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Céréaliculture

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LES VRAI/FAUX DE LA FERTILISATION AZOTEE

Pour chasser les idées reçues sur la fertilisation azotée des céréales à paille, ARVALIS – Institut du végétal (France) vous propose une série de fiches argumentées : « les Vrai/Faux de la fertilisation ».

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Non, l’azote ne fait pas taller !

Le nombre de tiges principales (talles primaires) est indépendant de la nutrition azotée. Le rythme d’émission des talles dépend essentiellement de la date de semis (cumul de températures et durée du jour) et non pas de la ressource azotée. Au cours du tallage, le statut azoté des plantes commande l’émission de nouvelles talles. Une suralimentation en début de cycle (avant épi 1 cm) favorisera la croissance de talles secondaires. Cellesci sont susceptibles de régresser au cours de la montaison si la concurrence avec les talles principales est trop forte. Elles ne contribuent alors pas au rendement et consomment azote et eau au détriment des talles primaires.

L’azote apporté au tallage entretient des talles secondaires qui ne contribuent pas au rendement et favorisent la verse (surtout quand la densité de plante/m² est élevée).

Il est recommandé de ne pas apporter trop d’azote, trop tôt pour :

• Limiter le risque de verse et de maladies en cas de végétation luxuriante ;

• Assurer une bonne teneur en protéines en appliquant un report de l’azote vers la fin de la montaison.

L’apport au tallage n’est pas toujours utile. En effet, en sol limoneux profond sain, les essais réalisés par ARVALIS – Institut du végétal en France n’ont montré aucune différence de rendement entre des parcelles fertilisées au stade tallage (30 kg N/ha) et des parcelles non fertilisées à ce stade (à dose totale d’engrais équivalente). Ainsi, dans ces types de sol, l’impasse tallage est envisageable quand l’état de la végétation et les reliquats azotés du sol en sortie d’hiver le permettent.

Entre l’urée, la solution azotée et l’ammonitrate, c’est ce dernier qui offre les meilleures efficacités du fait de moindres pertes d’azote par volatilisation ammoniacale. Préférer l’ammonitrate particulièrement dans les situations qui génèrent des pertes par volatilisation importantes.

L’urée a montré des performances proches de l’ammonitrate. Des chutes de rendement importantes ont pu parfois être observées (notamment en terre de craie), imputables à des pertes par volatilisation. L’hydrolyse de l’urée est suffisamment rapide pour qu’il ne soit pas nécessaire d’anticiper les apports avec cette forme d’engrais.

L’efficacité de la solution azotée est variable. C’est la conséquence, entre autre, d’une perte plus ou moins importante d’ammoniac dans les jours qui suivent l’apport. Pour vérifier l’efficacité de l’apport, fonction des conditions pédoclimatiques, et pour réajuster si besoin la dose d’azote prévisionnelle, il est recommandé d’utiliser un outil de pilotage.

15 mm de pluie pour valoriser un apport d’engrais azote

L’efficacité des engrais azotés épandus à la surface du sol dépend principalement de la pluie après leur apport. L’humidité du sol en surface le jour de l’apport influence peu l’efficacité de l’engrais s’il n’y a pas de pluie après épandage. Après apport d’un engrais azoté, 15 mm suffisent pour mettre l’azote à disposition des racines. Un délai de 15 jours suffit pour permettre une utilisation correcte de l’engrais et satisfaire à temps les besoins des plantes. Pour maximiser l’efficacité de certaines formes plus sensibles à la volatilisation, le délai entre l’apport et la pluie doit être le plus court possible.

Certaines formes d’engrais sont plus ou moins sensibles aux pertes par volatilisation ammoniacale :

• Solution azotée : elle est plus sensible aux conditions sèches des 3 à 5 jours qui suivent l’apport.

• Ammonitrate : il est moins sensible aux pertes en l’absence de pluie dans les jours suivant l’apport et peut être rapidement assimilé en cas de retour des pluies.

En pratique, il est recommandé de piloter la fertilisation selon les prévisions météo pour décider du moment des apports. Il est aussi recommandé d’apporter la solution azotée en période pluvieuse (petites pluies annoncées dans les trois jours après l’apport), sinon reporter l’apport.

