BLOCK Magazine - Fall 2013

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Creativity has its place Fall 2013 Issue 2 / La créativité a sa place Automne 2013 Numéro 2

the artist micah lexier Inside Sid Lee / Hot Chocolatiers / The Comic King Chez Sid Lee / Maîtres Chocolatiers / Le Roi de la Bande Dessinée




AvAilAble UrbAn Office & retAil envirOnments At yOUr fingertips. Use our web-based leasing tab to view availabilities in over 9 million square feet of office & retail space across Canada.

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contents The Starting Block . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Block de départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Contributors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Contributeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Toronto artist and curator Micah Lexier helms a group show so big, it has to be rehearsed . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

THE MOMENT

OUTSIDE THE BOX 50 Canadians Who Changed the World; a Montreal urban jungle; Greta Constantine’s favourite fashion films; the word on Glenbow Museum’s Made in Calgary exhibit . . . . . . . . . . . . . 14 MY SPACE

Drawn & Quarterly publisher Chris Oliveros’s desk . . . . . 17

Designer, animator and director Craig Small employs low-tech tools to make beautiful, gritty films . . . . . . . . . . . . . . . . 18

THE CREATOR

ARTIST’S BLOCK

Sara Cwynar reinvents the cube . . . . . . . . . . . . . . . 21

A tour of the light, airy space of the Toronto headquarters of Soma Chocolatemaker . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

THE INTERIOR

THE BUSINESS From branding to buildings, Montreal ad agency Sid Lee is breaking all the rules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 THE PORTFOLIO

The finalists for the 2013 Sobey Art Award . . . . . . . . 34

Do constraints help creativity? Three great minds weigh the merits of thinking inside the box . . . . . . . . . . . . . 40

THE CONVERSATION

MADE

Darryl Agawin’s workstation-cum-mini gym . . . . . . . . . . . . 44

NOW & THEN RETHINK

An art deco landmark in Calgary, updated . . . . . . . . . . 47

Hey, Canada: Where’s your art? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

FILL IN THE BLANK

Artist Balint Zsako’s urban infill . . . . . . . . . . . . . . 50

ON THE COVER / en page couverture Photo / photo: Derek Shapton corrections In our summer issue, we misidentified Ursa’s chef, Jacob Sharkey-Pearce. We also neglected to credit Toni Hafkenscheid, Shary Boyle and Jessica Bradley Inc. for the photo of Boyle’s work, Canadian Artist [Artiste canadien], 2012. We regret the errors. / Dans notre numéro d’été, nous avons mal identifié le chef chez ursa, jacob Sharkeypearce. nous avons aussi omis de mentionner le crédit photo pour les oeuvres de Boyle, Canadian Artist [Artiste canadien], 2012 à Toni hafkenscheid, shary boyle et jessica bradley inc. nous regrettons ces erreurs.

L’artiste torontois Micah Lexier est en charge d’une exposition d’une telle envergure que celle-ci doit être répétée . . . . . 11

Le moment

50 Canadiens qui ont changé le monde; une jungle urbaine montréalaise; les designers de Greta Constantine sélectionnent leurs films de mode préféré; l’expo Made in Calgary . . . 14

hors des sentiers battus

mon espace

Bureau de Chris Oliveros, éditeur de Drawn & Quarterly . . 17

Le designer, infographiste et réalisateur Craig Small utilise des outils de base pour réaliser de beaux films noirs . . . . . . . . 18

la création

ARTIST’S BLOCK

Sara Cwynar réinvente le cube . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Visite de l’intérieur spacieux et lumineux du chocolatier Soma à Toronto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

l’intérieur

Des images de marque aux immeubles, l’agence de publicité montréalaise Sid Lee ne se conforme pas aux règles . . . . . . 30

L’ENTREPRISE

le portfolio

Les finalistes du Sobey Art Award 2013 . . . . . . . . . . . . 34

Trois grands esprits discutent les mérites de penser à l’intérieur des règles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

la conversation

construit

Le poste de travail et la salle de sport de Darryl Agawin . . . 44

hier et aujourd’hui

Un immeuble Art déco à Calgary, remis à neuf . . . 47

la grande réflexion

Hé ho, Canada : Où est votre art? . . . . . . . . . . . 49

Veuillez remplir l’espace

La dent creuse selon l’artiste Balint Zsako . . 50


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the starting block

photos by / par melissa nuñez

With no restrictions whatsoever, the creative process can be staggeringly difficult. /  Sans aucunes restrictions, le processus créatif peut devenir extrêmement difficile.

In an interview, years ago, star architect Frank Gehry recounted one of his toughest commissions: to design a home with no restrictions whatsoever. “I had a horrible time with it,” he said. “I had to look in the mirror a lot. Who am I? Why am I doing this?” Perhaps it’s unsurprising, then, that some of Gehry’s greatest achievements—L.A.’s Walt Disney Concert Hall, the Guggenheim Museum Bilbao—were built to meet exacting functional requirements. Creativity, it turns out, craves constraints. It’s true of architecture: Many beautiful buildings—like those owned by our collaborator, Allied Properties REIT—adhere to strict practical or stylistic rules. It’s true of music, art and literature: The Beatles, Monet and Hemingway all operated within formal constraints. It’s also true of advertising. Agencies like Sid Lee, the subject of this month’s business profile (page 28), understand that a client’s needs can be a liberating, not impeding, force. Constraints also inform the work of the filmmaker Craig Small (page 18), and our cover subject, the artist Micah Lexier. (See above for a behind-thescenes glimpse of our cover shoot, and read the story on page 11.) In the Conversation (page 38), three great minds tackle the question of creative constraints head on. There’s much more to say about this issue, but alas, we’re out of space. Perhaps that’s for the best.

Lors d’une entrevue, il y a quelques années, le célèbre architecte Frank Gehry s’est souvenu d’un de ses mandats les plus difficiles : dessiner les plans d’une maison sans aucune restriction. « Ce fut horrible, je me suis remis en question. Qui suis-je? Pourquoi fais-je ceci? », avait-il dit. Cela est donc sans doute peu surprenant que les plus grandes réalisations de Gehry—le Walt Disney Concert Hall à L.A., le Musée Guggenheim à Bilbao—aient été construites avec des exigences fonctionnelles précises. Il s’avère que la créativité souhaite avoir des contraintes. Cela est vrai en architecture: plusieurs beaux immeubles, comme ceux appartenant à notre collaborateur, Allied Properties REIT, adhèrent à des règles pratiques et stylistiques strictes. Cela s’applique également à la musique, à l’art et à la littérature : Les Beatles, Monet et Hemingway ont tous suivi des contraintes formelles. Cela est aussi vrai dans la pub. Des agences comme Sid Lee (p. 28), ont compris que les besoins du client peuvent être libérateurs, et non gênants. Les contraintes s’imprègnent aussi dans le travail du cinéaste Craig Small (p. 18) et de notre sujet de couverture, l’artiste Micah Lexier (ci-dessus un aperçu de la séance photo pour la page couverture et l’article à la p. 11). Puis, trois grands esprits décortiquent la question des contraintes créatives dans La Conversation (p.38). Nous pourrions continuer à parler davantage de ce numéro, mais hélas, nous manquons d’espace. Peut-être est-ce pour le mieux.

Block / 7


T H E

I N F L U E N T I A L

S U N D AY

P I N S T R I P E

T W E E D

Look sharp while keeping warm with Garrison’s fall essentials from tweeds to flannels.

“To p r a n ke d Be s p o ke Ta i l or i n C a n a da” - S h a r p M a ga z i n e “#1 Be s p o ke Ta i l or i n Tor on t o” - B l o gTO

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26 Wellington St E. Toronto, ON

(416) 566-2041

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contributors Editor-in-chief / Rédacteur en chef

Benjamin Leszcz

Creative DIRECTORS / Directrices artistiques

Whitney Geller and Yasemin Emory

Editor / Rédaction

Doug Wallace

Photo & illustration Editor / iconographe

Catherine Dean

02

assistant designer / adjointe À la directrice du design

01

Melissa Núñez

Translator / Traductrice

Dominique Bergeron

COPY EDITors - PROOFREADers / Relecteurs - Correcteurs

04

03

Michaela Cornell, Courtney Greenberg

allied properties reit

520 King Street West, Suite 300 Toronto, Ontario M5V 1L7 Canada (416) 977-9002

1. Bert Archer, who writes regularly for Toronto Life, National Post, and Washington Post, describes artist Micah Lexier’s meticulous approach to exhibition design in this issue’s cover story (page 11). /

info@alliedreit.com alliedreit.com

Bert Archer, qui écrit périodiquement pour Toronto Life, le National Post et le Washington Post, décrit l’approche méticuleuse de l’artiste Micah Lexier en terme de conception d’exposition dans cet article qui figure en page couverture de ce numéro (p. 11).

