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ROCK LA KASBAH

06 franรงais/anglais



Couverture : Photographe Othman Zine CrĂŠation Ghizlane Sahli-Sarnefors / Alrazal Coiffure et maquillage Marian Filali




édito Mouna Anajjar

OPUS A

près avoir scanné des talents, accompagné des espoirs et décrypté des valeurs au-delà de la carte postale, votre Marrakech MAG franchit une nouvelle étape. On pourrait l’appeler maturité. Sa ligne éditoriale s’enrichit d’un contenu qui invite le reportage, l’investigation et le récit à épouser l’esthétisme. Et voilà que le sérieux complète le distrayant, et que le format long se relaye au court, en mots et en images, avec les rubriques pour seule frontière. Les barrières, nous les avons également bravées, pour vous entraîner dans d’autres contrées, car si notre cœur demeure à Marrakech, nos yeux à présent s’ouvrent sur le reste du Maroc et de la planète… Sommaire Mappemonde à l’appui. Bien que ce numéro 6 ait mûri, il reste néanmoins le bel objet que vous aimez collectionner. Plus que jamais, les artistes y siglent notre inspiration sur fond d’ébullition créative, et la photo y règne en maître. Vous l’aurez compris, le MAG est avant tout un état d’esprit bien loin des positionnements marketés, il vit avec son temps, prône le métissage et la transversalité, avec l’émotion et l’envie du partage pour seules boussoles. A la fois profond, il se soucie du monde, de ce pays, des problématiques qu’il a à affronter… et à la fois fun, il prêche l’insolite et l’amusant au moment voulu (heureusement !). Sans plus attendre, je vous invite à parcourir les pages qui vont suivre, à Zoomer sur l’actu du moment, à plonger au cœur de notre Dossier “Nos villes et leur évolution”, à explorer des Mondes Parallèles pour vous rendre compte d’autres réalités, et à Kiffer les petits et grands plaisirs… En espérant que vous éprouverez autant d’enthousiasme que celui qui nous a animé en vous concoctant cet opus nouvelle ère... Un grand merci à tous, une très belle année 2013, et à très vite !

Opus for a new era Having scanned for new talent, accompanied young hopefuls and deciphered values other than the picture postcard favourites, your

Marrakech MAG is taking another major step. You could call it maturity. Our editorial

policy is expanding with content combining reports, investigation, narrative and aesthetics. Serious articles complete the entertaining ones, short formats take turns with the long - in words and pictures - with the page’s columns as their only limit. We too have braved frontiers to take you to other lands; our hearts may be in Marrakech but our minds now open up to the rest of Morocco and the world… with an International Table of Contents as evidence to prove it. This 6th edition may have matured but remains the thing of beauty you love to collect. Now more than ever, artists have inspired us on a background of creative excitement, and photography rules supreme. Indeed, the MAG is first and foremost a frame of mind, far from marketing ideas, it moves with the times, advocates mixing and a cross-disciplinary approach, with a need to share and emotion as its only guide. Both profound – caring about the world, this country, future issues to face… - and fun, it encourages quirkiness and amusement at the right moment (thank goodness!).

Without further ado, I invite you to glance through the following pages, to Zoom in on the latest news, delve deep into the heart of our Special Report “Our cities and their development”, explore Parallel Worlds to discover other realities, and enjoy the small and more significant pleasures… We hope you feel as much of the enthusiasm we were filled with when putting together this opus for a new era… Until the next edition, many thanks to all and a very happy new year for 2013!



P.106 P.112

P.106

P.54 P.56 P.72

P.162

Tanger

P.44 P.46 P.48 P.50 P.60 P.66 P.72 P.82 P.92 P.118 P.124 P.174

Marrakech

P.26 P.32 P.36 P.42 P.82 P.88 P.110 P.132 P.134 P.136 P.142 P.144 P.172 P.173

P.70


P.70

P.166


sommaire

#EDITO P.4 #CONTRIBUTEURS P.10

ZOOM

AGES P.14 #ARRET SUR IM #AGENDA P.22 HOTO P. 26 #INTERVIEW P S P. 30 #BEAUX LIVRE N P. 32 #CINEMA INDIE P.36 #CINE CULTE E P.42 LT U #L’OBJET C ENT P.44 BLES DU MOM TA S E N N O B S #LE .46 DU MOMENT P #LES ESCALES 8 U MOMENT P.4 #SHOPPING D 0 .5 P LA UNE #LA STEVIA A OIS P.52 RIE P.56 #GUEULE DE B HAUTE JOAILLE LA E D LE F F U SO #LE NOUVEAU

DOSSIER VILLES

S P.60 DE NOS GRANDES VILLE SE HO RP MO TA ME LA : #URBANISME #CASA MEMOIRE P.66 LTURE P.70 CRIME CONTRE LA CU #PRINTEMPS ARABE OU IN P.72 INEZ LA VILLE DE DEMA #ARCHITECTES : IMAG CLAGE P.82 #LES FOURMIS DU RECY CUP’ P.88 #LES FOURMIS DE LA RE AGE P.92 #SERIE MODE RECYCL #URBAN GREEN P.106 NE A GRAVIR P.110 #UNE IMMENSE MONTAG ART MONDE P.112 #DANS LA RUE : STREET C P.118 E” : STREET ART MARO #OPERATION “ART 2 RU

MONDES PARRALELES KIFF #CETTE TERRE PROMISE P.124

#LA PLAYLIST DU MAG PAR NESS RADIO P.132 #PRETEZ-MOI VOS LIVRES P.1 34 #L’ABECEDAIRE DES RIADS P.136 #L’AFRIQUE EN BANDOULIE RE P.142 #SERIE MODE MODERN EPOQ UE P. 144 #LE STYLISTE BRESILIEN FA N DE MARRAKECH P.162 #GOOD MORNING VIETNAM P.166 #LE QUESTIONNAIRE DU MA G : NEDALI P.172 #SOIREE DIOR AU SELMAN P.1 73 #NEWS P.174



complices

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(Othman Zine)

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Josh Shoemake aime les mots, et le Maroc, où il vit depuis 16 ans. Diplôme de Columbia en littérature en poche, il passe d’abord 3 ans à Tanger pour enseigner l’anglais à l’école américaine, il y fréquente alors les artistes et écrivains emblématiques de la ville, comme Paul Bowles et Mohamed Choukri. A Marrakech, il a dirigé l’école américaine, tout en écrivant plusieurs articles pour des publications étrangères. Un roman, ainsi que sa vision littéraire de Tanger, “Tanger : un guide littéraire pour les voyageurs”, seront publiés en 2013. Pour le MAG, il est allé à la rencontre des immigrés sub-sahariens, à Marrakech puis Rabat, et nous livre ici un récit humain sur une dure réalité. (P124)

Cette Casablancaise maroco-espagnole a d’abord connu le feu des projecteurs à travers une carrière de danseuse et actrice. De Paris à Broadway, elle brûle les planches jusqu’à ce qu’un accident brise sa carrière… C’est le maquillage qui la fera ensuite évoluer dans le monde du spectacle, côtoyer Madonna, Woody Allen, Oliver Stone, devenir “National Makeup Artist” pour Lancôme, et enfin, disciple de Pati Dubroff, une des plus célèbres maquilleuses d’Hollywood… De retour au Maroc, Marian poursuit son art du make up. Pour ce numéro, on lui doit la transformation de nos personnages cinéma (P.36), et les looks “fantômagoriques” de la série recyclage (P.92).

Othman Zine se passionne pour le monde de l’image dont il se nourrit sans cesse pour aiguiser sa sensibilité. Un jeune talent, formé en Europe et aux USA, qui exporte aujourd’hui ses travaux vidéo et photo au Maroc et à l’étranger, notamment à Paris pour sa prochaine exposition en février 2013. L’artiste aux multiples facettes collabore avec le MAG depuis le premier numéro, révélant pour la première fois ses photos au grand public. Pour ce numéro, il signe “Ciné Culte”, série dans laquelle des Marrakchis interprètent des personnages de films cultes (P.36), et “Rien ne se perd, tout se récupère”, où des créateurs marocains ont imaginé un vêtement exclusivement à base de matériaux récupérés (P92).

L i p p i n i) a r d n lessa Cette styliste italienne est tombée dans la mode quand elle était petite. Dès l’âge de 20 ans, elle collabore avec les plus grands magazines fashion, entre autres le Vogue Italie, aux côtés de maîtres de la photo tels Helmut Newton et Peter Lindberg. Entre deux voyages à travers le monde, elle s’installe à Marrakech en 1995, où elle ouvre le Ministero del Gusto avec Fabrizio Bizzarri, une galerie dédiée au design, tout en continuant sa collaboration avec Vogue et Marie-Claire Italie… Pour ce numéro, elle signe la direction artistique et le styliste de “Modern Epoque” (P144), et pose son empreinte sur “Art Déco Orient” (P162).

(Hans Withoos) En 20 ans, ce photographe hollandais a su se construire une carrière prolifique dans le monde de la mode, tout en développant un travail artistique très personnel. Son univers onirique est marqué par une recherche aigue de l’esthétisme jusque dans la décadence, voire l’aliénation... Après “Gipsy Dream”, série mode qu’il a signée pour notre précédent numéro, il récidive avec “Modern Epoque”, un voyage glamour dans le temps (P.144)… Hans a aussi shooté “Art Déco Orient” pour le styliste brésilien Fernando Silva (P.162), et ses prochains projets artistiques le reconduiront à Marrakech en 2013, où il prépare un travail sur les signes culturels dans la mode. A suivre…

MARRAKECH MAG : Publication éditiée par la Sarl Another éditions Maroc - R.C. : 26 171 Patente: 45191132 - I.F. : 06520612 - CNSS : 7399464 Bureaux : 194-197, rue Mohamed El Beqal, résidence Firdaous, Guéliz, 40.000 Marrakech, Maroc. E.mail : info@anothereditions.com Tél : 05 24 44 97 09 Fax : 05 24 42 21 28 - Membres Fondateurs : Mouna Anajjar, Jean-Jacques Fourny - Directeur de la Publication : Jean-Jacques Fourny. E-mail : jjf@ anothereditions.com - Directrice Générale Associée et Rédactrice en Chef : Mouna Anajjar. Tél : 05 24 44 97 09. E-mail : mouna@anothereditions.com Rédactrice en Chef adjointe : Mélanie Polatova. E-mail : melanie@anothereditions.com - Assistante DG : Nadia Ouazahrou. Tél : 05 24 42 02 49. E-mail : assistante@anothereditions.com - Rédaction : Soufiane Chakkouche, Sylvie Gassot, Marie Le Fort, Nathalie Rigoulet, Katia Sahli, Josh Shoemake Publicité : Astrid Le Gendre. Tél : 06 61 52 43 46. E-mail : astrid@anothereditions.com - Direction artistique : Mathieu Pasques pour Another Editions. E-mail : crocodilerouge@gmail.com Graphiste : Habiba Machrouh E-mail : da@anothereditions.com - Photographes : Hans Withoos, Othman Zine - Traductions anglaises : AZ Traductions, Meriem Zine - Ont collaboré à ce numéro : Marian Filali, Alessandra Lippini - Impression : Direct Print, Casablanca - Dépôt légal : 2010PE0088, ISSN 2028-4772.Tous droits de reproduction réservés (titres, textes et photos).

Jean-Jacques Fourny


B A R Pa s ta s p i z z a s & B l a b l a b l a

R e s ta u r a n t 10, rue Oued el Makhazine - Hivernage - Marrakech RĂŠservation : 06 62 17 82 67 - 05 24 43 38 90


ZOO M chouf ou sma3



014/ZOOMARRETSURIMAGES

Voler sans carburant, c’est possible ! Juin 12 : Après plus de 36 heures de vol, l’avion suisse Solar Impulse, parti de Paris et passé par Madrid, a réussi avec brio son atterrissage à Rabat. Ce premier vol intercontinental à l’énergie solaire démontre ainsi qu’un tel périple peut bien se passer de tout carburant… Prochain défi de l’engin : faire le tour du monde.


Roger Federer : Number One Juillet 2012 : En remportant son 7ème titre au Wimbledon, le joueur Suisse Roger Federer dépasse son prédécesseur Pete Sampras, et entre dans la légende du Tennis pour devenir numéro 1 mondial, devant Novak Djokovic et Rafael Nadal.


016/ZOOMARRETSURIMAGES

Y a t-il une vie aprEs la Terre… Août 12 : Curiosity se pose avec succès sur Mars. Jamais la Nasa n’avait envoyé un robot aussi sophistiqué sur une autre planète. Une mission de 2 ans, pendant laquelle l’exploration tentera de déterminer si la Planète Rouge a un jour réuni des conditions favorables à l’apparition de la vie… A suivre !


D’abord une civilisation Septembre 12 : Au moment où le monde musulman s’embrase, suite à la diffusion du film islamophobe “Innocence of Muslims”, -simple coïncidence- : voilà qu’ouvre le nouveau pavillon des Arts de l’Islam au Louvre, et avec, la découverte de 12 siècles d’une civilisation inouïe, riche, qui s’étend des rivages de l’Atlantique jusqu’aux confins de l’Inde… Un bel hommage, et surtout, un rappel historique important, au delà de toute considération religieuse, qui tombe plutôt à pic.


018/ZOOMARRETSURIMAGES


Lille A la renverse Octobre 12 : Marrakech a de quoi être jalouse de cette réplique lilloise de la célèbre “Maison tombée du ciel”, que l’artiste Jean François Fourtou a spécialement imaginée, puis construite, pour le Festival “Fantastic“ de Lille, avant de la déposer dans le Vieux quartier de la ville… A voir absolument avant le 13 janvier 2013.


020/ZOOMARRETSURIMAGES

Instants Mode Novembre 12 : L’objectif de Karima Rhanem, étudiante en journalisme à l’ILCS de Rabat, capte ici la grâce de Keyna Diouf, merveilleusement vêtue par le talentueux couturier Said Mahrouf, qui défile sur les podiums du 7ème rendez-vous de la mode marocaine à Casablanca, le Festimode.


Le Tram sur les rails… Décembre 2012 : La Blanche congestionnée vient de mettre en route son tramway. Pour 6 dirhams, les Casablancais pourront maintenant voyager sur cette gigantesque ligne -la plus grande d’Afrique- qui relie la ville d’Est en Ouest sur 31 km, de 5h30 jusqu’à 22h30 en semaine, et 23h30 le week-end. Reste à savoir si les automobilistes changeront leurs habitudes pour que la fluidité espérée à travers ce projet puisse opérer…


022/ZOOMAGENDA

Par Sylvie Gassot

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Contemporain, moderne ou ancien, l’art est bigger than life ! Florilège d’expos… ÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÂÂ

Van gogh Dali Van Dyck Najla Mehadji William Klein ÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅÅ

• La plus intime Van Gogh A Amsterdam

Lettres, objets privés, croquis et 75 peintures dessinent l’intimité du génie du pinceau. Les visiteurs découvrent l’artiste dans sa perpétuelle quête d’identité avec une scénographie qui privilégie le défi sans cesse nourri de nouveaux objectifs : focus sur le portrait, effets de la couleur, influence du Japon -qu’il fantasmait sans jamais y être allé-, richesse de la nature… Ce regard neuf sur l’intensité tourmentée de l’œuvre dévoile les passions multiples du peintre sincèrement paysan, dont chaque toile, tel un uppercut, touche droit au cœur. Museum de l’Hermitage, jusqu’au 25 avril 2013. Wangoghmuseum.nl

• La plus surrEaliste Dali A Paris

Pionnier du happening, maître en clownerie, artiste avisé au talent surréaliste, il se joue de l’humour. Roi des médias -Andy Warhol le prend comme coach !-, il "Dalinise" le monde avec provocation, cabotinage et un goût immodéré pour l’argent. Parmi les chefs-d’œuvre du génie : "Les montres molles", prêt exceptionnel du MOMA, et un choix de pièces majeures : 200 peintures, sculptures, dessins, films, extraits d’émissions et photos. Autoproclamé meilleur danseur que Chaplin, meilleur acteur que Buster Keaton, il emprunte la moustache de Velasquez, joue du mimétisme avec Raphaël et s’affirme "sur peintre" comparé à Picasso. Pour fonder sa fameuse méthode "paranoïaque critique" fondée sur le délire d’interprétation, il mêle art

et sciences. Sa personnalité tissée d’exhibition narcissique et nourrie d’un trait à nul autre pareil séduit son iconique Gala. Bref, un "arteur", unique ! Centre Pompidou, jusqu’au 25 mars 2013. www.centrepompidou.fr

• La plus junior Van Dyck A Madrid

Prodige, Antoine Van Dyck commence à peindre à 14 ans. Jeune maître du baroque, il crée en 7 ans 160 tableaux, dont beaucoup de grandes toiles détenues par le Musée du Prado, exposées pour la première fois. Derrière le talent précoce du portraitiste hors pair, se dessine une ambition portée par un don exceptionnel. Remarqué par Rubens avec qui il travaille longtemps, il ne renonce jamais à son propre style, avec une fulgurance qui le propulse peintre officiel de la cour d’Angleterre. Parmi les chefs-d'œuvre dévoilés, "L’arrestation du Christ" et "SaintJérôme dans le désert" prouvent combien le génie n’attend pas le nombre des années ! Puissant et émouvant… Musée du Prado, jusqu’au 3 mars 2013. www.museodelprado.es

• La plus arabisante

“25 ans de crEativitE dans le monde arabe” A Paris Soucieux de poursuivre dans une voie qu’il a tracée, en ouvrant à son public une grande porte sur les arts plastiques du monde arabe au cours de ses 25 années d’existence, l’Institut du Monde Arabe propose, à l’occasion de son

anniversaire, un panorama des plus exhaustifs des tendances et des recherches qui sont parties prenantes de la création arabe contemporaine depuis un quart de siècle. Riche d’influences, au confluent de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe, l’art contemporain arabe fait montre d’une grande pluralité de styles. Souvent partis en Europe ou aux Etats-Unis pour étudier, ayant fait le choix, quelquefois, de s’y établir, mais, le plus souvent, revenus dans leurs pays d’origine pour y poursuivre leur travail de création, les artistes arabes sont partagés entre plusieurs cultures. Ils instaurent, à l’occasion, un lien unique entre Orient et Occident, et témoignent d’une grande ouverture sur le monde et les profonds bouleversements qui affectent celui-ci. A l’Institut du Monde Arabe jusqu’au 3 février 2013. www.imarabe.org

• La plus culte

William Klein & Daido Moriyama A Londres

Regards croisés entre le réalisateur du fameux "Qui êtes-vous Poly Maggoo ?" et le célèbre photographe japonais. Sur fond de jungle urbaine, les 2 stars se livrent à une furieuse battle sans cliché entre New York et Tokyo. Chasseurs d’images, du plus intime au rayon mode, chacun scanne la sauvagerie urbaine avec un œil acéré dans une démarche à la fois graphique et implacable. Entre le bad boy américain et le grand témoin de l’évolution des mœurs au Japon, les correspondances sont troublantes. Exemplaire ! Tate Modern, jusqu’au 20 janvier 2013. www.tate.org.uk



024/ZOOMAGENDA

Par Sylvie Gassot

Singuliers, de nouveaux objets enchantent le quotidien. Le design entre au musée, parcours d’expos…

© Photo Jo Van de Vyver, Mrac Tervuren

© Bruce Nauman by SIAE 2012. Courtesy Sperone Westwater, New York ph: Matteo De Fina

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ΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩΩ • La plus Geek

“Et l’homme crEa… le robot” A Paris

Robot qui es-tu, d’ou viens-tu, quel est le secret de ton ADN ? Spéciale geek, cette rencontre du 3ème type avec les animatronics offre une des clés du mystère R.O.B.O.T.A. : nom de code du robot introduit en 1920 par l’écrivain tchèque Karel Kapek. Grâce à un simulateur interactif, on plonge 20.000 lieues sous les mers et on s’interroge sur ces chirurgiens, hommes à tout faire, agents de sécurité, animaux de compagnie ou partenaires de jeux qui quittent leurs usines pour jaillir dans nos vies. Concentrés de technologie, bijoux high-tech, amicaux à la “Star Wars”, ou menaçants à la ”Terminator”, sont-ils l’avenir de l’homme ? Trop robot pour être vrai ! Musée des Arts et Métiers, jusqu’au 3 mars 2013. www.arts-et-metiers.net

• La plus cinoche “Paroles des images” A Venise

La fondation François Pinault présente sa collection vidéo. Des installations, projections, œuvres sonores et pièces silencieuses, des années 70 aux acquisitions récentes, qui rythment nos murs. Magistrale, l’œuvre de

Bruce Nauman, “For Beginners”, exposée pour la première fois en Europe s’inscrit dans un parcours sensoriel qui oscille entre gravité et humour. Confrontant le regard de 27 artistes internationaux, tous questionnent l’intime. L’image au-delà de ce qu’elle montre élargit l’horizon, lézarde la réalité, zoome sur l’émotion. L’architecture du Palazzo Grassi, avec ses espaces ouverts, joue subtilement de l’obscurité sur une cadence musicale alternant silence et son. Séquence émotion… Palazzo Grassi, jusqu’au 13 janvier 2013. www.palazzograssi.it

• La plus African style

Design en Afrique A Paris

Inspiré de l’art de la rue, le design africain gagne en esthétique comme en témoigne la centaine de pièces réunies ici. “S’asseoir, se coucher et rêver” présente tabouret XXL pour obèses, fauteuil Mobutu, siège inspiré de la mosquée de Jingereber à Tombouctou, chaise en conserves écrasées ou armoire en tubes galvanisés et fûts de pétrole. L’imagination est au pouvoir. De la culture, jaillit l’émotion : merveille de “Slim bed” du Togolais Kossi Assou en tôle et rondin qui pourtant s’interroge : “faut-il sortir de la tradition pour arriver au design ?”. Artistes

sénégalais (Ousmane Mbaye), Malien (Cheick Diallo), camerounais (Jean-Bertrand Wokam)… témoignent d’une dynamique fortement appréciée de la scène internationale. L’Afro design a le vent en poupe, reste à trouver un bon modèle industriel. Le talent est là ! Musée Dapper, jusqu’au 14 juillet 2013. www.dapper.fr

• La plus festive

Biennale du Design A Saint-Etienne Internationale, la fameuse Biennale propose expositions, conférences, colloques et événements dans toute la ville. De la Cité du Design à l’ancienne Manufacture d’Armes, Saint-Etienne appréhende le design comme clé du développement des villes, des cultures et de l’économie. La thématique : “L’empathie ou l’expérience de l’autre”, ouvre la réflexion à tous les champs de la société, privilégiant la place de l’usager pour anticiper ses besoins. Face aux menaces écologiques et au renouveau économique attendu, philosophes, sociologues et intellectuels préconisent un nouveau contrat social sur des bases plus respectueuses de la communauté humaine. Pari tenu ! Biennale du design, du 14 au 31 mars 2013. www.citédudesign.com



026/ZOOMPHOTO

Par Sylvie Gassot

gros plan sur la photo Pour zoomer sur la place de la photo dans nos vies et nos imaginaires, focus sur divers acteurs influents du monde de l’art qui se livrent à la vitesse du flash…

Elisabeth Bauchet Bouhal

© Serge Lutens

Avec quelle photo vivez-vous au quotidien ? Je me réveille et je m’endors sous le regard bienveillant, mais néanmoins ironique, de mon père : photo volée, bonheur parfait. Dans mon bureau, une photo de Xavier Richer représentant les porteurs d’eau de Marrakech se préparant à aller sur la Place Jamaâ El Fna. Quelle photo rêvez-vous d’avoir ? La prochaine de mes petits-enfants, et Le Baiser de l’hôtel de ville de Robert Doisneau. Pouvez-vous terminer la phrase : un monde sans photo ce serait… Un monde de l’éphémère. Collectionneuse, férue d’art contemporain et mécène dans l’âme, elle dirige le somptueux Palace Es Saadi à Marrakech

© Le Cam Romain

Serge Lutens

Avec quelle photo vivez-vous au quotidien ? Je n’ai aucune photographie chez moi, même si j’en ai gardé quelques-unes de l’enfance. Toutes les autres ont été déchirées progressivement. Pour moi, l’image se fait et se forme. Je ne suis pas une personne qui garde et regarde les photos. Si elles ont créé un remous la première fois que je les ai vues, elles sont inscrites à jamais en moi. Les revoir affaiblirait la première vision et son impact. Quelle photo rêvez-vous d’avoir ? Je ne rêve pas d’une photo. Je n’ai aucun rêve de possession. Au contraire, je souhaiterais me démunir. Je possède une collection de tableaux (dans la perspective d’un décor à Marrakech) mais cela est lourd à gérer et je ne veux pas devenir le gardien du Temple. Ce que je peux posséder, c’est par les yeux. Notre monde est saturé d’images et celles-ci, progressivement, de ce fait, perdent leur pouvoir. A force d’être là, elles finissent par ne plus être. L’image perd sa magie. Je pense qu’il faut la garder en tête et non pas dans un album ou sur un mur. Pouvez-vous terminer la phrase : un monde sans photo ce serait… Un monde où l’on imagine. Créateur d’effluves rares, concepteur, styliste et photographe, auteur de “Paris Berlin“ (Editions Electa), il expose jusqu’au 21 décembre “Paris-Berlin“ à la Galerie Marcilhac 75006 Paris

Leila Alaoui

Avec quelle photo vivez-vous au quotidien ? Un très vieux portrait de famille en noir et blanc de mes arrières grandsparents. Quelle photo rêvez-vous d’avoir ? Un portrait en studio de Malik Sidibé ! Pouvez-vous terminer la phrase : un monde sans photo ce serait… Un monde sans instants, sans vérités, sans souvenirs… Photographe - leilaalaoui.com

Jean-Charles de Castelbajac

Avec quelle photo vivez-vous au quotidien ? Je collectionne des photos depuis 1970, et j’en ai plus de 300 ! Mais je suis particulièrement attaché à un tirage de Gustave Le Gray, photographe officiel du Second Empire, une photo de Lewis Caroll et un trésor de Nadar qui immortalise Victor Hugo sur son lit de mort. Quelle photo rêvez-vous d’avoir ? August Sander me fait rêver… Un portrait de Genet par Brassaï, et les petites filles de Diane Arbus aussi ! J’ai beaucoup de photos de Cindy Sherman à ses débuts alors qu’elle s’inventait dans mes vêtements, mais j’ai très envie de son auto portrait transposé à l’époque Renaissance. Pouvez-vous terminer la phrase : un monde sans photo ce serait… Impossible ! La photo est la frontière avec l’invisible… Preuve que j’y crois, je garde sur ma table de nuit un petit livre, acheté il y a 30 ans chez Sotheby’s, d’Aleister Crowley photographiant les fantômes… www.jc-de-castelbajac.com


© Photo. Fabrice Seixas

Avec quelle photo vivez-vous au quotidien ? Avec des centaines de photos, je suis boulimique d’images ! J’en ai plus sur les murs de ma maison qu’à la galerie : ma mère, mes enfants, les hommes de ma vie, Marylin, Mao, Mohammed V, un énorme tirage de Denis Dailleux, un minuscule de Matsao Yamamoto, Carolle Benitah et une collection de portraits anciens de studio japonais. Quelle photo rêvez-vous d’avoir ? Marguerite Duras par Avedon. Pouvez-vous terminer la phrase : un monde sans photo ce serait… Tout simplement inimaginable, certainement pas mon monde ! Galerie 127, Marrakech galerienathalielocatelli.com

Kamel Mennour

Avec quelle photo vivez-vous au quotidien ? Avec des photos d’anonymes, et surtout des photos de famille. Je suis dans une sphère privée. Quelle photo rêvez-vous d’avoir ? Une Marine de Gustave Le Gray. Pouvez-vous terminer la phrase : un monde sans photo ce serait… Un monde sans lumière. Galerie Kamel Mennour, Paris www.kamelmennour.com

Laurent Boudier

Philippe Pasqua

Rancinan by Rancinan Islamaban

Nathalie Locatelli

Gérard Rancinan

Avec quelle photo vivez-vous au quotidien ? Avec des photographies de personnes disparues, et c’est la photo qui les fait exister. Quelle photo rêvez-vous d’avoir ? Les photographies qui me bouleversent sont celles de photographes inconnus, vivant au bout du monde. J’ai toujours rêvé d’avoir une photographie prise par l’un de ces spécialistes de la photo de mariage en Inde ou en Afrique. Pouvez-vous terminer la phrase : un monde sans photo ce serait… Un monde sans mémoire, amnésique ! www.rancinan.com

Avec quelle photo vivez-vous au quotidien ? Chez moi, je vis avec une photo de Jenny Saville par Glen Luchford. Quelle photo rêvez-vous d’avoir ? J’aimerais vraiment avoir une photo d’Andres Serrano qui représente le Pape immergé dans du sang animal. Pouvez-vous terminer la phrase : un monde sans photo ce serait… Un monde d’aveugles, exactement comme si nous avions tous perdu la vue… pasquaphilippe.com

Avec quelle photo vivez-vous au quotidien ? J’ai le bonheur d’avoir une photo de William Klein, assez étonnante, qui a été prise en Russie. Quelle photo rêvez-vous d’avoir ? Sans hésiter, le seul nu d’Henri Cartier-Bresson. Il s’agit de Léonor Fini, qui a fait tourner la tête de tous les surréalistes. Il l’a photographié dans une piscine, nageant en exposant ses seins lourds. Mais il faut connaître le back ground de cette photo, car sa tête est coupée, hors-cadre ! Pouvez-vous terminer la phrase : un monde sans photo ce serait… Pas mal… Parfois ! Directeur artistique de la Slick Paris le Marais et Slick Brussels - www.slickartfair.com

Sarah Lavoine

Avec quelle photo vivez-vous au quotidien ? J’en ai beaucoup car je m’y intéresse depuis très longtemps : des tirages de Peter Beard de la série “Orphan Cheetah“, des scènes ambiance Hitchkockienne d’Alex Prager, dont une femme entourée d’oiseaux, des œuvres d’Araki et de mon amie Valérie Knight. Quelle photo rêvez-vous d’avoir ? Un tirage original d’Avedon, pas un portrait de célébrité mais plutôt un anonyme au visage buriné. Pouvez-vous terminer la phrase : un monde sans photo ce serait… La fin du monde ! Je ne peux pas vivre sans… C’est comme une chanson, un parfum dans la rue, un voyage : la photo évoque un repère. Comment imaginer un monde sans souvenir ? sarahlavoine.com


028/ZOOMAGENDA

Par Sylvie Gassot

EvE e me ts Ils créent le buzz, Marrakech Mag aime…

© Laurent Lecat

© Robert Bradford - Scrubber - Galerie Envie d’art

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Yann Kersalé, Profondeur de lames

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> • Le plus rock

"David Bowie is" A Londres

Coucou, le revoilou ! Par une rétrospective au musée, David Bowie fait son come-back. La rock star britannique la plus influente au monde livre le puzzle d’une carrière hallucinante en 300 objets, dont 60 costumes de scène : combinaison de "Ziggy Stardust" inspirée d’"Orange Mécanique", pardessus Union Jack d’Alexander McQueen pour l'album "Earthling", photos inédites, extraits de films, vidéos et manuscrits. Visage diaphane barré d’un éclair rouge et bleu, la star androgyne impose son regard étrange, pupille gauche dilatée. Le révolutionnaire qui aida à changer le monde vit à 65 ans aux Etats-Unis et prend ses distances avec l'événement, via Facebook : "Je n’ai participé à aucune décision relative à l'exposition. Les archives David Bowie ont donné un accès sans précédent au Victoria and Albert Museum et les commissaires d’'expo ont fait tous les choix". David Robert Jones, de son vrai nom, viendra-t-il pour l’inauguration ? Les fans tremblent… Victoria and Albert Museum, du 23 mars au 28 juillet 2013. www.vam.ac.uk

• Le plus Fashion

"La planEte mode de Jean Paul Gaultier" A Madrid

Avis aux "JPG addicts" ! Pour fêter 35 ans de succès, Madrid -après Montréal et Dallas-, accueille la première rétrospective internationale de l’enfant terrible de la mode ! Un échantillon choisi de modèles haute couture, d’extraits

de défilés, d’interviews, de croquis et de photos, invite le visiteur à capter l'influence des propositions audacieuses et innovantes de Gaultier sur des artistes comme Warhol, Cindy Sherman ou Mario Testino. Thématique, le parcours, baptisé "De la rue aux étoiles", s’incarne en mannequins humanisés avec des visages interactifs d’une douzaine de célébrités prêtant leur image et leur voix, y compris Gaultier lui-même, pour décoder une inspiration nourrie de pluralité et de tolérance. "La beauté est partout, confie Gaultier, il suffit d'ouvrir les yeux pour le voir et je tiens à affirmer que les différences m'ont toujours inspirées. Ainsi peuton briser les barrières entre le bon goût et le mauvais, le pauvre et le riche." On adore ! Fondation Mapfre, jusqu’au 6 janvier 2013. www.mapfre.com

• Le plus New Age "New Art Fair" A Paris

Inspiré d’un concept anglais, la conviviale "New Art Fair" évite à l’acheteur le parcours du combattant ! La trentaine de galeries internationales -Europe, Etats-Unis, Corée…présente des artistes stars dans leur pays mais encore inconnus en France, et de jeunes talents. Les prix, toujours affichés, lèvent l’intimidation des visiteurs guidés, sur demande, par des art coachs. Un service financement répond aux exigences de tous les budgets, et la conciergerie facilite les achats. Même les enfants ont un espace dédié d’ateliers artistiques, et une programmation hors les murs conjugue partenaires institutionnels et réceptions

privées chez de jeunes collectionneurs. Digne d’une grande foire internationale, l’événement inaugure le "New boudoir du collectionneur", avec la collection street art de Nicolas Laugero Lasserre : Jonone, Banksy, JR, Invader, Jeff Aérosol, Miss Tic, Speedy Graphito. Et le "NEW Award", prix du dessin contemporain, couronne un jeune talent. Pépites en vue… Espace Cardin, du 11 au 13 janvier 2013. www.newartfair.com

• Le plus Light

Yann KersalE A Landerneau

Artiste sculpteur, il tutoie la lumière et choisit la nuit pour inventer de nouveaux récits à la ville contemporaine. A l’initiative du Fonds Hélène & Edouard Leclerc pour la Culture, il réunit 7 merveilles du monde, en référence aux 7 merveilles des alentours de Landerneau dont l’artiste voyageur se réclame avec fierté. Le lointain bascule dans l’Ici et Maintenant avec une proximité ensorcelante. La réalité, minérale, végétale, aquatique ou technologique, entre dans l’incertitude de la nuit avec une légèreté parée d’habits de lumière. Les 7 maisons de sa ville rêvée proposent autant d’installations / captations poétiques, avec prairies sousmarines, phare de l’île Vierge de Plouguerneau, dorsale des vents, chaos du feu, enrochements d’ombres et éboulis d’images… Une 8ème maison, immergée dans la rade de Brest, fraye, jour et nuit, un chemin entre le réel et le rêve. Troublant. Capucins de Landerneau, jusqu’au 19 mai . 2013. www.fonds-culturel-leclerc.fr



030/ZOOMBEAUXLIVRES

Par Sylvie Gassot

Beaux livres

Quand l’image épouse le texte, le rêve jaillit…

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"Berlin, un week-end, un an, une vie" Comme 8 millions de voyageurs, vous hésitez à partir pour Berlin un week-end ? Un an ? Ou toute une vie ? Avec ce livre, inutile de précipiter le destin… Laissez-vous guider par Geneviève Brunet et votre âme nomade, à l’écoute de vos émotions. Choisissez sur place. Epatant, non ? Détachable, l’opus weekend offre 3 itinéraires d’une journée clé en main. La partie Un an donne de bons tuyaux pour une installation réussie et des idées de balades au fil des saisons. Enfin, le porte folio Une vie s’enrichit de portraits de Berlinois hype dévoilant leurs adresses préférées. Très illustrée, cette nouvelle collection allie les côtés pratique du guide et photographique du beau livre. Son approche inédite invite à découvrir le meilleur du Berlin effervescent, frais, arty et sulfureux. Tenter l’aller simple, voilà peut-être le secret du voyage zen ! "Berlin" le guide de Geneviève Brunet Editions de la Martinière

• Le plus New Look

“Dior” A destin exceptionnel, livre d’exception : fleuron du luxe français, la maison Dior ouvre ses archives et retrace sous la plume acérée de Caroline Bongrand sa formidable success story. Somptueux, le coffret en 3 volumes et 180 photos illustre les univers mode, joaillerie et parfumerie avec un luxe festif d’anecdotes. L’inventeur visionnaire du New look, entré dans la légende et “rappelé à Dieu pour rhabiller les anges”, reste synonyme d’excellence comme l’a prouvé le nouveau styliste Raf Simons lors de la fashion week. Jérôme Hanover nous livre comment, d’une étiquette cousue au revers d’un vêtement, est née la bague gourmette ou, d’une robe en 8, le flacon du parfum J’adore. “Le parfum c’est la finishing touch

d’une robe” affirmait le maître. Voilà l’occasion de (re)voir Charlize Theron, Marilyn Monroe, Lady Di, Jackie Kennedy, la princesse Grace de Monaco, Jude Law et de percer les secrets d’un talent et d’une réussite qu’on adore… “Dior” coffret de Caroline Bongrand et Jérôme Hanover - Assouline

• Le plus “Top Chef”

“Grande table et petite cuisine” Trish Deseine, d’origine Irlandaise, mère de 4 enfants, aime les grandes tables et recevoir sans chichis. La plus créative des chefs installée à Paris, propose de tout mettre, ou presque, sur la table en même temps. Des plats multiples, mais dont la rencontre dans l’assiette reste l’affaire de vos invités et non la vôtre... Une philosophie du bel ordinaire qui invite à recevoir cool. D’ailleurs, pour créer ses recettes, elle a ouvert le frigo d’amis et de voisins pour garder l’aspect réaliste d’une cuisine facile à faire. Ainsi, est né un choix de tapas et tartines pour régaler l’apéro en beauté. De rôtis et cocottes, qui mijotent tranquillement jusqu’à ce que vous passiez à table et de plats végétariens qui ajoutent fraîcheur d’herbes et croquant en légèreté. Ainsi qu’un guide astucieux de boosters de goût : miso, wasabi, sésame, soja... Enfin, place aux sweeties qui font sa renommée pour les palais sucrés, avec l’assurance de tout réussir, car photos et conseils font de vous un chef qui s’ignore. “Grande table et petite cuisine” de Trish Deseine Editions Marabout

• Le plus “rock la kasbah”

“L’art de vivre A Taroudant” Artistes, galeristes et collectionneurs livrent leurs jardins secrets en 300 photos dans ce

livre à la gloire de Taroudant, l’une des villes les plus emblématiques du Royaume du Maroc. Derrière ses murailles historiques et sa somptueuse médina, Christophe Decarpentrie dévoile l’atmosphère jusqu’alors secrète de plusieurs palais marocains dans le style traditionnel berbère, ou de conception ultracontemporaine... Embarquez à l’assaut des façades fermées, à la découverte de décors exceptionnels aux détails envoûtants, en vous imprégnant d’une douceur de vivre où l’imagination et la beauté fusionnent. Cet émouvant parcours pavé de charme et d’histoire à travers les maisons les plus privées du sud marocain offre un billet pour le rêve. Bon voyage ! “L’art de vivre à Taroudant” de Christophe Decarpentrie - Editions VdH

• Le plus nostalgiQUe

“Vintage passion” Alors que souffle un vent de nostalgie, le vintage est partout ! Et ne se limite pas au vêtement ou à la décoration, mais s’annonce comme un mode de vie à part entière. Au travers de portraits de créateurs et de designers de renom : Philippe Starck, Marc Jacobs ou encore Jean Paul Gaultier, des historiens, des antiquaires et des anonymes passionnés, «Vintage passion» donne ses lettres de noblesse à ce style en vogue. Laurent Journo, grand amoureux du patrimoine et du design, créateur à Paris du Salon du Vintage, qui accueille plus de 25.000 visiteurs depuis 2008, et Sandrine Alouf -designer, photographe et décoratrice- partagent leur passion avec générosité. Cet art de vivre prend alors une dimension intelligente, ludique et follement joyeuse. Les amateurs vont se régaler et les néophytes vont devenir accros à la vintage attitude. “Vintage passion” de Laurent Journo et Sandrine Alouf - Editions de la Martinière



032/ ZOOMCINEMA

Par Michel Roussel

De Bollywood A Marrakech

Satyajit Ray

Le cinéma indien a été à l’honneur du 12ème Festival International du Film de Marrakech. Retour sur un siècle d’existence d’un cinéma parfois mal compris en Occident mais qui vit, depuis toujours, la plus belle des histoires d’amour avec les Marocains.

C

omme chaque année, le Festival International du Film de Marrakech –qui a eu lieu du 30 novembre au 8 décembre- va rendre hommage à la cinématographie d’un pays. Et ce n’est pas un hasard si c’est le cinéma indien a été choisi pour cette 12ème édition : d’une part il va fêter son centenaire l’année prochaine, et d’autre part, il est de loin le plus prolixe au monde, avec plus de 1.000 films tournés par an (contre, par exemple, un peu moins de 300 en France). Et c’est d’autant moins un hasard si l’on sait que le Maroc entretient une grande histoire d’amour avec le cinéma indien. "Difficile d’échapper au virus du cinéma indien quand on est né à Marrakech, à quelques mètres du cinéma Riff", explique Mehdi El Azzam, tout jeune réalisateur marocain qui a terminé ses études à l’Ecole Supérieure des Arts Visuels de la ville, et qui, en à peine quatre ans d’exercice, cumule déjà plusieurs récompenses pour ses œuvres, ce qui le qualifie comme l’un des meilleurs espoirs du cinéma marocain. "Au-delà des nombreux points communs entre le Maroc et l’Inde qui ont permis aux spectateurs marocains de s’identifier facilement aux personnages indiens, poursuit Mehdi dans son analyse de l’engouement de la population marocaine pour les productions indiennes, le cinéma musical fait rêver des millions de Marocains pauvres, lesquels pour quelques dirhams, peuvent imaginer ce que peut représenter une vie de maharadjah dans un palace, à l’instar des comédies musicales hollywoodiennes des années 30 qui pouvaient servir d’exutoire aux Américains touchés par la crise et la misère. Il n’est pas vain de croire que ce cinéma a un aspect thérapeutique…" Il ne faut pourtant pas cantonner le cinéma indien aux seules productions bollywoodiennes, plutôt méprisées par les cinéphiles occidentaux pour n’y voir que des scenarii déroutants, étayés de rebondissements farfelus, d’amours impossibles sur fond de mélodrames et de chorégraphies

Chaarulata, Satyajit Ray

mièvres. Il existe un véritable cinéma d’auteur, dont Satyajit Ray était le porte-drapeau depuis les années 50, qui innove sur la forme, traite de sujets sérieux -du terrorisme à la condition féminine-, avec des acteurs qui ne sont plus en permanence dans le "sur jeu". Un cinéma qui se propose d’être le reflet d’une société indienne sans tabous et sans censure en exprimant les tourments et les espoirs de l’Inde contemporaine. Un cinéma très minoritaire, qui reste peu visible en salles, mais qui commence à trouver sa place dans quelques festivals étrangers, avec la présence de stars comme Anurag Kashyap -qui a vu son second film, "Black Friday", censuré, et son troisième, "No smoking", déchainer la critique-, Aparna Sen ("Mr and Mrs Lyer" ou "15 Park Avenue"), Rahul Bose ("Everybody says I’m fine"), Rajat Kapoor ("Raghu Romeo")… En Europe, le cinéma indien commence à faire mouche dans les années 2000 : on se souvient en particulier de "Devdas" de Sanjay Leela Bhansali, présenté en ouverture du Festival de Cannes 2002, qui met en scène les amours impossibles d’un riche propriétaire et d’une modeste voisine, et qui a vigoureusement été salué par l’ensemble de la critique. "Son charme clinquant, kitchissime, dépaysant, constitue en tout état de cause le plus radical des antidotes aux préoccupations de notre triste printemps", écrivait une journaliste dans les Echos. "On ne peut que se laisser séduire par cette impressionnante fresque musicale. Un feu d’artifice", pour Monsieur Cinéma. "C’est en Inde que brûle désormais la flamme du grand spectacle et de l’amour", pour L’Humanité… Et pourtant, malgré l’engouement des critiques, le cinéma indien reste incompris des Occidentaux, jugé "kitch" et stéréotypé. "Le cinéma indien a des codes très stricts et très indiens qui voyagent assez mal en Europe, explique Anne Gaëlle Doshi, spécialiste du 7ème art indien, d’où une réticence certaine. Mais une fois qu’on a acquis ces codes et qu’on les a



“Gangs of Wasseypur” de Anurag Kashyap

Bollywood Generique

Anurag Kashyap

acceptés, on s’amuse beaucoup.“ Avis partagé par le réalisateur indien Onir : "Nous, on n’a pas honte de montrer des gens pleurer, c’est une partie de notre culture. Les Occidentaux, eux, gardent tout à l’intérieur ; le cinéma européen est froid !". Le jeune Marocain Mehdi El Azzam monte lui aussi au créneau pour défendre cette culture cinématographique : "Si l’on doit résumer le cinéma indien en deux mots, je dirais "amour et vengeance". Il s’agit là de la zone d’intersection entre le cinéma d’auteur et Bollywood, mais surtout je crois que l’expression cinématographique indienne est une grande célébration de la vie : on danse après avoir tué, on chante même quand on meurt d’effroi…" Quant à la notion de "kitch", Mehdi s’en défend : "Ce terme kitch me renvoie l’arrière goût d’un jugement de valeur que je n’apprécie pas. Trouver quelque chose "kitch", c’est juste ne pas vouloir élargir son angle de vue…" En clair, le cinéma indien appartient à une culture plus large que l’on ne peut appréhender si on conserve notre grille d’analyse habituelle. Il faudrait une réelle connaissance des mœurs indiennes et de cette culture ancestrale pour pouvoir l'apprécier. Savoir, par exemple, que le théâtre, la musique et la danse ont, depuis les origines, été étroitement liés. Savoir que dans l’une des formes majeures du théâtre traditionnel, le Kathakali, l’acteur interprète silencieusement le texte et qu’il en exprime les émotions avec le corps, les mimiques et les gestes, accompagné des musiciens qui se chargent de raconter l’histoire ; une épopée faite de lyrisme, de scènes d’amour, de larmes, d’exploits, de batailles qui se jouent pendant des heures avant de s’achever par la victoire du bien sur le mal. Il faut aussi savoir que si Bollywood génère les plus gros succès commerciaux, quasiment les seuls à parvenir jusqu’à nos salles obscures, sa production ne constitue qu’une minorité des films produits en Inde. Seul un quart de la production est tournée à Bombay -Mumbai-, et la majorité de la production vient des différentes régions du pays, qui ont chacune leur

propre identité, et dont le cinéma est tourné dans la langue locale, avec chacune sa star, son style de musique et sa danse. Si les films à succès voyagent dans le pays, chaque région regarde en réalité ses propres films. Pour remonter le fil du temps, ce sont les frères Lumières qui introduisent le cinéma en Inde au XIXe siècle. Mais il restera pendant des années un loisir réservé aux colons britanniques et aux élites indiennes, les masses populaires restant réfractaires à ce nouveau média tant les sujets abordés, très "occidentalisés", leur semblent bien loin de leurs préoccupations quotidiennes. Il faudra attendre le début du XXe pour qu’apparaisse à l’écran le premier film de fiction 100% indien, "Raja Harishchandra" de D.G. Phalke, inspiré, comme tous ceux qui vont suivre, de sujets mythologiques tirés de la grande épopée hindoue. Ce n’est que dans les années 30, avec l’avènement du cinéma parlant, que le cinéma indien va prendre la forme qu’on lui connait aujourd’hui, pour connaître dans les années 50 son âge d’or sous l’impulsion de cinéastes comme Raj Kapoor, Bimal Roy ou Guru Dutt qui offrent au public de grands films, comme "Le feu" et "Mr. et Mrs. '55" de Guru Dutt, ou "Mother India" de Mehboob Khan. Le FIFM 2012 a choisi de rendre hommage au cinéma indien, en invitant les plus grandes stars de Bollywood, celles qui font le cinéma hindi d’aujourd’hui, en invitant les Marrakchis sur la place Jamaâ El Fna, chaque soir du festival, où ont eu lieu les projections en avant première des films de Mumbai, et en projetant lors de la soirée d’hommage "Jusqu’à mon dernier souffle", le dernier film d’une icône du cinéma indien récemment disparue, Yash Chopra. C’est donc Marrakech qui a donné le coup d’envoi des festivités qui auront lieu dans le monde entier pour célébrer le centenaire d’un cinéma qui ne demande qu’à être mieux compris, à condition de faire fi des tabous, des à priori et des schémas occidentaux qui voilent toute la poésie qu’il exprime, et de savoir s’immerger dans un art qui est devenu plus qu’un divertissement, un véritable mode de vie.



036/ZOOMCINECULTE

ciné

culte

Pour cette série, des Marrakchis, certains que vous reconnaitrez peut-être, se sont prêtés au jeu pour rentrer dans le rôle du personnage… A la clé, des scènes de film cultes, revisitées ici par Othman Zine pour le Marrakech MAG. Photographe : Othman Zine Direction artistique : United Minds Coiffure et Maquillage : Marian Filali

Dans le rôle de Johnny Depp : Nick “Las Vegas parano”, Terry Gilliam (1998)


Dans le rôle de Sharon Stone : Sophia “Basic Instinct”, Paul Verhoeven (1992)


Dans le rôle de Heath Ledger, le Joker : Jack “The Dark Knight : Le Chevalier noir”, Christopher Nolan (2008)


Dans le rôle de Penélope Cruz : Moon “Etreintes brisées”, Pedro Almodovar (2009)


Dans le rôle de Robert De Niro : Saâd “Taxi Driver”, Martin Scorsese (1976)


Dans le rôle d’Uma Thurman : Warsowie “Pulp Fiction”, Quentin Tarantino (1994)


042/ZOOMOBJETCULTE

L’objet culte

Baraka Wallet Pas de magazine culte sans son objet culte… What would a cult magazine be without its cult object…

Pour inaugurer une longue série d'objets cultes labellisés, le Marrakech Mag s'associe aux créateurs et artisans, et vous offre à chaque numéro un objet inédit, en série limitée. Dans ce numéro 6, c'est le "Baraka Wallet" qui est à l'honneur, un petit porte-monnaie en cuir typiquement marrakchi, sur lequel Art-C, le célèbre couturier, a apposé sa griffe. On peut y lire "All go back to you" (Tout te revient), comme un hymne à la générosité et au partage. Le principe ? On y met sa petite monnaie, pour ensuite la redistribuer… Si le don fait partie des cinq piliers de l’Islam, c'est aussi –et avant tout- un acte universel, une énergie positive qui se donne et se reçoit… Car la vie donne à la vie. Et puisse la Baraka vous accompagner !

To inaugurate a long series of tried and tested cult objects, Marrakech Mag is joining forces with designers and artisans and offering an original limited edition object in every issue. In this 6th issue, the “Baraka Wallet” has place of honour, a small typical Marrakech leather purse, to which famous fashion designer Art-C has added his mark. An ode to generosity and sharing, it reads “All go back to you”. The principle is therefore to collect your small change in order hand it back out again… Giving is one of the five pillars of Islam but it is also – first and foremost - a universal gesture, the positive energy of giving and receiving… Indeed life gives to life. And may Baraka be with you!

"Tout ce que vous possédez, un jour sera donné ; Donnez donc maintenant, afin que la saison du don soit la vôtre et non celle de vos héritiers. Vous dites souvent : "Je donnerai, mais seulement à ceux qui le méritent". Les arbres de vos vergers ne parlent pas ainsi, ni les troupeaux dans vos pâturages. Ils donnent de sorte qu'ils puissent vivre, car pour eux, retenir est périr." Extrait sur le don, "Le Prophète" de Khalil Gibran.

“All you have shall some day be given; Therefore give now, that the season of giving may be yours and not your inheritors’. You often say, “I would give, but only to the deserving.” The trees in your orchard say not so, nor the flocks in your pasture. They give that they may live, for to withhold is to perish.” Extracts of the Giving from “The Prophet” by Khalil Gibran.

