Recherche Agronomique Suisse, numéro 4, avril 2015

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RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE 2 0 1 5

|

N u m é r o

4

Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich | FiBL

A v r i l

Production animale Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval Page 136 Production végétale Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures Page 160 Eclairage

Conflits d’objectifs entre promotion de la ­biodiversité et protection phytosanitaire Page 174


Le franches-montagnes est la seule race de chevaux d’origine suisse encore existante. Elle doit lutter contre une baisse de sa population et du nombre de naissances, ainsi que contre un manque de rentabilité au niveau de la production. Dans le cadre de l’élaboration d’un rapport de stratégie pour le maintien du franches-montagnes, le Haras national suisse d’Agroscope a ­enquêté sur la conformité de cette race de chevaux à la ­demande du marché. (Photo: Martin Rindlisbacher) Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (Institut des sciences en production végétale IPV; Institut des sciences en p­ roduction animale IPA; Institut des sciences en denrées alimentaires IDA; Institut des ­s ciences en durabilité agronomique IDU), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.ofag.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch b Institut de recherche de l'agriculture biologique FiBL, www.fibl.org Rédaction Direction et rédaction germanophone Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 58 466 72 21, fax +41 58 466 73 00 Rédaction francophone Sibylle Willi, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 57 Suppléance Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 1012, 1260 Nyon 1, tél. +41 58 460 41 82 e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Responsable Corporate Communication Agroscope), Evelyne Fasnacht, Erika Meili et Sibylle Willi (Agroscope), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich), Thomas Alföldi (FiBL). Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne/App: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Agroscope, case postale 64, 1725 Posieux e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch, fax +41 26 407 73 00 Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, fax +41 31 325 50 58 Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

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Sommaire Avril 2015 | Numéro 4 135 Editorial 136

Production animale Le rôle du franches-montagnes sur le

marché suisse du cheval Ruedi von Niederhäusern et al. 144

Production animale igestibilité et dégradabilité d’ensilages D

protéagineux-céréales immatures Yves Arrigo, Silvain Henneberger et Ueli Wyss Production animale Qualité des ensilages plantes entières de 152

triticale, d’avoine et de pois fourragers Ueli Wyss et Yves Arrigo 160

Production végétale tilisation de cuivre par les paysans bio U

­suisses dans différentes cultures Bernhard Speiser, Esther Mieves et Lucius Tamm Production végétale Physiologie des variétés de pommes de 166

terre et conséquences pour le producteur Emilie Carrera et al. Eclairage Conflits d’objectifs entre promotion de la 174

biodiversité et protection phytosanitaire Karin Ruchti et Christoph Studer 178 Portrait 179 Actualités 183 Manifestations


Editorial

Le réseau de recherche équine en Suisse fête ses dix ans d’existence Chère lectrice, cher lecteur,

Dr Stefan Rieder, Responsable de division de ­r echerche Agroscope, Haras­ ­n ational suisse HNS, Avenches

