Touché_Catalogue exposition

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touche ! Catalogue de l’exposition 2020

Februar bis Dezember 2020

3512 Walkrigen

www.sensorium.ch


Textes: Frédéric Blanvillain Photos: Sensorium © 2020, Sensorium Stiftung Rüttihubelbad Rüttihubel 29 CH-3512 Walkringen


« Ne pas toucher. » Voici une absurdité du monde moderne. Si l’on considère la curiosité comme le point de départ d’une saine découverte de notre environnement, alors il faut toucher. Toucher pour connaître le monde, toucher pour tisser des liens, toucher pour se rassurer. Nos récepteurs tactiles remplissent principalement deux fonctions : nous lier aux autres et permettre l’exploration et la découverte du monde qui nous entoure.


Le toucher : un seul sens ? Le toucher est probablement le sens le moins étudié par les chercheurs et, paradoxalement, celui qui nous semble le plus familier au point de n’y porter, dans notre vie courante, que peu d’attention. Ressentir sur mes mains l’eau froide d’un ruisseau, le vent sur mon visage, le contact rassurant de la main courante d’un sentier qui me guide lors d’un passage difficile, me rend attentif à la beauté ou aux dangers de ce monde. Être réconforté par la caresse d’un être cher me permet de comprendre l’importance de nos liens sociaux. Jamais pourtant nous ne sommes émus aux larmes en prenant conscience de la diversité et des extraordinaires capacités de l’ensemble du système nerveux que nous appelons « Le toucher ». On le qualifie de passif ou d’actif, selon que nous recevons ou allons chercher de l’information. Est-il donc judicieux de le désigner comme un seul sens ? Il donne d’innombrables informations de natures très différentes, parmi lesquelles se trouvent la perception de notre corps dans l’espace et des besoins physiologiques élémentaires. La peau contient de nombreux récepteurs mécaniques, pour percevoir toutes sortes de déformations du derme, comme la pression, les caresses, les coups, les blessures. Elle contient aussi des récepteurs pour la chaleur et pour la douleur. La peau elle-même, indissociable du toucher, a également un nombre de fonctions et d’attributs incalculable comme la protection, l’ornementation et l’appartenance, l’exploration, l’expression d’émotions, l’émission d’odeurs aux buts divers et l’expression de la culture ou de la personnalité. Le toucher est donc aussi présent à chaque instant de notre vie qu’il est discret. Lorsque nous utilisons le mot « toucher » nous nous référons souvent au contact de la main avec une personne ou un objet, alors que le mot recouvre, comme nous venons de le voir, plusieurs réalités.


Toucher pour connaître le monde, toucher pour tisser des liens, toucher pour se rassurer.

Le toucher : notre lien social ? Une des fonctions primordiales du toucher et de permettre le lien social. Il est le premier sens qui se développe et grâce auquel on peut communiquer. L’haptonomie en est un exemple. Poser ses mains sur le ventre de la future maman permet de développer un premier contact avec le fœtus. Lorsque ce dernier réagit, cette première interaction provoque chez celui qui le vit une émotion intense. Ce bref moment illustre à lui seul deux fonctions du toucher : pouvoir découvrir l’autre et tisser un lien avec lui, seulement grâce à un premier contact physique. Les jumeaux, dans le ventre de la maman, perçoivent la présence de l’autre par le toucher, qui se met en place au cours des premiers mois de grossesse. C’est par ailleurs le seul sens qui soit déjà parfaitement opérationnel in utero. Il permet, dès les premiers instants de la vie, de construire une représentation de soi, en faisant bouger ses membres puis en les portant à sa bouche. Nous savons grâce au test du miroir, que l’enfant perçoit et comprend vers 18 mois que le reflet du corps qu’il voit, c’est lui (une tâche lui est dessinée sur le front et ce n’est qu’autour de cet âge-là qu’il commence à se toucher le front et non le miroir). Autrement dit, c’est à ce moment qu’il conçoit son corps comme un tout indifférenciable de ce qu’il est. Si la construction de soi commence par l’exploration des parties de son corps, c’est également le contact avec les autres qui fait prendre conscience de son existence.


