Recherche Agronomique Suisse, numéro 11+12, décembre 2013

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE 2 0 1 3

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N u m é r o

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Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich

N o v e m b r e – D é c e m b r e

Production végétale Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): ­situation actuelle en Suisse Page 460 Environnement Réduction de la dérive: essai pratique Page 484 Politique agricole Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017 Page 492


Le souchet comestible (Cyperus ­esculentus L.) est une néophyte i­ nvasive qui s'est largement disséminée en Suisse au cours des deux dernières décennies. Une fois installée, cette mauvaise herbe redoutée dans les cultures est difficile à éradiquer et les moyens de lutte sont coûteux en temps et en argent. (Photo: Carole Parodi, ACW)

Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; ­ Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ­A LP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Erika Meili (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch

Sommaire Novembre–Décembre 2013 | Numéro 11–12 459 Editorial Production végétale Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): 460

s­ ituation actuelle en Suisse Christian Bohren et Judith Wirth Production végétale Disponibilité en eau et production 468

­fourragère en zone de grandes cultures Eric Mosimann et al. Production végétale Effets d’une sécheresse estivale sévère 476

sur une prairie permanente de ­montagne du Jura Marco Meisser et al. Environnement Réduction de la dérive: essai pratique 484 Simon Schweizer, Peter Kauf, Heinrich Höhn et Andreas Naef Politique agricole Dispositions d’exécution de la politique 492

agricole 2014–2017 Thomas Meier Eclairage PA 14–17: le web participatif au service de 498

la vulgarisation Kim Anh Joly et Sylvie Aubert

Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch, Fax +41 26 407 73 00

501 Portrait

Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58

Listes variétales Liste suisse des variétés de pommes de Encart

Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

502 Actualités 507 Manifestations

terre 2014 Ruedi Schwärzel, Jean-Marie Torche, Theodor Ballmer, Tomke Musa et Thomas Hebeisen Fiches techniques Encarts Variétés de pommes de terre Erika,

Gwenne et Verdi


Editorial

Des approches novatrices pour construire l’avenir Chère lectrice, cher lecteur, D’importants jalons ont été posés à plusieurs niveaux en 2013 pour assurer l’avenir de l’agriculture et de la filière alimentaire suisses. Le Parlement a adopté au printemps la Politique agricole 2014 – 2017 (PA 14 – 17) qui introduit un certain nombre de changements fondamentaux (cf. article à la page 492). Ceux-ci permettront de promouvoir les prestations adéquates au moyen d’incitations financières ciblées. Le contrat de prestations pour la recherche agronomique menée par la Confédération dans le cadre d’Agroscope durant la période 2014 à 2017 a été lui aussi modifié. Il est maintenant axé sur six points forts thématiques qui mettent l’accent sur un certain nombre de priorités. Bernard Lehmann, directeur de l’Office fédéral de l’agriculture OFAG

Les effets de la recherche portent sur le long terme La différence essentielle entre les deux catégories de mandats de prestations réside dans la dimension temporelle de leurs effets. Les mesures de politique agricole exigent des agriculteurs qu’ils fournissent des prestations soumises à un contrôle annuel et que ces prestations aient en outre rapidement un «effet», entre autres sur l’environnement. A l’inverse, les prestations fournies par Agroscope constituent un investissement sur le long terme, dans l’avenir du secteur agroalimentaire suisse. Il faudra certainement attendre après 2017 pour que les résultats de la recherche menée par Agroscope soient perceptibles, du fait que les nouvelles connaissances doivent d’abord être «intégrées» par les agriculteurs avant d’avoir un quelconque effet. C’est pourquoi le mandat confié à Agroscope a été conçu pour qu’il traite de défis du domaine agroalimentaire auxquels il n’est pas possible d’apporter des solutions dans le cadre de la PA 14 – 17. Conflits d’objectifs entre efficience des ressources et compétitivité L’agriculture suisse nécessite un réaménagement – en particulier dans les domaines de l’efficience des ressources et de la compétitivité - mais aussi au niveau de l’organisation de l’exploitation, dimension sociale comprise, si l’on veut que le secteur puisse relever les défis du futur. Ces thématiques vont encore gagner en actualité et nous mobiliser fortement. Apporter des solutions aux problèmes dans ces domaines est une opération complexe qui demande de surmonter des conflits d’objectifs tenaces. Face à cette complexité, se contenter d’ajuster le système des paiements directs ne suffira pas à régler les problèmes. Des approches nouvelles sont nécessaires. Agroscope et la recherche mondiale ont pour mission d’indiquer de nouvelles voies pour répondre aux défis du futur. La recherche, pierre angulaire de la politique agricole L’efficacité d’une politique agricole est fonction de la solidité de l’alliance entre recherche et volonté politique. La conception des futures conditionscadre politiques de l’économie agroalimentaire repose sur les résultats d’une recherche solide et innovante. Aussi est-il d’une importance primordiale que la recherche agronomique sur les problématiques pertinentes soit menée à un niveau d’excellence. Les objectifs d’actualité et les objectifs pertinents pour l’avenir doivent être déterminés au vu des résultats de la recherche publiés au plan international, résultats obtenus également grâce à Agroscope, de même qu’en interaction avec les différentes parties prenantes.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): ­situation actuelle en Suisse Christian Bohren et Judith Wirth Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse Renseignements: Christian Bohren, e-mail: christian.bohren@agroscope.admin.ch, tél. +41 22 363 44 25

Le souchet comestible (Cyperus esculentus L. var. aureus) se répand toujours plus vite dans des zones où se côtoient cultures maraîchères et grandes cultures.

Introduction Le souchet comestible appartient à la famille des Cyperaceae. On lui connaît deux sous-espèces (Zangheri 1976): subspecies (ssp.) sativus Boeck. (cultivée sous le nom de «chufa» surtout dans la région de Valence en Espagne, pour ses grands tubercules à saveur douceâtre) et ssp. aurea Ten. (souchet floribond à petits tubercules sphériques). La désignation exacte de notre adventice problématique est Cyperus esculentus ssp. aurea Ten. Le manuel Flora Helvetica (2012) ne signale aucune sousespèce et mentionne les noms vernaculaires «Essbares Zypergras», «souchet comestible» et «zigolo dolce»;

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dans les pays de langue anglaise, on utilise le nom «yellow nutsedge». Il est question ci-dessous de la sousespèce aurea sous son nom vernaculaire «souchet comestible». Cette plante monocotylédone vivace ressemble aux laîches (Carex) indigènes, mais sa tige et ses feuilles ont une couleur jaune verdâtre caractéristique. Cycle de vie Le souchet comestible est originaire de régions subtropicales. L’espèce se multiplie par ses tubercules hypogés. Ces derniers, s’ils se trouvent à la surface du sol, survivent à des températures très basses (fig. 1) et germent au printemps à l’époque des semis de maïs (dès que la tem-


pérature du sol atteint 9 °C). Leurs sites de prédilection sont humides, sur des sols marécageux. La sécheresse et le froid retardent leur germination, dont le taux n’est toutefois que très peu diminué. Les tubercules de différentes tailles (calibres 0,5 – 15 mm) donnent parfois une, mais habituellement plusieurs pousses (fig. 2); on a même observé jusqu’à cinq pousses pour un tubercule. La littérature indique des informations très diverses quant au nombre de tubercules formés: cela va de 365 à 20 000, en passant par plus de 6900 par plante et par année, sachant que le rythme de formation de tubercules est plus élevé en conditions humides (Webster 2005; Tumbleson et Kommedahl 1961; Ransom et al. 2009; Li et al. 2001). Lors d’essais en serre, nous avons observé en pots de 1,5 l un taux moyen de formation de tubercules de 1:35 en 110 jours. Une variation de de 10 à 120 tubercule par tubercule-mère était observée. Le taux de germination de ces tubercules néoformés était de 85 – 90   %. Comme le maïs, le souchet comestible réagit aux basses températures après la germination par un retard de croissance des parties superficielles et par un jaunissement marqué. La croissance des racines et rhizomes semble être moins retardée durant les périodes froides suivant la germination, car on voit apparaître de nouvelles pousses à 5 – 20 cm de la plante-mère très peu de temps après la remontée des températures (fig. 3). Chaque tubercule développe au moins un rhizome en 

Résumé

Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): ­s ituation actuelle en Suisse | Production végétale

Le souchet comestible Cyperus esculentus L. fait partie de la famille des Cyperaceae. Il se multiplie exclusivement par ses tubercules hypogés et s'est largement disséminé en Suisse au cours des deux dernières décennies. Cette progression de l'infestation a été favorisée par les changements dans les modes d'exploitation des champs, par la grande difficulté de la lutte herbicide et par la méconnaissance de cette adventice parmi les exploitants. Le déplacement et le transport des tubercules par les véhicules, les machines et avec les légumes racines, le manque de données sur les parcelles infestées et l'absence de mesures d'accompagnement favorisent la dissémination du souchet. La lutte obligatoire rendrait service aux exploitants, aux entrepreneurs de travaux pour tiers et aux acheteurs des produits récoltés en facilitant la coordination des mesures. L'assainissement des parcelles fortement infestées coûte beaucoup de temps et d'argent aux exploitants.

Figure 1 | Lorsque le champ se présente ainsi durant l'hiver, la cote d'alerte est atteinte. (Photo ACW)

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tices les plus redoutées dans le monde entier (Mulligan 1979; Holm et al. 1977). L’espèce a une grande capacité d’adaptation à son environnement et se montre peu exigeante quant aux caractéristiques du site. Toutefois, elle profite de l’abondance de lumière, d’azote et d’eau ainsi que d’un sol découvert.

Figure 2 | Un tubercule peut former plusieurs pousses; calibre des tubercules: 0,5 – 15 mm. (Photo ACW)

direction de la surface du sol. Un épaississement du rhizome (tubercule basal) se dessine juste sous la surface du sol pour donner naissance aux tiges et aux feuilles vers le haut, à des racines vers le bas et à des rhizomes latéralement. D’autres tubercules basaux peuvent se former le long des rhizomes, et de nouveaux tubercules fondateurs à leur extrémité (fig. 4). Ces derniers sont d’abord blancs et mous, pour devenir brun clair puis brun foncé selon leur maturation. Les tubercules hivernés sont noirs et durs. Selon les données bibliographiques, plus du 80 % des tubercules se trouvent dans la couche superficielle du sol, jusqu’à 15 cm (Stoller et Sweet 1987). Les pousses épigées (aériennes) forment de nombreuses feuilles longues, herbacées, de couleur jaune-vert; une tige de section triangulaire nette de 30 – 70 cm de hauteur, dépourvue de feuilles et de nœuds, apparaît ensuite. À son extrémité supérieure se forme l’inflorescence garnie d’épillets jaune or (fig. 5). Ces derniers sont entourés de nombreuses bractées de différentes longueurs (Schmitt et Sahli 1992). Le début de la floraison dépend fortement des températures. La période principale de floraison dure de début juillet à fin août; les premières inflorescences peuvent apparaître déjà au début juin. Le souchet comestible est auto-incompatible et forme une quantité de semences variable selon les années (Dodet et al. 2008). Dans nos régions, on ne connaît pas de constitution significative de populations issues de semis. La croissance cesse avec les premiers froids, les parties épigées des plantes ainsi que les racines et les rhizomes meurent. Seuls les tubercules passent l’hiver. Sites Dans le monde: Le souchet comestible est présent sur tous les continents. À l’origine, sa dispersion se limitait aux régions subtropicales. L’espèce est très répandue sur le continent américain. Dans les années 1970 déjà, le souchet comestible figurait dans la liste des dix adven-

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Dissémination en Suisse: La présence du souchet en Suisse a changé au cours des vingt dernières années. Schmitt et Sahli (1992) ont signalé des occurrences au Tessin, avec une présence vraisemblablement naturelle dans la zone humide des Bolle di Magadino (il était connu dès 1989 en tant qu’adventice problématique; comm. pers. U. Feitknecht) ainsi que des isolats à Herzogenbuchsee (BE) et Otelfingen (ZH). Dans les rapports annuels de l’Office central vaudois de la culture maraîchère, l’espèce est mentionnée depuis 1998 comme adventice problématique dans la région du Chablais, et depuis 2004 dans la plaine de l’Orbe. Günter (2003) signale une dissémination notable à Herzogenbuchsee, avec une infestation passant de 3 % de la superficie en 1992 à 20 % en 2003. Waldispühl (2007) signale d’autres sites à Langenthal (BE), Witzwil (BE), Seuzach (ZH) et Jeuss (FR). D’autres infestations ont été signalées dans les cantons de Lucerne (Ballwil, Inwil), St. Gall (Diepoldsau, Widnau), Tessin (Sottoceneri), Thurgovie (Frauenfeld), Zoug (Cham) et Zurich (Ellikon an der Thur). Cette liste est incomplète, car de nouvelles annonces de champs infestés s’y ajoutent chaque année (fig. 6). Les régions touchées en Suisse sont surtout celles où alternent les cultures maraîchères et agricoles sur les mêmes surfaces. Pourquoi est-ce une adventice problématique? Identification trop tardive: Au stade juvénile, le souchet comestible ressemble fortement aux millets, ce qui complique son identification précoce. Pourtant, le limbe des feuilles en forme typique de V et leur nervure principale bien visible sont des caractères distinctifs visibles. Le repérage de plantes isolées dans les champs nouvellement infestés exige un examen attentif. Plus ces plantes sont nombreuses et grandes, plus il est facile de les remarquer à leur couleur jaune verdâtre typique (fig. 7). L’importante dissémination du souchet comestible que l’on peut observer actuellement en Suisse tient vraisemblablement à l’augmentation de la coopération entre les exploitations, ainsi qu’à la relative méconnaissance de cette adventice problématique. Transport involontaire de tubercules: Au champ, la plus grande partie des tubercules (seule partie de la plante à survivre à l’hiver) se trouve dans l’horizon superficiel du sol (jusqu’à 20 cm); on en a toutefois trouvé jusqu’à une


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Figure 3 | Au cours des quelques semaines suivant la germination, un tubercule-mère peut former de nombreuses pousses. (Photo ACW)

profondeur de 50 cm. Les tubercules adhèrent aux parties de légumes-racines récoltées (pommes de terre, carottes, betteraves sucrières et rouges, etc.) ainsi qu’aux outils, machines, roues des véhicules et chaussures. Ils sont dispersés directement sur d’autres surfaces cultivées par les machines et véhicules, ou indirectement avec les résidus de récolte ou par des déplacements de terre. Mauvaise efficacité des herbicides: La position érigée des feuilles ainsi que la nature de la surface foliaire empêchent une bonne adhérence des herbicides. Certains d’entre eux obtiennent toutefois de bons résultats même lors de fortes infestations, et facilitent le bon établissement de la culture concernée (p. ex. Dual Gold sur maïs). Malgré cette bonne efficacité herbicide sur les feuilles et tiges visibles en surface (par exemple 60 – 95 %, ce qui peut suffire à protéger la culture de la concurrence de l’adventice), le souchet comestible trouve encore des niches pour former de nouveaux tubercules. Le nombre de tubercules continue ainsi de progresser insidieusement, et même exponentiellement avec l’augmentation de la densité de présence de souchet sur la parcelle. On ne connaît pas encore de cas de résistance de C. esculentus L. var. aurea aux herbicides.

Néophyte invasive: Le souchet comestible figure sur la Watch-List (liste d’observation) d’info flora (anciennement CPS-SKEW), le Centre national de données et d’informations de la flore suisse (www.infoflora.ch). Cette liste recense les néophytes invasives susceptibles de causer de gros dégâts; leur dissémination doit être observée et freinée si nécessaire. Le potentiel invasif du souchet comestible menace les cultures agricoles (mais il n’est guère menaçant dans d’autres environnements) par son 

mai/juin

septembre

mars/avril Figure 4 | Une fois installée, cette adventice redoutée ne se laisse plus guère éradiquer. Elle se multiplie grâce à ses tubercules survivant à l'hiver dans le sol. La lutte contre des infestations massives implique des investissements coûteux. (Photo ACW)

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Repérage précoce: Il est très important que les nouveaux foyers d’infestation soient repérés tôt (Neuweiler 2011). Les petits foyers comprenant peu de plantes peuvent être déterrés et éliminés (mais pas au compost ni au fumier) ou tués par stérilisation du sol. Plus l’invasion est avancée, plus la lutte est difficile et coûteuse.

Figure 5 | Inflorescence du souchet comestible. L'apparition de t­ elles inflorescences sur un champ est un signal d'alarme. (Photo: ACW)

système particulier de propagation au moyen de tubercules. La durée de vie des tubercules dans le sol est d’environ cinq ans selon la littérature, mais la capacité germinative semble diminuer au cours des années (Kassl 1992). Lutte On ne connaît pas encore de méthodes efficaces pour venir à bout du souchet comestible à long terme dans les cultures agricoles et maraîchères. Les mesures isolées, telles la lutte «normale» au moyen d’herbicides ou un sarclage supplémentaire, n’ont pas d’effet durable. Affaibli, le souchet comestible peut se régénérer rapidement dans la culture et former suffisamment de nouveaux tubercules pour réapparaître l’année suivante en effectifs encore plus importants. Pour maîtriser cette adventice problématique, la stratégie de lutte doit être plus large. L’invasion ne pourra être freinée que si l’on coordonne différents éléments de lutte pour en tirer des synergies. Objectifs: –– Les agriculteurs et les entreprises de travaux agricoles doivent recevoir une information exhaustive sur le souchet comestible. ––Toutes les mesures de lutte doivent avoir pour objectif final de réduire la formation de tubercules. –– Le transfert involontaire de tubercules entre les champs doit être empêché. –– Les champs fortement infestés doivent être assainis. –– Le développement du souchet comestible doit être surveillé tout au long de la période de végétation, afin de pouvoir prendre des mesures adéquates de lutte après la récolte.

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Premières mesures: La première démarche à accomplir pour une lutte efficace contre le souchet comestible est de renseigner et d'informer de manière approfondie les agriculteurs et entrepreneurs. Chaque exploitant doit prendre la responsabilité de ses champs. Tous doivent avoir l’occasion d’observer et de toucher la plante en nature (en pots), surtout dans les régions infestées mais aussi dans les autres régions. Les informations doivent être données et retransmises oralement et par écrit. Les acheteurs de racines et tubercules récoltés sur des champs infestés doivent apposer une identification à ces lots et les travailler séparément. Transfert involontaire: D’une part, il faut éviter de déplacer des tubercules dans le champ et pour cela repérer assez tôt une première infestation. D’autre part, il faut empêcher le transfert d’une parcelle à une autre. Les véhicules et les machines ne doivent pas être déplacés d’un champ infesté vers un champ sain sans être au préalable nettoyés minutieusement. Les chaussures doivent être également nettoyées. Les taupes et campagnols sont également susceptibles de transporter des tubercules. Les parcelles infestées doivent être cartographiées et les cartes mises à disposition des entrepreneurs, afin qu’ils engagent leurs machines en dernier sur les parcelles infestées. Les résidus de récolte des légumesracines cultivés sur des parcelles infestées ne doivent pas être mélangés avec les résidus de récolte des parcelles saines, mais restitués à des parcelles déjà infestées. Les

Figure 6 | Sites répertoriés d'infestation de souchet comestible (Cyperus esculentus L.) en Suisse, été 2013. (Photo ACW)


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résidus de récolte ou les déchets des entreprises horticoles ne doivent pas être déposés sur les champs ou sur des composts en tas bordant les champs, car ce type de compostage ne tue pas les tubercules de souchet. Herbicides: La lutte chimique offre peu de chances de succès. Seuls quelques herbicides, parmi ceux qui présentent un bon degré d’efficacité, peuvent être appliqués dans les cultures en place. Les herbicides spécifiquement antigraminées ne sont pas efficaces contre le souchet comestible. La station de recherche Agroscope ACW mène actuellement des essais avec diverses substances herbicides. Le degré d’efficacité de la méthode est déterminé selon le nombre de tubercules trouvés à l’automne et au printemps suivants. L’évaluation de l’efficacité après l’application d’un herbicide sur la base des dégâts causés aux organes aériens des plantes n’est pas optimale, car on ne peut pas juger directement du nombre de tubercules formés d’après la biomasse visible. C’est pourquoi il est important de connaître l’efficacité sur la formation de tubercules, car seule la diminution de leur nombre indique l’efficacité durable de la mesure de lutte. Travail du sol: Les premiers résultats de nos essais montrent qu’un travail du sol réalisé à un stade précoce de la croissance du souchet comestible réduit notablement la formation de tubercules. Une répétition du procédé liée à l’enfouissement immédiat d’herbicides améliore son efficacité. Le travail du sol en bandes pour la culture de plantes sarclées ne suffit pas à lutter contre le souchet comestible, car seuls deux tiers de la surface sont travaillés. Engrais verts: La culture d’engrais verts très concurrentiels tels le seigle fourrager, le sarrasin, le sorgho ou l’avoine après un travail tardif du sol peut freiner efficacement la multiplication du souchet comestible. Les premiers résultats d’essais réalisés en serre sont très prometteurs; des essais en plein champ sont prévus. Stérilisation du sol: On peut stériliser de petites surfaces infestées que l’on exploite pour des cultures spéciales. Des appareils de traitement à la vapeur chauffent le sol à 80 – 90 °C jusqu’à une profondeur de 30 cm (Keller 2013). Mais le procédé est coûteux et la chaleur détruit quasiment toute vie dans le sol. Combinaison de diverses mesures: Aucune mesure ne suffit à elle seule à combattre efficacement le souchet. Des combinaisons de mesures doivent être testées pour développer une stratégie de lutte efficace et durable. Divers essais sont en préparation chez Agroscope.