Le “Baraka Wallet”, en vente en exclusivité chez : Karim Tassi : 18, rue de la Liberté, Guéliz, Marrakech Tel : + 212 5 24 45 77 09 La Terrasse des épices : 15, souk Cherifia, Sidi Abdelaziz, Médina, Marrakech (à 150 m de Dar El Bacha) Tel : +212 5 24 37 59 04

“Baraka Wallet” exclusive sales outlets: Karim Tassi: 18, rue de la Liberté, Guéliz, Marrakech Tel : + 212 5 24 45 77 09 La Terrasse des épices: 15, souk Cherifia, Sidi Abdelaziz, Médina, Marrakech (150 m from Dar El Bacha) Tel : +212 5 24 37 59 04



044/ZOOMRESTOS

Par Mélanie Polatova

Les nouvelles adresses où on aime se retrouver autour d’un verre, d’un déjeuner, ou plus si affinités… Nos seuls critères : bien manger et être bien reçus ! •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• •Jack is back baby !

Un cocktail de bonne cuisine, de convivialité et de simplicité : telle est la recette gagnante de Jack -qui nous recevait autrefois au Yellow Sub pour des soirées Live endiablées. C’est aujourd’hui dans un esprit "comme à la maison" qu’il aligne divines pizzas au feu de bois, pastas et bonnes viandes, dans un lieu cosy, meublé de sofas, étagères et inscriptions murales graffées par un artiste en vogue, Tarik Benaoum. On y va pour Jack, certes, pour la cuisine, de bon ton, mais aussi parce qu’on raffole des lieux qui ne se prennent pas au sérieux... Tel : +212 5 24 43 38 90

• Une trattoria version Palace

Le restaurant italien de la Mamounia, signé Alfonso Iaccarino (2* Michelin), vient de lancer le concept de "Tratto-Nomia", qui, comme son nom l’indique, associe le savoir-faire gastronomique à des recettes traditionnelles de Trattoria... Du lundi au mercredi, les pauses déjeuners sont savoureuses et raffinées : huile d’olive de la ferme le Peracciole (domaine familial où quatre générations de chefs se sont succédés), Limoncello aux citrons bios, pâtes Maison séchées à l’air libre, sauces tomates divines… Quand la Mamounia démocratise la gastronomie, on y court ! (Compter environ 400 DH) Tel : +212 5 24 38 86 00

• A la mode Pop Up

Comment ? Vous ne connaissez pas le Pop Up ! Concept de restaurant éphémère que le Four Seasons a mis à la sauce indienne et cubaine… Depuis quelques mois, les soirées à thème organisées par l’hôtel 5* remportent un vif succès. On y est invité ponctuellement à dîner indien, ou à danser cubain. Dès l’entrée, suivez le chemin éclairé par des torches, puis repérez la Cadillac, pour vous retrouver à La Havane, en mode Buena Vista Club, dans

une ambiance Live, avec une belle sélection de cigares et de cocktails mythiques. Soyez néanmoins à l’affût du programme, car, selon leur principe, les Pop Up apparaissent aussi vite qu’ils disparaissent… Et le Four Seasons compte bien nous faire voyager dans de nouvelles contrées. Tel : +212 5 24 35 92 00 Jack is Back

Tratto-Nomia

Four Seasons

Taki Kabbaj

Nouss Nouss

• La bonne table de Casa

Dans une rue casablancaise 100% Art Déco, le restaurant Rouget de Lisle -ouvert et tenu par M. et Mme Viaud pendant de longues annéesa pris un coup de jeune et de créativité, avec l’arrivée de son nouveau chef et propriétaire, Taki Kabbaj. Formé à l’Institut Paul Bocuse, armes ensuite aiguisées dans les illustres cuisines du Fouquet’s Paris et Potel & Chabot, ce jeune talent orchestre avec brio des variations de grands classiques, avec juste ce qu’il faut d’audace. Le succès est immédiat, plaçant le Rouget de Lisle sur le podium des meilleures tables casablancaises. Mention spéciale aussi pour ce chef qui présente luimême son ardoise du jour, ses clients en raffolent… et nous aussi ! Tel : +212 5 22 29 47 40

• MoitiE Saint-Ouen, moitiE Bab Khemis C’est tout nouveau : l’ancien Yellow Sub, puis Punjab, est devenu le Nouss Nouss ("moitiémoitié" ou "café au lait" en Darija). Les hauts plafonds style "manufacture" renferment une déco chinée à Bab Khemis : vieux carrelages, armoires de grand-mère, meubles de cuisine en formica et tables de bistrot… Un joyeux bricà-brac signé par le décorateur Ludovic Petit, qui nous transporte dans un univers décalé et nostalgique. On se croirait dans un bistrot des puces parisiennes, tout en retrouvant les emblèmes du Maroc qu’on s’amuse à identifier, tandis que des tapas et recettes World Food s’invitent dans notre assiette. On aime, on partage ! Tel : +212 5 24 43 94 57



046/ZOOMHOTELS

Par Mélanie Polatova

L’année 2012 a vu la floraison de nombreuses enseignes hôtelières dans le Royaume. Des palaces marrakchis à l’inévitable Sofitel casablancais, en passant par une adresse insolite… Voici les nouveaux lieux où poser ses bagages le temps d’un week-end, ou plus. •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• cloitre attenant, des salons ont pris place dans la nef, le • Le faste indien restaurant, dans l’ancien salon du Consul, et la terrasse, en pleine palmeraie au pied du clocher, vue sur l’océan et le port... La déco-

Palais des 1001 nuits surgi dans la Palmeraie, le Taj Palace Marrakech vient d’être inauguré avec le Festival du Film consacré au cinéma indien. Imposante façade, piscine démesurée de 1.600m2, chambres et suites somptueusement vêtues d’étoffes indiennes chatoyantes, objets choisis, pierres précieuses… Chaque détail a été importé d’Asie ou réalisé manuellement par des Maâlems marocains. Deux Orients se rencontrent dans une opulence de matières et de matériaux nobles, les hauteurs sont vertigineuses, et les visiteurs, bluffés ! On y va pour le Spa qui décline une carte de soins, et cures ayurvédiques, dans la pure tradition indienne. Mais quitte à y faire une escale, autant la clore par un repas au restaurant Panasiatique ou au Méditerranéen… www.tajhotels.com

ration chinée souligne la dimension historique des lieux, avec une belle collection de meubles des années 30 et 40 : lustres anciens, vieilles radios, pièces d’antiquaires… Une atmosphère loin d’être monacale ! Tel : +212 5 23 37 34 00

• La Tour Blanche de Casa

Notre capitale économique n’avait pas encore son Sofitel, une injustice réparée cette année avec l’ouverture du Sofitel Casablanca Tour Blanche. Ses 141 chambres au décor design et coloré sont toutes pourvues de baies vitrées s’ouvrant sur la Ville Blanche. Une vue imprenable ! Plus on monte, plus les suites prennent de l’ampleur, tout comme le panorama... Au 24ème -et dernier- étage, le Penthouse ressemble à ces appartements perchés sur les toits des buildings new yorkais. Terrasse en teck de 120m2, jacuzzi extérieur, salle à manger privée avec cheminée... Et toujours, les concepts Sofitel : "MyBed", "Magnifique Family", "Business Premium", "So Spa"… www.sofitel.com

Delano

• Un boutique hOtel version palace Quand le groupe américain Morgan Hôtel (Delano Miami) se marie avec un groupe marocain (Hivernage Hôtel), cela donne le Delano Marrakech, un palace urbain en plein Hivernage, dont la déco a été signée par Jacques Garcia, et le Roof top, annexé par le Marbella Club Hôtel… Un écrin serti de boutiques de luxe (Vuitton, La Perla, Tamengo…), qui nous invite dans l’univers exclusif des cosmétiques Valmont et MarocMaroc au Spa The Pearl. Et fait la joie de nos papilles dans ses deux restaurants : au rez-de-chaussée, l’Italien raffiné : Pomiroeu, adresse baroque du Chef Giancarlo Morelli, et au dernier étage, le Japonais, Namazake, où Sushi, Sashimi, Tempura et autres douceurs jouissent d’une vue imprenable sur la ville… www.delanomarrakech.com

L’Iglesia

Namaskar

Selman

• Le PUR SANG en majestE

Palace racé dont nous vous avions ouvert les portes dans notre précédent numéro, le Selman est devenu une des adresses inévitables de Marrakech. Ce Palais signé Jacques Garcia a la particularité de loger royalement des purs sangs arabes que l’on voit évoluer dans ses jardins. Sadek, le cavalier acrobate, vient de prendre la tête de ses écuries exceptionnelles, et nous livrera bientôt des spectacles équestres de toute beauté. On y va aussi pour sa piscine longiligne, ses déjeuners bucoliques, l’atmosphère feutrée de ses salons… et pour l'expérience bien-être exclusive Henri Chenot. www.selman-marrakech.com

• Un palais primE

• Insolite : dormir dans une Eglise A l’intérieur des remparts de la citadelle portugaise d’El Jadida, au détour d’une ruelle, une église espagnole du XIXe siècle… abrite un hôtel ! L’Iglesia est un établissement insolite au charme mystique et suranné. Treize suites ont été aménagées dans l’ancienne église et son

Sofitel Casablanca

Taj Palace Marrakech

Autre ouverture marquante de l’année : celle du Palais Namaskar, le temple Feng Shui. Sa profusion de verdure, bassins et cascades en fait un lieu édénique totalement à part. Tandis que son architecture, brillamment signée par le célèbre Imaad Rahmouni, vient d’être couronnée du prix de la meilleure construction 2012 aux European Hospitality Awards. On y flâne le dimanche autour du Brunch, on y fait un soin Guerlain, on y reste le plus tard possible… www.palaisnamaskar.com



048/ZOOMSHOPPING

Par Mélanie Polatova

Quand les créateurs nous font de l’œil, ne tentons surtout pas de résister ! Bons plans, nouveautés et talents à suivre… •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• • Shoppez stylE

Tout au bout de Sidi Ghanem, il existe un véritable laboratoire de style : le concept Store Fan Wa Nour. Marc Vanden Bossche y déploie tout son talent de décorateur (Les Jardins de la Médina, Fenyadi Casablanca…), mais aussi de designer, avec notamment des sacs en cuir à tomber. Zoom sur cette sacoche Homme en vachette fine fleur vernie et embossée façon croco… Une pièce unique parmi une multitude d’accessoires, cosmétiques et objets d’art qui se renouvellent sans cesse. www.fanwanour.blogspot.com

posters à partir de 75 DH, en vente sur leur site marchand et livrables en 72h sur tout le Maroc. maures.ma

• FraIches et pepsy

Fan Wa nour

• Le sanctuaire de Karim

Le styliste de la Ville Rouge, Karim Tassi, vient d’inaugurer son tout nouveau showroom, rue de la Liberté, au cœur du Guéliz. Un sublime écrin immaculé de plus de 300m2, sorte de loft new yorkais, dont la scénographie prend des airs de fashion week : au centre, les mannequins sont figés dans une mise en scène de défilé, présentant les dernières œuvres du créateur. Les collections homme, femme, prêt-à-porter, haute couture, accessoires et sacs sont toutes là, il n’y a plus qu’à se laisser séduire par une signature au goût sûr. Tel : + 212 5 24 45 77 09

Maures

• Le Maroc en parfum

• Une identitE qui s’affiche Cette jeune marque de T-shirts vise à développer une conscience identitaire autour de la culture marocaine d’une façon amusante. On kiffe le tee-shirt “Booyah Omar” : Booyah est une onomatopée anglosaxonne qui exprime la joie, et “Bouya Omar”, une sorte de sanctuaire connu pour le traitement des victimes de possession. “C’est le symbole de ce Maroc qui existe et qu’il ne faut pas méconnaitre, au risque de passer à côté de tout un flanc de notre culture qui, bonne ou mauvaise, a le mérite d’être là, que l’on soit d’accord ou pas”, dixit le jeune créateur de Maures. Tee-shirts et

Karim Tassi

Si vous êtes jeune, hype et/ou passionnée de mode, vous connaissez indéniablement les Harakat Sisters qui font un carton actuellement. Leurs accessoires aux couleurs flashy, chic et bohème, leur univers de fées en tutu, égayées de gros nœuds en tissu autour du cou, de bracelets fluos agrémentés de mini mains de Fatma, ou de la pochette “K-sseta“… Les jeunes sœurs maroco-libanaises, Sara et Nisrine Harakat, qui s’amusaient à fabriquer leurs bijoux et ceux de leurs copines, ont vite été rattrapées par le succès, avec notamment un corner aux Galeries Lafayette. Leurs créations, pétillantes et exotiques, n’ont pas fini de faire parler d’elles… www.harakatsisters.com

Harakat Sisters

Ulili

Cèdre, cannelle, coriandre… Menthe, verveine, fleur d’oranger… Le Maroc a un parfum, ou plutôt des centaines d’écritures olfactives, à l’image de sa nature et de sa culture généreuses. Omar Benjelloun s’est associé à un véritable nez grassois, Marianne Nawrocki, pour extraire sept parfums qui racontent le Maroc. “Nous avons mis en résonance les souvenirs olfactifs d’Omar et ma connaissance des matières premières pour retranscrire par l’odeur l’esprit de ce pays chargé d’histoire et si moderne à la fois”, raconte t-elle. Ulili, ce sont sept bougies parfumées composées de cires végétales et de cire d’abeille, pour une couleur ambrée, une texture satinée et une note miellée… Il ne vous reste plus qu’à choisir votre parfum : vous êtes plutôt “Louisa”, “Tazarine“ ou “M’goun“ ? En vente au 33, rue Majorelle (en face du Jardin Majorelle), Marrakech



050/ZOOMBELLEPLANTE

Par Nathalie Rigoulet

La StEvia à la une

Ces deux dernières années, vous avez sans doute remarqué, indiqué en gros sur les emballages alimentaires ou en pharmacie : “à l’extrait de Stévia, édulcorant d’origine naturelle”. Pourquoi un tel engouement mondial pour cette plante ? Et qu’en est-il du Maroc ?

L

a Stevia rebaudiana, originaire du Paraguay, est reconnue pour ses vertus médicinales et thérapeutiques, car ses feuilles contiennent des glycosides naturels dont le stévioside constitue le principal édulcorant qui possède un pouvoir sucrant 250 à 300 fois plus élevé que le sucre de canne, et de surcroît non calorifique ! Rien d’étonnant donc si la Stévia rencontre un intérêt croissant auprès des chercheurs, agriculteurs, firmes commerciales et pharmaceutiques, et consommateurs du monde entier. Face aux problèmes de santé publique, tels l’obésité et le diabète -et la large polémique qui entoure les édulcorants synthétiques-, autant dire que la demande mondiale en matière d’édulcorants naturels non calorifiques est exponentielle. Si la Chine demeure le premier producteur mondial, la Stévia est également amplement cultivée en Amérique Latine et Amérique Centrale, en Asie et dans certains pays d’Europe. Le Maroc, qui importe chaque année la moitié de son sucre et qui, côté diabète, atteint des sommets, s’est lui aussi très sérieusement intéressé à cette plante... L’Economiste annonçait début octobre la préparation d’un grand projet agro-industriel dans le Gharb (nord-ouest du Maroc), où un millier d’hectares de Stévia serait cultivé dans le cadre d’un partenariat public-privé avec un groupe français, pour un investissement de l’ordre de 200 millions de DH. Le dossier est actuellement au stade d’étude de faisabilité et fait suite à d’autres démarches lancées entre 2008 à 2012. La culture de la Stévia a été officiellement introduite dans le Royaume en 2008 dans le cadre d’un projet de Recherche-Développement (PROFERD) financé par la Direction de l’Enseignement de la Recherche et du Développement et coordonné par l’ENA (Ecole nationale d’agriculture) de Meknès, en partenariat avec l’IAV Hassan II, l’INRA-Meknès, la DPA (Direction provinciale de l’agriculture) d’Essaouira et les agriculteurs. Des essais concluants qui laissent envisager de larges perspectives d’avenir pour cette culture au Maroc. Le Dr Abdellah Aboudrare, chargé de la recherche, de la coopération et du partenariat à l’ENA, et initiateur de l’opération, partage cet avis à condition toutefois de relever plusieurs défis “en ce qui concerne la réglementation, la production, l’agro-industrie, le marché et le respect des principes de l’agriculture durable et la mise

en place de mesures d’accompagnement en matière de recherche, de vulgarisation, de formation, d’information et d’encadrement... Mesures qui ne pourraient être mises en œuvre sans la volonté politique des autorités gouvernementales compétentes”. De son côté, Monsieur David Assyag, de la société Bio Cuisson à Casa, s’est investi avec d’autres collègues dans la promotion de cette culture depuis qu’il a rencontré Pierre Rabhi (un des pionniers de l’agriculture biologique) à Marrakech. David travaille déjà avec une quarantaine d’agriculteurs et s’est fixé comme objectif d’ici 2016 de convaincre 350 agriculteurs pour atteindre 700 hectares de plantations. L’Etat marocain encourage les agriculteurs des Domaines agricoles à se lancer dans la culture de la Stévia par le biais de subventions ; une aide non négligeable pour une plante qui présente un intérêt agronomique important car il s’agit là d’une espèce pérenne qui se régénère bien, qui s’adapte à une large gamme d’environnements et que l’on peut récolter 3 à 4 fois par an. Au-delà de son pouvoir édulcorant intéressant pour les régimes, cette plante recèle bien d’autres vertus médicinales : amélioration du fonctionnement cardiovasculaire, lutte contre l’hypertension artérielle et contre certaines infections chroniques, action hypoglycémique, utilisations dermatologiques (eczéma, acné, candida, antirides), amélioration des fonctions gastro-intestinales, source importante d’anti-oxydants, etc. Certaines personnes se plaignent de son arrière-goût anisé, si c’est votre cas, sachez que les chercheurs américains ont trouvé le moyen de le retirer. Donc plus d’excuses, vous pouvez consommer de la Stévia sans modération ! Vous la trouverez dans la région d’Essaouira, après le village d’Ounagha : la coopérative de Sidi Bounouar la cultive tout en incitant la population locale à consommer ses feuilles dans le thé afin de lutter contre les méfaits du sucre. Vous pourrez l’acheter sur place, en vrac, ou chez Naturia Bioshop à Marrakech. Nombreuses pharmacies la proposent aussi sous forme de compléments alimentaires. Coopérative Sidi Bounouar : Essaouira - Tel : +212 6 61 89 57 52 ou +212 6 66 23 35 53 Naturia : 9, rue des Vieux Marrakchis, Guéliz, Marrakech - Tel : +212 5 24 43 00 00



052/ZOOMTENDANCEDESIGN

Par Marie Le Fort


Bois zébrés ou recyclés, surfaces noueuses ou constructivistes, le bois joue sur tous les registres de la création design pour nous surprendre. Qu’il soit brut ou policé, domestiqué ou découpé, le bois investit naturellement l’espace à vivre avec une force que seuls les matériaux les plus nobles peuvent endosser.

Ymer & Malta Benjamin Graindorge : Fallen Tree


054/ZOOMTENDANCEDESIGN

Zoe Ouvrier : paravent “Fumi”

Marcel by Jacob+MacFarlane : Rain

Mischer’traxler : “Console mashrabiya” (détail)

Mischer’traxler : “Console mashrabiya”

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(1, 2, 3) Piet Hien Eek : “planches recyclées” (chaise, tables, rouleaux)

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(4, 5) Richard Woods & Sebastien Wrong : “commodes Wrong Woods”

I

l faut dire que troncs et branchages sont tournés et rabotés depuis la nuit des temps… Un prétexte supplémentaire pour avoir envie de réinterpréter leur usage, diront certains. Pièces de design à collectionner et objets usuels, le bois est, comme l’explique l’artiste Zoé Ouvrier -qui sculpte des paravents ouvragés- “une chair qui cache des veines et de nombreuses cicatrices. J’aime la réussite du hasard qui nait souvent du travail sur le bois : on y creuse des nervures ; on y retrace des empreintes digitales”. Souple et malléable, le bois les accueille avec courtoisie. Mieux, il magnifie le geste, à l’instar de la table basse un brin futuriste dessinée les architectes Jakob+MacFarlane pour le nouvel éditeur français Marcel By : interprétation digitale du bois, elle joue sur la géométrie dans l’espace pour creuser des méandres, dessiner une géographie. Tout aussi découpée, la console gradient mashrabiya des autrichiens mischer’traxler pour

la galerie libanaise Carwan revisite un savoirfaire ancestral, celui des mashrabiyas, panneaux ajourés typique de l’architecture moyen-orientale. Fascinés par le processus de construction et les 650 pièces distinctes sculptées à la main qui les composent, mischer’traxler voulait exposer, étape par étape, l’élaboration de ces délicates boiseries imbriquées. Jouant sur la perspective et la volumétrie, ils imaginent, à la suite, une console inspirée par ce travail artisanal ouvragé. Un travail de fourmi… Recyclé, le bois joue aussi la carte de la poésie avec le banc Fallen Tree imaginé par Benjamin Graindorge, et sculpté par Bruce McWeeny. Edité par la galerie Ymer & Malta, il est une ode à la domestication du bois sauvage : des branches de chêne écorcées et greffées se transforment en un banc composé de planches de chêne massif, soutenues par un pied en verre optique. Aussi inventif qu’un nid d’oiseau peut être complexe,

l’Eyrie Chair du Néerlandais Floris Wubben rend à son tour hommage aux structures naturelles : une chaise tout en bois, réalisée à partir de branchages, de pièces en frêne et colle à bois. Autres approches, autres esthétiques : si les Spaghetti Bench de Pablo Reinoso colonisent l’espace, ou le(s) mur(s) comme une vigne vierge, les commodes Wrongwoods de Richard Woods et Sebastian Wrong pour Established & Sons (2007) se zèbrent a contrario de couleurs toutes british, empruntant (presque) à Roy Lichtenstein un côté illustré plein d’humour. Piet Hein Eek (enfin) s’attache à donner de la noblesse à des planches recyclées. Tabourets et tables, bancs et étagères, le néerlandais investit tous les registres pour composer des patchworks colorés : laissées brutes, ils confèrent au mobilier un côté rapiécé qui n’est pas sans rappeler les riches heures de l’Arte Povera. Vraiment, le bois n’a pas son pareil pour réconcilier les genres !



056/ZOOMHAUTEJOAILLERIE

Par Marie Le Fort

le nouveau souffle de la Haute Joaillerie Historiquement parisienne, la Haute Joaillerie se dépoussière pour faire la place à de nouveaux lieux, créateurs, collections, portés et ouvrages.

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Livre Assouline : Alexandre Reza


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le livre

Gemmologiste de formation, Alexandre Reza est un des plus grands collectionneurs de gemmes que le monde connaisse. Paru aux Editions Assouline dans la série “Ultimate Collection”, l’ouvrage se découvre comme un somptueux catalogue de créations uniques. Relatant, de plus, l’histoire de cette Maison de Haute Joaillerie, le livre se pique de documents d’archive et photographies d’époque. Un beau livre à collectionner. Alexandre Reza de Vivienne Becker, photos de Laziz Hamani. 186 pages, 750 euros - www.assouline.com

la collection

Dévoilée pendant la semaine de la Haute Couture parisienne, la dernière collection de Haute Joaillerie de Van Cleefs & Arpels force la chance : intitulée Palais de la Chance, elle revisite, tour à tour, grigris, portebonheurs et autres précieux talismans. Si Jacques Arpels avait l’habitude de dire “Pour avoir de la chance, il faut croire à la chance”, cette maxime prend ici tout son sens, comme avec cette parfaite Coccinelle Mystérieuse recouverte de rubis, une Etoile Filante pavée de diamants, un Trèfle à quatre feuilles rehaussé de deux saphirs roses, un brin de muguet en diamants et émeraudes, une Parure Hirondelles ou une licorne cristallines. A son tour, le thème des légendes, rend hommage à toutes les civilisations du monde : le clip Hina en forme de petite poupée japonaise répond à la bague chauve-souris chinoise ou à la Parure Everlast Light qui évoque l’Egypte Antique avec ses grenouilles, palmes en diamants, lapis-lazuli, opale de feu, chrysoprases, tourmalines et saphirs. Une collection inouïe. www.vancleefarpels.com

le porté

Avec ses sacs bracelets, Pierre Hardy signe, pour Hermès, une nouvelle collection forte. Mieux, il invente un nouveau porté, un nouveau type de bijou : comprenant quatre sacs qui s’enfilent au poignet comme des bracelets, cette nouvelle ligne rejoint l’univers de la Haute Joaillerie.

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Et pour cause, le modèle Nausicaa en or rose et 1811 diamants (28,87 carats) offre juste de quoi glisser un billet doux ou numéro de téléphone. Un bien précieux messager. www.hermes.com

le lieu

Presque rien ne semble avoir changé depuis 1854, l’année où Louis Vuitton (1821-1892) ouvrait sa Maison, au numéro 4 de la rue Neuve des Capucines, juste derrière l’hôtel particulier qui abrite désormais le premier magasin Louis Vuitton dédié à la joaillerie et à l’horlogerie. 23 place Vendôme, l’adresse résonne comme une déflagration dans le monde très fermé de la Haute Joaillerie. Mais il faut dire qu’avec Lorenz Baümer comme directeur artistique de la Maison, L’Ame du Voyage, chère à Louis Vuitton, fait escale à Paris, orchestrant une promenade le long de la célèbre perspective qui, de l’Arc de triomphe au Jardin des tuileries, conduit, de découvertes en émerveillement, jusqu’à la place Vendôme. Comme quoi, tous les chemins mènent à la Haute Joaillerie. www.louisvuitton-hautejoaillerie.com

le créateur

Célébrant 20 ans de métier, l’incroyable Lorenz Baümer s’affirme plus que jamais comme l’architecte poète de la discipline. Alchimiste hors-pair, créer lui donne des ailes, à l’image de cette broche “Envol” en or blanc et or jaune, rubellites, tourmalines roses agencée avec rigueur et fantaisie. Un brin schizophrène, Lorenz Baümer partage son temps entre ses ateliers et ceux de la Maison Louis Vuitton sans jamais manquer d’inspiration. De quoi forcer le respect. www.lorenzbaumer.com LEGENDES : 1, 6, 7, 8 : Van Cleef “PALAIS DE LA CHANCE” : Lucky Charm Nature 2 : Hermès Sac Bijou Nausicaa, photo Dan Tobin Smith 3 : Lorenz Baumer Broche Envol 4 : Van Cleef “PALAIS DE LA CHANCE” : Lucky Legends 5 : Van Cleef “PALAIS DE LA CHANCE” : Lucky Star


DO IER

doua ss a



060/VILLESURBANISME

Urbanisme

Par Soufiane Chakkouche

La métamorphose de nos grandes villes

Maîtriser le développement urbain des grandes villes d’un pays, surtout quand ce dernier est en voie de développement, n’est pas une sinécure. Casablanca, Marrakech et Tanger sont de cette trempe. Décryptage de trois villes en perpétuelle mutation.


Le tissu urbain de nos cités ne connaît pas la crise, il ne cesse de s’étendre proportionnellement à une démographie galopante. Pour y mettre de l’ordre, beaucoup de plans d’aménagement ont vu le jour ces dernières années. Mieux que cela, Nabil Benabdellah, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville, promet que “d’ici 2014, aucune ville marocaine ne demeurera sans documents urbains”, parole de ministre. Ces documents donneront une visibilité de l’espace urbain pour les 10, 20, voire 30 prochaines années, ses futurs grands projets et aménagements. Un véritable voyage dans le futur. Voici l’exemple de trois villes dont le bouleversement citadin est sans précédent dans l’histoire de notre pays.

A quoi ressemblera Casablanca en 2030 ? futurs ménages ne pourront pas acquérir un bien immobilier, parce qu’il sera trop rare et trop onéreux pour eux (sauf pour les riches héritiers bien entendu). Pour absorber un tant soit peu ce phénomène démographique, Casablanca va devoir étendre ses tentacules jusqu’à doubler de volume. 22.876 hectares vont être ouverts à l’urbanisation, et ce, dans les quatre directions d’une boussole. Ainsi, Casablanca fusionnera avec Dar Bouazza, Mohammedia, Médiouna et Bouskoura pour n’en faire qu’un bloc. Mais, en citoyen modèle, il ne suffit pas de se loger, il faut aussi travailler. Et pour que travail il y ait, il faut créer des emplois. Selon le SDAU, en 2030, l’activité économique de Casablanca aura doublée, avec la création d’un million d’emplois, et 6.142 hectares supplémentaires seront réservés aux ZAE (Zones d’Activités Economiques), dont 1.659 hectares à Mohammedia, 2.414 à Nouacer et 1.168 à Médiouna.

A

Hormis la surpopulation, le transport urbain est l’autre priorité de l’agence. En 2030, les déplacements quotidiens atteindront les 15 millions, et le parc automobile aura quadruplé pour se situer à 1,3 millions de véhicules. Pour les matheux rieurs, il est aisé de comprendre que nos enfants s’énerveront deux fois plus au volant de leur voiture, car la ville aura doublé de taille, alors que le nombre d’autos, lui, sera multiplié par 4… et 4/2=2. La conséquence immédiate de ce phénomène est la pollution, dans une ville dores et déjà très polluée. Actuellement, Casablanca est la grande ville la plus polluée du Royaume, et les espaces verts y font défaut : ils ne représentent que 0,91m² par habitant. Pour assurer une fluidité routière quasi inexistante aujourd’hui, 2.400km de routes supplémentaires devront être construites. De plus, une ligne RER assurera une liaison interurbaine entre Mohammedia et Nouacer, et quatre lignes de tramway rapprocheront Dar Bouazza et Zenata du centre ville. Quant aux quartiers Sud Est, à savoir Sbata, Ben Msik, Moulay Rachid, Sidi Moumen et Sidi Othmane, ils bénéficieront d’une ligne de métro de 21km de long.

Dans 17 ans, la grosse sera deux fois plus grosse, la malpropre sera encore plus polluée, la féconde mettra au monde encore plus d’enfants, mais vendra plus cher son corps, l’active sera plus industrialisée et offrira plus de travail à ses rejetons. En effet, le SDAU prévoit une population de plus de 5 millions à l’horizon 2030, soit 13,5 % de ce que sera la population marocaine (contre 12,5 % actuellement). 740.000 nouveaux ménages seront formés et nécessiteront la construction d’un million d’unités de logement. Cependant, et selon les propres termes du document, il existera une “inadéquation entre les prix du logement et les capacités financières des ménages”. C’est clair comme l’eau de roche, le niveau de vie des Casablancais ne suivra pas, les

Toutefois, la plupart de ces projets risquent de ne pas voir le jour, et pour preuve, l’ancien plan d’aménagement de Casablanca n’a été réalisé qu’à hauteur de 17 %. Le premier intéressé, Nabil Benabdellah, ne se fait pas d’illusions non plus. Sollicité par le Marrakech MAG (lors de la présentation du plan d’action 2013-2016 du Ministère, en octobre dernier) au sujet de l’état d’avancement des 34 plans d’aménagements qui constituent le schéma directeur du Grand Casablanca, le ministre (et une fois n’est pas coutume) était on ne peut plus clair : “j’ai validé 5 plans jusqu’à présent, les seuls que j’ai reçus. Je ne peux pas donner ma probation à des plans que je n’ai pas”. Curieux ! Lui, ministre de l’Urbanisme, dans l’attente de plans d’urbanisme… Mais de qui ? De l’agence urbaine de Casablanca, bien entendu. Jusque là tout va bien, sauf que cette agence est la seule qui ne dépende pas du Ministère de Benabdellah, mais de celui de l’Intérieur. Mystère, mystère...

Satellite Pleiades Casablanca

quoi ressemblera la capitale économique de nos enfants et petits enfants ? La divination pourrait se lire sur deux cartes : celle d’une diseuse de bonne aventure de la place Jamaâ El fna, ou celle, plus sérieuse mais moins mystique, du dernier Schéma Directeur d’Aménagement Urbain du Grand Casablanca, le fameux SDAU. La prophétie de ce dernier s’étend jusqu’en 2030, et n’augure pas que du bon.


062/VILLESURBANISME

Marrakech En attendant le plan d’aménagement

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omme chacun ne le sait pas, et aussi invraisemblable que cela puisse paraître, Marrakech, la belle, ne possède toujours pas de plan d’aménagement, et ce, depuis 2006. Ce dernier a connu plusieurs retards, la dernière date annoncée par les responsables de la ville est fin 2012. Or, à l’heure de l’écriture de ce papier, la parution du Schéma Directeur

Marrakech vu d’en haut

d’Aménagement Urbain (SDAU) ne semble pas d’actualité. Les études le concernant viennent d’être lancées -ou plutôt relancées- en juillet dernier, lors de la 12ème session du conseil d’administration de l’Agence Urbaine de Marrakech (AUM pour les intimes). En effet, maintes fois avortées, les études du SDAU ont d’abord été octroyées à un cabinet d’études marocain (Kilo, pour ne pas le nommer), en association avec l’agence urbaine de Paris et le bureau d’études d’environnement SCE. L’entente n’a pas tenu longtemps, l’AUM a résilié le contrat en 2011, pour le céder (par appel d’offre) à un bureau d’étude sud-coréen (Dongmyeong Engeneering, pour ne pas le nommer non plus). Alors, la question qui se pose est : comment ont fonctionné -et continuent de fonctionner- les autorisations d’aménagements, de constructions ou de lotissements ? La réponse est tristement simple : à coup de dérogations, surtout s’agissant du périurbain. Et, comme nous l’explique Mohamed Amine Kabbaj, architecte exerçant à Marrakech, “l’urgence est d’arrêter ces dérogations car elles ne mettent pas tout le monde sur le même pied d’égalité et ouvrent le champs aux dérives humaines. Ceci n’est pas sans conséquences sur le développement urbain de la ville, surtout quand on sait que Marrakech s’est développée plus vite que son infrastructure”. Les architectes ne sont pas les seuls à s’indigner face à l’ampleur du phénomène, les promoteurs aussi attendent de pied ferme le nouveau plan d’aménagement. Selon l’Association des promoteurs immobiliers de Marrakech, 95 % des projets en cours sont autorisés par dérogation. Rien que ça !! Cependant, les grands axes du futur plan ont filtré. Ainsi, les 170km² que couvrait initialement le SDAU se sont élargis à 2.500km², soit un rayon de 30km autour de la ville. Les causes de cette extension représentent les axes majeurs du SDAU. En effet, et selon l’AUM, “on assiste maintenant à une accélération du phénomène du dépeuplement rural, et réciproquement : les citadins ont investi l’espace rural, construisant des résidences secondaires ou des installations touristiques, dans un rayon de plus en plus large autour de Marrakech, provoquant la disparition des terres agricoles”. L’heure est donc à une stratégie de rééquilibrage en faveur des zones rurales et de ses habitants, sachant que ce sont ces mêmes zones qui alimentent en grande partie Marrakech en produits agricoles. Parallèlement, le SDAU prévoit d’orienter les investisseurs et de contrôler les futures installations touristiques, car, d’après l’agence, on est face à “une multitude d’initiatives désordonnées, provenant d’investisseurs qui souhaitent profiter de la manne touristique et dont les projets, en l’absence de toute planification, sont localisés sans discernement sur des seuls critères d’opportunités foncières”. Le schéma a donc prévu de lister les installations existantes et d’intégrer d’autres quartiers comme l’Hivernage, Guéliz, Semlalia, la Palmeraie et Sud Oliveraie dans la liste des sites préférentiels en ce domaine. Côté habitat, le plan projette d’achever les opérations engagées, comme celles d’Azzouzia ou M’hamid, et d’ouvrir des zones à l’urbanisation à l’Est, au NordOuest et au Sud-Est de la ville. Car, selon les statistiques de l’Inspection du ministère de l’Habitat, le besoin en logement social de 2010 à 2015 s’élève à 84.850 unités. Par ailleurs, un fléau vieux comme la ville risque d’entraver ces projets : la spéculation foncière et immobilière qui biaise le marché et retarde la stratégie du développement urbain et social de la cité. L’agence urbaine de Casablanca semble avoir bien assimilé ce fait, elle a intégré dans ses plans d’aménagements un dispositif lui permettant de jouir du droit à la préemption, autrement dit, elle sera prioritaire en tant qu’aménageur foncier sur les terrains ou biens qu’elle juge d’utilité publique. Marrakech n’est pas en reste. On n’a pas encore le plan d’aménagement de la ville, mais on a des sources, nos sources, et selon l’une d’elles travaillant au sein de l’agence urbaine de la Ville Rouge, “le même schéma sera appliqué pour Marrakech, il est fort possible que dans ce nouveau plan d’aménagement, l’agence ait le droit de geler les prix fonciers des ZAD (Zones d’Aménagement Différé) sur une période qui peut aller jusqu’à 10 ans, ceci dans le but d’acquérir et aménager des terrains par les services publics sans avoir à supporter la plus-value spéculative”. Info ou intox ? L’avenir nous le dira. Mais, en attendant, spéculateurs, gare à vous !


Quand Tanger change de robe

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i vous n’aviez pas mis les pieds à Tanger depuis quelques années, vous allez être surpris. Tanger de 2012 n’est pas Tanger de 2002, et ne sera pas Tanger de 2022. Depuis une quinzaine d’années, la Dream City, comme aimait à l’appeler le célèbre écrivain américain Paul Bowles, a connu un développement spectaculaire, jusqu’à devenir le deuxième pôle économique du pays après Casablanca. Nouveaux ports aux dimensions et intentions mondiales, zones franches -logistique et industrielle- accueillant les usines des plus grandes firmes de la planète comme Renault, une autoroute pour mieux recevoir les gens du sud, et même un TGV, ou plutôt un LGV (Ligne à Grande Vitesse), pour qu’ils y arrivent plus vite… Tanger est sur la voie express. Certes (et crise financière oblige), cette effervescence économique et urbaine a baissé en intensité entre 2008 et 2011, mais tous les indicateurs actuels convergent vers une reprise. Parmi les projets qui ont repris du poil de la bête, on retrouve celui de l’aménagement de la zone d’El Ghandouri, à l’ouest de la

baie de la ville, qui constituera son prolongement dans cette direction, et le complexe multifonctionnel, Tanger City Center, qui, une fois achevé, changera complètement l’apparence de la corniche tangéroise. Les deux autres projets, et pas des moindres, auxquels on a redonné un nouveau souffle, sont la reconversion du port de Tanger-Ville, qui aura pour effet le déplacement du centre d’activité de la ville, et celui de la nouvelle ville verte de Chrafate, qui s’étendra sur 1.300 hectares et accueillera à terme 150.000 habitants. Mieux qu’une reprise, la ville se prépare à muer pour changer radicalement de visage d’ici 2016, date à laquelle tous ces projets sont censés être livrés. Côté Patrimoine, l’agence urbaine de Tanger prévoit le renouvellement urbain du fameux site Fendek Chejra. Situé au sud de la Médina, il renferme un véritable trésor architectural et patrimonial, mais son état actuel et les différents aménagements non intégrés qui y ont été réalisés ont dégradé la valeur de l’espace. La mission de l’agence est donc de le revaloriser en réhabilitant et réinvestissant des édifices patrimoniaux tels la bibliothèque générale ou le théâtre Cervantès. Toutefois, sur les futurs plans de la ville, un phénomène risque de faire tâche, la Dream City ne l’est pas seulement aux yeux de Paul Bowles, elle l’est aussi aux yeux des blanchisseurs d’argent. Selon une étude du Ministère de l’Habitat, plus de 25.000 logements sont actuellement vides, et ce ne sont pas des maisons secondaires. Des immeubles entiers dépassant les 10 étages sont achevés et fermés à clé, il suffit de faire un tour à Tanger la nuit pour remarquer que beaucoup de bâtiments sont sans lumière, et donc sans vie. Trafiquants, comme voyous au col blanc, ont pris l’habitude de mettre leurs tonnes d’argent dans les murs de la ville, une fâcheuse manie, surtout quand on sait que les besoins de Tanger en logement sont de l’ordre de 18.000 unités par an. Et le phénomène n’est pas prêt de s’estomper, car une réserve foncière de 1.775 hectares sera mise à la disposition des promoteurs publics et privés dans les années à venir. Si les autorités concernées ne fournissent pas plus d’effort pour éradiquer ce problème, les voyous continueront à s’enrichir et à condamner des milliers d’appartements, pendant que d’honnêtes citoyens seront toujours à la quête d’un toit.

Tanger City center

Port de Tanger


064/CITIESFEATURE

EN

urban planning

The transformation of our great cities Mastering the urban planning of a country’s great cities, especially when the latter are fast developing, is no easy task. Casablanca, Marrakech and Tangiers are of this ilk. We have deciphered three cities in perpetual transformation.

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ur cities’ urban fabric is booming and never ceases to expand in proportion with a soaring population growth. In order to put things straight, a number of urban planning projects have seen the light these past few years. Even better, Nabil Benabdellah, the minister of Housing, Urban Planning and Policy has promised that “by 2014, every Moroccan city will have its own urban planning documents”, minister’s honour. These documents will give the urban space greater visibility for the next 10, 20 and even 30 years to come, not forgetting its future key projects and planning. A true journey into the future… Here are examples of three cities whose urban transformation is unprecedented in the history of our country.

The new face of Casablanca in 2030 What will the economic capital of our children and grandchildren look like? Its fortune could be told on Place Jamaâ El fna, or, in a more serious yet less mystical way, in the last Greater Casablanca Urban Development Plan, or the famous SDAU. The prophecy of the latter extends to 2030, and only has good things in store. In 17 years, the big city will be even bigger, the dirty city even more polluted, the fertile city bring even more children into the world onto its territory, whilst selling its walls at an even greater price, the active city will be even more industrialised and offer even more work to its offspring. Indeed, the SDAU anticipates a population of more than 5 million individuals by 2030, that is to say 13.5% of the future Moroccan population (compared to 12.5% at present). 740,000 new households will be formed and require the building of a million housing units. However, and in the document’s own terms, “the price of housing will not match the households’ financial capacities”. This seems crystal clear: Casablanca inhabitants’ standard of living will lag behind, future households will not be able to purchase property, too rare and expensive for their means (except for heirs to large fortunes of course). In order to absorb even the smallest share of this demographic phenomenon, Casablanca will have to extend its tentacles and double in volume. 22,876 hectares will be open to urban planning and this in all four compass directions. Thus, Casablanca will merge with Dar Bouazza, Mohammedia, Mediouna and Bouskoura to create a single block. However, a model citizen not only needs a roof over his head but employment too. And in order to meet this demand, jobs need to be created. According to the SDAU, the economic activity of Casablanca in 2030 will have doubled, with the creation of a million jobs, and 6,142 additional hectares will be set aside for business parks and industrial estates, including 1,659 hectares in Mohammedia, 2,414 in Nouacer and 1,168 in Mediouna. Aside from the overpopulation, urban transport is another priority for the agency. In

2030, 15 million people will travel daily, and the number of vehicles on the road will have quadrupled, reaching 1.3 million. For those happy mathematicians among you, it is easy to understand that our children will get worked up twice as long at the wheel of their car, since the city will have doubled in size, and the number of cars multiplied by 4… and 4/2=2. The immediate consequence of this phenomenon is pollution, in an already much polluted city. Currently, Casablanca is the most polluted major city in the Kingdom, and green spaces are sorely lacking, only representing 0.91 m² per inhabitant. To ensure a currently quasi inexistent traffic flow, 2,400km of additional roads will have to be built. In addition, a rapid transit train service will insure an interurban link between Mohammedia and Nouacer, and four tramway lines will bring Dar Bouazza and Zenata closer to the city centre. As for the South East neighbourhoods, namely Sbata, Ben Msik, Moulay Rachid, Sidi Moumen and Sidi Othmane, they will benefit from a metro line 21km long. However, most of these projects may not see the light since only 17% of the old Casablanca urban development plan was implemented. The first person concerned, Nabil Benabdellah, is not under any illusion either. Contacted by Marrakech MAG (during the presentation of the Ministry’s 2013-2016 action plan last October) regarding the state of progress of the 34 urban development plans that make up the Greater Casablanca development plan, the minister was very clear (and just the once won’t hurt): “I have validated 5 plans up to now, the only ones I received. I cannot approve plans I do not have access to”. Strange but true! The Minister for Urban planning awaiting urban development plans… But from whom? From the Casablanca urban agency of course… This is all very well and good but this agency is the only one not to come under the Ministry of Benabdellah, but that of the Interior. Curioser and curioser…


Marrakech Waiting for its urban development plan As you may not be aware of, and as unlikely as it may seem, beautiful Marrakech is still lacking an urban development plan and this since 2006. The latter has seen a number of setbacks, the last date announced by the city’s managers being the end of 2012. However, as this article goes to press, the publication of the Urban Development Plan (SDAU) does not seem to be on the books. The studies concerning it have just been launched – or rather relaunched – last July, during the 12th session of the board of governors for the Marrakech Urban Agency (AUM for those in the know). Indeed, after having been aborted an umpteenth time, the SDAU studies were first entrusted to a Moroccan consultancy (Kilo, without mentioning names), in association with the Paris Urban Agency and the SCE environmental studies bureau. This entente cordiale did not last long; the AUM terminated the contract in 2011, selling it on (via a call for tender) to a South-Korean consultancy (Dongmyeong Engeneering, without mentioning names again). Therefore, the question we are dying to ask: how have the urban development, building and housing development authorisations worked - and continue to work? The answer is sadly plan and simple: with special dispensations, notably regarding peri-urban issues. And, as Mohamed Amine Kabbaj, an architect practicing in Marrakech, explained, “the most urgent matter is to stop these special dispensations since they do not place everyone on an equal footing and open up the way for human excesses, especially since Marrakech has developed faster than its infrastructure”. Architects are not the only ones to get indignant faced with the extent of this phenomenon; developers also eagerly await the new urban development plan. According to the Association of Marrakech Property Developers, 95% of projects in progress are authorised by special dispensation. No more, no less!! However, the main lines of the future plan have filtered through. Thus, the 170km² initially covered by the SDAU have been increased to 2,500km², a radius of 30km around the city. The causes of this expansion represent the SDAU’s key guidelines. Indeed, according to the AUM, “we are now experiencing an acceleration of the phenomenon of rural depopulation, and vice versa, city dwellers have invested in rural space, building second homes

or tourist facilities, in an even greater radius around Marrakech, provoking the disappearance of agricultural land”. It is now time for a readjustment strategy in favour of rural areas and its inhabitants, bearing in mind that it is these same areas that supply a greater part of Marrakech in agricultural products. In parallel, the SDAU plans to direct investors and control future tourist facilities since, according to the agency, there are now “a multitude of uncoordinated initiatives, from investors that wish to take advantage of the tourism manna and whose projects, in the absence of any planning, are located without distinction, based singly on real estate opportunity criteria”. The SDAU has therefore planned to list existing facilities and integrate other areas such as the Hivernage, Gueliz, Semlalia, the Palmeraie and South Oliveraie in the list of preferential sites in this sector. In terms of housing, the plan aims to finish operations in progress, such as those of Azzouzia and M’hamid, and to open urban development zones in the East, North-East and South-East of the city. Indeed, according to statistics from the Housing Ministry Inspectorate, the need for council housing from 2010 to 2015 will rise by 84,850 units. Moreover, a scourge as old as the city is likely to stand in the way of these projects: real estate and property speculation that influences the markets and hinders the city’s urban and social development strategy. The Casablanca Urban Agency seems to have understood this fact and has integrated measures in its development plan giving it a pre-emptive right, in other words, a priority as real estate town and country planner on land and property it deems of public use. Marrakech has much to do. We do not yet have the city’s urban development plan but we have sources, our own sources, and according to one of them working within the Red City’s urban agency, “the same scheme will be applied to Marrakech; it is highly possible that in this new urban development plan, the agency will have the right to freeze real estate prices in ZAD (Zones d’Aménagement Différé – Future development zones) over a period that could last up to 10 years, this in view of purchasing and developing land for public services without having to bear the speculative gain”. True or false? Only time will tell. But in the meantime, mind your backs!

Tangiers’ new clothes If you have not set foot in Tangiers for a few years, you are bound to be surprised. The Tangiers of 2012 is no longer the Tangiers of 2002, and will not be the Tangiers of 2022. For the past fifteen years, the Dream City, as famous American writer Paul Bowles was known to call it, has seen spectacular development, becoming the country’s second economic hub after Casablanca. New ports with international dimensions and intentions, logistic and industrial free zones, home to plants belonging to the biggest companies on the planet such as Renault, a motorway to better welcome people from the south, and even a high-speed train, or rather a high-speed line, so that they get there faster… Tangiers is on the express way. Of course (and as this is a period of financial crisis), this economic and urban effervescence has waned between 2008 and 2011, but the current indicators all seem to point to a recovery. Projects that have picked up again include the development of the El Ghandouri area, to the west of the city’s bay and the latter’s expansion in this direction, as well as the multifunctional complex, Tanger City Center, which, once finished, will completely change the appearance of the Tangiers coast. The two other projects, and not the least impressive, are the restructuring of the port of Tanger-Ville, which will lead to the transfer of the city’s centre of activity, and that of the new eco town of Chrafate, spread over 1,300 hectares and set to welcome a total of 150,000 inhabitants. Better than a recovery, the city is getting ready to radically transform by 2016,

Casa Mosque Hassan II

date on which all of these projects are meant to be finished. In terms of Heritage, the Tangiers Urban Agency has planned the urban renewal of the famous Fendek Chejra site. Located south of the Medina, it contains real architectural and patrimonial treasures, but its current state and the different non-integrated developments that were carried out have decreased the value of the space. The agency’s mission is therefore to redevelop it by restoring and reinvesting historical buildings such as the general library or the Cervantes theatre. However, a particular phenomenon may cast a shadow on the city’s future plans; Tangiers is not only a Dream City in the eyes of Paul Bowles, but also one for money launderers. According to a study from the Ministry of Housing, more than 25,000 units of accommodation are currently empty, and these are not second homes. Whole 10-storey buildings stand locked; you just have to stroll round Tangiers at night to notice that many buildings are not lit up and are therefore uninhabited. Dealers as well as white-collar hooligans have become used to investing their stashes of money in the city’s walls, a regrettable habit, especially when you are aware of Tangiers’ accommodation need of around 18,000 units per year. And the phenomenon is not about to fade, since a real-estate pool of 1,775 hectares will be put at the disposal of public and private developers in the years to come. If the authorities in question do not make more of an effort to eradicate this issue, the hoodlums will continue to get richer and block thousands of flats, whilst honest citizens are still looking for a roof to put over their heads.


066/VILLESPATRIMOINE

Par Soufiane Chakkouche

“La protection du patrimoine architectural et culturel est quelque chose de nouveau au Maroc”

Les abattoirs - Georges Ernest Desmarest

Les spécialistes vous le diront, aucun historien ne peut établir avec précision la date de la création de la ville de Casablanca. Ce qui est certain, c’est qu’elle a subi l’influence de plusieurs civilisations comme les Romains, les Phéniciens, les Arabes ou encore les Berbères. A plusieurs reprises, elle a été oubliée ou détruite, mais tel un phénix, elle a toujours su renaître de ses cendres. Le Casablanca -ou Casa pour les intimes- que nous connaissons aujourd’hui a commencé à s’étendre au début du XXe siècle et recèle un patrimoine architectural inestimable. Plus que jamais, cette richesse a besoin d’être protégée de l’appétit de plus en plus grandissant des promoteurs immobiliers, pour ne citer qu’eux, et c’est l’association Casamémoire qui s’y colle depuis 1995. Entretien avec sa directrice, Laure Augereau. Marrakech Mag : D’où est née l’idée de Casamémoire ? Laure Augereau : L’association a vu le jour il y a seize ans, elle est née d’un groupe de personnes qui a voulu se mobiliser et se grouper en association pour être entendu face aux autorités, notamment par rapport au ras le bol des démolitions à répétition d’anciens bâtiments qui font l’identité de Casablanca. L’autre motivation qui a conduit à la création de Casamémoire est cette passion de tous, de dire haut et fort que Casablanca n’est pas qu’une ville sale et polluée, mais qu’elle a aussi un potentiel architectural et peut être belle à regarder. MM : Justement, quelles sont les démolitions qui vous ont le plus indignées ? LA : C’est suite à la démolition de la villa Mokri de l’architecte Marius Boyer que Casamémoire a vu le jour. Mais ce n’est pas tout, au début des années 80, il y avait aussi la destruction des Galeries Lafayette, le cinéma Vox, le théâtre municipal et le choix de l’implantation de la grande mosquée Hassan II sur la piscine municipale (ndlr : C’est là où la phrase “Et son trône fut sur l’eau” prend tout son sens) qui était une œuvre unique en Afrique. MM : Quelle est votre mission actuelle ? LA : Notre mission principale est la sauvegarde du patrimoine architectural du XXe siècle de la capitale économique. Mais au delà de la dimension architecturale, on peut être aussi amené à intervenir sur le patrimoine culturel en général lorsqu’il est menacé, comme par exemple récemment

aux abattoirs de Casablanca où Casamémoire joue le rôle du principal interlocuteur face aux autorités et au conseil de la ville. MM : Quelles sont vos plus importantes réalisations ? LA : Personnellement, je pense que notre plus grand succès réside dans les Journées du Patrimoine qui existent depuis quatre ans et qui ont donné lieu à l’Université Populaire du Patrimoine. Pour le moment, c’est davantage un travail de sensibilisation que de sauvegarde effective des anciens bâtiments. MM : Quels sont les principaux freins à vos actions ? LA : Casamémoire ne peut pas sauver seule, si on n’a pas l’adhésion de la population, les autorités ne nous écouteront pas. Si, par exemple, les Casablancais prennent conscience de l’importance du patrimoine, on aura de moins en moins de familles qui vendront leurs anciennes villas pour le compte d’un promoteur immobilier pour qui le patrimoine de la ville importe moins que le profit. Un autre cas est celui des immeubles, si les gens qui habitent en copropriété dans un ancien immeuble que le propriétaire ou le promoteur veut démolir, ils pourront, et ils devront, venir voir Casamémoire qui enclenchera le processus de sauvegarde. C’est pour cela que la meilleure des solutions passe avant tout par une prise de conscience collective de la population. En somme, le patrimoine n’est qu’une question d’adhésion de la population, c’est parce que la population va considérer un bâtiment comme patrimoine qu’il sera classé ainsi.


