mais en terme de recettes, un touriste d’affaire vaut quatre touristes de masse. Certains pays en ont fait une spécialité, d’autres lui tournent le dos faute de moyens, et d’autres, enfin, essayent de le développer. Le Maroc appartient à cette troisième catégorie. Tout Marrakchi connaît les palais des congrès du Mansour Eddahbi et du Palmeraie Golf Palace, dorénavant ils ne sont plus les seuls à régner sur le secteur. Car Miloud Chaâbi, PDG de Ynna Holding, a décidé de s’en mêler. En effet, le 29 mai dernier, le plus grand palais des congrès d’Afrique du Nord a été inauguré

devant un parterre de personnalités, dont le Premier ministre Abdelilah Benkiran, quatre de ses ministres et Othman Benjelloun, PDG de la BMCE. Réparti sur une superficie de 16.000m2 couvrant 4 étages, ce nouvel espace offre une capacité de 3.800 places, 28 salles de sous-commissions et une salle de bal. Quant à l’investissement, il atteint 1,2 milliards de dirhams, entièrement supportés par les fonds propres de M. Chaâbi.


DAKHLA C’est à Dakhla que le “resort du désert” devrait voir le jour, mais c’est à Abu Dhabi que Lahcen Haddad, ministre du Tourisme, a signé le mémorandum d’entente pour son développement. A titre indicatif, un mémorandum n’est nullement un contrat. Soit, sur le papier : ce resort, qui ne porte toujours pas de nom, se situera à Dakhla, il nécessitera un investissement d’un milliard de dirhams et sera financé par le groupe émirati Al Shafi Investment. Selon le même mémorandum, le projet va se positionner en tant qu’éco-resort

axé sur le désert et proposera des offres d’hébergement, de restauration et d’animation, tout en respectant l’environnement. Cette initiative qui rentre dans le cadre de la vision 2020 permettra “d’impulser une dynamique régionale aux provinces du sud et servira de levier économique pour le développement local”.


PRIN TEMPS arabe 054/DOSSIERVOYAGE

Par Soufiane Chakkouche

basse basse saison saison pour pour le le tourisme tourisme Si la crise mondiale fut un coup de marteau pour le tourisme dans les pays arabes, leur “printemps” en fut un coup de massue. A l’instar de toutes les autres activités économiques (sauf celle des armes), pour ce secteur, l’été n’a pas suivi le printemps, et les touristes se fond toujours attendre. Visite d’une industrie malade de la révolution.

le Temple d’Abou Simbel en Egypte


la baie de Sidi Bousaïd en Tunisie

e peuple avait scandé “Ben Ali DEGAGE”, le dictateur prit la fuite ; les citoyens avaient hurlé “Moubarak DEGAGE”, le tyran se rendit ; la folie de la foule avait aboyé “Khadafi DEGAGE”, le fou fut asauvagement assassiné. Mais gardons-nous de remuer le couteau dans la plaie de l’homme et de l’Histoire, car le sang, la violence ainsi que la lâcheté, ne sont que le prix de la liberté, n’est-ce pas ? On a l’habitude de dire : Quand le secteur du bâtiment va, tout va. Le bâtiment va probablement bien se porter pour les pays qui ont connu les révolutions arabes, puisqu’il faut au moins reconstruire ce que la guerre a détruit. Mais pour le tourisme, la petite histoire est toute autre. Pour des pays tels que la Tunisie ou l’Egypte, le tourisme est un Capital, le perdre c’est perdre toute une économie. Or dans ces contrées, l’instabilité politique, l’insécurité et les manifestations sporadiques qui persistent, font toujours fuir les touristes. Selon une récente enquête menée par le cabinet Promise Consulting, plus de 50 % des enquêtés français “n’envisagent pas de se rendre dans une destination dont le contexte politique est instable”, voilà qui est de mauvais augure pour les pays du “printemps arabe”. Jean-Pierre Nadir, président fondateur d’Easyvoyage va encore plus loin et propage le phénomène à tous les pays de confession musulmane, “Les soubresauts du printemps arabe n’en finissent pas de décourager des candidats au voyage dans des pays d’obédience musulmane. Après la Tunisie et l’Egypte, les Français boudent désormais le Maroc et même les Maldives. De conjoncturelle, cette situation s’installe de plus en plus comme une nouvelle donne à intégrer, voire à digérer, pour l’ensemble des grands acteurs du tourisme européen”, remarque-t-il.

Cas de la Tunisie

En Tunisie, le tourisme représente 7 % du PIB national et emploi plus de 400.000 personnes, soit un sixième de la population active, c’est dire son importance dans l’économie de ce pays. Avant le 17 décembre 2011, date à laquelle un certain Mohamed Bouazizi s’était immolé par le feu, le pays attirait 7 millions de touristes annuellement et générait environ 2 milliards de dollars de recettes. Un président en cavale et quelques centaines de morts plus tard, le pays n’arrive toujours pas à retrouver ce niveau. En effet, pour la troisième année consécutive, les touristes semblent boycotter le pays, surtout les Français pour qui la Tunisie était la destination préférée avant “la révolution du jasmin”. D’après le CETO (Cercle d’études des tours opérateurs), en 2012, les ventes de voyages des tours opérateurs français sur le territoire tunisien ont dégringolé de 45 %. Désormais, le touriste français préfère aux plages tunisiennes celles d’Italie, d’Espagne ou encore de Grèce. Certes, il n’y a pas que le touriste gaulois, il y a aussi de nouvelles nationalités qui s’intéressent à la Tunisie, et à ses prix défiants toute concurrence, comme cela est le cas pour les touristes russes qui étaient plus nombreux de 33 % en 2012, mais le secteur n’arrive toujours pas à relever la tête. A chaque bouffée d’oxygène, un malheureux événement vient lui remettre la tête sous l’eau. Le dernier en date est celui de l’assassinat en février dernier de l’opposant Chokri Belaïd, qui a replongé le pays dans l’instabilité politique. Selon les professionnels tunisiens, ce drame allait avoir des répercutions catastrophiques sur le secteur pour l’année en cours. Les derniers chiffres émanant du Ministère du tourisme tunisien leur donnent raison, ils font état d’un recul de 6 % dans les nuitées enregistrées jusqu’en avril 2013 et une baisse d’environ 10 % des arrivées aux frontières au lendemain du meurtre de Belaïd. Alors tant que de tels événements surviendront, la Tunisie ne retrouvera pas ses touristes, et combien même les eaux retrouveront leur cour normal, le changement du comportement des vacanciers risque de devenir une habitude, surtout que des pays comme la Turquie ou la Grèce font tout pour fidéliser ces nouveaux hôtes tombés du ciel.

Cas de l’Egypte

Si la Tunisie comptait 7 millions de touristes par an avant “le printemps arabe”, l’Egypte, elle, en comptait le double. En 2010, l’industrie touristique de ce pays enregistrait 14 millions de visiteurs et employait près de 12 millions de personnes. En 2013, ces chiffres ne sont que de bons souvenirs, car depuis que l’ex-président a quitté le pouvoir et que les islamistes s’y sont installés, le tourisme égyptien a du mal à renaitre des cendres de la révolution, dans un pays où la contestation et la violence sont devenues quasi quotidiennes. Près de 35 % de touristes en moins en 2010/2011, et 20 % en moins pour la saison 2011/2012. Cette situation a eu un effet domino sur les tours opérateurs spécialistes de l’Egypte : un à un, ils ont mis la clé sous le paillasson. Et pour cause, on ne peut substituer cette destination par une autre, en d’autres termes : les pyramides sont irremplaçables. En mars dernier, le ministre égyptien du Tourisme, Hisham Zazou, a tenté de rassurer les professionnels du monde entier lors du Salon du tourisme de Berlin, il avait déclaré que son but était d’atteindre le niveau d’avant révolution. Des propos qualifiés d’affabulatoires et dénués de tout sens de la réalité par les experts égyptiens du secteur. Le Ministère lui-même ne semble pas croire aux dires de son chef, quelques semaines après Berlin, l’Egypte a brillé par son absence au Salon mondial du tourisme à Paris, autant dire qu’elle ne s’est pas rendue à la Mecque de cette industrie. Justement, c’est vers la Mecque que l’actuel gouvernement des frères musulmans, à leur tête Mohamed Morsi, souhaite se tourner pour pallier à cette crise. Certains médias égyptiens ont dores et déjà adopté le qualificatif tourisme de “la Charia”. Ce dernier consiste à offrir des espaces de vacances à des dévots nationaux et du Moyen-Orient, où par exemple la femme sera tenue d’adopter une tenue “respectable” et d’être accompagnée d’un homme (de la famille bien entendu). Voilà qui ne fera probablement qu’étayer la réticence des touristes occidentaux. C’est donc clair comme l’eau du Nil, sur le plan touristique, les pays qui ont connu “le printemps arabe” payent encore la facture de la fracture. Quant aux eaux du futur, elles demeurent troubles, aucune visibilité ni certitudes, mis à part le fait que dans cette région, un New deal est entrain de s’opérer...


056/DOSSIERTOURISME

Patrick Bauer

agitateur d’idées “Sans éducation et santé, on ne peut rien faire, tout commence par là !” En 1985, ils étaient une vingtaine… 28 ans plus tard, en avril dernier, c’est plus d’un millier de personnes qui a parcouru les 240km de dunes, de pistes caillouteuses, d’oueds asséchés et de palmeraies du désert du Sahara. Le Marathon des Sables est l’une des courses les plus difficiles au monde -et aussi une des plus folles-, elle a réuni cette année plus de 45 nationalités dans le Sud du Maroc. Patrick Bauer, le fondateur de cette incroyable aventure, est ce qu’on appelle un agitateur d’idées, qui œuvre concrètement pour le désenclavement de la région de Ouarzazate depuis 30 ans. Rencontre.

Par Mélanie Polatova



058/DOSSIERTOURISME

Tout commence par la solidarité…

“Nous proposons aux entreprises de parrainer une équipe en finançant sa participation au marathon, cette équipe porte alors les couleurs de l’entreprise, mais soutient aussi, et surtout, l’association de son choix. Une valorisation de premier ordre en véhiculant les valeurs du sport, de la nature et de la solidarité !” nous explique Patrick Bauer, véritablement enjoué et concerné par la dimension solidaire du MDS (Marathon Des Sables). Depuis de nombreuses années, l’organisation du Marathon Des Sables, en collaboration avec d’autres associations, s’applique à améliorer les conditions de vie des populations proches des circuits empruntés lors des épreuves : équipement en pompes et matériel scolaires, aménagement d’une école avec bloc sanitaire et douches dotés d’un système solaire, construction d’un complexe artisanal pour femmes avec atelier, école, garderie, salle de réunion, cuisine et bloc sanitaire... Puis, en 2008, c’est l’association Solidarité Marathon Des Sables qui voit le jour pour la mise en œuvre de projets en faveur de l’enfance et des populations défavorisées dans les domaines de la santé, de l’éducation et du développement durable au Maroc. “Il y a deux ans, nous avons ouvert Sport Eveil Académie. Nous y recevons déjà 240 enfants : éveil sportif pour les 3/5 ans et initiation à l’athlétisme pour les 6 /11 ans. Pendant ce temps là, les mamans sont accueillies par Femmissima, un centre d’alphabétisation où 60 femmes sont actuellement prises en charge. Nous avons perdu de l’argent pendant des années avant de pouvoir engager des gens à plein temps. Au centre d’éveil de Ouarzazate, nous avons six salariés, pour faire fonctionner tout ça, nous avons besoin de 50.000 euros par an, que nous réunissons grâce à des financements privés, entre autres générés par l’aura médiatique du MDS. Sans éducation et santé, on ne peut rien faire, tout commence par là !”

Une aventure d’hommes… et de femmes !

Six étapes de 20 à 80km, dont une de 42km et une autre, non-stop, de 80km, en partie de nuit. Le Marathon Des Sables est une course tactique car il faut, pendant une semaine, gérer son effort, son alimentation et ses besoins hydriques. C’est une épreuve sportive difficile qui se déroule à une température pouvant avoisiner les 50 degrés. Les plus grands champions de ce marathon sont les frères Mohamad et Lahcen Ahansal : Lahcen a été vainqueur à dix reprises, et Mohamad est le vainqueur des trois dernières éditions. Mais le MDS, ce n’est pas qu’une histoire d’hommes… bien au contraire ! Et Patrick Bauer tient à le souligner en rendant tout d’abord hommage à son épouse Marie : “Elle me suit depuis le début, tout au long de l’année, c’est elle qui assure tout le travail de fond sur le Marathon. La femme de l’ombre, c’est elle !” Pour ne pas dire, la femme qui se cache derrière le grand homme… Autre icône : Touda Didi, la gazelle ouarzazi qui a remporté deux fois la course sur le chrono Dames. Une grande fierté pour la région. Elle est allée jusqu’à représenter la Femme Marocaine dans plusieurs événements sportifs internationaux, de New York à Tokyo. Après une formation en pédagogie, elle veille dorénavant sur le centre Sport Eveil Académie, où elle donne des cours d’alphabétisation, et est formatrice pour la partie Athlétisme. Patrick Bauer

tient aussi à citer Nadia Dadoun qui vient de participer à son 13ème Marathon des Sables. Côté organisation, Marie-Jeanne est l’incontournable commissaire des bivouacs : “On l’appelle Mme Maréchal, depuis qu’un chauffeur a écorché son prénom et l’a appelée ainsi par inadvertance. Elle gère les bivouacs d’une main de fer ! Mais c’est aussi un peu la maman des coureurs, elle leur apporte réconfort tout en répondant à toutes leurs requêtes… Les femmes sont indispensables à la réussite d’une entreprise. Et je n’ai pas peur de dire qu’elles sont le pilier économique de l’Afrique. Elles sont plus coriaces, plus volontaires, plus performantes et surtout, déterminées !”