Whitman emorson

847 Adelaide Street West Toronto, Ontario M6J 3X1 Canada (416) 861-8381

2. Cover photographer Derek Shapton has shot for publications including Wallpaper*, GQ and Vogue, as well as such commercial clients as Levi’s, Mercedes-Benz and Sony Music. / Le photographe

inquiry@whitmanemorson.com whitmanemorson.com

Derek Sharpton a travaillé pour des publications comme Wallpaper*, GQ et Vogue, ainsi que pour des clients commerciaux tels que Levi’s, Mercedes-Benz et Sony Music.

Block is published four times a year. / Block est publié quatre fois par an.

3. New York-based Canadian artist Sara Cwynar (Artist’s Block, page 21) has shown her work at Amsterdam’s FOAM Photography Museum, New York’s MoMA and Toronto’s Cooper Cole Gallery. / L’artiste new-yorkaise Sara Cwynar (Artist’s Block, p. 21)

a exposé ses œuvres au FOAM Photography Museum à Amsterdam, au MoMA à New York et à la Cooper Cole Gallery de Toronto. 4. Bill Clarke (Portfolio, page 34), whose writing has appeared

in Canadian Art, c magazine and Modern Painters, contributes regularly to ARTnews, the New York-based industry bible. / Bill Clarke (Portfolio, p. 34) a écrit pour Canadian Art, c magazine et Modern Painters et contribue régulièrement à ARTnews, la bible new-yorkaise de l’industrie.



The Moment / Le Moment

thu. aug. 01 10:06 am

photos by / par Derek Shapton

Mixed Media artist Micah Lexier is onstage at the Enwave Theatre. The brick walls in the dark room are lit from below, giving the mostly empty room the feel of an underground bunker. The stage has been extended to cover the floor seats. Lexier needs the space: He is studying the interplay of the shapes and textures of 221 objects, which have been produced by 101 Toronto artists. The objects will constitute More Than Two (Let It Make Itself), which is part of a larger show dedicated to Lexier, One, and Two, and More Than Two. / L’artiste de techniques mixtes Micah Lexier est sur scène au Théâtre Enwave. Les murs de la pièce sombre sont éclairés à partir du bas, donnant l’impression de se retrouver dans un bunker. La scène a été élargie, recouvrant les sièges du théâtre. Lexier étudie l’interaction entre les formes et textures de 221 objets, créés par 101 artistes torontois. Ces objets constitueront More Than Two (Let It Make Itself), tout en faisant partie d’une expo de plus grande envergure, et dédiée à Lexier, One and Two, and More Than Two. Block / 11


The Moment / Le Moment

Installation crew members John Kennedy and Marina Guglielmi help put the pieces together. BELOW: Brian Groombridge’s Whisper Marconi in the foreground, with Miles Collyer’s Oscillator just behind. / John Kennedy et Marina Guglielmi, membres de l’équipe pour l’installation, participent au montage de l’expo. CI-DESSOUS : Whisper Marconi de Brian Groombridge en premier plan et, juste derrière, Oscillator de Miles Collyer.

The object-focused work features a diverse range of contributors, from video and installation artist Jon Sasaki to 84-year-old legend Michael Snow. “This is a show capturing this moment, what’s happening in Toronto right now,” says Lexier, as he eyes the works, sprawled out across the floor. He’s got the theatre for a week to organize the pieces into the show he sees in his mind. As it turns out, arranging 221 objects is a complicated task. Lexier says the project is challenging but rewarding. “I hope people will get the same joy as when you go to a flea market,” he says of the exhibition. “Everything here meant something to someone. But you are empowered to give your own value to them.” / Cette oeuvre composée d’objets comprend une variété de contributeurs, de l’artiste de vidéo et d’installations Jon Sasaki à Michael Snow, la légende de 84 ans. « Cette expo saisit le moment présent et ce qui se passe actuellement à Toronto, » dit Lexier en contemplant les oeuvres éparpillées sur le sol. Il a accès au théâtre pendant une semaine afin de monter l’expo et organiser les œuvres selon ce qu’il s’était imaginé. Il s’avère que l’organisation de 221 objets est une tâche ardue. « J’espère que les gens en retireront la même joie que lorsqu’ils se rendent au marché aux puces, » dit-il à propos de l’exposition. « Tout ce qui est présent ici a représenté quelque chose pour quelqu’un. Mais, vous avez le pouvoir de leur offrir vos propres valeurs. »

The Power Plant 231 Queens Quay West, Toronto Sept. 21 – Jan. 5 / Du 21 sept au 5 janv. thepowerplant.org by / par Bert Archer Photo / Photo Derek Shapton

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G. BRUCE STRATTON ARCHITECTS strattonarchitects.com


Outside the Box / Hors des Sentiers Battus

The News / les actualités

The WORD / Mot pour mot

canvas is too large. This past June, the 24-year-old Montreal native transformed a barren, 20,000-square-foot Montreal loft into an abstract tropical jungle. The project, which was commissioned by Allied Properties REIT for its building at 5445 De Gaspé, took inspiration from the television program Survivor. “I did a lot of tribal markings and washes, anything that would evoke the feeling of being in a tropical environment,” says Evans. Her technique is intensely physical. “I like to get in there, touch it, put on washes and then rip them off,” she says. The end result felt “real and interactive,” according to Alicia Scott, Manager of National Tenant Communications at Allied. “The vibrant colours evoked feelings of excitement and positive competitiveness among our employees” during a team-building event at Allied’s third annual managers’ conference. / JUNGLE urbaine. Pour Meaghan

Evans, artiste de techniques mixtes, il n’existe pas de toile trop grande. Le juin dernier, l’artiste de 24 ans, originaire de Montréal, a transformé un loft de 20 000 pieds carrés en une jungle urbaine abstraite. Le projet, mandaté par Allied Properties REIT pour leur immeuble du 5445 De Gaspé, est inspiré de l’émission de télévision « Survivor ». Sur le plan physique, sa technique est très intense. « J’aime me jeter à corps perdu dans l’œuvre, la toucher, appliquer des lavis puis les arracher», dit-elle. Le résultat final en est un « d’authenticité et d’interaction », selon Alicia Scott, gestionnaire des communications nationales auprès des locataires chez Allied. « Les couleurs vibrantes évoquaient le sentiment d’enthousiasme et de compétitivité positive entre nos employés » dit-elle à propos d’un évènement corporatif de consolidation d’équipe lors de la troisième Conférence annuelle des gestionnaires chez Allied. by / par Leyla Emory

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traditions nous venaient d’ailleurs. Puis, Dans les années 80, les gens en ont eu “assez de l’art conventionnel. nous avions d’autres histoires à raconter.” plutôt que de suivre un modèle international, ils ont développé de nouveaux styles, sujets et approches. » Artist Jeffrey Spalding, a curator of Calgary’s Glenbow Museum’s Made in Calgary show, commenting on the city’s art scene in the 1980s. / L’artiste Jeffrey Spalding, responsable de l’exposition Made in Calgary au Musée Glenbow de Calgary, commentant sur la scène artistique de la ville dans les années 80.

courtesy  of / avec l’aimable autorisation de Allied properties reit

URBAN JUNGLE. For mixed-media artist Meaghan Evans, no

“In the ’60s and ’70s, we were following traditions from elsewhere. By   the ’80s, people decided, ‘enough with straight, formal art. We have other stories we want to tell.’ Instead of being an adjunct to an international model, they developed brand   new styles, approaches and subject matter.” /  « Dans les années 60 et 70, les


Outside the Box / Hors des Sentiers Battus

The Q&A / Questions-réponses

Peterson : Ted Williams / Corbis. eyes of laura mars : COLUMBIA / THE KOBAL COLLECTION. atonement : GREG WILLIAMS / FOCUS FEATURES / THE KOBAL COLLECTION

The ENDORSEMENTs / Mentions spéciales Greta Constantine designers Stephen Wong and Kirk Pickersgill pick their favourite fashion films. / Les designers de la marque Greta Constantine, Stephen Wong et Kirk Pickersgill, sélectionnent leurs films de mode préféré.

Ken McGoogan is a Pierre Berton Award-winning historian and

the author of 10 books. His newest is 50 Canadians Who Changed the World. Was there a common denominator AMONG all 50 canadians? They’re courageous and relentless. And they share an uncanny ability to enter a Zen-like flow state in which they exceed all normal expectations. how much of that is just natural talent? Oscar Peterson (pictured), Leonard Cohen, Joni Mitchell, Wayne Gretzky—they were all gifted, but they refined their gifts. When they enter the flow state, what ensues is magical. What role did creativity play for these people? With artists and musicians, creativity’s role is obvious. But even the politicians, activists and athletes are creative. Jacques Plante, a goalie, was famous for his daring, nomadic style. He was radically unorthodox: a supreme risktaker. Creativity in one form or another is at the root of all this. / KEN MCGOOGAN est historien, lauréat du prix Pierre Berton, et auteur de 10

livres. Son dernier livre s’intitule 50 Canadians who changed the world. Y AVAIT-IL UN DÉNOMINATEUR COMMUN PARMI CES 50 CANADIENS?