MM : Beaucoup de personnes actives dans votre association sont d’origine étrangère, est-ce que cela veut dire que les Marocains en général, et les Casablancais en particulier, ne sont pas assez impliqués dans la sauvegarde de leur patrimoine architectural ? LA : Cela est vrai s’agissant du personnel, mais les membres du bureau sont principalement des Casablancais de souche. Ceci dit, c’est plus une question de compétence que d‘origine, la protection du patrimoine architectural et culturel et quelque chose de nouveau au Maroc et Casamémoire a déjà une expérience dans ce domaine. Si on prend mon cas par exemple, j’avais déjà travaillé durant 5 ans dans la promotion du patrimoine architectural de l’Hexagone, chose qui n’existe toujours pas au Maroc. Toutefois, on a de plus en plus de demandes de stage d’étudiants marocains issus de l’Ecole Nationale d’Architecture et des universités, ce qui prouve que l’intérêt porté par les Marocains à leur patrimoine est en progression.

MM : Que pensez-vous de la situation actuelle à Tombouctou et Alep qui regorgent d’un patrimoine historique sérieusement menacé ? LA : Le drame sur ces sites, c’est d’abord la guerre et toutes les souffrances qu’elle engendre, ma pensée va d’abord aux hommes avant les bâtiments, j’espère qu’ils retrouveront bientôt la paix. Après, c’est la situation à Tombouctou qui m’inquiète le plus, parce que la destruction du patrimoine de cette ville mythique est ciblé et c’est là où on voit les limites de la politique mondiale de la protection de notre patrimoine, il aurait fallu que les représentants du monde entier se mobilisent. Quant à Alep, qui est l’une des cités les plus ancienne au monde, la situation est beaucoup plus compliquée, aucune information ne filtre, la communauté internationale ne s’est pas mobilisée pour les Syriens, je les vois donc mal le faire pour des bâtiments… Tout cela est d’une grande tristesse.

Volontaires aux JP 2012

Angle rues Galiéni et Général Drude 1928

MM : Pourquoi vous avez choisi d’intervenir seulement sur Casablanca alors que des villes beaucoup plus anciennes et impériales tels que Marrakech ou Fès souffrent énormément du manque de protection de leur patrimoine ? N’avez-vous pas prévu dans un futur proche de créer Marrakechmémoire par exemple ? LA : Oui, cela est fort probable pour la ville de Marrakech, mais quand, je ne pourrais vous répondre parce qu’on n’a toujours pas de date fixe. En revanche, on est actuellement en négociation avec l’association de la cité portugaise d’El Jadida qui s’occupe du patrimoine historique de la ville, l’idée est de s’occuper de l’autre patrimoine, celui du XXe siècle qui se trouve au-delà des remparts. Cette collaboration va être complémentaire et sera concrétisée dans les jours qui viennent. Par ailleurs, les cités impériales et leurs médinas sont protégées par l’Unesco, actuellement ce sont 9 cités impériales marocaines qui sont inscrites dans le patrimoine mondial de l’Unesco et, en les connaissant, je peux vous dire que cette organisation est très sérieuse.

Palais de Justice de Casablanca en 1940

Que dit la loi ?

La conservation du patrimoine culturel et naturel est régie par la loi relative à la conservation des monuments historiques, des inscriptions, des objets d’art et d’antiquité, c’est-à-dire la loi 22.80, promulguée par le Dahir n°1-80.341 du 17 Safar 1401 (25 décembre 1980) -pour ceux qui aiment les chiffres et les dates. On peut y lire à l’article 1 : “Les immeubles, par nature ou par destination, ainsi que les meubles dont la conservation présente un intérêt pour l’Art, l’Histoire ou la civilisation du Maroc, peuvent faire l’objet d’une inscription ou d’un classement”. Selon le décret n°281.25 pris pour l’application de la loi 22.80, seuls “les administrations publiques, les collectivités locales, le comité national de l’environnement, les établissements publics, les syndicats d’initiative et de tourisme, les sociétés et les associations savantes, les groupements artistiques ou les propriétaires des biens à inscrire ou classer” sont aptes à les proposer à l’autorité gouvernementale chargée des affaires culturelles. Toutefois, rares sont les propriétaires qui proposent leurs biens pour le classement ou l’inscription au patrimoine historique. Et pour cause, la 22.80 stipule que ces biens ne peuvent faire l’objet d’une démolition, même partielle, ni même d’une restauration ou d’une modification, et encore moins d’une reconstruction, sans autorisation préalable des autorités compétentes. Ces bénéfiques restrictions font baisser inexorablement la valeur spéculative du bien, c’est pour cette raison que, bien souvent, les propriétaires d’immeubles anciens font la politique de l’autruche et croisent les doigts pour que personne ne dénonce le caractère historique de leurs actifs.

Plage de Ain Diab en 1950

Quelques inscrits

La Bourse, boulevard de la Gara

Comme chacun ne le sait pas, Casa la blanche compte le plus grand nombre de monuments Art déco au monde. Ce sont une soixantaine de bâtiments qui sont inscrits à la liste du patrimoine architectural national. En voici quelques célébrités : > Les Abattoirs Municipaux : Imaginés et conçus par l’architecte français Georges Ernest Esmarest en 1922, “Lbattoir”, comme l’appellent les Bidaouis, ont été inscrits au patrimoine architectural national en Août 2003. Ils sont considérés par certains spécialistes comme la première œuvre architecturale art-déco au monde… Rien que ça ! > L’Eglise du Sacré Cœur : Cet ancien lieu de culte catholique est aujourd’hui plus sacré pour son esthétique mi gothique mi art-déco et les manifestations culturelles qui s’y déroulent que pour son caractère

divin. Elle a été édifiée en 1930 et a été inscrite comme patrimoine en décembre 2003. > Le bâtiment de la Poste : Réalisé par l’architecte Pierre Bousquet en 1917, l’établissement abrite aujourd’hui une poste, la Chambre de Commerce et d’Industrie et le Syndicat d’Initiative de Casablanca. Il a été inscrit au patrimoine national en décembre 2003. > L’immeuble El Glaoui : Comme son nom le laisse deviner, le commanditaire de cet œuvre Art déco unique dans son genre n’est autre que le célèbre pacha de Marrakech. Son inscription au patrimoine national date aussi de décembre 2003 et, pour une petite histoire digne d’un petit prince, sachez que l’aviateur et l’écrivain Antoine de Saint-Exupéry y a séjourné.


068/CITIESFEATURE

EN

“Protecting architectural and cultural heritage is a new concept in Morocco.” Experts will tell you that historians are unable to establish the precise date on which the city of Casablanca was founded. They however all agree that a number of different civilisations, including the Romans, the Phoenicians, the Arabs and even the Berbers, has influenced it. It was forgotten or even destroyed on several occasions, but like the phoenix, has always risen from its ashes. Casablanca – known just as Casa – we now know started to spread at the start of the 20th century and harbours priceless architectural heritage. Now more than ever, these treasures need protection from the ever-increasing appetite of property developers, amongst others, and this has been the goal of association Casamémoire since 1995. We interviewed its president Laure Augereau. Marrakech Mag: Where did the idea of Casamémoire come from? Laure Augereau: The association was created sixteen years ago by a group of people who wanted to join forces and set up an association in order to voice their concerns to the authorities, a frustration notably linked to the repeated demolition of old buildings that make Casablanca what it is. The other motivation that led to the creation of Casamémoire was to passionately assert Casablanca’s architectural potential, a city that is not only a dirty and polluted but which can also be beautiful to behold. MM: So which demolitions infuriated you the most? LA: Casamémoire saw the light following the demolition of Villa Mokri by architect Marius Boyer. But that’s not all: the start of the 1980s saw the destruction of the Galeries Lafayette, the Vox cinema, the municipal theatre and the plan to build the great mosque Hassan II on the municipal swimming pool (ed: this is where the phrase “And His throne was upon the water” takes on its full meaning), a masterpiece unique to Africa. MM: What is your current mission? LA: Our main mission is to safeguard the economic capital’s architectural heritage from the 20th century. Aside from the architectural dimension, we also intervene when cultural heritage in general is threatened; for example, we were recently the main negotiator with the authorities and the city council regarding Casablanca’s abattoirs. MM: What are your key successes? LA: Personally, I think our greatest success lies in the annual cultural event, the Journées du Patrimoine, set up four years ago and which resulted in the Université Populaire du Patrimoine [a heritage “Open University”]. For the moment, our work lies more in raising awareness than actually saving old buildings. MM: What are your main obstacles? LA: Casamémoire cannot singlehandedly safeguard Casablanca’s heritage; the population has to be behind it for the authorities to listen to us. For example, if Casablanca inhabitants realised the importance of heritage, fewer and fewer families would sell their old villas to property developers, for whom profit is more important that the city’s heritage. In addition, people living side by side in an old building whose owner or developer wishes to demolish will be able and will have to come and see Casamémoire in order to trigger the preservation process. That is why the best solution lies first and foremost in raising the population’s general awareness. In short, heritage is but a question of the population’s adherence: a building will be listed because the population considers it part of their heritage.

As set out by law

Cultural and natural heritage conservation is governed by the law on the preservation of historic buildings, listed buildings, objets d’art and antiques, that is to say law 22.80, promulgated by Dahir no.1-80.341 on 17 Safar 1401 (25 December 1980) – for those with an appetite for numbers and dates. Article 1 sets out the following: “Buildings, by nature or use, as well as furniture whose preservation is of interest for Moroccan Art, History and civilisation, can be listed or registered “. According to decree no.2-81.25 for the application of law 22.80, only “public administration bodies, local authorities, the national committee for the environment, state corporations, the tourist office, learned societies and associations, artistic groups or owners of property to be listed or registered” are allowed to put them forward to the governmental authority in charge of cultural affairs. However, few owners wish to have their property registered or listed as historical heritage, due to the fact that 22.80 stipulates that these properties cannot be partially or fully demolished or even restored or altered, not to mention rebuilt, without prior authorisation from the relevant authorities. These beneficial restrictions inexorably lower the property’s speculative value, hence why their owners would rather bury their heads in the sand and hope that no one will expose their property’s historical character.

MM: Many people who work within your association come from abroad. Does that mean that Moroccans in general and Casablanca’s inhabitants in particular are not involved in the preservation of their architectural heritage? LA: This is true of the staff but committee members mainly originate from Casablanca. That said it is more a question of skills that origin. Indeed, the protection of architectural and cultural heritage is something new to Morocco and Casamémoire has prior experience in this field. If you look at my career, for example, I had already worked 5 years in the promotion of architectural heritage in France, something that still doesn’t exist in Morocco. Nevertheless, there are an increasing number of requests for work placements from Moroccan students studying at the Ecole Nationale d’Architecture [Moroccan School of Architecture] and other universities, which proves that Moroccans’ interest in their heritage is evolving. MM: Why have you chosen only to intervene in Casablanca when other much older imperial cities such as Marrakech and Fez suffer greatly from a lack of heritage protection? Have you planned to create a Marrakechmémoire in the near future? LA: Yes, this will most probably be the case for the city of Marrakech, but I cannot say for sure since no dates have yet been set. However, we are currently negotiating with the association from the old Portuguese city of El Jadida which looks after the town’s historic heritage, the idea is to cover the 20th century heritage located outside the city walls. These collaborations will complement each other and will take shape in days to come. Moreover, imperial cities and their medinas are protected by Unesco: 9 imperial Moroccan cities are currently listed as Unesco world heritage and I can assure you that this organisation is very reliable indeed. MM: What do you think of the current situation in Timbuktu and Alep, cities that abound in seriously-threatened historic heritage? LA: The key tragedy on these sites is the war and all the suffering it generates; my thoughts go out to the people before buildings and I hope that peace will soon return. This being said, the situation in Timbuktu worries me the most since the destruction of this city’s heritage if targeted and that is when you seen the limits of international heritage protection policy, since representatives from across the world would have needed to be mobilised. As for Alep, one of the oldest cities in the world, the situation is a lot more complicated, no information is filtering through, the international community did not join forces to help the Syrians, and I therefore find it hard to see them doing so for buildings… All of this is very sad.

A few listed buildings

Few people may know that the white city of Casablanca is home to the greatest number of Art Deco buildings in the world. Approximately sixty buildings are listed as national architectural heritage. These are some of the most famous: > The Municipal Abattoirs: Imagined and designed by French architect Georges Ernest Esmarest in 1922, “Lbattoir”, as it is known by Casablanca’s population, were listed as national architectural heritage in August 2003. Some experts consider them the first architectural Art Deco masterpiece in the world… no less! > The Sacré Cœur Cathedral: This old Catholic place of worship is now more revered for its gothic/Art Deco style and the divine cultural events that take place there. It was built in 1930 and was listed as national heritage in December 2003. > The Post Office building: Designed by architect Pierre Bousquet in 1917, the building now houses the post office, the Chamber of Commerce and Industry, and the Casablanca tourist information centre. It was listed as national heritage in December 2003. > The El Glaoui building: As its name reveals, the sponsor behind this unique Art Deco piece is none other than the famous pasha of Marrakech. It was also listed as national heritage in December 2003 and for a short anecdote worthy of little prince, aviator and author Antoine de Saint-Exupéry once stayed here.



070/VILLESDESTRUCTION

Par Soufiane Chakkouche

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printemps arabe

ou crime contre la culture L’Histoire se répète et se ressemble. Après l’Afghanistan et la destruction des plus grands Bouddhas du monde, après l’Irak et l’anéantissement entre autres de l’ancienne cité sumérienne d’Umma, c’est au tour du patrimoine archéologique, historique et culturel du Caire en Egypte, de Tombouctou au Mali et d’Alep en Syrie de payer le prix d’un “printemps”, celui des Arabes. Zoom sur l’autre visage des révolutions arabes. Egypte : Des hommes en sang, des livres en cendre

C’est presque passé sous silence, ce qui est un “printemps” pour les descendants des Pharaons, est un rude hiver pour leur héritage historique. Tout le monde a en mémoire l’attitude courageuse des quelques civils qui ont formé une chaine humaine autour du musée du Caire pour le protéger des pilleurs. Chapeau bien bas pour ces femmes et hommes, mais ce geste relève de la symbolique devant l’ampleur de la catastrophe culturelle qu’a subi le pays. Dans ce même musée, deux momies d’une valeur inestimable ont été détruites, plusieurs dizaines d’objets très anciens ont disparu et plusieurs autres ont été endommagés. Cependant, sur le podium de l’autodestruction, le cas du musée du Caire est loin derrière l’institut d’Egypte, qui, rappelons le, a été fondé en 1798 par Napoléon Bonaparte. Le mode opératoire a été horriblement simple et efficace : on a tout brulé. Le “on”, est celui de “on ne sait pas”, car manifestants et forces de l’ordre (ou du désordre, ceteris paribus) s’accusent mutuellement. Selon la presse locale, les 200.000 ouvrages que contenait l’institut ont été dévorés par le feu, et des chefs-d’œuvre rares, dont huit volumes de l’édition originale de la fameuse encyclopédie “Description de l’Egypte”, ont disparu à jamais. D’autres témoins oculaires ont décrit des scènes de pillages de livres à moitié calcinés, des enfants ont même été vus entrain de jouer avec des pages écrites il y a plus de 200 ans. Des adultes détruisant le peu d’Histoire qui leur reste et des mômes jouant avec le passé de leurs parents… Voilà là deux images qui valent plus que mille et un mots.

Mali : Le malheur de Tombouctou

Dans la longue série du “printemps” arabe, le cas du Mali est à part, car il n’en fait pas partie, il en est le fruit. Selon les observateurs internationaux, les milices armées qui ont pris le contrôle du nord du pays ont servi dans la guerre en Lybie ; après la mort de Kadhafi, ils ont émigré, armes, bagages et ignorance au Mali. Conséquences, une main mise sur Tombouctou, plusieurs morts et un massacre culturel sans précédent. La démolition des monuments historiques qui s’en est suivie n’appartient pas aux dommages collatéraux d’une guerre, elle est intentionnelle, et c’est là où réside l’atrabileuse particularité de ce conflit. Pour la grande Histoire, cette ville date du XIe siècle, elle a durant longtemps été l’un des plus importants centres intellectuels de l’islam et de la culture afro musulmane. Ça, c’était avant. Aujourd’hui, c’est la destruction et la décadence qui la guettent. Le visage du carnage porte le nom d’Ansar Eddine (les partisans de la religion et non “les défenseurs de Dieu” comme on a

pu le lire sur certains supports de presse français), une mystérieuse milice dont la balourdise n’a d’égale que sa violence. Sous leur emprise depuis avril dernier, “la cité des 333 saints” a changé de nom, elle s’appelle désormais, la cité des 326 saints parce qu’Ansar Eddine en ont détruit volontairement 7, et ces chiffres datent de juillet dernier. Même la célèbre mosquée de Sidi Yahia qui date du XVe siècle n’a pas été épargnée. La croyance locale veut que si la porte de cette mosquée est ouverte, le malheur s’abattra sur les croyants. Pour prouver à la population locale que cette légende ne dit pas vrai, les enragés d’Ansar Eddine ont tout bonnement défoncé la porte à coup de hache. La légende a eu raison et les fanatiques ont eu tort, le malheur s’est bel et bien abattu sur Tombouctou, il est dessiné sur leurs barbes et leurs Kalachnikov.

Syrie : A l’aide A Alep

A l’heure de la mise sous presse du présent article, la ville syrienne d’Alep est sous un déluge de feu, personne n’est épargné, ni la population, ni les animaux et encore moins le patrimoine historique. Pour rappel, Alep est l’une des plus anciennes villes au monde. Alep, c’est 5.000 ans d’histoire et plus de 5.000 sites historiques répertoriés. Devant une telle richesse et en temps de guerre, la destruction semble inévitable car ce précieux patrimoine est pris en otage entre deux feux, celui de l’armée régulière et celui de l’armée libre, et aucun des deux camps ne ménage ses forces. Après cette guerre fratricide, précieux, le patrimoine d’Alep le sera encore plus parce qu’il ne sera plus, ou peu. En effet, selon l’association française Patrimoine Sans Frontière, la vieille citadelle d’Alep, et beaucoup d’autres monuments, comme la mythique mosquée de Mahmandar, ont déjà été touchés par les bombardements. L’association n’est pas la seule à s’alarmer, l’ISESCO (Organisation Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture) et l’UNESCO dénoncent vivement ces violations aux conventions internationales pour la protection du patrimoine humain (dont la Syrie est signataire) et exhortent la communauté internationale à intervenir en urgence pour stopper ce génocide culturel. Par ailleurs, ce bilan, plus que provisoire, n’est certainement que la face apparente de l’iceberg de la destruction, la ville est assiégée de toutes parts et l’information a du mal à franchir les blindés de l’armée syrienne, seuls quelques réfugiés ont pu témoigner de l’ampleur de la catastrophe. Le patrimoine historique, culturel et architectural des pays arabes n’a jamais été autant menacé par la perte, il n’appartient à personne, il appartient à tout le monde, toutes les civilisations qui se sont succédées pour le bâtir en sont la preuve. Alors pour l’amour de la liberté, pour l’amour de l’Homme, pour l’amour de son Histoire, pour l’Amour, épargnez ce qui en reste !


EN

© AFP Miguel Medina

Tombuktu architecture

Le vieux marché d’Alep

The Arab Revolution or a crime against culture

History repeated. After Afghanistan and the destruction of the largest Buddhas in the world, after Iraq and the annihilation of the ancient Sumerian city of Umma amongst others, it is now the turn of the archaeological, historical and cultural heritage of Cairo in Egypt, Timbuktu in Mali and Alep in Syria to pay the price of the ‘Arab Spring’. Let us look at the other facet of the Arab Revolution. Egypt: Men covered in blood, books burnt to ashes

What happened to be a “reawakening” spring for the descendants of the Pharaohs was more of a harsh winter for their historical heritage, and generally went unnoticed. Everyone remembers the courageous attitude of a few civilians who formed a human chain around the museum of Cairo to protect it from pillaging. Hats off to these men and women; however, this gesture could be described as symbolic compared to the extent of the cultural catastrophe the country has suffered. In that very same museum, two priceless mummies were destroyed, dozens of ancient objects disappeared and so many others damaged. Nevertheless, on the scale of self-destruction, the case of the Cairo museum is far behind the Institute of Egypt founded in 1789 by Napoleon Bonaparte. The modus operandi was horribly simple and efficient: everything was burnt. No one knows who started the fire and protestors and peacekeeping (or ceteris paribus ‘chaos keeping’) forces blame each other. According to the local press, the 200,000 items housed in the Institute were consumed by fire and rare masterpieces, including eight volumes of the famous encyclopaedia “Désciption de l’Egypte” [Description of Egypt]”, have been lost forever. Other witnesses described looting scenes of half-burned books and children were even seen to be playing with pages written more than 200 years ago. Adults destroying the little History they still have and kids playing with their parents’ past… Those two images are worth more than a thousand and one words.

Mali: The misfortune of Timbuktu

In the long series of Arab revolutions, the case of Mali is quite different since a result rather than a part of these events. According to international observers, the armed militia that took control of the north of the country fought in the Libyan war; after Kaddafi’s death, they emigrated with arms, baggage and ignorance to Mali, thus leading to a takeover of Timbuktu, several deaths and an unprecedented cultural massacre. The demolition of historical monuments that followed is not part of a war’s collateral damage, it is intentional, and that is this conflict’s atrabilious specificity. In terms of History with a capital H, this city dates from the 11th century and has long been one of the most important cultural centres of Islam and AfroMuslim culture. However, that was before. Today, destruction and decadence lie in wait. The face of carnage bears the name of Ansar Eddine (religious partisans and not “defenders of God” as could be read in certain French press),

a mysterious militia whose oafishness is matched only by its violence. In its grip since last April, “the city of 333 saints” has changed names and is now called the city of 326 saints since Ansar Eddine voluntarily destroyed 7 among them, these figures dating from last July. Even the famous 15th-century Sidi Yahia mosque was not spared. The locals believe that if the door to this mosque is opened, misfortune will fall upon believers. To prove to the local population that the legend was untrue, the fanatics of Ansar Eddine simply smashed down the door with axes. The legend was right and the fanatics wrong since misfortune has indeed hit Timbuktu: it comes in the shape of their beards and Kalashnikovs.

Syria: Help Alep

As this article is being sent to press, the Syrian city of Alep is being showered with gunfire and no one is spared, neither the population, nor animals, without even mentioning its historical heritage. Alep is one of the oldest cities in the world with 5000 years of history and more than 5000 listed historical sites. Faced with such wealth and in a time of war, destruction seems inevitable since this precious heritage has been caught hostage in the crossfire, that of the regular army and that of the Free Syrian Army, neither side showing any mercy. After this fratricidal war, Alep’s precious heritage will be all the more so since little, if any, will still exist. Indeed, according to French association Patrimoine Sans Frontière, the old citadel of Alep and many other buildings such as the mythic Mahmandar mosque have already been hit by bombs. The association is not the only one to raise the alarm: the ISESCO (Islamic Educational, Scientific and Cultural Organisation) and UNESCO strongly denounce these violations of international agreements on world heritage protection (which Syria signed) and urge the international community to intervene as a matter of urgency in order to stop this cultural genocide. Moreover, this temporary assessment is undoubtedly only the tip of the iceberg of destruction, the city being surrounded on all sides and information leaking through the Syrian army tanks with great difficulty. A few refugees alone have been able to bear witness to the extent of the catastrophe. The historic, cultural and architectural heritage of Arab countries, belonging to no one and everyone, proof of all of the successive civilisations that built it, has never been so threatened by such loss. So for the love of Freedom, for the love of Man, for the love of History, for Love, please spare what is left!


072/VILLESDEDEMAIN

Propos recuellis par Susana Moliner Delgado

Imaginez la ville de demain

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>> Aujourd’hui, plus de 50% de la population mondiale habite dans une ville (contre seulement 30% en 1950). Cette proportion ne cesse de croitre, et à grande vitesse : près de 200.000 personnes viennent grossir chaque jour les villes. En 2050, la population urbaine représentera 70% de la population mondiale ! Espaces de rencontres et de richesses, décors d’anonymats, territoires où se croisent une multitude d’histoires et de personnes, lieux d’activités et d’échanges… La ville est aujourd’hui le lieu où se rassemble plus de la moitié de l’humanité. Mais aussi ce lieu qui cristallise toutes les problématiques de notre monde actuel : densité, pollution, transports et déplacements, exclusion sociale, consommation d’énergie… Si pour les grandes mégalopoles l’heure est venue de réinventer la ville, car le modèle dominant sorti de l’imaginaire des années 1950 (hypermarchés et Malls, villes pavillonnaires et cités ghettos, grosses voitures, etc.) n’est plus adapté aux défis de notre temps… Pour le Maroc, il s’agit avant tout de prendre une longueur d’avance pour éviter de reproduire ces mêmes systèmes qui montrent aujourd’hui leurs limites, tout en ayant l’intelligence de bâtir un modèle singulier, qui prenne en compte les richesses et particularités de son existant, en intégrant dès à présent les problématiques environnementales et de développement durable. Ici, nous avons invité les architectes à imaginer à quoi ressemblerait la Ville de Demain… La diversité de leurs réponses, leurs analyses et leurs questionnements montrent qu’il est urgent de changer de paradigme, d’agir, pour réinventer nos villes, pour que nous puissions mieux y vivre ensemble dans le futur.

Imagine the city of tomorrow… Today, more than 50% of the world’s population lives in towns and cities (with only 30% in 1950). This proportion is ever on the increase and at quite a speed too: nearly 200,000 people swell city ranks every day. In 2050, city dwellers will represent 70% of the world’s population! Places to meet and discover, anonymous backdrops, territories where so many different stories and people cross paths, a land of activity and exchange… The city is now a place where more than half of humanity is gathered. It also focusses all of our current world’s issues, including density, pollution, transport and travel, social exclusion, energy consumption… For major megalopolises, the time has now come to reinvent the city: indeed the dominant model that came from 1950s imaginations (hypermarkets and Malls, residential suburbs and ghetto city centres, big cars, etc.) is no longer adapted to the challenges of our time… For Morocco, it is first and foremost a question of getting ahead of the game in order to avoid reproducing these same systems that have now shown their limits, whilst being intelligent enough to build a unique model, taking into account the wealth and specificities of its present situation, whilst integrating environmental and sustainable development issues from the start. We invited architects to imagine what the City of Tomorrow would be… The range of their answers, analyses, and questionings shows that it is more than ever time to change paradigm, take action and reinvent our cities, for a better quality of life in the future.


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074/VILLESDEDEMAIN

"La ville de demain sera aride, à cause des changements climatiques (Rapports UNDP, Worldbank, etc.)". Illustration d’Aziza Chaouni suite à ses recherches sur ce thème (à voir sur : www.oowproject.com)

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>Aziza Chaouni

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auréate de l’université de Harvard en Architecture et de celle de Columbia en Ingénierie Civile, Aziza Chaouni a d’abord travaillé pour Renzo Piano, puis Diller Scofidio & Renfro et Hashim Sarkis, avant de créer Bureau E.A.S.T avec sa partenaire Takako Tajima, puis Aziza Chaouni Projects (ACP), en 2011, avec des bureaux à Fès et Los Angeles. Son approche est basée sur une notion de durabilité spécifique à chaque projet, pour une architecture moderne, mais éthique. Parmi ses réalisations, un projet d’écotourisme à M’hamid El Ghizlane, ou encore la réhabilitation de Oued Fès... Son travail a reçu plusieurs récompenses mondiales (Best places, Index, Holcim Award...) et a été exposé lors de manifestations internationales d’architecture. Aziza Chaouni est aussi professeur à l’université de Toronto, où elle dirige un laboratoire de recherche en tourisme et architecture durable. www.azizachaouniprojects.com

La ville, comme on la connaît aujourd’hui, devra certainement changer dans un futur proche, ou sinon elle périra. En effet, la ville du futur devra faire face à de nombreux enjeux, dont les changements climatiques, l’amenuisement des ressources naturelles non renouvelables -principalement l’eau-, la forte croissance démographique, l’accroissement des inégalités socio-économiques, la pollution urbaine grandissante, et la destruction des écosystèmes à haute biodiversité. Dans les pays en voie de développement, comme le Maroc, la croissance des métropoles sera accompagnée par l’expansion de l’habitat informel. Pour survivre, la ville de demain devra donc transformer son ADN et suivre de nouveaux principes d’urbanisme, d’architecture et de paysagisme qui répondent aux nombreux challenges, et non des moindres, cités ci-dessus. Pour ce faire, la ville de demain devra ré-imaginer ses bâtiments, ses rues, ses parcs ainsi que ses infrastructures. Tous les éléments qui constituent la ville d’aujourd’hui devront adapter leurs formes et fonctions pour générer leur propre énergie, collecter les eaux et les recycler, chauffer et refroidir avec des systèmes passifs, etc. En d’autres termes, la ville de demain devra exister en symbiose avec son environnement, sans le heurter. Enfin, la ville de demain devra être une ville plus juste, qui donne accès au logement, à des espaces verts et à des loisirs de qualité, accessibles à tous. Alors, pourquoi ne pas commencer dès aujourd’hui à construire la ville demain ?”

Having graduated in Architecture from Harvard University and in Civil engineering from Columbia, Aziza Chaouni started work with Renzo Piano, followed by Diller Scofidio & Renfro and Hashim Sarkis, before creating Bureau E.A.S.T with her partner Takako Tajima, then Aziza Chaouni Projects (ACP) in 2011, with offices in Fez and Los Angeles. Her approach is based on a notion of durability specific to every project, for modern but ethical architecture. Her designs include an ecotourism project in M’hamid El Ghizlane, and the restoration of Oued Fès... Her work has received many international prizes (Best places, Index, Holcim Award...) and has been shown during international architecture events. Aziza Chaouni also teaches at Toronto University, where she directs a research laboratory in tourism and durable architecture. www.azizachaouniprojects.com

The city as we know it today will most certainly have to change in the near future in order not to perish. Indeed, the city of the future will have to face a number of issues, including climate change, the dwindling of nonrenewal natural resources – mainly water -, significant population growth, increased socioeconomic differences, growing urban pollution, and the destruction of ecosystems offering great biodiversity. In developing countries such as Morocco, the growth of metropolises will be accompanied by the expansion of informal housing. To survive, the city of tomorrow will therefore have to transform its DNA and follow new urban planning, architectural and landscaping principles, more efficient in answering the various challenges, and not the least, quoted above. In order to do this, the city of tomorrow will have to reimagine its buildings, streets, parks as well as infrastructures. The elements that constitute today’s cities will have to adapt form and function to generate their own energy, collect water, with passive heating and cooling systems, etc. In other words, tomorrow’s cities will have to live in symbiosis with its environment rather than clashing with it. Finally, tomorrow’s city will have to be fairer, giving access to quality housing, green spaces and leisure activities accessible to all. So why not start to build the city of tomorrow today?”


L’hôtel de demain ressemblerait-il à UMAMI, projet touristique de l’agence, en plein milieu d’une zone aride...

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>Imaad Rahmouni

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iplômé de l’Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme d’Alger et de celle de Paris Belleville, Imaad Rahmouni a commencé par travailler avec Philippe Starck, avant de créer, en 2000, sa première agence à Paris, avec Juliette Lamy de Rancourt. Le duo s’entoure d’une équipe d’architectes, de designers et de graphistes. Une diversité qui leur permet de répondre à des projets globaux et complexes, notamment en Asie, avec des réalisations à Pékin, Shanghai, Hong Kong, Bangkok, Tokyo… Puis, des rencontres, comme celle avec les Frères Pourcel ou David Guetta, leur font signer des lieux publics célébrés sur la scène internationale. En 2005, ils érigent de seconds bureaux à Marrakech, leurs maisons aux lignes architecturales contemporaines imposent plus qu’un style, un laboratoire. Une aventure qui se conjugue aujourd’hui aux quatre coins de la planète sur d’importants projets immobiliers et hôteliers. www.imaadrahmouni.com

A graduate of the Polytechnic School of Architecture and Urban Planning in Algiers and that of Paris Belleville, Imaad Rahmouni started work with Philippe Starck, before setting up his first Paris agency in 2000 with Juliette Lamy de Rancourt. The duo has surrounded itself with architects, designers and graphic designers. This diversity enables it to answer general and complex projects, notably in Asia, with designs in Peking, Shanghai, Hong Kong, Bangkok, Tokyo… Then various encounters, with the Pourcel brothers and David Guetta amongst others, have led them to imagine internationally renowned public spaces. In 2005, they built more offices in Marrakech, their architectural homes asserting so much more than a style, and representing a true testing ground. An adventure they are now experiencing across the world with important real estate and hotel projects. www.imaadrahmouni.com

L’idée de ville va disparaître. Les villes sont appelées à mourir et ne vont plus être qu’une image apocalyptique d’espaces abandonnés. La conjonction de différents facteurs va nous obliger à changer, certes, notre mode de vie, mais aussi à revoir la concentration urbaine dans laquelle nous vivons aujourd’hui… Ces facteurs sont multiples. Parmi eux, le manque d’eau : sa rareté va nous contraindre à étendre et déconcentrer l’espace dans lequel nous vivons. A cela s’ajoute l’assèchement des puits de pétrole, qui minimalisera les déplacements et transports, pour plus de proximité entre le domicile et le lieu de travail, et surtout, pour un rapprochement du lieu de production des aliments de base, donc de la campagne… Par ailleurs, la concentration urbaine cause une transmission terrible de maladies au sein d’une métropole, puis d’une métropole à l’autre : rhume de Hong Kong à New York, grippe H1N1… Enfin, la pollution, qui augmente régulièrement, tend à rendre la ville invivable, comme c’est le cas pour Mexico ou Pékin… En définitive, on aurait plutôt tendance à imaginer des villages auto-suffisants, ne dépassant pas les 3.000 habitants.”

The idea of the city will disappear. Cities are destined to die and will end up only as an apocalyptic image of abandoned spaces. The combination of various factors will force us to change, certainly in terms of lifestyle, as well as rethink the urban density in which we live today… Multiple factors are in play. Among them the lack of water: its scarcity will force us to extend and de-concentrate the space in which we live. To this can be added the drying up of oil wells, which will minimalize travel and transport for greater proximity between home and workplace, and in particular bringing the production of basic foodstuffs, that is to say the countryside, closer to home… In addition, urban concentration generates terrible transmission of illnesses within a metropolis, and from one metropolis to another: colds from Hong Kong to New York, H1N1 flu… Finally, the regularlyincreasing pollution makes cities unliveable, as is the case in Mexico or Peking… In fact, we should be leaning more towards imagining self-sufficient villages, not exceeding 3000 inhabitants.”


076/VILLESDEDEMAIN

Projet du futur Grand Théâtre de Casablanca, CasArts

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>Christian de Portzamparc

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n doit à Christian de Portzamparc, célèbre architecte et urbaniste français né à Casablanca, des réalisations connues à travers le globe. Il a imprimé son nom sur des bâtiments tels la Cité de la Musique à la Villette à Paris, la Tour de Lille, le siège du quotidien Le Monde, ou encore la Tour LVMH à New York… Dans sa carrière, Christian de Portzamparc a été primé par de nombreuses récompenses, dont le Grand Prix national d’Architecture et l’Equerre d’Argent. Mais sa grande fierté est d’avoir été le premier Français à remporter le Prix Pritzker en 1994, après Frank Gehry, Aldo Rossi et Alvaro Siza… Parmi ses projets phares en cours, le futur Grand Théâtre de Casablanca, CasArts : un nouvel espace multidisciplinaire d’art et de culture en plein cœur de la Ville Blanche, et au Brésil, la Cité des Arts de Rio De Janeiro. www.chdeportzamparc.com

Après l’essor des nations, des états, des royaumes, est venu celui des villes. Elles sont les grands acteurs du théâtre de la mondialisation. Elles grandissent, elles attirent sans cesse, elles sont la richesse, mais elles sont aussi le danger de notre temps, pour la planète et pour l’homme. En elles se concentrent toutes les chances, et celle de se perdre aussi. La ville n’est plus l’ordre qui nous protégeait de l’inconnu, c’est elle souvent qui est notre inconnu... comme une nouvelle nature artificielle qui a débordé tous les plans et qui nous dépasse. La ville est le temps inscrit sur le territoire, c’est un calendrier métaphysique… Elle est le grand héritage que nous transmettrons à nos enfants, l’œuvre de millions de vies. Elle est souvent un trésor en son cœur, et pourtant autour, elle a grandi, elle est dure à vivre, trop vaste, éclatée... Elle rejette les pauvres au loin. Est-il possible de dire que nous devons tout faire, la chérir, y consacrer l’argent, l’intelligence et tous les talents ? Pour la pacifier, l’unifier, relier partout les quartiers -afin que tous la parcourent-, l’embellir… Surtout ne pas perdre la beauté de vue. Oui, inventer la beauté de demain.”

We owe renowned designs across the world to famous French architect and urban planner born in Casablanca Christian de Portzamparc. He has put his mark on buildings such as Cité de la Musique at La Villette in Paris, the Tour de Lille, headquarters of daily newspaper Le Monde, and even the LVMH Tower in New York… During his career, Christian de Portzamparc has received a number of awards, including the Grand Prix National d’Architecture and the Equerre d’Argent. However, his great pride is having been the first Frenchman to win the Pritzker Prize in 1994, following in the footsteps of Frank Gehry, Aldo Rossi and Alvaro Siza… His key projects in progress include the future Grand Theatre in Casablanca, CasArts: a new multidisciplinary art and culture space right at the heart of the White City, and the City of Arts in Rio De Janeiro, Brazil. www.chdeportzamparc.com

The rapid development of nations, states, kingdoms was soon followed by that of the cities. They are the star players on the globalisation stage. They grow, unceasingly attract, and are the wealth but also the danger of our times, for the planet and for man. They concentrate all our hopes and dreams, and the risk of losing ourselves as well. The city is no longer the order that protected us from the unknown, and is often the unknown itself… like a new artificial nature overflowing from all parts and taking over. The city is time scored into the land; it’s a metaphysical calendar… It is the great heritage we pass on to our children, the undertaking of millions of lives. It often has treasures in its heart; however, all around it grows, it is hard to put up with, too vast and broken up… It spits out the poor ever further. Should we say that we should do all that is in our power to cherish it, devote money, intelligence and all our talents to it? To pacify, unite, link neighbourhoods everywhere– so that everyone can travel up and down it-, to embellish it… We must not lose sight of beauty. Yes, we must invent the beauty of tomorrow.”


Siège de l’Agence Nationale de la Conservation Foncière du Cadastre et de la Cartographie

>>>>>>>>>>>>>>>>>Taoufik El Oufir

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iplômé de l’Ecole Spéciale d’Architecture de Paris en 1983, Taoufik El Oufir poursuit son expérience en Europe et au Moyen Orient, avant d’ouvrir son atelier, Arteo, à Rabat en 1985, qui deviendra la première agence certifiée ISO du pays. Parmi ses réalisations, on compte l’aménagement de la vallée du Bouregreg (Rabat-Salé), la ville universitaire de Mascat (Sultanat Oman), l’hôtel Mövenpick (Tanger), des logements collectifs (Salé), l’ensemble tertiaire de Casanearshore Park, le front fluvial et la marina de Bab Al Bahr... Ses projets se sont exposés à Paris, à l’Institut du Monde Arabe, à Marseille et Istanbul. Il se définit entre autres comme un architecte “moderne, rejetant toute expression de style international dénué de repères géographiques” mais aussi “marocain, par la prise en compte de référentiels culturels travaillées, non dans le pastiche, mais dans une évolution tendant à l’abstraction.” www.arteo.ma

La ville de demain sera écologique, proche de la nature, intelligente, intégrative, diversifiée et individualisée. Proposer un modèle de ville future suppose une démarche plutôt pragmatique, dans laquelle les urbanistes doivent d’abord définir, au cas par cas, les vraies problématiques de la ville, en s’appuyant sur l’observation des évolutions présentes, des disfonctionnements, et des enjeux liés au développement économique et social. La ville de demain saura fonctionner au régime du développement durable et de la protection de l’environnement : utilisation des énergies vertes, gestion économique de l’eau, gestion intelligente des déchets et recyclage des matériaux, implantation de systèmes à faible émission de CO2, réglementations anti-pollution, préservation de la biodiversité… Au Maroc, la ville verte de Benguerir marquera un pas important dans la prise de conscience écologique qui est en train de s’opérer dans notre royaume. La ville de demain nous appartiendra davantage, parce

qu’elle sera plus intégrative. Les villes d’aujourd’hui manquent souvent d’espaces d’agrégation sociale, qui favorisent les rencontres et les échanges. Cela crée un sentiment d’aliénation envers la ville, et entre les gens, qui socialisent de moins en moins. A l’avenir, l’espace public aura la place qu’il mérite : la ville future bénéficiera ainsi de plus de centres d’intérêt, de promenades, de places publiques, d’espaces verts et de plans d’eau –tous ces éléments de morphologie urbaine qui contribuent au bien-être des gens, au brassage des différents groupes sociaux, à la communication des idées, à l’expression personnelle et publique, et qui, finalement, aident les gens à s’approprier collectivement la ville. Par ailleurs, les zones d’habitation ne devront plus être uniquement de simples quartiers dortoirs, leur structure devra intégrer des centres d’intérêt dotés de services, d’équipements culturels, sociaux, sportifs et de parcs. De cette manière, l’environnement urbain ne sera plus perçu seulement comme un espace neutre, à parcourir entre maison et bureau, mais deviendra un espace urbain habitable, communautaire et ayant une identité.”

A graduate of the Ecole Spéciale d’Architecture in Paris in 1983, Taoufik El Oufir pursued his career in Europe and the Middle East, in order to open his studio Arteo in Rabat in 1985, becoming the country’s first ISO approved agency. His designs include the development of the Valley of Bouregreg (Rabat-Salé), the university town of Mascat (Sultanat Oman), the Mövenpick hotel (Tangier), apartment buildings (Salé), the tertiary area of Casanearshore Park, the river front and the marina of Bab Al Bahr... His projects have been shown in Paris, at the Institut du Monde Arabe, in Marseille and Istanbul. He describes himself, amongst other things, as “a modern architect, dismissing any international style devoid of any geographic references” as well as “Moroccan, taking into account cultural references used not as pastiches but as an evolution leaning towards abstraction.” www.arteo.ma

The city of tomorrow will be eco-friendly, close to nature, intelligent, integrative, diversified and individualised. Proposing a future city model supposes a rather pragmatic approach, in which city planners must first define the true issues of the city on an individual basis, based on the observation of present developments, failures, and issues linked to economic and social development. The city of tomorrow will be able to run on a sustainable development and environmental protection regime, with the use of green energies, economical management of water, intelligent waste management and recycling of materials, setting up low-carbon systems, anti-pollution regulations, and preserving biodiversity… In Morocco, the green city of Benguerir will represent an important set towards the ecological awareness that is currently occurring in our kingdom.The city of tomorrow will belong to us more, since it will integrate more. Today’s cities often lack social aggregation spaces, which encourage meetings and exchanges. This creates a feeling of alienation within the city and its population, inhabitants socialising less and less. In the future, public spaces will have the place they deserve: future cities will thus have more centres of interest, walks, public spaces, green spaces and stretches of water – all of these elements of urban morphology contribute to people’s wellbeing, to the melting pot of different social groups, to communicating ideas, to personal and public expression, which will finally help communities make the city their own. Moreover, housing areas cannot simply be dormitory suburbs; their structure must integrate centres of interest equipped with services, cultural, social and sports facilities and parks. Thus, the urban environment will no longer be perceived as a neutral space, travelling between home and office, but will become a liveable, urban community space with an identity.”


078/VILLESDEDEMAIN

Projet de réaménagement de la Place Lalla Yeddouna, site en plein milieu de la médina de Fès

>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>>Yassir Khalil

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iplôme d’architecture D.E.S.A. à Paris en poche en 1996, Yassir Khalil exerce pendant quelques années avant de créer, en 2003, Yassir Khalil Studio, son agence casablancaise. Spécialisée dans l’architecture, l’aménagement et le développement urbain, elle compte parmi ses projets réalisés, le Musée Royal du Patrimoine et des Civilisations à Rabat et la Maison des Arts à Casablanca. On lui doit aussi l’identité visuelle de l’opérateur de téléphonie Méditel, l’aménagement de plateaux de bureaux (Visa International, Fujitsu Siemens Computers, Microsoft Afrique du Nord…), la conception d’immeubles, de villas privées, de commerces et de bâtiments… Avec une ambition affichée : “faire prospérer une architecture sensible, moderne et intelligible.” www.yassirkhalilstudio.com

Il est difficile de penser la ville de demain sans penser la société/gouvernance de demain. Doit t-on imaginer la ville post ou pré Kyoto… La ville d’aujourd’hui est le reflet d’une société de consommation, née au lendemain de l’industrialisation. La ville de demain devrait être celle qui reconsidère son propre développement actuel, qui tend à le banaliser, et à lui ôter toute spécificité sous prétexte d’une mondialisation de la consommation. La ville de demain devra retrouver ce qu’elle a dangereusement perdu : l’unité dans la diversité, le quartier comme embryon urbain, la proximité comme gage écologique, la relation permanente à son origine : la nature… La ville de demain devra retrouver la “multicentralité” pour une meilleure unité, et non une centralité, ou “égo-centralité”, qui repousse une partie d’elle-même en périphérie, provoquant sa ghettoïsation. Il convient aussi de souligner que la ville arabe ne peut être la ville scandinave ou la ville sudaméricaine. Si le développement humain se trouve au centre de la réflexion urbaine pour certaines, ce n’est pas le cas pour d’autres. Mexico n’est pas Stockholm : l’une est dépassée par son développement, et l’autre a su maîtriser le sien… Pour les villes arabes, elles devront repenser leur urbanité en même temps que leur indépendance postcoloniale.”

An architecture graduate from D.E.S.A. in Paris in 1996, Yassir Khalil practiced a few years before creating the Yassir Khalil Studio, his Casablanca agency, in 2003. Specialised in architecture, planning and urban development, its finished projects includes the Royal Museum of Heritage and Civilisations in Rabat and the Arts Museum in Casablanca. The agency is also behind the visual identity of network provider Méditel, the development of office spaces (Visa International, Fujitsu Siemens Computers, Microsoft North Africa…), the design of buildings, private villas, shops and buildings… With one clear ambition in mind: “developing sensitive, modern and intelligible architecture.” www.yassirkhalilstudio.com

It is difficult to imagine the city of tomorrow without thinking about the society/ governance of tomorrow. Should the city be imagined post or pre Kyoto… Today’s city reflects a post-industrialisation consumer society. The city of the future must be one that reconsiders its own current development, which is tending to make it commonplace and removing all its specificities under the pretext of consumer globalisation. The city of tomorrow must recover what it has dangerously lost: unity in diversity, the neighbourhood as an urban embryo, proximity as an ecological guarantee, and a permanent link with its origins: nature… The city of tomorrow must recover “multi-centrality” for greater unity, and not persist in “ego-centrality”, rejecting a part of itself and pushing it into the outskirts, provoking its ghettoization. It seems important to underline that an Arab city cannot be a Scandinavian or South-American city. If human development is at the centre of urban planning for some, this may not be the case for others. Mexico is not Stockholm: one is overtaken by its development; the other has succeeded in controlling it… Arab cities will have to reconsider their urbanity as the same time as their postcolonial independence.”


"Voici une photo que j'ai prise il y a quelques années, je la trouve très représentative de Marrakech. Cette vue aérienne est une vision futuriste de la ville de demain, belle, harmonieuse, conviviale et humaine. La ville du futur n'est pas de la science fiction, nous la fabriquons tous les jours, elle sera ce que nous en faisons au présent." A.K.

>>>>>>>>>>>>>>>Amine Kabbaj et Malak Laraki

E

n 1992, trois architectes partageant une vision, une passion et une générosité communes -Malak Laraki (architecte DESA), Mohamed Amine Kabbaj (architecte DPLG UP8) et Karim El Achak (Ecole polytechnique de Turin)- s’unissent pour donner naissance, à Marrakech, à leur atelier Associati. Aujourd’hui, l’agence compte 25 personnes, dont des dessinateurs, des chefs de projets, des responsables de chantier et des architectes. Leurs réalisations s’étendent à de nombreux domaines : des projets d’habitat, pour le plus grand nombre, aux équipements hospitaliers, de la villa d’exception aux pavillons de standing, du Riad à l’hôtel haut de gamme, en passant par l’architecture de bureaux ou industrielle. Parmi elles, celle en cours du projet immobilier du Carré Eden, qui redonnera vie à l’ancien marché du Guéliz. www.phmem.com/associati

Les réactions sont multiples : Il y a de quoi être inquiet et commencer à se préoccuper de ce devenir. Il faut se mobiliser pour retrouver toute la qualité de vie qui a disparu. Il est vital d’arrêter les extensions anarchiques que subit notre ville et réguler sa circulation. Il est urgent de redonner au patrimoine historique et culturel de Marrakech toute l’importance qu’il mérite, et de le mettre en valeur… Chaque citoyen de cette ville a le devoir de se préoccuper, s’interroger, sur sa ville et son devenir. Marrakech doit se réveiller aujourd’hui pour décider de ce qu’elle veut devenir dans un avenir proche. Une ville, essentiellement pour ces habitants, avec ce que l’on peut souhaiter de mieux : le BIB (le Bonheur Intérieur Brut). Marrakech de demain doit s’organiser autour de ses grandes potentialités historiques : la Médina, la ville nouvelle, la Palmeraie et les Jardins. Marrakech doit se doter d’un plan directeur qui allie toutes les potentialités de développement et d’harmonie, et obtenir une cohérence et une cohésion urbaine. Marrakech doit se tourner vers ses points phares et les mettre en valeurs : valoriser et étendre les espaces verts existants ; créer des centres d’intérêt multiples pour donner à la ville une multi centralité tout en préservant à Jamaâ El Fnaa son rôle de Patrimoine Oral de l’Humanité ; créer des réseaux de circulation fluides en amenant d’autres moyens de transports urbains -le tramway en est un ! Et Marrakech est une ville plate, avec de larges artères, qui se prête facilement à ce type d’infrastructure- ; redonner à la Médina son caractère patrimonial, en rénovant, valorisant et accentuant son urbanisme vernaculaire ; mettre en valeur l’architecture du protectorat qui en fait un patrimoine unique… La situation de Marrakech, fondée par Youssef Ibn Tachfin, n’est pas une simple coïncidence. Ce fut le fruit d’une première implantation à Aghmat (30 km au nord), pour aboutir sur le site d’aujourd’hui grâce aux confluents complexes. Un choix déterminant qui a vu la naissance d’une ville qui se doit de renaitre en préservant son caractère, sa personnalité et son rôle de rayonnement.”

