AFRICA NEWS AGENCY
Interview Michael Kottoh
« LE SECTEUR PRIVÉ EST EN FIN DE COMPTE LE MOTEUR ET LE BÉNÉFICIAIRE DE LA ZLECAF Associé gérant chez KONFIDANTS et Directeur de la Recherche au sein de l’Initiative AfroChampions, Michael Kottoh fait le point sur le processus de mise en œuvre de la Zlecaf à travers les actions portées par AfroChampions pour accompagner le processus.
Vous aviez publié l’an dernier le rapport ZLECA Année 0 mesurant les engagements des états africains à mettre en œuvre les mesures clés de la ZLECA. Quelles ont été les réactions ? Un autre rapport est-il en préparation pour cette année 1 et quel est selon vous l’intérêt de mener cet exercice à intervalle réguliers? Le rapport ‘ZLECAF, année zéro’ visait essentiellement à mesurer le niveau d'engagement et de préparation des pays du continent pour la mise en œuvre de la ZLECAf. Au moment de sa publication en mai 2020, nous avons constaté que le niveau d'engagement et de préparation du continent dans son ensemble était très faible - malgré la vitesse spectaculaire à laquelle le processus d'opérationnalisation de la ZLECAf lui-même se déroulait. Le rapport a également mis en exergue deux groupes principaux de pays. Le premier groupe était constitué de pays fortement engagés en faveur de la ZLECAf mais mal préparés à sa mise en œuvre. Le second groupe est constitué de pays qui ont faiblement engagés en faveur de la ZLECAF mais avec une capacité de mise en œuvre et une préparation très élevées face aux implications de celle-ci. Le rapport a suscité de nombreuses discussions entre les principales parties prenantes - l'Union africaine, les États membres, les institutions régionales et le secteur privé. Et comme il s'agissait des premiers mois de la pandémie de Covid-19, il y a eu beaucoup de débats sur la question de savoir si le début des échanges commerciaux au sein de la ZLECAf - qui était prévu pour juillet 2020
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- devait être reporté ou non, en particulier du fait que les pays étaient faiblement préparés à mettre en œuvre la ZLECAf et des perturbations occasionnées par la pandémie, tant sur les déplacements que sur l'économie. Le rapport a apporté une nouvelle perspective à ce débat, en faisant valoir que le faible niveau de préparation des pays et la pandémie justifiaient au contraire de ne pas reporter le commencement effectif des échanges commerciaux. Nous avons fait valoir que seul le commencement effectif du commerce intra-africain serait en mesure de pousser les pays africains à accélérer leurs efforts de préparation à la ZLECAf. Et que la ZLECAf pourrait être utilisée comme l'une des armes du continent dans sa guerre contre la pandémie - si les États membres pouvaient convenir d'un début de commerce axé sur les "biens pandémiques" tels que les produits pharmaceutiques, les EPI et les produits alimentaires. Le rapport a notamment contribué à alimenter les diverses campagnes menées par l'UA pour inciter davantage d'États membres à ratifier l'accord, à soumettre leurs offres de négociation et à accélérer les travaux en cours sur les stratégies de mise en œuvre par pays. Notre objectif est de publier un rapport chaque année, et donc nous allons sortir la deuxième édition de ce rapport en mai 2021 - qui sera appelé le rapport ‘ZLECAf, année 1’. La deuxième édition contiendra de nouveaux indicateurs qui ne figuraient pas dans la première édition ; elle fournira donc de nouvelles informations sur l'engagement des pays et leur capacité de mise en œuvre que nous n'avions pas vues dans la première édition.
Michael Kottoh, directeur de la recherche au sein d'Initiative AfroChampions - Crédit photo Initiative AfroChampions
Cette série de rapports est précieuse à plusieurs égards. Premièrement, elle permet au continent de mesurer son niveau global d'engagement envers le processus ZLECAf ainsi que le niveau global de la capacité de mise en œuvre des États membres. Deuxièmement, elle permet à chacun des pays, individuellement, de mesurer ses propres niveaux d'engagement et de capacité de mise en œuvre par rapport à ceux de ses pairs. Sur la base des indicateurs du rapport, ils peuvent voir leurs forces et leurs faiblesses et les points à améliorer. Il s'agit ensuite d'un important outil d'analyse comparative qui permet de mesurer les progrès réalisés d'une année sur l'autre, en matière d'engagement et de capacité de mise en œuvre. En outre, du point de vue du climat des affaires, il envoie des signaux aux investisseurs du continent ou de l'extérieur, car la convergence progressive des réformes et des politiques publiques et la transposition de la ZLECAf dans les droits nationaux peuvent contribuer à harmoniser le marché