Les engrais foliaires n’apportent pas une efficacité supérieure par rapport à l’ammonitrate. Et pour maximiser l’efficacité du dernier apport d’azote sur céréales, il est préférable d’utiliser un engrais solide.

Si le manque de pluie pénalise l’absorption des engrais au sol, il pénalise aussi souvent l’assimilation de l’azote apporté par voie foliaire. Pour pénétrer dans la feuille, l’azote issu des engrais foliaires a besoin de traverser la cuticule. Une hygrométrie importante est donc indispensable. Cependant, les fortes hygrométries ne sont obtenues qu’en conditions de temps pluvieux aux stades tardifs.

Un manque d’eau provoque une moindre assimilation de l’azote par la culture quelle que soit sa forme. Un temps sec est alors aussi défavorable à la valorisation des engrais foliaires qu’à celle des engrais solides.

Les engrais foliaires ne sont pas mieux valorisés que l’ammonitrate et sont du même niveau d’efficacité. 1 kg N/ha apporté par ces produits équivaut à 1 kg N/ha apporté par l’ammonitrate. C’est ce qui ressort de 13 essais ARVALIS comparant un apport foliaire et un apport au sol sous forme ammonitrate en fin de montaison (40 kg N/ha) à dose totale d’azote identique.

A dose préconisée, les engrais foliaires apportent 4 à 8 kg N/ha, ils ne peuvent donc pas se substituer à un apport d’ammonitrate visant à apporter 40 kg N/ha par exemple.

Oui, l’azote liquide apporté fin montaison peut brûler les feuilles

Pour les apports en fin de montaison, l’azote liquide est moins efficace que les autres formes d’azote et il provoque assez souvent des brûlures sur les dernières feuilles, notamment en cas d’utilisation de buses inadaptées. Ces symptômes sont toutefois sans conséquence sur le rendement. Les brûlures sont provoquées par une accumulation de sels dans le limbe des feuilles. La concentration étant à saturation, la réaction de la plante se traduit par une nécrose située en général en bout de feuille. Cette nécrose a un aspect complètement différent de celles dues aux phytotoxicités d’herbicides.

Les brûlures consécutives aux apports d’azote liquide provoquent une réduction de la surface foliaire et par conséquent de l’activité photosynthétique. Cependant, quelles que soient les situations étudiées (applications de début ou de fin montaison, surfaces nécrosées allant jusqu’à 50 %), aucune perte de rendement due à ces brûlures n’a été mise en évidence dans les différents essais réalisés par ARVALIS et ses partenaires.

Oui, l’azote apporté jusqu’à début épiaison est valorisé en quintaux et en protéines

Il est toujours possible de corriger une carence en azote jusqu’à la fin de la montaison des céréales. La plante a capacité à convertir cet azote à la fois en grains et en protéine, sous réserve de cumuler une pluviométrie suffisante suite à l’apport d’engrais (15 mm dans les 15 jours). L’efficience de l’azote est même meilleure lorsque l’engrais est apporté durant la montée à épi plutôt qu’au tallage. A dose totale identique, comparé à une fertilisation apportée uniquement en sortie d’hiver, le bénéfice d’un dernier apport courant montaison est en moyenne de + 2 à 3 q/ha et + 0,2 à 0,3 % de protéines.

Apporter de l’azote au cours de la montaison permet d’accompagner la croissance de la culture, en phase avec ses besoins ; ceux-ci sont soutenus durant toute la montaison. L’efficience de l’engrais azoté est maximale à cette période. Nos essais révèlent la capacité de la céréale à valoriser un apport d’azote jusqu’à début épiaison (lorsque l’épi commence à sortir de la gaine). Entre épiaison et floraison, la réponse à un apport d’engrais se traduit par une augmentation de la teneur en protéines des grains, mais le rendement ne progresse pas autant que lorsque l’apport est réalisé à montaison. Après épiaison, en conditions favorables, la culture continue d’absorber de l’azote. Après floraison, les composantes de rendement impactées par l’azote - nombre d’épis et nombre de grains - sont fixées ; passé ce stade, un apport d’azote ne permettra pas de rattraper le potentiel de rendement perdu sous l’effet d’une carence azotée.

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