Figure 7 | L'infestation progresse souvent depuis le bord du champ. Le souchet comestible se distingue par sa couleur jaune verdâtre. (Photo ACW)

D’autre part, il faut implanter dans la pratique des mesures d’hygiène (nettoyage des chaussures, des machines et des véhicules). Il faut aussi contrôler minutieusement les substrats infestés, les légumes-racines récoltés, les résidus de récolte et le matériel de plantation (semences de pommes de terre, oignons et bulbes, plants de pépinière, vivaces ornementales). Enfin, toutes les mesures de lutte doivent viser à réduite nettement le nombre de tubercules dans le sol. Assolement: La culture de plantes sarclées sur des parcelles infestées est problématique. Le danger d’exportation de tubercules de souchet par les machines récolteuses et avec les récoltes est très élevé. Il en va de même pour le déchaumage si les machines ne sont pas nettoyées soigneusement après le travail. Dans les céréales fortement concurrentielles, les peuplements denses n’empêchent pas le développement du souchet comestible dans les lacunes de peuplement et dans les passages, et n’évitent pas qu’ils y forment suffisamment de tubercules pour que le problème soit encore aggravé l’année suivante. Dans les prairies artificielles, le souchet peut se multiplier fortement, surtout la première année lorsque le peuplement de la prairie n’a pas encore atteint sa densité définitive. La destruction d’une prairie artificielle dense par la pâture peut favoriser la formation de tubercules de souchet. Il est généralement admis qu’une prairie artificielle dense âgée de trois ans réduit fortement le peuplement de souchet comestible, ce qui permet la maîtrise du problème au cours des années suivantes. Cette hypothèse n’a toutefois pas été confirmée  jusqu’ici par des essais.

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Assainissement de champs infestés: Les champs fortement infestés doivent être retirés des surfaces d’assolement et assainis. D’après les premiers résultats d’essais menés par ACW, on obtient une bonne efficacité avec un traitement herbicide appliqué à la fin du printemps sur les jeunes pousses, et un travail consécutif du sol. L’efficacité est encore améliorée par une répétition du procédé 6 – 8 semaines plus tard. Toutefois, cette stratégie prend du temps et le champ ne pourra être mis en culture qu’au début de l’été, à condition que la culture tolère l’herbicide utilisé. Cette mesure devrait être répétée chaque année, jusqu’à ce que l’infestation ait diminué à un niveau supportable. La planification de la rotation des cultures doit tenir compte des mesures à prendre pour assainir un champ.

drait les acheteurs de pommes de terre, betteraves sucrières et autres légumes racines à traiter séparément les lots en provenance des champs infestés. Si une obligation d’éradication est illusoire, une obligation de lutte faciliterait la coordination des mesures d’hygiène. On ne devrait plus voir d’exploitant constater au champ que «la nouvelle graminée» ne réagit pas aux mesures de lutte antigraminées et qu’elle s’est déjà largement répandue. Les conseillers sont sollicités d’informer à temps tous les agriculteurs, et pas seulement dans les régions actuellement touchées. Tous les acteurs de la branche doivent tirer à la même corde, pour éviter que toutes les terres agricoles du Plateau suisse ne soient infestées.

Conclusions La lutte coûte du temps et de l’argent: Le souchet comestible est une adventice extrêmement tenace. Sa biologie rend la lutte particulièrement difficile et coûteuse. La maîtrise d’une première infestation exige des interventions manuelles fastidieuses, et une infestation avancée doit faire envisager l’abandon de l’exploitation d’une parcelle et la mise en œuvre de mesures d’assainissement. Il faut s’attendre à devoir répéter et adapter les mesures d’assainissement dans la durée. Les coûts supplémentaires occasionnés par ces opérations sont à la charge de l’exploitant. Mesures d’accompagnement Les exploitants ne peuvent à eux seuls arrêter l’invasion du souchet et le déplacement de ses tubercules. Il est donc nécessaire de promulguer une obligation d’annonce et de lutte concernant le souchet comestible. De plus, il est utile que cette adventice soit déclarée particulièrement dangereuse. Cependant, l’obligation d’annonce ne devrait pas servir à punir les exploitants touchés, mais à faciliter la cartographie des parcelles infestées. Les cartes établies devraient permettre d’empêcher le trafic de véhicules et machines dans le sens des parcelles infestées vers celles encore saines. Les exploitants et les entrepreneurs auraient ainsi la responsabilité importante d’empêcher la migration passive de tubercules. D’autre part, l’obligation de lutter contrain-

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••Le souchet comestible survit à l'hiver et se multiplie exclusivement par ses tubercules hypogés; le taux de multiplication est très élevé. ••Les tubercules sont exportés des champs par les machines, les véhicules et les chaussures ainsi qu'avec les produits récoltés (bulbes, tubercules, légumes racines etc.). ••En général, les herbicides, même associés à un sarclage, ne suffisent pas à réduire le nombre de tubercules de souchet au point de diminuer le danger de leur exportation. ••Des mesures d'accompagnement telles l'obligation de l'annonce et de la lutte ainsi que la cartographie des champs infestés devraient aider les entreprises de travaux pour tiers à adapter leurs programmes de travail, et les acheteurs des produits récoltés à prendre en charge les légumes racines dans l'ordre correct ainsi qu'à traiter les déchets de parage de manière adéquate. ••Il faut envisager de renoncer à récolter les parcelles fortement infestées. n


Novità sullo zigolo dolce (Cyperus esculentus L.) Lo zigolo dolce (Cyperus esculentus L.) fa parte della famiglia delle ciperacee. Si moltiplica esclusivamente attraverso piccoli tuberi nel suolo. Negli ultimi due decenni la sua diffusione in Svizzera è fortemente aumentata, poiché è cambiata la gestione dei campi. Controllare questa malerba è enormemente difficile e questa fastidiosa malerba non è abbastanza conosciuta dagli agricoltori. L’attuale diffusione dello zigolo dolce è favorita dalla disseminazione dei tuberi attraverso macchine agricole e prodotti raccolti (frutti a radice), la mancanza di un registro dettagliato delle parcelle contaminate e l’assenza di misure di accompagnamento. La lotta obbligatoria rappresenterebbe una soluzione che potrebbe essere sfruttata da produttori, contoterzisti e consumatori di prodotti vegetali. Per gli agricoltori il risanamento di parcelle fortemente infestate è oneroso e impegnativo.

Summary

Riassunto

Souchet comestible (Cyperus esculentus L.): ­s ituation actuelle en Suisse | Production végétale

Yellow nutsedge: Actualities on Cyperus esculentus L. in Switzerland Yellow nutsedge (Cyperus esculentus L.), a Cyperaceae species, propagates exclusively with tubers in the ground. Its abundance in Switzerland has largely increased in the last 20 years, due to changes of land use and important difficulties to control. The species is not well known to farmers yet, and tubers are increasingly displaced by vehicles, machines, root crops and with shoes. Infested fields are not mapped yet. Effective strategies to control the weed in the sense of reducing tuber production and therefore reducing contamination of neighboring fields are missing. Agroscope started recently a trial programme for development of control strategies. A legal obligation to announce foci and to control would help farmers, contractors and purchasers of crops to coordinate actions for preventing tuber production and displacement. Key words: Cyperaceae, changes of land use, invasive species, management, herbicide.

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Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 460–467, 2013

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures Eric Mosimann, Claire Deléglise, Marielle Demenga, David Frund, Sokrat Sinaj et Raphaël Charles Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon, Suisse Renseignements: Eric Mosimann, e-mail: eric.mosimann@agroscope.admin.ch, tél. +41 22 363 47 36

Comparaison de cultures fourragères avec et sans irrigation.

Introduction Pour participer au programme «production de lait et de viande basée sur les herbages» de la Confédération (Barth et al. 2011), une part d’herbe d’au moins 80 % est requise dans la ration des herbivores. Actuellement, la moitié des élevages laitiers suisses ne remplissent pas ce critère (Schmid et Lanz 2013). En effet, la majorité des exploitations de plaine utilisent de l’ensilage de maïs, en raison du potentiel de production élevé de cette culture (Winckler et al. 2012). Cependant, si le maïs ensilage donné aux vaches gardées à l’étable permet une productivité laitière supérieure à celle des troupeaux nourris au pâturage, ces derniers génèrent un revenu significativement supérieur, comme le montre un essai effectué en Suisse centrale (Hofstetter et al. 2011; Gazzarin et al. 2011). Des comparaisons entre stratégies fourragères manquent pour d’autres régions d’élevage, notamment en conditions plus sèches. En été, le bassin lémanique est moins arrosé

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Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 468–475, 2013

que la Suisse centrale. De mai à août, la pluviométrie moyenne est respectivement de 325 mm et 530 mm dans ces deux régions (données MétéoSuisse pour Changins et Sempach, moyennes 1981 – 2010). Avec le changement climatique et la réduction prévisible des précipitations en période estivale, les besoins en eau d’irrigation seront de plus en plus importants dans l’ouest du pays (Fuhrer et Jasper 2009) où l’on s’attend à une extension des surfaces de maïs. Déjà en 2003 et 2011, les systèmes herbagers dans le bassin lémanique ont été fortement pénalisés par les sécheresses qui ont induit une diminution de l’ordre de 40 % du rendement annuel des pâturages (Mosimann et al. 2012). Pour apporter des références de comparaison entre stratégies fourragères dans les régions sèches de grandes cultures, il est donc nécessaire de mieux connaître les effets de la limitation en eau. L’essai «Maïzen’herbe» se déroule dans le bassin lémanique et compare diverses voies de production de fourrages (cultures en rotation vs surfaces toujours en


Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures | Production végétale

Résumé

herbe) soumises à deux régimes hydriques: (‘limité’ = pluviométrie locale vs ‘non-limité’ = pluviométrie locale + apports supplémentaires d’eau). Les objectifs sont de répondre aux questions suivantes: 1. Quel est l’effet de la disponibilité en eau sur la production de fourrage? 2. Quelles cultures fourragères choisir en zone de grandes cultures exposées à la sécheresse? Les résultats de trois années d’essai (2010 – 2012) sont présentés ici, en mettant l’accent sur le rendement et les exportations en éléments nutritifs.

Matériel et méthodes Site expérimental L’essai a été implanté en avril 2009, après labour d’un blé d’automne, sur une parcelle située à Prangins (VD, altitude 390 m). Les données de pluviométrie proviennent de la station météo de Changins pour la période hivernale et de relevés effectués sur la parcelle d’essai durant la période hors gel. Le sol brun calcaire est anthropisé, faiblement pseudogleyifié, avec peu de pierres issues de la moraine de fond. Sa profondeur utile est de 90 cm. La texture moyenne dans les 20 premiers cm est argilo-limoneuse avec 31 % d’argile et 43 % de silt. Il devient un peu moins argileux dès 30 cm. Au début de l’essai, les analyses indiquaient un pH-H2O de 8,2, une capacité d’échange cationique (CEC) de 17,7 méq par 100 g de sol et une bonne teneur en matière organique de 3 %. Les teneurs en phosphore (P) et potassium (K) extraites à l’acétate ammonium EDTA (Sinaj et al. 2009) sont respectivement satisfaisante et très riche.

Un essai de comparaison entre diverses stratégies fourragères (cultures en rotation versus prairies temporaires) a été mis en place en 2009 dans le bassin lémanique, à une altitude de 390 m. Dès 2010, deux régimes d’approvisionnement en eau ont été testés, correspondant à des quantités annuelles moyennes de 900 mm (pluviométrie du site) et de 1200 mm (apports d’eau supplémentaires par irrigation). Lors des périodes de sécheresse en 2010 et 2011, les apports d’eau ont été les plus efficaces sur les mélanges graminées-trèfles. Une quantité de dix litres d’eau au mètre carré a permis d’augmenter leur rendement de 120 kg MS/ha, alors que cette augmentation n’était que de 50 kg MS/ha pour le maïs. En revanche, une forte dégradation de la composition botanique des prairies temporaires a été constatée dès leur troisième année. Elle s’est accompagnée d’une baisse constante de production. L’effet des apports d’eau se traduit par une faible baisse des teneurs en N pour l’ensemble des cultures et par une augmentation des teneurs en K des mélanges graminées-légumineuses (consommation de luxe). Les teneurs des autres éléments analysés (P, Ca et Mg) ont peu été influencées. Cette étude met en évidence les faiblesses des herbages en situation de sécheresse et les avantages que procurent les cultures de maïs et de luzerne.

Dispositif expérimental Le dispositif expérimental en split-plot a permis de comparer cinq variantes de cultures (tabl. 1) et deux sousvariantes d’approvisionnement en eau (‘limité’ et ‘nonlimité’) à l’aide de quatre répétitions. Les quarante parcelles de l’essai mesuraient 12 m x 6 m. Les cultures ont été mises en place et travaillées avec des machines agricoles (travaux du sol, semis, sarclages et traitements), puis récoltées avec des machines expérimentales qui permettent de peser et d’échantillonner toutes les biomasses produites sur chaque parcelle. Variantes culturales Les deux premières variantes culturales consistaient en une rotation maïs, orge, dérobée luzerne + ray-grass d’Italie (RGI) sur deux ans et sont décalées d’une année.

Agrarforschung Schweiz 4 (11–12): 468–475, 2013

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Production végétale | Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures

Tableau 1 | Caractéristiques des cinq variantes culturales: dates de semis et de récolte (première et dernière coupes sur les variantes 4 et 5), cultures, variétés, nombre de coupes et quantité de N minéral (kg N/ha)

2009

V1

V2

Rotation deux ans 27/04 Maïs Ronaldinio N 110 26/08

Rotation deux ans 27/04 Orge printemps Eunova 29/07 N 40 30/07 Luzerne-RGI 2 coupes N 30 29/10 1 coupe 25/04 N 30

02/10

Orge automne Plaisant N 100

2010

25/06 25/06

19/10 20/04 06/05 2011 01/09 04/10

2012

04/07 10/07

24/10

11/05 Luzerne-RGI 2 coupes N 30

16/09 29/09

1 coupe N 30 Maïs Ricardinio N 120

Maïs Ricardinio N 120 Orge automne Plaisant

24/06 24/06

07/10

N 100

30/04 14/05 28/08 29/09

Luzerne-RGI 2 coupes N 30

29/10 15/03

19/07 20/07 30/09 08/10

15/07 15/07 30/09 04/10

1 coupe N 30 Maïs Ricardinio N 120 Orge automne Plaisant

14/04

N 130

N 100

Orge automne Fredericus

Luzerne-RGI 2 coupes N 30

V3 Rotation longue 14/04 Mst 210 4 coupes

04/07 10/07

22/10 25/10

V4

V5

Prairie

Prairie

Mst 430 7 coupes N 220

19/11 Pois printemps Gregor N0

27/10

N 100

06/04

AP 1 coupe N0 Orge automne Fredericus

09/11

N 100

04/04

N 160

07/05 7 coupes

5 coupes

N 240

N 150

19/10 11/05 8 coupes

5 coupes

N 180

N 150 07/10

8 coupes Sorgho Hayking 2 coupes N 80

04/05

N 180

29/10

Mst 430 5 coupes

22/10

14/04

AP 1 coupe N0 Blé automne Arina

Méteil

14/04

Mst 330 MA 4 coupes N 90

24/10

Les densités de semis suivantes ont été appliquées: Maïs 95 000 plantes/ha; orge d’automne 300 grains/m 2; luzerne-ray-grass d’Italie (RGI) 35 kg/ha; Mst 210* = trèfles violet et d’Alexandrie + ray-grass d’Italie et Westerwold 30 kg/ha; pois de printemps 262 kg/ha; AP = avoine-vesce de printemps 200 kg/ha; blé d’automne 450 graines/m 2; sorgho hybride 40 kg/ha; Mst 430* = trèfles blanc et violet, ray-grass anglais, dactyle tardif, fléole des prés, fétuque rouge et pâturin des prés 36 kg/ha; Mst 330 A* = trèfles blanc, violet et d’Alexandrie, ray-grass anglais, dactyle tardif, fléole des prés et fétuque des prés 34 kg/ha. * Mélanges standard (Mst): la composition des mélanges de graminées et légumineuses figure dans la Liste des mélanges standard (Mosimann et al. 2012).

470

La troisième variante comprenait une succession variée de cultures (rotation longue). Les variantes 4 et 5 ont toujours été couvertes d’herbe avec un mélange graminées-trèfles. Elles ont été fauchées selon deux fréquences (variante 4: 7 à 8 coupes/année = simulation pâturage; variante 5: 5 coupes/année = prairie de fauche). Les caractéristiques techniques de l’essai sont décrites dans le tableau 1.

atteint. Les mesures de tension ont été réalisées dans toutes les variantes et sous-variantes d’une répétition avec des sondes Watermark© (bougies poreuses) placées à deux profondeurs (20 et 40 cm) et connectées à un boîtier qui enregistre trois mesures par heure. Les apports étaient déclenchés manuellement dès que la tension dans le sol excédait 60 cb (1 cb = 1 kPa), seuil théorique d’épuisement de la réserve utile du sol (Puech et al. 2003).

Sous-variantes de disponibilité en eau A partir d’avril 2010, des apports d’eau supplémentaires ont été appliqués sur les parcelles de la sous-variante ‘non-limité’, sur la base de mesures de tension dans le sol. Ils ont été effectués au goutte-à-goutte, à l’aide de tuyaux percés espacés de 50 cm (75 cm pour le maïs) et disposés à même le sol. Les quantités d’eau appliquées variaient de 5 à 15 l/m² par jour selon le déficit hydrique

Fertilisation L’essai a été fertilisé avec des engrais minéraux du commerce. Les quantités d’azote, différenciées selon les cultures (tabl. 1), ont été appliquées sous forme de nitrate d’ammoniaque (27,5 %) et, ponctuellement sur les céréales, avec de l’urée liquide. Compte tenu de l’état de fertilité des éléments de fond au début de l’essai, et pour être sûr de ne pas limiter le développement des

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Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures | Production végétale

Tableau 2 | Rendement en MS et quantités d’eau par variante culturale et sous-variante hydrique, ainsi que la réponse aux apports d’eau durant trois années. Les niveaux de signification statistique des rendements totaux par variante sont issus de comparaisons post-hoc après analyse de la variance (*** P < 0,001; ** P < 0,01; * P < 0,05)

Année Variante 1 2010 2010 2011 2011 2011-12 2012 Variante 2 2010 2010 2010-11 2011 2012 2012 2012 Variante 3 2010 2010 2010 2010-11 2011 2011-12 2012 2012 Variante 4 2010 2011 2012 Variante 5 2010 2011 2012

Culture Total 2010-12 Orge grain Orge paille Luzerne-RGI (automne) Luzerne-RGI (printemps) Maïs Orge grain Orge paille Luzerne-RGI (automne) Total 2010-12 Luzerne-RGI (printemps) Maïs Orge grain Orge paille Luzerne-RGI (automne) Luzerne-RGI (printemps) Maïs Orge Total 2010-12 Mst 210 Pois grain Avoine vesce d'été (AP) Blé grain Blé paille Avoine vesce d'été (AP) Orge grain Orge paille Sorgho Méteil Total 2010-12 Mst 430: 8 coupes Mst 430: 8 coupes Mst 430: 8 coupes Total 2010-12 Mst 430: 5 coupes Mst 430: 5 coupes Mst 330: 4 coupes

Rendement MS (dt MS/ha)

Quantité d'eau (l/m2)

Apport d'eau quantité

réponse

limité

non-limité

limité

non-limité

(l/m2)

(g MS/l)

585,6 90,7 60,4 37,8 55,0 172,4 83,5 57,4 28,3 539,4 29,4 167,7 54,4 31,3 29,9 42,2 184,4

641,1*** 94,3 69,9 55,8 53,0 195,0 77,2 54,2 41,8 590,4** 27,9 179,9 63,1 46,2 33,7 40,9 198,6

2711

3630

920

371

474

103

442 106 311

277 25 366

366,3

417,4**

29,9 49,6 48,7 31,3 36,9 84,5 60,1 25,1

24,5 66,2 59,7 60,1 34,5 74,0 66,6 31,8

251,4 110,3 78,0 63,1 258,8 117,0 85,2 56,7

377,3*** 165,0 125,7 86,7 402,5*** 172,3 122,3 107,8

719 132 677 845 0 784 3844 218 710 792 0 744 234 563 583 3522 143 415 301 857 0 251 801 0 317 438 3871 1320 1144 1407 3834 1309 1185 1339

0,6 0,3 0,9 0,6 -0,8 0,6 -1,9 -1,0 1,2 0,5

cultures, une fumure uniforme de 90 kg P2O5 /ha et /ha a été distribuée sur l’ensemble des 280 kg K2O  variantes en mars 2011 et en avril 2012. Mesures et calculs Pour l’orge et le blé, les grains et les pailles ont été récoltés séparément. Broyées, les pailles du pois sont restées au champ. Toutes les biomasses exportées des parcelles ont été pesées et fractionnées en deux échantillons. L’un était pesé et séché pour obtenir le taux de matière sèche (MS) et calculer le rendement en MS. Le second a été séché, puis moulu en vue de déterminer ses teneurs en éléments nutritifs. Les teneurs des végétaux en N, P, K, Ca et Mg ont été

812 669 2711 218 321 496 534 228 332 583 2711 143 256 154 540 172 777 231 438 2711 813 756 1142 2711 813 756 1142

33 115 1133 0 389 296 210 7 231 811 0 159 147 317 79 24 86 0 1159 507 388 264 1122 496 429 197

0,3 0,3 0,5 0,2 -1,9 0,6 0,6 -0,3 1,1 0,3 0,9 -0,3 -4,5 2,7 0,8 1,1 1,1 1,2 0,9 1,3 1,1 0,9 2,6

déterminées selon les méthodes de référence des stations de recherche Agroscope (1996). Les exportations en éléments nutritifs ont été calculées en multipliant les quantités de MS produites par les teneurs pour chacune des récoltes. La réponse aux apports d’eau a été calculée en divisant la différence de rendement en MS entre les deux sous-variantes par la quantité d’eau apportée dans les parcelles du procédé ‘non-limité’. Analyses statistiques Le test des effets de la variante de culture (V1 à V5) et de la sous-variante d’approvisionnement en eau (‘limité’ et ‘non-limité’) sur les rendements en MS et exportations en

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471


472

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cb-¹ 200 cb-¹ 200

300

0

100

Dérobée

V2 − Rotation 2 ans Orge Dérobée

Maïs

300

0

Blé

Dér.