Lorsque l’on est touché, on distingue l’autre de soi-même. « Je » se détermine par ce qui se trouve à l’intérieur de ma peau et l’autre par ce qui est à l’extérieur. Il n’est donc pas étonnant que certains philosophes ont établi le sens du toucher comme le sens du soi. Il me donne l’impression d’exister et de me démarquer des autres et du reste du monde. Dès les premières minutes qui suivent la naissance, le toucher va jouer un rôle primordial dans la survie. Il est établi, et indiscutable, qu’un nouveau-né a besoin de nourriture. Il a toutefois également, et à même hauteur, besoin de soins et de tendresse, ce que nous ont démontré Bowlby et Ainsworth avec la théorie de l’attachement. La deuxième guerre mondiale, comme tout conflit, a engendré un nombre important d’orphelins. Dans les centres d’accueil, aux Etats-Unis, ceux-ci furent confrontés aux maladies contagieuses. Il a donc été décidé d’isoler les enfants (afin de les protéger des virus et des bactéries). Ils étaient ainsi privés de contacts et d’affection. Le taux de mortalité, au lieu de baisser, a augmenté, ce qui semblait aller à l’encontre du bon sens.

Akousmaflore


Cela a ouvert la porte à d’importantes investigations et expériences sur les raisons de cette mortalité. Il en est ressorti que pour survivre puis grandir et s’épanouir, l’humain a un besoin égal de nourriture, de contact, de soin et d’affection. La tendresse à l’égard de son enfant (ou de tout enfant, voire même de jeunes animaux), n’est donc pas un hasard ni une bizarrerie de la nature, mais répond à un besoin profond d’appartenance. Celui qui est caressé est ainsi accueilli dans le monde des humains, il en fait partie et apprend par là même à se comporter avec l’autre, à l’accueillir dans sa sphère et parfois dans son intimité. Nous ressentons tous du plaisir à être caressés et, considérant que tous nos comportements sont utiles, nous pouvons raisonnablement envisager que la caresse a pour fonction de nous obliger à rechercher la compagnie des autres. Les personnes solitaires ont par ailleurs souvent un animal de compagnie dont le contact procure apaisement et plaisir. Le sens du toucher est mécanique et dépasse de beaucoup la seule déformation de la peau par une pression. Nous avons au moins quatre récepteurs distincts, qui eux-mêmes envoient leurs informations par des fibres nerveuses de différentes natures. Certaines sont spécialisées particulièrement dans la perception de la caresse, lorsque la peau est frottée délicatement et lentement. Est-il possible que nous ayons un récepteur spécifique pour les caresses ? Une découverte récente semble en indiquer la probabilité. Des tests ont été effectués sur une personne atteinte de neuropathie. Elle était incapable de déceler ou ressentir le moindre contact sur sa peau et a pourtant ressenti un certain bien-être lorsqu’elle était caressée (alors qu’elle ne percevait pas avoir été touchée).

Certains philosophes ont établi le sens du toucher comme le sens du soi.


La caresse nous apaise et nous rassure. C’est probablement pourquoi nous recherchons activement la compagnie d’autres êtres de notre espèce. La socialisation nous rend plus fort et donc favorise la survie et c’est probablement avant tout par le toucher que se créent les liens. Lorsque quelque chose nous émeut, ne dit-on pas que nous sommes touchés ?

Le toucher : dépend-il de nos codes culturels ? Pour autant, se touche-t-on n’importe comment et en toute situation? Bien sûr que non. Le toucher est extrêmement codifié et chaque culture a ses propres codes. La peau qui recouvre notre corps devient alors un reflet de la culture dans laquelle nous vivons. De manière approximative on peut dire que plus on s’approche du bassin méditerranéen, plus le toucher fera partie des comportements attendus lors d’une rencontre ou pour marquer son affection. À l’inverse, plus on monte au nord de l’Europe, ou plus on s’approche de l’Asie du sud-est, plus on a tendance à garder une distance avec son interlocuteur. La peau et le corps racontent notre histoire sociale. Elle exprime aussi des rapports de domination : qui a le droit de toucher l’autre ? Qui a le droit d’en prendre l’initiative ? Ou touche-t-on le corps de l’autre ? Quand est-ce perçu comme une marque de respect, un signe d’apaisement ou une intrusion dans l’intimité voire même une agression ? Si les rapports humains ne sont jamais faciles, ceux qui mettent en contact les corps sont toujours complexes, à moins que la confiance soit totale entre les personnes concernées. Toucher n’est jamais innocent, inutile ou superflu. Toucher et être touché c’est exister socialement.