EYES OF LAURA MARS (1978). “In this Faye Dunaway film, all the

photos are by Helmut Newton. This inspired our theme for Spring 2014.” (Below, left.) NO WAY OUT (1987) “You always remember your first! It was a terrible movie and [model] Iman was probably in it for a total of six minutes, but I still watch the entire film just to see her Alaïa wardrobe.” ATONEMENT (2007). “I’d watch anything with Keira Knightley. The entire wardrobe is beautifully done in this film—a perfect example of how clothing can define a character.” (Below, right.) / EYES OF LAURA MARS (1978). « Dans ce film de Faye Dunaway, toutes les photos sont par Helmut Newton. Notre collection Printemps 2014 a été inspirée de ce thème. » (À gauche.) NO WAY OUT (1987). « On oublie jamais notre première fois! Ce film est terrible et [la mannequin] Iman n’y figure pendant environ 6 minutes, mais je l’écoute encore en entier simplement afin d’admirer sa garde-robe Alaïa. » ATONEMENT (2007). « Je pourrais écouter n’importe quel film avec Keira Knightley. Tous les costumes sont magnifiques dans ce film—un exemple parfait qui démontre à quel point les vêtements peuvent définir un personnage. » (À droit.)

Ils sont courageux et persévérants. Ils partagent aussi la mystérieuse capacité d’entrer dans un état zen qui leur permet d’aller au-delà des attentes normales. COMBIEN DE CELA PEUT-IL ÊTRE ATTRIBUÉ AUX TALENTS NATURELS? Oscar Peterson (ci-haut), Leonard Cohen, Joni Mitchell, Wayne Gretzky—ils étaient tous talentueux, mais ils ont redéfini leurs talents. Lorsqu’ils pénètrent cet état de zénitude, ce qui suit est magique. QUEL RÔLE LA CRÉATIVITÉ A-T-ELLE JOUÉ POUR CES GENS? Pour les artistes et musiciens, le rôle joué par la créativité est évident. Mais les politiciens, les activistes et les athlètes sont aussi des personnes créatives. Jacques Plante, un gardien de but, était célèbre pour son style nomade et audacieux. Il était fondamentalement non conformiste : un ultime preneur de risque. La créativité se trouve au cœur de tout cela, sous une forme ou une autre. interview by / entrevue par Bert Archer Block / 15 Block / 15


noun, verb \’spärk\

The Writers’ Trust of Canada is a charitable organization that was founded to encourage an inspired writing community in Canada. The programs of the Writers’ Trust of Canada offer opportunity, reward success, and help spark the creativity of Canada’s writing community.

writerstrust.com


My Space / Mon Espace

by / par Stéphanie Verge

Photo / Photo Gabrielle Sykes

of Drawn & Quarterly, the Montreal-based, internationally acclaimed comic and graphic novel imprint, Chris Oliveros has spent two decades working with such renowned artists as Daniel Clowes, Seth and Chester Brown. His desk is a colourful mash-up of projects old and new. / Chris oliveros,

As publisher and editor-in-chief

éditeur et rédacteur en chef de Drawn & Quarterly, la maison d’édition montréalaise réputée pour la publication de ses romans graphiques, a passé deux décennies à travailler avec des artistes de renom comme Daniel Clowes, Seth et Chester Brown. Une collection de nouveaux et d’anciens projets égaient son espace de bureau.

01 / Marble Season  / Marble Season Gilbert Hernandez is a pioneer of the modern graphic novel. Everyone in the office is an admirer. / Gilbert Hernandez est un des pionniers du roman graphique moderne. Tous le monde au bureau l’admire.

02 / Movie Book Cover / Couverture de livre et cinéma This is Leanne Shapton’s new book, Sunday Night Movies, which features images based on old films. / Ce nouveau livre de Leanne Shapton, Sunday Night Movies, est composé d’images basées sur de vieux films.

04 / Red Eye / Globe oculaire rouge 03 / Accordian book / Livre accordéon The Rage of Poseidon by Anders Nilsen is our first accordion book. Unfold it, and it will span the room. /  The Rage of Poseidon d’Anders Nilsen est notre premier livre accordéon. Dépliez-le et il fera le tour de la pièce.

This giant eyeball is a character from Kitaro, a book by Shigeru Mizuki that’s kind of like The Addams Family set in Japan. /  Ce globe géant est un personnage du livre Kitaro, de Shigeru Mizuki, une histoire similaire à la Addams Family, mais basée au Japon.

05 / Desk / Bureau All the desks in our office are oak, from the early 20th century. Mine’s in rough shape, but I love the sideboards that slide out. / Tous les bureaux sont en chêne et datent du début du 20e siècle. J’adore les panneaux coulissants du mien. Block / 17


The Creator / La Création

rough trade Forget CGI. Craig Small uses photocopiers and bike wheels to make beautiful, gritty films. / Craig Small utilise des photocopieuses et des roues de vélos afin de réaliser de superbes films noirs.

interview by / par David Eddie

Photo / Photo Hudson Hayden

One of my first toys was a Lite Brite. But it wasn’t bright enough for me, so I borrowed a 500-watt bulb from my father, who was an amateur photographer, to modify it. The toy melted—I still have it, it’s kind of a cool sculpture—but my love affair with the pixel was born. I started my career working on visual effects for feature films, but often felt like a cog and had no sense of the bigger picture. I transitioned into opening titles and motion graphic design, and embraced the 30-second genre—ads. There was a time when design and production was machinedriven, and the company with the most expensive gear got the gig. But I shunned that model and used low-tech tools like photocopiers and bicycle wheels to create unique effects. It elicits a more tactile and emotional response. It’s more soulful. Right now, my passion project is a film I’m doing with the National Film Board about Igor Kenk, the notorious Toronto bicycle thief. We’re using recycled materials, junk and garbage to convey his sense of a society awash in trash. The work I’m most proud of is the stuff I do for myself—work that makes people feel uneasy at first. That’s where genius lies. That, and a self-imposed state of panic, which I always seem to be in. / Un de

mes premiers jouets était le Lite Brite. Mais, il ne brillait pas assez, je l’ai donc modifié avec une ampoule de 500 watts empruntée à mon père. Le jouet a fondu (je l’ai encore, c’est une sculpture assez cool), mais je suis tombé amoureux du pixel. J’ai commencé ma carrière en travaillant sur les effets spéciaux de longs-métrages, mais j’avais souvent l’impression d’être un pion. Je me suis ensuite dirigé vers les génériques et le graphisme animé puis je me suis lancé dans le « genre 30 sec » —en d’autres mots, la pub. À l’époque, le design et la production étaient industrialisés et l’entreprise avec l’équipement le plus cher obtenait le contrat. J’ai rejeté cela et adopté des outils simples pour créer des effets uniques. Cela élicite une réaction tactile, émotionnelle et plus émouvante. En ce moment, le projet qui me tient à coeur est un film que je réalise avec l’Office national du film à propos d’Igor Kenk, le célèbre voleur de vélos torontois. À l’aide de matériaux recyclés, d’ordures et de déchets, nous évoquons une société remplie de déchets. Le travail qui me rend le plus fier est celui que je fais pour moimême—un travail qui, au début, rend les gens incomfortables. Voilà où se manifeste le génie. Là, et dans un état de panique auto-infligé dans lequel je semble être perpétuellement. 18

The Juggernaut, Small’s production company, has worked with brands including Honda, Panasonic and Budweiser. / The Juggernaut , la compagnie de production de Small, a collaboré avec des marques comme Honda, Panasonic et Budweiser.


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Block / 21


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Hi, i’m the gutter, how cute am i?


The Interior / L’Intérieur

Soma’s bright, century-old Toronto headquarters delight design lovers and chocoholics alike. / Niché dans un immeuble centenaire, Soma ravit les amateurs de design et de chocolat.

by / par jason mcbride Photo / Photo Lorne bridgman

Hi, i’m the gutter, how cute am i?

If Willy Wonka had spent his formative years apprenticing with Charles and Ray Eames, and if he had decided to set up his chocolate factory in downtown Toronto’s increasingly crowded canyons of condos, he might have built something similar to Soma’s second location, near the corner of King Street West and Spadina. Open in the summer of 2011, the 2,900-square-foot emporium is a temple of temptation, and its handsome, airy design has been expertly conceived to showcase the chocolate maker’s artisanal delights. After six successful years, co-owners (and husband and wife) David Castellan and Cynthia Leung had outgrown their Distillery District location and were looking for a larger space to accommodate their expanding production needs. When they found the King Street location—the first floor of a three-storey, brick-and-beam building built around 1909, restored in 2005, and acquired by Allied Properties REIT in 2006—they realized the spot had potential beyond production. / Si willy wonka avait passé ses années

formatrices auprès de Charles et Ray Eames et qu’il avait décidé de mettre sur pied sa chocolaterie en plein centre-ville de Toronto, peut-être aurait-il construit quelque chose de similaire à la seconde location de Soma, près de King Street Ouest et Spadina. Ouvert depuis 2011, cet emporium de 2900 pieds carrés est un temple dédié à la tentation. Son design élégant et spacieux a été habilement conçu pour mettre en valeur les délices de l’artisan chocolatier. Après six ans dans le Distillery District, David Castellan et Cynthia Leung, couple et copropriétaires, ont décidé de trouver un espace plus grand afin d’accroître leur production. Ce nouvel espace sur King Street au premier étage d’un immeuble de 1909, puis acheté par Allied Block / 23


The Interior / L’Intérieur

Ceramic artists Vivian Lee and Thomas Suh helped create the hanging lamps. Algonquin Limestone was chosen for the counters. / Les artistes céramistes Vivian Lee et Thomas Suh ont créé les lampes suspendues. Une pierre calcaire algonquine a été sélectionnée pour les comptoirs.