Orge

Dérobée

300

0

100

cb-¹ 200

V3 − Rotation longue Pois Dér.

cb-¹ 200

V4 − Prairie (7 à 8 coupes/année)

100

cb-¹ 200

V5 − Prairie (5 coupes/année)

0

Régime hydrique Après deux années plutôt sèches (813 et 756 l/m2 par année), en particulier durant l’été 2010 et le printemps 2011, l’année 2012 a été plus humide (1142 l/m2). Les périodes où les besoins en eau sont les plus importants sont caractérisés par une forte augmentation de la tension de l’eau dans le sol (>200 cb à 20 cm, fig. 1) et peuvent être distinguées selon les cultures. En été 2010, ce sont le maïs et les prairies qui ont le plus souffert de la sécheresse; en automne 2010, les dérobées et les prairies; au printemps 2011, les céréales et les prairies; en fin d’été 2011, le maïs et les dérobées; en fin d’été 2012: le maïs et les prairies. Ainsi par exemple, des quantités d’eau supplémentaire de 220 l/m² en juillet 2010 pour le maïs (V2) et de 159 l/m² en mai 2011 pour la prairie (V5) ont été apportées dans les sous-variantes ‘non-limité’. En moyenne des trois années, les deux sous-variantes testées correspondaient à des pluviométries annuelles moyennes de 900 (‘limité’) et de 1250 mm/année (‘nonlimité’). Une analyse des besoins en eau d’une culture de soja, valable par analogie pour d’autres cultures estivales comme le maïs, a montré que le nombre de situations de stress hydrique varie de 0 à 5 selon les années, les régions et le sol (Waridel et al. 1997). Il s’avérait aussi

Orge

100

Maïs

300

En 2009, l’essai a été conduit sans différenciation du régime hydrique. Il a ainsi été vérifié que la parcelle était homogène et que le rendement des cultures se situait à un niveau moyen à bon par rapport aux valeurs de référence pour l’agriculture suisse (Sinaj et al. 2009). Les résultats présentés ici concernent 2010 à 2012, années durant lesquelles les deux sous-variantes de disponibilité en eau ont été testées.

V1 − Rotation 2 ans Maïs

100

Résultats et discussion

Dérobée

0

minéraux a été effectué à l’aide d’analyses de la variance à deux facteurs pour un dispositif expérimental en splitplot (parcelles divisées), suivies de tests post-hoc. Les variables de réponse utilisées sont les rendements, ou les exportations de minéraux, de chacune des variantes (cumul des différentes cultures et des trois années d’essai; tabl. 2 et 4). Les tests de l’effet de l’approvisionnement en eau sur les teneurs en minéraux des cultures, ainsi que sur les exportations de minéraux par culture, ont été réalisés à l’aide d’une analyse de variance à un facteur (disponibilité en eau), en considérant les données des différentes années et des différentes variantes comme répétitions (tabl. 3 et 5). Ces analyses ont été réalisées avec le logiciel R, version 3.0.1 (R Development Core Team 2008).

300

Production végétale | Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures

1,06 1,08 1,10 1,04 1,06 1,08 1,10 2010

2011

1,04 1,06 1,08 1,10 2012

Figure 1 | Tension de l’eau à 20 cm dans le sol pour les cinq variantes culturales de 2010 à 2012.

que l’irrigation est opportune chaque année dans la région lémanique, si l’objectif est de satisfaire les besoins en eau de la culture. Production de matière sèche et réponse aux apports d’eau Les cultures en rotation sur deux ans des variantes 1 et 2 ont produit les plus grandes quantités de MS, avec en moyenne des trois années 187,5 dt MS/ha/année pour la sous-variante ‘limité’ et 205,3 dt MS/ha/année pour la


Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures | Production végétale

Tableau 3 | Teneurs en minéraux des cultures (g/kg MS) en moyenne des trois années 2010-2012. Les niveaux de signification statistique sont issus de l’analyse de la variance (*** P < 0,001; ** P < 0,01; * P < 0,05 ; ms [marginalement significatif] 0,05<P<0,1; pas de symbole = non significatif) Variante 1-2 1-3 1-3 1-2 3 3 3 3 3 4 5

Culture Maïs Orge grain Orge paille Luzerne-RGI Pois grain Dérobée AP Blé grain Blé paille Sorgho Mst 430: 8 coupes Mst 430: 5 coupes

N (g/kg MS) limité

non-limité

10,1 16,3 4,3 33,4 33,4 23,0 19,0 5,8 18,9 27,1 25,5

9,2 15,9 3,9 31,4 34,3 24,5 16,3 4,0 17,9 26,5 23,6

P (g/kg MS) * ms ms *

* ms ms

K (g/kg MS)

Ca (g/kg MS)

limité

non-limité

limité

non-limité

limité

non-limité

1,8 4,0 1,0 3,7 4,8 3,5 3,5 1,0 4,4 4,1 3,7

1,8 4,2 0,9 3,8 5,3 3,8 3,5 0,8 4,1 4,3 3,8

7,3 4,9 15,6 32,9 10,6 24,2 4,4 11,5 24,7 31,4 29,5

7,6 5,0 17,2 36,0 11,8 26,1 4,4 9,8 24,1 34,7 32,2

2,5 0,5 3,2 17,3 1,1 11,0 0,5 3,6 8,3 11,6 14,4

2,1 0,5 3,2 14,5 1,1 12,0 0,4 2,7 7,3 11,4 14,5

**

ms

ms ** **

** *

Mg (g/kg MS) *

***

ms *

limité

non-limité

1,4 1,3 0,7 2,1 1,3 1,7 1,2 0,7 1,8 2,4 2,7

1,2 1,3 0,7 1,9 1,3 2,0 1,3 0,6 1,9 2,4 2,6

*

ms ** * ms

Tableau 4 | Exportations de minéraux dans les cinq variantes au cours des trois années 2010-2012 (kg/ha). Les niveaux de significativité sont issus de comparaisons post-hoc après analyse de la variance (*** P < 0,001; ** P < 0,01; * P < 0,05).

Variante 1 2 3 4 5

Culture Rotation 2 ans Rotation 2 ans Rotation longue Prairie Prairie

Exportations N

Exportations P

Exportations K

Exportations Ca

Exportations Mg

limité

non-limité

limité

non-limité

limité

non-limité

limité

non-limité

limité

non-limité

921 784 616 692 661

967 780 657 1017 944

159 121 116 101 94

176 138 127 159 152

813 659 494 775 742

987 786 592 1294 1284

318 257 160 293 365

321 238 197 437 577

82 77 44 60 67

88 76 53 90 104

*** ***

* * *** ***

sous-variante ‘non-limité’ (tabl. 2). La production des prairies, variantes 4 et 5, atteignait en moyenne 85,0 et 130,0 dt MS/ha/année pour les deux sous-variantes respectives. Les gains de production obtenus durant trois ans en évitant les déficits hydriques sont significatifs (variantes 1, 4 et 5: p < 0,001 ; variantes 2 et 3: p < 0,01). Ils sont les plus importants avec les mélanges graminéestrèfles (V4 et V5), dont le rendement a augmenté en moyenne sur trois ans de 53 % grâce aux apports d’eau. L’augmentation moyenne était de 9 % pour les cultures annuelles avec de fortes variations entre années, en particulier pour l’orge, le blé ou la dérobée avoine-vesce d’été (AP). En 2012, le rendement des céréales était même pénalisé par l’irrigation, conséquence possible de déséquilibres physiologiques. Des essais d’irrigation sur soja ont montré des antagonismes entre les parties végétatives et génératives suite à une disponibilité trop importante en eau avant floraison (Charles et al. 1999). Selon les années, le rendement du maïs a augmenté de 7 à 13 % dans la variante ‘non-limité’. Selon une étude récente, les températures durant la période de formation des épis expliquent une grande part de la variabilité du rendement (Baux 2013).

*** ** *** ***

*** ***

*** ***

Si les mélanges graminées-trèfles (V4 et V5) ont très bien valorisé les apports d’eau, leur production a en revanche diminué au cours des années, en raison notamment d’une dégradation de leur composition botanique. En automne 2011, la présence massive de dactyle (Dactylis glomerata L.) dans la variante 5 a conduit à sa rénovation par ressemis au printemps suivant. Dès lors, la nouvelle prairie a très bien valorisé les apports d’eau, avec une augmentation du rendement de 90 % en 2012. Le ratio entre la différence de rendement entre sous-variantes et la quantité d’eau apportée précise ces observations. La réponse aux apports d’eau (tabl. 2) est la meilleure dans les variantes 4 et 5, avec en moyenne respectivement 1,1 et 1,3 g MS par litre d’eau au m². Ainsi, une quantité d’eau de 10 litres/m² peut engendrer une augmentation moyenne du rendement des prairies de 120 kg MS/ha. L’eau est moins bien valorisée par les cultures annuelles, à l’exception des pailles de céréales et des dérobées en automne (entre 0,5 et 0,6 g MS par litre d’eau au m² dans les variantes 1 à 3). Au printemps, les dérobées luzerne-RGI ont plutôt été  pénalisées par les apports d’eau.

Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 468–475, 2013

473


Production végétale | Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures

Tableau 5 | Exportations de minéraux par les cultures en moyenne des trois années 2010-2012 (kg/ha/année). Les niveaux de significativité sont issus de comparaisons après l’analyse de la variance (*** P < 0,001; ** P < 0,01; * P < 0,05 ; ms [marginalement significatif] 0,05<P<0,1; pas de symbole = non significatif)

Variante 1-2 1-3 1-3 1-2 3 3 3 3 3 4 5

Culture Maïs Orge grain Orge paille Luzerne-RGI Pois grain Dérobée AP Blé grain Blé paille Sorgho Mst 430: 8 coupes Mst 430: 5 coupes

Exportations N

Exportations P

limité

non-limité

limité

non-limité

176,7 126,8 21,8 185,2 100,0 98,5 92,2 17,9 47,3 230,7 220,4

175,9 122,3 23,0 197,1 84,0 123,0 97,3 23,5 56,7 339,1 314,8

31,0 31,3 5,2 20,3 14,2 14,8 17,2 3,1 11,0 33,6 31,3

35,2 32,2 5,5 24,0 13,0 18,5 21,1 4,7 13,0 53,1 50,7

* *

Teneurs en éléments nutritifs et exportations Le tableau 3 indique les teneurs en N, P, K, Ca et Mg des biomasses des différentes cultures. Ces valeurs correspondent à la moyenne des résultats des trois années d’essai. De manière générale, les apports d’eau ont provoqué une diminution des teneurs en N (significative pour la plupart des cultures en rotation) et en Ca (significative pour maïs, luzerne-RGI et sorgho). L’augmentation des teneurs en K (significative pour luzerne-RGI, pois et prairies) est due à l’action de l’eau sur la libération de cet élément par les argiles dans le sol. Elle s’est traduite par une consommation de luxe de K par les cultures mentionnées. Le bilan de trois ans reporté au tableau 4 indique que les exportations en minéraux ont été les plus faibles dans la variante 3 chargée en céréales. Les valeurs du tableau 5 montrent que les cultures herbagères, luzerneRGI et Mst 430, ont mobilisé les quantités les plus élevées d’éléments nutritifs, en particulier de N, K et Ca, en sous-variante ‘non-limité’. Une explication des fortes exportations en N est que l’absence de stress hydrique a favorisé la minéralisation de la matière organique par les micro-organismes du sol. Simultanément à la forte augmentation du rendement en MS évoquée précédemment, les apports d’eau ont multiplié par un facteur de 1,5 à 1,7 les exportations d’éléments nutritifs dans les variantes 4 et 5 au cours des trois ans. Cet effet n’était par contre pas significatif pour la plupart des cultures annuelles des variantes 1 à 3.

Exportations K **

ms * *** ***

Exportations Ca

Exportations Mg

limité

non-limité

limité

non-limité

limité

non-limité

128,4 38,6 81,5 185,7 31,7 103,4 21,3 35,4 62,4 258,4 247,3

145,7 39,4 101,9 227,7 28,9 130,5 26,3 59,1 76,8 431,3 428,0

44,2 4,1 16,6 96,4 3,2 47,7 2,6 11,5 20,9 97,5 121,5

40,9 4,1 19,1 92,8 2,7 62,8 2,7 15,9 23,1 145,5 192,4

24,1 10,2 3,4 11,5 3,8 7,2 5,9 2,2 4,6 20,0 22,3

23,3 10,3 4,3 12,3 3,1 10,1 7,5 3,4 6,1 30,1 34,8

*

* *** ***

ms ms

* **

* ms

* ms ** ***

Conclusions La caractérisation de la production de fourrages a été effectuée pour deux régimes de disponibilité en eau, tels que l’on peut les observer sur le plateau suisse (900 versus plus de1200 mm/année). En 2010 et en 2011, les résultats montrent que les herbages ont davantage été pénalisés par la sécheresse que les cultures annuelles. Dans ces conditions, la réponse des herbages aux apports d’eau est excellente: dix litres d’eau au m² permettent un gain de rendement de l’ordre de 120 kg MS/ha. Cette réponse est plus faible et plus variable d’une année à l’autre avec les cultures de maïs et de céréales. Les analyses ont révélé que les teneurs en éléments minéraux ont peu été influencées par la disponibilité en eau. En conséquence, le calcul des besoins en fertilisants des cultures effectué sur la base du rendement annuel est pertinent. Les variations de production des prairies temporaires sont non seulement liées à la réserve en eau dans le sol, mais aussi à un effet de vieillissement, voire de dégradation de leur végétation. Cette étude montre bien l’importance de développer des mélanges spécifiques pour les régions sèches. Ce constat concerne particulièrement les formules de graminées et de légumineuses destinées à des cultures d’une durée supérieure à trois ans (mélanges longue durée). Les résultats de l’essai démontrent l’intérêt des cultures annuelles dans les zones exposées à la sécheresse, où le maïs et la luzerne permettent de sécuriser l’approvisionnement en fourrages. n

Remerciements

L’essai Maïzen’herbe a bénéficié du soutien financier de l’Association pour le développement de la culture fourragère (ADCF).

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Disponibilità in acqua e produzione foraggera in zona di campicoltura Nel 2009 è stato istituito nel bacino lemanico ad un altitudine di 390 m, una prova di confronto tra diverse strategie foraggere (rotazione delle colture vs prati temporanei). A partire dal 2010 si sono testati due regimi d’approvvigionamento idrico, corrispondenti alle quantità annuali medie di 900 mm (pluviometria del luogo) e di 1200 mm (apporti supplementari d’acqua per irrigazione). Durante i periodi di siccità nel 2010 e 2011 gli apporti d’acqua sono stati più efficaci sulle miscele graminacee-trifogli. Una quantità di dieci litri d’acqua per metro quadrato ha permesso di aumentare la loro resa di 120 kg SS/ha, mentre questo aumento raggiungeva solamente i 50 kg SS/ha per il mais. Tuttavia, si è constatato, a partire dal loro terzo anno, una forte degradazione della composizione botanica dei prati temporanei. Essa era accompagnata da una costante riduzione di produzione. L’effetto degli apporti in acqua si traduce in una debole riduzione dei tenori in N per l’insieme delle colture e in un aumento dei tenori in K delle miscele graminacee-leguminose (consumazione di lusso). I tenori degli altri elementi analizzati (P, Ca e Mg) sono stati poco influenzati. Questo studio evidenzia le debolezze degli erbai in caso di siccità e i benefici che offrono le colture di mais e di erba medica.

Bibliographie ▪▪ Barth L., Lanz S. & Hofer C., 2011. Promotion de la production animale basée sur les herbages dans la politique agricole 2014-2017. Recherche Agronomique Suisse 2 (1), 20–25. ▪▪ Baux A., 2013. 20 ans d’étude variétale du maïs ensilage en Suisse. ­Recherche Agronomique Suisse 4 (7–8), 330–337. ▪▪ Charles R., 1999. Culture du soja: irrigation et rendement. Revue suisse d’Agriculture 31 (5), 227–233. ▪▪ Fuhrer J. & Jasper K., 2009. Bewässerungsbedürftigkeit von Acker- und Grasland im heutigen Klima. Agrarforschung 16 (10), 396–401 ▪▪ Gazzarin Ch., Frey H., Petermann R. & Höltschi M., 2011. Comparaison de deux systèmes de production laitière : affouragement au pâturage ou à l‘étable – qu’est-ce qui est plus rentable? Recherche Agronomique Suisse 2 (9), 418–423. ▪▪ Hofstetter P., Frey H., Petermann R., Gut W., Herzog L. & Kunz P., 2011. Comparaison de deux systèmes de production laitière: garde à l’étable vs garde au pâturage – alimentation, performances et efficience. Recherche Agronomique Suisse 2 (9), 402–411. ▪▪ Méthodes de référence des stations de recherche Agroscope, 1996. ­Volume 1 «Analyses de terre et du substrat pour conseil de fumure».

Summary

Riassunto

Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures | Production végétale

Water availability and forage production in arable crops areas A comparison trial between various feed strategies (crop rotation versus ley) was established in 2009 in the western part of Switzerland, at an altitude of 390 m. From 2010, two water regimes were tested, corresponding to the average annual amounts of 900 mm (local rainfall) and 1200 mm (additional water supply by drop irrigation). During periods of drought in 2010 and 2011, water supplies were the most effective on grass-clover mixtures. A quantity of ten liters of water per square meter has increased performance of 120 kg DM/ha, while the increase was only 50 kg DM/ha for maize. In contrast, a sharp deterioration in the botanical composition of leys was observed from the third year. It was accompanied by a steady decline in production. The effect of additional water supply results in a small decrease in N contents for all crops and an increase in K content of grass-legume mixtures (luxury consumption). The contents of the other elements analyzed (P, Ca and Mg) have been little affected. This study highlights the weaknesses of grassland during drought and the benefits of maize and alfalfa. Key words: forage, water availability, grassland, crops.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura Marco Meisser1, Claire Deléglise1, Eric Mosimann1, Constant Signarbieux 2, Robert Mills2, Patrick Schlegel3, ­Alexandre Buttler2 et Bernard Jeangros1 1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1, Suisse 2 Laboratoire des systèmes écologiques (ECOS), EPFL, 1015 Lausanne, Suisse 3 Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 1725 Posieux, Suisse Renseignements: Marco Meisser, e-mail: marco.meisser@agroscope.admin.ch, tél. +41 22 363 47 42

Figure 1 | Une parcelle couverte (procédé sec) occupée par les brebis (procédé pâture).

Introduction Les prairies et les pâturages occupent une place centrale dans l’agriculture de l’Arc jurassien. L’herbe est à l’origine de la typicité des produits (appellations AOCAOP). Le climat et la nature des sols de cette région sont très variés. Alors que les précipitations y sont plutôt abondantes, le sous-sol est souvent drainant, du fait de phénomènes de fissuration et de karstification. Ces conditions particulières augmentent le risque de déficit hydrique. Dans le contexte du changement climatique, la réponse des herbages au stress hydrique, lors de périodes de sécheresse, est encore mal connue. Sur le plan agronomique, le premier effet attendu est une baisse de rendement. Lors des sécheresses de 2003, 2010 et 2011, la

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baisse de rendement des pâturages était de l’ordre de 40 % (Mosimann et al. 2012 et 2013). Des modifications dans les valeurs nutritives et les teneurs en nutriments du fourrage, ainsi que dans la composition botanique de la prairie, sont également prévisibles, mais les références manquent quant à la nature et à l’ampleur de ces changements. L’importance des réponses est potentiellement très variable et dépend de nombreux facteurs (durée du stress, type de végétation, niveau moyen de précipitations, fréquence d’utilisation de la prairie; Fay et al. 2000; Gilgen et Buchmann 2009; Vogel et al. 2012). L’influence des pratiques d’exploitation en situation de sécheresse demande aussi à être précisée. Les réponses des plantes à la sécheresse sont de nature morphologique ou physiologique. Par exemple, pour réduire les pertes en eau, la plante ferme ses sto-


mates. Ce phénomène ralentit l’assimilation et surtout la croissance (Volaire et al. 2009), entraînant notamment une forte réduction de la hauteur des plantes et une augmentation des teneurs en matière sèche (MS) des tissus. L’étude des traits fonctionnels des plantes permet de décrire les réponses des populations végétales et/ou des écosystèmes aux variations des facteurs du milieu (Schellberg et Pontes 2012). Les traits fonctionnels sont des caractéristiques morphologiques ou physiologiques mesurables à l’échelle de la plante et qui influencent indirectement la performance des espèces par leurs effets sur la croissance, la reproduction ou la survie (Violle et al. 2007). La hauteur végétative des plantes ou les teneurs en MS des limbes sont des exemples de traits. En partant des observations réalisées à l’échelle des différentes espèces de la communauté végétale, on peut calculer les valeurs moyennes à l’échelle de la communauté entière (traits agrégés; Garnier et al. 2004). En effet, selon Grime (1998), le fonctionnement d’un écosystème peut être décrit à partir des valeurs de traits des espèces les plus abondantes. Les traits n’apparaissent pas seulement en tant que réponse de la communauté végétale aux changements du milieu; ils affectent également le fonctionnement de l’écosystème (traits d’effet). Les «services agronomiques», plus particulièrement la productivité et la valeur nutritive, peuvent ainsi être prédits pas certains traits (Louaut et al. 2005; Pontes et al. 2007). Cette étude décrit les effets d’une sécheresse sévère (obtenue expérimentalement) sur les caractéristiques écologiques, agronomiques et physiologiques d’une prairie permanente de l’Arc jurassien soumise à deux modalités d’utilisation, fauche et pâture. Il s’agit en particulier d’expliquer les réponses agronomiques en situation de sécheresse en faisant intervenir différents champs de recherches complémentaires: étude botanique, écophysiologie du sol et des plantes, approche fonctionnelle de la végétation.

Matériel et méthodes L’expérience a été réalisée sur le domaine de La Frêtaz (1200 m d’altitude; Jura vaudois) pendant l’été 2012. Le dispositif comprenait deux facteurs: régime hydrique (sec vs témoin) et mode d’utilisation (fauche vs pâture). Huit des seize parcelles expérimentales de 6 × 12 m ont été recouvertes d’un tunnel maraîcher (procédé Sec), entre le 19 juin et le 3 septembre, de façon à simuler une sécheresse sévère. Les huit autres parcelles sont restées non couvertes (procédé Témoin). Au sein des deux groupes, quatre parcelles étaient fauchées (procédé Fa) et les quatre autres pâturées (procédé Pa). Le procédé Fa

Résumé

Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura | Production végétale

Afin de préciser les impacts du stress hydrique sur la valeur agronomique et diverses caractéristiques physiologiques et fonctionnelles d’une prairie permanente, une expérience a été conduite en été 2012 sur le domaine de La Frêtaz (VD, 1200 m). Deux facteurs ont été testés dans un design 2 × 2: le mode d’utilisation (fauche vs pâture) a été croisé avec le régime hydrique (sec vs témoin). La sécheresse a été simulée à l’aide de tunnels maraîchers pendant une durée de 84 jours. Les parcelles pâturées ont été utilisées environ toutes les quatre semaines par des brebis, tandis que les parcelles fauchées ont fait l’objet de trois coupes pendant la saison. La productivité et la qualité du fourrage ont été observées tout au long de la saison. La composition botanique et les valeurs de traits des principales espèces ont été évaluées avant et après la sécheresse. La photosynthèse nette, le potentiel hydrique et la respiration du sol ont également été mesurés. Outre d’importantes baisses de rendement, l’expérience a montré qu’une sécheresse sévère avait également des impacts sur les teneurs en nutriments et la valeur nutritive du fourrage. Les mesures écophysiologiques témoignent d’un ralentissement général de tout l’écosystème (baisse du métabolisme des plantes et de l’activité microbienne du sol, moindre minéralisation). Les parcelles pâturées, caractérisées par un couvert plus ras, ont davantage souffert du sec que les parcelles fauchées.

a fait l’objet de trois coupes pendant la saison; le procédé Pa a été pâturé six fois. Dans ce dernier cas, les parcelles étaient pâturées environ toutes les quatre semaines par deux brebis pendant 36 à 60 heures (fig. 1). Deux relevés botaniques de cinquante points ont été effectués sur des emplacements prédéfinis dans chaque parcelle. Ces observations ont été faites à deux reprises: au début de la période de végétation (mai) et au terme de l’épisode de sécheresse (fin août). Les espèces observées sur chaque point ont été comptées une seule fois. Les contributions spécifiques (Daget et Poissonet 1969) ont été calculées séparément pour chacune des 16 parcelles. 

Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013

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Production végétale | Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura

30 Température (° C)

25 20 15 10 5

PAR (µ mol · m-² · s-¹)

0 100001/06

01/07

01/08 Date

01/09

01/10

800 600 400 200 0 01.06

Témoin Sec 01.07

01.08

01.09

01.10

Date Figure 2 | Température de l’air à 30 cm du sol et rayonnement photosynthétiquement actif (PAR). ­ La période de sécheresse est indiquée par le rectangle bleu.

Avant chaque utilisation (fauche ou pâture), et sur chacune des seize parcelles, quatre surfaces de 1 m2 ont été fauchées. Le fourrage provenant de ces emplacements a été pesé puis mélangé. Deux échantillons de fourrage ont été prélevés: le premier pour déterminer la teneur en matière sèche (MS) et le second pour l’analyse chimique. Les rendements en biomasse ont été calculés en prenant la moyenne des quatre surfaces de 1 m2. Pour les procédés pâturés, les récoltes ont été effectuées juste avant que les brebis n’entrent dans les parcelles expérimentales. Les teneurs en matière azotée (MA), en constituants pariétaux (NDF et ADF), en cendres (CE) et en sucres ont été estimées à l’aide du NIRS. Les teneurs en minéraux (Ca, P, Mg, K, Cu, Fe, Mn et Zn) ont été déterminées après calcination (550 °C) par spectrométrie d’émission optique (ICP-EOS). Enfin, la densité en énergie du fourrage (NEL) a été calculée à l’aide des formules de régression dévelopées par Agroscope LiebefeldPosieux (Agroscope 2003). Les mesures écophysiologiques ont porté sur deux paramètres essentiels: la photosynthèse nette et le potentiel hydrique foliaire. Le premier paramètre donne une indication du taux de carbone atmosphérique assimilé par unité de surface foliaire, il est mesuré à l’aide d’un analyseur de gaz à infrarouge portatif. Le second fournit une estimation de l’état hydrique de la plante dans les conditions de l’expérimentation; il est déterminé avec une chambre à pression de Scholander. Deux espèces ont été suivies, le dactyle aggloméré (Dactylis glomerata) et l’alchémille vulgaire (Alchemilla vulgaris).

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La respiration du sol a été mesurée tous les quinze jours avec un analyseur à gaz infrarouge LI‑COR 8100 relié à une chambre de mesure. Les mesures sur chaque parcelle ont été faites pendant 2 minutes sur un disque en PVC de 10 cm de diamètre dépourvu de végétation. Les flux de CO2 ont été calculés automatiquement en utilisant la régression fournie par LI‑COR. Les valeurs de traits ont été mesurées selon les protocoles standardisés de Cornelissen et al. (2003). Les paramètres considérés étaient (i) la hauteur végétative des plantes, (ii) la teneur en MS des limbes (TMSL), (iii) la surface spécifique foliaire (SLA, rapport entre la surface du limbe et son poids) ainsi que (iv) la teneur en azote foliaire (TNF). Les données ont été recueillies pour les 16 espèces principales présentes sur les parcelles. Les valeurs agrégées ont été calculées à partir de la moyenne des traits des espèces, pondérée par leur contribution spécifique (Garnier et al. 2004). La mise en valeur statistique des rendements annuels a été effectuée à l’aide d’une analyse de variance (ANOVA) à deux facteurs, tout comme les observations réalisées au terme de la sécheresse [part des trois principaux groupes de plantes (graminées, légumineuses et dicotylédones non-légumineuses), teneurs en nutriments, valeurs nutritives et valeurs de traits]. La réponse aux traitements des huit principales espèces végétales (Agrostis capillaris, Dactylis glomerata, Festuca pratensis, Lolium perenne, Poa pratensis, Poa trivialis, Trifolium repens et Ranunculus acris) a aussi été testée à l’aide d’une ANOVA, mais en considérant sur chaque


Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura | Production végétale

Rendement (dt MS · ha-¹)

100 a

80

b

ab

Sec

Témoin

c

60 40 20 0

Témoin Fauche

Sec Pâture

Figure 3 | Rendement annuel en biomasse (moyennes et erreurstype). Les différents motifs correspondent aux récoltes. Les valeurs portant des lettres différentes sont significativement différentes (post-hoc Tukey HSD, p < 0,05).

parcelle l’écart de contribution spécifique entre mai et août (différences d’abondance avant et après la sécheresse). La mise en valeur statistique des observations écophysiologiques (photosynthèse nette et potentiel hydrique foliaire) n’a porté que sur le mode d’utilisation «pâture»; la mise en valeur a été effectuée à l’aide d’une ANOVA à un facteur (régime hydrique). Enfin, les relations entre les valeurs de traits et les teneurs en nutriments et en énergie ont été décrites en utilisant des régressions linéaires simples ou de puissance.

Résultats et discussion Conditions météorologiques Lors de la sécheresse, appliquée pendant 84 jours (entre mi-juin et début septembre), les parcelles S n’ont reçu aucune pluie tandis que les parcelles T ont reçu 300 l/m2. Cette valeur correspond à une pluviométrie moyenne pour la période considérée. Les températures mesurées sur les parcelles S (sous les couverts) étaient les mêmes que celles mesurées sur les parcelles T (fig. 2). Le rayonnement utilisable pour la photosynthèse (PAR) était par contre un peu plus faible: les jours de fort ensoleillement, l’écart entre parcelles couvertes et non couvertes a atteint un peu plus de 20 % (fig. 2).

Rendement annuel en biomasse La sécheresse a eu un effet important sur la production de biomasse. Sur l’ensemble de la saison, la baisse de rendement entre les traitements T et S a été de 25 % pour les procédés fauchés, contre 49 % pour les procédés pâturés (fig. 3), alors que les rendements des parcelles témoins fauchées (Fa T) et pâturées (Pa T) étaient comparables. Les couverts fréquemment utilisés et dont les plantes sont maintenues à un stade jeune (pâturage) sont plus sensibles au stress hydrique que les couverts dont l’utilisation est moins fréquente (Vogel et al. 2012; Mosimann et al. 2013). Composition botanique La composition botanique n’a que peu été influencée par les traitements. A la fin du mois d’août, la part des trois groupes fonctionnels était comparable entre les procédés (tabl. 1). Une analyse plus détaillée montre cependant que certaines espèces réagissent plus fortement au stress hydrique que d’autres, à commencer par le trèfle blanc (Trifolium repens). En effet, entre mai et août, cette espèce a fortement augmenté dans les traitements T alors qu’elle est restée stable dans les traitements S (p < 0,001; écarts entre mai et août). La fétuque des prés (Festuca pratensis) et le pâturin des prés (Poa pratensis) ont également été affectés par le traitement de sécheresse mais plus marginalement (p < 0,10; idem). A l’instar du trèfle blanc, la proportion de ces deux graminées n’a progressé que dans les traitements T. Valeur nutritive du fourrage Le tableau 2 montre les teneurs en nutriments et en énergie observées à la fin de la sécheresse. Les teneurs en Ca, Mg, Cu, Mn et Zn n’ont pas été influencées par les traitements et ne figurent pas dans le tableau. Les teneurs en nutriments des traitements T correspondent aux valeurs de références d’un herbage de type E2 (équilibré, stade 2) pour l’herbe pâturée et E4 (équilibré, stade 4) pour l’herbe fauchée (Agroscope 2013). En effet, au moment de la récolte à fin août, le fourrage de la 

Tableau 1 | Proportions (%) des trois principaux groupes de plantes au terme de la sécheresse (fin août). Le résultat de l’analyse de ­v ariance est également présenté. Mode d’utilisation Fauche

Niveau de signification Pâture

SEM

Utilisation (U)

R. hydrique (R)

U×R

4,2

ns

ns

ns

Témoin

Sec

Témoin

Sec

65,0

67,5

66,7

69,8

Légumineuses

17,1

18,2

19,3

12,6

2,7

ns

ns

ns

Autres plantes

17,9

14,3

14,0

17,6

2,7

ns

ns

ns

Graminées

SEM = erreur standard de la moyenne. NS = non significatif.

Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013

479


Production végétale | Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura

Tableau 2 | Teneurs en matière azotée (MA), en parois (NDF), en lignocellulose (ADF), en cendres (CE), en sucres solubles, en énergie (NEL), en phosphore (P), en potassium (K) et en Fer (Fe) au terme de la sécheresse (fin août). Le résultat de l’analyse de variance est également présenté. Mode d’utilisation Fauche Témoin

Niveau de signification Pâture

Sec

Témoin

Sec

SEM

Utilisation (U)

R. hydrique (R)

U×R

MA (g/kg MS)

146

123

194

144

3,7

***

***

***

NDF (g/kg MS)

456

461

452

488

17

ns

ns

ns

ADF (g/kg MS)

277

267

264

267

3,7

ns

ns

ns

CE (g/kg MS)

100

90

105

77

6,2

ns

**

ns

Sucres (g/kg MS)

101

108

83

104

4,5

*

**

ns

NEL (MJ/kg MS)

5,8

5,8

6,3

6,0

0,05

***

**

*

P (g/kg MS)

3,9

2,9

4,3

2,6

0,14

ns

***

*

K (g/kg MS)

27,8

27,4

35,6

25,6

0,71

***

***

***

Fe (mg/kg MS)

486

240

503

159

126

ns

*

ns

SEM = erreur standard de la moyenne. *** P < 0,001; ** P < 0,01; * P < 0,05; NS = non significatif.

variante fauchée était plus vieux (repousse de 9 semaines, deuxième cycle) que celui provenant de la variante pâturée (repousse de 5 semaines, quatrième cycle). Cette différence de stade de développement explique les écarts observés entre Fa et Pa pour les teneurs en MA, en NEL, en sucres et en K. Les concentrations en MA, en NEL, en P et en K étaient significativement plus basses dans le procédé S que dans le procédé T. Ces teneurs plus basses induites par la sécheresse ont surtout été observées pour le mode d’utilisation Pa (interactions utilisation × régime hydrique). Les hydrates de carbone solubles (sucres) présentent un profil différent: les teneurs ont augmenté dans les procédés S. Enfin, la moindre contamination du fourrage par de la terre durant la sécheresse explique les teneurs en CE et en Fe plus faibles dans les traitements S.

Observations écophysiologiques Le suivi des deux espèces (Dactylis glomerata et Alchemilla vulgaris) sur les parcelles pâturées a montré que la photosynthèse était fortement réduite lors de la sécheresse. La diminution a été moins forte pour le dactyle que pour l’alchémille (fig. 4a). Au niveau du potentiel hydrique foliaire, les valeurs du dactyle étaient également moins négatives que celles de l’alchémille (fig. 4b). Ces résultats indiquent que la tolérance à la sécheresse est plus élevée chez la première de ces espèces. En situation de sécheresse, la plante ferme ses stomates pour éviter les pertes d’eau liées à l’évapotranspiration, ce comportement peut cependant différer d’une espèce à l’autre (Signarbieux et Feller 2011). Ce faisant, l’assimilation diminue, mais pas autant que la croissance (Boschma et al. 2003). Les sucres sont moins remobilisés

24.05

25

******

20

******

10 5

****** -2 -3 -4

0 19.06

19.07

09.08

20.08

19.07

09.08

-1

15

24.05

19.06

18.09

20.08

18.09

17.10

0

** ***

Ψb(Mpa)

Pn (µ mol CO2 . m-² . s-¹)

30

17.10

-5

*** ******

D. glomerata K D. glomerata T A. vulgaris K A. vulgaris T

***

Figure 4 | Evolution du potentiel de la photosynthèse nette (Pn) et du potentiel hydrique foliaire (Ψb) pour les deux e­ spèces considérées, Dactylis glomerata et Alchemilla vulgaris , au cours de la saison 2012 pour l’utilisation pâture. Le début et la fin da la p ­ ériode de sécheresse sont représentés par les lignes verticales en traitillé. Les moyennes et erreurs standard sont données ainsi que les différences significatives pour la même espèce entre le procédé T et S. *** P < 0,001; ** P < 0,01.

480

Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013


Respiration du sol (µ mol · m² · s-¹)

Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura | Production végétale

12 10

Sécheresse (fin août) ab

c

a

Récupération (septembre) b

8 a

6

a

a

b

4 2 0

Fauche

Témoin

Sec

Pâture

Témoin

Fauche

Sec

Témoin

Sec

Pâture

Témoin

Sec

Figure 5 | Respiration du sol au terme de la sécheresse (fin août) et pendant la période de récupération (septembre). Les erreurs standard de la moyenne sont données. Pour une même période de mesure, les valeurs portant des lettres différentes sont significativement différentes (post-hoc Tukey HSD, p < 0,05).

vers d’autres parties de la plante et tendent à s’accumuler dans les limbes afin de combattre la perte en eau par évapotranspiration en augmentant le potentiel osmotique des cellules des feuilles (Thomas et James 1999). Dans notre étude, les écarts constatés entre les traitement S et T dans la photosynthèse (fig. 4a) et la valeur nutritive (tabl. 2) reflètent très bien le ralentissement du métabolisme végétal en situation de sécheresse. Respiration du sol La figure 5 présente la respiration du sol au terme de la période de sécheresse (fin août) et peu après celle-ci (septembre). La sécheresse a entraîné une diminution importante de la respiration du sol, son effet étant plus important sur les parcelles fauchées que sur les parcelles pâturées. Après la sécheresse, les parcelles fauchées ont retrouvé des valeurs comparables (pas de différence significative entre les procédés T et S). Sur les parcelles pâturées, le taux de respiration était plus élevé pour le procédé S.

La baisse de la respiration du sol pendant le pic de sécheresse témoigne de l’importance du régime hydrique pour la respiration racinaire et microbienne (Raich et Tufekcioglu 2000; Davidson et al. 2000). Après la sécheresse, le retour de la pluie a en grande partie effacé les différences entre les traitements. L’augmentation de la respiration constatée en septembre sur les parcelles pâturées S (comparativement aux parcelles pâturées T) pourrait s’expliquer par la minéralisation post-sécheresse des déjections animales. Traits fonctionnels et relations avec la valeur nutritive La sécheresse a également influencé les valeurs des traits agrégés: comparativement aux procédés T, les hauteurs de végétation des plantes et la surface spécifique foliaire (SLA) des limbes étaient plus faibles dans les procédés S (tabl. 3). Les teneurs en MS des limbes (TMSL) étaient par contre plus élevées. La SLA est un paramètre fortement corrélé au taux de croissance relatif des plantes herbacées (Poorter et Remkes 1990), ainsi qu’à l’aptitude d’une plante à concourir pour l’interception de la lumière et la capture des ressources. Les espèces possédant une SLA élevée se caractérisent par leur aptitude à renouveler fréquemment les feuilles (tissus jeunes), à recycler l’azote foliaire (teneurs élevées dans les limbes) et à concourir pour la lumière (croissance rapide; Wright et al. 2004). En situation de stress hydrique, le métabolisme ralentit et la densité des tissus augmente. La plante passe d’une stratégie de croissance à une stratégie dite de conservation des ressources (Grime et al. 1997; Lavorel et Garnier 2002). La baisse de la SLA et l’augmentation de la teneur en MS des limbes reflètent ces processus. Le tableau 4 montre que la SLA et la TMSL sont d’assez bons prédicteurs pour estimer les teneurs en MA et en énergie. Ces résultats confirment ceux obtenus par d’autres chercheurs (Louaut et al. 2005; Al Haj Khaled  et al. 2006; Pontes et al. 2007).

Tableau 3 | Valeurs de traits agrégés pour la teneur en MS des limbes (TMSL), la surface spécifique foliaire (SLA) et la hauteur végétative (H vég.) au terme de la sécheresse (fin août). Le résultat de l’analyse de variance est également présenté. Mode d’utilisation Fauche Témoin

Niveau de signification Pâture

Sec

Témoin

Sec

SEM

Utilisation (U)

R. hydrique (R)

U×R

H vég. (cm)

28,8

18,9

19,4

9,2

0,67

***

***

ns

SLA (m2/kg)

27,3

23,3

32,3

24,2

0,68

***

***

*

TMSL (%)

24,5

30,0

21,5

28,3

0,57

***

***

ns

SEM = erreur standard de la moyenne. *** P < 0,001; * P < 0,05; NS = non significatif.

Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013

481


Production végétale | Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura

Tableau 4 | Relations entre les valeurs de traits agrégés [teneur en MS des limbes TMSL (%); teneur en azote foliaire TNF (%); surface spécifique foliaire SLA (m2 /kg)] et les paramètres caractérisant la valeur nutritive [matière azotée MA (g/kg MS); NDF (g/kg MS) et ­t eneur en énergie NEL (MJ/kg MS)]; n = 24. Le niveau de signification P des équations (test F de Fisher) est indiqué.

y

x

r 2

Equation

P

MA

TMSL

0,75

y = – 7,98∙x + 365

***

NDF

TMSL

0,43

y = + 9,29∙x + 208

***

NEL

TMSL

0,53

y = + 13,6∙x - 0,25

***

MA

TNF

0,61

y = + 60,6∙x – 1,05

***

NEL

TNF

0,52

y = + 0,503∙x + 4,70

***

MA

SLA

0,88

y = + 7,23∙x – 40

***

NEL

SLA

0,71

y = + 0,058∙x + 4,44

***

Le niveau de signification P des équations (test F de Fisher) est indiqué. *** P < 0,001.

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482

Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013

Conclusions et perspectives La sécheresse entraîne globalement un ralentissement du métabolisme des plantes ainsi qu’une baisse de l’activité microbienne dans le sol (réduction de la minéralisation). Ces processus expliquent, entre autres, la baisse de rendement et les teneurs plus faibles observées pour la MA, l’énergie, le P et le K. L’interaction entre régime hydrique et mode d’utilisation est également manifeste: les herbages utilisés fréquemment, et dont les couverts sont ras, souffrent plus fortement des effets de la sécheresse. Les traits fonctionnels constituent un outil intéressant pour évaluer la réponse des herbages au stress hydrique. Ils confirment en outre l’intérêt de cette approche pour estimer la valeur nutritive des fourrages. En raison de la grande variabilité en Suisse des conditions du milieu et des communautés végétales, il est important d’étendre les observations à d’autres situations pour mieux caractériser les effets de la sécheresse dans le contexte du changement climatique. n

▪▪ Mosimann E., Meisser M., Deléglise C. & Jeangros B., 2012. Potentiel fourrager des pâturages du Jura. Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12), 516–523. ▪▪ Mosimann E., Deléglise C., Demenga M., Frund D., ­Sinaj S. & Charles R., 2013. Disponibilité en eau et production fourragère en zone de grandes cultures. ­Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12), 468–475. ▪▪ Pontes L. Da S., Soussana J. F., Louault F., Andueza D. & Carrère P., 2007. Leaf traits affect the above-ground productivity and quality of pasture grasses. Functional Ecology 21, 844–853. ▪▪ Poorter H. & Remkes C., 1990. Leaf area ratio and net assimilation rate of 24 wild species differing in relative growth rate. Oecologia 83, 553–559. ▪▪ Raich, J. W. & Tufekcioglu, A., 2000. Vegetation and soil respiration: ­Correlations and controls. Biogeochemistry 48, 71–90. ▪▪ Schellberg J. & Pontes L. da S., 2012. Plant functional traits and nutrient gradients on grassland. Grass and Forage Science 67, 305–319. ▪▪ Signarbieux C. & Feller U., 2012. Effects of an extended drought period on physiological properties of grassland species in the field. Journal of Plant Research 125, 251–261. ▪▪ Thomas H, James A. R., 1999. Partitioning of sugars in Lolium perenne ­( perennial ryegrass) during drought and on rewatering. New Phytologist 142, 292–305. ▪▪ Violle C., Navas M.-L., Vile D., Kazakou E., Fortunel C., Hummel I. & Garnier E., 2007. Let the concept of trait be functional! Oikos 116, 882–892. ▪▪ Vogel A., Scherer-Lorenzen M. & Weigelt A. 2012. Grassland resistance and resilience after drought depends on management intensity and species richness. PLoS ONE (doi:36910.31371/journal.pone.0036992). ▪▪ Volaire F., Norton M. R., Lelièvre F., 2009. Summer drought survival strategies and sustainability of perennial temperate forage grasses in Mediterranean areas. Crop Science 49 (6), 2386–2392. ▪▪ Wright I. J., Reich P. B., Westoby M., Ackerly D. D., Baruch Z., Bongers F., Cavender-Bares J., Chapin T., Cornelissen J. H. C., Diemer M., Flexas J., ­Garnier E., Groom P. K., Gulias J., Hikosaka K., Lamont B. B., Lee T., Lee W., Lusk C., Midgley J. J., Navas M. L., Niinemets U., Oleksyn J., Osada N., Poorter H., Poot P., Prior L., Pyankov V. I., Roumet C., Thomas S. C., Tjoelker M. G., Veneklaas E. J. & Villar R., 2004. The worldwide leaf economics spectrum. Nature 428, 821–827.