In 1992, three architects sharing a common vision, passion and sense of generosity -Malak Laraki (DESA architect), Mohamed Amine Kabbaj (DPLG UP8 architect) and Karim El Achak (Turin Polytechnic School) - joined forces to create their studio Associati in Marrakech. Today, the agency counts 25 people, including designers, project leaders, foremen and architects. Their designs cover a number of different sectors: mainly housing projects but also hospital facilities, luxury villas and houses, riads and top-of-therange hotels, not forgetting office and industrial architecture. Those in progress include the Carré Eden real estate project, which will breathe new life to the old market of Gueliz. www.phmem.com/associati

There are so many different reactions: We should be worried and start caring about our future. We should start taking action and recover a lost quality of life. We have to stop anarchic extensions to our city and regulate its circulation. We must give back Marrakech’s historical and cultural heritage all of the importance it deserves and as a matter of urgency, making the most of it… Every citizen of this city has the duty to be concerned and question their city and its future. Marrakech must wake up today in order to decide on what it will become in the near future. A city, essentially for its inhabitants, with the best you could wish for: GNH (Gross National Happiness). The Marrakech of tomorrow must organise itself around its major historic potential: the Medina, the new town, the Palmeraie and the Gardens. Marrakech must be given a blueprint that combines every potential for development and harmony, and obtain coherence and urban cohesion. Marrakech must turn to its key areas and develop them: working on and extending existing green spaces; creating multiple centres of interest to give back to the city multi-centrality whilst preserving at Jamaâ El Fnaa its role of Oral Heritage of Humanity; creating freely-moving traffic networks by bringing in other methods of urban transport – including the tramway! Marrakech is a flat city with large thoroughfares, perfect for this type of infrastructure-; recovering the Medina’s patrimonial character, by renovating, developing and accentuating its vernacular urban planning; developing its unique protectorate architecture… The location of Marrakech, founded by Youssef Ibn Tachfin, is not a simple coincidence. It results from a first settlement in Aghmat (30km to the north), ending up on today’s site thanks to complex confluences. A defining choice that saw the city’s birth, a city that must now reinvent itself whilst preserving its character, personality and influential role…”


080/VILLESDEDEMAIN

Switch Architecture saw the light in 2008 in Casablanca, born of the partnership between Mickael Benarroch and Mehdi Berrada, DESA architects. The studio works in Morocco, as well as in Spain and Equatorial Guinea, on residential, commercial and public infrastructure projects: hotels, sports clubs, embassy, airport, flats, private houses, council housing and urban development. The expertise developed by the agency now enables it to offer a range of services, from full architectural conception to interior design, furniture design to urban and landscape development. www.switcharchitecture.com

Projet Oyala - Guinée

>>>>>>>>>>>>>>Mickael Benarroch et Mehdi Berrada

S

witch Architecture est né en 2008 à Casablanca de l’association de Mickael Benarroch et Mehdi Berrada, architectes DESA. L’atelier travaille au Maroc, mais aussi en Espagne et en Guinée Equatoriale, sur des projets résidentiels, commerciaux et d’infrastructures publiques : hôtels, club sportif, ambassade, aéroport, appartements, maisons privées, logements sociaux et aménagements urbains. Le savoir-faire développé par l’agence lui permet aujourd’hui de proposer une palette de services allant de la conception architecturale complète aux aménagements intérieurs, du design de mobilier à l’aménagement urbain et paysager. www.switcharchitecture.com

La ville est une accumulation de vies, un arrangement plus ou mois ordonné des espaces communs et privés. C’est le lieu où l’homme a choisi de concentrer les savoir-faire pour aller vers demain. Identités, patchworks décomposés, puis recomposés, au gré des besoins socioéconomiques et culturels, l’espace urbain, comme porteur de la société du futur, se génère dans une confrontation d’idées permanente. C’est là que nous, architectes, avons le devoir, la capacité, mais aussi la démarche, forcément politique, d’établir, ou de rétablir, des tissus urbains (et humains) viables. Par là, nous entendons des lieux de vie communs, où l’épanouissement du collectif est l’unique but recherché. En ce sens, la démarche qui est notre approche envers les villes du Royaume serait de mettre en valeur, puis de pousser à la création d’une multitude de lieux de partage :

parcs, aires de jeux, musées, lieux éducatifs, pistes cyclables, places… en cohésion parfaite avec les logements alentours et les lieux de travail, comme autant de compléments inaliénables à l’espace privé. Ces lieux sont le ciment de la société de demain, car ils sont le fondement de toute communauté digne de ce nom. Ils sont des monuments au service du vivre-ensemble. Quant à la densification verticale de nos villes, elle est nécessaire au développement futur et doit épouser de manière intelligente et cohérente ces lieux de vie communs. Elle ne doit en aucun cas les étouffer en tombant dans le piège des plus-values immobilières à court terme, les habitants en seraient asphyxiés à très long terme. L’espace public commun “offert” est le seul lieu où la société peut apprendre à se découvrir, dans une approche civique saine. La qualité de ces lieux, par ce qu’elle transmet, est une donnée essentielle dans la réussite des villes de demain. Elle est aussi garante de l’image qu’une ville peut donner à un visiteur. L’aménagement urbain mérite donc une attention et une réflexion poussées, menées dans l’immersion totale d’une part, mais aussi avec une distance et un recul. Ce recul, c’est le calme et la sérénité nécessaires pour transposer dans la ville des idées généreuses et optimistes qui seront la réalité des générations futures. La ville de demain devra être façonnée pour répondre aux défis à venir, elle devra être pragmatique, mesurée, logique et fonctionnelle… Mais d’abord, et avant tout, elle devra être humaine et authentique, faite par et pour les hommes, avec plaisir et pour le plaisir.”

The city is an accumulation of lives, a more or less methodical arrangement of common and private spaces. It is a place where man has chosen to concentrate expertise whilst looking towards tomorrow. Identities, patchworks, broken up then pieced together again according to socio-economic and cultural needs, the urban space as bearer of the society of the future, generate a permanent confrontation of ideas. This is where we, architects, have the duty, ability, and approach - inevitably political - of creating or re-establishing viable urban (and human) networks. By this we mean public spaces, for which our only sought-after aim is a blossoming community. In view of this, our approach with the Kingdom’s cities would be to develop, then to push for the creation of a multitude of public spaces: parks, playgrounds, museums, educational spaces, bicycle lanes, squares… in perfect cohesion with surrounding housing and workplaces, and as many additions to the public sphere. These places are the cement of tomorrow’s society: they are the foundations of any community worthy of that name. They are monuments at the service of living together. The vertical densification of our cities is necessary for future development and must embrace these public spaces intelligently and coherently. They must not in any event revoke them by falling into the trap of shortterm public speculation; inhabitants would in the very long term be stifled by this. “Free” shared public spaces are the only places where members of a society can learn about each other, in a healthy civic approach. The quality of these venues, via the message it conveys, is key to the success of tomorrow’s cities. It is also a guarantee for the image the city gives visitors. Urban planning therefore deserves a lot of attention and reflection, in total immersion on the one hand, but also with a certain distance and hindsight. This hindsight represents the calm and impartiality required to transpose into cities generous and optimistic ideas that will be the reality of future generations. The city of tomorrow must be shaped to answer forthcoming challenges, and must be pragmatic, measured, logical and functional… It must however, first and foremost, be human and authentic, made by and for men, with pleasure and for pleasure.”


>>>>>>>>>JEROME SCHMITZ ET OLIVIER MOUREAU

I

mplanté depuis bientôt dix ans au Maroc, le cabinet WWA, représenté par Jérôme Schmitz et Olivier Moureau, compte parmi ses réalisations des villas privées, des maisons d’hôtes, des ensembles résidentiels et des hôtels à travers le Maroc, mais aussi en France et à Dubaï… Leur signature est empreinte d’une sensibilité à une architecture contemporaine contextuelle. www.wwa-maroc.com

Pour imaginer la Ville de demain, il faudra avant tout imaginer l’Homme de Demain ! Sera-t-il prêt à changer de paradigme ? A revoir fondamentalement sa manière de travailler, de consommer, de se déplacer… Actuellement, le consensus global voudrait que, dans ce schéma de ville, la nature et le piéton reprennent une partie des droits qu’ils ont perdus avec la ville “moderne” du XXe siècle. Est ce que cela sera suffisant ? Difficile à dire… Mais c’est sûr, les villes doivent évoluer au service de l’homme et non de la machine. Le lien fondamental entre l’homme et la nature doit être remis au centre du débat.”

Set up nearly ten years ago in Morocco, the WWA consultancy, represented by Jérôme Schmitz and Olivier Moureau, has created private villas, guest houses residential complexes and hotels throughout Morocco, in France and Dubai… Its style is very much in line with contextual modern architecture. www.wwa-maroc.com

To imagine the City of tomorrow, one must first imagine the Men of Tomorrow! Will they be ready to change paradigms? To fundamentally rethink their way of working, consuming, travelling… Currently, in this vision of the city, the general consensus is for nature and pedestrians to recover the rights they have lost with the “modern” 20th century city. Will this be enough? That is difficult to say… What is certain is that cities must evolve at the service of man and not machines. The fundamental link between man and nature must once more be the discussion’s central issue.”


082/VILLESECOLO

Par Nathalie Rigoulet, Mélanie Polatova et Katia Sahli

les fourmis de l’environnement

ces “acteurs du changement”

On le sait, la sonnette d’alarme est tirée depuis déjà quelques années : un véritable danger pèse sur quasiment tous les écosystèmes de la planète et plus d’un tiers des espèces animales et végétales est menacée d’extinction à cause de l’action de l’Homme sur la Terre… A l’heure où les négociations internationales se poursuivent (11ème Conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique, en octobre dernier à Hyderabad en Inde), le Maroc, lui aussi, prend conscience de l’importance de se doter d’un véritable plan pour la préservation de sa biodiversité… En attendant, nous, ici, nous vous invitons à découvrir ces “fourmis de l’environnement”, ces “acteurs du changement”, qui mettent leurs qualités et savoir-faire au service de la résolution de problèmes environnementaux, chacun à son niveau… Car le changement de paradigme passe aussi par des initiatives locales et citoyennes.


Un compost de qualitE, ça ne s’improvise pas !

Au lieu d’inonder nos poubelles de déchets organiques encombrants, la solution est évidemment le compost. Mais attention, pour obtenir un terreau de choix, ça ne s’improvise pas ! Patrick Baele, gérant du Café Leon, et Cédric Doumier, architecte, se sont décidés à tout mettre en place pour produire du compost de qualité, composé d’un mélange de matières carbonées (brunes, sèches et dures comme la paille, coquilles, papiers non imprimés), azotées (vertes, molles et humides : légumes, fruits, feuilles vertes…), d’humidité et d’air, dans des proportions idéales. Surpris de constater qu’une grande majorité de personnes jettent leurs déchets organiques, tandis que certaines sociétés se voient encore obligées d’importer leur compost, l’idée de se lancer dans cette activité utile et écologique a donc germé. Parallèlement à leurs emplois, ces deux amis ont loué en septembre dernier, km 7 route d’Amizmiz, 2 hectares de terrain, munis d’un puits et de deux Séguillas, sur lesquels ils viennent de lancer le compost. Patrick et Cédric ont appris les différentes méthodes de compostage lors d’une formation organisée par Terre et Humanisme au Maroc. Aujourd’hui, ils sont prêts et récupèrent déjà du crottin de cheval auprès de certains centres équestres, de la paille chez Brin d’ombre, des fruits et

légumes périmés chez des primeurs, etc. Voici deux hommes heureux de travailler à l’air libre et de donner un nouveau tournant à leur vie, plus près de la nature et utiles. N’hésitez pas à les joindre si vous souhaitez vous débarrasser de vos déchets organiques ou si vous désirez nourrir la terre de vos jardins avec du bon compost. Contact : +212 6 50 78 21 58

Permaculture : la terre, l’humain et le partage…

Ce terme ne vous évoque peut-être rien, et pourtant ce mouvement alternatif s’est beaucoup développé ces 30 dernières années aux quatre coins de la planète. Issu de l’expression anglaise “permanent agriculture”, il sous-entend des méthodes culturales basées sur trois principes fondamentaux : prendre soin de la terre, prendre soin de l’humain, et partager équitablement. La philosophie de la permaculture, largement influencée par les Australiens Bill Mollison et David Holmgren, consiste ainsi à travailler avec la nature -et non contre elle- et favorise une intégration harmonieuse des activités humaines au sein des écosystèmes. Frederic Scholl, designer et ex manager du Riad El Fenn à Marrakech, a littéralement changé de vie pour se consacrer localement à la permaculture. De formations en formations, il vient de se lancer comme

consultant dans ce domaine afin de lutter contre la perte de fertilité des sols. Frederic évoque, dans la région de Marrakech, le manque flagrant de couverture végétale -dû au surpâturage incontrôlé des troupeaux-, l’érosion dramatique des sols, l’eau de pluie qui ruisselle dans une couche végétale vivante par manque de capacité d’infiltration et de stockage, une monoculture intensive, produits chimiques, pas de terrassements, de rares cultures d’arbres et plantes fourragères à croissance rapide pour nourrir les animaux en dehors des champs et une non reconnaissance patente de l’activité paysanne qui ne fait plus le poids face à l’appel de la vie urbaine. Pour parer à cette catastrophe écologique, il travaille actuellement sur un terrain à proximité du lac Lalla Takerkoust afin de sensibiliser les riverains sur les possibilités de recycler les éléments nutritifs présents sur leurs terres et produire plantes, fruits, légumes, etc. avec les ressources locales -sans engrais, sans désherbant- et la mise en place de systèmes de récupération et canalisation d’eau, bassins et autres installations appropriées peu gourmandes en énergie… La permaculture est une approche holistique et sociale qui a fait ses preuves et Frederic souhaite de tout cœur la développer dans la région de Marrakech. Contact : +212 6 64 83 55 49 frederic@permacultureconsulting.ma


084/VILLESECOLO

Patrick et Cédric

Opération de ramassage des sacs plastique

La deuxiEme vie des huiles alimentaires usagEes…

Melik Guellaty et son équipe collectent et recyclent les huiles alimentaires usagées, permettant ainsi à leurs clients -Marocains et Tunisiens- de répondre aux normes de certifications en vigueur et de s’inscrire dans une charte environnementale. Car une règlementation (loi 28-00 du 07/12/2006), destinée à protéger la santé de l’homme et de son environnement, stipule que toute personne qui détient ou produit des déchets ayant des effets nocifs est tenue d’en assurer, ou d’en faire assurer, l’élimination. Eco-oleo, la société de Melik, participe ainsi au Programme National pour la Protection de l’Environnement, mis en place par le Royaume pour contribuer activement à la lutte contre la pollution par les eaux usées. Celles ci représenteraient un énorme problème pour l’environnement et un enjeu majeur de Santé Publique : dispersées dans la nature, elles polluent les nappes phréatiques ; et les unités chargées de leur traitement rencontrent de grandes difficultés quand elles sont chargées en huile… C’est en association avec le groupe de transport Timar Maroc que l’équipe d’Eco-oleo collecte donc les huiles usagées au Maroc depuis 2011, principalement auprès des restaurants et hôtels qui choisissent d’adhérer à un programme de gestion environnementale de leurs déchets (actuellement 60 points de collectes à Marrakech et 500 sur l’ensemble du territoire marocain, soit 700 tonnes d’huiles collectées par an). Concrètement, la société dépose, à l’extérieur des cuisines des établissements partenaires, des fûts de contenance adaptée (25 à 1.000 litres), dans lesquels le personnel de cuisine peut verser les huiles usagées. Des chauffeurs viennent ensuite récupérer les fûts pleins, qu’ils remplacent par de nouveaux, vides et propres, jusqu’au prochain passage... Les huiles alimentaires sont dans un deuxième temps transformées en biodiesel, qui sera exporté en Europe. Une directive européenne de 2008 impose en effet à chaque pays de l’U.E. de mélanger le biodiesel avec le diesel classique à hauteur de 5.75% avant d’être servi à la pompe. Le but ? Réduire les émissions de gaz à effet de serre et la dépendance énergétique. Melik est ravi de constater que de plus en plus

Frédéric de Permaculture

d’entreprises participent à cette démarche de développement durable. Une bonne nouvelle qui nous enchante aussi ! Tel : +212 5 22 54 19 00 - www.ecooleo.com

La fourmiliEre de Sidi Ghanem

Plus qu’une fourmi, Mar-eco est une véritable fourmilière, qui n’a eu de cesse de se développer depuis sa création il y a à peine plus d’un an. Frédéric et Saïd ont eu cette idée folle de récolter les cannettes et les bouteilles en plastique pour les revendre aux usines de recyclage étrangères. Pour cela, ils ont mis les gros moyens : des centaines restaurants, hôtels et collectivités de Marrakech, jusqu’à Tahanaout (le plus éloigné étant Terre d’Amanar), ont été invités à participer. Mareco installe des bennes chez les partenaires, qui, à leur tour, trient la matière avant qu’elle ne soit souillée. Des camions gèrent la collecte, le plastique étant payé 1,5 DH le kilo, une rétribution qui constitue une motivation supplémentaire pour adopter le geste du tri… “Nous possédons actuellement deux camions de 16 à 20m3, et nous allons devoir agrandir la flotte assez vite. Notre usine de gestion à Sidi Ghanem, de 1.800m2, est équipée d’une presse à bales, pouvant générer des bales de 300 à 500Kg. Nous avons aussi deux bennes de 20m3 pour gérer le verre (que nous orientons vers des usines casablancaises de recyclage), et tout un tas de matériels indispensables pour optimiser les collectes. Nous explique Frédéric. Les bouteilles, les bouchons et les cannettes sont compressés séparément, puis revendus à la tonne à des usines en Espagne et en Italie, et bientôt en Belgique et en Turquie. La demande est en croissance, car ces usines ont besoin de tonnage supplémentaire, le marché du recyclage étant en plein essor...”. Précisons que cette jeune entreprise, qui emploie aujourd’hui une dizaine de personnes -dont certaines habitant les bidonvilles de la zone de Sidi Ghanem-, est appelée à se développer sur tout le Maroc (Frédéric et Saïd sont entre autres sollicités par le Morocco Mall de Casablanca). Un premier pas vers la formalisation de ce marché, mais avant tout, vers le tri sélectif dans la région de Marrakech. www.mar-eco-recyclage.com

Baraka men Lmika !

Un Maroc sans sacs plastiques… C’est le rêve que poursuit l’association Mawarid, créée en 2009 par Yassine Zegzouti, entouré d’étudiants et de jeunes venant d’horizons différents, mais ayant en commun une foi inconditionnelle dans le changement. Ils ont choisi d’œuvrer en amont du problème, en mobilisant un maximum de personnes à leur cause. Leur première campagne, “Marrakech sans sacs plastiques”, menée en 2010 et 2011, s’élargit cette année sur le plan national, une action aujourd’hui accompagnée par la Société Générale, qui a financé une campagne Télé (diffusion d’un spot de 50 secondes sur les chaînes nationales en novembre dernier), un court métrage original susceptible de marquer les esprits, on l’espère… L’association renforce ainsi sa tournée de sensibilisation dans les souks et les écoles, elle cible les marchés municipaux et les consommateurs. Des ateliers de formation sont également organisés pour les marchands à Marrakech, Agadir et Casablanca, selon un planning annuel. La sensibilisation est accompagnée d’une distribution d’éco-sacs en coton, issus du commerce équitable. “La meilleure solution pour réduire la surconsommation des sacs en plastique, c’est d’agir à la source. Le message qu’on essaye de transmettre aux marchands et aux consommateurs, c’est qu’ils peuvent opter pour un sac réutilisable, car c’est celui qui a le moins d’impact sur l’environnement (c’est une donnée prouvée scientifiquement). La seule entrave à l’utilisation de ces sacs, c’est le coût de l’investissement, mais on essaye de leur expliquer que c’est une solution durable, une économie à long terme, car un éco-sac se lave et se réutilise…”. Les actions, qui visent à développer le comportement éco-citoyen des Marocains, sont répertoriées et planifiées sur leur site web, histoire de prendre le pouls de leurs actions, et pourquoi pas, y participer. Car l’objectif de Yassine est clair : “L’implication et la participation humaines deviennent déterminantes à la réussite de projets environnementaux au Maroc.” A bon entendeur ! www.maroc-sans-sacsplastiques.com


El Mâati avec sa charette de tri

Les recycleurs anonymes

El Mâati, 66 ans. Quand on lui demande quelle est sa profession, il répond qu’il n’en a aucune. “Je suis un talb mâachou, je prends ce que Dieu met sur ma route”. Depuis qu’il a quitté les abattoirs -son ancienne vie-, il y a 16 ans, il se lève pourtant tout les matins à 6h, monte sur sa petite karoussa, et parcourt son quartier pour récolter les déchets dans les poubelles des hôtels et des villas. N’est-ce pas un métier ça ? Pas de son point de vue : car pour lui, c’est passager, une mauvaise passe... Pourtant, le travail de fourmi que fait cet homme est important, et surtout écologique. El Mâati et tous ses compagnons permettent d’effectuer un tri sélectif des déchets ménagers alors que rien n’a été prévu à cet effet. Et malgré l’absence totale de contrôle d’un quelconque organisme, c’est une structure hiérarchisée et très bien rôdée qui est mise en œuvre au quotidien par ces travailleurs aux petites charrettes. Chacun détient son périmètre d’activité, sa spécialité et son marché de revente. El Mâati, lui, récolte à mains nues 16kg de déchets, qu’il tri dans la poubelle même ; cela lui rapporte 30 dirhams par jour. II brûle les sacs plastiques à la décharge, revend les bouteilles en plastique transparent aux marchands ambulants, l’acier et les plastiques opaques à des intermédiaires, qui à leur tour les revendent à des usines de recyclage… Et enfin, il donne les déchets biologiques aux quelques bêtes qu’il possède, làbas, loin dans son douar, où il rentre chaque soir.


086/CITIESFEATURE

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The environment’s busy bees: “Actors for change” The alarm bell has been sounding for a few years now: real danger threatens most of the planet’s ecosystems and more than a third of animal and plant species is threatened with extinction due to Man’s action on Earth… As international negotiations are being held (11th Conference of the Parties to the Convention on Biological Diversity, last October in Hyderabad, India), Morocco is also becoming aware of the importance of a true conservation plan for its biodiversity… In the meantime, we invite you to discover these “environmental busy bees”, these “actors for change”, who place their skills and expertise at the service of solving environmental problems, each at their own level… Indeed, a paradigm shift also involves local and social initiatives. Quality compost takes skill! Instead of filling our bins with cumbersome organic waste, the solution, of course, is to make compost. However, beware: obtaining first rate compost takes skill! Patrick Baele, manager of Café Leon, and architect Cédric Doumier decided to put everything in place to produce quality compost, made from a mix of carbonrich material (brown, dry and hard like straw, shells, unprinted paper), nitrogen-rich material (green, soft and damp: vegetables, fruit, green leaves…), humidity and air, all in ideal proportions. Surprised to note that the great majority throw away their organic waste when some companies are still forced to import their compost, the idea of embarking on this useful and eco-friendly activity therefore came about. In parallel to their day jobs, these two friends leased 2 hectares of land last September, 7 kilometres on the Amizmiz road and equipped with a well and two irrigation channels, on which they have just started making compost. Patrick and Cédric learnt all about different composting methods on a course organised by Terre et Humanisme in Morocco. They are now ready and already collecting horse manure from horse-riding centres, straw from Brin d’Ombre, unsellable fruit and vegetables from greengrocers, etc. These two men are happy to work in the fresh air and give a new more natural and useful purpose to their lives. Do not hesitate to contact them to get rid of your organic waste or if you wish to feed your garden soil with some great compost. Contact : +212 6 50 78 21 58 Permaculture: earth, humankind and sharing… The term may not mean a lot to you yet this alternative movement has greatly developed throughout the world in the past 30 years. Derived from the expression “permanent agriculture”, it involves growing methods based on three fundamental principles: taking care of the earth, taking care of humankind and fair and equitable sharing. The philosophy of permaculture, widely influenced by Australians Bill Mollison and David Holmgren, thus involves working with nature – and not against it – and encourages harmonious integration of human activities into ecosystems. Frederic Scholl, designer and ex-manager of the Riad El Fenn in Marrakech, has literally changed his life to dedicate his efforts locally to permaculture. With the right training under his belt, he has just set up as a consultant in the area in order to fight against loss of soil fertility. In the Marrakech region, Frederic highlights the glaring lack of plant cover - due to herds’ uncontrolled overgrazing -, the dramatic land erosion, rainwater that flows through a living plant layer due to a poor seepage and storage capacity, intensive monoculture, chemical products, a lack of terrace cultivation, rare cultivations of trees and fast-growing fodder plants to feed animals outside the fields and a patent lack of recognition of small farming as an activity, which no longer measures up to the call of urban life. To ward off this ecological catastrophe, he is currently working on a plot of land near Lake Lalla Takerkoust in order to raise local residents’ awareness on the possibilities of recycling nourishing elements present on their land and producing plants, fruit, vegetables, etc. with local resources – without the use of fertilizers and weed killers – and of setting up water collection and canalisation systems, pools and other suitable low-energy installations … Permaculture is a holistic and social approach that has proved its worth and Frederic’s most heartfelt wish is to develop it further in the Marrakech region. Contact : +212 6 64 83 55 49 - frederic@ permacultureconsulting.ma

A new beginning for used cooking oils… Melik Guellaty and his team collect and recycle used cooking oils, thus enabling their – Moroccan and Tunisian – customers to meet the standards in force and fall within the framework of their environmental charter. Indeed, a regulation (law 28-00 from 07/12/2006), aimed at protecting public health and its environment, stipulates that any person holding or producing waste with harmful effects is responsible for ensuring, or having others ensure, its elimination. Melik’s company Eco-oleo thus takes part in the National Environmental Protection Programme set up by the Kingdom to actively contribute in the fight against waste water pollution. The latter is said to represent a significant problem for the environment and a major Public Health issue: dispersed into nature, it pollutes ground water; and units in charge of treating it come across major difficulties when processing oil… In association with transport group Timar Maroc, the Eco-oleo team has therefore been collecting used oil in Morocco since 2011, mainly from restaurants and hotels choosing to adhere to an eco-friendly waste management programme (currently 60 collection points in Marrakech and 500 throughout the Moroccan territory, making for 700 tonnes collected per year). In practical terms, the company drops off suitably-sized barrels (25 to 1000 litres) outside partner establishment kitchens and into which kitchen staff pours the used oil. Drivers then come to pick up the barrels once full, replacing them with new empty, clean ones, until their next visit… The cooking oil is then transformed into biodiesel and exported to Europe. Indeed, the 2008 European directive requires every country in the EU to mix 5.75% biodiesel with classic diesel before selling it on at the pump. The aim is to reduce greenhouse gas emissions and energy expenses. Melik is delighted to note that an increasing number of companies are taking part in this sustainable development project. Great news in our opinion too! Tel : +212 5 22 54 19 00 - www.ecooleo.com The Sidi Ghanem hive More than a single busy bee, Mar-eco is a true hive of activity and has continued to grow since it was created less than a year ago. Frédéric and Saïd had the crazy idea of collecting cans and plastic bottles to sell them on to foreign recycling factories. In order to do so, they went all out: hundreds of restaurants, hotels and municipalities in Marrakech, right out to Tahanaout (the furthest being Terre d’Amanar), were invited to take part. Mar-eco sets up skips on their partners’ premises, which, in turn, sort the cans and bottles before they are dirtied. Lorries come to collect and plastic is paid 1.5 DH per kilo, compensation that represents additional motivation for sorting… “We currently own two 16 to 20 m3 trucks and we shall have to buy more fairly soon. Our 1800m² management plant in Sidi Ghanem is equipped with a baler, which can generate 300 to 500kg bales. We also have two 20m3 skips to deal with glass (which we redirect towards Casablanca recycling factories), and a whole load of essential equipment for optimising collections, explained Frédéric. Bottles, tops and cans are compressed separately and then sold by the tonne to Spanish and Italian factories, and soon to Belgium and Turkey. Demand is increasing since these plants need additional tonnage due to the rapidly-developing recycling market...”. Indeed, this youthful enterprise, which now employs a dozen people – including some living in the townships of the Sidi Ghanem area -, is set to develop throughout Morocco (Frédéric and Saïd are being solicited by Casablanca’ Morocco Mall amongst others). A first step towards a more formalised market and, first and foremost, selective sorting in the Marrakech region… www.mar-eco-recyclage.com

Baraka men Lmika! A Morocco without plastic bags… That is the dream of association Mawarid, created in 2009 by Yassine Zegzouti, surrounded by students and young people from various backgrounds but with a common unconditional faith in change. They have chosen to work preventatively, rallying a maximum number of people to their cause. Their first campaign, “Marrakech without plastic bags”, led in 2010 and 2011, has been extended this year to the entire nation, an action now backed by the Société Générale, which financed a Television campaign (a 50-second ad broadcasted on national channels last November), an original short liable to touch a maximum number of people, so we hope… The association is thus stepping up its awareness raising action in souks and schools, targeting municipal markets and consumers. Training workshops are also organised for shopkeepers in Marrakech, Agadir and Casablanca, following a yearly schedule. The awareness campaign is accompanied by a distribution of fair trade cotton ecobags. “The best solution to reduce the overconsumption of plastic bags is to deal with the source of the problem. The message we are trying to convey to shopkeepers and consumers is that they can choose to use reusable bags since this is the solution with the least impact on the environment (a scientifically proven fact). The only obstacle to the use of these bags is the cost of the investment, but we try to explain that this is a sustainable solution, long-term savings, since an eco-bag can be washed and reused…”. All of these actions, - which aim to develop Moroccans’ eco-awareness are listed and programmed on their website, in order to take stock their actions, and why not, take part. Indeed, Yassine’s objective is quite clear: “Getting people involved and taking part is essential to the success of environmental projects in Morocco.” The message is out! www.maroc-sans-sacsplastiques.com

Anonymous recyclers

El Mâati is 66 years old. When asked what his profession is, he answers none. “I am a talb mâachou, I take what God places on my path”. Since leaving the abattoirs – his previous life -, 16 years ago, he still gets up at 6 o’clock every morning, climbing up on his small karoussa and covering his neighbourhood collecting waste from hotel and villa bins. Is that not a profession? Not from his point of view: indeed, for him, this is only temporary, a bad patch… However, the long, painstaking work this man carries out is important, and particularly ecofriendly. El Mâati and all of this companions sort household waste when nothing has been designed for that purpose. And despite the total absence of monitoring from any organisation, this structure is organised into a hierarchy and runs very smoothly, run every day by these workers with their small carts. Each has his own area of activity, specialty and resale market. El Mâati collects 16kg of waste barehanded, which he sorts directly from the bin, earning him 30 dirhams per day. He burns the plastic bags at the waste collection site, sells transparent plastic bottles to pedlars, steel and opaque plastics to intermediaries, who in turn sell to recycling factories… Last but not least, he gives any organic waste to the few animals he owns, there, far in his douar, the home he goes back to every night.



088/VILLESRECUP’

Par Nathalie Rigoulet et Mélanie Polatova

les fourm s de la rEcup’ passion : recyclage !

“Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. Vous connaissez très certainement cette maxime d’Antoine Lavoisier (chimiste, philosophe et économiste du XVIIIe siècle) devenue ces dernières années un phénomène de mode… mais pas seulement ! Avec l’émergence chez les consommateurs de préoccupations dites éthiques, écologiques ou de développement durable, le recyclage a bel et bien le vent en poupe. Petit tour d’horizon, à Marrakech, où nous vous proposons de découvrir quelques créateurs bien inspirés... par le recyclage !


/ Pour un design Ethique

Armée d’un diplôme en Création Industrielle et d’une formation en Design Graphique, Sandrine Dole, jeune française de 35 ans installée à Marrakech, est ce pigeon voyageur qui parcourt le monde pour défendre un design éthique et responsable. Depuis 1999, elle intervient au Maroc, mais aussi dans d’autres pays en Afrique (Sénégal, Burkina Faso, Niger, Cameroun, Congo, Tanzanie, Madagascar), en Indonésie, en France et aux Pays-Bas, pour livrer des créations entre artisanat et industrie, avec, comme matières de prédilection, la céramique, le bois, le métal, les fibres végétales, le textile ou le cuir… Et, en toile de fond, le recyclage. Son premier projet, “Contrast city” (2009), valorisait le caoutchouc usagé à Marrakech dans une logique de commerce équitable. Il lui avait valu la création intégrale d’une nouvelle filière : de l’approvisionnement de déchets plastiques hautement polluants à la production d’une gamme d’accessoires (coussins, chemin de table, vide-poche...) inspirée des savoir-faire traditionnels. Aujourd’hui, en lançant “Alinfini”, c’est aux chutes de sangles de l’industrie automobile -utilisées pour fabriquer les ceintures de sécurité- que Sandrine s’intéresse. Un matériau ordinaire qu’elle recycle en sacs haute couture, étuis et pochettes produits artisanalement à Marrakech en série limitée. Une belle alliance entre design et artisanat, qui permet à Sandrine de poursuivre son parcours de designer engagé dans le développement durable. “Alinfini” : en vente au 33 Rue Majorelle, Marrakech (Design in situ) : sandrinedole.free.fr

/ L’art de tout recycler !

Après 14 années d’animation à la Mission Française de Casablanca, cinq au Palmeraie Golf Palace et de nombreux ateliers créatifs pour enfants, Meryem Kadmiri met aujourd’hui son imagination au service du Kids Club Pullman Palmeraie. Avec Abdellatif, Tariq et Latifa, elle fouine avec enthousiasme dans les déchets ménagers. Une mine d’or pour ces petites mains agiles qui convertissent bouteilles en plastique, canettes, papiers journaux, tissus, fils électriques, et autres cartons, en décors, jouets ou marionnettes qu’elle utilise pour faire de l’animation et des spectacles pour enfants. Pourquoi acheter quand on peut récupérer et transformer ? “J’avoue, il m’arrive de m’arrêter devant une poubelle, c’est un reflex, c’est un peu comme si j’allais faire mon marché !”. Contact : +212 6 61 45 55 28

/ Monsieur Michelin et ses chambres A air…

Dans la Médina, Thierry Coudert a gagné avec humour le surnom de “Monsieur Michelin” ! Cet artiste aux talents multiples recycle avec originalité, et un brin de folie, toutes les chambres à air qui lui tombent sous la main. Il fait le tour des casses, des garages, et comme tout le monde dans son quartier du Riad Zitoun El kedim sait qu’il récupère ces boyaux en caoutchouc, ils lui viennent aussi directement jusqu’à sa boutique atelier ! Le message est bien passé… Thierry amadoue cette matière brute, patinée, mate et malléable -découverte lors d’un voyage au Bénin-, pour la transformer en sacs, sacoches, cartables, étuis à lunettes, porte monnaie.. et même bijoux, costumes et chapeaux ! Autant dire que chaque pièce est unique. Riad Zitoun El kedim (à côté des boutiques créa pneus) Tel : +212 6 56 18 41 29

/ L’autre vision du pneu

Il y a deux ans, le Maroc découvrait Lahcen Iwi dans l’émission de télé réalité “Sanaât Bladi” où se sont mesurés 28 artisans marocains. Comment ne pas succomber au charme fou de ses lions, rhinocéros, éléphants, crocodiles, requins, cobras et papillons : des créations design entièrement en pneus ! Lahcen est tombé dans la marmite à l’âge de 8 ans, lorsqu’il aidait son père à fabriquer cruches et seaux découpés dans de vieux pneus… Pour réaliser ses sculptures, il part en quête de pneumatiques usagés dans les casses et garages, fait ses croquis et, avec des chutes de bois, monte une première structure qu’il recouvrira ensuite de bandes de pneus, telle une véritable peau. Lahcen pourrait s’essayer à d’autres styles, avec d’autres matériaux, mais la récup’ c’est son dada, pour notre plus grand plaisir... Lahcen Iwi : +212 6 62 48 34 58 – Exposé à la Galerie Design and Cook By Bruno : 166, Q.I Sidi Ghanem

/ MatEriaux rEcupErEs, œuvres inspirEes…

Les œuvres abstraites, sensuelles et délicates, de Yasmina Ziyat sont un véritable enchantement, tels des paysages devinés à travers des

voiles. Elle utilise quantité de matériaux usés, armatures grillagées, fil de nylon et de fer, papiers, tissus et pierre d’alun, qu’elle capte à la sauvette selon l’envie et l’inspiration. “Je récupère les tissus dans les souks de vêtements d’occasion, puis je les teins avec des pigments”. Ses œuvres, volontairement minimalistes, mettent en scène tous ces matériaux dont elle explore les possibilités à l’infini. Diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Tétouan, Yasmina expose ses créations au Maroc depuis 2005, et régulièrement à Marrakech à la Galerie Rê. Contact : +212 6 38 59 67 55

/ Des bidons et des bouteilles...

Ahmed Zoubid a un don certain pour donner un deuxième souffle aux déplaisants rebuts plastiques qui hantent nos poubelles. Il n’hésite pas à récupérer toutes sortes de bidons, bouteilles et autres bouts de plastiques, qu’il découpe, colle, puis transforme en sculptures drôles et colorées, personnages ou animaux au charme enfantin. A l’aube de ses 70 ans, Ahmed conserve -et attise- son regard d’adolescent et de doux rêveur ; serait-ce un clin d’œil à ses longues années d’instituteur ? Recycler est un jeu, un challenge, une belle parenthèse dans son travail d’artiste peintre… ou peut-être une continuité naturelle. Tel : +212 6 99 39 30 10

/ La fripe, c’est chic !

Patricia Vernadat manie parfaitement l’aiguille. Elle passe beaucoup de temps à faire le tour des braderies et friperies pour dénicher les petites perles de tissus à recycler en créations originales : pulls, tee-shirts, chemises, costumes, tailleurs et uniformes ; mais aussi draps, toiles à matelas, dessus de lit et couvertures… Une quête permanente, devenue particulièrement difficile en France ces dernières années, où les tissus intéressants ont été remplacés par de la fripe “pure pétrole“ Made in China ! Les escapades récentes de Patricia au Maroc l’ont décidées à s’y installer, séduite par de belles matières premières telles les couvertures traditionnelles en laine. Depuis 1987, sa passion pour le textile et les arts vivants l’a de nombreuses fois propulsée au devant de la scène avec la création de costumes pour des compagnies de théâtre et de danse. Tel : +212 6 79 05 57 05

/ Mais dis moi tout, marionnettiste…

Virginie Chevalier est née au Canada. Diplôme d’Arts Visuels en poche, elle s’en va parcourir l’Europe, l’Inde, le Japon et l’Amérique Centrale, avant qu’une rencontre amoureuse ne la transporte au Maroc. Artiste plasticienne de talent, tout ce que touche Virginie prend vie : elle imagine des marionnettes géantes, entièrement fabriquées à base de matériaux recyclés (papier, bouteilles, bouchon, terre, tissus...). “Je souhaite que les gens dans la rue puissent encore et encore apprécier ces héros qui animaient autrefois les places publiques”. Elle puise son inspiration dans les souks, elle aime aller à la rencontre des artisans, elle adore “toutes ces échoppes qui tiennent avec quelques bouts de ficelles” et se délecte des vieux tapis colorés emprunts d’histoires. “Je récupère ma matière brute au hasard des rencontres, sur le chemin, je me laisse guider par elle, je suis une collectionneuse, une cueilleuse de bonnes occasions”. Depuis 2007, Virginie forme de jeunes apprentis à la confection de marionnettes géantes inspirées du patrimoine marocain. On les a vues défiler au Festival Awaln’art, elles se préparent pour une tournée européenne l’été prochain. Contact : +212 6 55 88 68 15

/ Quand la rEcup’ est un poEme

Mobiles et tableaux aériens, légers, poétiques, cousus de fil de fer, de plumes, de cailloux, de pages de livres… Telles sont les créations de Nathalie Rigoulet, psychologue de formation, art thérapeute (et membre de la rédaction de la Tribune de Marrakech et du Mag), qui est venue à la création artistique naturellement, à force de bricolages et de travaux manuels récréatifs. “Une fois installée à Marrakech, j’ai découvert la Médina, source intarissable de matériaux, grâce aux trésors piochés ça et là chez les artisans : bobines de fer rouillé, bouts de tissu, chutes de cuir, débris de verre, perles, bois, laine, céramique… Tout est bon à prendre ! Bien sûr, je suis obligée d’acheter des éléments précis pour terminer certaines pièces, mais j’arrive aussi à récupérer pas mal de choses chez mes amis qui mettent de côté des pellicules usagées, des plumes, des pages de livres, et même des vêtements…”. Résultat : des œuvres qui flottent tels des messages romantiques, ludiques ou purement artistiques. Un peu comme un arbre à vœux, ou une lanterne céleste qui ne quitterait jamais le ciel de notre maison… Contact : +212 6 19 37 55 97 - Exposée au 33, Rue Majorelle


090/CITIESFEATURE

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BUSY RECYCLING BEES a passion for recycling

“Nothing is lost, nothing is created, all is transformed”. You have probably already heard this maxim by Antoine Lavoisier (18th century chemist, philosopher and economist), now the latest trend these past few years… but that’s not all! With the emergence of consumer concerns linked to ethics, environmental issues and sustainable development, recycling has the wind in its sails. Here is a quick Marrakech overview and a chance for you to discover a few creators very much inspired… by recycling! For ethical design

Armed with qualifications in Industrial Design and trained in Graphic Design, Sandrine Dole, a young 35 year-old Frenchwoman living in Marrakech, is a homing pigeon that travels the world to fight for ethical and responsible design. Since 1999, she has been working in Morocco and other countries in Africa (Senegal, Burkina Faso, Niger, Cameroon, Congo, Tanzania, Madagascar), Indonesia, France and the Netherlands, delivering designs combining craftsmanship and industry, with ceramics, wood, metal, plant fibres, fabric and leather as her preferred materials. Her first project, “Contrast city” (2009), developed the use of used rubber in Marrakech, in a fair trade project. An entirely new network was created: from supplying highly polluting plastic waste to producing a range of accessories (cushions, table runners, pocket tidies…) inspired by traditional expertise. Today, with the launch of “Alinfini”, Sandrine is focusing on scraps of car industry webbing, used to make safety belts. An ordinary material that she recycles into haute couture bags, cases and covers hand-crafted in Marrakech in limited series. A wonderful alliance between design and craftsmanship, enabling Sandrine to continue on her journey as a prosustainable development designer. “Alinfini”: on sale at 33 Rue Majorelle, Marrakech (Design in situ) : http://sandrinedole.free.fr

The art of recycling everything!

After 14 years running the Mission Française in Casablanca, five at the Palmeraie Golf Palace and various craft workshops for children, Meryem Kadmiri is now putting her imagination at the service of the Pullman Palmeraie Kids Club. With Abdellatif, Tariq and Latifa, she enthusiastically ferrets through household waste. A goldmine for these small, nimble fingers that convert plastic bottles, cans, newspaper, fabric, electric cables, and other cardboard items into scenery, toys or puppets she uses to entertain and put on shows for children. Why buy when you can recycle and transform? “I must admit that I sometimes stop in front of bins; it’s a jerk reaction, as if I was going shopping!”. Contact : +212 6 61 45 55 28

Mister Michelin and his inner tubes…

In the Medina, Thierry Coudert goes by the well-earned nickname of “Mister Michelin”! This artist with multiple talents recycles any inner tubes he can get his hands on with great originality, and a touch of eccentricity. He visirq scrap yards and garages, and with all of his neighbours in the know regarding his rubber tube collection, they also come directly to his studio and shop! The message is out there… Thierry coaxes this raw, patinated, mat and malleable material – discovered on a trip to Benin - into bags, satchels, glasses cases, purses… and even jewellery, costumes, and hats! Needless to say each piece is unique. Riad Zitoun El kedim (next to the créa pneus shops) Tel : +212 6 56 18 41 29

Another vision of the tyre

Two years ago, Morocco discovered Lahcen Iwi, one of 28 Moroccan artisans competing in reality TV show “Sanaât Bladi”. How could you not succumb to the absolute charm of his lions, rhinoceroses, elephants, crocodiles, sharks, cobras and butterflies: designer creations entirely made from tyres! Lahcen became passionate about this material at age 8, when he helped his father make pitchers and buckets cut from old tyres… To make his sculptures, he goes in search of used tyres in scrapyards and garages, sketches out his designs and, with scraps of wood, creates a first structure, which he then covers in strips of tyres to form a layer. Lahcen could easily try his hand at other styles and other materials, but recycling is his thing and for our greatest pleasure… Lahcen Iwi: +212 6 62 48 34 58 – Shown: Galerie Design and Cook By Bruno : 166, Q.I Sidi Ghanem

Recycled materials for inspired works of art

Yasmina Ziyat’s abstract, sensual and delicate work, not unlike veiled landscapes, is a true delight. She uses quantities of used materials, chicken wire, nylon thread and wire, fabric and alum stone, which she captures on

the sly according to her mood and inspiration. “I collect fabrics in secondhand clothing souks, which I dye with pigments”. Her pieces are voluntarily minimalist, and stage all of these materials, exploring their infinite possibilities. A graduate of the Tetouan School of Art, Yasmina has been exhibiting her creations in Morocco since 2005 and regularly at the Galerie Rê in Marrakech. Contact : +212 6 38 59 67 55

Of flasks and bottles...

Ahmed Zoubid has sure talent for giving a new lease of life to unpleasant plastic cast-offs that haunt our bins. He does not hesitate to recycle all kinds of flasks, bottles and other bits of plastic, which he cuts up, sticks then transforms into fun and colourful sculptures, people and animals with childlike charm. At the dawn of his 70th birthday, Ahmed retains – and stirs – his teenage and fantasist imagination; perhaps in a veiled reference to his many years spent teaching? Recycling is a game, a challenge, a wonderful digression in his work as a painter… or maybe just a natural continuity. Tel : +212 6 99 39 30 10

Second-hand clothing: so chic!

Patricia Vernadat is great with a needle. She spends a lot of time in discount centres and second-hand clothes shops to unearth those small wonders of fabric for recycling into original creations: jumpers, t-shirts, shirts, suits and uniforms; but also sheets, mattress canvas, bedspreads and blankets… A permanent quest, now particularly difficult in France these past few years, where interesting fabrics have been replaced by “pure petrol” Made in China items! Patricia’s recent breaks to Morocco were key in her decision to settle there, charmed by beautiful raw materials such as traditional woollen blankets. Since 1987, her passion for textile and performing arts have propelled her a number of times to the front of the stage with her costumer designs for theatre and dance companies. Tel : +212 6 79 05 57 05

Dear puppeteer…

Virginie Chevalier was born in Canada. With a Visual Arts Degree under her belt, she set off to travel Europe, India, Japan and Central America, before finding love and heading for Morocco. All that this talented visual artist touches comes to life: she creates puppets, made entirely from recycled materials (paper, bottles, bottle tops, earth, fabric…). “I want the people in the street to appreciate these heroes that once upon a time livened up public spaces over and again”. She gets her inspiration from the souks; she loves to meet with craftsmen, “all of these stalls that are held together with a few bits of string” and takes delight in old colourful carpets so full of history. “I collect my raw material along with the people I meet, on the way, I let myself be guided by them, I’m a great collector and always ready for a good opportunity or two”. Since 2007, Virginie has been training young apprentices in making giant puppets inspired by Moroccan heritage. They were recently out parading for the Awaln’art Festival and are preparing for a European tour next summer. Contact : +212 6 55 88 68 15

Poetic recycling

Mobiles and aerial scenes, light, poetic, stitched with wire, feathers, pebbles, book pages… Such can be described Nathalie Rigoulet’s creations, a trained psychologist and art therapist (not forgetting a member of the editorial team of the Tribune de Marrakech and the Mag), who came into the artistic creation world quite naturally, by dint of manual work and recreational crafting. “Once having settled in Marrakech, I discovered the Medina, an inexhaustible source of materials, thanks to treasures picked up here and there from craftsmen: bobbins of rusty wire, bits of fabric, scraps of leather, pieces of glass, beads, wood, wool, ceramics… Nothing is turned down! Of course, I have to buy specific items to finish certain pieces, but I also manage to collect a lot of things from my friends, who put aside used negatives, feathers, pages from books, and even clothing…”. The result is pieces that drift like romantic, fun or purely artistic messages. A little like a wish tree, or a celestial lantern that will forever light up our home skies… Contact : +212 6 19 37 55 97 - Shown : 33, Rue Majorelle


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LEGENDES : 1 - Crテゥations de Sandrine Dole 2 - Virgine Chevalier 3 - Sculpture de Lahcen Iwi 4 - ナ置vre de Yasmina Ziyat 5 - Meryem Kadmiri 6 - Patricia Vernadat 7 - Ahmed Zoubid 8 - Thierry Coudert 9 - Nathalie Rigoulet


Rien ne se perd tout se rEcupEre Photographe : Othman Zine Direction artistique : United Minds Mannequins : Sa창d Alami, Sandra Araujo, Marian Filali, Yasmina Khetib, Ghizlane Sahli-Sarnefors, Warsowie, Malika Zine. Coiffure et Maquillage : Marian Filali. Remerciements : Tarek Benlahcen, Bruno Faure (Galerie Design & Cook), Lahcen Iwi et Make Up Forever.


On a demandé aux créateurs marocains d’imaginer un vêtement entièrement à base de matériaux de récup’… Ils ont joué le jeu avec excitation. Le résultat est surprenant. A vous d’en juger…



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< Hassan Hajjaj “Sacs de farine industrielle, ironie de la société de consommation.” MODELES (de gauche à droite) : Ghizlane, Marian, Yasmina.

Ghizlane Sahli-Sarnefors / Alrazal “Sac poubelle, tuyaux, bouchons et bidons... Un rien l’habille !” MODELE : Warsowie.


> Patricia Vernadat “Restes de tapis et couvertures militaires…” MODELE : Saâd.

> Ghizlane Sahli-Sarnefors / Alrazal “Papier kraft, journaux et pailles plastiques… Superposition, structure et matière pour une robe tout en relief !” MODELE : Warsowie.




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< Thierry Coudert / “Monsieur Michelin” Un look 100% chambre à air : jupes, guêtres, coiffe, collier, armure, bracelets… Sculpture Lion en pneu : Lahcen Iwi. MODELES : Malika et Saâd.

Batoula Bencheikh Des sacs poubelle drapés et simplement scotchés. “Quand tu roules en voiture au Maroc, du désert à Chefchaouen, tu as des sacs plastique partout…” MODELE : Sandra.


> Art/C “Rideau de douche en plastique, j’aime la transparence et les fleurs… Un côté simple.” MODELE : Sandra.

> United Minds “Sac de blé et papier bulle, la mode peut largement être un reflet et un moyen d’étudier une société, tout se transforme, et rien ne se perd !” MODELE : Yasmina.




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< Salima Abdel Wahab “Sac de toile et papier kraft, comme si une personne lambda, avec un minimum de créativité, se confectionnait une tenue dans une décharge publique, avec des restes de déchets.” Sculpture Crocodile en pneu : Lahcen Iwi. MODELE : Saâd.

karim Tassi “Papier bulle… Pourquoi jeter les emballages, ils peuvent devenir haute couture !” MODELE : Ghizlane.


> Amal et Wafa “Une poupée stylée rock, en morceaux de ferrailles, grillages et papier métallique, sortis des vieux placards… et la coiffe en disque vinyle a remplacé la boite à musique.” MODELE : Yasmina.

> Kenza Melehi et Abel Damoussi (CrEation conjointe) “La boite est tombée et a trouvé son couvercle”, comme dirait Abel pour qualifier leur duo complémentaire (Abel a mis à la disposition de Kenza sa collection de magazines politiques, ndlr)… A la clé, “une robe socio politique qui traîne le monde pour le recycler with love.” MODELE : Yasmina.



106/VILLESVERTES

Par Marie Le Fort

green Récemment, Travel + Leisure parlait du “High Line Effect” comme d’un phénomène de société emblématique du nouveau millénaire. Les villes grandissent, les villes s’étouffent, aussi cherchent-elles à tout prix à s’oxygéner, à convier le “vert” au cœur de ses avenues ! Petit tour d’horizon de trois de ces nouvelles “Lignes Vertes” ou Eco-Quartiers. Eco District(s), Portland

Portland est, par excellence, la capitale verte, le laboratoire écologique des Etats-Unis. Aussi, 5 éco-districts pilotes -mis en place par le POSI (Portland Sustanaibility Institute)- emmènent le développement de cinq quartiers urbains totalement différents : du plus pauvre au plus commercial, en passant par le plus central ou universitaire. Situé le long de la rivière Willamette, le nouveau quartier de South Waterfront est une référence à l’échelle du pays : récent, cet écodistrict de plus de 15 hectares, dont un hectare de toits-verts, a été construit pour répondre à la demande du personnel universitaire et hospitalier. Relié aux hôpitaux par un Aerial Tram novateur (sorte de télécabine urbain qui permet aux équipes médicales d’être à pied d’œuvre), ce complexe d’immeubles écologiques (LEED Silver et LEED Gold en jargon américain) posent de nouveaux jalons pour mener une vie responsable. Depuis sa mise en place, c’est près de 103 millions de kilowatts et 151 millions de litres d’eau qui ont été économisés grâce à une gestion optimale de l’architecture et de l’usage publique. Relié au reste de la ville par une ligne de tram et des pistes cyclables, cet écodistrict accueille aussi des bornes ZipCar ou Car2go

Chelsea Grasslands

-location de voitures électriques– ou services communautaires et écologiques : parmi les plus “intelligents”, on trouve Bee Cleaners & Tailors, pressing bio fondé en 1951 qui n’utilise aucun détergent et fait appel à des solvants alternatifs non toxiques (contrairement au perchloroéthylène, cancérigène, utilisé dans 95% des cas) ou GetAround, un système de location de voiture de voisinage, qui permet d’emprunter la berline ou camionnette de son voisin pour une course ou une demi-journée, de 3 à 15 dollars de l’heure. Dans la logique des éco-districts, la ville de Portland a aussi mis en place un service de recyclage des fonds de pots de peinture pour les mélanger, reformater et les proposer ensuite à moindre coût ! Une municipalité en tous points proactive.

