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Mot du directeur général - Steeve De Marchi - La lumière au bout du tunnel?
Le 5 juin dernier, la Banque du Canada annonçait une baisse du taux directeur de 25 centièmes de point. Enfin!
Cette baisse, bien que timide, ne représente pas moins un signal important pour l’économie et par conséquent, pour notre industrie. C’est une première depuis mars 2022 et selon les économistes consultés, il s’agirait vraisemblablement de la première d’une série de trois baisses d’ici la fin de l’année. Certains parlent déjà d’un retour d’ici quelques mois à un taux d’intérêt au financement automobile sous les 7 %. Est-ce la proverbiale lumière au bout du tunnel? Nous aimerions tous y croire. Mais qu’en est-il vraiment?
Les effets de la pandémie sur l’inventaire continuent de s’estomper. Les cours des concessionnaires sont relativement bien garnies. Certaines affichent même un surplus dans quelques modèles spécifiques. Cette « abondance » relative a incité des manufacturiers à ramener des rabais importants sur le PDSF et des offres de financement à taux subventionnés. Évidemment, des inventaires disponibles et des taux de financement artificiellement bas favorisent les ventes de véhicules neufs. Tôt ou tard, ces véhicules neufs deviendront des « véhicules d’occasion ». Mais pour le moment, des taux de financement encore élevés et un inventaire encore en progression défavorisent le marché du véhicule d’occasion.
Du côté règlementaire, les nouvelles ne sont pas très encourageantes. L’adoption du projet de loi 29 a entrainé une admissibilité presque doublée aux garanties de bon fonctionnement (A, B, C et D) sur les véhicules usagés. L’adoption du projet de loi 30 a quant à lui porté un dur coup au modèle d’affaires de nos membres en modifiant la distribution sans représentant de produits d’assurance. Cette modification prendra effet le 1er juillet 2026. L’annonce de ces changements entraine de profondes réflexions chez nos partenaires en assurance et ils ne sont pas les seuls dans l’industrie. Certains cherchent une nouvelle formule pour la distribution de produits d’assurance. D’autres cherchent à augmenter la profitabilité des sources de revenus existantes. D’autres encore explorent la distribution de nouveaux produits. Bien sûr, il est important de prévoir des alternatives pour compenser les effets de la nouvelle règlementation. Il faut cependant faire preuve de prudence dans les choix qui seront faits.
Garanties ou assurances? Attention!
Comme on le sait, la distribution des produits d’assurance est régie par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Puisque la distribution des produits d’assurance deviendra plus « compliquée » à compter de juillet 2026, il semble logique (facile) de se replier sur les produits de garanties pour compenser le manque à gagner. Il ne faut cependant pas oublier que la distribution des produits de garantie est règlementée par l’Office de la protection du consommateur (OPC) et que plusieurs éléments de la Loi encadrent déjà cette distribution. Il est important de respecter ces règles si on ne veut pas avoir à faire face à un projet de loi encadrant la distribution des produits de garantie dans le domaine de l’automobile. Il faut aussi faire preuve d’une grande prudence lorsqu’on nous propose des produits de garantie dont la description correspond davantage à un produit d’assurance. Il serait tentant de vendre des produits de protection comme les garanties d’écart, les protections de tissus, les protections de roue d’alliage, etc. Sans aller trop dans les détails, la définition généralement acceptée d’un produit d’assurance correspond à une protection contre les effets d’un évènement fortuit alors qu’une garantie protège contre le mauvais fonctionnement d’un appareil ou d’un système. Le fait de donner le nom de « garantie » ou de « protection » à un produit ne le soustrait pas nécessairement à la règlementation de l’AMF. Dans tous les cas, nous savons que l’AMF et l’OPC seront très attentifs aux alternatives que choisira l’industrie.
Menace ou opportunité?
Cette tempête qui s’éternise signifie-t-elle la fin annoncée de notre industrie? Certainement pas! Cela dit, nous devons prendre le temps de s’interroger sur les changements qui pourraient ou devraient être envisagés afin de conserver ou retrouver la prospérité. Après tout, les changements des dernières années étaient déjà amorcés bien avant la pandémie. La saga des demandes d’actions collectives, les modifications à la Loi sur la protection du consommateur et à la distribution de produits d’assurance découlent d’un traitement non équitable des consommateurs. Les signes qui annonçaient de telles perturbations étaient déjà présents, mais certains commerçants ont décidé de les ignorer. Tel que mentionné, les autorités règlementaires sont très attentives aux décisions que prendront les commerçants de véhicules routiers en réponse aux changements législatifs. Le traitement équitable du consommateur devra faire partie de notre gouvernance au risque de voir d’autres projets de loi venir encadrer plus sévèrement notre industrie. Voilà un thème dont on parle depuis longtemps et dont on n’a pas fini de parler...
D’autres pistes de solution s’offrent à nous pour retrouver ou conserver la prospérité. À peine un tiers de nos membres opère un atelier mécanique digne de ce nom. Le débat est toujours présent sur la rentabilité (ou non) d’un département de services mécaniques. Plusieurs de nos membres en font un centre de profit important, sans compter les économies sur les reconditionnements et la relation étroite que cela permet avec les clients. Du côté des concessionnaires de neuf, l’atelier mécanique est une source non négligeable de « leads » pour la vente de nouveaux véhicules.
Et les véhicules électriques?
Les légendes et les histoires d’horreur sont nombreuses concernant la vente de véhicules électriques d’occasion. On entend des cas où un commerçant a perdu des milliers de dollars sur une transaction. Oui... c’est réel. Cependant, on n’entend pas parler du commerçant qui a perdu des milliers de dollars sur une transaction d’un véhicule « à gaz »... Il y en a régulièrement. La réalité est que les véhicules électriques prennent de plus en plus de place sur les routes. Inévitablement, la composition de l’inventaire de véhicules d’occasion reflète ce changement. Ignorer cette réalité ne la fera pas disparaitre. Il devient urgent que les commerçants de véhicules d’occasion emboitent le pas. Certes, la main-d’œuvre est plus difficile à trouver, mais il existe des alternatives. Nous aurons l’occasion d’en discuter davantage dans les prochains mois.
Et finalement, est-ce que ça va bien aller?
Je m’étais promis de ne plus utiliser les mots « ça, va, bien, et aller » dans la même phrase. Cependant, je crois que cette expression peut maintenant être utilisée sans avoir l’air d’une prière. Les conditions présentes dans le marché de la revente de véhicules routiers ne sont peut-être pas les meilleures que nous ayons connues. Malgré tout, on sent définitivement un vent d’optimisme qui commence à souffler. Les inventaires qui augmentent graduellement (en qualité et en quantité) et les taux d’intérêt qui commencent finalement à descendre sont autant d’éléments qui nous permettent d’envisager l’avenir avec un certain optimisme. Les changements législatifs qui nous sont imposés représentent des défis, certes. Mais comme elle l’a toujours fait, notre industrie réussira à transformer ces défis en opportunités. Nul doute que nous trouverons (encore) des moyens de prospérer.
Je termine cette édition du magazine en vous souhaitant un bel été, de belles ventes et aussi de belles vacances.