Effetti di una grave siccità estiva sui pascoli permanenti della montagna giurassiana Durante l’estate 2012 si è condotto una prova presso il demanio di La Frêtaz (VD, 1200 m) per poter precisare gli impatti dello stress idrico sul valore agronomico e diverse caratteristiche fisiologiche e funzionali di un pascolo permanente. Due variabili sono state testate in un disegno 2 × 2: il modo d’uso (sfalcio vs pascolo) è stato incrociato con il regime idrico (secco vs testimone). Per una durata di 84 giorni è stata simulata una siccità mediante l’uso di tunnel orticoli. Le parcelle da pascolo erano utilizzate praticamente tutte le quattro settimane da pecore, mentre quelle falciate sono state utilizzate tre volte durante la stagione. La produttività e la qualità del foraggio sono stati oggetto di un monitoraggio durante tutta la stagione. La composizione botanica e i valori delle caratteristiche delle principali specie sono state valutate prima e dopo la siccità. Si sono anche realizzate delle misurazioni della fotosintesi netta, del potenziale idrico e della respirazione del suolo. Oltre le importanti riduzioni di resa, l’esperienza ha mostrato che una grave siccità comporta anche degli impatti sui tenori nutrienti e sul valore nutritivo del foraggio. Le misure ecofisiologiche e pedologiche testimoniano un rallentamento generale di tutto l’ecosistema (riduzione del metabolismo delle piante e dell’attività microbica del suolo, minore mineralizzazione). Le parcelle pascolate, caratterizzate da una coperture più rada hanno sofferto molto più la siccità di quelle falciate.

Summary

Riassunto

Effets d’une sécheresse estivale sévère sur une prairie permanente de montagne du Jura | Production végétale

Effects of a severe drought on a permanent meadow in the Jura mountains In order to determine the impacts of a severe summer drought on the agronomic value and diverse physiological and functional characteristics of a permanent meadow, a trial was carried out in 2012 on a mountain farm located in the Swiss Jura (1200 m). Two factors – management type (mowing vs grazing) and moisture (drought vs control) – were tested with a 2 × 2-design. The drought stress was simulated by means of rain shelters for a duration of 84 days. The grazed plots were grazed every four weeks with ewes, whereas the mowed plots were cut three times in the season. The biomass and the quality of the forage were monitored across the season. The botanical composition of the meadow and the functional traits of the 16 most abundant species were assessed before and after the drought treatment. The photosynthesis rate, the pre-dawn leaf water potential and the respiration of the soil were all measured. Apart from important yield losses, the drought stress also led to changes in the nutrient contents and the nutritive value of the forage. The ecophysiological measurements reflected a slowdown of the whole ecosystem. The grazed plots, characterized by a shorter vegetation, were more impacted by the drought than the mown plots. Key words: grassland, permanent meadow, drought, nutritive value, photosynthesis rate, leaf water potential, soil respiration, functional traits.

Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 476–483, 2013

483


E n v i r o n n e m e n t

Réduction de la dérive: essai pratique Simon Schweizer1, Peter Kauf2, Heinrich Höhn1 et Andreas Naef1 Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil, 8820 Wädenswil, Suisse 2 Institut für Angewandte Simulation IAS, Zürcher Hochschule für Angewandte Wissenschaften ZHAW, 8820 Wädenswil, Suisse Renseignements: Simon Schweizer, e-mail: simon.schweizer@agroscope.admin.ch, tél. +41 44 783 61 91 1

Figure 1 | Chaque application de produits phytosanitaires engendre de la dérive.

Introduction L’application de produits phytosanitaires (PPS) par pulvérisation entraîne la dérive d’une partie de la bouillie sous forme de gouttelettes chargées de substances actives qui se déposent hors de la zone cible du traitement. Cet apport direct aux eaux et aux surfaces non visées représente une part importante de la charge infligée à l’environnement par les PPS. La dérive peut être réduite par

484

Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 484–491, 2013

différents moyens contribuant à l’«écologisation» souhaitée de l’agriculture, sans qu’il soit nécessaire d’imposer des restrictions supplémentaires à la production. Moyens de réduire du risque La quantité de PPS déposée hors de la culture diminue rapidement avec la distance. Le risque pour l’environnement peut être donc diminué si l’on respecte une distance de sécurité par rapport à la surface sensible, et que


l’on renonce à l’utilisation de PPS dans cet intervalle. D’autre part, on peut aussi réduire la dérive par des mesures efficaces: techniques de pulvérisation réduisant la dérive (type de pulvérisateur, type et taille des buses, pression de pulvérisation, ventilation associée et vitesse d’avancement) ou par des barrières physiques (haies brise-vent ou filets). On n’a pas pris en considération ici d’autres possibilités telles par exemple la pulvérisation uniquement vers l’intérieur des rangées du bord de parcelle ou l’ajout d’adjuvants. Situation en Suisse Le risque imposé à l’environnement par la dérive est évalué lors de la procédure d’autorisation d’un PPS. L’importance du risque découle du rapport entre la toxicité et l’exposition (quantité prévisible). Ce rapport est exprimé par la valeur TER (Toxicity Exposure Ratio), un indicateur d’évaluation du risque. La toxicité d’une substance active est déterminée par des tests écotoxicologiques pratiqués sur des organismes modèles. Pour évaluer l’exposition à la dérive, on utilise des fonctions standardisées d’exposition basées sur de nombreuses mesures réalisées dans la pratique (Ganzelmeier et al. 1995; FOCUS 2001; Rautmann et al. 2001). On fait la distinction entre les diverses cultures et techniques d’application. Les catégories les plus importantes sont les cultures fruitières, la vigne et les cultures basses; parmi les cultures verticales telles les cultures fruitières et la vigne, on distingue les stades précoces et tardifs. Pour l’évaluation des risques posés par la dérive, on part de l’hypothèse que le traitement se fait selon la bonne pratique agronomique: il n’est appliqué que lorsque les conditions météorologiques sont favorables, avec un pulvérisateur bien entretenu et des paramètres d’application adaptés à la culture ainsi qu’à son stade d’avancement (OFEV et OFAG 2013). Selon les résultats de l’évaluation du risque, les distances de sécurité par rapport aux eaux sont fixées de manière à garantir le respect des valeurs limites de TER. Ces distances peuvent être de 6, 20, 50 ou 100 m. La mise en œuvre de techniques de réduction de la dérive devrait permettre de diminuer les distances de sécurité imposées (OFAG 2008). La plus petite distance de sécurité aux eaux pour toutes les utilisations de PPS est en Suisse de 3 mètres selon l’ORRChim (2005) et de 6 mètres pour les exploitations qui fournissent les prestations écologiques requises (PER). Les distances de sécurité par rapport aux eaux concernent une part importante de la surface productive de l’agriculture suisse. Une étude topographique de la situation dans les cantons de TG, ZH, VD et VS (publication en préparation), réalisée au moyen d’un système d’information géographique (SIG), a révélé

Résumé

Réduction de la dérive: essai pratique | Environnement

L'application de produits phytosanitaires (PPS) par pulvérisation porte atteinte aux eaux et aux surfaces non visées par dérive directe de la bouillie: les gouttelettes chargées de substances actives sont emportées et déposées hors de la surface à traiter. Le risque auquel ces dérives exposent l'environnement est évalué lors de la procédure d'autorisation des PPS. Des distances minimales de sécurité (interdiction d'application) de 6 à 100 mètres par rapport aux eaux de surface sont imposées si nécessaire. Si la dérive est réduite par des moyens adéquats, ces distances peuvent être diminuées. Quatre mesures de réduction de la dérive ont été mises à l'épreuve dans les conditions pratiques de la production de pommes en Suisse. Une haie et les buses à injection ont réduit la dérive de quelque 75 %, un filet antigrêle tendu sur la culture de quelque 65 % alors qu'un filet à grandes mailles servant de brise-vent au bord de la parcelle n'a réduit la dérive que de 20 % environ.

qu’une distance de 100 mètres de toutes les eaux impliquerait l’imposition de restrictions pour plus de 20 % de toutes les surfaces cultivées (sans les surfaces herbagères). C’est pourquoi la réduction de la dérive présente un grand intérêt pour permettre la diminution des distances de sécurité. La réglementation suisse destinée à réduire les risques liés à la protection phytosanitaire est actuellement en révision. Pour la dérive, c’est un système cumulatif qui est en discussion: la distance de sécurité prescrite pourrait être diminuée par la combinaison de divers dispositifs de réduction de la dérive. Objectif de l’essai Les facteurs de réduction de la dérive ont été évalués pour le système susmentionné, au moyen de tests réalisés avec diverses combinaisons de chacun des dispositifs examinés. On a pu ainsi établir pour chaque dispositif un  facteur moyen de réduction.

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Environnement | Réduction de la dérive: essai pratique

File Au t ver cun tica eb l/ arr ièr e

Matériel et méthodes

Figure 3a | Mesure des dépôts au moyen de bandelettes de papier filtre. On voit au premier rang la méthode de réduction de la dérive «filet en bordure de la parcelle», à l'arrière-plan la haie brise-vent.

Figure 3b | Bandelettes collectrices sous éclairage ultra-violet. En haut: buse à injection d’air. En bas: buse à jet conique creux, les deux à distance de 5 m du bord de la parcelle. (Photo: Stefan Wolf, Syngenta)

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40

m

Station météorologique

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3 5 mm

40

m

L’essai a été organisé et réalisé dans des conditions proches de la pratique. L’arboriculture fruitière a servi de modèle de culture. Quoiqu’elle couvre une surface totale modeste, la culture fruitière occupe une grande place dans la problématique de la dérive: d’une part, elle fait l’objet d’un usage intensif de PPS, et d’autre part la dérive est plus importante dans les cultures verticales (p.ex. vergers) que dans les cultures basses (p.ex. champs).

Dispositif expérimental Les mesures des dérives ont été réalisées du 30 octobre au 16 novembre 2012 dans le verger expérimental du Centre professionnel BBZ d’Arenenberg à Güttingen (TG). La parcelle était complantée de pommiers Golden Delicious, Arlet et Idared conduits en fuseau sur portegreffe M9. Les distances de plantation étaient de 3,5 × 1,1 m, la hauteur des arbres de 2,80 m (hauteur du filet antigrêle), le diamètre moyen des couronnes de 1,25 m, l’année de plantation 1998. La moitié de la parcelle en largeur était clôturée par une haie brise-vent (fig. 2, surface de mesures a), l’autre moitié pouvait à choix rester ouverte ou être clôturée par un filet vertical (surface de mesures b). La dérive a été déterminée au moyen de la technologie des traceurs, en collaboration avec le groupe «Global Application Technology» de la firme Syngenta. Cela signifie qu’à la place d’un PPS, on a pulvérisé et quantifié un traceur (substance fluorescente). Les dépôts du traceur ont été mesurés aux distances de 0, 1, 3, 5, 10, 15, 20, 30, 50 et 75 m du bord de la parcelle. Cinq bandelettes de papier filtre de 250 cm² chacune ont été posées au sol (fig. 2, fig. 3a) à chaque distance et pour chaque mesure. À chaque passage de traitement, les cinq rangées extérieures ont été traitées des deux côtés au moyen d’un pulvérisateur de type usuel: Holder NI800 avec ventilateur OVS50, 7 buses Albuz ATR80 jaunes de chaque côté, pression de pulvérisation 9,5 bar, vitesse d’avancement 6,2 km/h, volume de ventilation total 13 000 m3/h, quantité de bouillie 400 l/ha avec 180 g de traceur Helios SC500 (Syngenta). Les

Figure 2 | Disposition de l'essai, représentation à l'échelle.

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Réduction de la dérive: essai pratique | Environnement

Buses à inhection d‘air

T4

T3

T7

T 11

T1

T5

T9

Haie brise-vent

T 10

Filet vertical

T6

barrière verticale

T2

Buses à jet conique creux

T 12

T8

Y Z X

Figure 4 | Représentation de tous les procédés en matrice tridimensionnelle. Chaque cube représente un procédé (T: Treatment), chaque plan un niveau de facteur. X: barrière physique en bordure de la parcelle; Y: barrière physique au-dessus de la parcelle; Z: technologie des buses.

dépôts sur les bandelettes (fig. 3b) ont été évalués quantitativement, par fluorométrie, dans les laboratoires de Syngenta. Quatre dispositifs destinés à réduire la dérive ont été testés: 1. Buses à injection d’air (Lechler ID 90 – 015 vertes à 8,5 bar), 2. Filet antigrêle au-dessus du verger (mailles de 3,3 × 8 mm, densité optique 15 %), 3. Haie brise-vent (charme, hauteur 4,4 m, largeur 85 cm, densité optique 82 %) et 4. Filet vertical en bordure de la parcelle (hauteur 3,8 m, identique à celui tendu au-dessus du verger). Les dispositifs à examiner ont été classés dans les catégories «Technologie des buses», «Barrière physique au-dessus de la parcelle» et «Barrière physique en bordure de la parcelle» et combinés dans toutes les variantes raisonnables. Il en est résulté douze différentes combinaisons (procédés T1 à T12, fig. 4). Chaque procédé a fait l’objet d’au moins trois répétitions. Durant toute la période de mesure, les conditions météorologiques ont été très changeantes. La direction et la vitesse du vent, la température et l’hygrométrie ont été enregistrées toutes les 30 secondes durant chaque passage de traitement (application y c. 8 minutes d’attente pour que le dépôt soit complet). L’interprétation de ces enregistrements s’est faite sur la base des valeurs moyennes (moyennes vectorielles pour la vitesse et la direction du vent). La direction du vent a été calculée en tant qu’écart à l’orientation de l’essai. On a exclu de l’interprétation toutes les répétitions dont l’écart de la

direction du vent dépassait 40° et la vitesse du vent était inférieure à 0,5 m/s (18 de 56 répétitions). Les mesures utilisées ont été acquises dans les conditions suivantes: directions du vent -39,6 à 20,3°, vitesses du vent 0,6 à 2,8 m/s, températures 3 à 10,5 °C, hygrométries 59,3 à 100 %. Calcul des valeurs de réduction de la dérive au moyen d’un bootstrap non paramétrique Les facteurs de réduction de la dérive sont normalement évalués selon la norme ISO 22369 – 2 (2010) par la comparaison d’un procédé candidat avec un procédé de référence. Dans le cas présent, l’expérimentation n’avait cependant pas pour but de comparer une technologie prise isolément à une référence donnée. Il s’agissait d’évaluer des facteurs de réduction pour plusieurs dispositifs susceptibles d’une mise en œuvre combinée. D’habitude, on utilisait un modèle de régression multifactoriel généralisé pour un protocole d’essai multifactoriel de ce type. Cela n’était pas possible ici, car l’influence des conditions météorologiques sur les valeurs mesurées n’était pas quantifiable. Aucun des dispositifs d’analyse testés (modèles linéaires et non linéaires) n’a donné des résultats satisfaisants. Comme alternative, une méthode comportant deux étapes a été développée: dans la première étape, on a comparé des paires de procédés ne se distinguant que par un seul paramètre. Par exemple, il y avait six paires d’alternatives pour les types de buses (fig. 4 premier 

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Environnement | Réduction de la dérive: essai pratique

Valeurs de mesure de la paire comparative T1 / T2 (n=15)

0,7

0,8

T2 (5 m)

Réduction

T1 (5 m)

Stabilisation de la répartition du facteur de réduction

B)

0,6

A)

0,5

Bootstrap non-paramétrique (réitérations)

Répartition du facteur de réduction de T1 / T2

10

20

30

100 300 500 700 1000 1500

Nombre de bootstrap réitérations

Figure 5 | A) Une distribution du facteur de réduction a été déterminée à partir des échantillons (p.ex. buses, comparaison par paires T1 / T2, distance 5 m). B) La distribution du facteur de réduction s'est stabilisée après quelque 500 réitérations.

plan ↔ arrière-plan). Un facteur de réduction a été calculé pour chacune des paires alternatives, où l’on n’a comparé les valeurs mesurées des dépôts que pour les passages réalisés dans des conditions analogues de direction et vitesse du vent (critères d’analogie: différences de direction ≤ 30°, de vitesse ≤ 0,5 m/s). Après application des critères d’analogie pour les conditions de vent, il restait pour ces comparaisons par paires 10 à 30 mesures pour chaque distance au bord de la parcelle. Dans la deuxième étape, on a réuni les effets de réduction individuels des paires afin d’obtenir la réduction moyenne de la dérive pour chaque dispositif. On a utilisé un bootstrap non paramétrique (Efron et Tibshirani 1998; Davison et Hinkley 2003) pour calculer les facteurs de réduction de la dérive avec leurs variabilités réalistes. Le bootstrap non paramétrique est une méthode comportant un pas de simulation d’une distribution réaliste du facteur de réduction à partir des valeurs de mesure utilisables des comparaisons par paires (fig. 5a). À cet effet, on a procédé à un tirage aléatoire de données de mesure (avec restitution). La comparaison des médianes des deux tirages a donné un facteur de réduction. Ces tirages avec comparaisons des médianes ont été réitérés jusqu’à stabilisation de la répartition du facteur de réduction (fig. 5b). Statistiquement, cela correspond à un échantillonnage de distributions non paramétriques pour déterminer la distribution d’une valeur

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recherchée (les méthodes paramétriques ne sont pas applicables ici, par exemple du fait qu’il n’est pas possible d’établir une distribution normale plausible sur la base de trop petits nombres d’échantillons). Une telle distribution du facteur de réduction a été établie pour chaque paire comparée dans la qualification d’un dispositif. Ces distributions ont alors été agrégées pour donner le résultat final: le facteur de réduction d’un dispositif individualisé avec sa variabilité, compte tenu des différentes combinaisons et conditions météorologiques.

Résultats La plausibilité des mesures faites à Güttingen a été confirmée par une comparaison avec les fonctions de dépôt (90es centiles et médianes) selon Rautmann (Rautmann et al. 2001; Rautmann 2003). Les dépôts résultant du procédé T1 (fig. 6) correspondent largement à ces fonctions. L’exploitation des données a été limitée aux distances comprises entre 3 et 20 m, correspondant à la norme ISO 22866 (2005) selon laquelle la distance de mesure ne doit pas dépasser la moitié de la largeur de la surface d’application (ici 40 m pour chaque surface à mesurer). Les valeurs de réduction de la dérive établies au moyen des bootstraps non paramétriques pour les quatre dispositifs examinés figurent dans le tableau 1.


Réduction de la dérive: essai pratique | Environnement

Dépôt en % de la quantité utilisée

10

1

0,1

Médiane (Rautmann 2003) 90es Centiles (Rautmann et al. 2001) Procédé T1, Güttingen 2012

0,01 0

20

40

60

Distance du bord du champ [m]

Figure 6 | Comparaison des valeurs des dépôts à Güttingen (procédé T1) avec les fonctions de dépôt (90 es centiles et médianes) selon Rautmann (Rautmann et al . 2001; Rautmann 2003).

Discussion Moyens de réduire la dérive L’utilisation de buses à injection d’air a réduit la dérive de quelque 75 %, ce qui correspond à l’estimation de Van de Zande et al. (2012). Les résultats de l’estimation faite par ces derniers ont été obtenus par l’analyse de la distribution de la taille des gouttelettes (part volumique des gouttelettes < 100 µm) et vérifiés par des mesures au champ. Selon Herbst et al. (2012), un filet antigrêle disposé au-dessus de la culture réduit la dérive d’au moins 50 %, voire jusqu’à 75 % selon le type de buses. Ces résultats ont été confirmés à Güttingen, où le filet antigrêle a réduit la dérive de 67 à 84 % en moyenne (il a été tenu compte des procédés avec buses à injection d’air aussi bien qu’avec buses à jet conique creux). Les indications données sur les taux de réduction réalisés par des haies brise-vent varient de 10 % en hiver (Wenneker et Van de Zande 2008) à 90 % lorsque le feuillage est complètement développé (Ucar et Hall 2001). Selon Richardson et al. (2004), la réduction de la dérive par une haie est la plus élevée à proximité immédiate de celle-ci. L’effet de réduction semble diminuer avec la distance, ce que les résultats de la présente étude tendent à confirmer. Les critères d’évaluation d’une haie

quant à ses propriétés de réduction de la dérive sont sa hauteur (plus haute que la culture traitée), sa densité (pas trop basse, pas trop élevée) et son type: il est important que le développement du feuillage de la haie soit précoce. Wenneker et Van de Zande (2008) recommandent l’érable, le sureau, l’aubépine ou le charme. Avec une densité optique de 82 %, la haie de charme de Güttingen a permis une réduction de la dérive qui, avec des valeurs médianes de 78 à 95 %, peut être considérée comme bonne. Les procédés intégrant le filet vertical en bordure de parcelle ont été testés dans des conditions de vents particulièrement défavorables. Après application des critères d’analogie (voir ci-dessus), on n’a pu retenir que 35 données de mesure par distance. Ce faible effectif de mesures associé à une grande variabilité a entraîné une énorme dispersion des résultats. L’apparition de valeurs en partie négatives de réduction de la dérive pour le filet vertical est à considérer dans cette perspective. Pourtant, on peut retenir qu’un filet vertical n’offre guère de potentiel de réduction de la dérive, bien que ce filet soit identique à celui tendu au-dessus du verger. Il faudra procéder à d’autres essais pour savoir si l’on peut attendre un meilleur effet d’un autre matériel, par exemple d’un filet de protection anti-insectes à petites  mailles ou d’un voile de protection contre le vent.

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Environnement | Réduction de la dérive: essai pratique

Tableau 1 | Médianes et quartiles de la réduction de dérive en % pour les quatre procédés examinés, selon la distance par rapport au bord de la parcelle. Résultats du calcul des données de l'essai multifactoriel réalisé au moyen du bootstrap non paramétrique. n: nombre de mesures par distance. Médianes et quartiles de la réduction de la dérive [%] Buses à injection d'air (n=105)

3m 80

Filet antigrêle (n=105)

67

Haie brise-vent (n=80)

95

Filet vertical (n=35)

21

5m 86 74 78 49 98 89 78 -8

81 67 84 29

10 m 87 74 87 56 94 73 70 8

Interprétation des résultats Les facteurs de réduction indiqués dans le tableau 1 ne sortent pas du cadre des résultats obtenus par diverses institutions européennes, bien que les dispositifs aient été évalués en combinaison dans cet essai. Il est donc possible d’établir une réglementation de diminution des distances de sécurité qui admette le cumul des facteurs de réduction de la dérive. Cette interprétation est souhaitable du point de vue des producteurs, car elle leur donne la plus grande liberté possible dans le choix de la méthode de réduction de la dérive. Cependant, il y a une dispersion relativement grande des facteurs de réduction de la dérive; les quartiles sont en partie éloignés de la médiane (tabl. 1). Cela tient principalement à la prise en compte des diverses combinaisons de dispositifs; mais aussi à la prise en considération, conforme à la pratique, des différentes conditions météorologiques. Il faudra en tenir compte lors de l’élaboration d’une réglementation de diminution des distances de sécurité. La prudence sera de mise particulièrement pour ce qui concerne la combinaison de plusieurs méthodes susceptibles d’entraîner ensemble une très importante réduction de la dérive. À ce sujet, Herbst et al. (2012) ont constaté n’avoir jamais mesuré une réduction de 99 % de la dérive, sauf à utiliser des pulvérisateurs à panneaux récupérateurs. Les valeurs de réduction ont pu être calculées pour des distances de 3 à 20 m du bord de la parcelle. Ces résultats ne permettent pas de déduire mathématiquement la quantité potentielle de dépôts à des distances plus grandes: Rautmann et al. (2001) ont montré que la fonction de dépôt ne pouvait pas être extrapolée en série continue dans les cultures verticales. En particulier, on peut supposer que le facteur de réduction de la dérive diminue avec la distance en présence de barrières physiques placées en bordure de parcelle (cf. Richardson et al. 2004).

