Tadao Ando, la lumière comme création d'espaces et de sensations

Alexiane

1. URL : https:// cressound.grenoble. archi.fr/fichier_pdf/ num/Architecture_ lumiere.pdf

Introduction

La lumière naturelle est un élément présent au quotidien autour de nous. Elle nous est donnée grâce au soleil, suivant différentes intensités au cours d’une journée ou des saisons. La lumière est une notion portant différentes symboliques suivant les croyances et les époques, mais en général elle est associée à la vie. C’est un élément complexe qui joue sur la perception des objets ou des espaces notamment grâce à ses effets de transparence et de réflexion sur les surfaces.

En architecture « la lumière naturelle est un des matériaux de base de toute conception architecturale. Et un élément librement disponible »1. Son utilisation permet d’innombrables effets, de création d’ambiances et significations possibles. Parfois elle baigne les espaces ou au contraire elle y pénètre le moins possible suivant les buts recherchés. De multiples moyens se développent depuis des milliers d’années au niveau des ouvertures ou des dispositifs afin de faire entrer la lumière dans les espaces architecturaux, allant de la meurtrière dans les châteaux du Moyen-âge jusqu’aux baies vitrées sans menuiseries apparentes donnant un sentiment de fenêtre effacée, dans l’architecture moderne.

2. Ibid.

Énormément d’architectes en font un élément essentiel de leurs préoccupations tel que Louis Kahn, Ludwig Mies Van Der Rohe, Auguste Perret, Peter Zumthor, Renzo Piano, etc. C’était le cas également de Le Corbusier, qui défendait le concept de « Lumière comme matière » dans son livre Vers une architecture en 1923.2

Dans cet article, je me suis penchée sur le cas particulier de l’architecte Tadao Ando et de son rapport à la lumière, un élément majeur de son architecture. Cet architecte exerçant toujours est originaire d’Osaka au Japon. C’est un architecte autodidacte qui a appris durant sa jeunesse grâce à sa seule ressource disponible : l’observation. Il a observé les formes architecturales qui avaient du sens pour lui, qui le touchaient et a apprit à les analyser et les comprendre. Influencé par la culture japonaise dû à ses origines, ses relations à la nature sont étroitement liées à son architecture. Ses premières expériences en matière d’architecture l’ayant beaucoup touché, il souhaite permettre la création d’émotions et de sensations aux usagers de son architecture. Il veille donc à toujours proposer des bâtiments qui ont un impact sur l’usager et à intégrer dans ses réalisations la relation avec la nature et les éléments qui sont primordiaux pour lui : le vent et la lumière. Ses idées transmises dans son architecture lui ont valu d’être récompensé de grands prix reconnus tels que la Médaille Alvar Aalto en 1985 ou le prix Pritzker en 1995. Sa renommée internationale m’a permis d’avoir accès à beaucoup de matière le concernant, ainsi que certaines connaissances de base concernant son travail grâce à la lecture de l’œuvre « Tadao Ando, Le défi » et la visite de ses projets au domaine du Château La Coste, situé à 30 minutes au Nord d’Aix-en-Provence.

Suite à l’importance de la lumière en architecture, pour une majorité d’architectes j’ai évoqué que la lumière prend une place importante dans l’architecture, notamment chez Tadao Ando. Dans cet article je m’interroge sur comment la lumière permet de créer de l’architecture et comment elle est mise en place au sein des œuvres de Tadao Ando ? L’intérêt sera porté aux maisons plutôt qu’aux musées ou lieux éducatifs par exemple, car c’est une typologie de bâtiments qui est habitée par des personnes au quotidien, qui vivent et expérimentent les espaces tous les jours, souvent durant une longue période de leur vie. Cela permettra de définir comment Tadao Ando fait pénétrer dans les espaces et quel sens cette lumière peut provoquer sur des lieux habités au quotidien.

1. Vidéo Youtube « Entretien avec Tadao Ando | Centre Pompidou » URL : https:// www.youtube.com/ watch?v=yEeknEOQ2_o

2. MIGAYROU Frédéric, Tadao Ando le défi, Flammarion,Paris, 2018, p.41

L’article développera dans un premier temps les raisons de l’importance de la lumière et des sensations qui sont si importantes chez Tadao Ando en revenant sur ses premières expériences. Puis, dans un second temps, je ferais une description générale des deux projets de maisons retenus. Pour finalement, dans un troisième temps, effectuer une analyse plus poussée de ces projets à travers la question de la lumière et de toutes les notions qui gravitent autour telles que la nature ou les matériaux.