Est-il possible que nous ayons un récepteur spécifique pour les caresses ?


Le toucher : à la découverte du monde ? La deuxième fonction essentielle du toucher est beaucoup plus évidente, nous découvrons le monde par nos yeux mais nous l’explorons et le connaissons vraiment grâce à nos mains ou de manière plus large grâce à notre corps. Pendant les premières années de notre existence nous coordonnons nos capacités motrices et les sensations, en particulier celle du contact. Les bébés passent du temps à appuyer sur les objets pour en éprouver la résistance et les caresser pour en connaître ou reconnaître la matière. Ils évaluent la distance qui les sépare d’un objet à saisir, après avoir agité leurs mains dans le vide. Nous testons les objets qui nous entourent pendant toute notre enfance avec des résultats parfois désastreux, par exemple lorsque nous cassons un objet fragile ou que nous nous brûlons. C’est pourtant essentiel de se confronter aux limites de ce monde et aux nôtres. Tout au long de la vie, nous avons envie de toucher ce qui nous entoure, pour mieux le connaître. Qui n’a jamais, à l’instar d’Amélie Poulain, plongé sa main dans un sac de grains ou de lentilles ?

La perception du poids


Qui a réussi à résister à la tentation de toucher un meuble en bois massif, un arbre vivant ou coupé dans la forêt ? qui n’éprouve pas la qualité d’un tissu avant de l’acheter ? Saint Thomas, en voyant le Christ, ne l’a cru vivant qu’après avoir mis ses doigts dans ses stigmates. Il existe une expression qui dit « je n’en crois pas mes yeux », il n’en existe aucune qui dit « je n’en crois pas mes mains ».

La galerie du toucher


Le toucher : un sens en voie de disparition ? L’être humain s’est redressé il y a quelques milliers d’années et, en s’éloignant du sol, a troqué une grande partie de son odorat pour sa vue, ce qui lui a conféré un avantage concurrentiel évident sur les quadrupèdes. On se rend toutefois compte que l’odorat est parfois un allié précieux, on se fait alors aider par un chien. Nous consacrons aujourd’hui de plus en plus de temps à une forme de contemplation particulière, nous apprenons et nous nous lions avec les autres en grande partie au travers de médias électroniques. Nos doigts ne servent, dans ce cas-là, qu’à nous donner accès à l’information, ou à l’amitié, au travers d’un clavier ou d’un écran tactile. Ils n’explorent plus, ou de moins en moins, le monde directement. Serions-nous en train de troquer notre sens du toucher pour un sens qui nous permet de recréer un monde virtuel dans notre tête ? Peut-être cela nous conférera un avantage concurrentiel… mais avantage sur quoi ou sur qui ? Si notre acuité tactile vient à diminuer, pourrons-nous nous faire aider lorsque nous en ressentirons le besoin ? De quelque manière que nous souhaitions nous définir, la seule chose certaine est que nous sommes des êtres incarnés et que nous ne survivrons que si nous gardons un rapport sain et physique avec le monde qui nous entoure et avec les autres. Alors, touchons ! Touchons du bois pour que tout aille bien – si vous êtes superstitieux – sinon touchez-le pour le plaisir, frottons-nous contre les arbres, roulons-nous sur la mousse, baignons-nous dans l’eau froide de nos rivières et si possible… pas seuls.

Tout au long de la vie, nous avons envie de toucher ce qui nous entoure, pour mieux le connaître.