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79 76 85 19

15 m 85 67 96 64 98 62 55 -36

83 84 86 7

20 m 89 45 92 67 96 66 35 -22

76 79 78 -44

88 33 94 57 92 48 -13 -73

Conclusions Les effets des méthodes de réduction de la dérive testées à Güttingen correspondent dans une large mesure aux résultats obtenus dans d’autres essais réalisés en Europe. Il est donc possible, sur la base de ces résultats, d’envisager une réglementation autorisant la diminution des distances de sécurité en fonction de diverses combinaisons de dispositifs de réduction de la dérive. Il faudra cependant tenir compte de la grande dispersion des facteurs de réduction lors de l’utilisation de ceux-ci. Ces dispersions montrent la variabilité de la réduction de la dérive dans les conditions pratiques. Avec l’utilisation du bootstrap non paramétrique dans la conception d’un essai multifactoriel, une méthode a été développée qui a permis d’évaluer des dispositifs de réduction de la dérive en diverses combinaisons et dans n différentes conditions météorologiques.


Misure per ridurre la deriva in una prova nella pratica Nell’applicazione mediante irroratrice di prodotti fitosanitari le acque superficiali e altre superficie limitrofe non interessate sono contaminate dalla deriva: goccioline contenenti sostanze attive vengono trasportate e depositate al di fuori della zona di destinazione. Nel corso del processo di omologazione di un prodotto fitosanitario l’atteso rischio ambientale è stimato attraverso la deriva. Se necessario si stabiliscono delle zone cuscinetto tra 6 e 100 m di distanza dalle acque superficiali (distanza di sicurezza con divieto d’applicazione). Queste distanze possono essere ridotte, se la deriva è ridotta mediante delle misure idonee. Quattro misure per ridurre la deriva sono state testate alle condizioni pratiche nella produzione di mele svizzere. Sia siepi che ugelli a iniezione hanno ridotto la deriva di ca. il 75 %, la posa di una rete antigrandine a coprire il frutteto di ca. il 65 %, mentre una rete a maglie larghe posata come frangivento a bordo del campo ha ottenuto solamente il 20 % di riduzione.

Bibliographie ▪▪ Davison A. C. & Hinkley D. V., 2003. Bootstrap methods and their application. Cambridge University Press, Cambridge. 582 p. ▪▪ Efron B. & Tibshirani R. J., 1998. An introduction to the bootstrap. Chapman and Hall/CRC, Boca Raton, Florida. 436 p. ▪▪ FOCUS, 2001. FOCUS Surface Water Scenarios in the EU Evaluation Process under 91/414/EEC. Report of the FOCUS Working Group on Surface Water Scenarios, EC Document Reference SANCO/4802/2001-rev.2. 245 p. ▪▪ Ganzelmeier H., Rautmann D. et al., 1995. Untersuchungen zur Abtrift von Pflanzenschutzmitteln. Mitteilungen aus der Biologischen Bundes­ anstalt für Land- und Forstwirtschaft Berlin-Dahlem 304. ▪▪ Herbst A., Osteroth H.-J. et al., 2012. Test procedure for drift reducing equipment. Fourth European Workshop on Standardised Procedure for the Inspection of Sprayers, SPISE 4, Lana (South Tirol), Julius-Kühn-Archiv 439, 234–238. ▪▪ ISO, 2005. Equipment for crop protection - Methods for field measurement of spray drift. Ref. Nr. ISO 22866:2005(E). ▪▪ ISO, 2010. Crop protection equipment - Drift classification of spraying equipment. Part 2: Classification of field crop sprayers by field measurements. Ref. Nr. ISO 22369-2:2010(E). ▪▪ OFAG, 2008. Instructions relatives aux distances de sécurité à respecter par rapport aux eaux de surface et aux mesures permettant de réduire ces distances. Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne. ▪▪ OFEV et OFAG, 2013. Produits phytosanitaires dans l’agriculture. Un ­m odule de l’aide à l’exécution Protection de l’environnement dans l’agriculture. Office fédéral de l’environnement, Berne. L’environnement pratique 1312, 58 p.

Summary

Riassunto

Réduction de la dérive: essai pratique | Environnement

Spraydrift – mitigation measures in field trials Drug-containing droplets from the application of plant protection products (PPP) can be transported and deposited outside of the target area, which is called direct spray drift and affects adjacent waterbodies and other non-target areas. The environmental risk expected through spray drift of PPP is estimated as part of the authorization-process. If necessary, spray free buffer zones of 6 to 100 m must be applied towards surface waters. If drift is reduced by appropriate measures, the width of these buffer zones could be diminished. Four drift reduction measures have been tested under practical conditions of Swiss apple production. Windbreak hedges or injector nozzles reduced drift by approx. 75 % each, a hail net on the top of the orchard by approx. 65 %. A coarse-mesh net as a windbreak at the edge of the field showed an effect of about 20 % drift reduction only. Key words: risk mitigation measures, spray drift, nozzles, windbreaks, hail net, vertical net, buffer zones, plant protection products, orchard, bootstrap, tracer.

▪▪ ORRChim, 2005. Ordonnance sur la réduction des risques liés à l'utilisation de substances, de préparations et d'objets particulièrement dangereux (Ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques, ORRChim). 814.81. Etat le 1er septembre 2013. ▪▪ Rautmann D., 2003. Drift reducing Sprayers - Testing and Listing in Germany. ASAE Annual International Meeting 27-30 July, Las Vegas, Nevada (USA). ▪▪ Rautmann D., Streloke M. et al., 2001. New basic drift values in the authorization procedure for plant protection products. Mitteilungen aus der Biologischen Bundesanstalt für Land- und Forstwirtschaft Berlin-Dahlem 383, 133–141. ▪▪ Richardson G. M. Walklate P. J. et al., 2004. Spray drift from apple orchards with deciduous windbreaks. Aspects of Applied Biology 71, 149–156. ▪▪ Ucar T. &Hall F. R., 2001. Windbreaks as a pesticide drift mitigation strategy: a review. Pest Management Science 57 (8), 663–675. ▪▪ Van de Zande J. C., Wenneker M. et al., 2012. Nozzle classification for drift reduction in orchard spraying. Aspects of Applied Biology 114, 253–261. ▪▪ Wenneker, M. et Van de Zande, J. C., 2008. Spray drift reducing effects of natural windbreaks in orchard spraying. In: International advances in pesticide application: Robinson College, Cambridge, UK, 9-11 January 2008 (Ed. Alexander, L. S.). Association of Applied Biologists, Wellesbourne, 25–32.

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P o l i t i q u e

a g r i c o l e

Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017 Thomas Meier, Office fédéral de l’agriculture OFAG, 3003 Berne, Suisse Renseignements: Thomas Meier, e-mail: thomas.meier@blw.admin.ch, tél. : +41 31 322 25 99

La politique agricole 2014–2017 prévoit une nouvelle contribution pour les surfaces en forte pente et des contributions plus élevées pour les surfaces en pente afin de favoriser le maintien d’un paysage ouvert. (Photo: OFAG)

Introduction La politique agricole 2014 – 2017 (PA 14 – 17) reprend une grande partie des mesures de politique agricole déjà en vigueur. Les principales modifications concernent le système des paiements directs, dont l’efficacité et l’efficience sont améliorées. Dans le système développé des paiements directs, les mesures sans objectif spécifique seront remplacées par des instruments ciblés. Les contributions pour la garde d’animaux de rente consommant des fourrages grossiers et pour la garde d’animaux dans des conditions de production difficiles seront intégrées aux contributions à la sécurité de l’approvisionnement liées à la surface. La contribution générale à la surface sera supprimée; les moyens financiers ainsi libérés seront utilisés pour développer des instruments de paiements directs dans les domaines

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présentant des lacunes quant à la réalisation des objectifs et pour alimenter les contributions de transition. Ces dernières garantissent le passage au nouveau système dans des conditions socialement acceptables. Le montant des contributions de transition sera réduit chaque année en proportion de l’augmentation des moyens financiers nécessaires pour les instruments orientés sur les objectifs. Dans le contexte de la stratégie qualité, la portée des instruments de promotion de la qualité et des ventes est élargie de manière ciblée. Grâce à l’extension de l’art. 11 de la loi sur l’agriculture (LAgr), le Conseil fédéral peut soutenir à titre subsidiaire des mesures du secteur agroalimentaire afin d’améliorer et de garantir la qualité, la durabilité et la création de valeur ajoutée dans les domaines de la production, de la transformation ou de la commercialisation; cela per-


mettra également de renforcer la collaboration le long des chaînes de valeur ajoutée et d’encourager l’innovation dans ces domaines. En vertu de l’art. 14 LAgr, le Conseil fédéral est désormais habilité à protéger, dans le cadre du droit public, la désignation de produits élaborés de manière particulièrement durable. La transposition de cette disposition doit être concrétisée dans le cadre d’un processus impliquant les parties prenantes; elle sera définie à l’échelon réglementaire dans un second temps. La révision de la LAgr comprend la modification de neuf autres lois fédérales. Les adaptations de la loi sur le Tribunal fédéral, de la loi fédérale sur le droit foncier rural, de la loi fédérale sur le bail à ferme agricole, de la loi sur l’aménagement du territoire et de la loi sur le génie génétique n’exigent aucune modification d’ordonnance, car ces dispositions sont directement applicables. Les modifications de la loi sur le tarif des douanes, de la loi sur la protection des eaux et de la loi sur les épizooties sont mises en œuvre dans le cadre du présent train d’ordonnances.

Résultats et discussion Innovations dans le système des paiements directs La nouvelle ordonnance sur les paiements directs (OPD) s’est étoffée puisqu’elle intègre désormais l’ordonnance sur les contributions d’estivage, l’ordonnance sur la qualité écologique et l’ordonnance sur les éthoprogrammes. L’objet de l’OPD comprend désormais tous les types de paiements directs. L’ordonnance définit les conditions et plafonnements généraux et spécifiques aux mesures, le montant des contributions ainsi que la procédure. Les dispositions relatives aux contrôles et aux réductions en font également partie. Elle comprend les nouvelles réglementations suivantes: Conditions L’échelonnement des contributions en fonction du nombre d’animaux a été supprimé. Par contre, l’échelonnement selon la surface est conservé pour la contribution de base dans le cadre des contributions à la sécurité de l’approvisionnement. Le plafonnement des paiements directs selon le revenu et la fortune ne s’applique qu’à la contribution de transition. Prestations écologiques requises (PER) L’exploitation réglementaire des objets inscrits dans les inventaires fédéraux d’importance nationale est désormais intégrée aux PER. Des adaptations ont été apportées dans les domaines de la protection du sol et de la protection phytosanitaire ainsi que du bilan de fumure.

Résumé

Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017 | Politique agricole

Après une prise de position claire du Parlement en faveur de la révision de la loi sur l’agriculture, dite politique agricole 2014– 2017, et le non-aboutissement du référendum, le Conseil fédéral a adopté les dispositions d’exécution. Les actes modifiés entreront en vigueur le 1er janvier 2014. Le présent article donne un aperçu de l’élément central de la révision, soit la réglementation relative aux nouveaux instruments de paiement direct, et met en lumière la corrélation entre les modifications d’ordonnances et les adaptations de la loi. De nombreuses nouvelles dispositions légales sont directement applicables sans que des modifications soient nécessaires à l’échelon des ordonnances (échelon réglementaire).

Les PER seront aussi intégralement requises pour l’agriculture biologique, mais les exigences émanant de l’organisation professionnelle nationale resteront cependant déterminantes pour ce qui concerne les règles d’assolement et la protection du sol. Surfaces donnant droit aux contributions et effectifs déterminants d’animaux Les surfaces donnant droit aux paiements directs sont les surfaces agricoles utiles (SAU). Il ne sera plus versé de paiements directs pour les surfaces nouvellement classées en zone à bâtir. En raison du changement de système, la période pour le calcul des effectifs de bétail déterminants se référera dorénavant à l’année civile précédente. Pour le calcul des paiements directs, il est renoncé à une distinction entre animaux de compagnie et animaux de rente en ce qui concerne les équidés. Les conditions et les exigences actuelles concernant l’estivage sont en règle générale maintenues. Elles s’appliqueront désormais aussi aux contributions à la biodiversité et à la qualité du paysage, qui pourront être accordées dans les régions d’estivage à partir de 2014. Contributions au paysage cultivé Les contributions au paysage cultivé regroupent les contributions pour le maintien d’un paysage ouvert, pour les surfaces en pente, pour la mise à l’alpage et la contribution d’estivage. Une partie de l’actuelle contribution générale à la surface est versée au titre de la contribution au maintien d’un paysage ouvert. L’objectif est de freiner, voire d’empêcher l’embroussaillement ou la progression de la forêt. Cette contribution n’est pas versée dans la zone de plaine puisque le maintien d’un 

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Politique agricole | Dispositions d’exécution de la politique agricole 2014–2017

Figure 1 | Les nouvelles contributions à la qualité du paysage ­p ermettent d’encourager les prestations destinées à préserver et à ­d évelopper la diversité et la qualité des paysages cultivés. (Photo: OFAG)

paysage ouvert y est assuré sans contributions. Les actuelles contributions pour terrains en pente et la contribution d’estivage sont intégrées aux contributions au paysage cultivé. Une contribution supplémentaire pour surfaces en forte pente sera allouée aux exploitations dont plus de 30 % des terrains présentent une déclivité supérieure à 35  %. Cette contribution augmente linéairement en fonction de la part de terrains en pente: la contribution de 100 francs par hectare pour une part de terrains en forte pente égale à 30 % peut atteindre jusqu’à 1000 francs par hectare pour une part de 100 % de terrains en forte pente. A partir de 2017, des contributions pour surfaces en pente seront aussi accordées dans la région de plaine et pour un nouveau troisième degré de déclivité (plus de 50 %). Afin de garantir une charge en bétail appropriée dans les régions d’estivage, une contribution de mise à l’alpage sera désormais versée aux exploitations à l’année qui estivent leurs animaux dans le pays. Elle remplace l’actuel supplément d’estivage, qui disparaît avec la suppression des contributions pour la garde d'animaux consommant des fourrages grossiers (contributions UGBFG) et de celles pour la garde d'animaux dans des conditions difficiles (contributions GACD). Son montant sera identique dans toutes les zones. Autre nouveauté pour la contribution d’estivage: les moutons estivés sur des pâturages tournants avec des mesures de protection des troupeaux bénéficieront de la même contribution que les moutons surveillés en permanence par un berger. Les contributions spéciales pour l’estivage de courte durée des vaches laitières sont maintenues jusqu’à la fin 2017. Contributions à la sécurité de l’approvisionnement Les contributions à la sécurité de l’approvisionnement regroupent la contribution de base, la contribution pour

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la production dans des conditions difficiles et la contribution pour terres ouvertes et cultures pérennes. L’actuelle contribution UGBFG et la contribution supplémentaire pour les terres ouvertes et les cultures pérennes sont réallouées sous la forme d’une contribution de base uniforme. Grâce à celle-ci, le soutien peu important accordé aux grandes cultures et aux cultures pérennes sera relevé au même niveau que celui dont bénéficient les surfaces herbagères. Les conditions de production difficiles dans la région de montagne et la région de collines, que la contribution GACD permet aujourd’hui de prendre en compte pour la garde d’animaux, seront compensées dès 2014 par la contribution à la production dans des conditions difficiles. Pour les surfaces herbagères permanentes, il est procédé à un échelonnement selon l’intensité de la production. Selon ce système, les surfaces de promotion de la biodiversité (SPB) donnent droit à la moitié de la contribution de base. Pour que des contributions pour les surfaces herbagères permanentes puissent être versées, un effectif minimum de bétail doit être atteint. Dans une exploitation, seules les surfaces herbagères qui présentent la charge minimale en bétail requise sont prises en compte dans les contributions à la sécurité de l’approvisionnement. Contributions à la biodiversité Les contributions à la biodiversité regroupent la contribution pour la qualité et la contribution pour la mise en réseau. Elles correspondent en grande partie aux contributions versées jusqu’ici pour la compensation écologique, la qualité biologique et la mise en réseau. Des contributions pour la qualité, dont le financement est désormais entièrement assuré par la Confédération, sont allouées pour trois niveaux de qualité. Le niveau I correspond à l’actuel niveau OPD et le niveau II à l’actuel niveau de l’ordonnance sur la qualité écologique. Le niveau III permettra de promouvoir, à partir de 2016, des objets inscrits dans des inventaires d’importance nationale (p. ex. les bas-marais, les sites de reproduction de batraciens, les pâturages et prairies secs). La zone riveraine d’un cours d’eau ainsi que les surfaces à litière et les surfaces herbagères riches en espèces de la région d’estivage s’ajoutent aux éléments écologiques qui bénéficient actuellement déjà d’un soutien. Pour la mise en réseau, la Confédération prendra désormais à sa charge 90 % des contributions. Il est prévu d’exploiter les synergies existantes avec les projets de promotion de la qualité du paysage, notamment pour ce qui est de la procédure, afin de réduire les tâches administratives des agriculteurs et des services chargés de l’exécution.


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Tableau 1 | Besoins financiers estimés pour les instruments de paiement direct en 2014 (en millions de francs) Contributions à la sécurité de l’approvisionnement

1111

Contributions au paysage cultivé

501

Contributions à la biodiversité

307

Contributions à la qualité du paysage

35

Contributions au système de production

390

Contributions à l’efficience des ressources

48

Contribution de transition

417

Total

2809

Contribution à la qualité du paysage Les nouvelles contributions à la qualité du paysage permettent d’encourager les prestations destinées à préserver et à développer la diversité et la qualité des paysages cultivés (fig. 1). Les mesures sont définies dans le cadre de projets sur la base d’objectifs régionaux. Ces contributions seront versées selon une clé de répartition spécifique au projet et sur la base d’accords contractuels. Jusqu’à la fin 2017, les moyens de la Confédération destinés aux contributions à la qualité du paysage seront plafonnés et répartis entre les cantons en fonction de la SAU et des pâquiers normaux (PN) dans la région d’estivage. Il n’y a pas de limitation du nombre de projets par canton. Contributions au système de production Les actuelles contributions bio et extenso ainsi que les contributions au bien-être des animaux (SST et SRPA) seront maintenues dans le cadre des contributions au système de production. La contribution extenso sera dorénavant aussi accordée pour les pois protéagineux, les féveroles et les tournesols. Une nouvelle contribution sera octroyée pour la production de lait et de viande basée sur les herbages. La part minimale de fourrage provenant des pâturages et des prairies dans la ration alimentaire s’élève à 85 % dans la région de montagne et à 75 % dans la région de plaine. Les contributions SRPA sont légèrement augmentées. Contributions à l’efficience des ressources Il est prévu de soutenir temporairement (jusqu’en 2019) des mesures à l’échelle nationale dans le but d’encourager l’exploitation durable des ressources naturelles et d’optimiser l’efficience de l’utilisation des moyens de production. Les procédés d’épandage des engrais de ferme réduisant les émissions, les modes d’exploitation préservant le sol ainsi que l’utilisation de techniques d’application précise dans le domaine des produits phytosanitaires se sont avérés efficaces.

Contribution de transition La contribution de transition réduira l’écart financier entre les paiements directs généraux actuels et les paiements directs liés aux prestations d’une exploitation. Elle diminuera de manière continue en fonction de l’augmentation de la participation aux programmes facultatifs. Une valeur de base est calculée pour chaque exploitation. A la fin de l’année, on détermine quels moyens financiers restent encore à disposition pour la contribution de transition et quel taux ou coefficient de la valeur de base est réalloué aux exploitations. Dispositions finales Comme le recensement obligatoire dans un système d’information géographique des surfaces et de leur affectation n’entrera en vigueur qu’en 2017, le troisième degré de déclivité de plus de 50 % et les contributions pour des surfaces en pente dans la région de plaine seront également introduits cette année-là. Les contributions du niveau de qualité III pour les surfaces inscrites dans les inventaires d’importance nationale entreront en vigueur en 2016. Pour 2014, les PER doivent encore se conformer aux dispositions de l’OPD du 7 décembre 1998 (état au 1er janvier 2013). Répartition financière Conformément au budget 2014 proposé par le Conseil fédéral, une enveloppe financière de 2 809 millions de francs est réservée aux paiements directs (tabl. 1). Une partie des contributions du paysage cultivé ne seront pas versées avant 2017. Pour la promotion de la biodiversité, le besoin passera de 306 à quelque 350 millions de francs en 2017 compte tenu de la participation accrue aux mesures. Les moyens financiers nécessaires pour la contribution à la qualité du paysage s’avèrent quelque peu supérieurs à ceux prévus à l’origine, en raison du grand intérêt manifesté par les cantons pour ce programme. Ils augmentent ainsi de 35 à 110 millions d’ici 2017. Entre 2014 et 2017, il faut aussi s’attendre à une progression des contributions au système de production (de 390 à 417 millions de francs) et des contributions à l’efficience des ressources naturelles (de 48 à 74 millions de francs). Au vu de la situation actuelle, le coefficient de calcul de la contribution de transition devrait s’élever à 0,60 en 2014 et à 0,32 en 2017. Principales modifications dans les autres dispositions d’exécution Au total, 21 ordonnances du Conseil fédéral sont modifiées au 1er janvier 2014. Le tableau ci-dessous présente  les principales modifications.

