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Note d’intention
from L'effet domino
by Amel Idrissi
Ce spectacle est un triptyque composé de trois nouvelles écrites par Fellag, adaptées pour le théâtre dans une forme de dramaturgie qui emprunte sa structure à l’univers du cinéma moderne. J’y mets en scène des personnages de réfugiés émouvants et attachants qui sont aux prises avec les maux tragiques liés au totalitarisme liberticide dont souffre leur pays d’origine, sans se départir de l’humour qui est propre à Fellag. Chacun des « scénarios » contribue à la tension d’un ensemble théâtral.
Dans « Allô Adam! », Adam téléphone sept nuits durant à celle qu’il aime. Telle une Shéhérazade du temps de l’horreur, sa fiancée, restée malgré elle au pays, esquive la mort, tente de déjouer la « sale guerre » en écoutant la voix de celui qui écoute sans pouvoir répondre.
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À l’aube de chaque jour qui commence, elle ne sait si elle aura la vie sauve et hésite entre l’adieu et l’au revoir. Comme Adam, Êve est interrompue par le soleil qui se lève. Le conte fait ainsi une brève apparition à travers cet amour qui se serait noué en plein maquis et ce jeune fasciste qui aurait fini par abattre son chef pour sauver Narriman. Mais Êve tue bientôt elle-même ses propres personnages : « Rien n’est arrivé. J’ai tout inventé.
Ce serait trop beau. Imagine un peu. La barbarie réhabilitée par la passion amoureuse… » er au nom de toutes les femmes réprimées pour dénoncer leur castration et les souffrances qui leur sont infligées. Il lui faut répéter son amour dans un monde fait de désamour. Il lui faut survivre par la parole : « Au-delà de la simple révolte, ces instants me permettent d’exprimer vraiment tout ce que je ressens et de trouver des appuis pour continuer à vivre. »
Je veux exprimer la souffrance de ces hommes et ces femmes, mais aussi leur révolte et leur espoir. Je veux décrire un parcours qui dénonce le patriarcat dans toute sa violente bêtise, jusqu’aux détails les plus absurdes entraînant des conséquences inextricables.
“Pourquoi vouloir nous imposer de ne tenir compte que de “votre génie, votre sens de l’honneur, votre courage” et d’être éternellement en admiration devant “votre sagesse et votre probité”, alors que vous n’êtes obsédés que par le galbe de nos mollets, la couleur de nos yeux, la rondeur de nos fesses et les fruits auxquels s’apparentent nos seins ?”, demande Fellag par la voix d’un de ses personnages révoltés. L’humour émaille l’énoncé de ces vérités tragiques, toujours bonnes à dire.
Il lui faut revenir à la réalité qui amène chaque jour son lot de morts atroces. Il lui faut parl-