Un très bel outil de promotion touristique

La médiatisation est telle que le MDS est devenu une vitrine de premier ordre pour la région de Ouarzazate, grâce à la couverture télé quotidienne sur TF1, France 2, BFM TV, des reportages diffusés en Chine, au Brésil… Les retombées sont énormes -“En 2012, nous avons comptabilisé 150 heures de télé et 1.600 articles !”- et la promotion de la région du Sud du Maroc, effective. Néanmoins, “Les hôtels ferment, les restaurants sont à vendre… aujourd’hui, Ouarzazate est une ville morte, et le Marathon ne suffira pas à la sauver.” Avec ses 30 années de repérages dans le Sud, Patrick Bauer était plutôt bien placé pour participer à la création d’une cellule de réflexion avec le gouverneur de la région. L’idée est de trouver des axes pour travailler au désenclavement de Ouarzazate, l’environnement étant au cœur du sujet. “On cherche comment booster la destination, en la transformant par exemple en une niche spécialisée dans la pratique du planeur, car la région présente la thermie idéale pour ce type de loisir. Et dans une toute autre dimension, quand je pense que Desertec est le plus grand projet solaire au monde… J’imagine un énorme festival qui réunirait tout ce qui touche au solaire. Le “Morocco Solar Festival” serait l’occasion de recevoir des chercheurs internationaux, organiser des courses de véhicules solaires, créer des champs d’animation alimentés à l’énergie solaire… Cela pourrait être énorme, une sorte de Burning Man avec des concerts gigantesques, et par la suite, faire de Ouarzazate un “Silicone Valley” spécialisé dans l’énergie solaire ! On pourrait mettre en place un jumelage avec Neuchâtel, où il existe déjà un festival solaire, et dont les sponsors seraient ravis de créer un événement similaire, mais forcément beaucoup plus impressionnant, en vu de l’ensoleillement de notre région.” Des idées, Patrick Bauer n’en manque pas ! Il n’attend aujourd’hui que l’appui de sponsors et institutions… Dans le domaine de l’écologie, il projette aussi de construire un véritable éco-lodge au bord du barrage de Ouarzazate : des maisons en terre dotées de puits canadiens (climatisation naturelle qui puise fraîcheur et chaleur dans la sol), mais qui utiliseraient aussi le solaire et l’éolien… Tout en continuant à réfléchir à tout autre projet qui serait susceptible de redonner une identité à Ouarzazate, et de provoquer un nouvel attrait pour la destination. Agitateur d’idées, ce n’est pas un vain mot !



060/DOSSIERTOURISMEYACHTING

YACHT PEOPLE Jadis mandatés pour les grandes traversées intercontinentales, les paquebots ont bien failli ne pas survivre à la commercialisation du transport aérien à la fin des années 50. Obligés de se réinventer, ils chercheront plus à divertir les passagers qu’à les faire rallier deux points.
 Et le navire transporteur finit par se transformer en destination de vacances : c’est la naissance de la croisière. Au Maroc, nous pouvons désormais embarquer depuis Tanger ou Casablanca pour des vacances flottantes…

le Sultana YAcht

Par Mélanie Polatova


Le Sultana Yacht, ou l’Orient Express vue sur mer Les propriétaires de La Sultana (Marrakech et Oualidia) ont fait l’acquisition d’un bâtiment de fret et de transport maritime des années 60, séduits par sa ligne élégante, son look mythique de transatlantique... Une mise en œuvre colossale de cinq années aura été nécessaire pour transformer le bateau historique en un méga yacht de 65m doté des toutes dernières technicités en matière de confort, de performance, ou de sécurité. Ils ont donné vie au troisième fleuron de Sultana Hotels, un véritable palace flottant tapissé d’essences précieuses, chic et cosy à la fois, avec ses 7 cabines exclusives, à la façon d’un voyage mythique, esprit “Orient Express” vue sur mer... Le Yacht suit les ardeurs du soleil, séjournant les mois plus frais sur l’Atlantique au sud du Maroc et les mois les plus chauds au nord, sur la Mer Méditerranée. De juin à septembre, il propose une croisière araboandalouse (9 jours/8 nuits) pour parcourir Tanger, Malaga, Marbella, Gibraltar, Cadix, Séville… Il peut aussi se réserver en exclusivité à la semaine sur tous les flots désirés. Un Must.

Les croisiEres dEbarquent !

Equinox

Le tourisme flottant a décidément le vent en poupe, à l’international avec des parts de marché en croissance perpétuelle, mais aussi au Maroc, où viennent accoster deux méga bateaux de croisière. On peut désormais embarquer sur le MSC Poesia -MSC Croisières s’est associé avec l’agence de voyages Equinox- depuis le port de Casablanca, direction Barcelone, Gênes, Malaga ou encore, Lisbonne... Flambant neuf, ce mastodonte peut accueillir 2.500 passagers, il est doté d’un casino, d’un théâtre, de plusieurs piscines, d’une discothèque et autres pôles de loisirs. Dans la foulée, Costa Croisières -en partenariat avec l’agence Alizès Travel- a annoncé une escale casablancaise pour son Costa Deliziosa en 2014. Un autre géant doté de 1.130 cabines, plusieurs restaurants et piscines, et bien d’autres équipements de loisirs pour les petits et grands.


062/DOSSIERTOURISME

Par Nathalie Rigoulet

a u t r e m e n t Marrakech, sa Place Jamaa El fna, ses souks, ses riads, ses palais, ses palaces... Toujours le même son de cloche qui séduit un large public. Mais, Marrakech regorge aussi de belles initiatives dont l’originalité s’inscrit dans une démarche alternative. Elles engagent chacun de nous à (re)découvrir “autrement” cette Ville Rouge, ou plus précisément, ses environs. Suivez le guide !


Plantes miraculeuses* Passionnée depuis petite fille par l’étude des sciences de la nature, de la botanique et des thérapies naturelles, c’est tout naturellement qu’AnneMarie Pujol suit une formation à l’IMDERPLAM (Institut Méditerranéen de Documentation, d’Enseignement et de Recherche sur le Plantes Médicinales) près de Montpellier. Depuis 2012, elle partage son temps entre l’Hexagone et le Maroc, pays de son enfance ; et c’est au milieu des oliviers, route de l’Ourika, qu’elle propose des rencontres, des sorties Nature, des ateliers de dessin (son autre passion) et des conférences. Riche en conseils, avec elle, on apprend sans retenue les secrets des plantes médicinales, des élixirs floraux ou huiles essentielles. A l’appui,

cures et remèdes à base de produits naturels, recettes de cuisine simples avec fruits et légumes de saison, préparation de tisanes, de décoctions, d’huiles végétales ou même d’huiles solaires. Un joli panel qui nous pousse à respecter le rythme des saisons, à redécouvrir le vrai sens de la vie... Et à la clé, une meilleure prévention de notre équilibre. Spécialisée également en Fleurs de Bach, Anne-Marie a récemment développé, en duo avec son associé François, les Fleurs de l’Atlas “made in Marocco” : sans alcool !

Km9 route de l’Ourika - Tel : +212 6 07 10 29 18 www.nature-et-connaissance.com

Bio, mon jardin* Vous souhaitez vous régaler de produits frais et bio et prendre des cours de cuisine ? Le Jardin du Chef Tarik Harabida vous attend pour une pause gourmande pleine de surprises : légumes de saison, plantes aromatiques, volailles et lapins, confits, conserves maison… Tout est fait sur place et à base de produits bio. Après Malte, la Libye, la Jordanie et Dubaï, il était temps pour Tarik de rentrer au Maroc. En 2005, il inaugure le Riad Mogador, et depuis 2008, on le retrouve en chef d’orchestre dans les cuisines du Méridien, mais ça ne lui suffit pas... Il imagine alors un petit coin de campagne où il pourrait proposer aux amateurs de bons produits bio cours de cuisine et déjeuners en toute simplicité. Il tombe sous le charme d’un petit douar situé sur une jolie route à 15 minutes

de celle d’Amizmiz, avec magnifique vue sur l’Atlas. Avec son complice Saoudi Abdessamad, il développe un jardin bio agrémenté d’un poulailler, d’espaces déjeuners extérieurs et intérieurs, d’une cuisine et d’une chambre avec hammam pour ceux qui aimeraient passer un week-end au grand calme. C’est mignon, simple et sans chichi. Epaulé d’un de ses frères -lui aussi cuisinier-, il anime le week-end des cours de cuisine où il on apprend à coup sûr quelques secrets du Chef à faire pâlir nos amis. Au programme : ateliers cuisine, visite du potager, ateliers jardinage, goûter berbère, déjeuner et fabrication du pain traditionnel.

Tel : +212 6 61 09 66 75 / +212 6 74 90 24 27 www.atelierdecuisine.com

Rat des champs* Perdu au milieu de la pampa à 30 minutes de Marrakech, Moe Oummad et son épouse Pauline ont fait un travail conséquent sur leur terrain de 2,5 hectares. Depuis trois ans, Moe travaille sans relâche pour transformer cette terre nue et aride en un espace de jeu pour légumes bio. Originaire de la Vallée des Roses, cet amateur de bons produits s’est lancé dans la culture organique pour se faire plaisir et offrir aux Marrakchis des légumes de choix. Depuis mars dernier, leur projet prend une autre dimension avec Akkalino (ma terre en amazigh) : une ferme pédagogique écolo qui accueille chaque mercredi, samedi et dimanche enfants et adultes pour différents ateliers et stages. Le but ? Sensibiliser à la vie de ferme, l’écologie et le développement durable. Au menu, des ateliers Jardinage, Terre (glaise,

argile et pisé), Vent (éolien, cerf-volant, hélice, girouettes), Eau (pour une meilleure gestion de cette ressource) et Feu (cuisine traditionnelle au feu de bois). On peut aussi suivre un stage autour de l’agriculture biologique pour créer son potager, fabriquer son traitement bio, réaliser son compost, tailler ses arbres aux bonnes saisons, préparer ses purins... ou apprendre les techniques de construction en terre (murs, four à pain, toit, voûtes, enduits, pisé). Vous passerez très certainement une excellente journée au milieu d’espaces aménagés exclusivement avec des matériaux locaux. Très prochainement, vous pourrez aussi séjourner sur place et participer aux activités de la ferme.

Tel : +212 6 62 13 13 49 - www.akkalino.com


064/DOSSIERTOURISME

Ta crème tu fabriqueras* En six ans, Naturom, marque marrakchie par excellence, a imprimé son nom en majesté sur l’aromathérapie et la cosmétique naturelle. A à sa tête : Rachid Jaafari, bercé par le savoir familial ancestral en matière de produits naturels et qui a parfait ces dernières années ses connaissances en phyto-aromathérapie, pharmacopée indienne, orientale et occidentale à Lyon et en Angleterre. Huiles végétales ou essentielles, savons et gels, laits, shampoings, masques, ou encore gommages… Sa gamme, très étoffée, est reconnue sur le marché pour sa qualité, le tout, fabriqué Maison et 100% naturel ! Rachid ne tarit pas d’éloges sur sa petite équipe et les familles qui cultivent, récoltent et transforment les plantes dans le pur respect de la nature. Si vendre les produits est une

chose, pour lui, l’essentiel est ailleurs : il propose de nombreux ateliers où il livre volontiers ses secrets avec beaucoup de générosité. Entre la boutique de Riad Zitoun en Médina et la route de l’Ourika (km17) circule une belle énergie. Les alchimistes en herbe réalisent avec amour leur propre crème hydratante (selon les spécificités de leur peau), baume pour les mains ou autre lipstick à base de beurre de karité, huile d’argan, figue de barbarie, etc. Chacun peut à présent repartir avec ses produits sur-mesure, Out les conservateurs, les risques d’allergie… et Out aussi les packagings inutiles !