LES STATIONS Akousmaflore Nos corps produisent une énergie électrostatique subtile qui est transmise aux plantes, capteurs naturels et vivants, sensibles à des flux énergétiques. Ces flux perçus par la plante sont transformés ici en interaction sonore. Cette création artistique nous permet de prendre conscience ou de nous rappeler que la nature qui nous entoure est vivante. Il est primordial que chaque interaction soit empreinte de respect et qu’entre les plantes et nous s’instaure un dialogue. Cette installation est une œuvre des artistes Scenocosme : Grégory Lasserre & Anaïs met den Ancxt : www.scenocosme.com


Lights contacts

Cette création artistique propose de sonder et de ressentir des éléments du réel qui nous sont invisibles ou auxquels nous sommes insensibles. Les artistes qui ont réalisé cette œuvre nomment ces éléments des nuages énergétiques (électrostatiques) dont se revêt tout être vivant. Parfois, ces nuages se croisent et échangent des informations. La technologie permet ici de révéler et de dessiner les relations extraordinaires entre les humains. Cette installation est une œuvre des artistes Scenocosme : Grégory Lasserre & Anaïs met den Ancxt : www.scenocosme.com

Pinart Un corps perçu au travers de deux dimensions est forcément une réduction de la beauté de la nature, le corps est chaleureux et rond, donnez-vous le temps ici d’en découvrir chaque courbe.


La pierre chantante

Le son est une pression qui se transmet. Elle devient, dans l’air ou au sol, une vibration. Celle-ci peut être ressentie par différentes parties de notre corps tant elle est puissante. Nos récepteurs tactiles sont mécaniques, ce qui leur permet d’être sensibles à la pression.


Homonculus Penfield est le chercheur à l’origine de cette représentation du corps humain. Elle nous indique que chaque partie de notre corps n’occupe pas la même place dans le cerveau. En ce qui concerne le toucher, nous avons beaucoup plus de récepteurs tactiles (somatosensoriels) sur les lèvres et sur les mains que dans le dos.


Le labyrinthe pieds nus

Notre peau est un rempart entre nous et le monde qui nous entoure. Elle nous protège et nous informe de tout danger. Elle est donc extrêmement sensible et peut reconnaître des structures et des matériaux de manière fine. Par exemple les deux sortes de dalles sur lesquelles vous marchez sont en l’occurrence les mêmes, d’un côté elles sont grossièrement polies et de l’autre elles sont brutes. Cela soulève une question : pourquoi nous privons-nous des informations données par la plante de nos pieds en portant lors de chaque sortie, indépendamment de la température, des chaussures ? pour aller plus vite. Marcher pieds nus ralentit le rythme de nos pas. Vous en avez probablement fait l’expérience ici (ou sur notre parcours pieds nus). Si vous trouvez que la vie va trop vite peut-être que cette expérience vous donnera une idée pour la ralentir ?

La température de mon empreinte

Ni magie, ni science-fiction, la marque que vous observez est une réaction des pigments déposés sur ce mur à la chaleur du corps. Ce phénomène a pour nom la thermochromie.


Les structures des minéraux

Vous avez probablement réussi à situer sur la table - avec vos yeux la pierre que vous avez touchée sous la table et l’exercice vous a peutêtre semblé facile. Toutefois votre cerveau a dû pour cela coordonner des informations venant de systèmes non compatibles (information électro-magnétique pour les yeux et information mécanique, spatiale et vibratoire pour la main). Cette capacité complexe s’appelle l’intermodalité. Nous l’entraînons dès la naissance par exemple à l’aide d’un hochet. Celui-ci fait un bruit que je peux identifier, il a une forme et une couleur que je reconnais à l’œil et une structure que j’apprends à saisir. Tout ceci est un seul et même objet. Un aveugle de naissance à qui une opération donnerait la vue, ne reconnaîtrait pas visuellement ce qu’il connait de manière tactile. L’apprentissage de l’appariement (vue-touché) prendra probablement du temps, il n’est pas inné, il s’acquiert.


Les papiers de verre

Dans notre vie courante la vue suffit à discriminer une matière d’une autre. Toutefois, la perception tactile de structures est plus performante que la perception visuelle. Cela s’applique surtout à des surfaces à la très fine granularité. À quoi ceci est-il dû ? Nous explorons les textures en les caressant. Deux processus sont alors à l’œuvre : une représentation spatiale et une autre vibratoire. Il y a donc un traitement complexe de l’information qui la rend plus précise. Le parallèle avec la vision est très étonnant, il faut faire un mouvement exploratoire relativement rapide pour sentir la texture avec les doigts. À l’inverse si nous nous déplaçons à grande vitesse devant une grille par exemple, celle-ci disparait de notre champ de vision.