Eco District


Washington Grasslands

High Line - Sundeck

High Line, New York

Autre challenge, autre espace public-privé, le projet du High Line dans le Meatpacking District permit à Diller Scofidio + Renfro d’imposer leur marque de fabrique à Manhattan, non sans intelligence et subtilité. Ancienne voie de chemin de fer étroite et surélevée qui court de la 14ème à la 20ème rue, le High Line était tombé à l’abandon et devenu la proie des promoteurs immobiliers qui spéculaient sur sa démolition. Sauvée in extremis par l’association Friends of the Highline, il fut décidé de convertir l’ensembles

de la voie en un parc public linéaire. Désireux de préserver l’idée d’un espace paysagé –où la nature reprend ses droits-, qui coexisterait avec une voie publique accessible à tous, l’agence mit au point un système de pavages qui ressemblent à de longues lattes : celles-ci alternent entre surfaces en dur et sol végétal pour donner l’impression que la nature se tient toujours prête à éclore, entre deux fissures. Véritable jardin architectural suspendu au cœur de Manhattan, la végétation y reprend naturellement ses droits en accord avec les saisons. Flottant au-dessus de la ville, la High

Line serpente entre les rues, enjambe les voies ou flirte avec les façades. Et avec elle, Manhattan dévoile son nouveau visage vert. Et à Ricardo Scofidio de conclure : “Nous ne croyons pas en une architecture qui fait table rase de tout. Notre époque est celle d’une architecture attentive et équilibrée. Et même si la discipline restera toujours considérée comme un extra, un excès même, elle crée une interface unique et privilégiée entre espaces intérieurs et extérieurs, entre la ville et ses habitants. Un gage de paix et d’harmonie”. www.thehighline.org


108/VILLESVERTES

Docklands, Dublin Prenant le contrepied de nombreux développements culturels et paysagés, les docks de Dublin, réhabilités à grand coût depuis une décennie, embrassent l’architecture contemporaine et la végétation native de ces anciens marécages ouverts. Emblématique, le pont Samuel Beckett dessiné par Santiago Calatrava en forme de harpe blanche, relie les deux rives au plus proche de la Mer d’Irlande pour donner accès –précisément- à ces anciens entrepôts et wetlands inhospitaliers. Si d’un côté, le Convention Center, imaginé par l’illustre enfant du pays et prix Pritzker d’Architecture Kevin Roche, apparaît massif, de l’autre, se cache un projet d’envergure internationale. Pensez Architecture 2.0. Erigé par Daniel Liebeskind, le Grand Canal Theatre se découvre comme un théâtre de 2.000 places en forme d’un sculptural diamant argent biseauté. Inscrit sur une vaste place de 10.000m2 –aménagée en lieu et place des anciens marécages–, il est desservi par une “coulée rouge” en résine de verre, qui court le long du dock, jusqu’à la rivière. En chemin, il croise un ensemble de bacs et formes polygonales ouvertes qui accueillent broussailles et herbes folles : respectueuse de la végétation d’origine des marécages, cette harmonieuse composition est le travail de l’urbaniste américaine Martha Schwartz, qui soulignait en marge de l’inauguration : “C’est sans aucun doute le projet d’aménagement le plus innovant jamais entrepris en Irlande. Un vrai pas en avant vers une symbiose entre culture et préservation de l’environnement” ! www.ddda.ie

“Cause & Effect : Visualizing Sustainability” L’écologie et le respect de l’environnement sont devenus deux mots incontournables de l’aménagement urbain, du développement de la société moderne. Compilant de nombreuses campagnes de communication et initiatives visuelles, l’ouvrage “Cause & Effect - Visualizing Sustainability”, paru aux éditions Gestalten, repousse les limites du graphisme pour imaginer un nouveau Langage Vert. Ironiques, intelligents, techniques, percutants, dramatiques, tous les moyens créatifs sont bons pour faire passer un message clair et fort. A dévorer du regard pour changer de point de vue sur le monde qui nous entoure, pour mieux prendre conscience de nos modes de consommation. “Cause & Effect” de R. Klanten, S. Ehmann et S. Bohle, paru aux éditions Gestalten, 39,90 euros http://shop.gestalten.com/index.php/catalog/ product/view/id/4972

Dublin


EN

High Line, New York

green Recently, Travel + Leisure talked of the “High Line Effect” as the new millennium’s emblematic social phenomenon. Cities are growing, towns are suffocating and both are in need of fresh air at any cost, striving to invite “green spaces” into their streets! Here is a brief overview of three of these new “Green Lines” or Eco-districts. Eco District(s), Portland Portland is, par excellence, the green capital and ecological laboratory of the United States. Thus, 5 pilot eco-districts – set up by the POSI (Portland Sustainability Institute) - lead the development of five completely different urban districts: from the poorest to the most commercial, not forgetting the most central or university-centred. Located along the river Willamette, the new South Waterfront district is a nationwide reference: this recent eco-district spanning more than 15 hectares, including one hectare of green roofs, was built at the request of university and hospital staff. Linked to the hospitals by an innovative Aerial Tram (a kind of urban cable car allowing medical teams to get to work with greater ease), this complex of ecological buildings (LEED Silver and LEED Gold in American terms) paves the way for a responsible lifestyle. From the start, nearly 103 million kilowatts and 151 million litres of water have been saved thanks to optimised architectural management and public use. Linked to the rest of the city by a tramline and cycle lanes, this eco-district also offers ZipCar and Car2go– electric car rental – terminals and community and eco-friendly services. Among the most “intelligent”, Bee Cleaners & Tailors, an organic dry-cleaners founded in 1951, does without detergents and uses non-toxic alternative solvents (as opposed to carcinogenic perchloroethylene, used in 95% of cases) and GetAround, a neighbourhood car rental system, enables you to borrow your neighbour’s saloon car or van for a one-off trip or half-a-day, at 3 to 15 dollars an hour. In the same vein, the city of Portland also set up a recycling service for leftover paint, blending and reformatting it in order to offer it up at low cost! What you call a fully proactive!

Another challenge, another public-private space: the High Line project in the Meatpacking District helped Diller Scofidio + Renfro put their mark on Manhattan, with great intelligence and subtlety. Old narrow and elevated train tracks running from 14th to 20th street, the High Line was left in a state of neglect and prey to property developers who speculated on its demolition. Saved at the last minute by the association Friends of the Highline, it was decided to convert the entire line into a linear public park. Eager to retain the idea of a landscaped area - where nature could reassert itself -, which would also coexist with a public highway accessible to all, the agency created a paving system that looks like long boards: these alternate between hard surfaces and soil to give the impression that nature is always ready to blossom between two cracks. A real architectural garden suspended in the heart of Manhattan, the vegetation takes over naturally, in keeping with the seasons. Floating above the city, the High Line meanders between the streets, stretches across roads and skims building facades. Manhattan has unveiled a new green facet. Ricardo Scofidio concludes: “We do not believe in architecture that makes a clean sweep of everything. Our era is that of thoughtful, balanced architecture. And even if this is considered as an extra, a surplus even, it creates a unique and special interface between inside and outside spaces, between the city and its inhabitants, for guaranteed peace and harmony”. www.thehighline.org

“Cause & Effect : Visualizing Sustainability” Ecology and environmental protection have become two essential terms in urban development and the development of a modern society. Compiling various communication campaigns and visual initiatives, the publication “Cause & Effect - Visualizing Sustainability”, published by Gestalten, pushes back the boundaries of graphics to create a new Green Language. Ironic, intelligent, technical, powerful, dramatic, all creative resources are relevant to convey a clear, hard-hitting message. A visual delight that will change your point of view of the world that surrounds you, and raise awareness of our consumption habits. “Cause & Effect” by R. Klanten, S. Ehmann and S. Bohle, published by Gestalten, 39.90€. http://shop.gestalten.com/index.php/ catalog/product/view/id/4972

Docklands, Dublin As opposed to the numerous cultural and landscaped developments, Dublin’s docks, rehabilitated at great cost these past ten years, embraces modern architecture and vegetation native to these old open marshes. The emblematic Samuel Beckett Bridge drawn by Santiago Calatrava in the shape of a white harp links the two shores closest to the Irish Sea to give access - with great precision - to these old warehouses and inhospitable wetlands. If on one side, the Convention Centre imagined by Irish-born-and-bred, Pritzker Architecture prizewinner Kevin Roche, makes for quite a mass, the other hides a project of international dimensions. Think Architecture 2.0. Erected by Daniel Liebeskind, the Grand Canal Theatre houses 2000 seats in its bevelled silver and sculptural diamond shape. Set in a vast 10,000m² area - where marshes once lay -, a “red river” of glass resin runs along the dock to the river. Along the way, it crosses a series of planters and open polygonal shapes, home to brushwood and wild grasses: respectful of the original wetland vegetation, this harmonious composition is the work of American urban developer Martha Schwartz, who underlined on the sidelines of the inauguration: “It is without a doubt the most innovative development project ever carried out in Ireland. A true step forward with a symbiosis between culture and environmental protection”! www.ddda.ie

Rooftop

Eco District

Natural freeway


110/VILLESMONTAGNE

Par Mélanie Polatova

Une immense montagne a gravir L’été dernier a eu lieu la deuxième édition de “Mountain Propre”, une opération de ramassage des ordures dans le Parc National du Toubkal, initiée par Aniko Boehler (expert en solutions environnementales), et soutenue par la fondation suisse Summit, ainsi que la Kasbah du Toubkal, hôtel réputé de la région. Bilan.

J

e m’enrôle dans l’expédition, heureuse de contribuer à une opération aussi gratifiante : nettoyer la montagne, distribuer des affiches et des messages de protection de la nature, tout en m’offrant deux jours de trek. A mon arrivée, une première équipe est déjà partie l’avant-veille pour atteindre le Toubkal, et nettoyer les zones environnantes des refuges, principaux périmètres concernés par la pollution des nombreux trekkeurs. J’appartiens à la 2ème équipe, constituée de Marrakchis, mais aussi d’un reporter anglais venu de Valencia, d’une étudiante canadienne et d’un groupe de volontaires de la Fondation du Crédit Agricole, qui œuvre activement dans le domaine de l’agro-écologie et du micro crédit agricole. Equipés de sacs en toile de parapente et de tee-shirts aux couleurs de l’opération, nous voilà partis pour près de 3h de marche, le but à atteindre étant Chamarouch, étape où les trekkeurs s’arrêtent déjeuner… Pause picnic au bord de la cascade, où quelques jeunes font du camping sauvage. Aniko m’explique : “Nettoyer la montagne un jour par an, c’est bien. Mais évidemment, ce n’est pas suffisant. Nous sommes là pour sensibiliser les marcheurs, rallier les muletiers à notre cause -leur participation est fondamentale- et tenter de trouver des solutions pour que les visiteurs et habitants du Parc National adoptent le réflexe de protection de l’environnement. Pour la montagne, le tourisme, l’économie… pour eux, tout simplement !” Mais en réalité, la problématique est bien plus complexe : le Parc National du Toubkal est voué à lui-même, il n’est pas surveillé, donc absolument pas protégé. Les campeurs et marcheurs abandonnent leurs ordures derrière des grosses pierres, certaines à moitié brûlées, toujours nauséabondes. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’existe, dans le parc du Toubkal, aucune poubelle ni benne à ordure ! L’objectif est donc de placer des réceptacles, encore faut-il trouver le moyen de collecter les déchets (un système de collecte avec l’implication des muletiers est en gestation) et ensuite, savoir où les jeter… Car à Imlil, point de départ des randonneurs, la déchetterie est un carré de crémation à ciel ouvert, à proximité des habitations. Après avoir ramassé une dizaine de sacs de 120 litres, nous redescendons, un peu désillusionnés par la grandeur effective de la tâche. Mais en

quittant le site, je me retourne et vois deux jeunes nous imiter : ils ramassent des bouteilles de soda de l’autre côté de la rivière, et les mettent dans un sac que nous leur avons laissé… Sur la route du retour, des trekkeurs nous remercient, certains nous demandent des sacs, d’autres rient quand nous leur parlons de notre cause. Le lendemain, nous nous enrôlons dans la “Brigade Verte” ; enfiler l’uniforme de l’agent moralisateur est plus aisé pour certains que pour d’autres… Mais c’est la journée de sensibilisation, fondamentale dans notre mission. Nous parcourons Imlil, ses gites, ses épiciers, pour poser des affiches et ramasser des déchets. Je croise un jeune guide, Hassan, dit Kaw-kaw, qui est lui-même allé chercher un tee-shirt “logotisé” au Q.G. d’Aniko le matin-même. Il a passé la matinée à traquer les ordures avec des jeunes du village, il est particulièrement motivé : “vous voyez toutes ces familles qui viennent pique-niquer le week-end (c’est en effet une foule de centaines de personnes qui débarque chaque semaine, ndlr), eh bien, vous pouvez être sûr que la totalité de ce que contiennent leurs sacs va atterrir dans la rivière et sur les berges. Moi, j’aimerais avoir un badge et aller parler à tous ces groupes de gens, leur expliquer qu’il faut jeter les ordures à la poubelle. Et pour que ça marche vraiment, il faudrait faire payer des amendes aux pollueurs !” Nous sommes ici face à un fléau national : celui des ordures et sacs plastiques, qui soit s’envolent faute de place dans les bennes, soit sont tout simplement abandonnés dans la nature. Et surtout, les déchetteries à ciel ouvert, sources scandaleuses de pollution de l’air. C’est un travail monumental de sensibilisation et de logistique, qui doit se faire en collaboration avec l’Etat, les communes, l’Education Nationale… Mais les budgets liés à l’environnement ne semblent pas prioritaires. Avant ce week-end, je ne voyais que la face émergée de l’iceberg… Je ne comprenais pas l’ampleur de la tâche, qui m’apparaît aujourd’hui comme une immense montagne à gravir. Mais le peu de jeunes qui ont adhéré à cette cause et nous ont suivis pendant cette opération, justifient à eux seuls le mal que se donnent Aniko, Rachid, Kaw-Kaw, Loïc, Tom… Et tous les volontaires qui s’investissent le temps d’un week-end.

Les experts : “Nous préparons ensemble l’implantation du Projet dans toute la vallée, et son extension dans la vallée d’Asni avec le soutien de la Kasbah Tamadot. Et l’été prochain, rendez-vous à l’Oukaimeden et ensuite, à l’Ourika !” Aniko. Aniko a créé l’association Mountain Propre en 2010, en collaboration avec l’Association du Village, fondée par Mike en 1995, propriétaire de la Kasbah du Toubkal, dont l’objectif est la valorisation et la protection du Parc National du Toubkal.

Tom représente la Summit Foundation (Suisse) dont l’expertise a permis de mettre en place l’opération “Mountain Propre”.

Loïc prépare son doctorat en écologie industrielle. Il étudie la typologie et la cartographie des déchets pour mettre en place des systèmes de collecte et de recyclage.

Rachid est le premier officier environnemental de Mountain Propre ! Une mission pour laquelle il a été formé depuis plus d’un an, et qu’il espère partager bientôt avec d’autres gardiens du Parc (il en faudrait une vingtaine) dès qu’il y aura des subventions ou autre solution de financement…


EN

A huge mountain to climb Last summer was held the second edition of “Mountain Propre” [Clean Mountain], a waste collection operation in Toubkal National Park initiated by environmental solutions expert Aniko Boehler, and backed by the Swiss foundation Summit as well as the Kasbah du Toubkal, a renowned hotel in the region. is left to its own devices, unguarded and therefore completely unprotected. Campers and walkers abandon their waste behind large stones, some halfburnt and always putrid. Amazingly, there are no bins or dustcarts in the Toubkal park! The aim is therefore to put in receptacles, and also find a way of collecting the waste (a collection system involving mule-drivers is in the pipeline) and then somewhere to discard it… Indeed in Imlil, the starting point for hikers is the waste collection site, an open, square cremation ground, located a stone’s throw away from dwelling places. After having picked up the equivalent of a dozen 120 litre bags, we made our way back down, a little disillusioned by the actual extent of the task at hand. However, on leaving this site, I turned around to see two young people doing the same as us: they were picking up soda bottles on the other side of the river and were putting them in a bag we had left them… On the way home, trekkers thanked us, some asked for bags, yet others laughed when we told them of our cause.

I

signed up for the expedition happy to take part in such a rewarding operation: cleaning up the mountain, handing out posters and delivering environmental protection messages, whilst enjoying two days of trekking. On arrival, a first team had already set off the day before to reach Toubkal and clean the perimeter surrounding the mountain refuges, the main areas concerned by the pollution linked to the numerous trekkers. I was part of the 2nd team, made up mainly of Marrakech inhabitants, but also of an English reporter from Valencia, a Canadian student and a group of volunteers from the Crédit Agricole Foundation, very active in the agro-ecology sector and microcredits for the agricultural world. Equipped with bags made from paraglider fabric and sporting t-shirts printed specially for the operation, we headed out for nearly 3 hours of walking, the aim being to reach Chamarouch where trekkers stop for lunch… A picnic break by the waterfall and a wilderness camping spot for a few young people. Aniko explains: “Cleaning up the mountain one day a year is good but is of course far from sufficient. We are here to raise walkers’ awareness, rally the mule-drivers to our cause – their participation being essential – and to try to find solutions encouraging visitors and inhabitants of the National Park to protect the environment instinctively. For the mountain, for tourism, for the economy… and quite simply just for them!” However, in reality, the issue is far more complex: Toubkal National Park

The next day, we enrolled in the “Green Brigade”; putting on the uniform of the moralizing agent is easier for some than others… Nevertheless, this awareness day was an essential part of our mission. We covered Imlil, its self-catering accommodation and greengrocers, putting up posters and picking up waste. I came across Hassan, a young guide known as Kawkaw, who had been to get a “logoed” t-shirt at Aniko’s headquarters that very same morning. He spent the morning tracking down rubbish with the village’s young people, and was particularly motivated: “you see all those families who come to picnic here at weekends (ed: a crowd of hundreds of people does indeed turn up every week)? Well, you can be sure that all they have carried here in their bags will end up in the river and on the banks. I would love to wear and badge and go and talk to all of these groups of people, to explain that rubbish has to be thrown away in bins. And for that to really work, polluters should be fined!” What we are facing is a national scourge: rubbish and plastic bags flying fly away due to overflowing skips, or quite simply abandoned in the countryside. And last but not least, scandalous sources of air pollution in the shape of opencast waste collection sites. A colossal awareness and logistic effort needs to be made in collaboration with the government, the municipalities, the Ministry of Education… but budgets linked to the environment are low on the list of priorities. Before this weekend, I had only seen the tip of the iceberg… I did not understand the sheer scale of the task that looms like a huge mountain to climb. However, the few young people who adhered to this cause and followed us during this operation are justification enough for all the work put in by Aniko, Rachid, Kaw-Kaw, Loïc, Tom… and all the volunteers who take part over the weekend.

The experts: “We prepare the project’s deployment together throughout the valley, and its extension into the valley of Asni with the support of the Kasbah Tamadot. Next summer, we’re moving on to Oukaimeden and then the Ourika!” Aniko. Aniko created the association Mountain Propre in 2010, in collaboration with the ‘Association du Village’ founded by Mike in 1995, owner of the Kasbah du Toubkal, whose aim is to enhance and protect the Toubkal National Park. Loïc is preparing his PhD in industrial ecology. He studies the typology and cartography of waste to set up waste collection and recycling systems. Tom represents the Summit Foundation (Switzerland) whose expertise helped set up the “Mountain Propre” operation. Rachid is Mountain Propre’s first environmental officer! A mission for which he received training over more than a year, and which he soon hopes to share with other Park rangers (twenty or so are needed) as soon as subsidies or other funding solutions are found…


LL I got the blame Mural Arts Program



114/VILLESSTREETART

Par Marie Le Fort

Dans la rue Impossible de fermer les yeux, le Street Art a conquis le cœur de nos villes : mieux, il s’impose comme un terrain d’expression artistique et politique qui lui vaut non seulement une reconnaissance internationale, mais lui permet de s’inviter dans des espaces d’exposition. Encore mieux, des musées ou des villes-mondes. Décryptage. JR, work in progress

Les “100 Artistes du Street Art”

D

epuis les années 1970, l’art a pris d’assaut la rue. Affiches, stickers, peintures, collages, pochoirs, graffiti se sont invités sur les murs de nos villes. Parfois hors la loi... dans un premier temps, toujours en-dehors des institutions classiques, la spontanéité de ces artistes a donné un nouveau souffle aux arts graphiques. Une envie folle et irrépressible de s’exprimer aux yeux de tous et sans limites dans l’espace urbain. “Des graffitis de Futura 2000 aux sérigraphies d’Ernest PignonErnest, en passant par les affiches de Shepard Fairey et les mosaïques de Space Invader, le Street Art ne cesse depuis de nous étonner et de se renouveler”, explique Marie Maertens, diplômée en Histoire de l’Art, journaliste et critique d’art, co-auteur avec Paul Ardenne de l’ouvrage

“100 Artistes du Street Art”, paru aux éditions de La Martinière. “Je trouve que le Street Art est devenu une discipline à part entière ces dernières années : il a quitté le côté purement “Art de Rue” et s’est vu habiter par des artistes contemporains, qui exposent d’ailleurs en galerie. Il a évolué et s’est enrichi de nouvelles pratiques, médiums, collages et messages politiques... et on est bien loin du simple tag. La naissance du Street Art à la fin des années 60/début des années 70 répondait à un besoin très précis, à savoir la critique du White Cube et de l’art minimal. Il était en outre porté par l’expansion avec la musique hip-hop. Aujourd’hui, les artistes arrivent à répondre à d’autres préoccupations et on assiste à l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes. Comme Olivier Kosta Théfaine, qui travaille sur l’urbanisme et l’environnement ; Cedric Berdadotte qui installe des films transparents dans la rue, là aussi pour développer un autre regard sur la ville. A son tour, Delta est féru de mathématique et de design industriel, tandis qu’Ericalcaine poétise l’animal, et que Sean Hart et Rero travaillent beaucoup sur le jeu de mots in situ, etc. Tous ces travaux sont très subtils, presque monochromes, et viennent contrebalancer de “grands classiques” signés Shepard Fairey, Ikon, Jonone, Barry McGee, les œuvres du Brésilien engagé Alexandre Orion ou d’un Chinois comme Zhang Dali”, renchérit Marie Maertens.


Adam Wallacavage

Philadelphie et son Mural Arts Program

A

u-delà des identités individuelles –souvent cachées, masquées, détournées, car les Street Artists protègent délibérément leur identité–, certaines villes jouent la carte de l’art urbain pour jouer la carte de l’intégration. C’est le cas de Philadelphie avec son Mural Arts Program. Au-delà des grandes institutions artistiques qui font sa renommée, la ville possède un autre patrimoine artistique, beaucoup moins connu mais résolument plus moderne : animée par quelque 3.000 fresques de Street Art, appelés “Murals”, ses rues, façades, parkings et autres murs aveugles prennent une nouvelle dimension. Initié il y a 25 ans par le maire Wilson Goode et la brillante artiste Jane Golden, le Mural Arts Program (MAP) fut lancé pour combattre les graffitis qui envahissaient les murs de la ville. Ce programme visait à impliquer de jeunes délinquants pour nettoyer ou recouvrir les tags, tout en essayant de recréer le tissu social, particulièrement mis à mal dans

les quartiers noirs, théâtre de violentes émeutes. Jane Golden, alors fraîchement diplômée de Stanford, elle-même fille d’artistes nourrie aux fresques murales de Diego Rivera, pilote le projet avec tant de passion et détermination que le MAP est aujourd’hui devenu un élément incontournable de la politique socio-culturelle de la ville. “Art saves life” (l’art sauve la vie), se plaît à répéter Jane Golden, qui voit dans la peinture murale “une fabuleuse opportunité de ramener de la beauté et du respect au sein d’une communauté. Dans les quartiers défavorisés, les gens perçoivent les graffitis comme un symbole d’impuissance. Le fait que chaque surface extérieure soit recouverte de graffitis leur rappelle que leur quartier échappe à tout contrôle. Une fresque représentant un magnifique paysage est le signe que les gens se sentent concernés et que les choses peuvent changer. C’est une déclaration politique”, confie cette activiste. www.muralarts.org

Mural Art Program - Nursing


116/VILLESSTREETART

“Women Are Heroes” Nairobi, Kenya, 2009 2.000m2 de toile sur les toits de plusieurs maisons du bidonville de Kibera, représentant les portraits des femmes qui y habitent.

“Women Are Heroes”, Rio de Janeiro, Brésil, 2008 Visages et regards de femmes, réunissant subitement la colline et le village dans un regard féminin, dans la Favela Morro da Providência

“Women Are Heroes”, Phnom Penh, Cambodge, 2009 Femmes qui luttent pour conserver leur maison dans le bidonville de Day Krahorn qui fait l’objet de “projets d’aménagement”.

JR, “l’artiviste” au grand cœur

D

e déclaration politique, il est aussi question dans le travail de “l’artiviste” français JR –comme on le surnomme désormais. Du haut de ses 28 ans, il anime la planète de clichés qui reflètent la condition humaine : jeunes de banlieues, femmes de favelas ou bidonvilles, travailleurs Israéliens et Palestiniens ou Tunisiens prêts à sa battre pour un ordre nouveau, il dresse le portrait, des milliers de portraits, d’un monde en marche.Artiste, il l’est. Activiste, aussi. Politique ? Egalement. Car quand JR habille la favela de Providencia à Rio de Janeiro d’une multitude de visages et regards, il fait davantage pour placer la favela sur la carte du monde que n’importe quel maire de Rio. Voir président Brésilien. Pour autant JR se défend d’être “politique” : “Je ne fais pas dans l’art engagé mais engageant”, lance l’artiviste qui appréhende le monde en mouvement comme une galerie à ciel ouvert. “Je ne suis pas un porte-parole. Le rôle d’un artiste est de soulever des questions, pas forcément d’apporter des réponses”. Et pourtant, celui qui semble méticuleusement choisir des points chauds, nœuds stratégiques ou géopolitiques pour mettre en scène des messages coup de poing, révèle tour à tour des inégalités fondamentales. Invoque la paix, la liberté, le respect de l’identité d’autrui et l’engagement citoyen. JR. Deux lettres qui sous-tendent un parcours de graffeur. Deux lettres pour préserver son anonymat et laisser la parole aux autres. Parisien, de sang tunisien et slave, le jeune adolescent tague en banlieue jusqu’à ses 17 ans, âge auquel il trouve un appareil photo au métro Etoile. Là, il commence à photographier ses “potes en train de taguer pour garder un témoignage de leur action”. Petit à petit, sa démarche prend de l’élan : photocopiant ces portraits en situation pour les leur donner, il se met, en parallèle, à les coller partout où il va… pour laisser une trace de leur art. “En fait, je me suis rendu compte que je taguais le nom de mes amis partout”, se souvient-il. Leitmotiv de son travail, les portraits le poursuivent, hantent le cœur des villes. En 2005, l’activiste se lance dans un portrait des banlieues parisiennes avec le premier volet de sa série 28 Millimètres, “Clichy sans Clichés” : d’immenses photos de jeunes des banlieues grimaçants se retrouvent placardés dans les quartiers bourgeois de Paris. D’abord interdits, jugés provocateurs et illégaux, ils seront finalement officialisés par la Marie de Paris et affichés à la vue de tous sur le parvis de l’Hôtel de Ville parisien. Moment tournant, pivot de sa carrière, JR sort alors de l’ombre pour devenir un artiste reconnu. En 2007, son œuvre prend une stature internationale avec “Face 2 Face” : “j’entendais constamment parler d’Israël à la télévision, j’ai eu envie d’aller voir”, se souvient-il. De chaque côté du mur de séparation, il photographie au 28 millimètres (NDLR : nom de sa

série principale déclinée en trois volets) des Israéliens et Palestiniens qui font le même métier, et placarde leurs portraits hilares, par paire, de chaque côté du mur. Il travaille sans autorisation, censure ni menace. Rapidement, l’histoire, animée par une forme de comique grotesque, fait le tour du monde et quand JR et son équipe quitte les lieux, les deux côtés continuèrent à en parler, à comparer ces visages, voire à se rapprocher. Les médias locaux rencontrent quant à eux les acteurs locaux, interviewent les figurants. “Passer de l’autre côté” –d’une frontière, d’une réalité, d’un conflit-, voilà bien un autre moteur pour JR. Appelé par la révolution tunisienne en marche, il s’est rendu sur place en mars 2011 pour tapisser les murs de lieux symboliques de la révolution de 100 visages tunisiens. En faisant participer le plus de volontaires possibles, il souhaitait voir les habitants des villes s’inviter acteurs et réalisateurs de cette exposition. Un projet qui prit comme une traînée de poudre… pacifiste. Et éphémère. Jeune lauréat du prix TED, attribué précédemment à Bono ou Bill Clinton, JR s’est récemment vu récompensé pour une personnalité “exceptionnelle” et invité à émettre un “vœu pour changer le monde” (que la fondation TED se chargera de réaliser). Et si JR n’a sans doute jamais “rêvé” son action en ces termes – un vaste programme que de changer le monde !–, il est assurément porté par une fibre humaniste. JR, un artiviste au grand cœur qui emmène la discipline du Street Art dans la cour des Grands. www.jr-art.net

> ON THE WATCH ! Illustré par des peintures, des collages, des graffitis ou des pochoirs..., le livre “100 Artistes du Street Art” dresse un panorama international de cet art contemporain populaire, présent aux coins de nos rues, à travers 100 artistes dont les plus importants, à ce jour, sont : 1-Bansky (UK) 2-JR (France) 3-Keith Haring (USA) 4-Swoon (USA) 5-VHILS aka Alexandre Farto (Portugal)

6-Sam3 (Espagne) 7-Zhang Dali (Chine) 8-Know Hope (Israel) 9-Lady Aiko (Japon) 10-Reach (Taiwan)


EN

Into the Streets! There for all to see, Street Art has won over our cities’ hearts: better still, it has asserted itself as an artistic and political means of expression, which has not only given it international recognition but has even opened the doors of exhibition spaces, museums and major cities across the world. We decided to take a closer look. “100 Street Art Artists”

JR, “the big-hearted artivist”

Since the 1970s, art as taken over the streets. Posters, stickers, paintings, collages, stencil drawings and graffiti cover our city walls. Sometimes illegally… and at first, always outside of the classic institutions, the spontaneity of these artists has given a new lease of life to visual arts. A tremendous, irrepressible need to express oneself to one and all and without restriction in an urban setting. “From Futura 2000 graffiti to Ernest Pignon-Ernest screen prints, not forgetting Shepard Fairey posters and Space Invader mosaics, Street Art has never ceased to amaze and renew itself”, explains Marie Maertens, a History of Art graduate, journalist and art critic, co-author alongside Paul Ardenne of the book “100 Artistes du Street Art” [100 Street Art Artists], published by La Martinière. “I find that Street Art has become a discipline in its own right these past few years: it has left behind the purely “Art in the Street” dimension and has been carried by modern artists, who exhibit their work in galleries. It has evolved and developed new practices, media, collages and political messages… a far cry from the humble tag. The birth of Street Art at the end of the 1960s and beginning of the 1970s met a very precise need, a criticism of White Cube and minimal art. It moreover expanded with hip-hop music. Today, artists deal with other issues and we can see the emergence of a new generation of artists, such as Olivier Kosta Théfaine, who works on urban development and the environment; Cedric Berdadotte who sets up transparent film in the street, there again to develop another vision of the city. Delta is in turn very interested in mathematics and industrial design whereas Ericalcaine turns animals into poetry and Sean Hart and Rero work a lot on in situ play-onwords, etc… All of this work is very subtle, practically monochrome, and counterbalance the “great classics” created by Shepard Fairey, Ikon, Jonone, Barry McGee, pieces by politically-committed Brazilian Alexandre Orion or Chinese Zhang Dali”, adds Marie Maertens.

The work of French “artivist” JR – as he is now known – is also a political statement. At only 28 years of age, he livens up the planet with pictures that reflect the human condition: young people from the suburbs, women from favelas or shanty towns, Israeli and Palestinian workers or Tunisians ready to fight for a new order, he paints the portrait, thousands of portraits in fact, of a world on the move. He is not only an artist and activist but also a politician. Indeed, when JR adorns the favela de Providencia in Rio de Janeiro with a multitude of faces and eyes, he does more to put the favela on the world map than any mayor of Rio. Or even the president of Brazil himself. For all that, JR denies being “political”: “I don’t create politically-committed but engaging art”, states the artivist who sees the world on the move as an open-air gallery. “I am not a spokesperson. The role of the artist is to raise questions, not necessarily to answer them”. Nevertheless, those carefully chosen hot spots and strategic or geopolitical issues to present hard-hitting messages reveal in turn basic inequalities. They invoke peace, freedom, and respect of other people’s identity and citizenship. JR. Two letters implying a past graffiti artist. Two letters respecting his desire for anonymity and yielding the floor to others. Born in Paris but of Tunisian and Slavic origins, the young adolescent tagged the suburbs up to 17 years of age, when he found a camera in the Etoile metro station. He then starts to photography his “mates tagging in order to keep a record of their work”. Little by little, his idea gathers momentum: photocopying these portraits in situ in order to give them away, he also starts pasting them up wherever he goes… leaving a trace of their art. “In fact, I realised that what I was doing was tagging my friends’ names everywhere”, he remembers. As a leitmotiv to his work, these portraits follow him everywhere he goes and haunt the hearts of cities. In 2005, the activist starts to paint a picture of Parisian suburbs with the first part of his 28 Millimetre series “Clichy sans Clichés”: huge photos of young people from the suburbs pulling faces are found covering the walls of Paris’ bourgeois neighbourhoods. First forbidden and deemed provocative and illegal, the Mairie de Paris [Town Hall] finally makes them official and displays them for everyone to see in front of the Paris Town Hall. At this turning point and pivotal moment in his career, JR steps into the limelight to become a recognised artist. In 2007, his work takes on an international status with “Face 2 Face”: “I was constantly hearing talk of Israel on the television and I wanted to see for myself”, he remembers. On each side of the dividing wall, he photographed Israelis and Palestinians with the same profession with a 28 mm camera (Ed: name of his major three-part series), and displays their beaming portraits, in pairs, on each side of the wall. He worked without authorisation, censure or threats. The grotesquely comic story goes round the world and when JR and his team left the area, the two sides continued to talk of it, comparing these faces and even forming a bond. The local media met the local players and interviewed the people portrayed. “Crossing to the other side” – of a border, a reality, a conflict -, is indeed another driving force for JR. Called by the Tunisian revolution in full swing, he travelled there in March 2011 to plaster the walls of the revolution’s symbolic places with 100 Tunisian faces. By getting the greatest number of volunteers he could get to take part, he wanted to see city inhabitants play a role in and direct these exhibitions. A project that spread like wildfire… albeit peaceful. And ephemeral... A young TED prize-winner, an award previously given to Bono or Bill Clinton, JR was recently rewarded for his “exceptional” personality and asked to make a “wish to change the world” (granted by the TED foundation). If JR probably never “dreamt” of his work in such terms – changing the world is quite a feat! - , he is no doubt quite the humanist. JR, a big-hearted artivist who takes Street Art into the Major League. www.jr-art.net - www.muralarts.org

Philadelphia and its Mural Arts Program Beyond individual identities – often hidden, masked, diverted, since Street Artists tend to protect their identity deliberately -, certain cities choose urban art in order to encourage integration. This is the case of Philadelphia and its Mural Arts Program. Aside from the artistic establishments it is renowned for, the city is home to another artistic heritage, much less known but resolutely more modern: livened up by nearly 3,000 Street Art frescoes called Murals, its streets, facades, car parks and other side walls take on a new dimension. Initiated 25 years ago by Mayor Wilson Goode and brilliant artist Jane Golden, the Mural Arts Program (MAP) was launched to fight against the graffiti that was taking over the city’s walls. This programme aimed to involve young offenders to clean or conceal tags, whilst trying to recreate a social fabric, particularly damaged in the black neighbourhoods, the scene of violent riots. Jane Golden, then newly graduated from Stanford, was herself an artist’s daughter brought up on murals by Diego Rivera and ran the project with so much passion and determination that the MAP is now a key element in the city’s socio-cultural policy. “Art saves life” is Jane Golden’s motto: indeed she sees mural painting as “a wonderful opportunity to restore beauty and respect at the heart of the community. In underprivileged areas, people see graffiti as a symbol of powerlessness. Every exterior surface covered in graffiti reminds them that their neighbourhood is beyond control. A fresco representing a magnificent landscape is the sign that people feel concerned and that things can change. It is a political statement”, entrusts this activist.

ON THE WATCH!

Illustrated with paintings, collages, graffiti and stencil drawings, the book “100 Artistes du Street Art” [100 Street Art Artists] offers an international overview of this popular modern art that livens up our streets, with 100 of today’s key artists: 1-Bansky (UK) 2-JR (France) 3-Keith Haring (USA) 4-Swoon (USA) 5-VHILS aka Alexandre Farto (Portugal)

6-Sam3 (Spain) 7-Zhang Dali (China) 8-Know Hope (Israel) 9-Lady Aiko (Japan) 10-Reach (Taiwan)


118/VILLESARTDERUE

Par Soufiane Chakkouche

Façade de l’usine Mafoder par Guru

OpEration

Art 2 rue

Reconnu par les uns et snobé par d’autres, le street art marocain a du mal à se faire une place sur la scène artistique. Mais, le monde mondain se modernise, l’art de rue commence à s’imposer et s’exposer. Brossons la fresque d’un art buissonnier.

A

ujourd’hui, le street art commence à s’inviter dans quelques unes des galeries d’art les plus prestigieuses du pays. Plus que cela, quelques architectes, décorateurs et publicitaires visionnaires, font appel à cet art venu de “dehors”. Mais avant que ces œuvres ne soient offertes au regard de ce public averti -et généralement introverti-, elles passent par les mains de jeunes aux frocs baissés. Ils sont rappeurs, breakeurs, tagueurs, graffeurs et surtout artistes à part entière. Ils ne portent pas de noms, mais des surnoms tels que Morran, Laawina, Treck54, Soul et bien d’autres. Autodidactes pour la plupart, leur école c’est la rue, leurs toiles sont les murs de la ville, et leurs pinceaux, des bombes et des pistolets à la peinture qui tue. Un peu d’histoire Un peu d’histoire, et pas plus ! Pourquoi ? Par avarice des mots et de la rime ? Non, tout simplement, parce que personne ne sait, avec exactitude, où et quand a commencé l’art urbain au Maroc. Si vous posez la question à des artistes casablancais, ils vous diront que son berceau est le centre de leur ville bien-aimée ; après quoi, les autres contrées auraient suivi le mouvement. Le même discours, à la variante chauvine près, se retrouve sur les lèvres des Marrakchis, des Rbatis et des Slaouis, sans oublier les Meknassis. Une chose est cependant certaine, le street art a vu le jour au pays du soleil couchant dans la deuxième moitié des années 90, avec une première génération qui s’est sacrifiée pour les suivantes. Hommage oblige, voici leurs noms, ou plutôt leur surnoms : Les frères TAHA et YASSINE, et les deux inconnus -sans frères-, COMBO et NEON. Alors, maximum respect pour les anciens ! Voilà pour la petite histoire, quant à la grande, les tags, comme les fresques sur les murs, ne viennent pas des Etats unis ou de la France comme le prétendent les historiens de l’art, mais de l’époque des premiers hommes, ceux qui ont appris à immortaliser leur quotidien avec, et sur, de la roche.

Morran, ou le sens du partage C’est avec les couleurs d’une peinture encore fraîche sous les ongles et une nonchalance trentenaire que Morran s’est présenté à notre rendezvous. L’apparence est peut être nonchalante, mais le verbe est tranché, “Il n’y a pas de street art au Maroc, il y a son début”. Et pourquoi monsieur Morran ? “Parce qu’ici, on ne partage pas son art, c’est chacun pour soit, notre art n’est pas officiellement reconnu, sinon comment expliquez-vous qu’aucune école d’art ne l’enseigne alors que nos toiles sont aussi belles et beaucoup plus accessibles que les leurs”. Il est vrai que les fresques de cet artiste valent en beauté -et parfois dépassent- celles des peintres dits “classiques”. Sa peinture, issue de la rue, est une silencieuse narration qui se contemple, ses reliefs sont surprenants de précision, c’est à se demander si Morran n’est pas un magicien. Comment arrive t-il à manier ces bombes, outils réputés imprécis pour les finitions, pour arriver à un

résultat aussi bluffant ? C’est là tout le mystère de l’artiste. Et pour la petite anecdote, sachez que c’est à cause (ou grâce, c’est selon) de sa peinture que Morran s’est fait virer du lycée, il dessinait sur les murs et les tables jusqu’au jour où Monsieur le directeur l’a surpris. Résultat, Morran a la rue pour exercer son art -de rue- et faire vivre avec, et décemment, sa femme et ses trois enfants. L’école, elle, a été entièrement repeinte. Elle, qui depuis plusieurs décennies n’a pas connu un seul coup de pinceau (sauf ceux de Morran)… Monsieur le directeur lui doit au moins ça. Trick54, ou l’amour du risque Ne lui demandez pas son nom, il ne vous le dira pas. Ne lui demandez pas de le prendre en photo, ni de le filmer, il mettra un passe-montagne… Demandez lui plutôt ce qu’il fait, lui, Trick54, le vandale. Ce nom vous donne peut être l’impression d’un déjà vu ? Normal, il est tagué dans toutes les grandes villes du pays. Trick54, l’anonyme, est de cette espèce de tagueurs qui ont toujours une bombe (à peinture) sur eux, prête à être dégainée pour causer un beau dégât. Sur les toits, sous les ponts, et même sur les trains, il tague partout, tout le temps, et surtout là où ça craint. Le gain ? Rien. L’amour du risque est sa seule faim. Enfin, Trick54 n’est pas un fou furieux, il est même brillant étudiant en infographie.Trick54 ne fait que de l’art de rue à son état originel comme l’ont fait tous les grands noms mondiaux de cet art avant, et après, lui. Quant au risque, il est double, il faut être un sacré alpiniste pour atteindre et peindre les endroits les plus élevés, tomber peut s›avérer fatal. Puis, il y a les gardiens, les flics, la justice et puis la case prison. C’est pour cela que le commando de l’art vandale opère souvent dans l’indiscrétion de la nuit, et avec l’assurance de la vitesse. Un noir et une vitesse qui ne l’empêchent pas de poser son empreinte d’une bien belle patte. Quand le street art fait de l’Education civique Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le street art peut être un excellent vecteur d’éducation civique, surtout dans un pays qui en a grandement besoin. Deux exemples illustrent parfaitement ces propos. D’abord, l’histoire du jeune prometteur Laawina (littéralement, le petit œil). Par un matin ensoleillé, l’artiste décide de poser son “petit œil” et son art sur un mur d’un quartier populaire de la Ville Blanche. Petit hic, les déchets ménagers sont les maîtres incontestés du lieu depuis plusieurs années. Que faire, bravez “le bruit et l’odeur”, ou tourner les talons ? Après tout, les murs, comme les déchets, le bruit et l’odeur, ce n’est pas ce qui manque dans les quartiers pauvres des métropoles (n’est ce pas Monsieur Chirac !). Non, vaille que vaille, où voulez vous qu’il aille ? C’est ici que Laawina va coller ce qu’il a imaginé jusqu’à tard la nuit, la veille. Il dépose son sac, sort son matériel en vrac, puis à son art il vaque. Au fur et à mesure que les premières formes jaillissent de ce mur jadis sans vie et sans joie, les curieux s’agglutinent. Un premier s’avance et commence


© Rachid Laaguid

Trick54

Mur de Mafoder par Morran

à ramasser de ses mains nues les ordures, un deuxième le suit, puis un troisième (car jamais deux sans trois, et jamais trois sans tout le monde). L’histoire date, mais le lieu s’entête à rester propre. La deuxième histoire est tracée sur le bitume et les trottoirs de la ville à la couleur ocre cette fois. Elle est littéralement signée Morran. Quant à son titre, il pourrait bien être : “Robin de la ville”. Ou, en version plus longue : “Un coup de peinture pour sauver des vies”. Oui, pour sauver des vies, parce qu’il s’agit de prévention routière, une prévention intelligente ; et là encore, le pays en a plus que besoin, de sécurité routière, comme d’intelligence. Par un soir d’été ensoleillé (oui, ensoleillé. Tous les Marrakchis vous le diront, les soirs d’été, si le soleil est voilé par la nuit, sa chaleur demeure), il eut l’idée de taguer les abords des trottoirs et les ronds points. Il veut les rendre plus visibles, et donc mieux évitables par les automobilistes et les piétons dans une cité où toutes les heures sont devenues de pointe, d’autant que ces axes peuvent (et ont déjà) causer des accidents. Le résultat est immédiat : ces dangereux obstacles se voient de loin. Les autorités, elles, les ont vus, mais pas du même œil. Elles n’ont pas jugé bon de garder ces indications faites avec goût. Tant-pis, on n’a qu’à être plus vigilent pour éviter leurs erreurs urbanistiques.

détiennent la palme d’or. Une brigade spéciale mène une guerre sans fin contre cette forme d’expression. Toute fresques, tag ou message sur une propriété de la ville, aussi beaux soient-ils, sont effacés avec une vulgaire chaux. Seuls les messages, ou les dessins, à l’effigie d’une équipe de foot sont épargnés !!! (On n’efface pas un “Vive WAC”, par exemple… Et vive le WAC !). Le dernier exemple en date est un portrait géant, signé Morran et ses amis, sur le mur d’un quartier de Rabat. Plus de 800 personnes se sont rassemblées pour admirer le travail des artistes. Et, bien entendu, le Mokadem (pas de traduction en français, parce que ce métier n’existe nulle part ailleurs) était parmi les premiers (d’ailleurs, littéralement, Mokadem –qui est un agent des autorités- veut dire “celui qui est avancé”). Toutes ces âmes n’ont pas manqué de remercier les artistes pour avoir embelli gracieusement leur quartier. Le lendemain matin, stupeur, le quartier n’est resté beau que l’espace d’une journée et d’une nuit. C’est sans doute un coup du “mkedem”, son émerveillement de la veille devant la foule était feint, le portrait a été effacé (voir photo). On a simplement passé dessus une peinture blanche, et sans âme. Je le sais, Morran le sait, les amis de Morran le savent, et les 800 personnes qui étaient là le savent aussi : on peut dissimuler l’art mais on ne peut le tuer.

Quand l’industrie fait appel A l’art de rue Qui a dit qu’industrie et art font deux ? Moi… Et j’avoue que j’étais à côté de la plaque. Des plaques en acier, la fonderie Mafoder à Casablanca en fabrique, mais ce n’est pas là sa seule spécificité, l’usine crée aussi de l’art, et l’expose à ciel ouvert. En effet, Brahim Slaoui, son directeur général, a pris une décision follement intelligente, offrir les façades de ses bâtiments à une trentaine de jeunes graffeurs et tagueurs marocains et étrangers afin qu’ils puissent libérer leur art et le présenter à tout inconnu qui passe, s’arrête, admire puis repart. Et il n’a pas lésiné sur les moyens. On parle d’un espace d’expression sur 5.000m², soit l’équivalent de la surface d’un terrain de football. Autrement dit, on parle du plus grand support d’art urbain en Afrique, ni plus, ni moins. On parle aussi d’un magasin de stockage de plus de 2.000 bombes de toutes les couleurs que la nature mère nourricière et l’homme qui s’y nourrit aient créées. Une véritable caverne d’Ali baba pour les artistes. On parle enfin d’un chariot élévateur flambant neuf mis à leur disposition, eux les artistes, pour prendre de la hauteur et peut être atteindre le ciel. Bref, on parle d’un rêve haut en couleur. Au départ, le projet était de peindre simplement une fresque de quelques mètres, mais parce que la beauté appelle la beauté, la décision d›habiller toute l’unité s’est imposée d’elle-même. Pour Slaoui, “le but de cette initiative est de créer un environnement de travail plus agréable pour notre personnel, et de transformer la fonderie en musée d’art vivant. L’industrie n’a en apparence rien en commun avec l’art, mais si l’on pousse le raisonnement un peu, on s’apercevra que l’un n’existe pas sans l’autre”. Et pour ceux qui ne verront dans cette opération qu’une action marketing comme une autre, ou un coup de pub coloré ; et si cela est le cas, on est alors face à un marketing intelligent et socialement utile.

Bombe ou pistolet ? Rassurez-vous, il ne s’agit pas là d’un acte terroriste, ni d’une guerre menée contre des armes imaginaires de destruction massive. Il s’agit d’une cause plus noble : l’art. La bombe ou le pistolet à peinture sont deux outils fréquemment utilisés par les tagueurs et les graffeurs. Si le principe est le même : peindre, la technique, elle, diffère. Le pistolet est idéal pour peaufiner la taille du détail, comme c’est le cas pour les portraits ou les paysages. Le plus souvent, cet outil est utilisé dans des ateliers ou chez les particuliers, c’est ce qu’on appelle le “indoor”, car il a besoin d’un compresseur, et qui dit compresseur, dit électricité. La bombe, elle, est libre de toute attache, sauf peut être de celle de la main qui l’utilise, et elle est discrète et simple à transporter. Les plus mordus des tagueurs et des graffeurs ne s’en séparent jamais, parce que, et comme tout artiste le sait, l’inspiration n’annonce jamais sa venue. Elle est simple d’utilisation et est généralement employée pour le lettrage, c’est l’outil préféré des tagueurs dits “vandales”. Pour les débutants, il convient de rappeler que ces deux techniques nécessitent des protections, comme un masque, des gants et un système de ventilation, car la peinture en aérosol est fortement toxique. Débutants, vous voilà prévenus !

Le regard de la sociEtE “L’Homme est l’ennemi de ce qu’il ignore”, le vieux dicton s’applique à merveille au street art au Maroc. Donc, ceux qui ne l’ignorent pas, ou qui ont pris le temps de ne pas l’ignorer, le respectent. Ce sont essentiellement les jeunes qui s’y intéressent. Quoi de plus normal, leur curiosité est encore juvénile, et l’ignorance du nouveau est leur ennemie. En règle générale (pour un art où il n’y a pas de règles), les Marocains aiment les fresques et les portraits, et boudent les tags. La règle est générale et non nominale, car si beaucoup de citoyens apprécient les graffitis, ils les apprécient sur le mur de leur voisin et non sur le leur. Mais en matière d’intolérance et d’intransigeance envers le street art, ce sont les responsables de la ville qui

Peut-t-on vivre du street art au Maroc ? Peut-t-on vivre du street art aujourd’hui au Maroc ? La réponse à cette question n’est ni oui, ni non. Elle serait : parfois, ou peu. En effet, contrairement aux rappeurs, les graffeurs marocains qui vivent de leur art se comptent sur le les doigts de la main. Pour ce faire, il faut être expérimenté et reconnu. Et pour être reconnu, il faut un statut. Or, au Maroc, l’art de rue n’a pas un statut qui lui est propre, c’est à dire, pas de fiche de paie, ni de couverture sociale. Pour les prix, ils peuvent aller de 0 à 20.000 dirhams pour une fresque. Mais, bien souvent, on est plus proche du zéro que des 20.000. Toutefois, la tendance est en train de s’inverser, galeries, agences de com, comme les professions libérales, commencent de plus en plus à faire appel à ces jeunes artistes. C’est à l’image de l’art contemporain, à ses débuts, il ne payait pas, ou peu, alors qu’aujourd’hui les toiles s’arrachent à des millions ; l’art de rue n’est rien d’autre que le contemporain du contemporain. Mais attention, le street art a la rue comme identité, à trop vouloir le commercialiser, il peut perdre son essence et sa liberté, à l’instar du rap marocain où il n’est pas rare de voir les plus grands rappeurs vanter en rimes les mérites d’un opérateur et de sa team.


