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AfroChampions Review: 2020, a decisive year

AFRICA NEWS AGENCY

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Interview Edem Adzogenu

« POUR NOUS, AFROCHAMPIONS, LA COVID-19 OFFRE L’OPPORTUNITÉ D’ACCÉLÉRER LA ZLECAF »

Edem Adzogenu, Co-Président de l’Initiative AfroChampions, revient sur les projets qu’elle a portés en 2020. Une année marquée par la pandémie que l’Initiative a perçu à la fois comme un test pour un continent qui doit apprendre à « jouer collectif », et une opportunité pour accélérer la ZLECAf. Retour l’action et les réalisations d’AfroChampions en 2020. Interview.

Quel est votre regard sur l’année 2020 ? Une année complexe, avec la crise sanitaire, mais en même temps décisive avec les dernières étapes avant l’entrée en vigueur de la ZLECAf…

« La ZLECAf est le plan de relance dont nous avons besoin pour pouvoir amortir tous nos efforts contre la pandémie»

L’année 2020 a commencé avec beaucoup d’attentes et d’enthousiasme. Les chefs d’État se sont réunis en février 2020 pour annoncer la mise en œuvre de la ZLECAf en mars 2020.

Nous avons également offi ciellement lancé notre projet de cadre d’investissement de mille milliards de dollars au soutien de la ZLECAf. Cette initiative à trois volets associe un mécanisme d’identifi cation et d’exécution de projets stratégiques pour le continent, à un suivi des engagements des états africains en faveur de la ZLECAf et à un véhicule d’investissement. Elle a été formellement approuvée par les chefs d’État lors de l’Union africaine lors de leur sommet annuel de février 2020. Et c’est sur la base de la décision offi cielle du sommet, que nous, équipe et réseau AfroChampions, étions censés travailler avec les ministres des fi nances, les ministres du commerce, les ministres des infrastructures, pour mettre en œuvre ce cadre d’investissement du secteur privé pour stimuler l’investissement en Afrique au soutien de la ZLECAf. Puis, comme vous le savez, la COVID19 nous a frappés à partir de mars et les frontières ont commencé à se fermer, ainsi que les espaces aériens, avant que nous soyons obligés de nous confi ner. Nous avons été confrontés à de fortes disruptions dans les chaines d’approvisionnement. Ceci a créé un risque majeur pour la survie et le succès de l’Accord continental qui était censé être mis en œuvre justement en mars dernier. Naturellement, tout le monde s’est concentré sur la manière de faire face à la pandémie, de protéger nos frontières et d’empêcher la transmission de la maladie.

En tant qu’AfroChampions, nous avons vu cela comme une opportunité - et comme l’un des plus grands tests pour le continent.

Le test : étions-nous capables de nous regarder et de nous donner la main pour lutter ensemble ? A ce titre, la ZLECAf est le plan de relance dont nous avons besoin pour pouvoir amortir tous nos efforts contre la pandémie.

L’opportunité : elle résulte, d’une part, de la baisse de la demande en ressources naturelles, en matières premières, et d’autre part, du fait que nous sommes en concurrence avec le reste du monde pour obtenir les produits de base dont nous avons besoin pour notre survie, comme les masques de protection, les gels antibactériens, les produits pharmaceutiques, etc. Pour nous, AfroChampions, la COVID-19 nous a donc offert l’opportunité d’accélérer la ZLECAf.

Alors concrètement, comment l’Initiative AfroChampions a-t-elle pu poursuivre sa mission en 2020 ? Et quel bilan dressez-vous, globalement, des projets conduits l’an dernier?

Dans le contexte singulier de 2020, nous sommes restés fi dèles à nos objectifs - l’intégration économique et la ZLECAf. Nous avons commencé par

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lancer un travail de recherche qui a abouti à notre rapport «ZLECAF Année 0» pour mesurer le degré d’engagement des pays du continent en faveur de la ZLECAf et leur état de préparation à l’entrée en vigueur du commerce intra-africain. Ce rapport a été publié en parallèle d’une campagne de sensibilisation, KeepAfCFTAOnTrack (« Gardons la ZLECAF sur les rails ») marquée notamment une tribune appelant à maintenir le processus institutionnel visant à fi naliser la ZLECAf. Celle-ci a été signée par d’éminents représentants de la communauté d’affaires africaine.