Construire dans le noir

Lors de la construction, il apparait clairement que, sans repères visuels, l’orientation des objets dans l’espace devient plus difficile. Le toucher est performant pour la reconnaissance de formes, pour l’identification de matières mais ne traite que peu d’informations à la fois. La vision embrase d’un seul coup l’ensemble du champ spatial immédiat, mais son appréhension reste, par contre, plus superficielle.


Porter = toucher ?

Un vêtement peu être coupé près ou loin du corps, court ou long... quelle expérience tactile avons-nous dans l’un ou l’autre cas? Vous est-il possible de faire un lien entre cet élément et la forme de ce que vous aimez porter ? Au cours des siècles passés et dans notre partie du monde, la forme des vêtements a considérablement évolué. Ce qu’imposait la bienséance sur le plan vestimentaire donne aujourd’hui des éléments pour comprendre quels étaient les points forts d’un temps et d’une classe sociale donnés. Nous jouissons aujourd’hui d’une liberté plus grande dans le choix de ce que nous portons. Mais dans quelle mesure laissons-nous encore le monde extérieur nous influencer ?

L’art au bout des doigts

Si vous avez reconnu, grâce au toucher, l’image présentée ici, cela est dû à la pratique régulière d’associer ce que l’on voit et ce que l’on touche. Nous explorons lors des premiers mois de notre vie le monde à l’aide de nos sens qui, chacun, fonctionnent de manière distincte. C’est l’exercice répété de l’établissement du lien entre les deux modalités, par exemple le biberon que je touche et le biberon que je vois, qui nous permet de percevoir le biberon par les yeux et par la main comme un seul et unique objet. Une personne aveugle de naissance qui recouvre la vue tardivement a besoin de beaucoup de temps pour identifier ce qu’il voit, même s’il connaît la plupart des objets grâce au toucher.


Le bol à eau chantant

La caresse ou le frottement des anses ne laisse pas le bol indifférent, il réagit. Sous l’effet de la vibration engendrée par le frottement, les parois du bol oscillent. Nous entendons la vibration et la voyons dans l’eau. Nous aussi ne restons pas indifférents aux caresses. Celles-ci procurent un effet bénéfique sur l’enfant, cela l’apaise et lui donne un sentiment de sécurité et d’appartenance. La caresse permet d’établir un lien très fort entre les personnes. À l’instar du boson de Higgs qui explique comment les particules élémentaires forment une masse, la caresse engendre le sentiment d’appartenance de chaque personne à l’humanité.


La perception du poids

L’évaluation du poids d’un objet a quelque chose de particulier, car nous n’utilisons pas des récepteurs situés sous la peau mais dans nos muscles, tendons, articulations et cartilages. La perception du poids se rapproche plus de l’expérience de l’équilibre que de celle de l’exploration d’un objet.


Le chemin pieds nus

Pourquoi portons-nous des chaussures ? cette question posée à des écoliers obtient toujours la même réponse : «pour ne pas se blesser». Pourtant de nombreuses civilisations passées ou présentes se sont passées de souliers. L’explication se trouve plutôt dans le rythme imposé par nos sociétés modernes : nous portons des chaussures pour pouvoir nous déplacer plus vite.


Le Bol à eau « Bauerle »

Nous pouvons exercer une pression sur l’eau, grâce à sa surface de tension, qui est le résultat de l’organisation des molécules. En jouant avec cette pression nous réussissons à créer un phénomène de vague et avons l’impression de communiquer avec l’eau par le toucher.


La chambre noire

L’obscurité nous oblige à mobiliser totalement notre sens du toucher. Nos mains montent automatiquement à la hauteur de nos yeux afin de protéger notre tête et de trouver le bon chemin en nous évitant les grands obstacles (arbres, murs, etc.). Simultanément nous portons une attention particulière à nos pieds, nos jambes et nos articulations qui nous informent des embuches qui se trouvent au sol (irrégularités, trous, etc.). Ce système, qui peut en cas de nécessité se substituer à la vision, est toutefois moins performant. La vue traite immédiatement l’ensemble des informations qui nous entourent et porte à des centaines, voire des milliers de mètres, ce qui nous permet d’anticiper nos déplacements.