La découverte personnelle de l’architecture et de la lumière

Influencé depuis ses débuts par ses origines, au lieu de se consacrer intégralement à l’architecture japonaise, en 1965, Tadao Ando décide de voyager en Europe dans le but d’observer et expérimenter l’architecture européenne. Il souhaite rencontrer Le Corbusier et visiter les architectures européennes emblématiques. Il fit sa première réelle expérience architecturale liée à la lumière grâce au Panthéon à Rome. Les sensations de cet espace variant avec la lumière l’ont profondément marqué. « Faire l’expérience de cet espace m’a beaucoup appris sur les liens entre lumière et architecture. » « Me l’approprier m’a révélé les propriétés de l’espace. »1. Enrichi de toutes ces expériences, il développa dès son retour au Japon, son architecture alliant culture japonaise et européenne. « Depuis je représente dans l’espace la lumière et l’architecture en leur donnant une forme, de manière à les graver dans mon âme. »2.

3. TIRONI Giordano, Tadao Ando, Ombres portées, Genève, 1988, p.8

Bien que la tradition japonaise soit une partie d’Ando, elle ne se matérialise que de manière légère dans son architecture, à travers des méthodes subtiles que l’on peut retrouver dans la quasi-totalité de ses réalisations. La notion du rapport à la nature et à l’homme est la plus importante qu’il cherche à retranscrire dans son architecture. Il cherche à mettre en lien les relations complexes entre la lumière naturelle, les matériaux, la nature et les hommes.3

La concrétisation de programmes simples pour des espaces de vie enrichissants

L’article porte sur l’étude de deux maisons individuelles réalisées au Japon, au début de la carrière de Tadao Ando. La première est la maison Azuma, aussi appelée Row House, qui a été construite entre 1975 et 1976 dans la ville basse d’Osaka, nommée Shitamachi. Cette construction est en réalité une reconstruction au centre d’une rangée de trois maisons en bois, qui accueille après l’intervention de Tadao Ando une maison totalement en béton avec une façade très simpliste. Le terrain est une bande extrêmement étroite avec une longueur de 15 mètres pour une largeur de 3 mètres seulement. La commande de cette maison a été faite à Tadao Ando par un client ayant une femme et des enfants mais qui avait aussi un budget très limité équivalent à 100 000$. Sa demande était simplement de reconstruire la maison pour sa famille. Le programme de ce projet est donc simple avec une cuisine, une salle à manger, une salle de bain, une chambre principale et une chambre pour les enfants. Ce programme est contenu dans la parcelle préalablement divisée en trois parties égales dans la longueur (fig.1). Seules les 2 parties aux extrémités sont construites sur deux niveaux, laissant la partie du milieu ouverte, qui comprend les escaliers et une passerelle reliant les deux pièces de l’étage.1

La deuxième maison étudiée est la maison Koshino et son extension, respectivement construites en 1980-1981 et 1983-1984. Ce projet est situé dans la petite ville de Ashiya entre Osaka et Kobe. La commande provient d’un designer de mode nommé Koshin Satoh qui souhaitait faire construire cette maison pour lui et sa famille. La construction est implantée dans une pente végétalisée dans un parc national et respecte les arbres existants. La maison principale est constituée de deux volumes rectangulaires disposés l’un à côté de l’autre et reliés par un couloir souterrain. Le premier volume est composé de deux niveaux, on retrouve au rezde-chaussée la pièce de vie à double hauteur, la cuisine et la

1. Cf. FURUYAMA Masao, Ando, Taschen, Köln, 2016, p.19

Cf. DAL CO Francesco, Tadao Ando Complete Works, Phaidon Press, Londres, 1995, p.56

Fig.1

Plans et axonométrie de la maison Azuma

salle à manger. Tandis qu’à l’étage ce trouve uniquement la chambre principale. Dans le second bâtiment plus fin et plat que le premier (fig.2), on peut retrouver six chambres pour les enfants et/ou invités, deux salles de tatami, une salle de bain et un atrium. L’extension construite plus tard a pour but d’accueillir l’atelier du designer. Elle ne reprend pas les mêmes géométries que la maison car elle est bordée par un arc de cercle ce qui ajoute une courbe à la géométrie rectiligne existante (fig.3). Elle est semi-enterrée en partie supérieure de la pente et n’est pas reliée au bâtiment principal.1

Au sein de ces deux projets, se trouvent des dispositifs mettant en avant les notions importantes pour Tadao Ando, je vais donc analyser les deux projets de manière approfondie pour les faire ressortir et expliquer pourquoi la lumière, la nature et le rapport à l’homme ont leur place dans ces projets et en général dans l’architecture de Tadao Ando.