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The Interior / L’Intérieur

Brothers Dressler designed the branch chandelier. Fir tables and shelves provide a neutral backdrop for the chocolate. / Le chandelier composé de branches a été créé par les Brothers Dressler. Les tables et étagères en pin offrent une toile de fond neutre aux chocolats.

Block / 25


The Interior / L’Intérieur

Left: Mai Funatsi squeezes out crumiri, a cornmeal cookie—part of the “dipper” collection for your coffee. Right: A display case houses jewel-like confections, ranging from inventive truffles (Douglas Fir, Balsamic Vinegar) to the Sparky—hazelnut, chocolate and poprocks.

À gauche : Mai Funatsi prépare des crumiri, un biscuit à la semoule de maïs—qui fait partie de la collection « à tremper » dans votre café. À droite: un présentoir avec des sucreries tels des bijoux, des truffes inventives (sapin de douglas, vinaigre balsamique) et Sparky—saveur noisette, chocolat et poprocks.

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The Interior / L’Intérieur

“When we saw how beautiful the space was,” Leung says, “we knew we had to have retail.” Now, retail occupies the front half of the shop. Floor-to-ceiling blonde wood shelves and floor units display Soma’s small-batch chocolate bars, truffles and cookies like confectionary jewels. A “Branches” chandelier—a nest of wood off-cuts created by Leung and Castellan’s friends, the designers Brothers Dressler—provides muted lighting. On the other side of the room is a long bar, where coffee and hot chocolate “elixirs” are served. Below the 13-foot ceilings hangs a cedar drop ceiling, and below that, a series of pendant lamps designed by ceramicist—and Soma staffer—Vivian Lee. The multiple rectangular shapes and warm colour palette subtly suggest an entire room built of chocolate. Leung, who studied architecture at Ryerson University, supervised Soma’s design. She was guided principally by a desire to bring people together. Unlike the Distillery Soma, which attracts tourists, the King Street location is frequented by locals. “We wanted to create a really comfortable space for the people who work here and for our customers,” she says. “We wanted to connect them.” To that end, an open corridor—lined by a 17-foot-long Brothers Dressler bench and a blackboard wall that depicts, in chalk drawings, the chocolate-making process—draws customers back towards two custom kitchens and a small dining area.

Properties Reit en 2006—ils ont tout de suite su que l’espace irait au-delà de la production. « Lorsque nous avons vu la beauté de l’espace, » se rappelle Leung, « nous savions que nous devions aussi avoir une boutique. » Celle-ci occupe la partie avant du magasin. Des étagères jusqu’au plafond et des présentoirs en bois blond révèlent les barres de chocolat, les truffes et les biscuits de Soma tels des bijoux de confiserie. Un chandelier de « branches » —créé par leurs amis, les designers Brothers Dressler—tamise la lumière. De l’autre côté de la pièce se trouve un bar, où sont servis cafés et chocolats chauds. Aux plafonds de 13 pieds sont suspendues, sur une retombée de plafond en cèdre, une série de lampes créées par la céramiste et employée de Soma, Vivian Lee. Les multiples formes rectangulaires et les couleurs suggèrent une pièce faite en chocolat. Leung a supervisé le design de Soma. Elle a été guidée par le désir de rassembler les gens. Contrairement au Soma de la Distillerie, qui attire les touristes, la location du King Street Ouest est fréquentée par des locaux. « Nous voulions créer un endroit confortable pour les clients et employés, et établir une connection entre eux » dit-elle. À cette fin, un couloir—avec un banc Brothers Dressler de 17 pieds et un mur en tableau d’école avec dessins décrivant le processus de confection des chocolats— dirige les gens vers une salle à manger à l’arrière et deux cuisines faites sur mesure.

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“We use lots of friends who are craftspeople”, says cynthia leung, “makers who make things from scratch, just like we do.” / « Nous collaborons avec plusieurs amis qui sont artisans », dit cynthia leung, « des fabricants qui font les choses de a à z comme nous ».

While bean-roasting and chocolate-making still occur at Soma’s Distillery outpost, the King Street kitchens are dedicated to truffles and baking. Enormous picture windows give curious customers a front-row view. While the bakery produces sweets, it’s also home to Blackbird Bakery, a bread wholesaler that Leung describes as an in-house “incubation project,” and that supplies loaves to Sanagan’s Meat Locker and the fish shop, Hooked. Though the kitchens are currently used only for production, tours are offered on occasion and Leung is flirting with the possibility of hosting cooking classes—another way to bring together customers and employees. More significantly, perhaps, it’s a way to share skills and grow the Soma family. Someone who learns how to make a truffle today might be someone who designs a serving dish tomorrow. “We use a lot of friends who are craftspeople,” Leung says, showing off the walnut Brothers Dressler tables in the dining area. “We like to work with makers who make things from scratch—just like we do.” / Bien que la torréfaction des fèves de cacao et la fabrication du chocolat sont toujours produites au Soma de la Distillerie, les cuisines de King Street sont dédiées aux truffes et à la pâtisserie. D’énormes fenêtres prenant la moitié du mur permettent aux clients curieux une place de choix pour assister au processus. La pâtisserie produit de la confiserie, mais accueille également la Blackbird Bakery, un grossiste de pain que Leung décrit comme étant notre « projet d’incubation » interne et qui approvisionne en pains la boucherie Sanagan’s Meat Locker et la poissonnerie, Hooked. Les cuisines sont utilisées pour la production, mais des visites sont offertes à l’occasion et Leung firte avec la possibilité de donner des cours de cuisine— une autre façon de rapprocher les clients et les employés. De façon encore plus significative, cela peut être une manière de partager des connaissances et de faire croître la famille Soma. Quelqu’un qui apprend aujourd’hui à faire une truffe deviendra peut-être demain quelqu’un qui dessinera des plats de service. « Nous collaborons avec plusieurs amis qui sont artisans, » dit Leung. « Nous aimons travailler avec des fabricants qui font tout, de A à Z, comme nous le faisons. »

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Hi, i’m the gutter, how cute am i?

The Interior / L’Intérieur

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Brand builders: Jean Pelland (left) and Martin Leblanc ran the award-winning architecture firm, Nomade, before helping launch Sid Lee’s architecture division. / Créateurs de marque: Jean Pelland (à gauche) et Martin Leblanc dirigeaient la firme Nomade, avant de participer au lancement de la division architecture chez Sid Lee.

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The Business / L’Entreprise

the new order For Montreal-based global branding shop Sid Lee, the conventional agency model is a relic of the past. / Pour Sid Lee, l’agence montréalaise de stratégie marketing, le modèle de l’agence conventionnelle est révolu.

by / par MATTHEW HAYS Photo / Photo Richmond Lam

A visit to Sid Lee’s Montreal offices might inspire you, and it will surely make you hungry. Just beyond the entrance to the branding agency’s global headquarters, in one of the Old Port’s Cité du Multimédia buildings, is a bustling kitchen, and so visitors are often greeted by the scent of fresh-from-the-oven treats, like lemon tarts or chocolate chip cookies. A long, 20-seat table is flanked by couches, coffee tables and barstools, which face large windows overlooking the neighbourhood’s mix of new condos and centuriesold buildings. It’s unconventional, but then, that’s perfectly fitting for Sid Lee. Since a group of broke, inexperienced students founded the agency in Montreal in 1993, Sid Lee has boldly revolutionized the agency model, building a client roster that includes Adidas, Sport Chek, Absolut and Cirque du Soleil along the way. The agency, which now has 650 employees and outposts in New York, Toronto, Amsterdam and Paris, takes a holistic approach to communication, providing clients not only with conventional advertising, but also with everything from architecture to retail design, custom publishing to experiential marketing. The company’s newest venture, launched in partnership with Cirque du Soleil and announced at this summer’s Cannes Lions Festival of International Creativity, is Sid Lee Entertainment, which will focus on branded events. There are clues to Sid Lee’s magic formula in its Montreal HQ. The agency’s commitment to multi-disciplinarity is reflected in the space’s eclecticism: One open area is surrounded by enclosed offices, facilitating both group brainstorming and solitary concentration. Across the street is a massive industrial space where staffers have gathered to hash out particularly challenging campaigns. The oversize space, which looks more like a rumpus room than a boardroom, invites unconventional thinking, leading, perhaps, to game-changing ideas like the multi-faceted adidas is all in campaign, which radically transformed the 60-year-old brand.