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Tableau 2 | Principales modifications des autres ordonnances et bases légales Ordonnance N° RS Ordonnance sur le droit foncier rural (ODFR) 211.412.110

Ordonnance sur les contributions à des cultures particulières (jusqu’à présent: Ordonnance sur les contributions à la culture des champs) 910.17

• aucune

• nouvel art. 54; • abrogation des art. 55, 56 et 59.

Ordonnance sur la terminologie agricole (OTerm) 910.91

• L imitation des mesures en faveur des activités proches de l’agriculture aux aides à l’investissement, à la recherche et la vulgarisation (art. 3, al. 1bis)

Ordonnance sur les améliorations structurelles (OAS) 913.1

• art. 89, al. 1, let. d et 93, al. 1, let. e: Adaptations des aides à l’investissement en vue d’abaisser les coûts de production et d’améliorer à long terme la compétitivité des exploitations soutenues • art. 89a, 97, al. 1 et 7, 108, al. 1bis et 2 et 166, al. 2, LAgr, abrogation art. 87, al. 2 • art. 106, al. 1, let. d et al. 2, let. e • art. 107a, al. 1

Ordonnance sur les ­mesures d’accompagnement social dans l’agriculture (OMAS) 914.11

• P rorogation jusqu’à fin 2019 de l’octroi d’aides à la reconversion professionnelle (art. 86a, al. 3).

Ordonnance sur les importations agricoles (OIAgr) 916.01

• L ’OFAG est habilité à adapter certains droits de douane (loi sur le tarif des douanes art. 10, al. 3).

Ordonnance sur la promotion des ventes de produits agricoles (OPVA) 916.010

• Compte tenu de l’ouverture continuelle des marchés, la Confédération peut prendre des mesures pour soutenir l’orientation de l’agriculture et de la filière alimentaire vers une stratégie de qualité commune (art. 2, al. 3, 10, 11, 12, al. 1-3, 14, al. 4).

Ordonnance sur la promotion de la qualité et de la durabilité dans le secteur agroalimentaire (OQuaDu) Ordonnance sur les fruits (jusqu’à présent: Ordonnance sur les fruits et légumes) 916.131.11

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Bases légales modifiées (sauf indication contraire, article de la LAgr)

• L a Confédération est habilitée à protéger, dans le cadre du droit public, la désignation de produits élaborés selon des critères particuliers du développement durable (art. 14, al. 1, let. f). Art. 58 • al. 1: nouveau aussi pour les petits fruits; • a l. 2: contributions de reconversion limitées à 2017 pour la production de fruits et de légumes.

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Principales modifications • Prise en compte du travail effectif requis pour le stockage et la vente de produits ­issus de la propre production agricole dans le calcul des unités de main d'œuvre standard (UMOS). • Suppléments et facteurs UMOS supplémentaires pour des cultures spéciales et des branches de production spécifiques. • Contributions à des cultures particulières, en vue d’un approvisionnement approprié en aliments fourragers pour les animaux de rente. • L’attractivité de la production de céréales fourragères est améliorée à l’aide de la contribution à la sécurité de l’approvisionnement grâce à un soutien renforcé des grandes cultures par rapport à l’exploitation des herbages. • Par contre, la contribution pour la culture de betteraves sucrières peut être réduite de CHF 1900.–/ha à CHF 1400.–/ha et la contribution pour les oléagineux (soja exclu) et les semences de CHF 1000.–/ha à CHF 700.–/ha, compte tenu de leur rentabilité. • Pour promouvoir la production de protéines végétales, la contribution pour les légumineuses à graines (soja incl.) demeure inchangée (CHF 1000.–/ha). • Suppression des contributions pour les plantes à fibres et pour l’utilisation à des fins techniques dans le cadre d’installations pilotes et d’installations de démonstration. • Définition de la production agricole et des activités proches de l‘agriculture. • L a taille minimale pour la reconnaissance formelle d’une exploitation est fixée à 0,25 UMOS. • Exclusion de la SAU des surfaces comportant des installations photovoltaïques. • Augmentation du coefficient UGB à 1,0 pour les «autres vaches», comme pour les vaches laitières. • Définition de la production agricole et des activités proches de l‘agriculture. • L a taille minimale pour la reconnaissance formelle d’une exploitation est fixée à 0,25 UMOS. • Exclusion de la SAU des surfaces comportant des installations photovoltaïques. • Augmentation du coefficient UGB à 1,0 pour les «autres vaches», comme pour les vaches laitières. • Garantie de la neutralité concurrentielle grâce à une procédure d’audition dans le cas de projets importants, à la publication obligatoire des projets dans la feuille officielle cantonale et à la possibilité offerte aux entreprises artisanales de faire opposition. • Elargissement des crédits d’investissement aux mesures destinées à améliorer la production et l’adaptation au marché des cultures spéciales, ainsi que pour le renouvellement des plantes pérennes. • Crédits d’investissement pour les bâtiments et installations de petites entreprises artisanales également dans la région de plaine. • Base légale pour que les moyens financiers mis à disposition par la Confédération dans le fonds de roulement puissent être redistribués aux cantons ayant moins de ­liquidités. • Harmonisation avec l’ordonnance sur les améliorations structurelles. • Compétence de l’OFAG de fixer les droits de douane pour le sucre et les céréales ­panifiables. • Réduction de CHF 3.– par 100 kg du prix de référence pour le calcul des droits de douane pour les céréales panifiables. • Base légale pour l’encouragement des initiatives d’exportation. • Les projets régionaux de promotion des ventes ne doivent plus être cofinancés; les sous-projets réalisés dans le cadre de projets organisés à l'échelle nationale ou ­suprarégionale peuvent cependant toujours être encouragés. • S outien des mesures dans le domaine de la conception des emballages (layout/­design), lorsqu’elles assurent l'identification de la provenance suisse au point de vente. • Les exigences concernant l’identité visuelle commune (Suisse.Naturellement) sont maintenant également appliquées à des projets suprarégionaux et à des projets non liés à un produit (p. ex. communication pour les prestations d'intérêt public). • S outien temporaire de programmes de qualité et de durabilité générateurs de valeur ajoutée. • Promotion temporaire de projets innovateurs dont l’objectif est de créer de la valeur ajoutée.

• Introduction de contributions à la fabrication de produits issus de petits fruits. • L’introduction de mesures selon l’art. 58, al. 2, fera l’objet d’un examen en 2014, en collaboration avec la branche.


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Tableau 2 | suite Ordonnance N° RS

Bases légales modifiées (sauf indication contraire, article de la LAgr)

Principales modifications

Ordonnance sur le bétail de boucherie (OBB) 916.341

• art. 48, al. 2bis

• Allocation dès 2015 de 40 % des parts de contingent tarifaire pour la viande d’animaux des espèces bovine, ovine, caprine et chevaline, d’après le nombre d’animaux abattus. • Suppression des contributions pour les marchés publics de veaux.

Riassunto

Ordonnance concernant l’allocation de contributions pour payer les frais d’élimination des sousproduits animaux 916.407

• Le Conseil fédéral peut désormais exclure de ces suppléments le fromage à faible teneur en matière grasse (art. 38, al. 2 et 39, al. 2).

Loi sur les épizooties • art. 45a • abrogation de l’art. 62

• Le lait transformé en fromage dont la teneur en matière grasse est inférieure à 150 g par kg de matière sèche ne donne plus droit au supplément pour le lait transformé en fromage ni au supplément de non-ensilage. Cette disposition ne s’applique pas au Glarner Schabziger (produit traditionnel et important pour l’économie régionale), au Werdenberger Sauerkäse, au Liechtensteiner Sauerkäse et au Bloderkäse (inscrits au registre des appellations d’origine et des indications géographiques). • Le supplément de non-ensilage est également octroyé pour le lait de brebis et de chèvres nourries sans ensilage et transformé en fromages à pâte extra-dure, dure, mi-dure ou à pâte molle qui sont inscrits comme appellation d’origine contrôlée. • Les suppléments ne seront plus octroyés que pour la transformation du lait entier, du lait maigre et du lait standardisé; les crèmes utilisées pour la production de mascarpone ne donnent plus droit à des suppléments. • Extension dès 2014 des contributions à l’élimination des chevaux et à la volaille. • Les contributions à l’élimination des sous-produits animaux prévues en cas de situation extraordinaire ne seront plus versées uniquement en relation avec l’ESB, mais également dans le cadre d’autres épizooties.

Disposizioni d’esecuzione sulla Politica agricola 2014–2017 Alla luce della chiara posizione del Parlamento a favore della revisione della legge sull’agricoltura, la cosiddetta Politica agricola 2014–2017 e del fallimento del referendum, il Consiglio federale ha varato le rispettive disposizioni d’esecuzione. Le modifiche degli atti normativi entreranno in vigore il 1° gennaio 2014. L’articolo illustra l’elemento cardine, vale a dire il disciplinamento dei nuovi strumenti dei pagamenti diretti, nonché le interazioni tra le modifiche d’ordinanza e gli adeguamenti della legge. Numerose nuove disposizioni contenute nella legge sono direttamente applicabili senza dover essere disciplinate a livello d’ordinanza.

Summary

Ordonnance sur le soutien du prix du lait (OSL) 916.350.2

• Fixation du supplément pour le lait transformé en fromage à 15 ct./kg et du supplément pour le lait produit sans ensilage à 3 ct./kg (art. 38, al. 3 et 39, al. 3);

New regulation on the Swiss agricultural policy for 2014–2017 Since the Swiss parliament voted overwhelmingly in favour of the revised Federal Act on Agriculture, the so-called Agriculture Policy for 2014–2017, and too few signatures in favour of a referendum against the policy were collected, the Federal Council has now drawn up provisions for implementation. The modified decrees will come into force on 1st January 2014. This article outlines the key points, the regulations concerning the new tools for direct payments, and demonstrates how the changes to the regulation relate to the modifications of the law. In addition, many provisions in the revised Act can be applied without the need for implementing regulations. Key words: agricultural policy 2014–2017, legislation, direct payments, market subsidies, reform of agricultural policy.

Bibliographie ▪▪ 12.021, 2012. Message concernant l’évolution future de la politique ­a gricole dans les années 2014 – 2017 (Politique agricole 2014-2017) du 1er février 2012. ▪▪ Mo 06.3635 Evolution future du système de paiements directs.

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E c l a i r a g e

PA 14-17: le web participatif au service de la ­vulgarisation Kim Anh Joly et Sylvie Aubert Agridea, 1006 Lausanne Renseignements: Kim Anh Joly, e-mail: kimanh.joly@agridea.ch, tél. +41 21 619 44 57

Au lendemain de la mise en consultation des ordonnances d’application de la PA 14–17, AGRIDEA a mis en ligne la plateforme www.focus-ap-pa.ch.

L’entrée en vigueur prochaine de la Politique agricole 2014 – 2017 (PA 14 – 17) se fera dans l’effervescence. Les exploitantes et exploitants agricoles seront amenés à révéler leurs compétences entrepreneuriales pour augmenter la compétitivité de leurs exploitations. Au premier plan figurent un placement stratégique de leurs produits sur les marchés et une gestion intelligente des ressources de l’exploitation. En ce début d’automne, les familles paysannes ainsi que leurs conseillères et conseillers ne connaissent pas encore les détails de fonctionnement du nouveau système des paiements directs. Et pourtant, c’est bien ensemble qu’ils vont faire face aux enjeux de cette réforme. Pour les aider à relever un tel défi, complexe et exigeant, AGRIDEA a lancé la plateforme internet «Focus AP-PA.ch». Cette histoire commence en novembre 2006, lorsqu’à la suite des débats parlementaires sur la Politique agricole 2011, le Conseil fédéral reçoit le mandat d’évaluer le système des paiements directs en vue d’une prochaine réforme. En mars 2011, le projet de la future législation agricole pour la période 2014 – 2017 est mis en consultation par le Conseil fédéral. Dès lors, la machine législative est lancée: allers et retours entre Conseil fédéral,

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Chambres fédérales, acteurs importants de la politique agricole, consultations et possibilités de référendum. Dans un climat d’incertitude qui durera plus de 30 mois, les familles paysannes mettent en œuvre leur stratégie et essaient de planifier l’avenir, malgré de nombreuses inconnues. Pour répondre au mieux aux préoccupations des acteurs du système de connaissance et d’innovation agricole et leur permettre d’être au cœur de l’actualité, la plateforme Focus AP-PA.ch (www.focus-ap-pa.ch) est déployée le 19 avril, au lendemain de la mise en consultation des ordonnances d’application de la PA 14 – 17. Cette plateforme vit au rythme des nouveautés et des informations dévoilées par l’Office fédéral de l’agriculture. Qu’est-ce que la plateforme Focus AP-PA.ch? La plateforme «Focus AP-PA.ch» est un outil web participatif qui fournit aux actrices et acteurs de l’agriculture et de l’espace rural des informations de première main, documentation et outils sur les nouveautés pour faciliter la mise en œuvre de la PA 14 – 17. Pour être proche de ses destinataires, elle est accessible dans trois langues nationales l’allemand, le français et en partie en italien.


PA 14-17: le web participatif au service de la ­v ulgarisation | Eclairage

Figure 1 | Task force (de gauche à droite): Esther Thalmann, Bruno Arnold, Sylvie Aubert, Kim Anh Joly.

Focus AP-PA.ch, c’est: ••une plateforme d’information développée par AGRIDEA qui avec l’appui de ses partenaires – l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) et le Forum La Vulg Suisse (FVS) – rassemble et met à disposition des informations pertinentes et actuelles concernant la PA 14 – 17. ••un fonds documentaire contributif qui facilite l’échange et le partage de documents et outils pratiques en vue de la mise en œuvre des nouvelles mesures. ••un lieu d’échange et de partage de savoirs. L’ensemble des partenaires du système de connaissance agricole – administration, recherche, vulgarisation et formation dont les cantons - travaille en étroite collaboration pour alimenter cette plateforme de leurs questionnements, expériences et connaissances. La plateforme favorise l’échange de l’information au sein du réseau. Deux produits phares de Focus AP-PA.ch Outil de calcul des contributions de la PA 14 – 17 AGRIDEA met à disposition un outil de calcul des contributions PA 14  –  17 pour une exploitation agricole (Tableur Excel), basé sur le nouveau système des paiements directs qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain. Cet outil est conçu pour encourager les familles paysannes à réfléchir à la stratégie future de leur entre-

prise. Il est proposé avec la recommandation de faire cette évaluation et les réflexions qui en résultent avec l’appui de la vulgarisation agricole. Jusqu’alors, ce calculateur était diffusé dans un réseau suivant une liste fermée. Le téléchargement libre et gratuit sur Internet de cet outil permet une diffusion à plus large échelle. Cette accessibilité facilitée permet aux vulgarisatrices et vulgarisateurs ainsi qu’aux agricultrices et agriculteurs qui le souhaitent de calculer le montant prévisionnel des paiements directs d’une exploitation agricole donnée sur la base des chiffres officiels publiés les plus récents. Une troisième version de cet outil intégrant les montants détaillés définitifs a été déployée après la publication officielle du train d’ordonnances relatif à la PA 14 – 17. Depuis sa mise à disposition, plusieurs services de vulgarisation agricole orientent leurs clients vers ce produit et les ont poussés à évaluer la future situation des paiements directs sur leur exploitation. S’ensuit un appui sous la forme de conseil individuel ou, à l’exemple de la campagne AP14 Check du Canton de Berne, la possibilité de participer à un groupe d’intérêt (http://www. inforama.vol.be.ch/inforama_vol/de/index/beratung/ beratung/agrarpolitik_2014 – 2017/ap14-check.html). Il s’agit dans les deux cas pour les familles paysannes de réfléchir à l’évolution de leur entreprise, de valider ou fixer de nouvelles lignes directrices intégrant ce nouveau contexte. Outils pour réaliser un bilan des fourrages La production de lait et de viande basée sur les herbages (PLVH) était le grand sujet à controverse au printemps, au moment de la mise en consultation du paquet des ordonnances d’application de la PA 14 – 17. Des documents explicatifs (Factsheet) et un calculateur (tableur Excel) permettant de réaliser un bilan des fourrages de l’exploitation ont été mis disposition par AGRIDEA en collaboration avec l’OFAG sur la plateforme Focus AP-PA.ch. Ces outils facilitent la compréhension de la nouvelle contribution proposée et apportent surtout des précisions sur les conditions d’obtention. Une discussion ouverte a ainsi pu avoir lieu entre milieux paysans et administration fédérale sur les difficultés de mise en œuvre de cette nouvelle mesure, éléments qui ont pu être intégrés dans les prises de position. Premiers enseignements Surnommée «task force», une équipe de quatre personnes à AGRIDEA (fig. 1) est chargée d’animer cette plateforme, Cette équipe a coordonné le déploiement de Focus AP-PA.ch au printemps passé. Aujourd’hui, elle gère certes l’entretien et la maintenance technique, 

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Eclairage | PA 14-17: le web participatif au service de la ­v ulgarisation

mais surtout la diffusion des contenus et les développements à venir. L’accomplissement de l’ensemble de ces tâches illustre une collaboration réussie rendue possible par le bon climat de coopération entre l’ensemble des partenaires investis dans ce projet. Le Forum La Vulg Suisse soutient fortement la démarche de Focus AP-PA.ch car elle permet de: ••rassembler les forces et avoir une démarche et des outils uniformes pour toute la Suisse; cette synergie équivaut à une économie de force et de moyens dans les services cantonaux de vulgarisation, ce qui augmente le champ d’action auprès des agriculteurs; ••mettre à jour en continu des informations et des outils permettant ainsi de coller au plus près à la réalité. Tout un chacun trouve la même information au même endroit et au même moment, ce qui met tout le monde sur un pied d’égalité. Malheureusement, la possibilité d’échanger sur ce qui se passe dans la pratique et en particulier l’utilisation de Focus AP-PA.ch par les partenaires pour échanger et communiquer sur leurs actions n’est que peu voire pas utilisée. Foire aux questions à venir sur Focus AP-PA.ch La plateforme Focus AP-PA.ch offre un espace pour les connaissances, «Le savoir? Le voilà, partout sur la toile, disponible, objectivé. (…) Objectivé, certes, mais, de plus, distribué» comme le déclare le philosophe Michel Serres. AGRIDEA souhaite faire un pas de plus pour mieux répondre aux attentes de ses partenaires qui seront chargés d’accompagner le changement au sein des exploitations agricoles suisses. La traduction des nouvelles conditions-cadres en une mise en œuvre concrète et opérationnelle représente un enjeu important pour ces prochains mois. Objectif: ne pas rater le train de la nouvelle politique agricole! La plateforme est donc en train de se doter d’une foire aux questions ou FAQ. Cet outil permettra aux personnes intéressées de poser leurs questions de manière à obtenir une réponse objective et valide. Participation et coopération des actrices et acteurs de la PA 14 – 17 seront au cœur de la réussite d’une telle initiative.

Conclusions Appréhender une réforme de politique agricole aussi importante que celle de la PA 14 – 17 signifie un pas vers l’inconnu et demande une remise en question stratégique pas évidente. Il s’agit de s’approprier le changement à tous les niveaux, aussi bien celui de la famille paysanne, que du conseil et de la formation agricole, de

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La politique agricole 2014–2017 dans les ­m édias sociaux Vous avez certainement vu ce logo sur les pages de l’OFAG concernant la politique agricole 2014-2017. L’OFAG teste un nouveau canal d’information pour les actualités de la politique agricole et a ainsi activé en avril 2013 un compte sur le réseau Twitter. A ce jour, le compte accuse 34 messages et 120 suiveurs. Les premières expériences montrent que ce sont avant tout des journalistes, des agences agricoles et des leaders d’opinion dans le domaine qui sont actifs sur ce réseau social. Un premier bilan sera tiré début 2014, avec l’entrée en vigueur des ordonnances. Anne Rizzoli, Office fédéral de l’agriculture

la défense professionnelle, ou encore de l’administration. Le web participatif, tel qu’offert sur Focus AP-PA.ch, offre la possibilité de parler le même langage au même moment, de disposer rapidement des mêmes informations actuelles et d’échanger lorsque l’on en ressent le besoin. Cette nouvelle manière de communiquer ouvre de multiples possibilités de se renseigner et d’obtenir des outils pour comprendre les effets sur sa situation. Mais ce flot de savoir demande à être accompagné pour éviter le risque de provoquer une réaction de rejet, de replis face une information non maîtrisée, contraire aux objectifs des partenaires de Focus AP-PA.ch. Cette action a donc un fort potentiel de succès, si elle est concertée avec un appui professionnel des personnes compétentes, adapté aux potentiels ouverts par le web participatif. n


P o r t r a i t

Corinne Jud: «Je travaille pour la bonne cause» «Avec mon travail dans la recherche agronomique, j’apporte ma pierre à l’édifice de l’alimentation moderne. Je travaille pour la bonne cause. C’est motivant!» Depuis juin 2013, Corinne Jud dirige à Posieux (FR) la division d’analytique du futur Institut des sciences en production animale d’Agroscope. Recherche, organisation, gestion – «Mon travail est très varié. Le mélange est parfait!» Ce n’est pas un hasard si Corinne Jud (née en 1979) est devenue chercheuse. «Enfant déjà, je questionnais sans cesse mes parents pour comprendre la vie», explique-telle. Pour qu’elle puisse assouvir sa soif de connaissances, ses parents lui ont offert une sacoche militaire en cuir afin d’y mettre ses livres d’exploratrice et un sifflet avec lequel appeler à l’aide si nécessaire. Après sa maturité obtenue au gymnase de Wattwil (SG), Corinne Jud a travaillé une année à Genève chez Ares-Serono SA comme opératrice de saisie pour des essais cliniques. Cette expérience a définitivement scellé son destin de chercheuse: elle étudierait la biochimie! Et à l’Université de Fribourg, qui proposait un cursus bilingue. Après son travail de diplôme, en 2003, sur les rythmes circadiens, elle a enchaîné en 2009 avec son travail de thèse sur le thème de «L’influence de la lumière sur l’horloge interne des souris et des hommes», récompensé en 2009 par l’un des prix d’excellence de Chorafas* remis à l’échelle internationale. 2e chapitre de sa vie professionnelle: l’Institut de nanotechnologie Adolphe Merkle, Université de Fribourg. De février 2010 à fin juin 2011, elle a dirigé le laboratoire des protéines de la Chaire de physique de la matière molle, avec comme activité principale l’optimisation de la purification des protéines des cristallins de veaux. Ses travaux de recherche consistaient à étudier les interactions des protéines du cristallin pour mieux comprendre les causes physiques et moléculaires de la cataracte. Puis, dès juillet 2011, Corinne Jud a travaillé à la Chaire des bionanomatériaux où elle était responsable de la mise en place, et plus tard de la direction, du laboratoire cellulaire. Parallèlement, elle a dirigé – en qualité de future utilisatrice – la transformation de la Clinique Garcia en institut de nanotechnologie. En jan-