La réalisation d’espaces riches par la mise en place de systèmes simples

L’inclusion de la nature et de ses éléments au cœur des maisons

En premier lieu, nous allons voir par quels moyens Tadao Ando met ses œuvres en relation avec la nature. « Dans mes maisons urbaines, les bâtiments clos contiennent des espaces sur plusieurs niveaux et des cours. L’environnement extérieur est invariablement rejeté. Un monde nouveau et séparé est créé à l’intérieur. »1. Pour la maison Azuma le rejet du monde extérieur se fait grâce aux murs de béton qui encerclent toute la parcelle, créant une cour au milieu, cachée de l’extérieure et des nuisances sonores de la ville. L’unique vue possible se fait alors au dessus de la tête de l’usager puisque la cour est ouverte sur le ciel. Elle laisse ainsi pénétrer la nature composée de la lumière, du vent et de la pluie au sein de la maison.2

1. Cf. FURUYAMA

Masao, Ando, Taschen, Köln, 2016, pp.27-28

Cf. DAL CO Francesco, Tadao Ando Complete Works, Phaidon Press, Londres, 1995, p.144

1. SALAT Serge, LABBÉ Françoise, Ando par Ando, Bordeaux, Arc en Rêve, 1988, p.49

2. Cf. FURUYAMA

Masao, Ando, Taschen, Köln, 2016, p.19

Fig.2 Vue aérienne de la maison Koshino

Fig.3

Plans de la maison Koshino

À l’intérieur de la cour la rencontre essentielle entre la nature et l’habitat peut enfin avoir lieu (fig.4). La nature et ses phénomènes (la lumière, le vent et la pluie) varient chaque jour et passent inaperçus au quotidien dans la ville, c’est pourquoi Tadao Ando les met en valeur dans son projet afin qu’ils aient un impact enrichissant sur les habitants et qu’ils en tirent un apprentissage.1 Durant le processus de conception, le client demandait à Ando comment faire pour supporter le froid sachant que la maison ne serait pas équipée de chauffage. Il lui a répondu qu’il pourrait porter un pull, que si ce n’était pas suffisant il devrait porter une couche de vêtement en plus mais que de manière générale, il devrait apprendre à vivre avec la nature. Les pièces étant toutes séparées par la cour et simplement liées par la passerelle et l’escalier, pour passer de la salle de bain à la chambre par exemple, il est nécessaire de ressortir. Cette action est voulu par Ando pour obliger l’habitant à se confronter à la nature et ses aléas : le soleil, la pluie, la chaleur, la fraicheur. Ce sont ses liens avec les phénomènes naturels qui permettent à l’architecture de créer des sensations en lien avec le ressenti chez les usagers.

Dans la maison Koshino, la relation aux éléments de la nature ne se fait pas de la même manière car elle n’est pas entourée par des murs. La maison Koshino comparé à la maison Azuma n’a pas d’enceinte en béton, elle n’est donc pas comprise dans une boite. La communication entre l’intérieur et l’extérieur se fait grâce aux ouvertures dans les murs et le toit afin de créer des espaces travaillés.2 Les bâtiments principaux rectangulaires s’ouvrent sur la nature grâce à l’utilisation de grandes baies vitrées (fig.5 et 6) permettant une vue sur le paysage extérieur, comme si celuici entrait dans la maison ou comme s’il en faisait totalement parti. Par ces ouvertures, les variations de temps, d’intensité de lumière ou de vent sont perceptibles et créés des paysages variés dans les intérieurs.3 Grâce aux baies vitrées on oublie les séparations entre la maison et l’extérieur, ce qui permet un contact plus proche avec la nature qui ne se tient plus qu’à deux pas des espaces de vie.