La douleur

La propriété du corps est un aspect fondamental de la conscience de soi. Le sens de notre corporéité et de notre présence physique vient à la fois des messages constants que le cerveau reçoit de toutes parties de notre corps (la proprioception) et de notre esprit qui peut influencer notre perception corporelle. Vous faites ici l’expérience d’une illusion, comme elles peuvent apparaître avec n’importe quel sens. Collection Musée de la main UNIL-CHUV.


La main en caoutchouc

La propriété du corps est un aspect fondamental de la conscience de soi. Le sens de notre corporéité et de notre présence physique vient à la fois des messages constants que le cerveau reçoit de toutes parties de notre corps (la proprioception) et de notre esprit qui peut influencer notre perception corporelle. Vous faites ici l’expérience d’une illusion, comme elles peuvent apparaître avec n’importe quel sens. Collection Musée de la main UNIL-CHUV.


Que signifie tiède ?

Nous ne ressentons pas le chaud ou le froid de manière absolue mais toujours en lien avec une température ambiante ou en comparaison de celle de sa température corporelle. C’est pourquoi l’habituation à deux températures différentes donne l’impression que la barre du milieu est chaude ou froide selon la main qui la touche – bien qu’elle soit, en réalité, équivalente à la température ambiante. Collection Musée de la main UNIL-CHUV.


Les températures ressenties

Nous définissons le froid ou le chaud par rapport à la température de notre corps, ainsi un objet dont la température s’élève à 20° est perçu comme froid. Pourquoi chaque matériau présent sur cette planche ne donne-t-il pas la même impression de froid ? parce que chacun d’entre eux conduit la température à une autre vitesse : le métal va transférer très rapidement la chaleur de notre corps à la plaque sur laquelle nous avons posé la main, ce qui crée une sensation de froid. À l’inverse le bois qui est un faible conducteur va transférer notre chaleur tellement lentement que nous ne nous en rendons pas compte. Nous avons ainsi l’impression de toucher quelque chose dont la température équivaut à celle de notre corps.

Un message tactile

Notre derme (la peau) est couvert de récepteurs mécaniques qui détectent la pression. Malgré que ceux-ci soient répartis inégalement sur tout le corps (beaucoup au bout des doigts et peu dans le dos), nous ressentons partout les contacts et pouvons même nous en faire une image mentale.


La galerie du toucher

Vous l’avez compris, cinq propriétés d’un objet sont décelables grâce au toucher uniquement. Ce qui fait du toucher le sens le plus complexe que nous ayons. La vue, comparativement, nous informe sur quatre propriétés : la température et le poids en moins et la couleur en plus.


Manger est un plaisir multi sensoriel

Nos récepteurs pour le goût sont chimiques, c’est grâce à eux que l’on sent les saveurs. Toutefois la consistance, perçue par nos récepteurs tactiles (mécaniques), de ce que nous mangeons, contribue également grandement au plaisir que l’on en retire.


Le cabinet de curiosités d’Olivia

Cette station a été réalisée par l’artiste plasticienne Olivia Malena Vidal. Elle accueille le visiteur dans un espace personnel qui, contrairement aux cabinets de la Renaissance, ne présente pas des objets insolites réservés à des érudits. Elle ne s’attache pas non plus à l’archivage de collections telles qu’elles figurent dans des vitrines d’entomologistes passionnés du XIXe siècle. Néanmoins, elle propose un jardin secret, celui du souvenir, de la mémoire qui recompose des objets et des images collectés, déconstruits puis rapiécés. Le cabinet est celui des « naturalia », spécimens de la nature, et celui des « artificialia », objets rares ou bizarres. Modifiés, les peintures, dessins et objets se font l’écho déformé de l’esthétique raffinée des siècles passés : couleurs, matières, formes en sont le caractère particulier. Le visiteur est invité à s’en imprégner par les yeux et le toucher. Le cabinet n’est plus le lieu sacré et glacé qu’est le musée traditionnel et ainsi il est un joyau dont le Sensorium est le parfait écrin.


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