Tel : +212 5 24 37 63 03 / +212 6 19 81 83 52 - www.naturom.fr

Algue magique* Sur rendez-vous, vous pourrez visiter une véritable ferme où l’on cultive la Spiruline, une espèce d’algue microscopique vieille de 3,5 milliards d’année ! Plus riche que les œufs ou le bœuf, capable à la fois de stimuler l’énergie, renforcer les défenses immunitaires, régénérer les tissus de la peau, favoriser le bon cholestérol..., la spiruline aide autant à lutter contre la malnutrition au Burkina et au Tchad, qu’à faire maigrir les obèses aux Etats-Unis. Les sportifs, eux, l’adoptent pour la remise en forme et la prise de muscles. Ses mérites tiennent à sa grande teneur en protéines (de 55 à 70% de son poids), en acides aminés, acides gras essentiels, Beta carotène, vitamine B 12, fer, calcium, magnésium, etc. Parfaitement digeste crue, fraîche ou séchée, les experts affirment qu’elle serait le meilleur complément alimentaire, capable de rééquilibrer un

régime peu varié. Algue magique donc, qui a entraîné la création un peu partout dans le monde de fermes à Spiruline. Le Maroc est loin d’être en reste, avec celles de Rabat, Dakhla, Agadir, Ouarzazate, Chichaoua… et Marrakech ! Pour mieux appréhender ce qu’est la Spiruline, une visite s’impose à la Ferme de l’Ourika -créée en 2010 par Philippe De Chancel, Patrick Clément et Marco Antonini- pour découvrir ses 1.000m2 de bassins couverts, son laboratoire avec matériel pour le tamisage et son four solaire pour le séchage. Vous pourrez y suivre toute la chaîne, de la culture en passant par la récolte, le séchage à basse température, la mise en paillettes ou comprimés… Tout en ayant des conseils pour sa consommation. Un moment éducatif réellement passionnant ! Tel : +212 6 51 73 94 45 www.spirulinevitalgue.com

Safran à l’honneur* Rachid Alami est né à Al Hoceima et a grandi à Casablanca jusqu’à l’âge de 17 ans. De retour au pays depuis 3 ans, après une vie effrénée à Paris, il pose ses valises à Marrakech et développe sur un terrain familial à Bourrous (15km au nord-est de la Ville Rouge) un projet de centre écologique, orienté sur la construction de dômes en sacs de terre et dômes géodésiques en bois et métal, avec culture de plantes aromatiques et médicinales, et, prochainement, une table paysanne où l’on pourra venir déjeuner et nous régaler de légumes bio… Mais pour le moment, le point fort de Rachid est la culture du Safran. Personne n’avait jusqu’à présent envisagé de le cultiver sur cette région aride… Et pourtant ! Son dossier sous le bras, Rachid s’était rendu au Ministère de l’Agriculture

de la région de Ben Guerir, qui a cru en son projet. Résultat  : 2 hectares de Safran récoltés par les femmes des villages alentours. Les analyses ont démontré qu’il était d’excellente qualité, ce qui lui a valu de belles rencontres, notamment avec le Chef Moha, adepte des produits de qualité, et aussi l’équipe de France 3 pour l’émission “Faut pas rêver”. Le meilleur moment pour découvrir la culture de ce petit crocus d’automne se situe vers le 20 novembre, période de floraison où la beauté des fleurs vaut largement le détour. Sur rendez-vous, Rachid accueille toute personne intéressée par cette culture, mais aussi par ses stages d’éco-construction.

Tel : +212 6 19 81 83 52 - www.jbilets.com


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1* La boutique Naturom en Médina 2* Anne-Marie Pujol (les Fleurs de l’Atlas) 3* Moe Oummad lors d’un atelier Jardinage dans sa ferme pédagogique Akkalino 4* Philippe De Chancel et Patrick Clément (Vitalgue) devant les bassins de leur ferme de l’Ourika 5* La Safranière 6* Le chef Tarik Harabida dans son jardin bio de l’Atelier de cuisine


TAFRA OUTINO Photographe : Mous Lamrabat Assistant photographe : Bettina MolnĂ r Stylisme : Lisa Lapauw Coiffure et maquillage : Sophie Engelen pour Redken et Mac Mannequin : Eliza Sys (chez Dominique models) Production : Thomas Vermeiren


Top Hugo Boss, jupe Aganovich, chaussures Dries Van Noten, collier Les Precieuses, lunettes Louis Vuitton


Eliza entourĂŠe de jeunes filles de Tafraout dans leurs propres tenues



Robe Sonia Rykiel, veste Christian Wynants


Robe Art-C, ceinture Tsumori Chisato, collier Essentiel


Veste Kenzo, robe boutique locale, lunettes de soleil Louis Vuitton



Sous-vêtements La Fille d’O, manteau Dries Van Noten, chaussures boutique locale





078/DOSSIERTOURISMESPOTSDEREVE

h ô t e l s

Par Marie Le Fort

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r ê v e

les pieds dans l’eau


Con Dao Viet-Nam © Daniel Moulinet

L’histoire est simple, et millénaire : soudaine, face à la mer, porté par une brise ensoleillée, on se sent revivre. Et pleinement en vacances ! Petit tour d’horizon de ces lieux de rêve que l’on a sélectionnés pour vous.


080/DOSSIERTOURISMESPOTSDEREVE

Portugal, Cascais, sur l’Atlantique

The Oitavos A quelques dizaines de kilomètres de Lisbonne, la côte d’Estoril et la ville de Cascais, jadis connues comme la Riviera Ensoleillée ou la Côte des Rois d’Estoril, étaient la destination privilégiée de la famille royale portugaise et de plusieurs monarques exilés. Accueillant aujourd’hui l’un des plus prestigieux golfs de la péninsule Ibérique, ainsi qu’un fleuron de l’industrie hôtelière, The Oitavos semble sur toutes les lèvres. Dans un camaïeu de bleu céruléen, bleu-gris et gris ardoise, l’immense rez-de-chaussée se dévide comme une immense pièce à vivre : intelligemment rythmée par des panneaux amovibles doublés de miroir, elle laisse le regard libre de se promener par-delà l’espace construit, jusque sur les dunes ensablées qui grouillent d’oiseaux, les pelouses verdoyantes du golf et l’horizon atlantique loin devant. Car droit devant, juste là en bas de la colline, c’est l’Atlantique qui dicte le programme d’une journée de villégiature. www.theoitavos.com


Turquie, Bodrum, sur la Mer Egee

Amanruya

Connue pour ses nuits sans fin et ses penchants pour la jet-set, Bodrum s’habille de paillettes en saison. Véritable St Tropez turc, avec ses yachts surdimensionnés et son odeur de crème solaire chic, la station balnéaire surfe encore sur son glorieux passé. Celui où la péninsule menait une vie de bohème entre peintres et artistes, chanteurs et acteurs : elle n’est pas si lointaine l’époque où Mick Jagger allait rejoindre Nureyev à la terrasse du café du coin… Caché dans un recoin calme de la baie de Mantalya, face à la mer Egée, Amanruya s’inscrit à contre-courant du tumulte des vacanciers. Retraite et “place des rêves” (Ruya signifie rêves en turc), l’une des dernières propriétés du groupe asiatique Aman joue la carte de l’intemporalité : une vue claire et dégagée et une place de choix faite au silence, l’Amanruya se fond non seulement dans le paysage naturel mais semble vouloir offrir à ses clients le luxe “de disparaître”. Le luxe d’être ici aux abonnés absents. Protégé de tout, et de tous, Amanruya se dévide comme un petit village avec de petites placettes et promontoires, des sentiers pavés de pierre sèche et des résidences privées. Erigée avec soin par le couple Emine et Mehmet Ögün à l’aide de pierres posées à la main et de mortier rose, l’architecture vernaculaire est un hommage au style ottoman et aux traditions rurales de la région. Après un plongeon matinal dans sa piscine privée, on se met en route vers un cours de yoga sur-mesure face à la baie, ou vers le Beach Club et sa plage de galets accessible après une courte promenade à travers les oliveraies. A la fois contemporain et sans âge, Amanruya parvient à redonner une âme à cette région balnéaire. Un lieu rare. www.amanresorts.com/amanruya/home.aspx


082/DOSSIERTOURISMESPOTSDEREVE

Vietnam, Con Dao, dans la Mer de Chine

Six Senses Con Dao Tel un phénix, l’île de Con Dao renaît de ses cendres : après avoir abrité les sombres heures du bagne de Poulo Condor, elle accueille le Six Senses Con Dao -élu par le magazine National Geographic comme l’un des 25 meilleurs écolodges 2013– qui réussit la prouesse de border la côte, et ses somptueuses plages, tout en se dissimulant dans le paysage. Imaginé par Reda Amalou, fondateur de l’agence française AW2, les structures en bois, pensées avec intelligence pour minimiser l’impact sur l’environnement, délimitent des suites et villas contemporaines derrière des palissades en bambous grisés par les éléments. Un lieu où poser, dans un souffle, valises et esprits. Dès l’entrée, des murs et maisonnées rythment la façade, et d’anciennes portes recyclées évoquent l’appartenance à un village ; la cuisine du marché s’invite un peu plus loin dans un espace ouvert. Couleurs, fumets et légumes frais se découvrent là comme un camaïeu de saveurs vietnamiennes… Vous reprendrez bien, installé sur une balançoire en cuir, un thé glacé à la citronnelle et une brochette de poisson enroulé dans une feuille de bétel ? Une réalisation et interprétation architecturales en accord avec leur temps, entre les îles et les marées bleutées. Magistral. www.sixsenses.com/SixSensesConDao www.aw2.net


Š Courtesy AW2/ Six Senses


084/DOSSIERTOURISMESPOTSDEREVE

Porto Rico, dans la Mer des CaraIbes

St Regis Bahia Beach Quand les “modeux” et design aficionados mettent le cap sur le W Viecques pour s’offrir quelques jours loin de tout, les nouveaux esthètes misent sur le luxe discret et la green attitude du St Regis Bahia Beach pour déconnecter. Ancré dans une réserve naturelle privée, sur l’ancien site d’une plantation de noix de coco, l’hôtel, flambant neuf, s’étire entre la Mer des Caraïbes et des lagons d’eau salée, en vue du parc national d’El Yunque -surnommé “forêt de nuages” pour sa végétation tropicale humide. 200 hectares de terrain de jeu, 2 kilomètres de plages, un terrain de golf dessiné par Robert Trent Jones Junior, le lieu a déjà tout, sur le papier, pour séduire ! Premier resort des Caraïbes à recevoir la certification “Gold Audubon” pour sa pépinière, la reforestation de la zone à l’aide de 70.000 plants natifs -doublée d’une minutieuse suppression des arbres et plants exotiques invasifs-, le recyclage des eaux de pluie et eaux grises, etc., le St Regis Bahia Beach a aussi mis en place une équipe verte composée de deux agronomes, un chercheur en écologie, un architecte-paysagiste et une biologiste marine. Une Green Attitude à laquelle vient s’ajouter la composante Lifestyle qui sous-tend l’ensemble : annoncée par une sculpture du portoricain Angel Botello, la Plantation House centrale évoque une atmosphère néocoloniale où beaux livres, vastes canapés et assises en rotin campent un décor de film. Ici, le terme “Tropical-chic” semble avoir enfin trouvé sa voix. www.stregisbahiabeach.com


Mexique, Tulum, sur la Mer des CaraIbes

Papaya Playa Project Papaya Playa est un “pop up resort” signé Design Hotels : entendez par là un ensemble éphémère qui explore, sur les côtes Caribéennes de Tulum, Mexique, des modes de vie “alternatifs”, toujours plus créatifs et écologiques. Lancé à l’automne dernier, un “PopUp Ashram” vient à son tour défricher le terrain de la spiritualité. Emmené par Michael Liss, “créateur de concepts et explorateur spirituel”, cette extension a pour but de “créer une retraite spirituelle pour tous ceux qui sont attirés par le yoga ou demandent plus de leurs vacances, comme de découvrir de nouvelles pratiques indigènes, transcendantales, etc.”, explique Michael Liss. En parallèle, Papaya Playa Project se pérennise au contact de sources d’énergies renouvelables pilotées par Finding Infinity : le vent, le soleil, l’activité humaine pour alimenter des dynamos, la consommation strictosensu de produits locaux, l’enseignement aux communautés voisines, tout contribue à dessiner le futur d’une hôtellerie peu invasive. www.papayaplayaproject.com - www.popupashram.com


sou 086/DOSSIERTOURISME

Par Sylvie Gassot

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Stephan Crasneanscki ©Darren Keith


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La bande originale de vos voyages

Révolutionnant le concept du guide de voyage, Stephan Crasneanscki, fondateur du collectif artistique Soundwalk, propose d’épatants films sonores dont vous êtes le héros. Et bien d’autres pépites à découvrir…


088/DOSSIERTOURISME

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arce qu’il a le goût des nouveaux territoires, ce jeune designer du son crée, en nomade, d’étonnants univers acoustiques comme d’autres collectionnent les œuvres d’art. De retour d’un périple traversant 10 pays pour remonter le Nil à la rencontre de groupes de gitans, l’artiste les a aussi photographié pour Vogue Hommes (numéro de septembre). Polyvalent, il a signé une pochette pour Cold Play, travaille souvent avec Yoko Ono et doit le succès de ses productions à une particularité : il a “l’oreille Picasso” ! Entreprenant sans trêve des voyages improbables, il capte les fragments d’une réalité mouvante, zoome sur les sons, et les superpose à la manière de collages cubistes. Là où Jean-Luc Godard avait l’œil caméra, il forme des compositions sonores singulières. As du recording, il capte l’âme d’un lieu dans l’intimité d’un murmure et brouille les pistes entre réel et fiction. Glamour, son univers flatte les voix de célébrités pour rendre les rues cinématographiques…

