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Les melons Tous pareils ou différents
Les agriculteurs, à travers le monde, cultivent des fruits et légumes pour satisfaire les besoins alimentaires de leurs contemporains. Ces besoins diffèrent d’un territoire à l’autre et sont intimement liés aux habitudes culinaires de chacun. Le melon par exemple présente une diversité foisonnante de types et d’usages selon les traditions dans chaque région du monde et les sélections opérées au fil des siècles.
Sait-on combien il existe de types de melons ?
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Il en existe une multitude de melons cultivés par le monde. Chaque population a sélectionné un ou des types qui leur sont propres. Cette diversité de formes (ronds, allongés, très allongés ou plats), de couleur d’écorce (jaune, verte, orange, de couleur uniforme ou tachetée, striée...), de couleur de chair (orangé, verte, blanche), de texture (fondante, croquante, farineuse…), et de goût sucré ou non, aromatique ou non, correspond aussi à une diversité des usages. De nombreux types de melons sont consommés comme des légumes, soit immatures et crus comme des concombres, conservés dans le vinaigre, ou cuits. Ainsi, dans certains pays d’Afrique du Nord et de l’Est, on consomme couramment des melons « serpents » de types flexuosus qui peuvent at- teindre 1,80m de long !
Les melons desserts présentent aussi une très grande diversité de goûts et de textures. Autour de la Méditerranée, l’Espagne préfère le Piel de Sapo et le Jaune Canari, l’Italie raffole des gros melons à chair orange, très brodés et côtelés, la Turquie le type Kirkagaç. Aux EtatsUnis, on aime les melons à chair orange et écorce très brodée (western shipper), ou à chair blanche et écorce lisse (Honey Dew). Le Maroc se distingue par une grande diversité des terroirs et des climats qui se traduit notamment par une diversité des types de melons cultivés. Certains comme le charentais sont principalement destinés à l’export, alors que d’autres sont écoulées sur le marché local, à savoir le Galia, l’Ananas, le Jaune Canari, auxquels s’est ajouté ces dernières années le Piel de sapo
A quoi ressemble un melon sauvage ?
Le melon sauvage d’origine n’a pas grand-chose à voir avec celui d’aujourd’hui. Est-il comestible, consommable ? Vraisemblablement originaire d’Asie, comme son cousin botanique le concombre, le melon sauvage est une plante très ramifiée à petites feuilles et fleurs (mâles et femelles), aux fruits de 3 à 5 cm de diamètre remplis de petites graines, avec très peu de chair, et cette dernière non sucrée, voire amère. Ces fruits ne sont pas toxiques, mais il est sûr que nous ne les mangerions pas ! On trouve encore ces formes sauvages en Asie, en Afrique et en Australie. Au début de la domestication, ils ont pu servir à alimenter le bétail, à la consommation humaine des feuilles et des fruits cuits dans des sauces, comme cela se pratique encore aujourd’hui, ou à usage médicinal. Au fil des siècles, les hommes les ont sélectionnés sur la taille et la forme des fruits et sur l’épaisseur de la chair, et l’amertume a disparu.
Ces types de melons sont-ils tous répertoriés, conservés ? Peut-on les cultiver ?
Des milliers de variétés de melons sauvages et cultivés du monde entier sont conservées dans des collections au sein de Centres de Ressources Génétiques. Les chercheurs étudient la diversité de ces melons pour décrire en détails leurs caractères d’intérêt agronomique, telles des résistances aux maladies et aux ravageurs des cultures. Par exemple, les melons consommés aujourd’hui résistent à des maladies, suite à des croisements opérés avec des melons originaires d’Asie. Les sélectionneurs privés participent à ce travail de conservation et d’évaluation des ressources génétiques. Il est très important de conserver cette diversité pour le futur. Lorsque de nouveaux parasites apparaîtront, par exemple à la faveur du changement climatique, il sera possible de puiser dans ce vivier de nouvelles sources de résistances naturelles pour protéger les cultures. A titre d’exemple, des chercheurs étudient actuellement les systèmes racinaires, où les plantes puisent leurs forces pour se développer, pour voir si certains caractères pourraient favoriser une meilleure tolérance des melons aux maladies et parasites du sol, ou encore leur permettre de pousser dans des sols plus secs ou légèrement salins.

Par ailleurs, on retrouve actuellement un intérêt pour certains melons anciens (très consommés il y a à peine quelques décennies, mais délaissées depuis), mais leur fragilité rend leur production aléatoire. Pour les cultiver il faudrait refaire avec ces variétés tout le long travail de sélection pour introduire les résistances aux maladies et aux ravageurs ainsi que pour améliorer la durée de conservation après récolte, comme cela a été accompli avec succès au cours des dernières décennies sur les types de melon qui connaissent un grand succès commercial actuellement (charentais, galia, jaune canari, piel di sapo…), tout en maintenant leur goût sucré et caractéristiques aromatiques. Grâce à ce patient travail, les variétés actuelles assurent une production régulière en même temps que leurs résistances aux maladies et ravageurs contribuent à limiter l’emploi de produits phytosanitaires pendant leur culture.

Des habitudes de consommation régionalisées
Le melon est un fruit qui présente un certain « contenu culturel ». Les types variétaux et les cultigroupes