En avril 2005, invitées par la direction du Haras national suisse, quelque 40 personnalités de la filière suisse du cheval se réunissaient à Avenches en vue d’un échange. Cette rencontre avait pour objectif de présenter l’ensemble des compétences, activités, projets et besoins de la filière équine suisse dans le but d’améliorer sa mise en réseau et de renforcer le transfert de connaissances de la recherche à la pratique. L’idée d’un réseau de recherche équine en Suisse était née. Depuis 2006, des représentant-e-s de la recherche, de l’industrie, de l’élevage chevalin, des détenteurs et des utilisateurs de chevaux de même que d’autres milieux concernés se retrouvent une fois par an, en avril, au Théâtre du Château d’Avenches. A ce jour, étudiants, doctorants, «postdocs» et scientifiques confirmé-e-s ont présenté pas moins de 127 conférences et 234 posters. Il s’agit généralement de travaux réalisés au sein d’une institution suisse. En outre, des hôtes suisses et étrangers ont présenté au total 31 conférences sur des thèmes de société actuels en lien avec le cheval. Grâce au soutien généreux de nombreux sponsors, des prix ont pu être remis chaque année pour récompenser les contributions les meilleures et les plus originales, afin de motiver les jeunes chercheurs-euses et donc de promouvoir l’innovation au sein de la branche équine. Un grand nombre de ces travaux ont ensuite été présentés dans des congrès à l’étranger et ont eu un impact au-delà de nos frontières. Quel enseignement tirer de ces dix années d’existence? Nous constatons qu’environ la moitié des contributions a porté sur des thèmes médicaux, un quart sur l’élevage et la génétique (y compris la reproduction), et un autre quart sur la détention des chevaux - avec des travaux dans les domaines des sciences comportementales, de l’alimentation, mais aussi des constructions et de l’économie. Quelques contributions revêtaient en outre une dimension plus culturelle, abordant le cheval dans l’archéologie, l’histoire, les arts ou le droit. Il ne fait aucun doute que la réunion annuelle du réseau de recherche équine a rapproché tous les acteurs de la filière équine suisse, en particulier ceux des hautes écoles et des instituts de recherche. Des projets ont été lancés, les professionnels, jeunes et moins jeunes, ont pu échanger et confronter leurs idées sur de nombreux thèmes. Comparé à 2005, nous possédons aujourd’hui des chiffres beaucoup plus précis sur les diverses tendances et l’importance socio-économique du cheval dans notre pays. Toutes ces connaissances serviront à relever les défis du futur. La croissance continuelle de la population de chevaux dans notre pays renferme un potentiel de conflits. Nos réserves en sol sont limitées, la protection du paysage et une exploitation durable de nos ressources sont des priorités politiques. Or, la filière équine fait partie de la branche des loisirs et génère environ un demi-milliard de francs de recettes en faveur de notre agriculture. Dans quelle mesure va-t-elle se développer de façon durable au cours des prochaines années? Seul le futur nous le dira! Quoi qu’il en soit, le réseau de recherche équine offre à la filière suisse du cheval une plateforme en mesure de lui donner des impulsions.

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P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval Ruedi von Niederhäusern1, Lea Schmidlin1, Ariane Sotoudeh1, Markus Neuditschko1 et Salome Wägeli2 Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, Haras national suisse,1580 Avenches, Suisse 2 Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL), 3052 Zollikofen, Suisse Renseignements: Ruedi von Niederhäusern, e-mail: ruedi.vonniederhaeusern@agroscope.admin.ch 1

Marché du cheval en Suisse – Quo vadis FM? (Photo: Martin Rindlisbacher)

Introduction Mandat Le franches-montagnes est la seule race de chevaux d’origine suisse encore existante. A la suite de la Conférence sur la protection de l’environnement de Rio de Janeiro en 1992 et la ratification, en 1994, de la Convention sur la diversité biologique (CBD), la Suisse est tenue de contribuer au maintien et à l’utilisation durable des ressources génétiques tant végétales qu’animales (OFAG 1998). Le Haras national suisse (HNS) est le centre de compétences de la Confédération pour les équidés au sein d’Agroscope. Les projets pour le maintien de la diversité génétique et pour l’amélioration de la commercialisation de l’élevage franches-montagnes y sont hautement valorisés. Pour soutenir et promouvoir le développement durable de la race franches-montagnes, Agroscope a été chargée par le Conseil fédéral, au travers du man-

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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015

dat de prestations 2014 - 2017, d’établir une stratégie en collaboration avec les acteurs de la branche concernés. La question de la conformité aux exigences du marché suisse a donc été au centre des travaux réalisés en 2014. Problématique Le monde du cheval en Suisse a vu ces dernières décennies un développement et une popularisation importante et quantifiable (Poncet et al. 2007 et 2009; Schmidlin et al. 2013). La population des équidés (chevaux, poneys et petits chevaux, ânes, mulets et bardots) a augmenté de près de 40 % depuis 1983. Fin 2013, environ 104’000 équidés de plus de 150 races différentes vivaient en Suisse. Une majorité des équidés en Suisse sont des demi-sang (41 %). Près d’un quart sont des poneys (24 %). Avec près d’un cinquième, soit approximativement 20’000 animaux (19 %), le franches-montagnes est la race la plus représentée au sein de la population d’équidés en Suisse (Schmidlin et al. 2015).