120/CITIESFEATURE

EN

‘Art 2 Rue’ © Rachid Laaguid

Street Art operation

Recognised by some and snubbed by others, Moroccan street art is finding it hard to carve out a niche for itself on the artistic scene. However, society is gradually being brought up to date, and street art is starting to assert and exhibit itself. Let us paint a picture of this ‘vagrant’ art.

S

treet art now is starting to invite itself into a few of the most prestigious galleries in the country. Even better, a few visionary architects, decorators and advertisers are calling on this “outside” art. However, before these works are offered up to a discerning – and generally introverted - audience, they go through the hands of young baggy-trousered people. These rappers, break-dancers, taggers, graffiti artists and artists in their own right go by nicknames, such as Morran, Laawina, Treck54, Soul and many others. Mostly self-taught, they acquired their skills in the streets, using the city walls are their canvases, and spray cans and guns full of toxic paint as their paintbrushes. A little bit of history A little bit of history, no more, no less! Not to be sparing with words and rhymes but quite simply because nobody knows exactly when street art took root in Morocco. Casablanca artists will tell you that it all began in the city centre of their beloved city, other regions following the movement. Roughly the same biased assertions will come out of the mouths of Marrakchis, Rbatis, Slaouis, not forgetting Meknassis [Marrakech, Rabat, Tetouan and Meknes inhabitants respectively]. One thing, however, is certain: street art saw the day in the land of the setting-sun in the second half of the 1990s, a first generation sacrificing itself for the next. Les us pay tribute to them, by nicknames: the brothers TAHA and YASSINE, and two – brother-less – unknowns, COMBO and NEON. Huge respect to the older generation! So go the footnotes of history. And as for History itself, tags, like wall frescoes, do not come from the United States or France as claimed by many an historian, but from early man learning to immortalise his daily life on and with surrounding rocks. Morran and the sense of sharing The nonchalant thirty-something Morran turned up for our meeting with colourful fresh paint under his nails. However, Morran may seem nonchalant in appearance but his ideas are very much cut-and-dried. “There is not street art in Morocco, only its beginnings”. Why is that Mr Morran? “Because here, art isn’t shared, it’s every man for himself; our art is not officially recognised, otherwise how do explain that not an art school in the land teaches that our paintings are as beautiful as and a lot more accessible than theirs.” It is true that this artist’s frescoes are at least as beautiful – if not more so – than those of “classic” painters. His painting, originally street art, is a silent narration ideal for contemplation, with surprisingly precise contours, making you wonder whether Morran is indeed a magician. How does he succeed in handling these spray cans (tools known to be so imprecise for finishing touches) and getting such breath-taking results? That is where the artist’s mystery lies. As a short anecdote, it is because of (or thanks to, depending on your point of view) his painting that Morran was expelled from secondary school, drawing on walls and

tables until caught by the headmaster. This resulted in Morran being out in the streets, practicing his –street- art and working at making a decent living for his wife and three children. The school has since been entirely painted over, the very same place that had not seen a lick of paint (except Morran’s) in decades… The headmaster owes him at least that. Trick54, for the love of risk-taking There is no point in asking his name: he will refuse tell you. No point either is asking for his photo or filming him, he will simply get out his balaclava… Ask him instead what Trick54 the ‘vandal’ does. That name may give you a feeling of déjà vu… which would be quite normal since it has been tagged in all of the country’s major cities. The anonymous Trick54 is of the tag artist species always with a spray can at the ready to create another pretty mess. On roofs, bridges, and even trains, he tags everywhere, in all weathers, and most particularly in dodgy areas. Not that he gains anything from doing this… He thrives on the risk-taking. Trick54 is not however raving mad: he is in fact a brilliant student in computer graphics. Trick54 only makes street art in its original form, like many great internationally-renowned artists have done before - and will do after - him. The risk-taking is two-fold: you have to be a true rock-climber to reach and paint the highest of places, from which a fall can be fatal. Then, there are the caretakers, cops, judges and finally prison. That is why this vandal art commando often operates discreetly at night and at great speed, both of which hardly prevent him from making his mark in the most wonderful way. When street art turns into civic education As paradoxical as it may seem, street art can be an excellent conveyor of civic education, especially in a country in sore need of it. Two examples illustrate this statement to perfection. First, the story of the promising young Laawina (literally the small eye). One sunny morning, the artist decided to position his “small eye” and his art on a wall in a working-class area of the White City. One slight problem was that household waste has been the undisputed master of these streets for a number of years. Does he stand up to the “noise and the smell”, or turn his heels and walk away? The walls, like the noise and smell, are after all in abundance in these poor city areas (isn’t that so, Mr Chirac!). But where else would he go? Laawina finally decides to put up what he created late into the night before in this very place. He put down his bag, got out his jumble of equipment and set to work. As the first shapes started to emerge from this once drab, lifeless wall, onlookers started to gather. A first passer-by came up and started to pick up rubbish with his bare hands, then a second, and a third (good things happen in threes, and then good things happen in numbers). This story goes back a bit, but the place continues to be clear from rubbish. The second story is drawn on the asphalt and pavements of the ochre city and


© Rachid Laaguid

Portrait by Morran at Mafoder

is literally signed Morran. Its title could read: “The robin hood of the city”. Or “A stroke of paint can save lives”. It can save lives because road safety, not to say intelligent road safety, is at work; and there again, the country is in great need of road safety and intelligence. On a sunny summer’s evening (yes, sunny: any Marrakech inhabitant will tell you that, on summer evenings, even if the sun is dimmed by night, the heat remains), he came up with the idea of tagging areas surrounding pavements and roundabouts. Thus making them more visible, and therefore easier to avoid by drivers and pedestrians in a city where every hour is rush hour, and where these thoroughfares can (and have already) caused accidents. The result is instantaneous: dangerous obstacles are seen for a distance. The authorities, however, did not see things from the same viewpoint. They did not deem it useful to keep these very tasteful road signs. Never mind: we will all just have to be more diligent in avoiding their urban planning mistakes. When industry calls on street art Who said industry and art go hand in hand? I did… I must admit that I used to know no different. The Madofer foundry in Casablanca makes steel sheets but that is not the factory’s only speciality since it also creates art and exhibits it outdoors. Indeed its general manager, Brahim Slaoui, took a very intelligent decision: offering up the facades of his buildings to thirty or so young Moroccan and foreign graffiti and tag artists, giving them a creative outlet and presenting their art to any strangers passing by who stop and admire. He has also pulled out all the stops: 5000m² to express themselves, the equivalent of a football field and the largest urban art medium in Africa, no more, no less. There is also a storage warehouse with more than 2000 spray cans in every colour created by Mother Nature and man’s resulting inspiration. A true treasure-trove for artists... Last but not least, a brand new fork-lift truck is put at the artists’ disposal, allowing them to gain height and perhaps reach seventh heaven. In short, a highly colourful dream! At the beginning, the project simply involved painting a fresco a few meters high, but because beauty calls for more beauty, the decision to enhance the entire unit came naturally. For Slaoui, “the aim of this initiative is to create a more pleasant working environment for our staff and to transform the foundry into a living art museum. Industry seemingly has nothing in common with art, but if you take dig a little further, you realise that one cannot exist without the other”. And for those who only see this operation as yet another marketing operation or a colourful advertising deal, then we are looking at socially-useful and intelligent marketing indeed. In the eyes of society “Man is the enemy of what he does not know”: this old saying applies perfectly to street art in Morocco. Those who know something of it, or have taken the time to find out about it, end up respecting it. Young people take the greatest interest in it. What could be more normal: their curiosity is still in its infancy, and ignorance of anything new is their enemy. As a general rule (for an art form that does away with rules), Moroccans love frescoes and portraits, but snub tags. The rule is general and far from nominal: even though many citizens enjoy graffiti, they prefer it on their neighbour’s wall and not on their own. However, in terms of intolerance and intransigence regarding street art, the city authorities win hands down. A special brigade endlessly hounds this

form of expression. Any frescoes, tags or messages on municipal property, even the most beautiful, are erased with crude lime wash. Only messages or drawings in honour of football teams are spared!!! (A “Long live WAC” is left untouched, for example… Long live WAC indeed!). The most recent example is a giant portrait, created by Morran and his friends, on the wall of a Rabat neighbourhood. More than 800 people gathered to admire the artists’ work. And, of course, the Mokadem (which cannot be translated into English since this profession does not exist anywhere else in the world) was among the first (in fact, Mokadem – a city council agent – literally means “one who has moved forward”). These many souls thanked the artists for having kindly embellished their neighbourhood. The next morning and to everyone’s amazement, everyone woke up to find that the area has only remained adorned a day and a night. Feigning their wonder the previous day in front of the crowds, the “mkedem” no doubt removed the portrait from the wall (see photo) with soulless white paint. I know it, Morran knows it, Morran’s friends know it, and the 800 people who were there know it too: you can conceal art but you cannot kill it. Can or gun? Rest assured: this does not involve an act of terrorism or a war against imaginary weapons of mass destruction. This is for a nobler cause: art. The paint spray can and gun are two tools frequently used by taggers and graffiti artists. The principle is the same – painting – but the technique differs. The spray gun is ideal for putting finishing touches to the detail, as is the case for portraits and landscapes. This tool is most often used in workshops or in people’s homes; it is known as the “indoor” since it requires a compressor and therefore electricity. The spray or aerosol can is free from any constraints, except perhaps that of the hand using it, and is discreet and simple to carry. The most enthusiastic tag and graffiti artists never leave home without it because, as any artist knows, you never know when inspiration will hit you. It is simple to use and generally employed for lettering, thus the favoured tools of “tag vandals”. Beginners need to bear in mind that these two techniques require protection, such as masks, gloves and a ventilation system, as aerosol paint is highly toxic. Beginners take heed! Can you make a living from street art in Morocco? Can you make a living from street art in Morocco? The answer to this question is neither nor. Sometimes you can and sometimes only a little. Indeed, contrary to rappers, Moroccan tag artists who make a living from their art are few and far between. In order to do so, you have to be experienced and recognised. And to be recognised, you need a status. However, in Morocco, street art does not have its own status, that is to say no salary slips or social security cover. Prices can range from 0 to 20,000 dirhams for a fresco, more often than not lying closer to 0 than 20,000. However the trend is reversing: galleries, communication agencies as well as freelancers are increasingly calling on these young artists. Modern art at its beginnings was also very slow to pick up but paintings are now being fought over for millions; street art is nothing more than the modern version of modern art. Nevertheless, street art has the street as its identity, and if you commercialise it too much, it could lose its essence and freedom, much like Moroccan rap, in which the biggest artists have been heard to rhyme about the merit of an operator and its team.


hta hadi kayna



© Sebastien Bachelet

124/MONDESPARALLELES

Par : Josh Shoemake Traduction française : Meriem Zine


Cette terre promise “La prostitution des Africaines menace le futur de la Ville Rouge”, titrait de façon alarmante un hebdomadaire arabophone de Marrakech au printemps dernier. L’article s’illustrait de cinq photos montrant de jeunes femmes et hommes d’Afrique subsaharienne en jean et chemise, marchant dans la rue innocemment. Et au journal de reprendre, “Hélas, de nos jours, on remarque une invasion extraordinaire de personnes venues d’Afrique Noire, qui, sans préavis, ont instauré un commerce d’un autre genre que la mendicité… celui de la chair humaine. De nombreux musulmans pratiquants se plaignent du mauvais comportement de ces étrangers qui offensent les sentiments et les valeurs de nos concitoyens.”

Photos : Pour le Festival MIGRANT’SCENE, en collaboration avec l’association GADEM et la compagnie DABATEATR, la photographe Leila Alaoui a présenté un projet multimédia autour du thème de la migration et la situation des minorités sub-sahariennes au Maroc. Une réflexion en images, à travers le regard de l’artiste marocaine et celui d’autres photographes et vidéastes amateurs impliqués, pour évoquer certaines réalités, créer un dialogue entre Sub-sahariens et Marocains et lutter contre le racisme.


126/MONDESPARALLELES

La «menace» En tant que citoyen de Marrakech, concerné par son futur, je partis enquêter sur la «menace». Il y a, bien entendu, une multitude de bars et boîtes de nuit qui jalonnent la ville, tous remplis de prostituées, alors mon investigation ne requit aucun talent particulier de détective. A l’approche de minuit, je mis le pied dans l’un de ces clubs du Guéliz, et me retrouvai La “menace” accueilli par une foule de jeunes femmes souriantes. Toutes me semblaient En citoyen deafricaines. Marrakech,Mais, concerné par son futur, je-pour partisma enquêter êtretant desque prostituées malheureusement mission-, sur la “menace”. Il y a, bien entendu, une multitude de bars et boîtes qui elles avaient l’air d’être toutes nées dans ce pays d’Afrique appelédelenuit Maroc. jalonnent la ville, tous remplis de prostituées, alors mon investigation ne requit Pas découragé pour autant, je me faufilai vers le bar du fond, où, aucun talent après particulier de détective. A l’approchejedetombai minuit,sur je mis le pied dans finalement, des dizaines de «bonsoirs», quatre beautés, l’un de ces clubs du Guéliz, et me retrouvai accueilli par une foule de jeunes longilignes, à la peau couleur café, là, timidement rassemblées. Leurs yeux femmes souriantes. Toutes me semblaient prostituées Mais, étaient grands, superbement maquillés, être maisdes assombris parafricaines. la tristesse, malheureusement -pour ma mission-, elles avaient l’air d’être toutes nées dans ou l’épuisement. Elles portaient des tenues incendiaires, micro-robes et ce pays d’Afrique appelé le Maroc. talons tellement hauts perchés que deux d’entre elles me toisaient de haut. Pas découragé pour autant, je me faufilai vers le bar du fond,de où,«Guinée finalement, Sunny était leur chef, une ancienne étudiante, originaire après des dizaines de “bonsoirs”, je tombai sur quatre beautés, longilignes, Conakry», aux pommettes saillantes et à la voix mélodieuse. Elle s›étaità la peau couleur là, timidement Leurs étaient grands, rendue une foiscafé, à Washington, me rassemblées. dit-elle, lorsque sonyeux oncle, alors rattaché superbement maquillés, mais assombris par la tristesse, ou l’épuisement. aux affaires étrangères guinéennes, y vivait, avant que le coup d’état de Elles desfamille tenuesàincendiaires, talons tellement 2008 portaient n’oblige sa fuir le pays.micro-robes Comme sesetamis, Sunny a étéhauts perchés que deux d’entre elles me toisaient de haut. envoyée à Marrakech pour étudier. Sunny étaitétudiants leur chef,ouest-africains une ancienne étudiante, de d›une “Guinée Conakry”, Offrir aux doués laoriginaire possibilité scolarité aux saillantes et à la voix mélodieuse. rendue uneHassan danspommettes les universités marocaines est, à l’origine,Elle unes’était initiative du Roi fois à Washington, me dit-elle, lorsque son oncle, alors rattaché aux affaires II qui cherchait à tisser des liens avec ses voisins du Sud. Le programme étrangères guinéennes, y vivait, avant pays que lesous coupled’état 2008 sa a par la suite été étendu à d’autres règnedede SMn’oblige Mohamed famille fuir le pays. Comme ases amis, Sunny a étéétait envoyée à Marrakech pour VI, et leànombre de bourses augmenté. L›idée la suivante : après étudier. la fréquentation des universités marocaines, généralement bien vues en Offrir auxdeétudiants doués la possibilité d’une scolarité Afrique l›Ouest,ouest-africains les jeunes étudiants rentreraient chez eux, avecdans le les universités marocaines est, à l’origine, une initiative du Roi Hassan II qui Maroc tatoué au cœur. C’est d›ailleurs souvent le cas, et cet investissement cherchait à tisser liens avec ses voisins du Sud.aLe par la du Royaume dansdes une jeunesse ouest-africaine enprogramme effet ouverta de suite été étendu à d’autres pays sous le règne de SM Mohamed VI, et le nombre nouvelles perspectives à la coopération économique et sociale. de bourses a augmenté. L’idée était la suivante : après la fréquentation des Cependant, pour certains étudiants, moins chanceux, l›heure de la remise universités généralement bien vues en qui Afrique l’Ouest, les du diplômemarocaines, a parfois coïncidé avec une situation s›estdedégradée dans jeunes étudiants rentreraient chez eux, avec le Maroc tatoué au cœur. C’est se leur pays d’origine. Ainsi, à l’instar de Sunny et ses amies, ces diplômés d’ailleurs souventdelechercher cas, et cetd’autres investissement du Royaume dans une jeunesse sont vus forcés types d’opportunités. ouest-africaine a en ouvert de dans nouvelles perspectives à la coopération Le lendemain, je meeffet replongeais les colonnes du fameux journal. économique et sociale. Sur les photos, aucune femme n’était habillée à la manière provocante Cependant, pour certains étudiants, moins chanceux, l’heure de ni la ses remise du de celles des boîtes de nuit. Aucune ne semblait être Sunny amies. diplôme a parfois coïncidé avec une situation qui s’est dégradée dans leur pays Qui donc était cette «menace» ? La réponse à ma question se trouvait à d’origine. Ainsi, à l’instar de Sunny etla ses amies,chorale, ces diplômés se sontd’une vus forcés l’Eglise Catholique du Guéliz, dont célèbre composée de chercher d’autres types d’opportunités. vingtaine d’étudiants Subsahariens, offre chaque dimanche matin un des Le lendemain, je me replongeais du fameux Sur les meilleurs spectacles de la ville.dans C›estles làcolonnes que j›appris que lesjournal. protagonistes photos, aucune sont femme habillée à la manière provocante des sur les photos enn’était réalité… des membres de la chorale, de descelles étudiants boîtes de nuit. Aucune ne semblait être Sunny ni ses amies. Qui donc était cette boursiers, certains, parmi les plus brillants de leur département. “menace” ? La réponse à ma question se trouvait à l’Eglise Catholique du Guéliz, Les images ont été prises à leur insu et leur ont valu d’être traités de dont la célèbre chorale,avait composée d’une vingtaine d’étudiants Subsahariens, prostitués. Le journal tout simplement envoyé quelqu’un capturer offre chaque dimanche matin un des meilleurs spectacles de la ville.trouver C’est là à la sauvette les photos de passants noirs de peau qu›il pouvait que j’appris que les protagonistes sur les photos sont en réalité… des dans la rue… Une plainte a été déposée au bureau du Maire, mais membres cela de chorale, desles étudiants boursiers, certains, parmi les plus brillants leur n›alarien donné, victimes, par peur, ont alors préféré ne pas aller de plus département. Les images ont été prises à leur insu et leur ont valu d’être traités loin dans leur protestation. Au début, je ne saisissais pas pleinement cette de prostitués. Le journal avait tout simplement envoyé capturer à la peur, mais après avoir passé plusieurs semaines à quelqu’un écouter les histoires sauvette les photos de passants noirs de peau qu’il pouvait trouver dans la de Subsahariens à travers le pays, ma notion de la peur prit une autre rue… Une plainte a été déposée au bureau du Maire, mais cela n’a rien donné, les définition. victimes, par peur, ont alors préféré ne pas aller plus loin dans leur protestation. Au je ne saisissais pas pleinement cette peur, mais après avoir passé La début, «Terre Promise» plusieurs écouter les histoires de Subsahariens à travers ledéfis. pays, Au cours semaines de l’annéeà passée, le Maroc a été confronté à d’énormes ma notion de la peur prit une autre définition. Son succès relatif à passer entre les filets des bouleversements voisins -le

Printemps Arabe et les changements de pouvoir qui ont en découlé, autant La la “Terre que crise de laPromise” dette en Europe- lui a tendu un nouveau défi. L’Europe Au cours l’année passée, le Maroc a été confronté à d’énormes et le restedede l’Afrique du Nord n›étant plus en mesure d›offrir défis. autant Son succès relatif à passer entre les filets des bouleversements -le d›opportunités pour les migrants, le Maroc, par conséquent, voisins est devenu Printemps Arabe et les changements de pouvoir qui ont en découlé, autant une option de plus en plus attractive. Même si l’Espagne demeure une que la crisepossibilité de la dettepour en Europeluide a tendu un nouveau défi. L’Europe et plupart, le reste vague certains ceux que j’ai interviewé, pour la de l’Afrique du Nord n’étant plus en mesure d’offrir autant d›opportunités pour le Maroc est leur destination finale. Le Maroc, à leurs yeux, c›est la Terre les migrants, le Maroc, par conséquent, est devenu une option de plus en plus Promise. attractive. Même sipar l’Espagne une certains de «J’ai été trompé l’image demeure du Maroc, ditvague Willy.possibilité Je venais pour y découvrir ceux que j’ai interviewé, pour la plupart, le Maroc est leur destination finale. Le une autre culture, et puis mes amis m’avaient dit que c’était un lieu Maroc, à leurs yeux, c’est la Terre Promise. “ accueillant». Son voyage vers la «Terre Promise» a commencé dans dit Eric au William (appelé Willy)...ilJe venais J’ai été trompé par l’image du Maroc son Cameroun Natal. 23 ans, beau,garçon sourire charmeur, avait ydéjà découvrir une autre culture, et puis mes amis m’avaient dit que c’était un passé deux ans à l’université quand il a réalisé que son diplôme en lieu accueillant” . Son que voyage la “Terre Promise” a commencé dans son économie n’offrirait peuvers d’opportunités dans son pays. Alors, comme Cameroun Natal. 23 ans, beau garçon au sourire charmeur, il avait déjà des milliers de jeunes hommes avant lui, il est allé voir le monde. passé deux ans à pays l’université quand il a réalisé que son diplôme n’offrirait Le Maroc, exotique et culturellement riche, sorte en de économie Mille et Une que peu d’opportunités dans son pays. Alors, comme des milliers de jeunes Nuits des temps modernes, était sa destination. Il est parti avec vingt cinq hommes avant lui, ilinspirées est allé voir autres personnes parlecemonde. même rêve. A la fin de la traversée du Le Maroc, pays exotique et culturellement riche,de sorte de Mille et Une NuitsA désert algérien, neuf d’entre eux était morts chaleur et de violence. des temps modernes, était sa destination. Il est parti avec vingt cinq autres l’approche d’Oujda, à la frontière nord du Maroc, le voyage plein d’espoir de personnes inspirées par même rêve. A la fin de la traversée du désert Willy se transformait encecauchemar. algérien, neuf d’entre eux était mortsd’entrée de chaleur et de violence.deA migrants, l’approche que Oujda est devenue, autant le point d’une majorité d’Oujda, à la frontière nord du Maroc, le voyage plein d’espoir de Willy se le lieu de leur expulsion par les autorités marocaines. Une ville frontalière transformait en cauchemar. prospère, dont l’un des florissants commerces est la traite d’êtres humains. Oujda est devenue, autant le point d’entrée d’une majorité de migrants, que

A la frontière, chaque corps est une négociation. Si tu veux traverser, tu dois avoir de l’argent. Si tu n’as pas d’argent, tu dois avoir des femmes à violer. Si tu n’as pas de femmes, tu dois avoir des téléphones portables. Si tu n’as pas de téléphone, tu risques d’être emprisonné ou abattu, par les Marocains, ou les Algériens, dépendamment du côté de la ligne où tu te tiens. Si tu y arrives malgré toutes ces chances qui jouent contre toi, peut le lieu de leur expulsion par les autorités marocaines. Une ville frontalière être seras-tu récompensé par un séjour dans «La Forêt». prospère, dont l’un des florissants commerces est la traite d’êtres humains. A la Willy est arrivé à la forêt de Nador, à l’extérieur de Melilla (une des deux frontière, chaque corps est une négociation. Si tu veux traverser, tu dois avoir de enclaves espagnoles taillées dans la côte marocaine), en août 2011. Avec l’argent. Si tu n’as pas d’argent, tu dois avoir des femmes à violer. Si tu n’as pas d’autres milliers de Subsahariens, il a creusé les bois à la recherche de de femmes, tu dois avoir des téléphones portables. Si tu n’as pas de téléphone, nourriture, comptant sur ses nouveaux «frères» pour échapper à la famine tu risques d’être emprisonné ou abattu, par les Marocains, ou les Algériens, et recevoir des conseils pour traverser vers l’Espagne. Pendant la première dépendamment du côté de la ligne où tu te tiens. Si tu y arrives malgré toutes moitié de 2012, plus de 1.000 migrants dans 44 bateaux ont atteint la ces chances qui jouent contre toi, peut être seras-tu récompensé par un séjour côte andalouse. Selon les saisons et les promesses faites aux pouvoirs dans “La Forêt”. européens, les autorités marocaines ferment, par moment, les yeux sur Willy est arrivé à la forêt de Nador, à l’extérieur de Melilla (une des deux les traversées illégales. A d’autres périodes, elles appliquent leurs propres enclaves espagnoles taillées dans la côte marocaine), en août 2011. Avec règles avec ardeur, et depuis que le gouvernement du PJD est arrivé au d’autres milliers de Subsahariens, il a creusé les bois à la recherche de pouvoir fin 2011, c’est de plus en plus le cas. Face à leur besoin désespéré nourriture, comptant sur ses nouveaux “frères” pour échapper à la famine et de fonds européens, ils mettent plus de zèle à collaborer au contrôle des recevoir des conseils pour traverser vers l’Espagne. Pendant la première moitié frontières. A présent, les militaires marocains effectuent des raids sur «La de 2012, plus de 1.000 migrants dans 44 bateaux ont atteint la côte andalouse. Forêt» et sont connus pour creuser des trous de 6 mètres de profondeur Selon les saisons et les promesses faites aux pouvoirs européens, les autorités à des endroits inattendus qu’ils camouflent ensuite sous des branchages. marocaines ferment, par moment, les yeux sur les traversées illégales. A «Quand un Subsaharien tombe dedans, raconte Willy, ils prétendent ne d’autres périodes, elles appliquent leurs propres règles avec ardeur, et depuis pas savoir de quel trou il s’agit, jusqu’à ce que finalement le Subsaharien que le gouvernement du PJD est arrivé au pouvoir fin 2011, c’est de plus en plus meure.» le cas. Face à leur besoin désespéré de fonds européens, ils mettent plus de Après neuf mois, fuir la famine dans la forêt était devenu plus important zèle à collaborer au contrôle des frontières. A présent, les militaires marocains pour Willy que fuir vers l’Espagne. Plus que tout, il voulait rentrer chez lui et effectuent des raids sur “La Forêt” et sont connus pour creuser des trous de a décidé que Rabat était sa meilleure option, il y trouverait la bienveillance 6 mètres de profondeur à des endroits inattendus qu’ils camouflent ensuite des ambassades, des organisations humanitaires et celle du Roi, et avec, sous des branchages. “Quand un Subsaharien tombe dedans, raconte Willy, ils des opportunités. Il arrive dans un bidonville au sud du centre-ville, foyer prétendent ne pas savoir de quel trou de milliers de migrants illégaux : il s’agit, jusqu’à ce que finalement le Takaddoum. Subsaharien meure”. «Takaddoum c’est Après neuf mois, fuir la famine dans une prison, dit Willy. Tout le monde la forêt était devenu plus important veut retourner chez lui.» Il vit dans pour Willy que fuir vers l’Espagne. un appartement de fortune, trois Plus que tout, il voulait rentrer chez chambres, huit hommes par lui et a décidé que Rabat était sa chambre. La part de son loyer est meilleure option, il y trouverait la de 100 dirhams, somme qu’il essaye bienveillance des ambassades, des organisations humanitaires et celle du Roi, de rassembler en pointant chaque matin à 7 heures dans la rue principale et avec, des opportunités. Il arrive dans un bidonville au sud du centre-ville, foyer du bidonville, dans l’espoir de faire partie des deux ou trois chanceux de milliers de migrants illégaux : Takaddoum. “Takaddoum c’est une prison, dit qui seront choisis, parmi de nombreux autres, comme ouvriers par les Willy. Tout le monde veut retourner chez lui”. Il vit dans un appartement de pick-up qui passent quotidiennement. L’attente est périlleuse dans ce fortune, trois chambres, huit hommes par chambre. La part de son loyer est ghetto. Régulièrement, les jeunes délinquants marocains des environs se de 100 dirhams, somme qu’il essaye de rassembler en pointant chaque matin ruent, brandissant de longs couteaux, et attaquent la foule pour quelques à 7 heures dans la rue principale du bidonville, dans l’espoir de faire partie des dirhams, ou simplement pour le plaisir. deux ou trois chanceux qui seront choisis, parmi de nombreux autres, comme Un jour, Willy et son ami Picas ont vu une femme nigériane se faire voler ouvriers par les pick-up qui passent quotidiennement. L’attente est périlleuse son sac par un jeune marocain de 19 ans muni d’un couteau. Alors qu’ils dans ce ghetto. Régulièrement, les jeunes délinquants marocains des environs commençaient à le poursuivre, un de leurs amis, qui s’était joint à eux, se ruent, brandissant de longs couteaux, et attaquent la foule pour quelques s’est vu tailladé la main par le jeune agresseur. La police est arrivée, et dirhams, ou simplement pour le plaisir. les quatre hommes ont été embarqués au commissariat. Willy et Picas Un jour, Willy et son ami Picas ont vu une femme nigériane se faire voler son sac ont raconté leur histoire alors que leur ami blessé était enfermé dans une par un jeune marocain de 19 ans muni d’un couteau. Alors qu’ils commençaient cellule, la main toujours ensanglantée. «Retournez d’où vous venez, leur a à le poursuivre, un de leurs amis, qui s’était joint à eux, s’est vu tailladé la main dit la police. C’est pas chez vous ici.» Leur ami a été renvoyé à Oujda, où il a par le jeune agresseur. La police est arrivée, et les quatre hommes ont été été jeté de l’autre côté de la frontière, hors de la «Terre Promise». embarqués au commissariat. Willy et Picas ont raconté leur histoire alors que leur ami blessé était enfermé dans une cellule, la main toujours ensanglantée. Les frontières “Retournez d’où vous venez, leur a dit la police. C’est pas chez vous ici”. Leur Picas est un jeune homme éloquent. Depuis son arrivée à Rabat, il s’est ami a été renvoyé à Oujda, où il a été jeté de l’autre côté de la frontière, hors de laissé pousser une barbe stylée, comme un souvenir des jours meilleurs, la “Terre Promise”. lorsqu’il gagnait sa vie en tant que DJ à Bahreïn, avant les soulèvements de 2011. A son retour chez lui, il découvre que la boîte de nuit qu’il était en Les frontiEres train de construire a été vendue par ses associés, il décide donc de repartir Picas est un jeune homme éloquent. Depuis son arrivée à Rabat, il s’est laissé dans les pays du golf, par la route. Malheureusement, son timing n›était pousser une barbe stylée, comme un souvenir des jours meilleurs, lorsqu’il pas le bon. gagnait sa vie en tant que DJ à Bahreïn, avant les soulèvements de 2011. A son Son arrivée à la frontière égyptienne coïncide avec l’explosion de la retour chez lui, il découvre que la boîte de nuit qu’il était en train de construire a révolution. Il fait demi-tour, et se dirige vers la Libye. Lorsqu›il en atteint été vendue par ses associés, il décide donc de repartir dans les pays du golf, par la frontière, c›est le début de la révolution. Où donc pouvait aller un jeune la route. Malheureusement, son timing n’était pas le bon. africain de l›Ouest, aussi «culturellement sophistiqué» que lui ? Avec Son arrivée à la frontière égyptienne coïncide avec l’explosion de la révolution. Il cette musique qui vibre dans les entrailles de ses traditions -ces fameux fait demi-tour, et se dirige vers la Libye. Lorsqu’il en atteint la frontière, c’est le Gnaouas n›étaient-ils pas eux-mêmes originaires d’Afrique de l’Ouest-, le début de la révolution. Où donc pouvait aller un jeune africain de l’Ouest, aussi Maroc était de toute évidence le bon choix. “culturellement sophistiqué” que lui ? Avec cette musique qui vibre dans les Au Sahara, des pickups Touaregs transportent des objets de contrebande entrailles de ses traditions -ces fameux Gnaouas n’étaient-ils pas eux-mêmes -statuettes en bois, imitations de produits de luxe- retenus par des originaires d’Afrique de l’Ouest-, le Maroc était de toute évidence le bon choix. cordages. Des cordes auxquelles plusieurs personnes en quête de Au Sahara, des pickups Touaregs transportent des objets de contrebande transport s›agrippent toute la journée, sous le soleil. Picas était devenu -statuettes en bois, imitations de produits de luxe- retenus par des cordages. l›un d›entre eux. Il ne fallait pas lâcher les cordes et tomber, car tomber Des cordes auxquelles plusieurs personnes en quête de transport s’agrippent signifiait être laissé à son sort dans le désert. A chaque fois que le camion toute la journée, sous le soleil. Picas était devenu l’un d’entre eux. Il ne fallait s›arrêtait, il fallait se débarrasser d’énormes couches de sable qui vous pas lâcher les cordes et tomber, car tomber signifiait être laissé à son sort dans le désert. A chaque fois que le camion s’arrêtait, il fallait se débarrasser d’énormes couches de sable qui vous recouvraient le corps. Son intelligence et son expérience ont valu à Picas le titre de leader par défaut

“J’ai été trompé par l’image du Maroc”


©Wili © Sebastien Bachelet

© Wili

de sa bande désespérée. Dans le désert, ils se faisaient arrêter à des barrages par des milices Touaregs armées qui demandaient un droit de passage. A l’un de ces barrages, le groupe était à court d’argent et les bandits choisirent une des femmes à violer. Si elle refusait, tout le groupe serait tué. Le doigt sur la gâchette, il était évident que ces hommes ne plaisantaient pas, alors Picas, chef du groupe, DJ qui mixait dans des clubs bondés de riches et joyeux bahreïnis, était contraint à l’horreur : dire à cette femme qu’elle devait se faire violer. Ils ont réussi à atteindre Oujda. Picas a été attrapé, puis refoulé, deux fois. Mais, durant une nuit dans la cellule du commissariat local, les geôliers lui dispensèrent une leçon sur les astuces de la traversée : “Tout se passera bien. Tu n’as qu’à rebrousser chemin, puis réessayer”. De l’autre côté de la frontière, à Maghnia en Algérie, il a rejoint un groupe qui avait engagé un guide -un autre Subsaharien-, qui les avait escorté 18 km dans le désert avant qu’il ne devienne évident qu’il était perdu. Le guide a disparu avec l’argent collecté du groupe, ainsi Picas devenait-il le guide. Ils ont parcouru 85 kilomètres en deux jours, avec les militaires algériens qui, occasionnellement, leur indiquaient le chemin. Tel est le jeu Kafkaïen des frontières modernes, pas seulement au Maroc, mais partout : tu es légal tant que tu es de l’autre côté de la barrière. Passe au delà, et tu seras recherché pour crime. Tu n’es pas un être humain, encore moins un individu. Il y a trop d’argent en jeu -emplois, investissements, impôts- pour que tu sois reconnu en tant que tel. Oses traverser les frontières d’aujourd’hui, dans une direction comme dans une autre, et tu deviens automatiquement “personne”. Finalement, Picas a atteint l’autre “Forêt”, à l’extérieur de l’autre enclave espagnole du Maroc, Ceuta. Après une tentative ratée de traversée à la nage vers liberté, il conclut, comme Willy et tant d’autres, qu’à Rabat, ses chances de trouver justice auraient plus d’espoir ; il y a trouvé un chemin vers une étroite chambre de Takaddoum. A présent, il n’a pas d’espoir de s’enfuir. Autant que Picas et les autres, il aimerait rentrer chez lui, mais il ne gagnera jamais assez d’argent pour que cette possibilité soit réaliste. Et le Maroc n’a toujours pas développé de procédures légales pour que ces jeunes “clandestins” volontaires puissent un jour apporter leur contribution à la société. Ils sont dans le flou, toujours du mauvais côté de la barrière, où qu’ils soient. “Je comprends que je suis ici illégalement, et je comprends la légitimité de la loi, dit Picas. Les Marocains n’ont rien demandé, et je comprends ça aussi. Mais s’il vous plaît, donnez-nous un recours. Peu importe la difficulté, juste donnez-nous une marche à suivre.” Récemment, avec Willy et les autres, Picas a formé une association (“la loi stipule que n’importe qui peut monter une association ici”, dit-il fièrement) qui a pour mission d’informer ces ambitieux jeunes femmes et hommes, qui

vivent encore dans leur pays, des énormes challenges que représente la vie d›un migrant illégal. “On a été naïfs”, disent Willy et Picas, et ils ne veulent pas que les autres reproduisent les mêmes erreurs. Leur association s’appelle ALECMA (association pour la lutte contre l’immigration clandestine au Maroc), et, même si les défis auxquels ils se confrontent semblent insurmontables, cette organisation leur a permis d’établir des liens, auparavant interdits, avec la société marocaine. Evidemment, ils pourraient toujours se faire renvoyer à Oujda -ou pire-, mais, au moins pour le moment, ils prennent plaisir à découvrir un côté du Maroc qui accueille leur passion et leur intelligence. Malgré les terribles obstacles, ils envisagent peut être même de rester encore un bout de temps.

L’invisible De retour à Marrakech, par une belle journée, je suis assis à la terrasse d’un café, boulevard Mohamed V. Il me semble, ces derniers temps, qu’il y a de plus en plus d’Africains Subsahariens dans les rues, de jeunes hommes au sourire timide, souvent très polis, qui vendent des peintures de mauvaise facture, de fausses montres et des statuettes d’animaux en bois. J’imagine Picas à l’arrière d’un pick-up transportant de la contrebande bon marché comme cellelà. J’en imagine d’autres, venant de Laâyoune qui, pour l’instant, est un point de traversée moins brutal qu’Oujda au nord (si toutefois vous pouvez éviter les mines), et qui explique en partie le nombre croissant de migrants illégaux dans les rues de Marrakech. Un jeune homme timide passe lentement devant le café, guettant le client à coups de regards furtifs. J’imagine qu’il garde un œil alerte au cas où la police débarquerait, bien que l’on m’ait assuré que les arrestations étaient moins fréquentes dans la Ville Rouge. Les touristes n’aiment pas assister à des rafles alors qu’ils font leurs emplettes. Je le regarde, et d’un hochement de tête, l’invite à ma table. Il s’appelle Amadou. Combien pour la girafe ? Notre négociation dure un moment, puis je commence à lui raconter quelques-unes des histoires que j’ai entendues au fil des semaines précédentes, mais il ne veut pas les entendre, en tout cas, pas comme ça, pas en public. Pendant que l›on parlait, je sors mon téléphone de ma poche. “S’il vous plaît, dit-il, pas de photos.” Voyant la peur dans ses yeux, je range mon téléphone. Ce n’est pas de moi dont il a peur, je le sais. La peur est simplement présente dans la vie d’Amadou, tel un battement de cœur régulier. Sunny, Willy, Picas et tant d’autres, la sentent aussi, constamment. Ils ont été rendus invisibles, un sort qui tous nous effrayerait, mais être invisible est mieux qu’être vu, car pour les Africains Subsahariens au Maroc, être vu c’est l’enfer.


128/PARALLELWORLDS

EN

This Promised Land “African prostitution menaces the future of the Red City”. This was the alarming headline last spring in one of Marrakech’s weekly Arabic newspapers. The article was accompanied by five photographs of unsuspecting young Sub-Saharan men and women walking down the street in blue jeans and collared shirts. “Unfortunately, these days we have seen an extraordinary invasion of people from black Africa who, without warning, have established a trade besides begging…: the sale of human flesh…. Many practicing Muslims are complaining about the bad behavior of these foreigners, who offend the feelings and the values of our citizens.”

The "Menace"

As a citizen of Marrakech concerned for its future, I set out to investigate the "menace". There are, of course, dozens of bars and nightclubs throughout the city filled nightly with prostitutes, so my investigation required no particular detective skills. As midnight approached, I stepped into one of these nightclubs in the center of Gueliz and was greeted by a crowd of smiling young women, every one of whom appeared to be an African prostitute. Unfortunately for my mission, these women looked to have been born in the African country called Morocco. Undeterred, I moved through the room to the back bar, where finally, after acknowledging dozens of Bonsoirs, I found four tall dark-skinned beauties standing in a timid circle. Their eyes were wide and beautifully made up, but dulled at their centers with sadness or fatigue. They were dressed to kill in short, slung dresses and heels so high that two of them looked down on me. Their leader was Sunny, a former student originally from "Guinea Conakry" with high cheekbones and a melodious voice. She had once visited Washington D.C., she told me, when her uncle was in the Guinean foreign service there, before a 2008 coup forced her family to flee home. Like her friends, Sunny was sent to study at a university in Marrakech. Morocco’s history of offering university scholarships to bright West African students is originally an initiative of King Hassan II, who sought to forge ties between Morocco and its southern neighbors. The program has been expanded under King Mohamed VI to include more countries and additional scholarships. The idea is that after attending Moroccan universities, which are generally well regarded, young West Africans will return home with Morocco in their hearts. This is often the case, and the Kingdom’s investment in West African citizens has also opened new avenues for political and economic cooperation. For unluckier students, however, by the time graduation comes, the situation back in their home countries has sometimes taken another dangerous turn. So, like Sunny and her friends, these graduates are forced to look for other kinds of opportunities. The next day I returned to that newspaper. None of those photographed wore the obvious provocations of the women in the local nightclubs. None were Sunny or her friends. So who was this "menace"? The answer to my question was found at the Catholic Church in Gueliz, where the celebrated choir is made up of about twenty Sub-Saharan students and offers one of the best shows in town every Sunday morning. There I learned that those in the photographs…were members of the choir, and scholarship students, some among the most accomplished in their departments. Their images had been taken without their knowledge, and they had been called prostitutes. Simply put, the newspaper had sent somebody out into the streets to snap photos of black people. A complaint had been filed at the mayor’s office, but that had accomplished nothing, and people had been too afraid to protest further. At first I didn’t fully understand this fear, but after I had spent several weeks hearing the stories of Sub-Saharans across Morocco, my definition of fear had been redefined.

Their eyes were wide and beautifully made up, but dulled at their centers with sadness or fatigue.

The "Promised Land"

Morocco has been presented with overwhelming challenges over the past year, and its relative success in navigating regional upheavals – the Arab Spring and its resulting shifts in power, as well as the ongoing European debt crisis – has presented another unique challenge. With Europe and the rest of North Africa no longer offering as many opportunities to migrants, Morocco has become an increasingly attractive option. Although Spain remained a distant possibility for some I spoke to, for most Morocco had been the final destination upon leaving

By Josh Shoemake home. Morocco, for them, had been the Promised Land. ”I was fooled by the image of Morocco,“ Eric William (called Willy) says. "I wanted to discover another culture, and my friends said it was a welcoming place." His voyage to the "Promised Land" began in his native Cameroon. Twenty-three years old, handsome, with a winning smile, he had finished two years of university when he realized that his economics degree would present him with few actual opportunities in Cameroon, and so like millions of young men before him, he set out to see the world. Exotic Morocco was his destination, a country rich in culture, a modern Thousand and One Nights. He left with twenty-five others inspired by this dream. By the time they had crossed the Algerian desert, nine were dead from the heat and the violence. As they approached Oujda, on Moroccan’s northern border, Willy’s optimistic journey had become a living hell. Oujda has become the point of entry for most migrants coming to Morocco, as well as their point of expulsion by Moroccan authorities. A successful border town, one of its thriving businesses is the trade of human beings. At the border every body is a negotiation. If you want to cross, you must have money. If you don’t have money, you must have women to be raped. If you don’t have women to be raped, you must have cell phones. If you don’t have phones, you may be jailed – or shot – by Moroccans or Algerians, depending on which side of the line you’re on. If you manage to make it through with these odds stacked against you, you may be rewarded with a stay in "The Forest". Willy arrived at the Forest of Nador, outside of Melilla (one of the two Spanish enclaves carved out of Morocco) in August 2011. Along with thousands of other Sub-Saharans, he foraged in the woods for food, relying on his newfound "brothers" to escape starvation and advise him how to cross to Spain. In the first half of 2012, 44 boats containing more than 1,000 migrants reached the Andalusian coast. Depending on the political season and promises made to European powers, sometimes the Moroccan authorities turn a blind eye to illicit crossings. Other times they enforce their own rules with a vengeance, increasingly so since the PJD government came to power in late 2011. Desperately needing European funds, they have been more eager to cooperate in policing the borders. Now the Moroccan military performs raids on "the Forest" and have been known to dig holes six meters deep in unexpected places, which are then hidden by a layer of branches. When a Sub-Saharan falls into a hole, Willy says, they pretend not to know what hole you’re talking about until eventually the Sub-Saharan dies. After nine months, escaping from starvation in the Forest had become more important to Willy than escaping to Spain. More than anything, he wanted to go home, and he decided that his best option was Rabat, where there would be embassies, humanitarian organizations, and the King, whose combined benevolence might give him some options. He arrived in a slum south of the city center home to thousands of illegal migrants: Takaddoum. "Takaddoum is a prison," Willy says. "Everybody wants to go home." He lives in a makeshift apartment with three rooms, eight men to a room. His part of the rent every month is 100 dirhams, a sum he attempts to gather by standing out on the slum’s main street every morning at seven A.M. with a crowd of others hoping to be among the two or three selected for daily construction jobs by the pickup trucks that appear. The waiting is perilous in this ghetto. Regularly, disaffected young Moroccans living nearby will rush in brandishing long knives and attack the crowds for a few dirhams, or simply for the thrill of the hunt. One day Willy and his friend Picas saw a Nigerian woman’s purse stolen by a nineteen-year-old Moroccan with a knife. Another friend joined them as they gave chase, and the young aggressor slashed the friend’s palm open with his knife. The police arrived, and the four men were taken off to the commissariat. Willy and Picas told their story while the wounded friend, still bleeding, was locked in a cell. "Go back to where you came from," they were told by the police. "This is not your home." Their wounded friend was then sent back up to Oujda, where he was cast across the border again, out of the "Promised Land".

Borders

Picas is an extraordinarily well-spoken young man. Since arriving in Rabat he has grown a stylish beard that comes to a point and is perhaps a reminder of more flamboyant days, when he made a living as a D.J. in Bahrain until the uprising there began in early 2011. Returning home to find that the nightclub he was constructing had been sold off by associates, he decided to make his way back to the Gulf countries by land. Unfortunately his timing was off. Arriving at the Egyptian border as revolution was exploding in the streets, he turned around and set his sights on Libya, arriving at that border just as the revolution kicked off there. So where was a culturally sophisticated young West African to go? With its vibrant musical tradition – those famous gnaoua who had themselves migrated from West Africa – Morocco was the obvious choice. In the Sahara, Tuareg pickup trucks transport contraband goods – cheap carvings, knockoff luxury items – covered with nets. People cling to nets all day in the sun, and Picas became one of these. If you lost hold of the nets and fell off the truck, you were left to die in the desert. Whenever the truck stopped, you wiped a layer of sand from your body that was as thick as your hand. Because of his intelligence and worldliness, Picas became the default leader of his desperate band. At desert checkpoints they were stopped by Tuareg militias


©Giresse

© Soufiane ©Giresse

bearing guns and demanding their toll. At one such checkpoint, when the group’s money had run out, the checkpoint bandits chose one of the women to be raped. If she refused, then the whole group would be killed. Guns pointed, these men were clearly serious, and so Picas, leader of the group, a d.j. who had played for clubs full of rich and happy Bahrainis, was forced into the horror of turning to this woman and telling her that she must be raped. They made it to Oujda. Picas was caught and kicked out twice, but during a night in a locked cell at the local commissariat, he got an education on the tricks of crossing from his friendly Moroccan captors, who said, "You’ll be fine. Just turn around and do it again." Across the border in Maghnia, Algeria, he joined a group that hired a guide – another Sub-Saharan – who led them 18 kilometers off into the desert before it became clear that he was lost. The guide disappeared with the group’s assembled money, and so Picas became the guide. They walked 85 kilometers in two days, with the Algerian military occasionally showing the way. This is the Kafkaesque game of modern borders, not just in Morocco but everywhere: you’re legal as long as you’re on the other side of the line. Step across that line, and you’re wanted for a crime. You are not a human being, much less an individual. There is too much money at stake – jobs, investments, taxes – for you to be recognized as such. Cross today’s international borders, in one direction or the other, and you are automatically no one. Eventually Picas reached the other Forest outside Morocco’s other Spanish enclave, Ceuta. After a failed attempt to swim to freedom, like Willy and many others he decided that his best option was to hope for justice in Rabat, where he found his way to a cramped room in Takaddoum. Now he has no hope of escape. As much as Picas and others like him want to return home, they will never earn enough money for this to be a realistic possibility, and Morocco still has not developed legal procedures for these bright young "irregulars" to obtain visas and become contributing members of society. They are in Limbo, always on the wrong side of the border, wherever they are. "I understand that I’m illegal, and I understand the necessity of law," Picas says. "The Moroccans didn’t ask for this, and I understand that, too. But please, just give us some kind of process. It doesn’t have to be easy. It can be very difficult. Just give us a process." Now, along with Willy and others, Picas has started an association ("The law says that anyone can form an association here," he says proudly) whose mission is to inform ambitious young men and women still living back home about the extraordinary challenges of life as an irregular migrant. They were naïve, Willy and Picas say, and they don’t want others to make the same mistake. Their organization is called ALECMA (Association for the fight against clandestine immigration in Morocco), and even if the challenges faced by theirs and similar

associations seem insurmountable, the association has given them a way to engage with Moroccan society that was formerly prohibited to them. Of course any day they could still be bussed back to Oujda – or worse – but for the moment, at least, they are taking pleasure in discovering a side of Morocco that welcomes their passion and intelligence. Despite all of the terrible forces aligned against them, they are thinking they might even want to stay for a while.

The Unseen

Back in Marrakech it’s a beautiful day, and I sit in a café on the Boulevard Mohamed V. These days there are more and more Sub-Saharans on the streets, it seems to me, often unfailingly polite young men with protective smiles who sell bad paintings, fake watches, and wooden animals carved in West Africa. I imagine Picas holding onto the back of a pickup truck carrying cheap contraband like this. I imagine others coming up from the south, through Laayoune, which for the moment is a less brutal crossing than in the north at Oujda (assuming you can avoid the mines), and one reason for the increasing numbers of irregular migrants on the streets of Marrakech. A shy young man is walking slowly past the café, glancing from the customers to the street. I imagine he’s keeping an eye out for the police, although I have been told that arrests are less frequent in the Red City. The tourists don’t like to see roundups as they shop. I make eye contact with the young man and nod him over to my table. He tells me his name is Amadou. How much for the giraffe? We bargain for a while, and I start to tell him some of the stories I’ve heard over the past weeks, but he doesn’t want to hear them, at least not out in the open like this. As we speak, I have taken my phone out of my pocket. "Please," he says. "No photograph." Seeing the fear in his eyes, I put my phone away. It’s not me he fears, I know. Fear is simply a presence in Amadou’s life as regular as a heartbeat. Sunny, Willy, Picas, and thousands of others feel it too, constantly. They have been made invisible, a fate that all of us would fear, but being invisible is better than being seen, because for Sub-Saharans in Morocco, being seen is hell.

Photographer Leila Alaoui has recently presented a multimedia project on the theme of migration and the situation of Sub-Saharan minorities in Morocco for the MIGRANT’SCENE Festival, in collaboration with the GADEM association and the DABATEATR theater company. Her work is a study in images, through the eyes of a Moroccan artist, as well as those of the other photographers and videographers, which evokes a certain reality in the hopes of creating a dialogue between Sub-Saharans and Moroccans centered around the fight against racism.


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Par Mélanie Polatova © Younes Design pour Ness Radio

Notre playlist 2012 par

Younes Duret & Wattfutchureez

Avant de clore l'année, un retour en musique s'impose. Tout comme le nom de Younes Duret s'est imposé pour nous concocter cette playlist 2012. Tout le monde connaît la passion communicative du jeune designer marrakchi pour la musique, on l'a vu s'emparer des platines à maintes occasions, et la webradio qu'il a fondée, Ness Radio, dépote. Avec un plaisir contagieux, Younes et son compère Wattfutchureez nous ont fait découvrir les morceaux qui ont cartonné cette année, les futurs talents à connaître absolument en 2013, mais surtout, de nombreuses "perles" qui nous transportent au cœur de la nouvelle tendance… Car, "on ne range plus les styles musicaux dans des tiroirs, la mixité et le métissage des genres sont les nouveaux mots d’ordre. Aujourd'hui il est difficile de catégoriser la création musicale, les codes étant redéfinis. Un titre peut être funky, pop, nu-soul (prononcez “new soul”, ndlr), groovy, hip hop, électro… Notre leitmotiv consiste à modifier les idées reçues sur la musique et élargir au maximum le champs d’écoute !". Une sélection éclectique, punchy… A vos écouteurs !