L’idée originale est magique ! Sa passion pour les voyages sonores naît à New York en 1998 où, jeune Français, il étudie l’Histoire de l’Art. Faisant souvent visiter son quartier du Lower East Side à des amis de passage mais, lassé de les accompagner, il décrit le parcours sur une bande son en temps réel. Son mix musical correspond à l’ambiance des lieux. Et en créant Soundwalk, il multiplie les expériences, poussant parfois loin les limites. “A Chinatown, je faisais rentrer les gens dans des fumeries d’opium, des sweat shops, des salles de jeu clandestines, mettant le visiteur face à une prise de décision. On lui révèle les passages, on lui donne le code d’entrée de la porte, mais c’est à lui de décider s’il veut ou non la pousser…”
Au hasard des quartiers, il propose de (re)découvrir en insider Williamsburg sous la kippa d’un rabbin, le sud

Le collectif Soundwalk en pleine séance d’enregistrement.

du Bronx dans les baskets de Jazzy Jay, ou Little Italy dans la chemise un peu mafiosa de l’acteur Vinny Vella… Sur CD ou MP3 à télécharger, il entremêle des ambiances bien timbrées et teinte d’humanité sa lecture du monde. Aujourd’hui, la planète Soundwalk tourne en une trentaine de parcours, d’Ibiza à Saint Germain des Près, de Wall Street à Shangaï, de Varanasi en Inde à Pékin… Son atout majeur ? Convaincre des personnalités d’exception : Paul Auster à Ground Zero, Matthew Broderick à Bryant Park, Jeanne Moreau pour l’habillage sonore du Chanel Mobile Art, ou Lou Doillon à Pigalle, d’embarquer à bord de ses voyages musicaux. La liste des talents qui participent à ses visions sonores est aussi infinie que la palette de ses inspirations. Et n’importe quelle célébrité embarquerait tant sa démarche originale a toujours un sens profond.
Porté par le succès des mp3 et des smart phones, son concept s’étoffe de parcours “spécial joggeurs” pour Puma. “Un peu comme si on avait inventé le film avant que n’existe la salle de cinéma. Imaginez, vous partez sur un coup de tête en weekend dans une ville, et vous n’avez qu’à télécharger votre parcours depuis le train…” 
 Devenu un trésor pour les marques les plus prestigieuses, Soundwalk signe désormais l’univers musical de Nina Ricci, la Crème de la Mer, le champagne Pommery, Chanel (l’exposition “Little black dress”) ou LVMH, qui a financé un triptyque chinois en collaboration avec Gong Li et Michael Galasso. Avec Orange, l’aventure se développe aussi dans 25 villes d’Europe dont le Madrid noctambule de Pedro Almodovar ou le Berlin déglingué de Werner Herzog… Chics et intelligentes, ses productions sont motivées par une soif de liberté qui sonne juste. “Le monde est avant tout visuel, le son est un espace immense encore peu développé. En ayant acquis une grande sensibilité de l’oreille, j’ai appris

à être moins dépendant de l’œil. Mais je ne pourrais en aucun cas être musicien car je ne cherche pas l’harmonie mais au contraire le contraste, le chaos…” Dans le tourbillon de sa vie, et au fil des rencontres, il épouse les territoires sonores qui vont avec. “Régulièrement, je crée un mix de 24 heures de programmation musicale pour l’iPhone personnel de Philippe Starck. Cette pièce sonore marche exactement comme une horloge. Au petit matin, on entend les voix des enfants prêts à partir pour l’école, et la nuit, le son d’un grillon, d’une voix qui chuchote…” Il fait aussi parler les meubles du Royal Monceau à Paris ou vibrer d’un last beat murs et plafonds du Berghain à Berlin, le meilleur night-club techno du monde ! Et captive au centre Pompidou, avec l’installation Médéa : un voyage sonore et visuel autour de la mer Noire sur les traces de Jason et les Argonautes. Demain, il s’apprête à enregistrer Patti Smith, sa voisine, sur les poèmes de Nico pour un projet sur Ibiza où, depuis 1 an et demi, il enregistre le chant d’amour du grillon grimpant aux arbres. “Ce son m’obsède car le grillon est tellement amoureux qu’il en oublie de manger. Il stridule, son ventre fait caisse de résonance et il finit par mourir d’amour ! Je suis aussi fasciné par le miaulement des chats la nuit à Odessa. Une légende raconte que les hommes infidèles se réincarnent en chats et viennent ainsi miauler toute la nuit sous les fenêtres de leur bien-aimée…” Alors quand vient-il faire escale à Marrakech ? “J’aime beaucoup le Maroc, d’ailleurs sur une idée de Pierre Bergé avec la Librairie des Colonnes, nous avons enregistré à Tanger autour d’une compilation magnifique de lettres d’émigrés témoignant de leur quotidien. Je respire Marrakech au travers d’un de mes amis Jean-François Fourtou qui y a installé son atelier. Un artiste et un homme rares que j’ai rencontré dans un avion en Inde et qu’il ne faut jamais garder loin de soi… Alors, pourquoi pas ?” On l’espère, mieux, on l’attend ! www.soundwalk.com


sound Stéphane Crasneanski entouré de ses muses Parisiennes , les comédiennes Isild le Besco, Lou Doillon et Virginie Ledoyen

© V. Sadoun

© V. Sadoun

© V. Sadoun

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MONDES PARALLELES


MONDES PARALLELES hta hadi kayna


092/DOSSIERVOYAGE

Par Soufiane Chakkouche

Un paradis nommE Akhfenir Akhfenir, ce nom ne vous dit probablement pas grand-chose, et pourtant, ce lieu aux allures de paradis existe bel et bien sur les terres marocaines. Seuls quelques privilégiés l’ont connu, Occidentaux, pour la plupart, des gens venus d’ailleurs et qui gardent jalousement ce secret, tel leur graal. Le Mag vous le sert dans un graal, à boire sans modération.

F

eu Théodore Monod disait : “Parler du désert, ne serait-ce pas, d’abord, se taire, comme lui, et lui rendre hommage non de nos vains bavardages mais de notre silence ?”. Quand on a visité ne serait ce qu’une fois le Sahara, on comprend aisément le sens profond de ces mots. Alors comment l’écrire ? Comment faire pour y poser des mots. Essayons, mais par le commencement : par la nationale 1, la N1, la seule route qui mène à Akhfenir. Contrairement à ce que pourraient croire bon nombre de citadins, cette route est plus que praticable et sans risques. Seul petit conseil, c’est cadeau : Ne collez pas les camions de transport de poisson, surtout dans les pentes, car bien des fois ils laissent échapper un étrange liquide qui peut provoquer des sorties de route. Pas besoin d’un gros 4x4 qui consomme gros, une simple berline suffit, à condition qu’elle soit bien réglée bien entendu, car chercher un bon garagiste dans le désert c’est comme chercher le silence à Casablanca. Il faut compter 450 kilomètres entre

Agadir et Akhfenir au sud. Mais tout compte s’arrête là, à Agadir. A partir de cette ville, c’est la magie de la nature qui inonde vos yeux et votre âme. Au fur et à mesure que le bitume défile sous vos roues, la nature mue sous vos yeux. La montagne devient dune, la pierre devient graine, le reg devient erg, et Akhfenir en est la frontière. Dans ce petit village de pêcheurs, le temps n’a d’emprise que sur ceux qui le désirent, ceux qui possèdent une montre mais jamais le temps. Quelques maisons, une mosquée, deux épiceries et une poignée d’auberges, le reste n’est que grandeur et espace. Ici l’océan et le désert se frôlent, la roche et le sable s’entrelacent dans une danse menée par le soprano léger des sifflements des dunes et la basse profonde du ressac. A votre droite, un désert d’eau, à votre gauche, un désert de sable, devant vous, une route sans fin, derrière, votre passé de citadin fait de beaucoup de futilités, et c’est ici qu’on s’en aperçoit. Ici, le paysage ne coupe pas le souffle, il le donne, car l’air est pur et la vérité vierge, ici on respire la vie.

Hormis la pêche -et l’océan est plus que généreux dans cette région d’Akhfenir-, on ne “fait pas des choses”, on contemple, on médite et on parle peu. Il est vrai que dans le désert, les rencontres sont plus rares que dans les villes, mais les échanges sont beaucoup plus riches et sincères. Caravanier à la retraite, vieux routard aguerri, jeune aventurier solitaire, amants aimant la liberté, Sahraoui sans âge... Dans les quelques auberges d’Akhfenir, les origines et les langues se mêlent, bien souvent autour d’un feu dansant ou d’un gros poisson frais. Dans ces lieux au confort sahraoui, chacun partage ses voyages passés et à venir, la transmission du savoir et de la vie se fait à travers le voyage. Toutefois, ma foi, ces chastes moments ne sont que la “datte” sur le gâteau. Les meilleurs à Akhfenir se vivent dans une solitude solidaire avec les éléments, surtout au levé et au couché du soleil. Et c’est bien devant un tel spectacle que les mots manquent, que les mots s’arrêtent. Pour connaitre ces instants et les sensations qu’ils procurent, il faut les voir, car celui qui voyage sait plus que celui qui lit.


Un autre paradis nommE Naila Quelques Conseils

A

une vingtaine de kilomètres au sud d’Akhfenir, se trouve un autre paradis, sous forme de lagune cette fois. Il se nomme Naila et ne figure que rarement sur les planisphères, pourtant l’endroit est classé parc national. N’y venez pas avec un gros 4x4 tirant un jet-ski, car vous n’en ferez pas, ces engins à moteur sont interdits sur la lagune. Pourquoi ? Pour ne pas perturber le sommeil unijambiste des flamants roses et de centaines d’autres oiseaux que seul un ornithologue pourrait identifier. Naila est une réserve biologique protégée par l’UNESCO, une escale pour oiseaux migrateurs en provenance d’Afrique et en partance pour l’Europe, ou inversement selon la saison. Mais à les observer vaquer paisiblement à leurs occupations d’oiseaux dans ce lieu magique, il semblerait qu’ils ne veulent plus reprendre leur migration. Hélas, là aussi, il faut le voir pour le sentir, car celui qui voyage sait plus que celui qui lit.

Il est préférable de faire ce voyage durant le printemps. A partir de mars, les paysages s’offrent plus facilement et la température est agréable. Evitez de rouler de nuit, car si le jour est d’une pure clarté, la nuit est d’un pur noir. Et puis, faire cette route sans voir ses magnifiques paysages est un non sens. Le carburant est beaucoup moins onéreux après Tan Tan, rien ne sert de prévoir des réserves depuis Agadir. Achetez tout ce qu’il vous faut pour le voyage à Agadir (huiles solaires, shampoing à l’abricot, sac de couchage, conserves…) car à Akhfenir seul l’essentiel existe. Pour les amateurs de l’hameçon, la pêche à Akhfenir n’est pas une question de patience mais de vigilance tant les touches sont fréquentes. La pêche du Bar, du Sar et du Loup truité se pratique toute l’année, celle de la Courbine, de mars à novembre, et celle de la dorade, de miseptembre à la fin novembre. Bonne pêche !


094/ParadiscachEs

Par Mouna Anajjar

Aguinane l’éden

qui

se

mérite

!

Comme nous vous l’annoncions dans le numéro de la Tribune de Marrakech du mois d’avril, Bernard Pasqualini, le fondateur du Chat qui rit, a cédé son restaurant pour partir -dès septembre- vivre son rêve de toujours : faire le tour du monde en moto. Ce passionné d’aventure, qui a vécu à Marrakech 8 ans durant, n’a jamais sacrifié un seul week-end, pour aller “se perdre” dans les coins les plus reculés de notre beau pays. Et, avant son départ, je lui ai demandé de nous dévoiler une des pépites de ses découvertes… Une façon de partager avec nous, vous, les paradis enchantés qui l’ont tant émus. Il a choisi de me parler d’Aguinane, l’éden qui se mérite. Voyage !


A

guinane est un village berbère perdu au milieu des hautes vallées de l’Anti-Atlas. Il est secrètement niché entre Tata, Taliouine et Foum Zguid, dans la région de Guelmim Es Smara. S’il faut chercher avec attention pour le repérer sur une carte géographique, il faut surtout avoir le temps et le goût de l’aventure pour le dénicher. Car, à l’instar de tout paradis, le lieu se mérite. “Chaque fois que j’emmène des amis là bas, ils ont du mal à en croire leurs yeux !”. Il faut compter une bonne journée de route de Marrakech, traverser oueds empierrés et hauts plateaux désertiques aux roches multicolores, pour apercevoir, tel un mirage enchanteur, cette incroyable palmeraie au fond d’un canyon à couper le souffle. “La piste ne te fait jamais imaginer ce que tu vas découvrir… Il faut arriver par le haut, du côté de Taznakht, et non par le bas (qui est une autre possibilité pour sortir, sans devoir refaire le même parcours)… On se perd toujours, mais c’est agréable car c’est magnifique… Et l’arrivée n’en est que plus belle !”. Dans ce coin où le temps semble suspendu, entre montagnes majestueuses et pistes sinueuses, les maisons en terre se fondent dans la roche ocre sans jamais violer le paysage. Seul le bruissement de l’eau -canalisée à l’aide de Séguias séculaires- vient interrompre silence et rêverie… Sa palmeraie verdoyante est saine, riche, on y cultive de l’orge, du maïs, des jardins potagers… On y fait de l’élevage aussi, quelques troupeaux de chèvres et brebis ci et là. “Tout là haut, le son monte ; et au moment où j’ai découvert le site, je n’entendais que des rires de femmes… Je demande alors : pourquoi que des femmes ? (Non que je cherchais à me marier là bas…). On m’apprend que beaucoup d’hommes avaient déserté le village pour aller trouver du travail en ville. Seules les femmes restaient. Dans leurs tenues traditionnelles très colorées, elles tissent des tapis, cultivent le miel et les dattes… elles sont aussi bergères…”. Une vie en autarcie où sérénité règne en maîtresse. “Moi je suis toujours pris par le temps, mais si tu pars à pied dans la vaste étendue de la palmeraie, tu vas à la rencontre des gens…” Leur gentillesse et simplicité en bandoulière redonnent tout sens au mot hospitalité, il suffit de se munir de discrétion et d’attention. Aguinane, éden qui se mérite, émeut autant par la force de ses paysages que par son authenticité, des voyageurs heureux qui, comme Bernard ou Ulysse, ont fait un beau voyage… “Je veux redécouvrir la simplicité. Tous les fondamentaux sont là. C’est l’avenir. Aujourd’hui, on veut des choses factices et compliquées… Mais l’avenir, c’est dans la simplicité qu’il est.”