les bureaux de sid lee à Montréal vous inspireront et vous ouvriront sans doute l’appétit. À l’entrée du siège de l’agence mondiale de stratégie marketing, dans un immeuble du Vieux-Port, se trouve une cuisine grouillante d’activités. Les visiteurs sont souvent accueillis par une odeur de délices fraîchement sortis du four, comme des tartes au citron ou des biscuits au chocolat . Une table pouvant accueillir 20 personnes, entourée de divans, de tables à café et de tabourets, fait face à des fenêtres offrant une vue sur l’amalgame d’immeubles centenaires et de condos du quartier. C’est un lieu non conventionnel, mais parfaitement approprié à Sid Lee. Depuis que l’agence a été fondée en 1993 par un groupe d’étudiants fauchés et inexpérimentés, Sid Lee a révolutionné audacieusement le modèle typique de l’agence, et s’est bâtie une liste de clients au fil des annees, comme Adidas, Sport Chek, Absolut et le Cirque du Soleil. Aujourd’hui, l’agence a 650 employés et des bureaux à New York, Toronto, Amsterdam et Paris. Elle a adopté une approche holistique envers le monde des communications, offrant des services de publicité conventionnelle, mais aussi d’architecture, de design d’espaces commerciaux, d’édition et de marketing expérientiel. Sa dernière entité, Sid Lee Entertainment, a été lancée en partenariat avec le Cirque du Soleil aux Cannes Lions, et aura pour mission de créer des évènements sur mesure pour les marques. Au siège de Montréal, des indices expliquent la formule magique. Le dévouement de l’agence envers la multidisciplinarité est reflété dans l’éclectisme des lieux : une aire ouverte est entourée de bureaux fermés, permettant les activités de brainstorming et la concentration solitaire. De l’autre côté de la rue se trouve un énorme espace industriel où les employés se réunissent pour décortiquer les campagnes aux défis particuliers. Le grand espace ressemble plus à une salle de jeu qu’à une salle de conférence et invite la réflexion non conventionnelle qui mènera peut être, à des idées novatrices comme la campagne adidas is all in, qui a su transformer la marque légendaire. Block /  31


An emphasis on creativity and communications­—and a total disregard for conventions—are at the core of Sid Lee’s gamechanging philosophy. / Un accent misé sur la créativité et les communications, et un nonrespect total des conventions sont au cœur de la philosophie innovante, chez Sid Lee.

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Jean Pelland, who runs Sid Lee Architecture with Martin Leblanc, attributes the agency’s winning streak to “sheer creativity and the free flow of ideas. It’s almost as if they removed most of the walls in the building. There is nothing rigid about it.” The recipe for success is simple, adds Steven Somogyi, who has been with the agency for five years: “Our recipe is precisely that we don’t have a recipe. Each client is going to be entirely different from the last. Usually, they are coming because they want to step out a bit. They want to be daring. Because of our experience, we can take them into new ground, safely.” According to Somogyi, Sid Lee often works with “crossroads clients”—clients keen to reach out beyond their core audience. “We have no niche market,” he says. “We have redesigned office spaces, retail spaces, museums, even a floating spa. We have an immediate stake in whatever it is we’re working on: Their success is our success.”

Jean Pelland, qui dirige Sid Lee Architecture avec Martin Leblanc, attribue la série de victoires de l’agence à une « créativité à l’état pur et un flot constant d’idées. C’est comme s’ils avaient enlevé la plupart des murs de l’immeuble. Rien n’est rigide à propos de l’agence. » La recette du succès est simple, ajoute Steven Somogyi, qui est avec l’agence depuis cinq ans: « La recette est que nous n’avons pas de recette. Chaque client sera différent du dernier. En général, ils viennent vers nous puisqu’ils ont envie de sortir des sentiers battus. Ils veulent être audacieux. Grâce à notre expérience, nous arrivons à les diriger en toute sécurité vers de nouveaux horizons. » Selon Somogyi, Sid Lee travaille souvent avec des « clients qui se trouvent à un tournant » —et qui désirent élargir leur public. « Nous n’avons pas de créneau, » dit-il. « Nous avons repensé des espaces de bureau, des espaces commerciaux, des musées, et même un spa flottant. Nous avons un intérêt immédiat pour tout projet sur lequel nous travaillons : leur réussite est également la nôtre. »

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art star

On October 9, the winner of the 2013 Sobey Art Award, one of Canada’s most

prestigious prizes for artists under 40, will be announced at the Art Gallery of Nova Scotia. The winner walks away with $50,000, but everyone on the shortlist, representing five areas in Canada, benefits from the exposure. “The Sobey was a defining moment for me,” says 2010 winner Daniel Barrow, who has since shown his work internationally. This year’s five finalists make work ranging from film- and video-based installations to photography and sculpture, illustrating the diversity of art production in Canada. “We have so many good artists in Canada,” says Berlin-based Daniel Young who, along with collaborator Christian Giroux, won in 2011. “It is good that they are celebrated in this way.” / Le 9 octobre prochain, le ou la gagnant(e) du Prix artistique Sobey 2013, un des prix canadiens les plus

prestigieux pour les artistes moins de 40 ans, sera annoncé au Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse. Le ou la gagnant(e) remportera $50,000, mais beaucoup d’autres profiteront. « Le Sobey fut un moment très important pour moi, » dit le gagnant de 2010, Daniel Barrow, qui a exposé ses œuvres sur la scène internationale. Cette année, l’art des cinq finalistes varie de l’installations de projections, à la photographie et la sculpture, illustrant la diversité de la production artistique au Canada. « Nous avons tant de bons artistes au Canada, » dit Daniel Young, artiste basé à Berlin et lauréat du prix Sobey en 2011, en collaboration avec Christian Giroux. « C’est bien qu’ils soient célébrés de la sorte. »

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The Portfolio / Le Portfolio

courtesy / courtoisie de pascal grandmaison

pascal grandmaison / quebec / québec

Montreal’s Pascal Grandmaison is no stranger to the Sobey, having made Quebec’s long-list in 2009 and 2010. Celebrated as a photographer—the National Post called his images of people holding large sheets of glass, Verre (2004), “the stuff of art stardom”—Grandmaison has moved into film. His public artwork Le jour des 8 soleils (2012) saw him projecting images onto buildings, turning downtown Montreal into an urban dreamscape. / Le Montréalais Pascal Grandmaison connait bien le Sobey, ayant fait la longue liste en 2009 et 2010. Célébré en tant que photographe—le National Post qualifie ses images de gens tenant des grandes vitres, Verre (2004), « d’œuvres dignes de gloire artistique » —Grandmaison est ensuite passé aux projections. Son oeuvre d’art public Le jour des 8 soleils (2012) projetait des images sur immeubles, transformant le centreville de Montréal en un monde onirique urbain.

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Dubbed “the Julian Assange of Native art” in Canadian Art magazine (presumably for his “disruptive editing” of a Wikipedia entry), Duane Linklater is Omaskêko Cree and works in North Bay. His film Modest Livelihood (2012), a collaboration with Native Canadian artist Brian Jungen, a former Sobey award winner, screened during the dOCUMENTA(13) satellite exhibition in Banff. / Qualifié de « Julian Assange de l’art autochtone » dans le magazine Canadian Art (probablement à la suite de sa « provocante révision » d’une page Wikipédia), Duane Linklater est Omaskêko Cree et il travaille à North Bay. Son film Modest Livelihood (2012), une collaboration avec l’artiste canadien autochtone Brian Jungen, ancien lauréat du prix Sobey, a été projeté lors de l’exposition satellite dOCUMENTA (13) à Banff.

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Still from / photographie par Brian Jungen and Duane Linklater’s / tirée de ‘Modest Livelihood’ (2012), Super 16mm film transferred to Blu-ray / film Super 16mm transféré sur Blu-ray, 50 minutes, courtesy the artists / courtoisie des artistes, Walter Phillips Gallery, The Banff Centre and / et Catriona Jeffries Gallery, Vancouver.

duane linklater / ontario


inkjet prints / tirages à jet d’encre 27 x 40 inches / pouces, part of the series / de la série ‘in it for the lifestyle’, Isabelle Pauwels

isabel pauwels / west coast & yukon /  Côte ouest & yukon

Belgium-born, New Westminster, BC-based artist Isabelle Pauwels most often works in video, but also produces sculpture, books and prints. By blending elements of sitcoms, home movies, documentaries and reality TV, Pauwels’s series of prints, In It for the Lifestyle (2013), combines images and text to examine how we relate to our media-saturated world. Her work has been featured at Toronto’s Power Plant in Toronto and Dusseldorf’s Volker Bradke. Upcoming exhibitions are planned for Vancouver’s CSA Space and Montreal’s Dazibao. /  L’œuvre de l’artiste Isabelle Pauwels, née en Belgique et basée à New Westminster, prend souvent la forme d’installations vidéos, mais elle travaille aussi avec la sculpture, les livres et les tirages photographiques. En incorporant des éléments tirés de séries télévisées, de films amateurs, de documentaires et de télé-réalité, la série In It for the Lifestyle (2013) combine textes et images afin d’examiner le lien qui existe entre nous et notre monde saturé de médias. Elle a exposée à la galerie Power Plant à Toronto et chez Volker Bradke à Dusseldorf. Les prochaines expositions sont prévues pour le CSA Space de Vancouver et au centre Dazibao à Montréal.