Extraits : “Break you off (KENSAYE REMIX)” - THE ROOTS “The Roots remixé par Kensaye, un remix réussi d’un morceau d’anthologie !” “Move Love FEAT. KING” - Robert Glasper Experiment “C’est pour moi un des albums de l’année. Le jazzman Robert Glasper a réalisé un bijou où se mêlent des influences jazz, soul, funk…” “The Wheel” - SOHN “Ce morceau est LA révélation pop et annonce un album d’exception !” “Flowers” - Andrew Ashong “Juste un tube ! Un refrain entrainant qui nous fait danser irrésistiblement!” “Something About us (Cherokee Ramix)” - Daft Punk “ça, c’est la surprise ! Un remix ultra efficace d’un morceau des Daft! C’état risqué mais le résultat est une réussite…” “And I say (Feat. Scout Larue & Will Epstein)” - nicolas jaar “Nicolas Jaar, un petit génie franco-américain de 21 ans qui a fait sensation avec son album sorti en début d’année. Incontournable !” “Every single night (Melo x Apt Basement God Mix)” Fiona Apple “Melo X est actuellement le producteur/remixeur le plus en vue. Chacun de ces remixes est attendu avec excitation.” “Make it Good” - The White Lamp “Une turbine du dance floor… Ce sera le tube du printemps 2013 !”

L’aventure Ness Radio

Younes Duret déplore que “les styles musicaux alternatifs ou underground restent trop peu représentés au Maroc, alors que, comme partout dans le monde, il s’y trouve un public de mélomanes amateur de sonorités innovantes ou intemporelles, telles l’Electroclash ou le Hip-Hop, en passant par la Nu-Soul et autres G-funk”. C’est donc sur ce constat qu’il s’est lancé dans l’aventure de la webradio en 2008, très vite rejoint par Wattfutchureez. Quatre ans plus tard, Ness Radio dépasse largement ses ambitions initiales, et diffuse une programmation éclectique à des auditeurs toujours plus nombreux. Younès est aujourd’hui entouré d’une trentaine de passionnés de tous horizons : Djs, chroniqueurs, programmeurs… Autant de talents et d’envies qui explorent sans relâche les ultimes courants musicaux, se tiennent à l’affût des dernières sorties des labels les plus pointus, ou s’affairent à (re)découvrir des perles rares oubliées pour les partager avec les auditeurs. www.nessradio.com

“Sing about me” - Kendrick Lamar “Produit par Pharrell Williams, c’est l’album hip hop 2012.” “Everybody loves the sunshine Feat. Roni Alkekengi” - medline “Vous reconnaitrez les paroles et la tonalité Seventies… Ce remix a fait un tabac depuis sa sortie l’été dernier…” “Nissim Feat. Amir Yaghmai” - The Gaslamp Killer “Saveurs orientales inattendues pour The Gaslamp Killer, producteur de hip hop californien.” “CafebyNight” - J-kid “J-Kid, jeune artiste souvent diffusé sur Ness Radio et à retrouver bientôt sur notre compilation qui sortira début d’année 2013... Restez connectés !”


EN

Our playlist 2012 by

Younes Duret &

Wattfutchureez

Before the year ends, a musical roundup seemed highly appropriate. Much like the name of Younes Duret came effortlessly to mind to help us concoct this 2012 playlist. Everyone knows of the young Marrakech designer’s infectious passion for music; many a time has been seen in full command of those turntables and Ness Radio, the web radio he founded, rocks. With this same communicative pleasure, Younes and his crony Wattfutchureez have introduced us to this year’s smash hits, the must-hear future talents of 2013 and, most importantly, a great number of “gems” leading us into the latest trends… Indeed, “musical styles can no longer be pigeonholed, the mixing and crossing of genres are the new way to go. Musical creation is hard to categorise since codes have since been redefined. A track can be funky, pop, nu-soul (pronounced “new soul”, ed.), groovy, hip hop, electro… Our leitmotiv consists in changing received ideas on music and broadening the scope of what people listen to as far as possible!”. So get those headphones on for this eclectic, punchy selection!

ExCERPTS : “Break you off (KENsaye remix)” - the roots “The Roots remixed by Kensaye, a great remix for a classic track!” “Move Love feat. king” - robert glasper experiment “This for me is one of the albums of the year. Jazzman Robert Glasper has created a gem, combining jazz, soul, and funk influences…” “The Wheel” - SOHN “This piece is THE pop revelation and promises an exceptional album!” “Flowers” - Andrew Ashong “Quite simply a hit! A lively tune you just can resist dancing to!” “Something About us (Cherokee REmix)” - Daft Punk “This one is quite a surprise! An ultra-efficient remix of a Daft Punk track! This was fairly risky but the result is a great success…” “And I say feat. scout larue & will epstein” - nicolas jaar “Nicolas Jaar, a Franco-American 21-year-old genius who created a sensation with his album, which came out at the start of the year. Key listening!” “Every single night (Melo x Apt Basement God Mix)” - Fiona Apple “Melo X is currently the most popular producer/remixer. All of his remixes are eagerly awaited.” “Make it Good” - The White Lamp “A dance floor mover… This will be the hit of Spring 2013!”

The Ness Radio adventure

Younes Duret laments the fact that “alternative or underground musical styles are not present enough in Morocco, even though, like everywhere else in the world, it has its own music-loving audience that likes innovative or timeless music, such as Electroclash, HipHop, Nu-Soul and other G-funk sounds”. This is therefore the statement that launched him into the web radio adventure in 2008, soon to be joined by Wattfutchureez. Four years later, Ness Radio is far outreaching its initial ambitions and broadcasts an eclectic mix to an ever greater number of listeners. Younès is now accompanied by thirty or so passionate people from all backgrounds: DJs, journalists, programmers… So many talents and desires exploring the ultimate musical movements relentlessly, on the lookout for the latest releases of the most specialised of music labels, or busy (re) discovering rare forgotten gems to share with their listeners. www.nessradio.com

“Sing about me” - Kendrick Lamar “Produced by Pharrell Williams, the hip hop album of 2012” “Everybody loves the sunshine feat. Roni Alkekengi” medline “You are bound to recognise both the words and the Seventies sound… This remix has been a roaring success since it came out last summer…” “Nissim Feat. Amir Yaghmai” - The Gaslamp Killer “Unexpected eastern sounds from The Gaslamp Killer, a Californian hip hop producer.” “CafebyNight” - J-kid “J-Kid, a young artist often broadcast on Ness Radio and soon to be found on our compilation coming out at the start of 2013… Stay tuned!”

Téléchargez la playlist 2012 exclusive “Ness Radio pour le MAG” à l’aide du QR Code, ou en suivant le lien… Download the exclusive 2012 “Ness Radio for the MAG” playlist using the QR Code, or by clicking on the link… http://www.mixcloud.com/nessradio/2k12-mix-exclusif-ness-radio-pour-le-marrakech-mag/


ia natessequi nitatur re num est esto doloritiatem ullique audant hil inctium inveles equidit inulleni omnianda sunt as nat harum qui omnisquatio quuntur, ulliquiam qui cullabo. Nam iminvendae. Us, sint omnis nonseque idunda velest quam atiur aut in rem facimin consequasped quature stibus. c hit ibusam etur abo. Seque nulluptate occus. O lit faccatur? Quis delit que offictiore ra volliqu iassit fugiae venihil molorernam qui secearc ipiderciae nobis quis suntiisto maio est pratur, ullore sero esequaturest qui tempor sequi dellorectas cus rescips andamus am eatempore pore volessed expello rundipsa cullandia cor sequodi tiost, si verum isit, simuscime pore sequi intiis quiam expedistrum O lit quatinu scitiis aperfercium ilis a poriti dolorum quunt quia di volorum exere ni ipsam quam faccae nulpa volutem poritiist fugia quidus et earume verorpo ruptiam ad magni officil luptur, sequam quo endenim agnatio. Voles aborum core cusandebis doluptatur maiorio volum fuga. Vidions ectios deserum venda non et exerepu diassinctur? Bea e dolut volutentur, nus exerrumqui odi te il es volupidem quatam uta porum et laut alibus modi in pero blatempore, eum harchit es corecae rferorepro totaqua sperrum quam que exerum imusam quamet fugit restist, tem voluptate res aspisim ipiet volecul laborporia imagnam, si bere, con non custemo dignatus que molorumquunt am ero quam, n squibus molore lamus utempor eprovidipiet aci noneceprae volorecto id evendiatur autem. Ulpa simos ape mos nus est, sim rem sitati dest magnam illorumque cus etur? Ciumqui aspersped quatat versper feruptam, soluptat et qui ditiur rerum velibust, ut ommolo imus alitiant omni blaborent omniminis est id ellesto dolupta tiandemporit officiistis o mus illam nam volupta verum rempos dolent re verum ex eumqui dolorro dolum susdant iusaper essuntiistor modisitate pa dolupita nus sedipsam rae nime natiore rspiende quam quiandella parcimp orionse sunt earum estio officiur? s dolor am eiur? Quiat occatistis endusandel ipsunt es raerfer itasper natiur maxim quodi deleser eratis dolupta non nobis dus, teceper itatem assimincil il modigento beatio. Et omnis ut lam, aperia doluptaque ommos aspeditatis erchil il idi ommolum quaspis et idem nessimolut odignis tiostemqui aut dunt am eniaspi stotatium, es ero comnimolum A illanti busanim into eum vitatum facepel iunt doluptatem volendictur sit, tecepuda que consecte es aut aut omnis ditiatur, ea dem ate dus autem lia non rem acepta solori tem ut fugia sus resecum velicil idenis et plit mil mo enis et experovitiat eati desti offictur, nihil inctassit et facerorro inciuri ssimenda volor santiae mod qui dolum volut fugiam, r . s aboria dolupti simusdae. Caestrum, aut pligent unt liqui ide eosti nobis et ute moluptis et aspere consequ iaerro dic to qui dolorat. N ent hic temo tota qui te ipsae rerfereiusam aut volum ipiduciet, sus quibeaq uaestio que labore quat qui voluptatet millenim que none cum quia sit quidipsus, con pe non prerumquam ad mod milique autem etum ero blam, corepel essitis nestius dit hari officitaecto volorro berro moluptas es ad quatenectur aut earupic to omnitiorpor adio totate pra R gnimusae natemporio qui vellabo. Agnitiaspis invellupid maionet anturion rectur modis int. a equis utaese verferor sa et omnia autemporum voluptas dolori aut laut faceria quis nimus quuntios delese eossero mod ut quia dolor ariatur? Os erae digendel in prernam volut quo volores sit estrum quidis molut exercidis miliamus si am il magnatu riantias nim sitiorendunt ut illent hicteca boriam faciducipist laboren ihitibu sanitamus nonse enihi- T estiam, nimusanis atur moloreped utas si tectectur solupie ndenditiis essum voloreprae offic tento conse sum in natendam et quat remoluptat fuga. Ut ut antio. 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Esed minimil magnatur molupta tiorept inihill igendere porerunt, officid t rati cupta delligende veliquia quia si remolor ecabor sitates susanim aliquae non pro il moluptasin nempor sundia del maximpo rrorestios voluptaquam aut eos et rem eiciis dolore dolorestem fugia sit latusae mint eos sumquis ut velibusae dendebis expedi corestia natessequi nitatur re num est esto doloritiatem ullique audant hil inctium inveles m t inulleni omnianda sunt as nat harum qui omnisquatio quuntur, ulliquiam qui cullabo. Nam iminvendae. Us, sint omnis nonseque idunda velest quam atiur aut in rem facimin consequasped quature stibus. e hit ibusam etur abo. Seque nulluptate occus. O lit faccatur? 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N ent hic temo tota qui te ipsae rerfereiusam aut volum ipiduciet, sus quibeaq uaestio que labore quat qui voluptatet millenim que none cum quia sit quidipsus, con pe non prerumquam ad mod milique autem etum ero blam, corepel essitis nestius dit hari officitaecto volorro berro moluptas es ad quatenectur aut earupic to omnitiorpor adio totate pra R gnimusae natemporio qui vellabo. Agnitiaspis invellupid maionet anturion rectur modis int. a equis utaese verferor sa et omnia autemporum voluptas dolori aut laut faceria quis nimus quuntios delese eossero mod ut quia dolor ariatur? Os erae digendel in prernam volut quo volores sit estrum quidis molut exercidis miliamus si am il magnatu riantias nim sitiorendunt ut illent hicteca boriam faciducipist laboren ihitibu sanitamus nonse enihi- T estiam, nimusanis atur moloreped utas si tectectur solupie ndenditiis essum voloreprae offic tento conse sum in natendam et quat remoluptat fuga. Ut ut antio. Ihit eum, volupta verum faccat facesti consecto quoditatus delestios magnimi, offictis sita de cus ellaboreris demoloris aut que non eum sequae rereperum evene mo tendi inctas moluptur, l is doluptiis ius natiame ndaesci sunt qui odiaecum elenis deligna tionemq uiduntore maximod igenet maionseque num doluptae nos nus, sime volupta simusae vere quiate plabo. Uciam eturibea evelessimos ducillectus aut atur? Fuga. Em qui temoluptati audisto cuptasitatia coriaestrum quia dias eum fuga. Nempediti re, ut aditiorias issimus c nis ut utem quia nobis dusto cus. t volorepelit eos ex et re mo eum esequiandant velestibus quam anduciae nescia aut es et id quo omniendae. Pa net eum dunto quaesti nimetur? N m quiaerc hilique quiaeprem qui dolorio. Occum rectorp oraesentiis nis dolenduci id es ex eatem aut que essedissus magnatqui ventota tisque plit laut asi de porehento cuptaturist, ut et apid utamus dolupis aut maios rendunt, te cusa culparibus idunt dolupid mo voluptaepe sum fugia cuptatem qui te pres sitae. Equi cum rature, quam latum, officie V nimus iur solorectas plandigenis et et et dio. Et quasimpero ommolup tatquia ditatem quis alitatius, quiam voluptate net, odic tem. Ihil imin coremporrora simperc iduciat quatia doluptat. n uis et, voluptis doluptas am nisquos rere, tem quunt quost pro expliquo vitium doloribus nis sam explique simusam re nos aut volent, solectiature vel magnisque in reperis sequi quis nonseque enihill estistiam quae nonsequos mint, occae ex et, quassin tiorepudisim volupid es dolupidebis serehen imilit dolorun ducias ipienihit, culpa sant pos si O iae. Ecte sae non parcium dis re solupiditasi to mo il imagnim porerum laniendia vidunto tatiis nonecto dolupta vent velibus daeceri dolut pe res sitatur sequi sitiones sit mo dolorerescid molest fugiaecercia seque voloribero temquunt voloria solupta dolor aut voluptat labo. Arum de cus dis consequ oditaquis illaut eum quia volecumquis aliquo c d quissi descietur alibus erspero ius, natur sum sedi quodi dolorrum dolor sequatum renestibus rem qui cum doluptamet, voluptatur, odia culpa sequia nonse nam alis nonsequi a veles ipsunt velent alit quam quati oditatque rest, nonsecerspis autatem porationecti acia volutem. Iquam recti coritaque enduntia ilignitium labo. Et mo est, nosaectorro c dae nisci sanditiurent am, acerias ex erum in num ut quidernam am explab iur, quae. Et que dolorum int eum faccupta il is aboress ectio. Solorro rectae por alit invellore volor aborrum fugia dolent esed quis eos moditio maionsedi volut etur, conem veniatior aut volupta quamet eos as reptata estotatur aliciet, sin et, con esendenimus aut omnis v quatquis as molorem iur sit, quo bla non repel mincienit odi int et parum volupic tendunt. a

134/KIFFLECTURE

Par Katia Sahli


corestia natessequi nitatur re num est esto doloritiatem ullique audant hil inctium inveles equidit inulleni omnianda sunt as nat harum qui omnisquatio quuntur, ulliquiam qui cullabo. Nam iminvendae. Us, sint omnis nonseque idunda velest quam atiur aut in rem facimin consequasped quature stibus. Omnihit ibusam etur abo. Seque nulluptate occus. Occullit faccatur? Quis delit que offictiore ra volliqu iassit fugiae venihil molorernam qui secearc ipiderciae nobis quis suntiisto maio est pratur, ullore sero esequaturest qui tempor sequi dellorectas cus rescips andamus am eatempore pore volessed expello rundipsa cullandia cor sequodi tiost, si verum isit, simuscime pore sequi intiis quiam expedi eum alit quatinu scitiis aperfercium ilis a poriti dolorum quunt quia di volorum exere ni ipsam quam faccae nulpa volutem poritiist fugia quidus et earume verorpo ruptiam ad magni officil luptur, sequam quo endenim agnatio. Voles aborum core cusandebis doluptatur maiorio volum fuga. Vidions ectios deserum venda non et exerepu diassinctur? B natius dolut volutentur, nus exerrumqui odi te il es volupidem quatam uta porum et laut alibus modi in pero blatempore, eum harchit es corecae rferorepro totaqua sperrum quam que exerum imusam quamet fugit restist, tem voluptate res aspisim ipiet volecul laborporia imagnam, si bere, con non custemo dignatus que molorumquunt am ero quam, officii squibus molore lamus utempor eprovidipiet aci noneceprae volorecto id evendiatur autem. Ulpa simos ape mos nus est, sim rem sitati dest magnam illorumque cus etur? Ciumqui aspersped quatat versper feruptam, soluptat et qui ditiur rerum velibust, ut ommolo imus alitiant omni blaborent omniminis est id ellesto dolupta tiandemporit offic sus, samus illam nam volupta verum rempos dolent re verum ex eumqui dolorro dolum susdant iusaper essuntiistor modisitate pa dolupita nus sedipsam rae nime natiore rspiende quam quiandella parcimp orionse sunt earum estio officiur? Ab is dolor am eiur? Quiat occatistis endusandel ipsunt es raerfer itasper natiur maxim quodi deleser eratis dolupta non nobis dus, teceper itatem assimincil il modigento beatio. Et omnis ut lam, aperia doluptaque ommos aspeditatis erchil il idi ommolum quaspis et idem nessimolut odignis tiostemqui aut dunt am eniaspi stotatium, es ero comnimol rendel illanti busanim into eum vitatum facepel iunt doluptatem volendictur sit, tecepuda que consecte es aut aut omnis ditiatur, ea dem ate dus autem lia non rem acepta solori tem ut fugia sus resecum velicil idenis et plit mil mo enis et experovitiat eati desti offictur, nihil inctassit et facerorro inciuri ssimenda volor santiae mod qui dolum volut fug sit unt. Nam aboria dolupti simusdae. Caestrum, aut pligent unt liqui ide eosti nobis et ute moluptis et aspere consequ iaerro dic to qui dolorat. 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Occum rectorp oraesentiis nis dolenduci id es ex eatem aut que essedissus magnatqui ventota tisque plit laut asi de porehento cuptaturist, ut et apid utamus dolupis aut maios rendunt, te cusa culparibus idunt dolupid mo voluptaepe sum fugia cuptatem qui te pres sitae. Equi cum rature, quam latum, of nimagnimus iur solorectas plandigenis et et et dio. Et quasimpero ommolup tatquia ditatem quis alitatius, quiam voluptate net, odic tem. Ihil imin coremporrora simperc iduciat quatia doluptat. Otatquis et, voluptis doluptas am nisquos rere, tem quunt quost pro expliquo vitium doloribus nis sam explique simusam re nos aut volent, solectiature vel magnisque in reperis sequi quis nonseque enihill estistiam quae nonsequos mint, occae ex et, quassin tiorepudisim volupid es dolupidebis serehen imilit dolorun ducias ipienihit, culpa sant pos s conestiae. Ecte sae non parcium dis re solupiditasi to mo il imagnim porerum laniendia vidunto tatiis nonecto dolupta vent velibus daeceri dolut pe res sitatur sequi sitiones sit mo dolorerescid molest fugiaecercia seque voloribero temquunt voloria solupta dolor aut voluptat labo. Arum de cus dis consequ oditaquis illaut eum quia volecumquis aliqu consed quissi descietur alibus erspero ius, natur sum sedi quodi dolorrum dolor sequatum renestibus rem qui cum doluptamet, voluptatur, odia culpa sequia nonse nam alis nonsequi a veles ipsunt velent alit quam quati oditatque rest, nonsecerspis autatem porationecti acia volutem. Iquam recti coritaque enduntia ilignitium labo. Et mo est, nosaecto vollandae nisci sanditiurent am, acerias ex erum in num ut quidernam am explab iur, quae. Et que dolorum int eum faccupta il is aboress ectio. Solorro rectae por alit invellore volor aborrum fugia dolent esed quis eos moditio maionsedi volut etur, conem veniatior aut volupta quamet eos as reptata estotatur aliciet, sin et, con esendenimus aut omnis autem quatquis as molorem iur sit, quo bla non repel mincienit odi int et parum volupic tendunt. Itatest liqui ut rem seque parciet es sae sint plit, quodicid ut id milit oditatur? Alique ne alitis unt lab ium la qui voluptas sit lati venis repratem quo ditaecum volorep udanissitis et aut arum exceped ut vent veliquo torio magnis as arum as moloribusa volo od erum autate et rem rem ipsuntem im quiatis que doluptu remporernat volore venis aut alique dolupta tiumquiaesed qui cone lam, con etur, unt alique prae inis eatus nulp dolenda dolorum nectaquas eos as prest, inciden imintibusa des reritis nam lis dollupta nobis sam voloribus dolupta tecatiistem aut latum ere sam, siti beate pro mi, untur, temolupturio consequas aut et rectecus serum qui re, quiatusant. Onse sunt labo. Iberiaepel ma volendae nam ut re num sitem explictur, ut eturibus remolor eperiatiur accatur sequamus dit, a eossim ne solo quod undunt fugitias molestrum eos dolorias ipsandandae. Axim similia audaeprati aute nostion ectatia cus ea quam faceriossit liciducimiminvellecat liqui venderiatur, cus, qui cus et dic tectur, sam et facersp ut eos soloreptate lam autae et faccaborrum aligendem fugit ut amet invel ex et faccum lamus prepere ruptia auta veni quam et offic totaqui beate dolor molesto tatempe rem ipsus quam arum isitiusda doluptae molupiendus et et vid experum aut explanda debitat eliberro occullati officiderum aut dolut quosapiet as elest accumqui ne latas cupta con rerehen debitae excea sequosae. Itatur mo vel eri quos aliciume remoluptae excearumqui comnihi tatur, sit velestecabo. Ed quam quo et esequis et verum quiatur se pe nimodis mod magnam, quam, soluptae dolest, que nonseque volum delicae apisqui amusdaecum rendes eos doluptam velictatur a dunt aut maiorero debis venis nus dicim rem. Ferit debit plautemqui officius esto cus ratis cumquias se pro od et perro officat doluptatis iducidu cipsusam am sapis et omni consequiam adias duscit volentiatur sollorp orendenia dolo dolo qui occaectotae. Ma dolesequiae prori optatatem que eveliquid qui dolu iuhgliuygDe dolor alitatendis ute et dolorem quia consedi ommod etur simporio. Nem quae tibusandit officiet lante commos nectur magnia debit re idusa etur? Esequi tenditis doluptatem as aut que odipsan debitas es quae. Ut es rem inulpar chilla comnisquam dem harum et laceata spicit acea iumquas solupta velendust lab is restius modis nonsecus vellabo ritibusdae. Esed minimil magnatur molupta tiorept inihill igendere porerunt, officid modit rati cupta delligende veliquia quia si remolor ecabor sitates susanim aliquae non pro il moluptasin nempor sundia del maximpo rrorestios voluptaquam aut eos et rem eiciis dolore dolorestem fugia sit latusae mint eos sumquis ut velibusae dendebis expedi corestia natessequi nitatur re num est esto doloritiatem ullique audant hil inctium invele equidit inulleni omnianda sunt as nat harum qui omnisquatio quuntur, ulliquiam qui cullabo. Nam iminvendae. Us, sint omnis nonseque idunda velest quam atiur aut in rem facimin consequasped quature stibus. Omnihit ibusam etur abo. Seque nulluptate occus. Occullit faccatur? Quis delit que offictiore ra volliqu iassit fugiae venihil molorernam qui secearc ipiderciae nobis quis suntiisto maio est pratur, ullore sero esequaturest qui tempor sequi dellorectas cus rescips andamus am eatempore pore volessed expello rundipsa cullandia cor sequodi tiost, si verum isit, simuscime pore sequi intiis quiam expedi eum alit quatinu scitiis aperfercium ilis a poriti dolorum quunt quia di volorum exere ni ipsam quam faccae nulpa volutem poritiist fugia quidus et earume verorpo ruptiam ad magni officil luptur, sequam quo endenim agnatio. Voles aborum core cusandebis doluptatur maiorio volum fuga. Vidions ectios deserum venda non et exerepu diassinctur? 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Quiat occatistis endusandel ipsunt es raerfer itasper natiur maxim quodi deleser eratis dolupta non nobis dus, teceper itatem assimincil il modigento beatio. Et omnis ut lam, aperia doluptaque ommos aspeditatis erchil il idi ommolum quaspis et idem nessimolut odignis tiostemqui aut dunt am eniaspi stotatium, es ero comnimol rendel illanti busanim into eum vitatum facepel iunt doluptatem volendictur sit, tecepuda que consecte es aut aut omnis ditiatur, ea dem ate dus autem lia non rem acepta solori tem ut fugia sus resecum velicil idenis et plit mil mo enis et experovitiat eati desti offictur, nihil inctassit et facerorro inciuri ssimenda volor santiae mod qui dolum volut fug sit unt. Nam aboria dolupti simusdae. Caestrum, aut pligent unt liqui ide eosti nobis et ute moluptis et aspere consequ iaerro dic to qui dolorat. Repelent hic temo tota qui te ipsae rerfereiusam aut volum ipiduciet, sus quibeaq uaestio que labore quat qui voluptatet millenim que none cum quia sit quidipsus, con pe non prerumquam ad mod milique autem etum ero blam, corepel essitis nestius dit hari officitaecto volorro berro moluptas es ad quatenectur aut earupic to omnitiorpor adio totate ad magnimusae natemporio qui vellabo. Agnitiaspis invellupid maionet anturion rectur modis int. Tionsequis utaese verferor sa et omnia autemporum voluptas dolori aut laut faceria quis nimus quuntios delese eossero mod ut quia dolor ariatur? Os erae digendel in prernam volut quo volores sit estrum quidis molut exercidis miliamus si am il magnatu riantias nim sitiorendunt ut illent hicteca boriam faciducipist laboren ihitibu sanitamus nonse e lit vellestiam, nimusanis atur moloreped utas si tectectur solupie ndenditiis essum voloreprae offic tento conse sum in natendam et quat remoluptat fuga. Ut ut antio. Ihit eum, volupta verum faccat facesti consecto quoditatus delestios magnimi, offictis sita de cus ellaboreris demoloris aut que non eum sequae rereperum evene mo tendi inctas molup cuptis is doluptiis ius natiame ndaesci sunt qui odiaecum elenis deligna tionemq uiduntore maximod igenet maionseque num doluptae nos nus, sime volupta simusae vere quiate plabo. Uciam eturibea evelessimos ducillectus aut atur? Fuga. Em qui temoluptati audisto cuptasitatia coriaestrum quia dias eum fuga. Nempediti re, ut aditiorias issimus trumenis ut utem quia nobis dusto cus. Nate volorepelit eos ex et re mo eum esequiandant velestibus quam anduciae nescia aut es et id quo omniendae. Pa net eum dunto quaesti nimetur? Vitatem quiaerc hilique quiaeprem qui dolorio. Occum rectorp oraesentiis nis dolenduci id es ex eatem aut que essedissus magnatqui ventota tisque plit laut asi de porehento cuptaturist, ut et apid utamus dolupis aut maios rendunt, te cusa culparibus idunt dolupid mo voluptaepe sum fugia cuptatem qui te pres sitae. Equi cum rature, quam latum, of nimagnimus iur solorectas plandigenis et et et dio. Et quasimpero ommolup tatquia ditatem quis alitatius, quiam voluptate net, odic tem. Ihil imin coremporrora simperc iduciat quatia doluptat. Otatquis et, voluptis doluptas am nisquos rere, tem quunt quost pro expliquo vitium doloribus nis sam explique simusam re nos aut volent, solectiature vel magnisque in reperis sequi quis nonseque enihill estistiam quae nonsequos mint, occae ex et, quassin tiorepudisim volupid es dolupidebis serehen imilit dolorun ducias ipienihit, culpa sant pos s conestiae. 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Solorro rectae por alit invellore volor aborrum fugia dolent esed quis eos moditio maionsedi volut etur, conem veniatior aut volupta quamet eos as reptata estotatur aliciet, sin et, con esendenimus aut omnis autem quatquis as molorem iur sit, quo bla non repel mincienit odi int et parum volupic tendunt. Itatest liqui ut rem seque parciet es sae sint plit, quodicid ut id milit oditatur? Alique ne alitis unt lab ium la qui voluptas sit lati venis repratem quo ditaecum volorep udanissitis et aut arum exceped ut vent veliquo torio magnis as arum as moloribusa volo od erum autate et rem rem ipsuntem im quiatis que doluptu remporernat volore venis aut alique dolupta tiumquiaesed qui cone lam, con etur, unt alique prae inis eatus nulp dolenda dolorum nectaquas eos as prest, inciden imintibusa des reritis nam lis dollupta nobis sam voloribus dolupta tecatiistem aut latum ere sam, siti beate pro mi, untur, temolupturio consequas aut et rectecus serum qui re, quiatusant. Onse sunt labo. 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Un partage de bonnes feuilles pour voyager dans l’imaginaire de belles plumes… Prêter un livre c’est ouvrir l’intimité de sa lecture à un autre, c’est un beau geste de partage et une merveilleuse façon d’explorer des univers différents. Des Marrakchis m’ont prêté un des livres qui les a fait vibrer. Ainsi, j’ai découvert de très belles histoires, que j’aurais sans doute laissées s’échapper dans le flot continu de la production littéraire… A tous, j'ai posé la même question : "Pourquoi ce livre ?", avant de plonger à mon tour dans l’imaginaire des Ignorants, Karoo, Einstein et Shams. "Les ignorants"

“Depuis tout petit je lis des BD, tout ce qui me passe sous la main. “Les Ignorants” est le dernier cadeau de ma chère épouse, il s’agit d’une “initiation croisée” entre un dessinateur de BD, l’auteur, et un vigneron. L’histoire dure une année, un cycle complet de soins, d’attentions et d’entretien de la vigne de Richard Leroy, le vigneron. Initiation à la vigne et au vin, à la biodynamie d’un côté, introduction à la BD de l’autre, car chacun est totalement béotien en la matière de son ami. Entre taille et sarclage, vendange et vinification, en passant d’un salon de la BD à une foire au vin.” Jean-Paul Henriot, constructeur de maisons de terre. Cette initiation croisée, entre Etienne Davodeau, auteur de BD, et Richard Leroy, vigneron, est une invitation à découvrir des mondes parallèles. Celui de Richard, le vigneron, à travers le lien particulier qui l’unit à sa terre, cette alchimie qui opère entre lui et son vin. Sa passion est communicative, et on finit par voir, derrière chaque vin, la terre qui l’a porté et le ciel qui l’a nourrit. Celui d’Etienne, l’univers de la BD, qu’il nous trace et décrit. A travers son trait sobre et réaliste, on découvre l’essentiel en douceur et avec beaucoup d’humour. Enfin, et surtout, ces deux ignorants, solidement ancrés dans leurs passions, nous racontent leur belle amitié. “Les Ignorants” d’Etienne Davodeau - Futuropolis

"Karoo"

"Dans "Karoo", le personnage est tellement humain, avec toutes ses qualités et nombreux défauts, tous conscientisés, que l’histoire en devient presque secondaire… C’est un vrai moment de littérature, l’auteur nous fait dépasser toutes nos attentes. Je crois qu’il serait capable de raconter l’histoire d’un simple verre d’eau posé sur une table et de nous captiver avec ça." Othman Zine, photographe et cinéaste. Karoo, c’est l’anti-héro par excellence. Il possède à peu près tous les défauts que l’on pourrait reprocher à un homme, comme par exemple son incapacité à nouer des liens intimes : il ne peut rester seul avec quiconque, il a toujours besoin d’un bouclier entre lui et les autres, même avec son propre fils. Ou comme son syndrome de subjectivité ou d’objectivité, qui lui permet, quel que soit le sujet, de pouvoir s’en détacher totalement… Mais, c’est surtout un personnage fascinant, complet et sans complaisance. Il n’y a pas d’artifice dans Karoo, il nous est livré brut de décoffrage, rien n’est lissé, tempéré, Karoo nous saisit, d’abord parce qu’on le sent intégralement assumé par son auteur, Steve Tesich, ensuite, parce que lorsque ce dernier nous ouvre l’esprit de ce quinquagénaire extraordinaire, et nous balade dans les méandres de son univers, on s’y noie avec délectation. "Karoo" de Steve Tesich - Monsieur Toussaint Louverture

"La formule de Dieu"

"Parce qu’il m’a permis de clarifier les questions que je me posais sur la Physique, et parce qu’il m’a donné envie de danser comme Shiva sur le rythme de l’univers !" Ménagère anonyme de moins de 50 ans (s’il fallait la caser dans une nomenclature communément admise). Il est vrai que plus qu’un thriller, ce livre est un formidable outil de vulgarisation scientifique. Ainsi, j’ai enfin compris ce que "E=MC2" signifiait exactement, et ce qu’était -et impliquait- la physique quantique. Tout cela, sur fond d’intrigue relativement trépidante, et sans compter l’immense privilège de pouvoir, l’espace de quelques heures, approcher virtuellement l'un des cerveaux les plus brillants que l’humanité n'ait jamais produit : Monsieur Albert Einstein. La formule de Dieu, c’est la formule parfaite du parfait best seller, avec des ingrédients bien dosés : une pincée de suspens, trois gouttes d’Histoire, un soupçon de romance, une grande cuillère de science. Mélangez le tout, vous ne laisserez certainement pas mijoter, ce livre se lit d’une traite. Et obtenez un délicieux moment de lecture ! "La formule de Dieu" de José Rodrigues dos Santos - HC Editions

"Soufi, mon amour"

"C’est un roman d’Amour dans ses multiples sens, amour de Dieu, de son prochain, amour filial, charnel ou spirituel. C’est un livre qui m’a happé, il m’a été impossible de le lâcher. Il y a deux histoires qui cohabitent en parallèle, une dans le passé, l'autre dans le présent, ce qui donne un rythme au livre. Il y a surtout cette amitié extraordinaire, incroyable, entre un derviche errant, Shams de Tabriz, et Rûmi, le grand maître soufi. C’est un livre emprunt de beauté, d’une grande richesse. Il montre que l’amour se joue du temps, de tout, que l’on a toujours la possibilité de faire grandir son âme, que l’on est perfectible. Qu'il y a toujours quelqu’un sur notre route pour être notre miroir." Nadia Laraqui, Pharmacienne. "Soufi, mon amour" n’est pas un simple roman. Une fois que vous l’aurez, vous ne pourrez plus jamais voir le monde avec vos yeux d’avant. C’est un roman qui ouvre discrètement les portes de notre compréhension, et nous laisse entrevoir l’immensité de l’Amour. Chaque page est un pas vers l’apaisement, l’ouverture à soi, c’est un enchantement. Shams de Tabriz, le derviche errant aux 40 règles -et au regard qui vous transperce l’âme-, est un guide remarquable qui vous emmène sur les traces de l’Amour, quelles que soient les directions que celui ci peut emprunter. Car, il EST l’Amour. Ce roman est à la fois initiatique, ancré dans un questionnement profond, et pourtant, d’une simplicité de lecture déconcertante. Marcher aux côtés de Shams (Soleil) a été synonyme de bien-être, il a éclairé mon chemin. "Soufi, mon amour" d'Elif Shafak - Phébus


136/KIFFMEDINA

Par Mélanie Polatova

/L’abécédaire des riads/ La Médina, bouquet fourni de ruelles, d’odeurs et de chassés-croisés de mobylettes, renferme une multitude d’adresses secrètes gardées par de lourdes portes en bois… Les Riads, habitats traditionnels, témoins d’un mode de vie authentique, sont aujourd’hui inévitables, remis au goût du jour par le concept de maison d’hôtes. Un seul point commun : le patio -ou jardin central- qui dessert les chambres et salons. Pour le reste, ils sont tous uniques, empreints de la personnalité de leur propriétaire, de l’histoire de leur quartier, dans des proportions plus ou moins grandes, des décors traditionnels ou contemporains. Marrakech Mag a dressé son Abécédaire. Parce qu’on a tous besoin d’une bonne adresse à recommander dans la Médina de Marrakech…

Petit lexique : V = accès en voiture, P = piscine.

I


C

F

B /A comme Art Déco : La Villa Makassar/

C’est un collectionneur, passionné par l’époque Art Déco, qui a donné vie à ce sublime hôtel. Cinq années de travaux ont été nécessaires pour mettre en scène ses 10 chambres uniques. Une piscine chauffée, un immense jacuzzi, une bibliothèque de beaux livres dédiés à l’Art Déco, de sublimes salles de bain… Un établissement de très haut standing, mais surtout, un véritable voyage dans le temps. V – P - Budget = + 200 euros (transfert aéroport et petit-déjeuner compris). www.villamakassar.com

/B comme Bobo Roots : L’Hôtel du Trésor/

A deux pas de la Place, les pancartes d’hôtels fleurissent dans la rue Sidi Boulokat. Parmi eux, l’Hôtel du Trésor a été rénové avec authenticité, et relevé de meubles vintage par son propriétaire italien. Les clients de toutes les nationalités se partagent 13 chambres rikiki mais confortables, comme la “Mona Lisa” –version d’une Joconde voilée !-, un petit patio et un toit terrasse qui dresse le buffet du Breakfast. Un Riad traditionnel et décalé à la fois, admirablement tenu par son gérant, Amine, et son équipe dynamique. Budget = + 38 euros avec petit-déjeuner. Tel : +212 5 24 37 51 13

/C comme Coup de cœur : Riad Rbaa Laroub/

Déjà, dans le derb étroit, des lianes fleuries dégoulinent le long des hauts murs, et, en passant la porte, on découvre un patio d’une végétation luxuriante. Depuis 20 ans, Jean Noël a laissé la nature s’exprimer dans une explosion de verdure, dans laquelle il a subtilement mis en scène ses coups de cœur de Bab Khemis. Un charme indéniable, distillé dans 7 chambres et suites uniques “sans surenchère de déco inutile”, dont une partie a été réalisée par ses amis du Studio K&O. Spéciale mention pour la terrassejardin qui donne l’impression d’être à la campagne. Et un grand coup de

A cœur pour Jean-Noël qui nous reçoit en toute simplicité. Budget = + 75 euros avec petit-déjeuner. www.darrbaalaroub.com

/D comme Douceur de vivre : Ksar Anika/

Situé dans le Mellah, ce Riad offre espace et lumière à ses hôtes, dans le silence de ses patios rafraîchissants. Lecture et musique sont au programme dans cette maison d’hôtes qui a tout misé sur l’espace (les plus petites chambres font 44m2). Le plus : Majdouline, maîtresse des lieux accueillante et chaleureuse, dont l’équipe est toujours disponible pour escorter les clients dans la Médina, ou servir un plateau télé dans la salle de cinéma. V - P - Budget = +100 euros avec petit-déjeuner. www.ksaranikacom

/E comme Elémentaire : Dar Touyir/

Direction Bab Doukkala et son ambiance de village, loin des souks... Dar Touyir, constitué de deux Riads à peine transformés par leurs propriétaires, possède 7 chambres au style beldi : un retour à l’essentiel sans aucun effet déco. Le Plus : les propriétaires possèdent la ferme Jnane Tihitit au barrage, dans le même esprit élémentaire, ils proposent donc des séjours combinés Médina/campagne… Budget = +65 euros avec petit-déjeuner. www.riad-t.com

/F comme Fashionnable : Riad Dar White/

Tout petit, tout blanc, avec ses 4 chambres aux noms évocateurs : Saint-Tropez, Mykonos, Porto Fino et Ibiza. Idéal pour être privatisé le temps d’un weekend… Au programme : jacuzzi sur le toit, massages à domicile, petit-déjeuner sur la terrasse… Une déco résolument contemporaine, immaculée, dans un quartier chic : la Kasbah. Budget = 120 euros ou 440 euros pour privatiser. www.riad-dar-white.com


138/KIFFMEDINA

J

L

H

G /G comme Gourmet : Le Riad Monceau/

Le Riad Monceau date du XVIIIe siècle. Depuis 2002, il est la propriété de la créatrice française Isabelle Aubry qui y expose quelques unes de ses compositions tissées, dans une atmosphère d’hôtel particulier. Les plaisirs de la table sont décuplés chaque soir dans ce haut lieu de la gastronomie marocaine, et en matinée, à l’école de cuisine. Autre Plus : les mains de Mouna et la chaleur du hammam qui font des miracles… P - Budget = +125 euros avec petit-déjeuner. www.riad-monceau.com

/H comme Historique : Dar Karma/

Ce très beau Riad de 6 chambres et suites appartenait au traducteur français du Roi Mohammed V. Classique dans sa déco, de très bon goût, il est réputé pour sa convivialité. On aime les plafonds d’époque, les coursives privatives, les chambres spacieuses, la terrasse plantée de verdure et ses beds douillets… Sans oublier le hammam, authentique, où Souad prodigue gommage et massage qui font sa renommée au-delà des frontières. P - Budget = + 90 euros avec petit-déjeuner. www.dar-karma.com

/I comme Institution : La Maison Arabe/

Ouverte en 1946, cette incroyable demeure est une institution, un hymne au noble travail des artisans marocains. Une ambiance feutrée de palace, avec 26 chambres et suites, la plupart avec terrasse privée et cheminée, à laquelle s’ajoute le charme d’une maison d’hôtes… Le restaurant est une véritable référence, tout comme son école de cuisine marocaine. On adore le piano bar qui nous fait voyager dans les années 30. V – P - Budget = + 170 euros. www.lamaisonarabe.com

M /J comme Jumeaux : Riad Due et Riad 72/

Deux Riads de 4 chambres chacun (l’un à Mouassine, l’autre à Bab Doukkala), dont l’architecture traditionnelle a été magnifiée parle choix d’objets et de mobilier contemporains, tout en privilégiant l’espace. Le Riad Due affiche des couleurs acidulées, tandis que le Riad 72 jouit d’immenses bananiers. On aime les salles de bain XXL et l’esprit “Déco”, irrésistible, que l’on doit à une Italienne au goût sûr… Budget = + 130 euros (transfert aéroport, petit-déjeuner et pause thé à la menthe inclus). www.riaddue.com

/L comme Luxe : Riad Farnatchi/

Une des premières adresses Luxe de la Médina, où six Riads ont été réunis pour mettre en scène 9 suites luxueuses, et un labyrinthe de patios et d’escaliers qui mènent dans des appartements vastes et confortables. Chaque suite possède une cheminée, un balcon ou terrasse privatifs, une station iPod… Autre Plus : la possibilité de prendre ses repas où bon nous semble. P - Budget = + 300 euros avec petit-déjeuner. www.riadfarnatchi.com

/M comme Magique : La Sultana/

La Sultana fait partie des Small Luxury Hotels et Great Hotels of the World, ce qui en dit long sur la qualité de ses prestations. Une atmosphère de Palais, élégante et intemporelle, teintée d’inspirations indiennes et africaines, où l’artisanat marocain règne en maître, avec profusion de tableaux et objets d’art, glanés par des propriétaires collectionneurs voyageurs. Le service, dirigé d’une main de fer par son directeur Xavier Soundrom, est impeccable, et le Spa, inoubliable. P – V - Budget = + 250 euros. www.lasultanamarrakech.com


T

V

P

/P comme Princier : Les Jardins de la Médina/

Une demeure princière dissimulée dans la Kasbah, des chambres aux proportions généreuses, décorées avec goût et vêtues de lumière… Les Jardins de la Médina fait partie de Châteaux & Hôtels Collection (groupe Ducasse). Son Plus réside indéniablement dans son jardin intérieur de 3.000m2, sa piscine chauffée, ses terrasses et ses coins intimes de lecture. On y va aussi pour la cuisine de la Chef Sanaa Gammas, qui aime faire fusionner les saveurs d’ici et d’ailleurs… P – V - Budget = + 180 euros. www.lesjardinsdelamedina.com

/R comme Romantique : Le Riad Tarabel/

Direction Dar El Bacha pour redécouvrir le Riad Tarabel, récemment agrandi pour totaliser 7 chambres et suites, et bientôt agrémenté d’un grand jardin et d’une piscine. Un esprit “hôtel particulier”, une atmosphère ouatée, subtil mélange de styles : Napoléon III, colonies asiatiques, Maroc d’antan… A leur arrivée, les clients se voient confier un téléphone portable pour être en contact permanent avec Elsa, la gérante. P - Budget = + 190 euros la nuit. www.riadtarabel.com

/S comme So chic : Dix-neuf Laksour/

Avis aux fans du Studio K&O (Heure Bleue, Café de la Poste…) qui s’est inspiré de la Medersa Ben Youssef pour repenser cette architecture épurée en black & white. On aime chaque détail, comme les salons cheminée au style colonial, l’escalier arrondi en tomette, les baignoires à l’ancienne… Sans oublier le service qui contribue largement à l’atmosphère “so chic” des lieux. Budget = + 100 euros avec petit-déjeuner. www.dixneuf-la-ksour.com

/T comme Théâtral : Riad El Fenn/

Ce Riad -qui en réunit plusieurs- incarne une belle vitrine pour l’art contemporain (il abrite notamment la Biennale de Vanessa Branson, la propriétaire) et prend des airs de décor de cinéma. Un restaurant «café théâtre», des chambres qui semblent avoir été figées dans le temps, une terrasse où il fait bon prendre l’apéritif… Finalement, un lieu qui ne laisse personne indifférent. P - Budget = +185 euros. www.riadelfenn.com

/V comme Valeur sûre : Riad Al Jazira/

Son accès est un peu compliqué, mais dépaysant pour ceux qui découvrent la Médina : il se fait par un passage en tunnel au détour d’un derb... Une grande sobriété dans les choix décoratifs de cette authentique demeure du XVIIe siècle, où les 15 chambres donnent toutes sur l’un des trois patios -dont un avec une vraie grande piscine... Proportions harmonieuses, convivialité dans les salons aux banquettes basses… et calme. P - Budget = + 96 euros avec petit-déjeuner. www.riadaljazira.com

/X comme XXL : Les Jardins de la Koutoubia/

Le Riad d’origine date du XIIIe siècle. Un grand hôtel au charme indéniable, avec ses salons cosy, sa déco sobre et élégante, et, en prime, cinq restaurants dont une très bonne table indienne, perchée sur le toit, avec vue imprenable sur la Koutoubia… A deux pas de Jamaâ El Fna, on y trouve aussi une très grande piscine, un superbe Spa Clarins et un immense jardin. P – V - Budget = + 200 euros. www.lesjardinsdelakoutoubia.com


140/ENJOYMEDINA

EN

Riad Alphabet C = car access P = pool

The abundant bouquet of alleyways, smells and toing and froings of mopeds that is the Medina contains a multitude of secret addresses kept secret behind heavy wooden doors… The Riads, traditional Moroccan housing and survivors of an authentic way of life, are now inevitable and have been brought up to date with the concept of guest houses. They have one thing in common: their bedrooms and sitting rooms give out onto a patio or central garden. Otherwise, they are all unique, marked with their owner’s personality and the story of their neighbouring streets, of greater or lesser proportions and with traditional or modern decors. Marrakech Mag has created their very own Alphabet, because we all need a good address to recommend in the Marrakech Medina…

A for Art Deco: The Villa Makassar A collector, passionate about the Art Deco period, gave life to this sublime hotel. Five years of work were needed to stage its 10 unique bedrooms. A heated swimming pool, a huge Jacuzzi, a library of coffee table books dedicated to Art Deco, and sublime bathrooms… A luxury establishment and a real step back in time. C – P - Budget= + 200 euros (airport transfer and breakfast included). www.villamakassar.com

F for Fashionable: Riad Dar White Tiny and white, with its 4 evocatively-named rooms: Saint-Tropez, Mykonos, Porto Fino and Ibiza. Ideal for a private weekend stay… On the programme: Jacuzzi on the roof, on-hand massages, breakfast on the terrace… A resolutely modern, spotless decor, in a chic neighbourhood of the Kasbah. Budget= 120 euros or 440 euros privatised. www.riad-dar-white.com

B for Bohemian chic Roots: The HOtel du TrEsor A stone’s throw away from the Square, hotel signs thrive in Sidi Boulokat Street. Among them, the Hôtel du Trésor has been renovated with authenticity in mind and decorated with vintage furniture by its Italian owner. Customers from all nationalities share 13 teeny but comfortable rooms, like the “Mona Lisa” – the veiled version! -, a small patio and a roof terrace that puts up the Breakfast buffet. A traditional and quirky Riad, admirably run by its manager, Amine, and his dynamic team. Budget= + 38 euros with breakfast. Tel : +212 5 24 37 51 13

G for Gourmet: The Riad Monceau The Riad Monceau dates back to the 18th century. In 2002, it became the property of French designer Isabelle Aubry who exhibits a few of her woven creations there, in the atmosphere of a private mansion. The pleasures of good food are increased tenfold every evening in this mecca of Moroccan gastronomy and in the mornings with its cookery lessons. Mouna’s massages and the heat of the hammam also work their miracles… P - Budget= +125 euros with breakfast. www.riad-monceau.com

C for Coveted: Riad Rbaa Laroub Not only do flowers cascade down the tall walls of the narrow derb but once over the threshold, one discovers a patio with luscious vegetation. For the past 20 years, Jean Noël has left nature to blossom in an explosion of green, subtly staging his Bab Khemis favourites in and amongst this verdant setting. Undeniable charm, distilled in 7 unique bedrooms and suites “without a build-up of unnecessary decoration”, was partly created by his friends at Studio K&O. We would especially like to mention the terrace-garden, with its countryside feel, not forgetting Jean-Noël’s warm reception. Budget= + 75 euros with breakfast. www.darrbaalaroub.com D for Dolce vita: Ksar Anika Located in the Mellah, this Riad offers guests space and light, in the silence of its refreshing patios. Reading and music are very much a part of this guesthouse, which has gone all out for a feeling of space (the smallest rooms measure 44m²). The cherry on the cake is the warm and welcoming lady of the house, Majdouline, whose team is always on hand to escort customers to the Medina or to serve up TV dinners in the movie room. C - P - Budget= +100 euros with breakfast. www.ksaranikacom E for Essential: Dar Touyir Head out to Bab Doukkala and its village-like atmosphere, far from the bustling souks… Dar Touyir, two Riads very recently transformed by their owners, has 7 beldi-style rooms, reverting back to basics and doing away with any interior decoration effects. The great Advantage is that the owners also own Jnane Tihitit farm near the barrage, decorated in the same basic spirit, and can therefore offer combined Medina/countryside stays… Budget = +65 euros with breakfast. www.riad-t.com

H for Historic: Dar Karma This very beautiful 6-bedroom and suite Riad belonged to King Mohammed V’s French translator. With its very tasteful classical decoration, it is renowned for its friendly atmosphere. We love the period ceilings, the private gangways, the spacious bedrooms, the plants on the terrace and its cosy beds… Without forgetting the authentic hammam, where Souad gives world-renowned scrubs and massages. P - Budget= + 90 euros with breakfast. www.dar-karma.com I for Institution: The Maison Arabe Opened in 1946, this incredible residence is a veritable institution and an ode to Moroccan artisans’ great craftsmanship. A cosy luxury hotel setting, with 26 rooms and suites, most with a private terrace and fireplace, and the charm of a guesthouse… The restaurant is something of a reference, much like its Moroccan cookery school. We love the piano bar that takes us back to the 1930s. C – P - Budget= + 170 euros. www.lamaisonarabe.com J for Jaunty twins: Riad Due and Riad 72 Two 4-bedroomed Riads (one in Mouassine, the other in Bab Doukkala), whose traditional architecture has been glorified by the choice of modern objects and furniture, whilst ensuring a feeling of space. The Riad Due sports fruity colours, whereas you can enjoy the sight of huge banana trees in Riad 72. We love the irresistible XXL and Art Deco spirit bathrooms, thought up by an Italian with great taste… Budget= + 130 euros (airport transfer, breakfast and mint tea break included). www.riaddue.com


D

E

R L for Luxury: Riad Farnatchi One of the first Luxury addresses in the Medina, for which six Riads have been brought together to create 9 luxurious suites, and a labyrinth of patios and stairs that lead into vast and comfortable apartments. Every suite has its own fireplace, a balcony or private terrace, an iPod dock… Another Advantage is the possibility of eating meals wherever you so wish. P - Budget= + 300 euros with breakfast. www.riadfarnatchi.com M for Magic: La Sultana La Sultana is part of the Small Luxury Hotels and Great Hotels of the World network, which speaks volumes about the quality of its services. An elegant and timeless Luxury hotel atmosphere, tinted with Indian and Africaninspired touches, where Moroccan craftsmanship rules supreme, with a profusion of paintings and objets d’art, gleaned by collecting and travelling owners. The impeccable service is magnificently organised by manager Xavier Soundrom and the Spa is an unforgettable experience. P – C - Budget= + 250 euros. www.lasultanamarrakech.com N for Neo baroque: Riad Lotus PrivilEge The quirky decor at the Riad Lotus Privilège is designed by Kris Rhus and Antoine Van Doorne, and combines baroque and napoleon styles for an entrancing result. Its 5 sumptuous rooms and suites, its black and white checkerboard patio, its Spa and refined Moroccan restaurant make of this a surprising address. P – Budget= + 245 euros (airport transfer, hammam and breakfast included). www.riadslotus.com P for Princely: Les Jardins de la MEdina A princely residence hidden away in the Kasbah, generously-proportioned rooms, decorated with taste and clad in light… Les Jardins de la Médina is a member of the Châteaux & Hôtels Collection (Ducasse group). Its unquestionable advantage lies in its 3,000m² inner garden, its heated pool, its terraces and cosy reading corners. It is also perfect for enjoying for Chef Sanaa Gammas’ cuisine, who loves to combine flavours from across the world… P – C - Budget= + 200 euros. www.lesjardinsdelamedina.com R for Romantic: The Riad Tarabel Head for Dar El Bacha to discover the Riad Tarabel anew, recently extended to offer a total of 7 rooms and suites, and soon to be blessed with a large garden and swimming pool. A “town house” feel, a subdued atmosphere,

S with a subtle blend of styles: Napoléon III, Asian colonies, the Morocco of yesteryear… On their arrival, guests are leant mobile phones to call manager Elsa at any time. P - Budget= + 190 euros per night. www.riadtarabel.com S for So chic: Dix-neuf Laksour Perfect for Studio K&O fans (Heure Bleue, Café de la Poste…), taking inspiration from the Medersa Ben Youssef to rethink this architecture’s clean lines in black and white. We love every detail, such as the colonialstyle fireplace sitting rooms, the rounded floor tile staircase, the oldfashioned bath tubs… Without forgetting the service that very much contributes to this hotel’s “so chic” atmosphere. Budget= + 100 euros with breakfast. www.dixneuf-la-ksour.com T for Theatrical: Riad El Fenn This Riad – in fact a collection of many – represents a wonderful modern art showcase – it notably houses owner Vanessa Branson’s Biennale) and could be mistaken for a cinema decor. A “small theatre” restaurant, rooms seemingly frozen in time, an ideal terrace for drinks… A place that leaves no one impervious to its charms. P - Budget= +185 euros. www.riadelfenn.com V for Value: Riad Al Jazira It may be a little difficult to reach but proves so exotic for those discovering the Medina: through a covered passageway and around the corner from a derb... Great sobriety was used in the choice of decorations for this 17th century residence, in which all 15 rooms look out onto one of the tree patios – including one with a large swimming pool… Harmonious proportions, welcoming low seats in the sitting rooms… and peace. P - Budget= + 96 euros with breakfast. www.riadaljazira.com X for XXL: Les Jardins de la Koutoubia The original Riad dates from the 13th century. A large hotel with undeniable charm, cosy sitting rooms, simple and elegant decoration, and, to top it all, five restaurants, including a very good Indian restaurant perched on the roof with an amazing view out onto the Koutoubia… A few meters away from Jamaâ El Fna, it also has a very large swimming pool, a superb Clarins Spa and a huge garden. P – C - Budget= + 200 euros. www.lesjardinsdelakoutoubia.com


142/KIFFFASHION

Par Nathalie Rigoulet

L’Afrique en bandoulière

C

M’tita Bamako, une marque chaleureuse qui évoque le soleil, la lumière, les couleurs. Un charmant clin d’œil à cette Afrique qui inspire, encore et toujours, la pétillante créatrice espagnole Marta Carrascosa.

omment ne pas se laisser éblouir par la joie de vivre que dégagent les créations de Marta ! Sacs, cabas, bonbonnières, sacoches en coton (teintes à la main), sacs "carte postale" en tissus imprimés pour commémorer des évènements importants de la vie du pays (élections, indépendance, visite de chefs d'état, décès ou mariages de familles importantes...), sacs en cuir et anciens tissus habillés de jolies broderies, dentelles ou rubans assortis. Marta mélange allégrement les styles et se laisse bercer par son esprit nomade. C'est beau, gai, raffiné et poétique. Sur commande, cette fois, la créatrice réalise avec un plaisir fou des figurines en bois, à l'image d'une petite famille ou d'un être cher, des boites à bijoux, de petits tableaux et autres jouets personnalisés, tendres et sincères. Son diplôme en Droit l'a certainement lancée dans la vie professionnelle, mais sa vie est résolument ailleurs. Dès qu'elle en a l'occasion, Marta s'envole pour Londres, direction la London School of Fashion, Central Saint Martins School of Arts ou le Chelsea College of Art, pour perfectionner ses techniques en design et illustration. Marta évoque avec émotion l'Afrique, qui, depuis 15 ans, nourrit son élan créatif. "J'ai posé pour la première fois les pieds en Afrique en 1997, à Abidjan, où je venais travailler pour une ONG espagnole. J'ai tout de suite aimé l'ambiance, l'énergie, les couleurs, la vivacité, l'humour, la dérision, les rires, tout !". En 1999, Marta part en poste en Namibie pour la Commission Européenne cette fois, pour développer des projets culturels. S'ensuivent des voyages au Libéria, au Burkina Faso, au Bénin... et sept fabuleuses années au Mali qui lui ont laissé une empreinte indélébile. L'Afrique lui a donné des ailes. "Je fabriquais depuis longtemps des accessoires, ma propre déco, mais juste pour moi, mes amis, ma famille. Le déclic s'est produit à Bamako, le Directeur du Musée National m'a amicalement demandé de l'aider à ouvrir une boutique au Musée, de préparer une collection. J'ai rencontré beaucoup d'artisans, d'artistes, fouiné dans les échoppes, sur les marchés, et j'ai lancé une petite production de bijoux, de tee-shirts rigolos et décalés, des objets déco et mes premiers sacs, qui ont donné naissance à M'tita Bamako en 2007". Marta passe alors de plus en plus de temps avec ses couturiers, brodeurs, ébénistes, avec qui elle partage des idées et des fous rires. Les marchés l'enchantent, "c'est animé, ça fourmille, c'est tellement vivant !". Mais il est difficile de concilier travail et passion créative... Elle décide alors, en 2010, de prendre plus de temps pour la création et de n'accepter que des missions ponctuelles pour la Commission Européenne. Un choix de vie qu'elle savoure chaque jour. Renoncer à vivre au Mali fin 2011 fut pour elle un déchirement, mais les évènements qui assombrirent le pays ne lui ont guère laissé le choix. Venue à plusieurs reprises à Marrakech, elle se laisse tenter par l'aventure de la Ville Rouge pour notre plus grand plaisir. Sa collection M'tita Bamako est 100% africaine (tissus, broderies, cuir du Bénin, Sénégal, Maroc), bien loin des productions en séries Made in Asia qui ne font absolument pas rêver Marta. En vente au 33 rue Majorelle et au M’H à Sidi Ghanem Sidi Ghanem - mtitabamako.com


EN

Africa on her shoulder M’tita Bamako, a friendly brand that conjures up sun, light and colours and a charming allusion to the Africa that continues to inspire bubbly Spanish designer, Marta Carrascosa.

