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Analyse
ZLECAF L’AVENTURE NE FAIT QUE COMMENCER… Depuis le 1er janvier, l’Afrique est devenue le plus grand marché au monde avec l’entrée en vigueur de la ZLECAf. Reste à en adapter, pays par pays, les modalités. Et surtout à accompagner les entrepreneurs africains vers le chemin de ce marché commun afin qu’ils en saisissent toutes les opportunités. C’est là que la bataille commence ! Par Dounia Ben Mohamed
« Si le début des échanges représente une étape importante pour le peuple africain, les États membres devront assurer la création d’un environnement propice pour que les jeunes et les femmes du continent puissent profiter des opportunités qu’offre l’Accord ». C’est avec ces mots que le 2 janvier dernier, le Président sud-africain Cyril Ramaphosa, alors président en exercice de l’Union africaine, lançait, officiellement, et virtuellement, la ZLECAf. En résumait tous les enjeux par la même occasion. Car si les opportunités qu’offrent ce nouveau marché commun, désormais le plus grand au monde, sont infinies, celles-ci ne profiteront réellement à l’Afrique…que si les Africains s’en saisissent. (lire la tribune d’AnneElvire Esmel) Et à ce titre les défis sont encore importants. Même si le lancement officiel de la ZLECAf, prévu initialement en juillet 2020, mais reporté au 1er janvier 2021 en raison de la pandémie du COVID-19, marque une étape importante dans l’avancement de l’intégration économique africaine. Selon la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA-ONU), avec un marché potentiel de 1,2 milliard de consommateurs actuellement, pour un PIB estimé à 2 500 milliards de dollars, et près de 2,5 milliards en 2050, elle constitue l’espace commercial le plus important dans le monde. « Si elle est mise correctement en place, la ZLECAf sera le cadre qui entrainera des inves-
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tissements, des innovations rapides et, en fin de compte, une croissance et une prospérité pour l’Afrique », soulignait lors du lancement Vera Songwe, à la tête de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), une des institutions qui a accompagné la mise en place du processus aux côtés de l’Union Africaine. Selon ses prévisions, le marché devrait «stimuler le commerce intra-africain de 52,3%» en éliminant les barrières tarifaires. Alors que pour l’heure, les exportations intra-africaines ont représenté, en 2019, 16,6% des exportations totales, contre 68,1% pour les exportations intra-européennes, 59,4 % pour les exportations intra-asiatiques, 55% pour les exportations intra-américaines et 7% pour les exportations intra-océaniques selon la même source.
gine en place qui pourront bénéficier de cet accès privilégié au marché continental. Ce commerce intra-africain devrait augmenter les revenus de près de 68 millions d’autres personnes qui vivent avec moins de 5,50 dollars par jour (4,53 euros) d’ici 2035 et favoriser une progression salariale plus importante pour les femmes (+10,5%) que pour les hommes (+9,9%)»_ tout en augmentant le PIB des États africains, entre 0,35% du PIB et 0,54% d’ici 2040, « selon l’ambition de la réforme » souligne un rapport commun produit par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le secrétariat de la ZLECAf.
Plus qu’un simple accord commercial, « un instrument pour le développement de l’Afrique »
Alors que la pandémie Covid 19, qui aurait entraîné jusqu’à 79 milliards de dollars de pertes de production en Afrique en 2020, a révélé, une fois encore, la grande fragilité du continent face aux chocs exogènes, et la dépendance des pays africains en termes d’importations, de médicaments notamment (plus de 70% de ses besoins), la ZLECAf, en développant l’industrialisation du continent et en encourageant la fabrication locale, dans le domaine de l’industrie pharmaceutique en premier lieu, révèle tout son intérêt dans le contexte actuel.
Loin d’être « un simple accord commercial », pour Wamkele Mene secrétariat général de la ZLECAf, il s’agit d’« un instrument pour le développement de l’Afrique ». Selon la Banque mondiale, il pourrait permettre de sortir jusqu’à 30 millions d’Africains de la pauvreté extrême. Car l’augmentation du commerce intra-africain encouragera l’industrialisation des pays, et donc la production, locale - car ce sont bien les produits et marchandises ‘made in Africa’ et répondant aux règles d’ori-
Un outil pour accélérer la lutte contre le Covid-19 et accélérer la reprise économique