“Tip” de Bernard pour le séjour : Une petite auberge à l’architecture rudimentaire, fonctionnelle et très bien tenue : Le Paradis d’Aguinane, chez Ali. Ancien maçon en France, Ali est revenu dans son village à sa retraite, “il a construit de ses propres mains une maison qui s’intègre bien dans le site… C’est un bâtisseur”. Le gîte est équipé d’eau chaude et d’électricité, “c’est simplissime (nappes en plastique, etc.), mais c’est propre.” Et surtout, “il faut appeler Ali la veille pour avoir droit au bon couscous le soir de l’arrivée !” Le Paradis d’Aguinane, chez Ali, Tel : +212 5 28 80 68 43 Pour suivre Bernard dans son Tour du Monde, rendez-vous sur son Blog : bernardpasqualinitourdumondemoto.com


096/LEVOYAGECOMMEPHILOSOPHIE

Par Soufiane Chakkouche

Le tour du Maroc en 500 jours…

mais a pied Anass Yakine est le nom du jeune marocain qui a eu et mis en application cette folle idée : faire le tour du Royaume à pied, en un an et demi. Au tiers du parcours, le MAG a rencontré ce globe-trotter au sourire sincère pour faire quelques pas en sa compagnie.


P

our faire ce qu’Anass est entrain de faire, il faut une sacrée paire de …….. jambes, et aussi une sacrée paire de ……... La raison : la liberté. Le moyen : marcher. Juste marcher. Vers quoi ? Pourquoi ? A quoi ? A quoi bon ? Rien. Juste marcher. Comme pour renaitre. Le jour de ses 25 printemps, le 25 novembre 2012, Anass prend son sac à dos, son sac de couchage, une seule tenue, des chaussures de randonnée, une peluche, une grande caméra, une caméra embarquée, oubliant volontairement sa montre, et part pour une petite balade de 5.000 kilomètres à pieds. Mais ne nous méprenons pas, la démarche de sa marche n’était pas le fruit d’un coup de tête ou d’une insouciance de jeunesse. Il a fallu deux ans au jeune homme pour préparer ce voyage hors du temps et du commun. Deux ans durant lesquels il a connu la triste réalité du sponsoring au Maroc. “J’ai passé pas mal de temps à préparer un dossier détaillé pour le présenter aux sponsors. Mais la plupart ne prenaient même pas la peine de le parcourir et me lançaient à la figure des mots blessants comme : vous n’avez rien d’autre à faire mon fils, allez plutôt cherchez un travail, ou reprenez vos études”, nous confie-t-il avec un mélange de mélancolie et de pitié dans les yeux. Erreur de jugement ou imbécilité de l’âme… Dans d’autres contrées, les entreprises se bousculent pour financer de telles aventures. Toutefois, Anass a fini par dénicher deux sponsors qui comprennent et reconnaissent son initiative à sa juste valeur : ses propres parents et le groupe Hoba Hoba Spirit. In fine, l’imbécilité et le hasard font bien les choses, car, comme nous l’avoue le marcheur, “Heureusement que ces grands sponsors ont refusé de s’engager avec moi de derrière leurs bureaux propres, parce que là, je suis libre de toute contrainte, je n’obéis qu’à mon cœur et mes envies, je dors quand je suis fatigué, je mange quand j’ai faim et je m’arrête quand la beauté de la nature m’invite à partager un moment avec elle”. Une fois ce détail de taille résolu, un autre, encore plus imposant, s’est mis en travers de son chemin, les autorités. Initialement, Anass comptait prendre le départ de Lagouira, à l’extrême sud du pays, mais en vain. Après plusieurs va et vient entre les services concernés, il fut contraint de partir de Dakhla. Seulement, comme nous l’explique Anass, beaucoup de

journalistes y ont vu une connotation politique. Pourtant, son voyage s’apparente à une philosophie bien plus noble, à un pèlerinage, une quête de soi, à une découverte de la mélodie du silence et de la clarté de l’horizon. Cependant et heureusement, tout le monde n’est pas pauvre d’esprit, le globe-trotter reçoit beaucoup d’encouragements via Facebook, et certains vont jusqu’à effectuer un bout de chemin pendant des jours avec lui. Et si vous désirez en faire de même, par solidarité ou par douce folie, sachez qu’à l’heure de la mise sous presse du présent article, Anass a atteint Marrakech et sera ravi de faire quelques pas avec vous, car, comme il le dit si bien, “le voyage est avant tout une histoire faite de rencontres inoubliables et de paroles sincères”. Mais qui sait, peut être que demain, il sera parti comme il est venu, à pied.


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KIFF tberra3


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Par Jean Berry

Le Le tour tour des des festivals festivals MAWAZINE, Rabat 12ème édition du 24 mai au 1er juin

Le pitch

Créé en 2002, Mawazine Rythmes du monde affirme la position du Maroc comme “terre de dialogue interculturel, d’interaction civilisationnelle, et d’affirmation des valeurs et idéaux universels”, appelant au “respect du pluralisme culturel, des vertus du dialogue et d’estime mutuelle, et du droit à la différence et à la diversité”, dans l’esprit des discours sur la Culture de SM le Roi Mohammed VI.

Les moments forts

Critiqué pour son gigantisme, Mawazine est néanmoins un événement d’une ampleur unique et mondiale, accueillant des millions de spectateurs et réunissant à l’affiche stars américaines (Dee Dee Bridgewater, Shakira, Stevie Wonder, Lenny Kravitz), africaines (Cesaria Evora, Angélique Kidjo, Salif Keïta) et arabes (Warda Al Jazayria, Khaled, Nancy Ajram)... S’ouvrant également aux musiques cubaines (Yuri Buenaventura), d’Europe de l’Est (Goran Bregovic), au jazz (Ibrahim Maalouf, Al di Meola) et aux Arts de la rue.

Les plus

Le festival a rendu hommage aux grands noms de la musique marocaine (Nass El Ghiwane, Haj Younès, Jalila & Hassan Megri, Najat Atabou, Hajja Hamdaouia) ainsi qu’aux groupes de la nouvelle scène... Impulsant également des rencontres entre l’Orchestre philarmonique royal du Maroc et des sommités mondiales telles que Sting, Ennio Morricone, Roger Hudson et Georges Benson.

Cette annEe

C’est du côté des découvertes qu’il faut chercher les pépites de Mawazine, qui décline sa programmation en scènes thématiques : internationale (Olm Souissi), orientale (Nahda), africaine (Bouregreg), marocaine (Salé), découverte (Théâtre Mohammed V), musiques du monde (Chellah) et tarab (La Renaissance). Les coups de cœur de cette année sont issus d’Afrique : Sara Tavarès, Sandra N’Kake, Jupiter & Okwess International, Seun Kuti.


© DR

MUSIQUES SACREES, Fès 19ème édition du 7 au 15 juin

Le pitch

Le festival s’inscrit dans une logique de développement culturel global de la capitale spirituelle par la Fondation Esprit de Fès, qui inscrit son travail dans les racines historiques et patrimoniales de la ville et œuvre à un projet de civilisation s’inspirant du passé tout en inventant l’avenir. Il accueille chaque année le meilleur des musiques spirituelles d’Afrique, d’Asie, d’Europe et du MoyenOrient, s’ouvrant également au jazz, au gospel et à des esthétiques plus pop et grand public.

Les moments forts

Créé en 1994 et distingué dès 2001 par les Nations-Unies pour sa contribution au dialogue des civilisations, le festival a accueilli les plus grands noms des musiques spirituelles et du soufisme, avec Nustrat Fateh Ali Khan, Dhafer Youssef, Jordi Savall... Explorant également les cultures, du Ballet Royal du Cambodge au Taarab tanzanien, des poètes et musiciens de Kaboul au raga de l’Inde du Nord, et s’ouvrant aux musiques populaires avec Ben Harper, Björk, Joan Baez, Archie Shepp, Randy Weston, Tony Gatlif ou Abd Al-Malik.

Les plus

Avec le forum “Une âme pour la mondialisation” au musée Batha, Fès met en lumière une pensée novatrice et audacieuse, autour des thèmes de la spiritualité, de la science et de la diversité, inscrits dans l’histoire de la ville. Il a exploré au fil des années ses différentes facettes, explorant des thématiques telles que le voyage initiatique, le dialogue des civilisations ou l’arbre de vie, rendant hommage à Omar Khayyâm ; et exporté sa pensée à travers le monde, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, France, Italie, Espagne et Moyen-Orient.

Cette annEe

A l’occasion du millénaire de la création du royaume de Grenade, le festival se penche sur la période andalouse de Fès, huit siècles pendant lesquels se sont conjuguées “cultures amazigh, arabe, ibère, romaine et wisigothe, se sont réunies dans un même creuset les cultures d’Orient et d’Occident, et ont communié dans une même recherche de sens et de sagesses les différentes religions abrahamiques. L’Andalousie fut également l’époque où le culte de la féminité fut porté au plus haut, de l’amour courtois et de la poésie”, écrit Mohamed Kabbaj, président de la Fondation Esprit de Fès.


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© Youssef Amchir

GNAOUA, Essaouira 16ème édition du 20 mai au 23 juin

Le pitch

Le festival Gnaoua et musiques du Monde est créé en 1998 à l’initiative de passionnés et d’amoureux d’Essaouira, accompagnés dans leur démarche par André Azoulay… Il développe une direction artistique centrée sur l’Afrique et le jazz, et met en lumière la culture ancestrale des Gnaoua, descendants d’esclaves dont la culture et la spiritualité s’est conservée et mêlée à l’Islam au fil des siècles. Recevant l’adhésion d’un public jeune et populaire, il devient rapidement une sorte de “Woodstock maghrébin”, où se côtoient looks Peace & Love et familles marocaines.

Les moments forts

Chaque année, le concept même du festival, les rencontres entre Gnaoua et musiciens internationaux, donne lieu à des moments uniques et improvisés... Mokhtar Samba, Paco Sery, Minino Garay, Stefano di Batista, Paolo Fresu, Arto Tunçboyaciyan ou Louis Bertignac ont été les invités des grands Maâlems, alors que le festival accueillait également The Wailers, Oumou Sangaré, Gangbé Brass Band, Rachid Taha, Gnawa Diffusion... Pour une programmation toujours très attendue.

Les plus

Des musiciens de renom associés en tant que directeurs musicaux, à savoir Loy Ehrlich pendant une dizaine d’années, et Karim Ziad et Maâlem Abdeslam Alikane, toujours fidèles au poste. Un “arbre à palabres” inspiré de la tradition africaine, animé par la journaliste Emmanuelle Honorin, et désormais un forum sur le thème “sociétés en mouvement, jeunesses du monde”. Enfin, des concerts dans des décors plus intimistes et le souci de la rénovation de la ville, avec le très réussi Borj Bab Marrakech ouvert voici trois ans, qui abrite une galerie d’art et une scène de 650 places.

Cette annEe

Le festival rendra un hommage ému à trois enfants d’Essaouira disparus cette année, qui ont marqué l’histoire de la musique marocaine : Abderrahmane Paco, du groupe Nass El Ghiwane, et les Maâlems Abdallah Guinea et Cherif Regragui. Youssou N’Dour, Omar Sosa, Richard Bona, Will Calhoun & Maâlem Mustapha Bakbou à Moulay-Hassan, ainsi qu’une belle présence féminine, avec Nneka et Oum sur le scène Meditel, et la chanteuse Eska, annoncée comme la révélation anglaise de l’année avec un premier EP à paraître, sont au programme de cette édition.


ARTS POPULAIRES, Marrakech 48ème édition du 17 au 21 juillet

Le pitch

Le premier festival du royaume a vu le jour le 21 avril 1960, à l’époque de feu S.M. Mohammed V, sous le nom de Festival du Folklore de Marrakech. Son concept, sauvegarder et préserver les arts populaires marocains et la tradition orale, transmise de génération en génération, en accueillant les troupes traditionnelles en provenance de toutes les régions du pays... Et les valoriser dans une ville à fort potentiel touristique.

Les moments forts

La reconnaissance de la place Jamaâ El Fna comme Patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2001 par l’Unesco a conforté Marrakech comme capitale des Arts populaires du royaume. La parade d’ouverture envahit traditionnellement le centre ville, avec une déambulation sur la Place et l’avenue Mohammed V, avant une soirée au Palais Badii rassemblant les troupes des différentes régions du pays dans un spectacle racontant une histoire commune.

