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Chronique

La musique religieuse, un trésor inestimable

par Jean-Pierre Guindon

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« La musique parle très éloquemment de ses mystères à quiconque lui a ouvert son esprit et son âme. » Bruno Walter, chef d’orchestre

Les œuvres chorales religieuses trouvent encore leur place dans la programmation de nos concerts. Faut-il supposer qu’il n’est pas nécessaire d’être croyant pour chanter des motets, des psaumes, des messes, des oratorios, des requiem? La spiritualité apparaît-elle à travers une nouvelle vision du monde? Le compositeur Ernest Chausson ne disait-il pas : « j’ai la piété sans la foi »?

Dans le contexte d’une société fortement marquée par une désacralisation, rappelons-nous qu’au moment de l’effondrement d’une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, il était étonnant de constater que des centaines de citoyens éprouvaient intérieurement un réel deuil face à la destruction de ce monument. Pour faire suite à cette réaction collective, peut-on se demander si un esprit respectueux et noble n’habite pas toujours l’homme?

Comme dans le cas du legs de cette cathédrale à l’humanité, un héritage imposant d’œuvres chorales religieuses demeure à notre portée. C’est un trésor inestimable qu’il nous incombe de garder vivant. Depuis des siècles, des textes sacrés inspirent les grands maîtres de la polyphonie. Évidemment un grand nombre de ces compositions exige la présence de l’orchestre, mais plusieurs sont a capella, accompagnées à l’orgue ou au piano. À titre d’exemple, à lui seul, Giovanni Pierluigi da Palestrina (1525-1595) nous a laissé près d’une centaine de messes et autant de motets inspirés par les textes bibliques. Plusieurs sont écrits à quatre voix mixtes a capella. Soyez assurés que ces chefs-d’œuvre palestriniens sont techniquement accessibles à la majorité des chœurs.

La même effusion de créations que pour les œuvres de Palestrina s’applique jusqu’à nos jours dans l’héritage des centaines d’autres compositions de ce genre musical. Les textes bibliques, les Ave Maria (Franz Liszt à lui seul en a composé six), les Te Deum, les Stabat Mater (une version originale accompagnée au piano d’Antonin Dvorak se compare à celle de l’orchestre), les Salve Regina, les Pater Noster (celui d’Igor Stravinsky est facile et magnifique), un Notre Père en français de Maurice Duruflé, les messes, etc. n’attendent que nous pour les faire revivre.

En conclusion de ce court exposé en faveur de l’incorporation de pièces religieuses dans nos programmations de concert, ne serait-ce qu’une ou deux, je vous signale un livre qui facilitera beaucoup vos choix : le Guide de la musique sacrée et chorale profane de 1750 à nos jours, sous la direction de François-René Tranchefort, Fayard, Les indispensables de la musique. Quelque 180 compositeurs et 1500 œuvres y sont commentés. Un chœur qui décidera de présenter une parcelle de ce patrimoine si riche s’avancera sur un chemin sans préjugés d’une nouvelle quête de la spiritualité dans une expression renouvelée de nos valeurs.

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