*Depuis 1996, les prix de la Fondation Dimitri N. Chorafas sont attribués à des lauréat-e-s des universités partenaires d’Europe, d’Amérique du Nord, du MoyenOrient et d’Asie. Chaque année, 20 à 30 prix sont décernés aux doctorants élus par leur université pour l’excellence de leur travail de thèse dans des domaines divers.

vier 2013, elle a été promue maître-assistante tout en continuant à contribuer à la mise au point d’un modèle de la zone alvéolaire des poumons par culture cellulaire pour tester l’influence des nanoparticules sur cette zone, la plus profonde des poumons. Corinne Jud est mariée et habite à Marly. Tomates jaunes, carottes violettes et pommes de terre bleues colorent ses loisirs: avec son mari, elle se consacre à la culture de légumes peu ordinaires. Parmi ses autres hobbies: les promenades, l’égyptologie, le sport – «Malheureusement, je n’ai pas assez de temps pour le sport!» – sans oublier ses trois chats. Chez Agroscope à Posieux, elle s’est parfaitement bien adaptée. Au cours des mois à venir, elle va participer à la mise en place du nouvel Institut des sciences en production animale afin qu’il se profile en tant qu’institut. «Le potentiel est là», elle en est convaincue. L’un de ses objectifs: obtenir de bons résultats avec son équipe, tout en veillant à ce que ses collaboratrices et collaborateurs soient certes stimulés, mais pas engloutis par le travail. Si elle pouvait faire un vœu dans le domaine de la recherche? – «Une pression raisonnable quant à la publication d’articles. C’est la qualité qui prime et non la quantité.» Christine Caron-Wickli, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras

Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 501 2013

501


A c t u a l i t é s

Actualités Surfaces* de plants de pommes de terre visitées et admises en Suisse 2013 Henri Gilliand et Brice Dupuis, Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Theodor Ballmer, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich

Variété

Surface inscrite (ha)

Surface refusée ou retirée (%)

Répartition des surfaces par variété (%)

Lady Christl

32,2

0,1

32,1

2,2

Agata

44,5

0,0

44,5

3,0

Annabelle

46,3

5,5

43,8

2,9

Amandine

46,1

0,0

46,1

3,1

Celtiane

12,5

0,0

12,5

0,8

Charlotte

174,2

1,7

171,3

11,5

Lady Felicia

42,3

6,2

39,7

2,7

Gourmandine

32,3

12,2

28,4

1,9

Bintje

20,0

0,6

19,9

1,3

Victoria

110,0

4,8

104,7

7,0

Ditta

52,3

0,0

52,3

3,5

Nicola

14,6

0,0

14,6

1,0

Désirée

39,3

0,0

39,3

2,6

Laura

13,9

9,9

12,5

0,8

Agria

431,8

4,8

410,8

27,5

Jelly

29,9

0,0

29,9

2,0

Challenger

17,7

17,5

14,6

1,0

Lady Claire

53,6

0,0

53,6

3,6

Innovator

97,5

0,0

97,5

6,5

Lady Rosetta

37,0

0,5

36,8

2,5

Pirol

12,0

0,0

12,0

0,8

Fontane

57,9

0,0

57,9

3,9

Hermes

12,1

1,7

11,9

0,8

Markies

68,9

5,4

65,1

4,4

Antina

2,5

0,0

2,5

0,2

Panda

31,5

3,2

30,5

2,0

Blaue St-Galler

6,1

0,0

6,1

0,4

Alexandra

3,1

0,0

3,1

0,2

2013

1541,9

3,1

1493,9

100

2012

1532,0

3,2

1483,0

100

*Surfaces provisoires, sous réserve de changements dus à des refus aux analyses virologiques (ELISA).

502

Surface admise Total pour toutes les classes de certification (ha)

Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 502–507, 2013


A c t u a l i t é s

Nouvelles publications

Aliments pour chevaux: attention aux allégations thérapeutiques

ALP actuel

Aliments pour chevaux: attention aux allégations thérapeutiques Fiche technique destinée à la pratique

nº 47 | 2013

Auteurs

Olivier Bloch, Agroscope

Walter Glauser Heinrich Boschung Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras Tioleyre 4 CH-1725 Posieux walter.glauser@agroscope.admin.ch heinrich.boschung@agroscope. admin.ch Impressum Editeur: Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras www.agroscope.ch Rédaction: Christine Caron-Wickli, Agroscope Mise en page: RMG Design, Fribourg Impression: Tanner Druck AG, Langnau im Emmental Copyright: Reproduction autorisée sous condition d’indication de la source et de l’envoi d’une épreuve à l’éditeur. ISSN 1660-7589

alp actuel 47_fr.indd 1

Les aliments pour animaux ne sont pas des produits thérapeutiques. C’est pourquoi les allégations relatives aux vertus curatives des aliments pour animaux ne sont pas autorisées, ce qui est également ancré dans la législation concernant les aliments pour animaux.

ne sont pas respectées, le Contrôle officiel des aliments pour animaux d’Agroscope ALP-Haras peut prendre des mesures administratives afin de garantir une distribution des produits conforme à la loi. La vente de produits non conformes peut être interdite. La présente fiche technique

Pour de nombreuses personnes, le cheval représente un fidèle compagnon pour les loisirs et le sport. Il n’est dès lors pas étonnant que tout un chacun souhaite acheter uniquement le meilleur pour son animal et se sente ainsi concerné par les aliments pour animaux présentés d’une façon «innovante». Cependant, de tels produits ne satisfont souvent pas aux exigences de la législation sur les aliments pour animaux, surtout en ce qui concerne les allégations thérapeutiques. Si les dispositions

• indique comment les amis du cheval peuvent reconnaître rapidement les aliments pour animaux non conformes et les formulations non autorisées; • explique la différence entre aliments pour animaux et médicaments vétérinaires; • fournit des indications relatives aux exigences générales en matière de déclaration.

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ALP actuel 47 Les aliments pour animaux ne sont pas des produits thérapeutiques. C’est pourquoi les allégations relatives aux vertus curatives des aliments pour animaux ne sont pas autorisées, ce qui est également ancré dans la législation concernant les aliments pour animaux. Pour de nombreuses personnes, le cheval représente un fidèle compagnon pour les loisirs et le sport. Il n’est dès lors pas étonnant que tout un chacun souhaite acheter uniquement le meilleur pour son animal et se sente ainsi concerné par les aliments pour animaux présentés d’une façon «innovante». Cependant, de tels produits ne satisfont souvent pas aux exigences de la législation sur les aliments pour animaux, surtout en ce qui concerne les allégations thérapeutiques. Si les dispositions ne sont pas respectées, le Contrôle officiel des aliments pour animaux d’Agroscope ALP-Haras peut prendre des mesures administratives afin de garantir une distribution des produits conforme à la loi. La vente de produits non conformes peut être interdite. La présente fiche technique: ••indique comment les amis du cheval peuvent reconnaître rapidement les aliments pour animaux non conformes et les formulations non autorisées; ••explique la différence entre aliments pour animaux et médicaments vétérinaires; ••fournit des indications relatives aux exigences générales en matière de déclaration. Walter Glauser et Heinrich Boschung Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras

Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 502–507, 2013

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Actualités

Nouvelles publications

Coûts-machines 2013 Rapport ART 767

Coûts-machines 2013 Valable jusqu’en septembre 2014

Septembre 2013 Sommaire 01. Véhicules à moteur 8 02. Equipements supplémentaires pour vehicules à moteur 12 03. Chars et remorques 16 04. Travail du sol 16 05. Semis et entretien 20 06. Fumure et compostage 24 07. Récolte de céréales, colza et maïs 30 08. Récolte des pommes de terre, du tabac et des betteraves 32 09. Récolte des fourrages 34 10. Stockage, reprise et distribution du fourrage 38 11. Autres équipements de ferme 40 12. Travaux forestiers et engins de chantier 42 13. Arboriculture fruitière (Données se basent sur 8 ha) 44 14. Viticulture et Vinification (Pour vignerons-encaveurs avec 3–6 ha de vigne) 46 15. Cultures maraîchères (Données se basent sur 20 ha) 50

Auteurs Christian Gazzarin et Markus Lips, ART, christian.gazzarin@ agroscope.admin.ch

Les coûts de revient par unité de produit sont essentiellement déterminés par les coûts de machines. (Photos: Christian Gazzarin, ART)

Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576

La présente compilation de données contient des bases et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des machines agricoles utilisées en commun. Les tarifs d’indemnisation ont un caractère purement indicatif. Ce sont des valeurs calculées qui permettent d’utiliser la machine en couvrant les coûts entre les exploitations agricoles, dans le cadre des hypothèses admises. Dans la pratique, les tarifs d’indemnisation négociés sont soumis à la loi de l’offre et de la demande. Il peut donc y avoir des écarts plus ou moins grands par rapport aux tarifs ART. Les rendements se réfèrent uniquement au temps de travail effectif au champ; par conséquent, les temps de panne, de préparation

et de trajet (sauf pour les véhicules de transport) ne sont pas pris en compte. Par conséquent, les tarifs indiqués ne peuvent pas être comparés directement à ceux des entreprises de travaux agricoles (www. agrartechnik.ch). Les tarifs d’indemnisation s’appliquent par séquence de travail. Les coûts de carburant sont toujours compris. Pour le calcul des coûts dans les cas particuliers, les hypothèses doivent être adaptées à la situation concrète de l’exploitation.

Rapport ART 767 La présente compilation de données contient des bases et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des machines agricoles utilisées en commun. Les tarifs d’indemnisation ont un caractère purement indicatif. Ce sont des valeurs calculées qui permettent d’utiliser la machine en couvrant les coûts entre les exploitations agricoles, dans le cadre des hypothèses admises. Dans la pratique, les tarifs d’indemnisation négociés sont soumis à la loi de l’offre et de la demande. Il peut donc y avoir des écarts plus ou moins grands par rapport aux tarifs ART. Les rendements se réfèrent uniquement au temps de travail effectif au champ; les temps de panne, de préparation et de trajet (sauf pour les véhicules de transport) ne sont pas pris en compte. Par conséquent, les tarifs indiqués ne peuvent pas être comparés directement à ceux des entreprises de travaux agricoles (www.agrartechnik.ch). Les tarifs d’indemnisation s’appliquent par séquence de travail. Les coûts de carburant sont toujours compris. Pour le calcul des coûts dans les cas particuliers, les hypothèses doivent être adaptées à la situation concrète de l’exploitation. Christian Gazzarin et Markus Lips, ART

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Recherche Agronomique Suisse 4 (11–12): 502–507, 2013


Actualités

Rapport ART 768

Evolution économique de l’agriculture suisse en 2012 Rapport principal n° 36 du Dépouillement centralisé des données comptables (série temporelle 2003–2012) Septembre 2013

Auteurs Dierk Schmid et Andreas Rœsch, ART dierk.schmid@agroscope.admin.ch andreas.rœsch@agroscope.admin. ch Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7576

L’année 2012, relativement moyenne, n’a pas pu réitérer les excellents résultats de l’année végétale 2011. (Photo: Robert Meier, Agroscope) En 2012, les revenus par exploitation ont baissé par rapport à l’année précédente, en grande partie du fait des rendements plus bas dans la production végétale. Le revenu agricole se monte à 56 000 francs par exploitation, contre 59 500 francs l’année précédente, ce qui représente une baisse de 5,9 %. Le revenu agricole rémunère 465 200 francs de fonds propres investis dans l’exploitation ainsi que le travail de 1,21 unité de main-d’œuvre familiale par exploitation. Grâce à la nette baisse des taux d’intérêt, le revenu du travail par unité de maind’œuvre familiale à plein temps a augmenté de 0,5 % par rapport à 2011, passant de 43 500 à 43 700 francs. La variation du revenu du travail par rapport à l’année précédente dépend considérablement du type d’exploitation. Les exploitations de transformation par exemple, ont pu augmenter leur revenu du travail par unité de

main-d’œuvre familiale de 28 % par rapport à l’année précédente, notamment grâce aux bons résultats de la production porcine. Les exploitations de grandes cultures ont, quant à elles, accusé une baisse de 9 % de leur revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale, car l’année 2012, relativement moyenne, n’a pas pu réitérer les excellents résultats de l’année végétale 2011. Le revenu extra-agricole reste au même niveau qu’en 2011. Il représente 32 % du revenu total. Le revenu total par exploitation a baissé de 3500 francs (–4,0 %) pour atteindre 82 700 francs.

Des résultats détaillés portant sur l’ensemble de l’exploitation se trouvent dans les tableaux des pages 10 à 19.

Evolution économique de l’agriculture suisse en 2012 Rapport ART 768 En 2012, les revenus par exploitation ont baissé par rapport à l’année précédente, en grande partie en raison des rendements plus bas dans la production végétale. Le revenu agricole se monte à 56 000 francs par exploitation, contre 59 500 francs l’année précédente, ce qui représente une baisse de 5,9 %. Le revenu agricole rémunère 465 200 francs de fonds propres investis dans l’exploitation ainsi que le travail de 1,21 unité de main d’œuvre familiale par exploitation. Grâce à la nette baisse des taux d’intérêt, le revenu du travail par unité de main d’œuvre familiale à plein temps a augmenté de 0,5 % par rapport à 2011, passant de 43 500 à 43 700 francs. La variation du revenu du travail par rapport à l’année précédente dépend considérablement du type d’exploitation. Les exploitations de transformation, par exemple, ont pu augmenter leur revenu du travail par unité de maind’œuvre familiale de 28 % par rapport à l’année précédente, notamment grâce aux bons résultats de la production porcine. Les exploitations de grandes cultures ont, quant à elles, accusé une baisse de 9 % de leur revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale, car l’année 2012, relativement moyenne, n’a pas pu réitérer les excellents résultats de l’année végétale 2011. Le revenu extra-agricole reste au même niveau qu’en 2011. Il représente 32 % du revenu total. Le revenu total par exploitation a baissé de 3500 francs (–4,0 %) pour atteindre 82 700 francs. Dierk Schmid et Andreas Roesch, ART

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Actualités

Communiqués de presse

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 18.10.2013 L‘Université de Hohenheim et Agroscope ont signé un contrat de coopération De par ses conditions naturelles, l‘agriculture en Suisse est très proche de celle du sud de l’Allemagne. Les conditions cadres de la politique sont par contre très différentes. Pour les agronomes des deux pays, la coopération en est d’autant plus intéressante et prometteuse. Lors de la cérémonie de signature qui a eu lieu le 17.10.2013, l’Université de Hohenheim et Agroscope ont décidé d’approfondir leur collaboration à l’avenir.

14.10.2013 Le millésime viticole 2013 est-il vraiment aussi tardif qu’on veut bien le dire? Agroscope fait le point Il y a longtemps que la vigne n’avait pas fleuri aussi tardivement: le mois de mai a été glacial et la dernière décade de juin caractérisée par un dernier et vigoureux retour de froid. Ce développement printanier laborieux a d’autant plus frappé les esprits que l’année 2013 succède à une série presque ininterrompue de millésimes très précoces depuis plus de vingt ans. Certains médias ont pris le relais des préoccupations de quelques professionnels, parlant même parfois de millésime particulièrement tardif. Qu’en est-il vraiment? Depuis 1925, l’observation en continu des principaux stades de développement du cépage Chasselas au centre de recherche Agroscope de Pully permet d’apporter des éléments de réponse. A un printemps vraiment maussade a succédé bien heureusement un été splendide en juillet et août, hormis quelques violents épisodes orageux accompagnés de grêle qui ont touché certains vignobles. Meteosuisse signale même qu'il s'agit du septième été le plus chaud depuis le début des mesures en 1864 sur le plan national. La floraison amorcée le 1er juillet s'est terminée le 8 du même mois, ce qui est très court. Le retard de deux semaines enregistré au début de la floraison n'atteignait déjà plus que 9 jours en fin de floraison. Dans ce contexte favorable, la maturation a débuté le 18 août, le retard se réduisant encore à 5 jours par rapport à la moyenne 1925–2013, ou à 11 jours si l'on considère les vingt dernières années. Le mois de septembre aura été favorable à la maturation, offrant notamment de très belles conditions au début et à la fin du mois. Le retard important d'une quinzaine de jours

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noté à la floraison était ainsi pratiquement résorbé à fin septembre. Les vendanges 2013 se sont donc déroulées durant le mois d'octobre à des dates conformes à la moyenne de longue durée.

03.10.2013 Economie verte: l’éco-conception doit faire progresser l’économie agroalimentaire Le secteur agroalimentaire doit aussi apporter sa contribution à l’économie verte. Les analyses de cycle de vie sont un moyen de développer des produits respectueux des ressources. Le recours aux méthodes d’éco-conception dans l’agriculture n’en est toutefois qu’à ses débuts.

01.10.2013 AlpFUTUR: quel avenir pour l’économie alpestre en Suisse? Dans le programme de recherche «AlpFUTUR – Avenir des pâturages d’estivage en Suisse», 17 institutions ont étudié pendant cinq ans et de manière approfondie les perspectives d’avenir de l’économie alpestre suisse. Le 1er octobre, environ 160 chercheurs, alpagistes, représentants des autorités, conseillers et autres personnes intéressées par les alpages se sont réunis à Schüpfheim (LU) et ont pu obtenir une vue d’ensemble des résultats et des recommandations. La nouvelle publication AlpFUTUR avec ses deux documentaires en DVD illustre la mise en pratique des résultats.

26.09.2013 Prunes et pruneaux suisses: une incroyable diversité variétale Pour l’agriculture et la recherche, la diversité des variétés de fruits est une ressource pour cultiver des arbres bien adaptés aux conditions locales et pour sélectionner de nouvelles variétés enrichies des propriétés intéressantes des plus anciennes. Agroscope dispose aujourd’hui des résultats sur la diversité variétale des prunes et des pruneaux. Le nombre de variétés géné­ tiquement distinctes est plus élevé que prévu: sur 400 accessions étudiées, les deux tiers possèdent des profils uniques, soit 285 variétés. À titre de comparaison, ce taux de diversité est nettement moins élevé chez les pommes puisque, sur les 2500 variétés recensées en Suisse, 1300 sont des variétés distinctes, soit à peine plus de la moitié.


Actualités

Liens internet

Manifestations

Centre national de données et d’informations sur la flore de Suisse www.infoflora.ch Info Flora est une fondation privée, d’utilité publique, à but non lucratif, active dans le domaine de l'information et de la promotion des plantes sauvages en Suisse. Sur son site Internet, vous y trouverez un carnet en ligne pour transmettre vos observations, des informations sur les plantes néophytes envahissantes, des publications, des cours sur la flore sauvage suisse et bien d’autres choses encore.

Doa rnssc hl ea up r o c h a i n n u m é r o V

Novembre 2013 21.11.2013 Congrès PAN-RPGAA 15 ans de plan d’action national la conservation de la diversité variétale des plantes cultivées – où en sommes-nous aujourd’hui? OFAG et Commission suisse pour la conservation des plantes cultivées Inforama Rütti, Zollikofen Informations: www.cpc-skek.ch 25. – 26.11.2013 Swiss Food InnoTech Forum Swiss Food Research Congress Center, Messe Basel Janvier 2014

Janvier 2014 / Numéro 1 Le 1er janvier 2014, les trois stations de recherches actuelles (ACW, ALPHaras et ART) seront réunies sous un même toit, celui d’Agroscope. Le nouveau mandat de prestations d’Agroscope (2014 -2017) englobe six pôles thématiques qui seront traités en commun par plusieurs instituts d’Agroscope. Vu la pénurie annoncée des ressources, la mission de la recherche agroalimentaire consistera désormais à trouver des solutions innovatrices.

••L’économie agroalimentaire devant des défis de taille, Michael Gysi et Bernard Lehmann, Agroscope et OFAG ••La diversité génétique dans l'agriculture, Roland Kölliker et al., Agroscope ••Série Proficrops: Des idées qui ont changé la recherche en production végétale, Anna Crole-Rees et al., Agroscope et Institut Entrepreneurship & Management IEM

18.01.2014 Journée d’information HAFL Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL Zollikofen Informations: www.hafl.bfh.ch 21. – 24.01.2014 Agroscope à Agrovina Martigny 23.01.2014 Nachhaltigkeitstagung 2014 «Wasser in der Landwirtschaft – heute und in Zukunft» Agroscope Agroscope, 8046 Zurich 31.01.2014 Pflanzenschutztagung Feldbau 2014 Agroscope, 8046 Zurich

••Structures fines et grossières des ingrédients d’aliments pour poulets à l’engrais, Danielle Albiker et Ruedi Zweifel, Aviforum ••Réseau agri benchmark: Comparaison de la production agricole dans le contexte international, Hildegard Garming et Ester Bravin, Johann Heinrich von Thünen-Institut (Braunschweig) et Agroscope

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

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Donnerstag, 23. Januar 2014

1. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung 2014 «Wasser in der Landwirtschaft – heute und künftig» Institut für Nachhaltigkeitswissenschaften

Themen • Wasserressourcen in der Schweiz heute und morgen • Auswirkungen des Klimawandels auf die Landwirtschaft • Anpassungen bei Landnutzung und Bodenbearbeitung • Neues zur Bewässerung verschiedener Kulturen • Politische Rahmenbedingungen Anmeldeschluss: 10. Januar 2014

AgRAR foRSchung Schweiz RecheRche AgRonomique SuiSSe

Tagungsort Agroscope Vortragssaal in Zürich, Reckenholz Reckenholzstrasse 191, 8046 Zürich Detailprogramm und Anmeldung www.agroscope.ch > Veranstaltungen > 1. Agroscope-Nachhaltigkeitstagung

Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique : Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line sous www.rechercheagronomiquesuisse.ch Commandez un numéro gratuit! Nom / Société

Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Les partenaires sont l’office fédéral de l’agriculture ofAg, la haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires hAfL, AgRiDeA Lausanne & Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de zurich eTh zürich, Département des Sciences des Systèmes de l’environnement. Agroscope est l’éditeur. cette publication paraît en allemand et en français. elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-haras, case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch


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