Les plus

Des jardins du Harti au début de son histoire, l’essentiel du festival s’est depuis déplacé au Palais Badii, en plein cœur de la Médina. Le village du Fnap est désormais installé dans les Jardins de l’Oliveraie, accueillant stands d’artisanat et activités pour tous les publics. En vue du cinquantenaire, la direction artistique s’est ouverte ces dernières années à des invités internationaux (Tambours de Brazza, Karim Ziad) et d’autres, issus de la nouvelle génération marocaine (H-Kayne, Fnaïre), avec également des créations entre musiques urbaines et traditionnelles.

Cette annEe

Faire du Fnap un “Moussem des temps modernes”, c’est l’ambition de l’équipe organisatrice, avec l’idée de combattre l’image de précarité souvent associée aux Arts populaires. Tant mieux pour cet événement qui a parfois pu paraître un peu figé, et qui sera au centre d’un programme général sur la valorisation des Arts populaires à Marrakech, avec une cité leur étant dédiée, regroupant un théâtre, des lieux de résidence et même un musée numérique.


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Texte et photos : Jean Berry


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TIMITAR, Agadir édition du 26 au 29 juin

BRAHIM EL MAZNED “Donner du sens et faire valoir le Maroc” Entretien avec le directeur artistique Brahim El Mazned, grand voyageur et défenseur inlassable de la culture marocaine, qui fête cette année les dix ans de Timitar. Marrakech MAG : Vous avez été élu en mars au Conseil d’Administration du European Forum of Worldwide Music Festivals. Une nouvelle reconnaissance pour vous... Brahim El Mazned : En tant que directeur artistique de Timitar, je participe depuis trois ans à l’animation de ce réseau mondial d’une soixantaine de festivals totalisant plus de trois millions de spectateurs. En septembre dernier, j’ai accueilli à Agadir la réunion annuelle du forum, qui a permis à des artistes marocains de se produire devant des organisateurs des quatre coins du monde. C’est une responsabilité pour nous de défendre l’intérêt de nos festivals et la mobilité des artistes des pays du Sud. Je reviens d’ailleurs de Praia au Cap-Vert, où le ministre de la Culture Mario Lucio a annoncé la création d’un nouveau Forum des festivals africains, dont j’espère être l’un des membres actifs. MM : Vous êtes également l’un des représentants du collectif Maroc Festivals... BEM : Créé à l’initiative de Younès Boumehdi et José Kamal, ce réseau doit permettre aux festivals du Maroc et aux acteurs marocains d’avoir plus d’impact, notamment sur les salons professionnels internationaux et dans les médias à travers le monde. Notre stand, commun à la plupart des festivals, a connu un franc succès lors du salon Babel Med à Marseille en mars, avec également le showcase de Aziz Sahmaoui. En ces temps difficiles pour le secteur culturel, il est important de mutualiser nos efforts et de miser sur la solidarité. MM : Depuis plusieurs années, vous réfléchissez à l’organisation d’un salon professionnel au Maroc. Ce dossier a-t-il avancé ? BEM : Pour avoir voyagé à travers le monde et découvert les nombreux outils mis au service

de l’export et de la circulation des artistes, je constate que la présence des artistes marocains à l’international, malgré la richesse et la diversité de notre culture, reste extrêmement limitée. Cet événement, que je souhaite lancer à Marrakech en septembre 2014, nécessite l’adhésion et le soutien du tissu politique et financier. Il permettra d’augmenter la visibilité de nos artistes, et d’affirmer la place du Maroc comme plateforme de l’industrie musicale, vitrine et porte d’entrée entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient. MM : Le Festival National des Arts Populaires, dont vous êtes conseiller artistique, fêtera bientôt ses cinquante ans. Sur quelles pistes travaillez-vous ? BEM : Marrakech est le haut lieu des Arts populaires au Maroc, notamment grâce à la reconnaissance de la place Jamaâ El Fna comme Patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2001 par l’Unesco... Et nous souhaitons faire de cet événement créé sous Mohammed V, en 1960, une forme de Moussem des temps modernes. Une journée de réflexion en avril autour du thème de la sauvegarde et de la promotion des Arts populaires a permis d’ébaucher un projet très ambitieux ; la création d’une cité qui leur sera dédiée, avec un théâtre, des lieux de résidence et même un musée numérique des ces arts... Dans l’optique de combattre l’image de précarité qui leur est souvent associée. Nous souhaitons donner du sens et du contenu à cette démarche et dépasser le stade de la simple animation touristique. MM : Enfin, c’est bien sûr une grande année pour vous avec les 10 ans de Timitar... Quel bilan tirez-vous de cette aventure, et pouvezvous nous donner un avant-goût de cette édition anniversaire ?

BEM : Le festival Timitar a participé au débat public autour de la reconnaissance de la culture amazighe, et été l’un des acteurs majeurs de son développement. Beaucoup d’artistes d’Agadir, de la Région Souss-Massa-Draâ et du reste du Maroc ont pu, à travers l’ensemble des projets développés par le festival, notamment les résidences artistiques, se produire à travers le monde, et véhiculer la diversité culturelle du Royaume. Je m’en réjouis bien sûr, mais il reste tant à faire... Cette édition anniversaire est l’occasion de célébrer la musique amazighe et les musiques du Monde, avec notamment des artistes qui ont marqué ces dix ans : Idir, Khaled, Tcheka, Fatima Tabaamrant, Oudaden, Inouraz, Ribab Fusion, Hoba Hoba Spirit... A nous, maintenant, de nous réinventer, en proposant une nouvelle occupation de l’espace urbain, et une ouverture éventuelle à d’autres formes artistiques.


R

R O T E

Robe Hannan, veste Art-C


SHOW

D I U O T S

Direction artistique et concept : Mous Lamrabat Assistant photographe : Bettina MolnĂ r Stylisme : Lisa Lapauw Coiffure et maquillage : Sophie Engelen Mannequin : Eliza Sys (chez Dominique Models) Photographies et retouches : Photo Studio


Pantalon Hannan, veste Tsumori Chisato, chaussures Robert Clergerie


T-shirt Mohammed, robe Tsumori Chisato, broche Sonia Rykiel, lunettes Miu Miu, bracelet Kenzo


Veste Kenzo, robe Hannan


Caftan Hannan, Peignoir Dries Van Noten


Peignoir Hannan, robe Sonia Rykiel,


Pantalon Essentiel, T-shirt Mohamed, accesoire de tĂŞte Art-C


Robe Louis Vuitton



116/KIFFSHOPPING

Par : Mouna Anajjar Photos : Artsi Ifrach

shopping

100% MARRAKCHI

by Art-C

Celui qui connaît Artsi Ifrach sait qu’il “baragouine” en français, introduisant un mot d’arabe (souvent classique svp !) par ci, par là. Et ceux qui le savent, en général, s’amusent à le faire parler le plus possible, car Artsi a ses expression favorites -les mêmes, qu’il place dans toutes les situations- et aussi sa façon craquante de les prononcer : “Ça j’adore, moi”, “Afek habibi”, “C’est beau ça !”, etc., etc. Vous l’aurez compris, le créateur inventif, qui sigle des collections aussi originales et joyeuses que parfaitement coupées, sous la marque Art-C, des pièces uniques qui s’envolent pour Paris, New York ou l’Ethiopie (où il a été sélectionné pour partir, dans quelques jours, représenter le Maroc aux côtés des plus importants créateurs mode africains) est Israélien d’origine marocaine, autant dire que la langue de Molière n’est pas celle qu’il manie avec le plus de dextérité... Si vous le croisez, optez plutôt pour l’anglais. Mais ici, nous avons délibérément souhaité garder ses propres commentaires pour légender la sélection shopping, très minimaliste et spontanée, qu’il nous a concoctée pour ce numéro, entre échoppes de la Médina (son fief) et boutiques du Guéliz… J’espère que vous aimerez, car lui, il “adoooore” !

“J’adore la couleur !”

“Chapeau pour le moral”

“Ca c’est beau !”

“C’est tres riche”

“Combien hada ?”

“Pochettes ou nouss !”

Savons & compagnie (Médina)

Lalla From Marrakech with love (Médina)

André le Chapelier (Médina)

Hanout (Médina)

David Bloch Gallery (Guéliz)

Crazy Days (Guéliz)


“J’adore la chaussure”

“C’est mignon !“

“Ca aussi“

“Illi chouftou ya habibi”

“Illi chouftou aussi !”

“Harira afek“

“Ca, c’est pour moi !“

“C’est pour moi aussi.. ”

“.. avec ca !”

“Wahed nouss nouss ?”

“J’adore le soleil”

“C’est la meme que le soleil avec serpent”

Art/C (Médina)

Dada Home (Guéliz)

Babouche Shop (Médina)

Sissi Marocco (Médina)

Crazy Days (Guéliz)

Zenobie (Médina)

Babouche Shop (Médina)

Dada Home (Guéliz)

Crazy Days (Guéliz)

Bloom Boutique (Guéliz)

Bloom (Médina)

Khmissa (Médina)


118/KIFFPLAYLIST

La Playlist d’Aziz Nogood Aziz, on le suit déjà depuis plusieurs années. La guitare en bandoulière, de concerts au Kech aux jobs d’animation pour les enfants, de rencontres en sourires, Aziz est aujourd’hui RP au Four Seasons Resort Marrakech, où il continue d’improviser des concerts de guitare pour les clients, et vient de révéler ses dons de Dj lors des soirées Art Bar éphémère au Private Room. Un concept Pop Up qui a fait un carton, avec des artistes, Dj, mixologues marocains et étrangers, renouvelés tous les 10 jours pour que les soirées ne se ressemblent pas... On attend un nouveau concept pour la rentrée, mais chuuuutt, le thème doit rester secret, c’est la surprise !

Par Mélanie Polatova


Dj Swing Electro ?

“C’est le style de musique que j’aime parce que ce n’est pas trop agressif, et ça fait danser toutes les générations. La touche électro pour faire bouger, et la touche swing c’est le mix avec des morceaux Vintage : du jazz, du blues, du rock, du twist… C’est parfait pour une ambiance de bar parce qu’on peut choisir de danser ou de discuter, les deux sont possibles. J’ai réuni 12.000 morceaux de swing électro, je commence même à mixer pour des soirées privées !”

1 / PAROV STELAR / “Home sick” “Ce morceau dégage de la puissance et il montre qu’on peut être fort et vulnérable à la fois…” 2 / LYRE LE TEMPS / “Hold the night” “C’est cool, c’est gai et ça swing… Let’s go !” 3 / GABIN / “Doo uap -doo uap - doo uap” “On dirait de la musique recyclable, c’est fun, dans un esprit vintage et ça me fait rire” 4 / ELECTRIC SIX / “Danger” “Subtil mélange funky et rock” 5 /NICOLAS JAAR/ “El bandido” “Ce morceau me fait imaginer que je suis dans un train et que je traverse la nuit…” 6 /MORGAN PAGE FEATURING LISSIE / “The longest road” “Inexplicable, indescriptible. A écouter !” 7 /JUSTICE / “On’n’on” : “On aime… ou on n’aime pas ?” 8 /JAMIROQUAI / “Virtual insanity” : “Parce que ce morceau envoie ! Il me donne la pêche” 9 /QUEENS OF THE STONE AGE/ “No one knows” : “J’aime l’écouter quand je suis sur ma moto, c’est rock’n’bike” 10 /JIMI HENDRIX/ “All along the watchower” : C’est mon petit Jimi… C’est Top !”