La population d’équidés en Suisse varie constamment: des nouveaux chevaux, poneys ou ânes arrivent régulièrement sur le marché. Cependant, un certain nombre d’animaux quitte aussi le marché à la suite de l’exportation ou de la mort de l’animal. Le renouvellement annuel nécessaire est estimé à 6000 équidés utilisables (âge ≥ 3 ans), dont un tiers est couvert par l’élevage suisse et deux tiers par des importations. Ces dernières ont connu une croissance constante malgré le contingent d’importation, alors que le nombre de naissances a fortement baissé. Actuellement, les franches-montagnes perdent annuellement une légère proportion de leurs parts de marché, soit 4 % en 2013 par rapport à la population équine totale et 2,7 % au sein de la race. A l’opposé, les poneys gagnent en parts de marché, environ 0,5 % en moyenne (2003  –  2013) par rapport à la population équine totale et 7 % au sein de la race (Schmidlin et al. 2015).

Matériel et méthode Pour pouvoir tirer des conclusions sur l’adéquation du franches-montagnes au marché, le groupe de travail a lancé, au début de l’été 2014, une enquête auprès des propriétaires suisses d’équidés. Le questionnaire standard a été envoyé par la société Identitas AG, gestionnaire de la banque de données sur le trafic des animaux Agate. L’enquête a permis de réunir des informations sociodémographiques de base, mais aussi de répondre aux questions suivantes: ••Utilisation: comment les équidés sont-ils utilisés en Suisse et en quoi l’utilisation du franches-montagnes diffère-t-elle du reste de la population? ••Image du FM: comment le cheval franches-montagnes est-il perçu? ••Comportement des consommateurs: quels sont les critères les plus importants pour l’achat d’un cheval, où les chevaux sont-ils achetés, quelles sont les catégories d’âge et les niveaux de formation recherchés, quel est le prix payé? ••Sources d’information: par quels canaux l’acheteur s’informe-t-il avant d’acheter un cheval? En complément à l’enquête, neuf experts en étroite collaboration avec la filière équine suisse ont été interrogés dans le cadre d’entretiens structurés. Les données de l’enquête ont été évaluées en plusieurs étapes. L’échantillon a été divisé en cinq groupes. Cette répartition a permis d’analyser les différences et les points communs entre éleveurs, utilisateurs et propriétaires de franches-montagnes et propriétaires d’autres races de chevaux:

Résumé

Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale

Comme beaucoup d’autres races locales d’origine européenne, le franches-montagnes doit lutter contre une baisse de sa population et du nombre de naissances ainsi que contre une production insuffisamment rentable. Dans le cadre de l’élaboration d’un rapport de stratégie pour le maintien du franches-­ montagnes, le Haras national suisse HNS d’Agroscope a enquêté sur la conformité du cheval franches-montagnes (FM) par rapport aux attentes du marché. Pour cela, un sondage a été effectué auprès de propriétaires de chevaux et des entretiens ont été menés avec des experts de la filière du cheval. Les résultats permettent de conclure que pour une majorité de propriétaires ayant participé au sondage, les caractéristiques déterminantes lors de l’achat d’un cheval se recoupent avec l’appréciation des qualités et la perception générale du franches-montagnes. Ainsi, le FM possède des qualités qui sont en principe requises sur le marché des chevaux de loisirs. Les qualités suivantes ont été relevées: le bon caractère, la polyvalence, la bonne santé, la robustesse ainsi que la bonne valorisation du fourrage. L’image de marque FM est en revanche moins positivement connotée chez les non-propriétaires que chez les propriétaires de FM. Les résultats du sondage et des entretiens d’experts démontrent qu’il est nécessaire d’améliorer les stratégies de commercialisation et l’image du FM si l’on veut augmenter les ventes de chevaux franches-montagnes et, par ce biais, promouvoir à long terme l’accroissement du nombre de naissances.

••Elevage FM: éleveurs de chevaux de la race franchesmontagnes •• Purs FM: propriétaires d’équidés chez qui le pourcentage de chevaux franches-montagnes est d’au moins 75 % ••Mixtes FM: propriétaires d’équidés chez qui le pourcentage de chevaux franches-montagnes est d’au moins 50 % ••Mixtes poneys: propriétaires d’équidés chez qui le pourcentage de poneys est d’au moins 50 % ••Aucun FM: propriétaires d’équidés qui ne possèdent aucun franches-montagnes. Les analyses descriptives (tableaux et graphiques) ainsi que les calculs de corrélations ont été conduits avec les logiciels R 2.15.2 et Microsoft EXCEL 2010.