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It is not surprising that respected curator and art critic Mark Clintberg often incorporates text into his work. In pieces like Behind this lies my true desire for you (2012), made from salvaged barnboard, he illustrates the ambiguity of language, creating both a declaration of emotion and a barrier. In the past year, Clintberg has mounted solo exhibitions in Calgary, Lethbridge and Edmonton. / Cela est peu étonnant que le conservateur et critique d’art respecté Mark Clintberg incorpore souvent du texte à ses œuvres. Dans des pièces comme Behind this lies my true desire for you (2012), composée à l’aide de planches de bois de grange récupérées, il illustre l’ambiguïté du langage, créant tant une déclaration d’émotion qu’une barrière. Cette année, Clintberg a monté des expos solos à Calgary, Lethbridge et Edmonton.

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courtesy / courtoisie de mark clintberg

Mark Clintberg / Prairies & The North /  Les Prairies & le Nord


courtesy / courtoisie de tamara henderson

tamara henderson / atlantic / atlantique

Described as a “half-asleep secretary taking minutes from dreams,” Tamara Henderson makes work that combines sculpture, film and writing. Her surreal 16 mm films often feature everyday objects—typewriters, window blinds— operating by themselves. Her film Sloshed Ballot & Anonymous Loan (2011), screened at dOCUMENTA(13) in Kassel, Germany, received favourable attention from Artforum magazine. She is originally from Sackville, NB. / Décrite comme une « secrétaire somnolante prenant des notes à partir de rêves, » Tamara Henderson créée des oeuvres incorporant la sculpture, le film et l’écriture. Ses films présentent des objets tirés du quotidien—machines à écrire, stores verticaux—et fonctionnant par eux-mêmes. Son film Sloshed Ballot & Anonymous Loan (2011), a été présenté au dOCUMENTA(13) à Kassel, en Allemagne et a été célébré par Artforum. Elle est originaire de Sackville, au N.B.

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the limits of imagination To unleash creativity, total freedom from rules and constraints is essential. Or is it? Three great minds discuss inside-the-box thinking. / Afin de libérer la créativité, une absence totale de règles et de contraintes est essentielle. Mais, est-ce toujours vrai? Trois grands esprits en discutent.

interview by / par Jason McBride

art / art James Brooks

Christian Bök is a Calgary poet

Andrew Jones designs furniture, lighting

Joy Walker is a toronto artist

and professor whose book Eunoia

products and residential and commercial

and former textile designer

features chapters written using only

interiors. He is based in toronto. / ANDREW

who teaches at george brown

one vowel. / christian bÖk, poÈte et

JONES est CRÉateur de MEUBLES ET

college. / Joy walker est une artiste

professeur de calgary, a rédigé

LUMINAIRES, ET CONÇOIT L’AMÉNAGEMENT

torontoise et ancienne créatrice

certains chapitres de son livre Eunoia

INTÉRIEUR D’ESPACES COMMERCIAUX. IL EST

textile qui enseigne au George

en n’utilisant qu’une seule voyelle.

BASÉ À TORONTO.

brown College.

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AJ I’m a designer, so creative constraints are what I work with. Everything responds to everything else. Gravity, materials and practical considerations are all forces that shape things in my work. I really like the idea that rather than being negative forces, these help bring elegant forms to things. I think of design as an elegant improvisation as opposed to absolute solutions. I don’t believe those actually exist. / Je suis designer, je

dois donc travailler à l’intérieur de contraintes créatives. La gravité, les matériaux et les considérations pragmatiques sont des forces qui façonnent mon travail. J’aime l’idée que ces contraintes contribuent à apporter des formes élégantes aux objets plutôt que de les voir de manière négative. Mon idée du design est celle d’une improvisation élégante plutôt que d’une solution absolue. En fait, je ne crois pas que cela puisse exister.

JW Andrew and I actually designed a room together at “Come Up to My Room” at the Gladstone Hotel in Toronto so, in a way, we’ve had this conversation. We were dealing with the constraints of space, the budget, the fact that it was a hotel room. / Andrew et moi

avons d’ailleurs créé une pièce ensemble lors de l’événement « Come Up to My Room » de l’Hôtel Gladstone à Toronto donc, d’une certaine façon, nous avons déjà eu cette conversation. Nous

devions faire face aux contraintes liées à l’espace, au budget et au fait que l’espace était une chambre d’hôtel. AJ And we put lots of constraints on ourselves. We’ve stayed in lots of hotel rooms and we talked about how annoying it was when there weren’t certain amenities. Like in the bathroom, when there’s nowhere to put your toiletries bag. We had a kind of contract to ourselves that we

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The Conversation / La Conversation

were going to provide all the things that people need. So we designed a shelf for a toiletries bag. And the room wasn’t big enough for a lounge chair, so we made a headboard that was at the perfect angle so you could properly sit in bed and watch TV. / Et nous nous sommes imposé plusieurs contraintes. Nous avons séjourné dans plusieurs chambres d’hôtel et avons discuté de ce qui nous énervait en terme d’inconfort. Par exemple lorsqu’il n’y a pas d’endroit où poser sa trousse de toilette dans la salle de bain. Nous avions en quelque sorte un contrat avec nous-mêmes et voulions offrir aux gens tout ce dont ils ont besoin. Nous avons donc créé une étagère

constraint is an inherently negative word. but when you’re limited, it’s an opportunity. / en soi, le mot contrainte est négatif. Mais, être limité offre aussi des opportunités.

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spécifiquement pour la trousse de toilette. Puis la pièce n’était pas assez grande pour un fauteuil alors nous avons créé une tête de lit avec angle parfait pour s’asseoir et regarder la télévision au lit confortablement.

Constraints constitute a series of easy harnesses for guiding a horse, so to speak. Most forms of literary activity are written according to a whole variety of unspoken subsidiary constraints—everything from thematic profundity to topical concern. We’re under the rigorous demands of grammar and syntax, diction and rhetoric. There’s any number of ways you can say we’re constantly under constraint. What a creative practice requires you to do is become sufficiently self-conscious about that. /

CB

Les contraintes constituent une série de harnais pour guider un cheval, pour ainsi dire. La majorité des activités de création littéraire sont rédigées selon une grande variété de contraintes subsidiaires non dites—tout, de la profondeur thématique aux questions d’actualité. Nous devons suivre les règles rigoureuses de la grammaire et de la syntaxe, du langage et de la rhétorique. De mille et une façons, nous sommes constamment sujets à des contraintes. Ce que les pratiques créatives requièrent est que l’on en devienne suffisamment conscient.

AJ Those rules make things

comprehensible or flow elegantly. I want that same kind of clarity in my design work. One of the things I do at the beginning of a work is write a description of it. It’s kind of a contract to myself—this is what I want to fulfill. It’s a self-imposed, open constraint. It helps me define a direction and a point I need to get to. It’s really for myself. And helps me to know what I’m doing. I like that sense of balance. / Ces

règles rendent les choses compréhensibles ou permettent une fluidité élégante. Je veux obtenir ce même type de clarté dans mon travail créatif. Une des choses que je fais lorsque j’entame un nouveau projet est d’en rédiger une description. C’est en quelque sorte un contrat avec moi-même—ce que je désire accomplir. Une contrainte ouverte et auto-imposée. Cela m’aide à définir la direction à prendre et le point d’arrivée. C’est vraiment un outil personnel et cela m’aide à comprendre ce que je fais. J’aime l’équilibre que cela m’apporte.

I was just thinking yesterday how art has expanded to be anything. I was almost missing that sense of constraint. When I first went into textiles, my mother said to me that I was someone who had to always organize everything and have it all sort of contained, as she put it. She thought it was interesting when I started working with grids and cubes, these nice

JW

containers. But yesterday I felt a bit lost. I thought, God, I wish I had more design principles to adhere to. I just felt all over the place. / Je réfléchissais justement hier au fait que l’art s’est étendu et peut devenir n’importe quoi. Ce sens de contrainte m’a presque manqué. Lorsque j’ai commencé avec les textiles, ma mère m’a dit que j’étais quelqu’un qui essayait toujours de tout organiser et tentait de tout contenir, selon elle. Elle trouvait cela intéressant lorsque j’ai commencé à travailler avec des quadrillages et des cubes, ces contenants bien ordonnés. Mais hier, j’y pensais et je me disais que je m’y sentais un peu égarée. Je me disais j’aimerais tant avoir davantage de principes de design auxquels adhérer. Je me sentais dans tous les sens. AJ Constraint is an inherently negative word. There aren’t really any words that suggest limits are a positive thing. But when you’re limited in some way, it’s an opportunity to really show something else. / En soi, le

mot contrainte a une connotation négative. Il n’ya pas vraiment de mots qui suggèrent que les limites sont positives. Mais, dans un sens, lorsque nous sommes limités cela nous offre aussi une opportunité de réellement démontrer autre chose. JW

What about parameter? /

Et que dire des paramètres?