120/KIFFSTREETREPORTAGE

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Par Nadia Saadi

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ILOVE P

eut-on tomber amoureux d’une ville ? Certainement ! Cela rappelle le sentiment amoureux : quand l’être aimé devient l’orbite de nos pensées et actions... Marrakech ! Marrakech ! Marrakech ! Mon être célèbre ton nom telle une ode, mon ode à moi, qui retentit au fond de mon âme chaque fois que je traverse une de tes ruelles remplie de joie. De toi, je suis éternellement éprise. Je succombe à ton amour, ivre de joie. Malade de nostalgie quand je suis loin de toi. Car toi, Marrakech, la belle, l’enchanteresse, l’impériale, tu tiens généralement tes promesses : toujours joyeuse et de bonne humeur, déjantée et emballée, énigmatique et exotique, artistique et spirituelle, magique et profonde, ardente et sexy… Et chaque jour qui passe, je remercie le ciel de m’avoir appelée à ta rencontre, et te remercie, toi Marrakech, de m’avoir accueillie dans ta cité. 1- Aziz Bendriss, Directeur Général du Delano Marrakech, arrive de New York. “Marrakech est synonyme de diversité.“ Marrakech est synonyme de diversité, de richesse, d’une Histoire sans pareil, d’une authenticité exceptionnelle… Son climat se prête à toutes sortes d’activités et d’inspirations et comble les goûts les plus variés. J’y suis arrivé en août 2012, après 28 ans passés aux Etats Unis. J’ai adoré cette ville aux charmes multiples. Si j’y suis entré en laissant derrière moi ma petite famille, mes proches et amis, c’est pour renouer avec mon pays d’origine, me ressourcer au contact de sa richesse, de sa culture, de ses traditions, et surtout, pour partager mes acquis avec mes compatriotes. Ce défi, qui n’est pas sans laisser d’impact sur ma vie personnelle, me tient à cœur malgré tout ! 2- Meryanne Loum-Martin, propriétaire de Jnane Tamesna, anciennement avocate à Paris. “Ma famille, cosmopolite, a trouvé dans ce carrefour de cultures de quoi enraciner son âme nomade.” Venue en décembre 1985 pour une semaine, je ne suis jamais vraiment repartie. Avocate à Paris, à Marrakech, je me transformée en architecte d’intérieur et hôtelière. C’est une ville

Leurs trajectoires sont diverses, les raisons pour lesquelles ils sont là, multiples… Mais ils ont tous Marrakech tatouée au cœur. Et moi la première. Ici, je leur demande ce qui les a attirés ici et pourquoi cette Ville Rouge les fascine tant… Ecoutez, ou plutôt, lisez !

qui révèle les gens à eux-mêmes, qui les aide à se découvrir. Et ce qui m’a fascinée, séduite, envoûtée, mais surtout amarrée, c’est l’énergie créatrice du lieu. Où d’autre à 3 heures de Paris, pourrais-je remettre le croquis d’une imposante suspension en métal et miroir que je souhaite mettre dans mes arbres et en voir l’échantillon superbe et définitif en place le lendemain après midi ?! Internet donne la liberté de travailler d’un bureau virtuel. Alors, quand on choisit de quitter la grisaille européenne pour travailler de chez soi, où d’autre qu’à Marrakech ?! Une ville alliant Histoire, culture, climat, douceur de vivre, chaleur humaine et surtout, le fabuleux talent de ses artisans. Ma famille, cosmopolite, a trouvé dans ce carrefour de cultures de quoi enraciner son âme nomade. Cela peut paraitre paradoxal, mais pour moi, Marrakech est l’essence même de la modernité ! 3- Ahmet Bourass, herboriste au Marché des Epices, il vit à Tahanaout. “Chez nous, tout le monde est le bienvenu.“ Des gens de partout viennent à Marrakech. Chez nous, tout le monde est le bienvenu, la ville est très tolérante. Nous, Marocains, avons appris de nos parents que notre façon d’accueillir les autres nous renvoie, tel un miroir, la véritable image de nous-même… Au pied de cette ville se trouvent les montagnes de l’Atlas, j’aimerai y planter un jardin pour sensibiliser les gens de la ville et touristes de passage au pouvoir de guérison par les plantes et les huiles. 4- Younes Duret, designer produit, a fait ses études à Paris. “Ici, ma créativité est sans cesse en régénérescence.” Marrakech, cette ville aux contrastes si marqués, dégage une atmosphère dans laquelle ma créativité est sans cesse en régénérescence. Son mouvement est désordonné mais si compréhensible. Les couleurs, pourtant opposées, se mélangent avec harmonie. L’architecture, empreinte d’Histoire, côtoie sans mal des bâtisses modernes. Les odeurs épicées épousent le doux parfum de l’ambre et du musc. Ici, je me sens baigné dans un univers qui est

en perpétuel développement et en constante mutation. Le Maroc évolue et se transforme de façon remarquable, l’énergie qui s’en dégage me procure l’envie d’y participer et me permet d’être en constante ébullition créative. Toutes les choses qui m’entourent m’inspirent : la façon dont les gens utilisent les objets et les manipulent, la façon qu’ils ont d’appréhender les produits selon leur fonctionnalité et leurs besoins… 5- Mohammed Rahoumi, gérant de boutique Bouriad Karim, 100% Marrakchi. “Même s’il est triste, un Marrakchi ne le montrera pas aux autres pour ne pas gâcher l’ambiance…” Je suis 100 % Marrakchi. Comme mon père, je suis né dans cette ville, et toute ma vie j’y ai habité. Les gens de Marrakech sont connus pour leur sympathie, en arabe on dit “Nass hlawa, nass kram” (des gens sympathiques et bons). Nous sommes connus pour notre nature drôle et joyeuse. Même s’il est triste, un Marrakchi ne le montrera pas aux autres pour ne pas gâcher l’ambiance… 6- Christine Staatz, propriétaire de Marrakech Affairs, originaire de Francfort. “Cette ville est une destination pour les créateurs et les artistes.” Je suis arrivée à Marrakech il y a 2 ans, seulement pour passer une semaine de vacances… Puis, je suis tombée sous son charme. En rentrant à Francfort, je décide de vendre ma boutique où j’exposais vêtements de créateurs de renommée internationale... Tout s’est passé tellement vite ! Et, du jour au lendemain, me voilà ouvrant mon agence Marrakech Affairs, spécialisée dans l’organisation de séjours luxueux dans la Ville Rouge. Maintenant que je vis ici, je ne peux plus partir. Des noms aussi célèbres qu’Yves Saint Laurent, Roberto Cavalli, Jean Paul Gaultier, Bill Willis, et beaucoup d’autres, ne sont pas venus ici par hasard… Cette ville est un destin et une destination pour les créateurs et les artistes. La gentillesse des Marrakchis, l’architecture, les senteurs, les épices, les couleurs naturelles, la lumière du ciel, font de cette ville magique une véritable source d’inspiration. I love Marrakech !


peuvent m’apporter. Marrakech fait partie de ces villes qui me nourrissent sans me consumer. Et c’est très agréable !

7- Karim Tassi, fashion designer, originaire casa, a vécu 20 ans à Paris. “La Médina et ses artisans m’apportent beaucoup.” Après 20 ans à Paris, je renoue avec le Maroc en redécouvrant Marrakech en 2000. En 2006, j’y installe mon bureau de création, mon atelier et ma galerie d’exposition, pour finir par m’y établir à plein temps. Mon style est empreint de ma culture marocaine. Mes collections sont la rencontre du savoir-faire artisanal et de l’industrie moderne. La Médina et ses artisans m’apportent beaucoup. En plus, travailler dans une ville qui voit défiler les gens du monde entier est très stimulant… Même si mon temps libre est rare, dès que je peux, pas mieux qu’un hammam pour me ressourcer, et les cadres sublimes de Marrakech pour me détendre  !

9- David Arbus, artiste peintre, originaire de Londres. “On apprend à attendre, être attentif et aiguiser ses sens pour comprendre la magie de l’instant…” Je vis à Marrakech depuis 16 mois. En tant qu’artiste, ce que j’aime en premier lieu dans cette ville, ce sont les intérieurs des Riads. La beauté du contraste magique : à l’intérieur, un monde paisible et intime, à l’extérieur, un autre bruyant, vivace et dynamique. C’est la vie à Marrakech. L’autre lien qui m’attache à cette ville est beaucoup moins définissable. Quelque chose qui relève de l’imprévisible : on ne sait jamais ce qui va se passer. On apprend ici à attendre, être attentif et aiguiser ses sens pour comprendre la magie de l’instant. Troisième chose : rares sont les endroits au monde où l’ancien se mélange au moderne, où l’Orient côtoie l’Occident. Marrakech est un monde à part, un cocktail très excitant !

8- Laila Hida, photographe, originaire de Casablanca, elle a fait ses études à Paris. “Marrakech fait partie de ces villes qui me nourrissent sans me consumer.” Ayant grandi à Casablanca, pour moi, Marrakech a toujours été synonyme de voyage. Sentiment que ne m’évoquait aucune autre ville. Venir à Marrakech me faisait voyager dans le temps, cette ville était tellement différente de ce que je connaissais, et pourtant, pas si loin ! Aujourd’hui, je m’y suis définitivement installée, et je l’aime parce qu’elle me fait toujours voyager. Elle me permet de m’exprimer dans mon travail, d’expérimenter, elle favorise pour moi des rencontres simples et parfois improbables ! Depuis Paris, je ne m’attache plus beaucoup aux villes, mais plutôt à leur énergie, et à ce qu’elles

10- Holger Frehde, Directeur commercial au Four Seasons, né à Berlin, il a vécu à Singapour et étudié à Paris. “Nous voulons que nos enfants parcourent le monde, les yeux ouverts.” Nous sommes arrivés à Marrakech il y a 3 ans. Ça me procure beaucoup de plaisir de travailler ici. Les gens sont accueillants et ouverts, et c’est agréable d’évoluer dans la culture marocaine. Pendant mon temps libre, j’aime me balader en famille

dans la Médina, on teste avec enthousiasme les restos et cafés dans chaque recoin de ce labyrinthe médiéval… De plus, on aime l’idée que nos enfants grandissent de cette façon, dans une culture complètement différente. On veut qu’ils parcourent le monde, les yeux ouverts et l’horizon dégagé. 11- Khalid Benaabach, patron de restaurants, vit entre Marrakech et le Luxembourg. “Avec ou sans argent, tu peux vivre à Marrakech !” Je suis né dans cette belle ville, dans laquelle tu peux trouver de tout. Du soleil, des monuments et surtout de l’hospitalité... J’aime sa culture où la famille et l’amitié jouent un rôle important. Avec ou sans argent, riche ou pauvre, tout le monde trouve sa place et peut vivre à Marrakech. En Europe, si tu n’as pas d’argent, tu n’existes pas ! 12- Gabriele Pisaneschi, directeur du restaurant I Limoni, originaire de Toscane. “A Marrakech, tous les contrastes trouvent leur place…” Nous avons atterri à Marrakech un peu par hasard, l’hiver dernier, on nous proposait d’y gérer un restaurant… Alors, on a décidé de tenter l’aventure ! Quoi de plus exotique que d’offrir une cuisine bien toscane à Marrakech ?! Cette ville est déjà mystérieuse, alors tous les contrastes y trouvent leur place. A l’intérieur règne le calme, devant la porte la folie fait fureur… On peut dire que c’est le caractère de la ville qui nous a réellement inspiré. Pour nous qui sommes venus d’Europe, c’est un nouveau monde secret qui s’ouvre à nous… Tout reste à découvrir !

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122/KIFFBIRTHDAYPARTY

’était son anniversaire, et elle invita ses amis -et les amis de ceux-ci- à un grand bal dans sa belle demeure bordée de palmiers. Elle les pria de se “munir d’amour, de joie, de bonne humeur… et d’un costume très spécial qui les représenterait pour l’occasion, sous peine d’interdiction de soirée !” Son message fut reçu, entendu, exécuté même, débridant des vagues d’imagination, fissurant les raideurs des masques sociaux habituels. A la place, ceux, plus amusants et étonnement sincères, qu’ils s’étaient attribués pour la soirée. A l’entrée, une jeune princesse Manga couleur lagon aux pupilles hypnotiques les guida vers un Photocall «home made» pour immortaliser costumes et bonne humeur… A l’intérieur, la maitresse de maison les accueillit en tenue de Clown soigneusement bariolée, le ton était donné ! Dans le jardin, tout près du bar, entre Geisha, chef de tribu, gentleman explorateur, Man in Black, cuisto, flic, gitane…, une citrouille géante s’esclaffait sur un énorme pouf ! Un peu plus loin, au bord de la piscine, le faux gynéco prodiguait consultations gratuites à qui le voulait bien, dressant la crête à la punkette aux bas résille, ébahie… Et tandis que Scheherazade et Cléopâtre se trémoussaient sur la piste, Petit Michael exécutait son Moonwalk, donnant l’impression de flotter sur le Bejmate… L’ambiance était folle, magique, à quand la prochaine “Be yourself” Party ?

Par Mouna Anajjar Photos : Artsi



Photographe : Mous Lamrabat Direction artistique : Youssef Lamrabat Assistant photographe : Bettina MolnĂ r Stylisme : Lisa Lapauw Coiffure et maquillage : Sophie Engelen (pour Redken et Mac) Mannequin : Naomi Lievens (chez Dominique Models) Production : Thomas Vermeiren


Veste No Editions, culotte Sonia by Sonia Rykiel, lunettes Claires'


Veste ART-C, robe Sonia Rykiel, chaussettes Essentiel, chaussures Salvatore Ferragamo, boucle d'oreilles Wouters & Hendrix




Robe Louis Vuitton


Lingerie Eres, manteau Kenzo, Lunettes Louis Vuitton



Veste, mini jupe et lunettes Kenzo, pantalon Eres, bottes Cos, bracelet Tsumori Chisato


Pantalon + jupe Sonia by Sonia Rykiel, t-shirt nude Filippa K, cape + chaussures Tsumori Chisato


Top et jupe ART-C



Lunettes Louis Vuitton, manteau Kenzo


Pantalon + blazer Filippa K, corset en cuir Yang Li, veste Eleven Paris, lunettes Miu Miu, chaussettes Essentiel, chaussures Hugo Boss,colliers bijoux berber locale


Robe Louis Vuitton, chaussures + chapeau Kenzo



Veste + tunique Dries Van Noten, pantalon Essentiel,chaussures + turbande Christian Wynants, clutch atos lombardini,collier Wouters & Hendrix


Accessoire de tĂŞte ART-C, cape Tsumori Chisato


Jumpsuit Tsumori Chisato, accessoire de tĂŞte ART-C



144/KIFFMarrakechEXPRESS

Par Mélanie Polatova

Marrakech Express Trois petits tours et puis s’en vont… Quelques nouvelles fraîches de la Ville Rouge, pour les absents -qui ont toujours tort- et ceux qui découvrent -mahaba ! On commence par un petit tour des nouveaux restaurants et boutiques, un détour par les adresses devenues inévitables, et un panorama des palaces et hôtels.