Sur le front de la réponse à l’urgence sanitaire : nous avons, au début du printemps 2020, contacté le Centre de prévention des maladies de l’Union africaine (CDC Africa) afi n de mobiliser le secteur privé et les acteurs de l’écosystème africain pertinents. Nous avons notamment participé à la création du Fonds de réponse à la COVID de l’Union africaine. En partenariat avec le CDC africain, un conseil d’administration a été mis en place dans lequel AfroChampions était représenté, aux côtés de l’Afreximbank et d’autres partenaires. A date, je suis heureux d’annoncer que le fonds a récolté près de 70 millions de dollars dans cet effort ainsi que d’autres contributions en nature. La première chose que nous avons faite en ce qui concerne la réponse immédiate au COVID, a été de mobiliser des ressources pour soutenir le travail du CDC - par exemple pour obtenir des produits tels que des EPI (NDLR : équipements de protection individuelle) et des respirateurs médicaux, ainsi que des produits pharmaceutiques. Ensuite, nous avons réalisé qu’il ne suffi t pas de réussir à s’approvisionner à l’extérieur et que le véritable objectif, c’est en fait d’aider les pays à renforcer leurs capacités, car les gens perdent leur emploi. Nous avons donc commencé à travailler avec la Fédération africaine des industries du coton et du textile - entre autres, au Kenya et en Ougand - et avec certaines des principales entreprises pour obtenir une certifi cation nous permettant de fabriquer des EPI et des masques médicaux.

Sur le front de la réponse aux enjeux économiques résultant de la pandémie, et au nouveau contexte : l’autre grand défi , à ce moment-là, c’était la circulation des personnes, puisque les

« Fondamentalement, ce que nous avons fait avec AVRIVA, c’est d’empêcher le manque de mobilité de ralentir la ZLECAf ».

frontières étaient fermées. C’est donc sur cette base qu’AfroChampions a travaillé avec l’Union africaine dans le cadre du programme AVRIVA (Accelerated Virtual Resilient Integration for a Vibrant Africa - Plateforme accélérée et virtuelle pour une Afrique vibrante et résiliente ). L’un des éléments clés de ce projet est la circulation des personnes. Les frontières étant fermées, nous avons réfl échi à une façon de les ouvrir, d’une manière qui soit fi able pour les pays et qui leur évite d’avoir soit à obliger les gens à se soumettre à un grand nombre de tests, soit à empêcher les gens de voyager parce que les certifi cats émis ne seraient pas dignes de confi ance. La solution, c’était de créer une application. Celle-ci a été conçue en faisant appel au secteur privé africain et à l’ingéniosité africaine - celle des jeunes notamment ! Le résultat est une plateforme en ligne. Son objectif est de maintenir un certain niveau de vigilance numérique dans le cadre de la circulation des personnes, jusqu’à pouvoir harmoniser les exigences d’entrée entre les pays lorsque les personnes se déplacent.

AVRIVA a d’abord conduit au développement d’un outil, PanaBIOS, que nous avons mis au point en partenariat avec «KoldChain», une startup kényane, et l’Organisation africaine de normalisation (ARSO), Afreximbank, la Trade and Development Bank, le CDC Africa et l’Offi ce africain du tourisme. Nous l’avons ensuite proposé au CDC et à l’Union africaine pour qu’ils l’offrent aux États membres à un faible coût. Je suis heureux d’annoncer que de nombreuses organisations encouragent aujourd’hui les pays à déployer ce système. Des compagnies aériennes sont en train de l’intégrer ; et de nombreux laboratoires sur le continent et en dehors se sont enregistrés. Le succès vient de l’approche très pragmatique, car le système est interopérable : il nous aide à intégrer les plateformes entre les pays de manière à permettre aux personnes du continent de voyager librement tout en créant un bouclier qui nous permet de savoir ce qui se passe sur le continent. C’est essentiel à la circulation des personnes, notamment pour la relance du secteur touristique, qui représente parfois 15 à 40 % du PIB des pays africain.

L’autre aspect d’AVRIVA est la Super-App que nous avons développée avec le soutien du secrétariat de La ZLECAf. Il s’agit essentiellement d’une plateforme dans laquelle, chaque PME ou individu sur le continent peut avoir un numéro ZLECAf, qui se présente comme un profi l. Une autre caractéristique de cette application, c’est la possibilité de transmettre des normes. En effet, de nombreuses entreprises alimentaires et pharmaceutiques opèrent dans leur pays sous l’égide des autorités alimentaires et pharmaceutiques locales ; cependant, chaque fois qu’elles veulent vendre des produits dans d’autres pays, elles doivent repasser par tout un processus complexe. Or cette fonctionnalité permet aux organes de normalisation en charge des denrées et des médicaments de ces pays de travailler de manière intégrée afi n de permettre une vérifi cation transfrontalière - encore une fois, on cherche à être pragmatique. Cette fonctionnalité a également été offerte au secrétariat de la ZLECAf afi n d’être mise à disposition dans d’autres pays. Une autre fonctionnalité de l’application est un blog qui permet aux personnes du continent et du monde entier de partager leur vision de la ZLECAf.

Fondamentalement, ce que nous avons fait avec AVRIVA, c’est d’empê-

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