1. Cf. SALAT Serge, LABBÉ Françoise, Ando par Ando, Bordeaux, Arc en Rêve, 1988, p.38

2. Cf. FURUYAMA Masao, Ando, Taschen, Köln, 2016, p.27

3. Cf. SALAT Serge, LABBÉ Françoise, Ando par Ando, Bordeaux, Arc en Rêve, 1988, p.17

Fig.4

La cour au rez-de-chaussée de la maison Azuma

Fig.5

Vue sur l’extérieur depuis le salon de la maison Koshino

Fig.6

Vue sur l’extérieur depuis l’atelier de la maison Koshino

Le rôle de la lumière dans la révélation et la vie des espaces grâce à des dispositifs rigoureusements choisis

La notion de nature comportant les différents éléments tels que : la terre, le vent, la pluie comporte aussi la notion de lumière reçu par le soleil. D’autres connexions avec la nature s’effectuent grâce aux changements subtiles entre l’ombre et la lumière.1 La place de la lumière est un des points favoris de ses priorités et est même le fil conducteur principal de ses projets.2 car « La lumière est un matériau à part entière. »3.

À l’intérieur de la maison Azuma, la cour est la seule entrée de lumière possible jusqu’au centre de l’édifice (fig.7). Par celle-ci la vision unique sur le ciel permet l’admiration des étoiles pendant la nuit. Les murs d’enceinte étant aveugles créés un cadrage sur le paysage qui intensifie les flux d’air et de lumière qui évoluent au gré des saisons au sein de la cour. Cet endroit fait de béton, de verre et d’ardoise est un réceptacle pour la lumière qui fabrique des ombres complexes lors de la rencontre avec les différents matériaux et structures telles que la passerelle ou l’escalier.4 La cour centrale qui fait entrer la nature fait également pénétrer la lumière qui parvient jusque dans toutes les pièces par les grandes baies vitrées de verre, les faisant vivre au rythme des journées et de l’intensité de la lumière du soleil.

Dans le projet de la maison Koshino et de son extension, Tadao Ando utilise des dispositifs simples mais spécifiques afin de créer des effets particuliers sur l’espace. « En terme de lumière, celle qui pénètre dans la maison Koshino est conçue pour qu’on ait envie de la prendre dans les mains. Il faut concevoir chaque fois une lumière différente. »5. Les rapports à la lumière sont plus complexes et traduisent une notion plus profonde qui ne concerne pas seulement la lumière mais aussi l’opposé qu’elle crée : l’obscurité, l’ombre, la pénombre. Cet effet produit dans l’architecture de Tadao Ando est appelé Clair-Obscur (fig.8).

1. Cf. TIRONI Giordano, Tadao Ando, Ombres portées, Genève, 1988, p.31

2. Cf. Ibid. p.8

3.MIGAYROU Frédéric, Tadao Ando le défi, Flammarion, Paris, 2018, p.46

4. Cf. FURUYAMA Masao, Ando, Taschen, Köln, 2016, p.19

5. Vidéo Youtube « Entretien avec Tadao Ando | Centre Pompidou » URL : https:// www.youtube.com/ watch?v=yEeknEOQ2_o

Fig.7 Vue de l’ouverture en toiture sur la cour de la maison Azuma

Fig.8 Effet de Clair-Obscur dans le salon de la maison Koshino

Dans la pièce de vie, l’entrée de lumière se fait par une verrière en forme de longue fente étroite linéaire le long du mur (fig.9) ainsi que par deux grandes baies vitrées orientées Nord-Nord-Est et Sud-Sud-Est. La lumière entrant par la verrière est tranchante, marquant sur les murs des délimitations strictes avec l’ombre. Il reprend ce principe de verrière en forme de longue fente étroite dans l’atelier. Cette fois-ci, l’ouverture suit la forme du mur courbe et génère alors un éclairage incurvé (fig.10) qui contraste avec l’éclairage linéaire créé par la verrière du bâtiment principal. Ces dispositifs de verrières similaires déviant simplement par leur géométrie provoquent des expériences spatiales différentes au même moment de la journée dans deux espaces distincts de la maison laissant parvenir la lumière zénithale à l’intérieur.1 Le dernier dispositif particulier présent dans le projet se trouve au niveau du couloir desservant les chambres d’enfants et des invités. Il est composé de fentes verticales (fig.11) s’agrandissant au fur et à mesure de la marche car une partie du couloir est situé le long des marches extérieures se trouvant de l’autre côté du mur et de la terrasse. L’agrandissement se fait jusqu’à atteindre des fentes allant du sol au plafond. Ses ouvertures orientées Nord-Nord-Ouest laissent entrer une lumière douce créant au sol des sortes de rayures par l’alternance de lumière et d’ombre.