The Conversation / La Conversation

I tend to use the word procedure. I think of these constraints as enabling certain kinds of programmatic behaviours that are supposed to be unpredictable. There’s no point in fulfilling some sort of procedural constraint if you already know what the outcome is likely to be in advance. If the rule’s not generative, if there’s nothing exciting, if there’s no risk, you usually abandon it. There’s no point in doing it. I think that’s what’s at stake for any principle of creativity. It wouldn’t be any fun to do it if there weren’t any risk involved. / J’ai tendance à

CB

utiliser le terme procédure. Je considère que ces contraintes facilitent certains types de comportements programmés qui devraient être imprévisibles. Il n’y a aucune raison de satisfaire une contrainte procédurale si vous savez déjà à l’avance ce qui en résultera. Si la règle n’est pas générative, s’il n’y a rien d’excitant, s’il n’y a aucun risque, vous l’abandonnerez en général. Il n’y a aucune raison de le faire. Je crois que c’est ce qui est en jeu pour tout principe lié à la créativité. S’il n’y avait aucun risque, nous n’aurions aucun plaisir à le faire. AJ There is design today that’s completely rhetorical. It’s not useful. It’s not my thing. I like the marriage of practical and beautiful things. But there’s a celebration of work that doesn’t particularly have to do much. There are so many chairs that are so impossibly

uncomfortable, but people buy them anyway. / De nos jours, on retrouve des créations qui sont de nature complètement rhétorique. Ce n’est pas utile. Ce n’est pas mon truc. J’apprécie le mariage de choses qui sont à la fois jolies et pratiques. Mais beaucoup de choses qui ne sont pas particulièrement utiles sont célébrées. Il existe tellement de chaises extrêmement inconfortables, mais les gens les achètent quand même. JW The constraint for me is that I need a sense of order. When I was a kid, we’d be in the car driving home from the cottage and I’d be really aware that all my siblings would be going nuts, screaming at each other, and I’d be the only one quietly looking out the window, watching the patterns of trees going by. I feel in a way that that was seeing a repetition and rhythm in things that seemed chaotic. That’s where my ideas come from. I’m a noticer. I notice everything. Like how a building creates a shadow. Wires. Something somebody’s wearing. A sign. / Pour ma

part, la contrainte consiste du fait que j’ai besoin d’ordre. Lorsque j’étais petite et que nous rentrions du chalet vers la maison, je savais que mes frères et soeurs deviendraient agités et se mettraient à crier. J’étais celle qui demeurait silencieuse en observant le rythme des arbres qui défilaient par la fenêtre. D’une certaine façon, je crois que j’apercevais la répétition et le rythme au sein de choses qui me

semblaient chaotiques. C’est là où je vais chercher mes idées. Je suis observatrice. J’observe tout. Les ombres qu’un immeuble projette. Les fils de fer. Les vêtements que quelqu’un porte. Une pancarte. CB What we call an effective constraint is tantamount to a style. And style can be codified in the visual arts. We’ve become habituated to the various idiosyncratic tics that define how we do what we do, and those become the definition of our style. But they do constitute codifiable constraints under which we work, perhaps willingly or unconsciously. The fact that you can teach an art student all the rules of proportion to create figural drawings or that you can teach them all the rules of perspective so they can paint pictorial landscapes suggests the degree to which even the most unusual, idiosyncratic and even anomalous forms can, in fact, be codified and emulated. That seems at least part of what makes that artistic practice interesting. The job of the visual artist is to come up with new procedures by which to generate novelty. To come up with something that no one has ever done before. / Ce qu’on

appelle une contrainte efficace est équivalant à un style. Et un style peut être codifié dans les arts visuels. Nous sommes devenus habitués à la variété de tics particuliers qui définissent la manière que l’on a de faire ce que l’on fait, et ceux-ci

it wouldn’t be any fun if there weren’t any risk involved. /  S’il n’y avait aucun risque, cela ne serait pas amusant.

deviennent par définition notre style. Mais ceux-ci constituent bel et bien des contraintes codifiées sous lesquelles nous travaillons peut-être de plein gré ou alors inconsciemment. Le fait qu’il soit possible d’enseigner toutes les règles de la proportion à un étudiant en art afin de lui permettre de créer des dessins figuratifs ou de lui enseigner les règles des proportions afin qu’ils puissent peindre un paysage pictural sous-entend qu’il y a un degré où même les formes les plus inhabituelles, les plus particulières et même les plus anormales peuvent, en fait, être codifiées et imitées. Cela semble être en partie ce qui rend l’activité artistique intéressante. L’objectif de l’artiste visuel est de trouver de nouvelles procédures afin d’innover. D’arriver à concevoir quelque chose que personne n’a déjà fait dans le passé.

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Made / Construit

Work It Being tied to your desk is no longer an excuse to skip the gym. / Cloué à votre bureau? Plus d’excuses pour ne pas vous rendre à la salle de sport.

by / par Kevin Chong

Growing up in Winnipeg , Darryl Agawin never believed his love

for creating objects could translate into a career. “With an Asian background, you go the traditional science route and get a normal job,” says the 28-year-old cardiologist technician, who has lived in Vancouver since 2004. Still, as he completed his medical training, Agawin enrolled in the design program at Emily Carr University of Art and Design. Studying art for the first time, he turned to his hospital experience for the idea for one of his 2013 graduation projects, CS DAWS, a sleek medical supply cart that doubles as a compact work station, and which looks set to overcome the regulatory steps necessary for implementation. For his second graduation project, Agawin turned to a different passion: working out. He created No Sweat, a workstation that doubles as a mini-gym. The project has won Agawin buzz online from publications like Fast Company and Dwell, along with a coveted spot at the Future Masters exhibit at Vancouver’s Interior Design Show West this September. Agawin, who was one of three presenters selected to speak at an IDSwest preview in July, says that living in Vancouver has made him appreciate multipurpose objects, “not only from a space perspective, but also from a financial one.” Just as CS DAWS saves space at the hospital, No Sweat is well-suited to cramped condos or offices. The efficient design accommodates workout items like weights and a jump rope in a highly ergonomic work space. When users wish to exercise, they can remove step blocks from the desk and use the chair’s detachable seat as a balance board. Balancing two careers is demanding: Agawin works evenings and weekends at Royal Columbian Hospital in New Westminster, reserving the weekdays for his design practice. The upside of keeping one foot in the medical world, however, is that it offers a steady source of inspiration. “Much of my idea generation is done in my daily activities,” says Agawin, “whether it’s running on the treadmill or seawall, listening to science-related podcasts on the train, or observing and talking to my colleagues at the hospital.”

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Grandissant à wINNIPEG, Darryl Agawin n’avait jamais imaginé que sa passion pour la création pourrait se transformer en carrière. « Venant d’un milieu d’origine asiatique, vous prenez la route traditionnelle du monde de la science et vous trouvez un emploi traditionnel, » dit le technicien en cardiologie de 28 ans qui habite Vancouver depuis 2004. Toutefois, alors qu’il terminait sa formation médicale, Agawin s’est inscrit à Emily Carr University of Art and Design. Étudiant les arts pour la première fois, il s’est penché sur son expérience à l’hôpital pour concevoir un projet de graduation en 2013. CS DAWS, est un élégant chariot de fournitures médicales qui se transforme en espace de travail compact et qui semble être prêt à passer toutes les étapes de régulation nécessaires à sa mise en œuvre. Pour son deuxième projet de graduation, Agawin s’est tourné vers une autre passion : la forme physique. Il a conçu No Sweat, un espace de travail se transformant en salle de sport. Le projet lui a valu des accolades auprès de publications telles que Fast Company et Dwell, ainsi qu’une place convoitée à l’exposition Future Masters du Interior Design Show West à Vancouver. Agawin, qui faisait partie d’une sélection d’orateurs lors de l’avant-première de l’IDSwest en juillet, dit que vivre à Vancouver lui fait apprécier les objets aux fonctions multiples, « et non seulement à cause de l’espace, mais aussi du point de vue financier.» Tout comme CS DAWS libère l’espace à l’hôpital, No Sweat est idéal pour des condos ou bureaux étroits. Le design permet de ranger les objets nécessaires à l’exercice, comme les poids et la corde à sauter, dans un espace ergonomique. Lorsque les utilisateurs souhaitent faire de l’exercice, ils n’ont qu’à enlever des blocs pour pratiquer le step et le siège de la chaise peut être utilisé comme planche. Agawin travaille les soirs et week-ends à l’hôpital Royal Columbian de New Westminster, ses jours de semaine étant réservés pour la pratique du design. Or, l’avantage de rester dans le domaine médical est la source d’inspiration qui en découle. « Mes idées proviennent de mon quotidien : courir sur un tapis d’exercice, écouter des podcasts sur la science ou encore discuter auprès de mes collègues à l’hôpital. »