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146/KIFFMarrakechEXPRESS

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EB Galerie BCK

Del Café

Jackisback Chez Joel

Quoi de neuf ? Direction les deux nouveaux restaurants à l’ambiance typique de bistrot français : Le Verre Canaille, où les cocottes Tradition et les terrines de campagne se fabriquent dans la cuisine ouverte, au jour le jour… Et Chez Joël qui décline une longue liste de recettes méditerranéennes, façon tapas. Côté pizzas : l’irrésistible Jackisback -et son “Jack is bar”- qui cartonne avec son four à bois et sa déco cosy. La prochaine pizzeria annoncée : Mama Mia, cousine du Loft au Guéliz. Enfin, le restau italien de la Médina, I Limoni, qui mérite vraiment la balade ! Et au coucher du soleil -à l’heure de l’apéro pour être plus précise- le tout nouveau Point Bar fait des heureux avec sa grande ardoise à tapas et son jardin en plein centre

ville. Sans oublier le Del Café, brasserie du Delano, la toute dernière escale Food&Drink branchée de l’Hivernage, où on s’arrête à toute heure. Côté shopping : le studio de création Crazy Days bouillonne d’idées cadeau originales, et pour les accros aux capsules caféinées, sachez que Nespresso a enfin sa boutique à Marrakech ! Chapitre Culture pour finir : on fait un tour à la nouvelle BCK Gallery, ultime vitrine de l’art contemporain, et la Galerie 3020 de Sidi Ghanem. Sans oublier le Musée des Bijoux Nawahi dans la Médina, un Riad orchestré par deux architectes débarqués de Pékin, qui racontent l’Histoire du Maroc à travers ses bijoux, région par région.


az Lotus

ertvm✍ klyuiop AEB Café de La Poste

Al Fassia

David Bloch Gallery

Theatro

Les incontournables ?

On mange toujours aussi bien au restaurant de femmes Al Fassia (Guéliz et Agdal) dont on raffole des recettes marocaines authentiques. Dans un style plus neuf, c’est Dar Moha qui a la Palme : cuisine marocaine réinventée pour un festival de saveurs surprenantes. La Table des Jardins (restaurant des Jardins de la Médina), c’est aussi une cuisine de femmes, une adresse sûre où l’on peut opter pour un Couscous de la mer ou un Wok thaï les yeux fermés… Le Zinc, Bistro des copains de Damien Durand Café de la Poste reste la Brasserie inévitable du Guéliz à toute heure ; mais aussi, le 16 Café, autre étape fooding institutionnelle, surtout pour ses macarons… Le Kechmara, bien sûr, où on s’arrête boire un café ou une bière pression sur le pouce (ou carrément pause Burger). Le bôzin, toujours le restaurant branché où l’on croise au moins une célébrité par week-end… En recherche de festivités, direction le restau-bar “Marock n’roll” Djellabar, et sa terrasse by night dont l’ambiance est toujours dansante

en deuxième partie de soirée. Le Comptoir Dharna reste le temple oriental par excellence de la Ville Rouge (pour ses danseuses, son bar, sa carte) ; avec son voisin, le Jad Mahal, on tient les deux étapes nocturnes institutionnelles de l’Hivernage. Le Lotus Club présente un nouveau spectacle, ambiance cabaret garantie : un classique ! La terrasse du Kosybar a été agrandie pour des soirées en mode “Médina”, face à la Koutoubia et aux nids de cigognes. Et plus tard, direction le Silver, le Pacha, le 555 ou le Théatro pour vivre Marrakech jusqu’au bout de la nuit… Plus tôt dans la journée, on se balade au Jardin Majorelle (les créations de sa boutique sont sans cesse renouvelées), on s’arrête au concept store 33, Rue Majorelle pour prendre le pouls du design marocain ; on fait les curieux à la très belle Galerie 127 (photos exclusivement), la David Bloch Gallery pour sa sélection pointue d’artistes internationaux, la Matisse Art Gallery pour admirer l’art contemporain marocain.


148/KIFFMarrakechEXPRESS

B Amanjena

Delano

Namaskar

Jardins de la Médina

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Mamounia

Selman

Riad Sultana

Où dormir ? Les adresses Charming ne manquent pas dans la Ville Rouge, on se dirige d’abord tout naturellement vers la Médina et sa multitude de maisons d’hôtes (voir notre abécédaire dans notre précédent numéro)… On citera tout de même Les Jardins de la Médina, une demeure historique et un jardin édénique qui font l’unanimité. La Villa des Orangers, Relais & Châteaux à la déco coloniale irrésistible. La Sultana, un lieu inclassable qui surprend et envoûte... Et comme Marrakech est avant tout une destination qui fait rêver les occidentaux, entretenons le fantasme oriental en faisant un petit tour de ses palaces, qui sont de plus en plus nombreux. Ambiance “1001 nuits”

garantie ! La mythique Mamounia, qu’on ne présente plus… Non loin de là, le mystérieux Royal Mansour, lui aussi abrité des remparts… Puis, dissimulés dans la Palmeraie : Amanjena, le plus monastique, Palais Namaskar, le plus feng shui, et Taj palace, le plus indien. On n’oublie pas le Selman, dont les hôtes de marque ne sont autres que des purs sangs arabes ; le Four Seasons qui conjugue standards américains et “Médina Style” ; le Palace Es Saadi et ses immenses jardins en plein cœur de l’Hivernage… Les irréductibles citadins ont droit à quelques adresses de choix, toujours dans l’Hivernage : le nouveau Delano, le classique Hôtel Hivernage, le Frenchy Sofitel…



150/KIFFACTU

Par Mélanie Polatova

Illy Issimo

Nespresso

• Illy Issimo, le café frappé prêt à boire en canette : c’est la grande nouveauté de Foods & Goods qui débarque cet été au Maroc ! Fondé en 1933 par Francesco Illy, Illy Café lance la première boisson fraîche en cannette à base de café : un mélange 100% arabica vendu en canette à boire “frappé”, sans colorant ni conservateur. Deux saveurs disponibles : Caffé et Cappuccino. La première est un mélange raffiné des plus hautes qualités d’Arabica, la deuxième est celle du goût intense du café mélangé au lait frais avec une note de cacao noir qui restitue le goût d’un cappuccino italien… Bien frappé ! • David Bloch Gallery fête ses trois ans d’existence avec une grande exposition collective estivale (jusqu’au 30 septembre). Trois axes réaffirmés : la lettre et la calligraphie, l’art optique et cinétique, l’abstraction et l’imaginaire. L’exposition “Summer Group Show” sera l’occasion de (re)découvrir les artistes résidents de la galerie : Steph Cop, Yasmina Alaoui, Mohamed Boustane, Larbi Chekaoui, Alexone Dizac… Tel : +212 6 13 65 85 71 • Le concept MC Café (Marbella Club Hôtel) a choisi Marrakech pour se positionner au Maroc sous le label Del Café. C’est au Delano, dans

David Bloch Gallery

La Table des Jardins

Palmeraie Golf Palace

l’Hivernage, que la Brasserie chic et conviviale a ouvert en juin : un nouveau lieu de rencontres dans une atmosphère cosy avec un large choix de spécialités de cafés, de pâtisseries, mais aussi des Fooding servis à toute heure de la journée avec des mets fusion entre Europe et Asie. Spéciale mention pour le choix de presse mise à disposition et l’ambiance musicale classique, Chill Out ou jazzy... Tel : +212 5 24 42 42 42 • Marrakech a désormais son point Nespresso pour s’achalander en capsules caféinées. Que les addicts se réjouissent, ils trouveront aussi dans la boutique du Guéliz (à côté des Négociants) toutes les machines et les accessoires de la marque ! • De plus en plus courue, La Table des Jardins -le restaurant des Jardins de la Médina- ne cesse de nous surprendre avec de nouvelles recettes signées par la talentueuse Chef Sana Gamas. Le jardin, idyllique, invite à se détendre, le temps de choisir le thème de la dégustation : pourquoi pas “un fauteuil pour deux” ? Menu pour deux à commander à l’avance et déguster dans un espace privatisé… Mais aussi formule déjeunerpiscine ou apéritif dans le jardin : la carte propose plus d’une quinzaine de vins au verre ! Tel : +212 5 24 38 18 51

Del Café

Café de la poste

• Installé depuis 1993 dans la Palmeraie de Marrakech, le Palmeraie Golf Palace est devenu un incontournable complexe touristique affichant une offre globale : Golf Resort, Club familial, centre d’affaires, spa et fitness, pôle de loisirs et de restauration, hôtellerie 5*… Pour passer le cap des 20 ans avec éclat, et dans le cadre du redéploiement des unités de Palmeraie Hotels & Resorts, le complexe va effectuer des travaux d’embellissement afin d’accueillir la saison hivernale revêtu d’un confort optimum. Tel : +212 5 24 30 10 10 • A l’étage du Grand Café de la Poste, le salon accueille toujours de douces soirées feutrées, et depuis le printemps, nous sommes conviés à des rencontres avec des écrivains : “Les Salons littéraires”. Déjà, Mahi Binebine, Mohamed Nedali et Fouad Laroui sont venus présenter leurs derniers ouvrages, de belles occasions de découvrir les richesses de la littérature marocaine. Les prochains rendezvous seront programmés dès le mois de septembre. Tel : +212 5 24 43 30 38


bôzin

Pretty Linge

Assoufid

bôzin

Luxe Radio Mobile Art

• Pour les listes de mariage et de naissance, ça se passe chez Pretty Linge à Sidi Ghanem ! Des créations de linge de maison artisanal haut de gamme (pur coton égyptien, percale, satin de coton, broderies faites main…), qui vont du linge de lit et de bain, aux trousseaux de mariage et de naissance. La nouvelle gamme en satin de coton est disponible dans pas moins de 10 coloris, à découvrir dans un joli showroom destiné aux professionnels et particuliers. Tel : +212 5 24 33 58 83 • L’été, c’est avant tout la saison des Garden Parties… Direction le bôzin dont le jardin reste un des plus agréables de Marrakech, surtout les soirs de grande chaleur. Cyril nous reçoit toujours avec le même entrain, et invite régulièrement des Dj internationaux à rythmer les deuxièmes parties de soirées. Demandez le programme, en perpétuel renouvellement… Tel : +212 5 24 38 80 12 • Jackisback ! Depuis l’année dernière, le restaurant-bar sans chichis ni blablas cartonne... De nouvelles pizzas au feu de bois sont sans cesse inventées, tandis que des recettes alléchantes débarquent régulièrement sur la carte : Saltimboca alla Romana, Marmite du pêcheur… Mais les classiques persistent et

Spa Marrakech Plaza

se dégustent toujours au comptoir, autour de la grande table mange-debout, ou confortablement installé dans un canapé… Tel : +212 5 24 43 38 90 • Assoufid ouvrira son Golf et son Clubhouse avant la fin de l année ! Son 18 trous éco conçu, paysagé dans un style semi-désertique, et dessiné par l’architecte écossais Niall Cameron, abritera un hôtel 5* Rocco Forte dès 2015. Assoufid s’étend sur un domaine de plus de 222 hectares, sur lequel un nombre limité de villas s’étend sur des terrains privatifs d’un hectare en moyenne. Une première phase de 14 villas vient d être inaugurée, offrant un large éventail d’options exclusives comme des pavillons pour invités, terrain de tennis, pavillon hammam ou encore, une salle de fitness… Assoufid Marrakech s’est associé à Quintessentially Estates (Quintessentially est l’un des clubs privés les plus exclusifs au monde) pour la commercialisation à l’international de ses villas. www.assoufid.com • Luxe Radio Mobile Art est la galerie d’art contemporain itinérante de la station de radio casablancaise. Un espace dédié aux projets d’exposition d’artistes liés par la recherche de la beauté et de la nouveauté. Une symbiose

Jackisback

entre fonctionnalité et esthétisme, à l’intérieur de laquelle un jeu d’ombres et de lumière a été scrupuleusement étudié, une assise sculpturale semi-arrondie, signée Zaha Hadid. Jusqu’à fin août, le Luxe Radio Mobile Art présente l’exposition “Métamorphoses” de la jeune artiste Kenza Drissi, de passage dans plusieurs adresses Sofitel au Maroc. Tel : +212 6 14 43 25 36 • Le Spa Marrakech Plaza a ouvert en plein Guéliz, dans des proportions gigantesques (5.000m2) : une immense piscine couverte, un impressionnant espace Fitness, un salon de coiffure Carita et des thermes... Ces dernières proposent des cures minceur qui attaquent les capitons de toutes parts, histoire de sculpter sa silhouette avant l’épreuve du maillot de bain. Les formules sont intelligents puisque complètes : des cures globales suivies par un coach minceur. Le parcours aquatique “Biotonic Plaza” est idéal pour clore la séance, avec ses jets et ses contrecourants, mais vous pouvez aussi opter pour quelques longueurs dans la grande piscine, ou bien un passage au fitness. Les cures s’adaptent à la silhouette et au planning de chacun, et les abonnements annuels permettent aux sportifs de se chouchouter au quotidien… Tel : + 212 5 24 42 24 25





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