Tadao Ando met en place des « interventions modestes »2 qui permettent dans la finalité de grands effets sur la perception des espaces grâce au jeu entre la lumière et l’obscurité.3 Ce qui devient un élément primordial : « la lumière transperce le mur pour unir les ombres intérieures aux ténèbres mouvantes où la sérénité et le calme semblent rayonner de l’intérieur. C’est ce rayonnement intérieur qui constitue l’essence de l’architecture d’Ando. »4.

L’évolution de la lumière au cour du temps

Tadao Ando met en place dans ces projets un langage lié aux ouvertures et aux dispositifs liés à l’entrée de lumière visant la une parfaite maitrise de la lumière en élaborant des

1. Cf. FURUYAMA Masao, Ando, Taschen, Köln, 2016, p.28

2. TIRONI Giordano, Tadao Ando, Ombres portées, Genève, 1988, p.7

3. Cf. Ibid. p.27

4. Ibid. p.55, commentaire d’Emilio Ambasz

Fig.9 Entrée de lumière par la fente linéaire du salon de la maison Koshino

Fig.10 Entrée de lumière par la fente incurvée de l’atelier de la maison Koshino

Fig.11

Entrée de lumière par les fentes verticales dans un des couloirs de la maison Koshino

dispositifs minutieusement étudiés pour mettre en valeur les variations de lumière durant le jour et la nuit, au cours des saisons (fig. 12 et 13) « créant des variations de l’ombre à la pénombre, du clair-obscur à la clarté douce, de la lumière diffuse à la lumière infinie. »1. Chaque élément qu’il inclut dans ses projets est soigneusement pensé par ses soins à travers des croquis, coupes ou axonométries (fig. 14, 15 et 16) pour mettre en valeur et en évidence la place de la lumière et des ombres car par le juste dosage de la quantité de lumière les espaces peuvent changer du tout au tout.2 Tous les dispositifs ont différents impacts sur l’espace puisque les variations de lumière sont continues au cours d’une journée, cela provoque parfois des lumières rasantes l’espace de quelques minutes seulement3 avant de se transformer en lumière plus intense lors d’un lever de soleil ou alors de disparaitre totalement pour plonger la pièce dans l’obscurité lors d’un coucher de soleil.

Le choix du matériau prédominant, résultat d’une réflexion complexe visant la mise en valeur des projets

Ce qui est souvent un caractère principal retenu par les gens sur l’architecture de Tadao Ando, c’est qu’il utilise presque systématiquement le béton en tant que matériau principal et structurel de ses projets. « Tout le monde l’utilise, mais je veux créer un espace que personne d’autre ne serait capable de créer. »4. Ce choix n’est pas le fruit du hasard puisqu’il l’utilise pour différentes qualités qu’il peut apporter. Le béton qu’il utilise est un béton armé, banché dans des banches spéciales de la taille d’un tatami. Il est ensuite lissé tout en laissant apparaître des marques sphériques dû aux banches lors de la mise en œuvre du béton qui créer un rythme et fait la spécificité visuelle du béton que Tadao Ando met en œuvre dans ses projets.5 Il possède une grande maitrise de la technique de mise en œuvre du béton brut, lui permettant de le présenter dans une expression pure et délicate6. La particularité de sa réalisation permet « les reflets scintillants de lumière qui s’éparpillent sur les façades incurvées de la maison Koshino »7.

1. TIRONI Giordano, Tadao Ando, Ombres portées, Genève, 1988, p.3

2. Cf. Ibid. p.8

3. Cf. Ibid. p.37

4.MIGAYROU Frédéric, Tadao Ando le défi, Flammarion, Paris, 2018, p.45

5. Cf. https://archicree. com/tadao-ando-lalumiere-et-le-beton/

6. Cf. TIRONI Giordano, Tadao Ando, Ombres portées, Genève, 1988, p.3

7.MIGAYROU Frédéric, Tadao Ando le défi, Flammarion, Paris, 2018, p.135

Fig.12

Clair-Obscur dans le salon de la maison Koshino

Fig.13

Clair-Obscur dans l’atelier de la maison Koshino

Fig.14

Croquis d’effets de la lumière dans la maison Koshino

Fig.15

Coupe ombrée de la maison Azuma

Fig.16

Coupe ombrée de la maison Koshino

Mais cela est aussi valable pour l’ensemble de ses projets puisque les éléments en béton à la surface rugueuse au toucher absorbent la lumière et la transforme en de nombreux fragments scintillants.1 C’est même pour lui le matériau le plus approprié : « Il me semble que le béton est actuellement le matériau le plus adéquat pour réaliser des espaces générés par la lumière. »2.