H

ow can you resist being dazzled by the joie de vivre that emanates from Marta’s designs! Bags, totes, pouches, hand-dyed cotton satchel, “postcard” bags in printed fabric to commemorate important events in the country’s year (elections, independence, visits from heads of state, important family funerals or marriages…), leather and vintage fabric bags decorated with pretty matching embroidery, lace or ribbon. Marta merrily combines styles and follows her nomadic spirit for a beautiful, happy and poetic result. The designer also creates wooden figurines, made to measure and with the greatest of pleasure, to resemble a small family or a loved one, jewellery boxes, small paintings and other personalised toys, overflowing with love and sincerity. Her Law degree certainly launched her into the working world but her life was firmly rooted elsewhere. As soon as the opportunity arose, Marta flew off to London and its London School of Fashion, Central Saint Martins College of Art and Chelsea College of Art, in order to perfect her design and illustration techniques. Marta conjures up Africa with much emotion, a place which for the past 15 years has fed into her creative fervour. “I first set foot in Africa in 1997, in Abidjan, when working for a Spanish NGO. I immediately fell in love with absolutely everything: the atmosphere, energy, colours, liveliness, humour, derision, and laughter!”. In 1999, Marta left for a position in Namibia for the European Commission this time and to develop cultural projects. Followed trips to Liberia,

Burkina Faso, Benin... and seven fabulous years in Mali that have left their indelible mark. Africa gave her wings. “I had for a long time been making accessories and my own interior decoration, just for me, friends and family. The trigger came in Bamako, where the Director of the National Museum kindly asked me to help him open a Museum shop and prepare a collection. I met up with a lot of artisans and artists, searched around market stalls and launched a small production of jewellery, fun and quirky t-shirts, decorative objects and my first bags, which led to M’tita Bamako in 2007”. Marta then spent an increasing amount of time with her seamstresses, embroiderers and cabinetmakers, with whom she shared ideas and a laugh. The markets delight her, “it’s lively, teeming with people, and so alive!”. However, reconciling work and creative passion is hard. In 2010, she decided to allocate more time to her design activities and no longer accepts the European Commission’s one-off assignments… A life choice she savours every day. Giving up life in Mali at the end of 2011 was a wrench for her, but the events that were casting a shadow over the country did not leave her much choice. Having visited Marrakech a number of times, she took the plunge and chose the Red City for our greatest pleasure. Her M’tita Bamako collection is 100% African (fabrics, embroidery, leather from Benin, Senegal, Morocco), far from the Made in Asia mass production that does not make Marta dream at all. On sale at 33 rue Majorelle and at M’H in Sidi Ghanem - mtitabamako.com


Photographe : Hans Withoos. Modèles : Ellen Scholten (De Boekers), Ineke Floor, Cor. Stylisme et Direction Artistique : Alessandra Lippini. Coiffure et Maquillage : Giusi Ferrato. Assistante Styliste : Anna Mietta. Remerciements : M. et Mme Alaoui (maison privée 1930 “Bled Roknine”), le Café de la Poste.


A gauche : Top en soie fuchsia YSL (Collection 1980), jupe en plumes noire Lanvin, chaussures Valentino Garavani (Collection Vintage 1989). A droite : Top en mousseline de soie noir Christian Dior, jupe en plumes rose Lanvin, chaussures Vivienne Westwood.


Photo du haut, femme à gauche : robe 1950 en soie rouge Christian Dior (Collection Vintage Ministero del Gusto). Femme à droite : veste en fourrure de renard Fendi (Collection Vintage Ministero del Gusto). L’homme : gilet en Cashmere bordeaux et chemise beige Valentino, cravate 1940 (Collection Vintage), lunettes Tom Ford. Photo du bas, femme sur le sofa : manteau en coton de laine et fourrure de singe Art/C, nuisette noire en dentelle La Perla (Collection Black Vintage), boucles d’oreilles 1930 (Collection Vintage Ministero del Gusto).


Etole 1980 en fourrure de renard verte Fendi (Collection Vintage Ministero del Gusto), robe 1920 en mousseline de soie brodée (Collection Ministero del Gusto Gallery), chaussures 1990 dorées Prada, bague 1940 émeraude et platine (Collection privée), peau en léopard véritable 1920 Jérôme Vermelin Villa M, collants en soie 1940 (Collection Vintage Ministero del Gusto).


Robe de soirĂŠe 1950 en soie noire Coco Chanel (Collection Vintage Ministero del Gusto).




Smoking, pantalon et lunettes Tom Ford, robe de chambre en soie 1940 (Collection Vintage Ministero del Gusto), montre 1940 Rolex (Collection privĂŠe), boutons de manchettes 1930 (Collection privĂŠe).


Veste blanche brodée Mounir Camouni, boucles d’oreilles 1930 en diamants Cartier (Collection privée).


Tailleur Vintage 1960 Coco Chanel, veste Vintage 1970 en fourrure de Mongolie, colliers 1960 Coco Chanel, bonnet aviateur en cuir 1930, gants 1970 en cuir Prada, (le tout : Collection Vintage Ministero del Gusto).


Femme : robe de soirée en soie verte brodée Paolo Rossello (pour Parosh), coiffe en plumes Fernando Silva, boucles d’oreilles 1930 en diamants Cartier (Collection privée). Homme : veste en tweed Prada.


Robe longue en tulle Art/C, fourrure en renard 1940 (Collection Vintage Ministero del Gusto).


Femme sur le sofa : robe argentée 1980 Gianni Versace (Collection Vintage Ministero del Gusto), chaussures Vintage 1980 Manolo Blahnik. Femme sur l’escalier : imperméable en soie noir 1990 Miu Miu (Collection Vintage Ministero del Gusto).



Chapeau turban en velours noir Prada, boucles d’oreilles Hollywood 1950 en diamants Kj Lane et bracelets en or Hollywood 1940 (le tout : Collection Vintage Ministero del Gusto).


Top en mousseline de soie noir 1990 Christian Dior (Collection Vintage Ministero del Gusto), pendentif charm Zineb Chahin (au 33 Rue Majorelle).


Manteau en Cashmere noir Valentino, pantalon de smoking noir et chemise blanche Giorgio Armani.



162/KIFFSTYLISTE

Par Mélanie Polatova

Le styliste brésilien fan de Marrakech

Fernando Silva

D

ans des Trois ingrédients d’une ultime finesse pour cette mise en scène décors onirique qui nous ramène au début du XXe siècle : le styliste édéniques, brésilien Fernando Silva et ses sublimes silhouettes d’un côté, aux confluents des époques le photographe hollandais Hans Whitoos et son univers Baroque, Empire et Art Déco, fantastique d’un autre, et, last but not least, l’œil aiguisé le spectateur est magnétisé d’une pro de la mode, Alessandra Lippini. Rencontre. par un orientalisme affranchi et anachronique… Au Riad El Fenn ou au Lotus Privilège, leurs deux Alice prennent la pose, entourées de Dufy, inventa la gaine, et après avoir connu la gloire et la folie des nuits cinq éphèbes tout aussi romantiques parisiennes, mourra en 1944, oublié de tous… Il y a un réel parallèle entre que mystérieux. Le fantasme oriental, figé sur papier glacé, est l’idole française et le jeune Brésilien, outre l’époque qui est au cœur de au paroxysme de sa sensualité. Les silhouettes sont tour à tour son inspiration, ce dernier signe lui-même ses imprimés, grâce à un sculpturales, graphiques, indolentes, toujours insaisissables, dans procédé digital : léopard, zèbre, mais aussi vitraux, des motifs uniques, une langueur immobile. jamais créés au hasard, mais selon la coupe mentalement projetée au Le rendez-vous est pris avec Fernando Silva. Quelqu’un que je prends préalable sur l’étoffe ; la symétrie ou l’asymétrie étant toujours présents pour un frêle adolescent, arborant une longue mèche et un tee-shirt à son esprit… en contraste avec des tissus aériens, légers, mousseux, à l’effigie de Mickey Mouse, m’accueille à l’entrée du Riad. Il s’agit en soyeux. Des gandouras et des caftans côtoient des bustiers, des robes réalité de Fernando –du haut de ses 30 ans, il a largement dépassé la longues, des tuniques, des tubes asymétriques, des plis et des longueurs majorité- qui me voit peut-être perplexe devant son look de touriste extravagantes. british, et aborde le sujet d’entrée : "Je suis fan de Mickey, il est Le soir, jusque tard, il étale ses étoffes, ses couleurs et tout ce qui peut présent sur la plupart de mes tee-shirts. Je ne cherche pas à créer participer à l’élaboration d’une histoire, il écoute sa musique dans la un personnage, à l’instar de nombreux stylistes, je reste moi-même, nuit, et crée comme il écrirait une histoire ou dessinerait des costumes car ce qui m’intéresse, c’est d’alimenter mon univers artistique, pas de théâtre –"Et comme je ne bois pas d’alcool et ne fume pas, je mange mon image perso." Et quel univers ! Nous sommes chez Alessandra des tonnes de Candies, car il faut bien avoir un vice !". Ses héroïnes sont Lippini, la styliste Italienne du Ministero del Gusto (concept store vêtues de robes serties de paillettes, de pierres, de bijoux… Ses créatures de la Médina), dont le Riad s’est transformé en laboratoire : tables outrageusement féminines nous rappellent les muses autrefois mises recouvertes d’accessoires, de bijoux, d’éventails, de plumes… Etalage en scène par son autre idole Yves Saint Laurent. L’Orient, toujours, de tenues glamourissimes dans tous les coins du patio central. Ce qui l’entête et le nourrit sans cesse, ses couleurs, ses parfums, sa n’est pas par hasard que Fernando a choisi Marrakech pour mettre sensualité… Fernando cherche la théâtralité d’un vêtement, pour cela, il en scène sa deuxième collection, il est tout simplement fasciné n’a pas peur d’être audacieux : son équation est celle des années folles et par ses effluves d’Orient suranné qu’il aime tant associer à ses de l’Afrique du Nord. C’est pourquoi il revient cette année au Maroc pour inspirations Rococo, Art Nouveau et Art déco. son deuxième shooting : après son héroïne perdue, puis secourue par Son idole ? Paul Poiret, styliste français du début du XXe siècle, qui un prince arabe dans les dunes du Sahara (thème de sa collection 2011), contribua à l’émancipation de la femme en supprimant le corset… c’est un autre scénario qui s’écrit cette fois dans l’intimité d’un Marrakech Historique ! Il lança une mode révolutionnaire inspirée de l’Orient secret et intemporel… et d’Afrique du Nord, créa des imprimés audacieux avec Raoul www.fernandosilvabrasil.com




EN

Fernando Silva

The Brazilian designer fan of Marrakech

I

n heavenly Tree of the finest ingredients are needed for a dreamy scene that takes us back surroundings, at to the start of the 20th century: Brazilian designer Fernando Silva and his the crossroads of the sublime creations on the one hand, Dutch photographer Hans Whitoos and Baroque, Empire and Art Deco eras, the viewer is his fantastic world, on the other, and, last but not least, the sharp eye of a drawn by the emancipated and fashion pro, Alessandra Lippini. anachronistic orientalism… At Riad El Fenn or at the Lotus Privilège, their two Alices strike a pose, surrounded North Africa, created daring prints with Raoul Dufy, invented the girdle and, after by five beautiful, romantic and mysterious young men. The Oriental having had his hour of glory and wild Parisian nights, died in 1944 forgotten by fantasy, immortalised on paper, is at the height of its sensuality. Figures all… Aside from the era that inspired them both, a true parallel can be drawn are alternately sculptural, graphic, indolent, always elusive, in a sort of between the French idol and the young Brazilian. The latter creates his own motionless languor. prints thanks to a digital process - leopard, zebra, stained glass - unique patterns A meeting is arranged with Fernando Silva and someone I take to be a thin never created by chance but based on the cut mentally projected onto the fabric; adolescent with a long lock of hair and donning a Mickey Mouse t-shirt symmetry or asymmetry are always present in his mind… in contrast with light, meets me at the entrance to the Riad. This is in fact Fernando – clearly at floaty, chiffon, and silky fabrics. Gandouras and kaftans sit alongside bustiers, now an adult at 30 years old – and, seeing me puzzle over his British tourist long dresses, tunics, asymmetric tubes, pleats and extravagant lengths. style, decides to put things straight from the start: “I am a Mickey Mouse Until late at night, he lays out materials, colours and anything that will help fan; he’s on most of my t-shirts. I don’t try to create a character for myself, him imagine a story, he listens to music, using the same process as writing or like so many designers; I stay true to myself because my aim is to develop costume design - “And as I don’t drink alcohol or smoke, I eat tons of candy. my artistic world and not my personal image.” And what a world! The home You have to have one weakness after all!”. His leading ladies wear dresses of Alessandra Lippini, the Italian designer from Ministero del Gusto (concept adorned with sequins, precious stones and jewellery… His outrageously feminine store in the Medina), whose Riad has been transformed into a true research creatures remind us of muses once staged by his other idol Yves Saint Laurent. laboratory, with tables covered in accessories, jewellery, fans, feathers… The Orient is always present, filling his head and endlessly inspiring him with its Highly glamorous outfits are displayed in every corner of the central patio. colours, fragrances, sensuality… Fernando looks for theatricality in clothes and Fernando did not choose Marrakech to stage his second collection on a in order to do this is not afraid to be daring, combining the Roaring Twenties and whim: he is quite simply fascinated by its old-world Oriental effluvia he loves North Africa. Hence, his return to Morocco this year for his second shoot: after to combine with Rococo, Art Nouveau and Art Deco inspirations. the lost heroine saved by an Arab prince in the dunes of the Sahara (theme for his His idol is Paul Poiret, a French couturier from the start of the 20th century, 2011 collection), another scenario this time takes place in a more intimate, secret who helped women emancipate and free themselves of their corset… Truly and timeless Marrakech… historical! He launched a revolutionary fashion inspired by the Orient and www.fernandosilvabrasil.com


166/KIFFVOYAGE

Le Spa Lagoon

Par Marie Le Fort


good morning

viet nam Oubliez les images et récits de guerre, imaginez plutôt Catherine Deneuve reprenant son rôle dans le film “Indochine” : renouant avec l’élégance des riches heures du colonialisme, le Vietnam vit entre hier et demain, entre art de vivre et saveurs du marché, entre héritage et architecture contemporaine. Visite au contact de lieux et personnalités rares.


168/KIFFVOYAGE

SAÏGon Park Hyatt Saigon

Temple Club

Le Lounge du Park Hyatt Saigon

REves d’Indochine Entre des nuées de motocyclettes et scooters, une circulation perpétuellement sur le qui-vive et des étals postés au coin des rues, le centre ville Saigon –aussi appelée Ho Chi Minh– est un concentré de couleurs et mouvements survoltés. Et pourtant, au milieu des véhicules qui pétaradent, se faufilent, et des foulards qui volent au vent, Saigon a su préserver certains de ses charmes historiques, de l’époque où l’Indochine faisait rêver les salons littéraires parisiens. Drapé d’un air colonial, avec sa fière rangée de palmiers qui l’encercle, le Park Hyatt Saigon en est un exemple parfait. Passé un magistral auvent et la porte battante retenue par d’élégantes mains gantées de blanc, l’humidité, qui brouille les reflets sur les larges portes vitrées, se dissipe soudain au contact du parquet sombre… Là, on s’attendrait presque à entendre le gramophone crépiter et Jean Yann transporter Catherine Deneuve d’un pas de danse. Comme dans un film d’époque, d’immenses persiennes sombres rythment les murs, la lumière tamisée de lustres en fer forgé capitonne les vastes hauteurs sous plafond tandis que des fauteuils club, campés ci et là, invitent à commander un cocktail pendant que le déluge de la mousson crépite au dehors. Même storyboard dans les chambres, où d’anciennes photographies de Saigon et lits à baldaquin couleur acajou finissent de planter le décor de cette “Maison Coloniale” intelligemment ancrée entre hier et aujourd’hui. Surfant, avec tout autant de charme, sur l’esprit colonialiste du vieux Saigon, le Temple Club se découvre à son tour comme un roman indochinois : passé une petite porte sans prétention que seul un signe rouge démystifie, ce repère aux volumes en briques orangées recrée instamment l’ambiance feutrée d’une soirée de mousson. On prend place dans un fauteuil en cuir, sirote un Martini avant de s’aventurer plus amont vers des pièces aux proportions élégantes… On imagine facilement Brad Pitt et Angelina Jolie y déambuler avec grâce. Ce qu’ils firent lors de leur dernier passage en ville. Décorés par Luc Lejeune de l’agence Noor, les espaces se découvrent, sur fond de murs en brique et carreaux colorés à l’ancienne, au contact de belles soieries, paravents et panneaux en bois

sculptés. Lumière chaude et suspensions en forme de fleurs de lotus, nappes blanches et pianos dans l’angle, les mets s’invitent à table avec autant de délicatesse : spring rolls d’une fraicheur incomparable, brochette de chaire de crevettes à rouler dans une fine crêpe de riz, poisson grillé servie sur un lit d’oignons blancs, ail frit et cacahouètes. C’est toutes les saveurs du Vietnam, du Nord au Sud, qui se dévident comme un collier de saveurs… Incomparables ! Sous un déluge tropical –mousson oblige-, ombrelles et parapluies dépareillés se déploient, tandis que les rues se gorgent d’eau, et d’éclaboussures. On comprend pourquoi spartiates et sandales sont ici indispensables. Bravant les flaques et cours intérieures inondées (temporairement), on trouve refuge derrière une colonne de deux roues, sur les marches d’un large escalier décoré d’une multitude de fils électriques. Mu vers le premier étage par curiosité, on découvre L’Usine le long d’une coursive aérée. Des affiches à l’ancienne, des machines à coudre et vastes hauteurs sous plafond pourraient suffire à définir ce lieu atypique et pourtant si typé : un concept store créatif à la mode vietnamienne. Et pourtant, par delà le comptoir en marbre de la Cafeteria –un café branché où se retrouve une jeunesse vietnamienne cosmopolite avide de cupcakes colorés et jus de fruits pressés minute–, l’espace brut de décoffrage reflète les riches heures de l’architecture coloniale du XIXe siècle avant d’être transformé, dans les années 1930, en usine de vêtements. Anobli par District Eight Design, il accueille désormais, sous ses poutrelles métalliques apparentes, de nombreux objets laqués, des parfums signés Cochine et une sélection de mode atypique et pointue, reflet des marques produites au Vietnam par de jeunes créateurs -Marshall Artist, Trois Filles, Tinwell & Bismark, Wetter-, qui trouvent, à L’Usine, un relais de vente bienvenu. L’un des plus beaux projets en ville, emmené par la jeune Tib Haong qui incarne la relève, cette génération qui née loin du Vietnam car leurs parents avaient fui, y reviennent pour renouer avec leur racines. Le Vietnam contemporain ? Une leçon d’art de vivre.


DA NANG

Hyatt Regency Da Nang

Paradis vietnamiens Si Ho Chi Minh City incarne la dynamique vietnamienne contemporaine -avec son taux de croissance accéléré, ses presque 10 millions d’habitants et ses projets tout azimut qui reflètent son statut de poumon économique avant la capitale Hanoï–, la mégalopole est pourtant loin de relayer la richesse et diversité naturelles du pays. Entre la profusion colorée des marchés flottants de Hué ou les régions montagnardes du nord qui vivent au contact de nombreuses minorités culturelles, on trouve Da Nang, ancienne base militaire à ciel ouverte pendant la guerre du Vietnam. A une dizaine de minutes de la vieille ville de Hoi An, classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1999, Da Nang s’est récemment donné des ailes en inaugurant une poignée d’hôtels de luxe qui réconcilie tradition et modernité, culture et héritage. A commence par le Nam Hai, l’hôtel de tous les superlatifs… Là encore, un décor de cinéma à ciel ouvert. Après avoir raflé toutes les récompenses de l’industrie, le resort, ancré entre plages de sable fin et palmiers –œuvre de l’architecte français Reda Amalou, agence AW2–, dévide la grande vie dans un écrin néocolonial inspiré. Dès l’entrée, un immense escalier en pierre grise ajoute une touche minérale au décor verdoyant. Posé au sommet, un vaste pavillon ouvert en bois sombre se pique de méridiennes recouvertes de soie. De là, le point de vue est spectaculaire : sur la mer d’abord, qui délimite un horizon bleuté, immédiatement relayé en premier plan par trois immenses bassins et piscines grisées agencés en cascade. Bordés par d’autres pavillons ouverts –interprétation moderne de l’architecture traditionnelle–, l’ensemble se découvre hors-cadre, comme si le Nam Hai dilatait l’espace temps, repoussait les limites terrestres. Animé d’ombres et lumières comme un immense cadran solaire le jour, il se pique de milliers de lumières à la

tombée de la nuit… Sans aucun doute l’un des lieux les plus romantiques en Asie. A quelques centaines de mètres à vol d’oiseau, le Hyatt Regency Da Nang est une surprise contemporaine pour qui s’y aventure : une architecture moderniste qui rappelle les résidences désertiques de l’Arizona, accentuant, dans chaque détail, les savoir-faire locaux. Animé d’une brise constante, entre herbes hautes et pelouses vert acide, l’adresse se dévide jusqu’à la plage, piqué ci et là de belles assises “bulle” tressées utilisant la technique ancestrale des filets de pêche vietnamiens. Pour un peu on embraquerait pour une demi-journée de pêche dans les eaux bleu curaçao. Difficile, alors, d’imaginer que, cinquante ans plus tôt, des avions militaires décollaient toutes les minutes, ou presque. A l’intérieur de l’hôtel, comme pour arrêter le temps, d’immenses suspensions aériennes comme des crinolines, des textiles colorés de bleus et rouges profonds, des tuiles luisantes couleur ocre, des céramiques locales… Tout, ici, rend hommage à la culture locale. Jusque dans l’assiette où, posée sur un plat en céramique décoré à la main de poissons agiles, une salade de crevettes, herbes fraiches et pomelos s’offrent comme un voyage des sens. Le Vietnam contemporain ? Une leçon d’art de vivre. Adresses: Park Hyatt Saigon : 2 Lam Son Square, District 1, Saigon Tel +84 8 3824 1234 - http://saigon.park.hyatt.com Temple Club : 29-31 Ton That Thiep Street – Tel : +84 8 8299 244 L’Usine : lusinespace.com The Nam Hai : www.thenamhai.com Hyatt Regency Da Nang : danang.regency.hyatt.com


170/ENJOYTRAVEL

EN

Forget war pictures and stories, imagine instead Catherine Deneuve reprising her role in the film “Indochine”: reviving the elegance of rich colonial times, Vietnam now lives between past and future, a certain art de vivre and market flavours, heritage and modern architecture. Enjoy this visit of exceptional places and personalities.

Park Hyatt Saigon Lounge

INDO-CHINA DREAMS In amongst hordes of motorcycles and scooters, circulation perpetually on the go and stalls posted at every street corner, the town centre of Saigon – also called Ho Chi Minh – is a concentrate of highly-charged colours and movements. And nevertheless, in amongst the backfiring and dodging vehicles and scarves flying in the wind, Saigon has been able to retain some of its historic charm, from the era when Indo-China was the stuff of dreams for Parisian literary salons. Draped in a colonial air, with its proud line of palm trees encircling it, the Park Hyatt Saigon is a perfect example of this. Past a magnificent canopy and swing doors held open by elegant whitegloved hands, the humidity that blurs the reflections on the large glass doors suddenly clears on hitting the dark parquet flooring… You nearly expect to hear the gramophone crackle and Jean Yann lead Catherine Deneuve into a few dance steps. Like a period film, huge dark louvered shutters punctuate the walls and the subdued lighting from the cast iron centre lights speckle the vast ceiling heights, as the club armchairs, camped here and there, invite you to settle in and order a cocktail whilst the deluge of the monsoon sputters outside. Same storyboard in the hotel’s rooms, where old photographs of Saigon and mahogany-coloured canopy beds make for the last finishing touch to the “Colonial House” decor anchored in past and present worlds. Riding on this wave of the colonialist spirit of old Saigon with just as much charm, the Temple Club is in turn like reading an Indo-Chinese novel: once through a small unpretentious door with a single demystifying red sign, this haunt with orangey brick volumes instantly recreates the cosy atmosphere of a monsoon evening. Take a seat in a leather armchair and sip on a Martini before venturing further into rooms with elegant proportions; you can easily imagine Brad Pitt and Angelina Jolie gracefully wandering around. This is indeed what they did on their last trip to town. Decorated by Luc Lejeune from the Noor agency, the spaces offer up wonderful

silks, folding screens and sculpted wood partitions on a backdrop of brick walls and colourful old-fashioned tiles. Warm lighting and lotus flower ceiling lights, white tablecloths and a piano in the corner, the dishes served offer the same amount of refinement: incomparably fresh spring rolls, brochettes of prawn meat for rolling in thin rice pancakes, grilled fish served on a bed of white onions, fried garlic and peanuts. Vietnam’s flavours, North to South, unfurl like a necklace of aromas and tastes… Unbeatable! Under a tropical deluge – inevitable during monsoon season -, parasols and umbrellas open out, as the streets fill with water and splashes. Sandals are indeed a necessity here. Braving the puddles and the (temporarily) flooded inner courtyards, we find refuge behind a column of motorcycles, on the steps of a large stairway decorated with a multitude of electric cables. Going up to the first floor out of sheer curiosity, we discover L’Usine along an airy gangway. Old-fashioned posters, sewing machines and huge ceiling heights could suffice to describe this unusual and yet characteristic place, a creative concept store, Vietnamese-style. Nevertheless, across the marble counter of the Cafeteria – a trendy café where young cosmopolitan Vietnamese eager for colourful cupcakes and freshly-pressed fruit juices meet -, the rough and ready venue reflects the high times of 19th century colonial architecture before being transformed in the 1930s into a clothes factory. Ennobled by District Eight Design, it now welcomes under its apparent metal beams a number of lacquered objects, perfumes created by Cochine and a selection of unusual and specialised fashion items, a reflection of the brands produced in Vietnam by young creators - Marshall Artist, Trois Filles, Tinwell & Bismark, Wetter -, who find a welcome sales outlet at L’Usine. This is one of the most amazing projects in town, led by young Tib Haong, embodying the next generation, born far from Vietnam from parents who fled the country, and who are now getting back to their roots.


Hyatt Regency Da Nang

VIETNAMESE PARADISE If Ho Chi Minh City represents a modern Vietnamese dynamic – with its accelerated growth rate, nearly 10 million inhabitants and wide-ranging projects that reflect its status as an economic hub over and above the capital Hanoi –, the megalopolis far from conveys the country’s natural wealth and diversity. Between the profusion of Hué’s colourful floating markets or the North’s mountain regions alive with the host of cultural minorities sits Da Nang, an old open military base during the Vietnam War. A few minutes from the old town of Hoi An, a Unesco World Heritage site since 1999, Da Nang recently gave itself wings by inaugurating a handful of luxury hotels that combine tradition and modernity, culture and heritage. Starting with the Nam Hai, the most amazing of all hotels… There again, a cinema set open to the skies. After winning all of the sector’s awards, the resort - anchored between white sandy beaches and palm trees and designed by French architect Reda Amalou, from agency AW2 –, reels off the high life in an inspired neo-colonial showcase. From the lobby, a huge grey stone staircase adds a mineral touch to a lush green décor. Positioned at the summit, a vast open dark wood pavilion is scattered with silk-covered loungers. From there, the view is spectacular: first the sea, that delimits the blue-tinted horizon, immediately relayed in the foreground by three huge cascading grey pools. Lined by other open pavilions – a modern interpretation of traditional architecture -, the whole exudes a timeless feel, as if Nam Hai pushed back the limits of time and space. Brought to life with shadows and light like a great sundial during the day, it is studded with thousands of lights at sundown... without a doubt

Hyatt Regency Da Nang, swimming pool

one of the most romantic places in Asia. A few hundred meters from there, the Hyatt Regency Da Nang offers its guests a more contemporary style: a modernist architecture reminds you of Arizona’s desert homes, highlighting local expertise with every detail. Livened up by a constant North wind, in amongst high grasses and limy green lawns, the hotel unfurls down to the beach, punctuated here and there by beautiful woven “bubble” seats using the ancestral technique of Vietnamese fishing nets, all but setting off for a half-day’s fishing on curacao-blue waters. It is therefore hard to image that military planes took offer every minute here, or near enough, a mere fifty years ago. Inside the hotel, where time stands still, huge ethereal crinolinelike ceiling lights, colourful blue and deep red fabrics, glistening ochrecoloured tiles, local ceramics… pay tribute to local culture. Right down to the plate positioned on a ceramic dish decorated with nimble fish, and offering up a prawn, fresh herb and grapefruit salad, a true journey for the senses. Modern Vietnam is a lesson in art de vivre. Addresses: Park Hyatt Saigon : 2 Lam Son Square, District 1, Saigon Tel +84 8 3824 1234 - http://saigon.park.hyatt.com Temple Club : 29-31 Ton That Thiep Street – Tel : +84 8 8299 244 L’Usine : lusinespace.com The Nam Hai : www.thenamhai.com Hyatt Regency Da Nang : danang.regency.hyatt.com


172/KIFFQUESTIONNAIRE

Par Katia Sahlia

Mohamed Nedali est le gagnant du 3ème Prix Littéraire de La Mamounia qui s’est tenu le 29 septembre 2012, avec son livre “Triste jeunesse”, paru aux éditions Le Fennec et L’Aube. Ce roman trace l’itinéraire d’une jeunesse marocaine à la dérive, celle des diplômés chômeurs, sur fond d’une passion amoureuse dévorante. Mohamed Nedali est enseignant, il vit à Tahanaoute, la ville qui l’a vu naître et dans laquelle il enseigne le français. Il répond au questionnaire du Marrakech Mag avec une spontanéité et une simplicité qui rappellent son écriture. Mohamed Nedali semble définitivement être un homme qui se passe de toutes fioritures… Mohamed Nedali was awarded the 3rd La Mamounia Literary Prize at a ceremony held on 29 September 2012, for his book “Triste jeunesse”, published by Le Fennec and L’Aube. This novel outlines the path of a Moroccan youth adrift, that of the country’s unemployed graduates, on a backdrop of an all-consuming lovers’ passion. Mohamed Nedali teaches French in his birthplace of Tahanaoute. He answered Marrakech Mag’s questionnaire with the spontaneity and simplicity found in his writing. Mohamed Nedali has no need for embellishments of style… 1. Quel est votre Etat d’esprit actuel ? Cahin, caha. Ou comme ci, comme ça. 2. Si vous Etiez une ponctuation, laquelle seriez-vous ? Le point virgule. Avec la virgule et le point, la phrase est à la fois terminée et non terminée. C’est une porte ouverte vers la suite. Contrairement au point qui peut être final. 3. Quelle erreur de jeunesse auriez-vous aimE Eviter ? De ne pas m’être engagé avec une femme, puis de me désengager. Avec une femme, il faut s’engager à vie ou ne pas s’engager, parce que les femmes ne se remettent pas de ces blessures là. 4. Quel est votre pire ennemi ? J’en ai pas mal ! (Rires). La bêtise humaine et l’obscurantisme. 5. Quel est votre meilleur alliE ? La littérature et la musique berbère. 6. Votre juron ou gros mot favori ? Je n’utilise pas de gros mot, sauf peut-être, quelques fois, le mot proxénète en arabe. 7. De quoi n’avez-vous pas encore accouchE ? D’une fiction en berbère. C’est ma langue maternelle et paternelle, et je trouve, sans aucun chauvinisme, que c’est la langue la plus poétique que je connaisse. 8. La chose la plus grotesque que vous ayez faite par amour ? Le fait de m’être retrouvé avec des gens avec lesquels je ne partageais rien. 9. Le don de la nature que vous aimeriez avoir ? La patience, je n’en ai pas beaucoup, pas du tout même. Et l’indifférence. 10. Avec quel personnage cElEbre auriez-vous aimE dIner ? Avec Léo Ferré, parce que depuis que je l’ai découvert, je n’écoute que ses chansons. Et aussi Haj Belaïd, qui est un pionnier de la musique berbère et un poète. 11. Qu’est-ce qui vous nourrit ? La terre nourricière et les livres, on a autant besoin de l’une que des autres. 12. Quelle serait pour vous la ville idEale ? Marrakech mais sans la canicule. Moins polluée, moins chère aussi. Une ville plus égalitaire : les marchandises n’ont pas le même prix, on ne se nourrit pas de la même manière à Marrakech… Avec moins de voitures, ou carrément pas de voitures, au moins intra muros.

1. How would you describe your current frame of mind? So, so. Fair to middling. 2. If you were a punctuation mark, which would you be? The semi-colon. This combination of comma and full stop finishes the sentence, or not. It opens the door onto what comes next. As opposed to the full stop, which can be so final. 3. Which youthful indiscretion would you have wanted to avoid? To have committed myself to a woman then freed myself from this commitment. Women need a life-long commitment because they never get over those kinds of wounds. 4. What is your worst enemy? I have quite a few! (Laughs). Man’s foolishness and obscurantism. 5. What is your best ally? Literature and Berber music. 6. Your favourite swearword? I don’t use swearwords, except perhaps, sometimes, the word ‘pimp’ in Arabic. 7. What have you yet to deliver? A Berber novel. It’s my mother and father tongue and I objectively believe it is the most poetic language I know. 8. The most grotesque thing you have done out of love? Spending time with people with whom I shared nothing. 9. A natural gift you would love to have. Patience, I have very little, in fact none at all. And indifference. 10. With what famous person would you have liked to dine? With Léo Ferré: I have been listening to nothing else ever since I discovered his music. And also Haj Belaïd, a pioneer of Berber music and a poet. 11. What feeds your soul? The nourishing earth and books, you need the former as much as the latter. 12. What would be your ideal city? Marrakech but without the scorching heat, the pollution and the expense. A more egalitarian city: goods are more expensive, you don’t eat the same way in Marrakech… With fewer cars, or even no cars at all, at least within the city walls.


]DIOR PARTY 2012]

L

a 12ème édition du Festival International du Film de Marrakech a été une 12ème occasion pour Dior d’habiller les plus belles femmes du tapis rouge et d’inviter une centaine de happy few lors d’une soirée toujours très attendue. Cette année, la maison de couture a choisi le Selman, un des derniers palais de la Ville Rouge, dont les jardins ont été décorés de bougies, lampions, braseros… Accueillis par le pur sang arabe Princesse Sabah, monté par l’artiste Sadek, les membres du jury, la directrice du Festival, Mélita Toscan du Plantier, et ses invités, ont ensuite été reçus dans les salons du palace, pour une soirée exceptionnelle… Preuve en images.

De gauche à droite et de haut en bas : Abdeslam Bennani-Smires Noureddine Lakhmari Christian Louboutin et Melita Toscan du Plantier Lambert Wilson et Marisa Berenson Younes Bouab Monica Bellucci Goya Toledo Anne Parillaud Zihang Yimou Yousra et Najat Bennani Smires


174/KIFFACTU

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---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------#Soleil d’hiver

Aux Jardins de la Médina, le soleil se blottit tout l’hiver dans un jardin et autour d’une piscine chauffée… On peut y déjeuner Marocain ou Français, léger ou consistant (voir la Petite et la Grande Ardoises), et s’installer sur un transat au soleil, voire même, s’offrir un bain dans la piscine qui est à la température idéale. Pas la peine d’attendre le printemps pour se faire une pause farniente, qu’on peut remplacer par un hammam ou un massage à la bougie, de quoi se réchauffer… www.lesjardinsdelamedina.com

#Le printemps de David Bloch

La saison printanière s’annonce particulièrement haute en couleurs à la David Bloch Gallery. L’artiste franco-marocaine qui vit à NY, Yasmina Alaoui, nouvelle résidente de la galerie, présentera en mars son travail inspiré de motifs géométriques arabo-islamiques, créant des champs d’abstraction denses et opulents... En mai, place à “Unfolding”, l’exposition du collectif Agents of change, 6 artistes aux carrières internationales, connus pour leur œuvre monumentale… Des travaux qui se découvrent dans les deux galeries, à Marrakech et à Casablanca. www.davidblochgallery.com

#Nouveau parcours aErien chez Terre d’Amanar

Situées sur les premières marches du Haut Atlas à seulement 30 minutes de Marrakech, les Terres d’Amanar sont adossées aux 100.000 hectares du Parc National du Toubkal. Ce site unique, incroyable réserve naturelle d’énergie -qui prône le développement durable et la protection de l’environnement-, invite à faire une pause sportive (tyroliennes, accro-bra nche, escalade…), ou relaxante, loin de l’agitation urbaine. Dès 2013, le Parc d’aventure s’agrandit avec l’ouverture d’un nouveau parcours aérien comprenant deux grandes tyroliennes de plus de 250 mètres et de nouveaux ateliers insolites… www.terresdamanar.com

#La premiEre villa tEmoin d’Assoufid

Le resort golfique Assoufid Marrakech dévoile sa villa témoin, un bijou qui répond aux plus hauts standards de l’immobilier de luxe… Les 80 villas entourent un golf paysager de 18 trous, tandis qu’un hôtel 5 étoiles est annoncé pour 2015. Chaque villa dispose d’un pavillon pour invités (pour un total de 6 chambres), le tout sur un jardin privatif d’1 hectare (!), dans lequel les propriétaires peuvent ajouter l’option “terrain de tennis”, “hammam” et “fitness”… www.assoufid.com

#Le clou de Cartier

Faire d’un clou un bijou, voir le beau là où il n’est pas si évident, il n’y a que Cartier pour réussir ce pari fou ! Résultat : un bracelet pour Lui ou pour Elle, détournement d’objet réussi, qui devient un bijou en or jaune, blanc, rose, brut ou pavé de diamants, en petit ou grand modèle… www.cartier.com

#Caviar A domicile

Grey Pearl Gourmet distribue au Maroc une sélection de caviars de la prestigieuse Maison iranienne installée à Paris, Casparian Caviar. Les amateurs de caviar, qu’ils soient particuliers ou professionnels, peuvent désormais commander le “Baeri Impérial Réserve”, “Golden Aestra Réserve”, “Osciètre Impérial” et le fameux “Béluga Royal”, livrés sur toutes les grandes villes du Maroc. www.caviar.grey-pearl.com

#Le Paradis ? Sur la plage, exactement…

Paradis Plage est un nouveau complexe résidentiel “pieds dans l’eau” qui s’étend sur 2 hectares, le long de la superbe plage d’Imi Ouaddar, une des plus belles plages de sable fin de la région d’Agadir. Les 88 logements résidentiels, répartis entre des villas pieds dans l’eau, des duplex et des appartements, s’intègrent parfaitement à leur environnement naturel, dans un complexe entièrement sécurisé, comprenant 2 piscines chauffées et des espaces paysagers luxuriants : un havre de paix situé sur la plage. A noter aussi l’aspect écologique : une station de traitement des eaux usées, un arrosage goutte à goutte et des éclairages LED à basse consommation… Si c’est pas le paradis ! www.century21.ma


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#Comme des princes

Au Sofitel, les enfants sont de véritables princes et princesses à la Kid Suite (4–12 ans) qui décline des ateliers tout au long de la semaine : “Grand Chef”, “Mini Spa”, “Bal des princes et princesses”, “Petit barman”, “Jardin impérial”… Une large palette d’activités qui invite les enfants dans un univers fantastique de plaisir et de créativité, tout en permettant aux parents de profiter davantage de leurs vacances ! www.sofitel.com

#HEliconia A l’assaut de l’Europe

Après plus de 4 années d’efforts pour offrir des prestations héliportées de qualité sur l’ensemble du Maroc et dans la région Maghreb et Afrique de l’Ouest, cette société 100% marocaine poursuit son développement en Europe, en prenant le contrôle, début novembre, de la société Héli Challenge, un des leaders français dans l’exploitation et la maintenance d’hélicoptères. Avec ce rachat, le Groupe Héliconia double sa flotte avec près de 20 appareils et 80 collaborateurs. Hotline (24h sur 24, 7 jours sur 7) : 080 200 61 61

#18/20 pour Epicuria Syrah

Le vin Epicuria Syrah 2005 a reçu la meilleure note des vins marocains testés dans la mythique Revue du vin de France (édition Novembre 2012). L’œnologue et écrivain Pierre Casamayor a ainsi commenté son vin le mieux noté : “Le Syrah Epicuria 2005 montre du potentiel de garde avec du fruit noir confit, de la figue, des notes de tabac, moka, une bouche au fruit rôti et fumé, des tanins poivrés (18/20)”... Epicuria est le grand frère du désormais célèbre Volubilia. Ces mono-cépages sont issus du même terroir sur le Domaine de la Zouina à Meknès, résultat d’une rencontre entre Philippe Gervoson (Château Larrivet HautBrion), Gérard et Christophe Gribelin (Château de Fieuzal) et GeorgesEmmanuel Benhaïm (Foods & Goods). Tel : +212 5 22 59 00 60

#L’esthetisme : un Ardevivre

Direction Sidi Ghanem, pour un shopping Déco ciblé au showroom Ligne Ardevivre. On s’y promène parmi des objets de décoration insolites, grands chandeliers, lampes en bronze, suspensions en nickel, plateaux en bois, ainsi que des créations de meubles dessinées par Sabine et Philippe Luciani. Leurs pièces uniques sont réalisées à base de matériaux nobles, matières naturelles et brutes, comme l’acier brossé, l’inox, le cuir, le lin, le bois flotté, patiné, doré... Une adresse à ne manquer sous aucun prétexte, une remise de 10% étant accordée aux lecteurs du MAG ! www.ardevivre.com

#Shopping chic au Jardin Majorelle

Un tour s’impose à la Boutique du Jardin Majorelle pour découvrir les dernières créations de Bernard Sanz. Bijoux berbères, tuniques et djellabas Couture, coussins brodés aux motifs YSL… Le tout réalisé de façon artisanale, pour un choix de produits aussi chics qu’originaux. www.jardinmajorelle.com

#Vive Janvier au Es Saadi !

Après les fêtes de fin d’année, pendant tout le mois de janvier, prenez un peu de temps et offrez-vous le “Rituel Detox” de l’Oriental Spa, à l’Hôtel Es Saadi : Hammam-gommage au savon noir et massage profond de 50mn au prix de 820 DH (Réservation : 05 24 33 74 00)... Tandis qu’au Palace Es Saadi, le Hair Studio vous offre un produit Phyto pour tout produit Phyto acheté ! www.essaadi.com


176/CARNETADRESSES

#SErie photo “Rien ne se perd, tout se rEcupEre…” (P.92) Salima Abdelwahab 315, Q.I. Sidi Ghanem, Marrakech Tel : +212 5 24 39 48 76 Alrazal / Ghizlane Sahli-Sarnefors 55, rue Sourya, Guéliz, Marrakech Tel : +212 6 68 43 92 88 Amal Benayad & Wafa Marhraoui Tel : +212 6 74 30 67 72 www.amalbenayad.com Art/C Riad Laârouss, Médina, Marrakech Tel : +212 6 60 03 62 46 Batoula Bencheikh Tel : +212 6 72 88 23 28 Hassan Hajjaj / Riad Yima 52, derb Aajane Rahba Lakdima, Médina, Marrakech Tel : + 212 5 24 39 19 87 / +212 6 65 16 75 54 Lahcen Iwi Tel : +212 6 62 48 34 58 Kenza Melehi 61, rue Yougoslavie, n°41 passage Ghandouri, Guéliz, Marrakech Tel : +212 5 24 42 26 41 - www.kenzamelehi.com Thierry Coudert / “Monsieur Michelin” Riad Zitoun Jdid, Médina, Marrakech Tel : +212 656 18 41 29 Karim Tassi 18, rue de la Liberté, Guéliz, Marrakech Tel : +212 5 2 45 76 73 - www.karimtassi.com Patricia Vernadat Tel : +212 6 79 05 57 05

#SErie photo “Modern Epoque” (P. 144) Art/C Riad Laârouss, Médina, Marrakech Tel : +212 6 60 03 62 46 Giorgio Armani www.armani.com Manolo Blahnik www.manoloblahnik.com Christian Dior Morocco Mall, Casablanca Tel : +212 5 22 79 21 63 Mamounia, bab Jdid, Marrakech Tel : +212 5 24 43 10 08 Lanvin 42, bd Massira El Khadra, Racine, Casablanca Tel : +212 5 22 94 46 64 Jérôme Vermelin / Villa M 18, rue Imam Malik, Guéliz, Marrakech Tel : +212 5 46 92 06 89 Ministero del Gusto 22, Derb Azouz, Mouassine, Médina, Marrakech Tel : +212 5 24 42 64 55 Mounir Camouni Tel : +212 6 53 10 07 51 Fernando Silva SC Labo : 11, rue des Ecouffes, 75005 Paris www.fernandosilvabrasil.com Prada Morocco Mall, Casablanca Tel : +212 5 22 79 29 40 Tom Ford www.tomford.com Valentino www.valentino.com Vivienne Westwood www.viviennewestwood.co.uk Zineb Chahin 33, Rue Majorelle, Marrakech


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