Mark Stokoe, courtesy  of / avec l’aimable autorisation de IDS West

Made / Construit

Block / 45



Now & Then / D’Hier À Aujourd’hui

back to the future The Alberta Government Telephones Building keeps humming along. /  L’immeuble du Alberta Government Telephones, toujours fidèle au poste.

by / par Ivor Tossell

Left / à gauche : R.A. Bird / Glenbow Archives ND 10-4. right / à droite : Jason eng

1930

of downtown Calgary, the past is calling. The Alberta Government Telephones Building was a marvel in its day. On the outside, it was an ornate Art Deco box, but on the inside it was a humming telephone exchange. It featured the first automatic elevator in Calgary. Built between 1929 and 1930, the building stood as a Calgary landmark through the century. A full renovation in 2006 combined it with the two-storey Utilities Building next door, home to a bit of technological history in its own right: In 1954, it was fitted with Calgary’s first IBM computer, in the days when they were the size of rooms. The reno also connected it to the city’s sprawling Plus 15 skywalk network—and, finally, gave it new elevators. Today, the AGT combined buildings, owned by Allied Properties REIT, are home to 63,000 square feet of offices. The telephone exchanges and room-sized computers are long gone, but golden wood trim and marble-panelled hallways keep the splendour of the past close at hand. Outside, the modern city booms around it. The Bow, Calgary’s soaring new tower, rises 58 storeys into the sky just down the block—automated computers, phones, elevators and all.

In the heart

2013

Au coeur du centre-ville de Calgary, le passé est bien présent.

À l’époque, l’immeuble de l’Alberta Government Telephones était considéré une merveille. De l’extérieur, on y apercevait une boîte Art déco, mais à l’intérieur un commutateur téléphonique bourdonnait d’activité. Le premier ascenseur automatique de Calgary s’y trouvait. Construit entre 1929 et 1930, l’immeuble fut un monument important à Calgary. En 2006, une rénovation l’a joint à l’immeuble des utilités situé à côté, un espace de deux étages ayant lui aussi sa propre histoire en matière de technologies : en 1954, on y installait le premier ordinateur IBM de la ville de Calgary, à l’époque où ceux-ci remplissaient une pièce en entier. La réno l’a également lié au réseau piétonnier Plus 15 —tout en lui offrant, enfin, de nouveaux ascenseurs. Aujourd’hui, les immeubles fusionnés d’AGT, une propriété d’Allied Properties REIT, accueillent 63 000 pieds carrés d’espaces bureaux. Les commutateurs téléphoniques et les ordinateurs géants sont une chose du passé, mais les boiseries dorées et les couloirs revêtus de marbre offrent un clin d’œil à la splendeur du passé. À l’extérieur, la ville moderne est en plein essor. Au coin de la rue, The Bow, nouveau gratte-ciel de Calgary, s’élève dans le ciel équipé de tous ses ordinateurs, téléphones et ascenseurs automatisés. Block  / 47


beauty is in the nose of the beholder.

eaudenerd.com


Rethink / Repensé

Going Public by / par Ivor Tossell

The High Line , you probably

know; the High Line Zoo, perhaps not. The High Line, of course, is New York’s popular urban park, which started life as an elevated railway spur. Abandoned in the 1980s, it was overtaken by lush vegetation that took root in the creosote. In 2009, it reopened as a kind of linear, walkable art gallery, winding its way through the towers and rooftops of the densely packed city. Nature would prove to be the first of many uninvited collaborators. Which brings us to the High Line Zoo, which was not part of the official park at all. Jordan Betten, an artist, took advantage of the High Line’s proximity to city life, setting up shop on a slightly dumpy Chelsea rooftop that the park overlooked. He arranged a menagerie of popup 2-D animals, which only got more weirdly arresting after nightfall, when they’d glow under psychedelic lights. Thousands saw it and for many, it became a highlight of the High Line experience. The zoo was not alone: Unofficial art has been popping up all along the High Line. The works range from semilegal street art, including murals by street artists JR and Eduardo Kobra, to developercommissioned works, like Charles Hewitt’s colourful sculpture, Urban Rattle.

The phenomenon is distinctly New York in its enterprise, commandeering public audiences as it does. That public spirit of jumping in, and asking for forgiveness and not permission, isn’t one we see much of in Canada, where public art more often means inviting the public to view it, not make it. Take the public art event Nuit Blanche, which sweeps across Halifax, Montreal and Toronto every year, or other offerings like Toronto’s Luminato. They are curated and zonedout months in advance. The public’s contribution is to flock and gawk. But what if curated festivals were a jumping-off point for a celebration of art, in which people brought whatever they had—art, music, sundry tomfoolery—out onto the streets? Is the lack of spontaneity just a reflection of Canadian reserve? Perhaps. Our arts culture is more oriented to seeking grants than gonzo contributions. Canadians might have an aversion to rocking the boat, to showing up on a street corner with a sousaphone. It’s a culture that needs to be changed by both example and invitation. Somebody needs to ask the public, where’s your art? And the public needs to start showing up with their sousaphones. Let’s start inviting uninvited collaboration. Then maybe we’ll have a real zoo on our hands.

art / art lan truong

La high line , vous connaissez

sans doute, le High Line Zoo peut être pas. La High Line est le célèbre parc urbain new-yorkais qui est né d’une verdure saillante sur une voie ferrée surélevée. Abandonnée dans les années 80, celle-ci a été envahie par une végétation luxuriante ayant pris racine dans la créosote. En 2009, elle a rouvert sous forme d’une galerie d’art linéaire que l’on peut parcourir à pied, et qui se faufile entre les tours et les toits de la ville dense. La nature a été la première d’une liste de collaborateurs non invités. Ce qui nous amène au High Line Zoo, ce dernier ne faisant pas partie du parc officiel. L’artiste Jordan Betten a profité de la proximité de la vie urbaine à la High Line pour s’installer sur un toit de Chelsea, visible du parc. Il a installé une ménagerie d’animaux animés en 2D, qui devient encore plus bizarre et captivante à la tombée de la nuit, lorsqu’elle se met à briller sous un éclairage psychédélique. Des milliers l’ont vu et pour beaucoup, cela a été le moment marquant de l’expérience High Line. Le zoo n’était pas seul : des œuvres d’art non officielles se sont mises à apparaitre au long de la High Line. Les œuvres varient de l’art de rue semi-légal avec murales d’artistes, comme JR et Eduardo Kobra, aux œuvres mandatées par des promoteurs, comme la sculpture de Charles Hewitt, Urban Rattle. Ce

phénomène est très new-yorkais dans son entreprise, s’appropriant le public comme elle le fait. Cette volonté de participer et demander à être pardonné plutôt qu’à être autorisé n’est pas quelque chose qui est fréquent au Canada, où art public est plutôt synonyme d’inviter le public à visionner et non de l’inviter à créer. Pensez aux évènements d’art tels la Nuit Blanche à Halifax, Montréal et Toronto ou à d’autres comme Luminato, à Toronto. Ils sont organisés et divisés en secteurs des mois à l’avance. La contribution du public est d’y affluer et de contempler. Mais que faire si les festivals d’art étaient un point de départ pour célébrer l’art et que les gens apportaient dans les rues ce qu’ils ont en terme d’art, de musique et autres divertissements? Ce manque de spontanéité est-il uniquement le reflet d’une réserve propre aux Canadiens? Peut-être. Notre milieu de la culture est plus orienté vers l’obtention de bourses qu’envers la contribution spontanée. Les Canadiens ont peut-être horreur de secouer la cage et de se présenter dans la rue avec un soubassophone. Cette une culture qui doit être changée par exemple et par invitation. On doit demander au public où est votre art. Invitons les collaborations non invitées. Peut-être auronsnous alors un véritable zoo entre les mains. Block / 49


Fill in the Blank / Veuillez remplir l’espace

THE CHALLENGE: Every issue we ask a different artist: What would you do with your own urban infill? Here, Balint Zsako’s light-filled nightscape, The Park of the Flying Trees. / LE DÉFI : Dans chaque numéro,

nous demandons à un artiste : Que feriez-vous avec votre propre dent creuse? Ci-contre, la scène de nuit illuminée de Balint Zsako, The Park of the Flying Trees. art / art balint zsako

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Micah Lexier, shot by Derek Shapton. August 23, Toronto. / Micah Lexier, photographié par Derek Shapton. Toronto, le 23 août.


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