La création de sensations pour une architecture éternelle

En conclusion, grâce aux relations à la nature et aux éléments notamment la présence de la lumière, Tadao Ando arrive à créer des espaces enrichissants à partir de formes géométriques et des dispositifs simples afin de « Concevoir des choses qui resterons gravées dans l’âme des hommes pour l’éternité. »3. La présence de la nature au sein de ses projets permet aux hommes de renouer avec cette dernière, parfois complètement effacée dans les villes. Les éléments mis en place pour renouer ce contact sont élémentaires tels qu’une simple ouverture sur le ciel ou de grandes baies vitrées offrant une large vue sur le paysage. La lumière, présente grâce au soleil et donc à la nature est l’élément le plus important de l’architecture de Tadao Ando. Son entrée dans les bâtiments se fait souvent par des fentes dans les murs et les plafonds ou de manière plus classique par les baies vitrées. Mais la lumière n’est jamais seule, elle est toujours accompagnée de son opposé : l’obscurité. La création du Clair-Obscur donne aux pièces des dimensions particulières et touche de manière différente l’usager comparé à une lumière provenant d’une ouverture de fenêtre standard. C’est également grâce au matériau qu’il met en place, le béton brut, que la lumière est sublimée et prend un sens encore plus profond lorsqu’on l’observe. Ce sont ces effets avec la lumière qui permettent de créer des atmosphères qui restent en tête après les avoir vécues, et c’est de cette manière là que Tadao Ando veut faire vivre son architecture au cœur des habitants pour toujours. À travers son architecture, c’est le but ultime que Tadao Ando

1. TIRONI Giordano, Tadao Ando, Ombres portées, Genève, 1988, p.23

2. Cf. Ibid. p.67

1. Ibid. p.135

espère atteindre : toucher l’usager par chaque chose qu’il met en place : « Ces murs suscitent en nous des émotions, quelles qu’elles soient. »1. Tous ces éléments combinés forme une harmonie qui est propre à son architecture, qu’il souhaite éternelle autant physiquement par la présence de ses constructions, que mentalement par la présence des souvenirs qu’elle créer chez les personnes qui l’ont expérimenté. Comme ce que le Panthéon lui avait fait ressentir au fond de lui il y a des dizaines d’années et qui l’a marqué à jamais.

« Je crée des espaces complexes en insérant la nature et les changements de la lumière dans des formes géométriques simples qui ont été séparées de leur contexte urbain. J’introduis l’extraordinaire dans l’environnement le plus ordinaire et familier, la maison. »2. 2. Cf. SALAT Serge, LABBÉ Françoise, Ando par Ando, Bordeaux, Arc en Rêve, 1988, p.39

Table des illustrations

Photo de couverture. Photo de l’auteure Alexiane Baudin, réalisée au Château La Coste. Source : Phototèque personnelle

Page 7 :

Fig.1 : Plans et axonométrie de la maison Azuma. Source: DAL CO Francesco, Tadao Ando Complete Works, Phaidon Press, Londres, 1995, p.57

Page 9 :

Fig.2 : Photo aérienne de la maison Koshino. Source: FURUYAMA Masao, Ando, Taschen, Köln, 2016, p.26 et DAL CO Francesco, Tadao Ando Complete Works, Phaidon Press, Londres, 1995, p.149

Fig.3 : Plans de la maison Koshino. Source : TIRONI Giordano, Tadao Ando, Ombres portées, Genève, 1988, p.47

Page 11 :

Fig.4 : Photo de la cour intérieure de la maison Azuma. Source : DAL CO Francesco, Tadao Ando Complete Works, Phaidon Press, Londres, 1995, p.61

Fig.5 : Photo intérieure du salon de la maison Koshino. Source: Wikiarquitectura.com URL : https:// fr.wikiarquitectura.com/bâtiment/maison-koshino/ Fig.6 : Photo intérieure de l’atelier de la maison Koshino. Source : Wikiarquitectura.com URL : https:// fr.wikiarquitectura.com/bâtiment/maison-koshino/

Page 13 :

Fig.7 : Photo du toit de la maison Azuma. Source: DAL CO Francesco, Tadao Ando Complete Works, Phaidon Press, Londres, 1995, p.57

Fig.8 : Photo du salon de la maison Koshino. Source : Wikiarquitectura.com URL : https://fr.wikiarquitectura. com/bâtiment/maison-koshino/

Page 15 :

Fig.9 : Photo intérieure du salon de la maison Koshino. Source : FURUYAMA Masao, Ando, Taschen, Köln, 2016, p.29

Fig.10 : Photo intérieure de l’atelier de la maison Koshino. Source : Archdaily.com URL : https://www.archdaily. com/161522/ad-classics-koshino-house-tadao-ando?ad_ medium=widget&ad_name=navigation-prev

Fig.11 : Photo intérieure d’un des couloirs de la maison Koshino. Source : Architectuul.com URL : http:// architectuul.com/architecture/view_image/koshinohouse/3563

Page 17 :

Fig.12 : Photo intérieure du salon de la maison Koshino. Source : Archdaily.com URL : https://www.archdaily. com/161522/ad-classics-koshino-house-tadao-ando?ad_ medium=widget&ad_name=navigation-prev

Fig.13 : Photo intérieure de l’atelier dans la maison Koshino. Source : DAL CO Francesco, Tadao Ando Complete Works, Phaidon Press, Londres, 1995, p.151

Fig.14 : Croquis d’effet de la lumière dans la maison Koshino, par Tadao Ando. Source : DAL CO Francesco, Tadao Ando Complete Works, Phaidon Press, Londres, 1995, p.151

Fig.15 : Coupe ombrée de la maison Azuma, par Tadao Ando. Source : DAL CO Francesco, Tadao Ando Complete Works, Phaidon Press, Londres, 1995, p.59

Fig.16 : Coupe ombrée de la maison Koshino, par Tadao Ando. Source : DAL CO Francesco, Tadao Ando Complete Works, Phaidon Press, Londres, 1995, p.150

Bibliographie

Livres

TIRONI Giordano, Tadao Ando, Ombres portées, Genève, 1988, 80 p.

DAL CO Francesco, Tadao Ando Complete Works, Phaidon Press, Londres, 1995, 524p.

FURUYAMA Masao, Ando, Taschen, Köln, 2016, 96 p.

SALAT Serge, LABBÉ Françoise, Ando par Ando, Bor deaux, Arc en Rêve, 1988, 56 p.

MIGAYROU Frédéric, Tadao Ando le défi, Flammarion, Paris, 2018, 257 p.

Articles numériques

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VANRAPENBUSCH Anne, « Tadao Ando, la lumière, le béton … », Archicree.com, mis en ligne le 14 avril 2019, consulté le 11 décembre 2019, URL : https://archicree.com/ tadao-ando-la-lumiere-et-le-beton/

METCALF Taylors, « AD Classics: Koshino House / Tadao Ando Architect & Associates », Archdaily.com, mis en ligne le 25 septembre 2011, consulté le 11 décembre 2019, URL : https://www.archdaily.com/161522/ad-classics-ko shino-house-tadao-ando?ad_source=search&ad_medium= search_result_all

« Tadao Ando : Endeavors, The Row House of Sumiyo shi », Interactiongreen.com, consulté le 7 décembre 2019, URL : https://www.interactiongreen.com/tadao-an do-row-house-sumiyoshi/

« Maison Koshino », Wikiarquitectura.com, consulté le 11 décembre 2019, URL : https://fr.wikiarquitectura.com/bâti ment/maison-koshino/

« Maison Azuma », Wikiarquitectura.com, consulté le 11 décembre 2019, URL : https://fr.wikiarquitectura.com/bâtiment/maison-azuma/

« Koshino House », Architectuul.com, consulté le 11 dé cembre 2019, URL : http://architectuul.com/architecture/ view_image/koshino-house/3563

SAVARD Stéphanie, « L’importance de la lumière naturelle en architecture », Idinterdesign.ca, mis en ligne le 20 janvier 2017, consulté le 11 décembre 2019, URL : https://idinterdesign.ca/limportance-de-la-lumiere-natu relle-en-architecture/

Site internet

Site de l’agence « Tadao Ando Architect & Associates », consulté le 7 décembre 2019, URL : http://www.tadao-an do.com/

Contenu vidéo en ligne

« Entretien avec Tadao Ando | Centre Pompidou », vidéo mise en ligne sur la chaîne Youtube ‘‘Centre Pompidou’’, Youtube, 6 novembre 2018, 41 minutes 38. (Consultée le 11 décembre 2019)