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Production animale | Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval

Encadré | Statistiques de référence de ­l ’enquête: Nombre de personnes sondées: 10 050 propriétaires suisses d’équidés (6769 germanophones, 3281 francophones) Nombre de réponses: 2625, pourcentage de répondant 26,1 %, 76 % de femmes (âge Ø 40,3 ans), 24 % d’hommes (âge Ø 50,6 ans) Le présent échantillon affiche une structure démographique très proche de celle de ­l’ensemble des propriétaires d’équidés enregistrés en Suisse (cf. Schmidlin et al. 2015).

Résultats Utilisation L’analyse des différents groupes a montré que les propriétaires qui ne possèdent pas de franches-montagnes sont davantage intéressés par la participation aux manifestations de sports équestres. En général, on constate une nette orientation vers l’utilisation de chevaux de loisirs, quel que soit le groupe. Ces résultats se recoupent avec toutes les autres données disponibles en Suisse et dans les pays voisins (Schmidlin et al. 2013; Corpataux et al. 2014). Interrogés sur leur niveau de formation professionnelle le plus élevé, les trois groupes de personnes possédant des FM présentent une structure relativement homogène. Environ 50 % des personnes interrogées sont titulaires d’un certificat fédéral de capacité (CFC) et environ un tiers dispose d’une formation supérieure. Seul le groupe des utilisateurs «Aucun FM» présente un pourcentage nettement plus élevé de diplômés (38 %), mais un pourcentage plus faible de personnes titulaires d’un CFC (39 %). Résultats de l’utilisation Comme le montre la matrice de corrélation ci-dessous (fig. 1), les poneys sont utilisés de manière très semblable aux chevaux franches-montagnes (r= 0,98). Le mode d’utilisation qui correspond le moins (0,13; 0,22) à celui des franches-montagnes est celui des Quarter Horse et des chevaux islandais. La comparaison de quatre races de chevaux quant à leur utilisation dans les différentes disciplines montre que le franches-montagnes est utilisé à environ 36 % exclusivement pour des activités de loisirs et dans les disciplines suivantes: attelage (~18 %), dressage et gymkhana (~13  % chacun), saut d’obstacles

138

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(~8 %) et équitation western (~6 %). Dans l’ensemble, les franches-montagnes sont utilisés de manière très variée, mais en général les propriétaires les utilisent dans une à deux disciplines au maximum. Une étude de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL (Musard 2011) a donné des résultats semblables en ce qui concerne l’utilisation des franches-montagnes. Critères déterminants lors de l’achat d’un cheval Les caractéristiques du cheval les plus déterminantes lors de l’achat ont été évaluées de manière homogène dans tous les groupes. La santé du cheval et la qualité de la corne des sabots sont les principaux critères qui prévalent lors de l’achat, suivis du caractère coopératif de l’animal et de sa docilité. L’aptitude aux concours n’a été jugée importante par aucun des groupes, ce qui s’explique par l’orientation des personnes interrogées vers l’équitation de loisirs exclusivement ou avec une participation minime à des compétitions sportives. La couleur de la robe a également été classée comme un critère sans importance lors de l’achat. Seuls les éleveurs de franches-montagnes ont considéré l’aptitude à l’attelage comme relativement importante. Lors des interviews, les neuf experts interrogés ont quant à eux souligné l’importance d’une bonne formation de base des chevaux (fig. 2).

DS-CH

0,48

FM

0,22

0,95

ASF

0,80

0,80

0,68

PS

0,54

0,13

0,39

0,14

QH

0,26

0,22

0,19

0,14

0,46

IL

0,52

0,98

0,93

0,86

0,072

0,12

PY

0,55

0,93

0,89

0,93

0,14

0,15

0,96

Autres

Figure 1 | Matrice relationnelle «Utilisation»1. DS-CH = Chevaux demi-sang suisses, y compris autres chevaux demi-sang; FM = franches-montagnes; ASF = cheval à sang froid; PS = Pur-sang; QH = Quarter Horse; IL= Islandais; PY = Poney.

1


Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale

Docilité

Attestation de performances

●●● ● ●

Bonnes allures

●● ● ● ●

Allant bien de l'avant

●● ● ●●●

Bonnes valeurs d'élevage

Belle robe

●● ● ●

Coup de foudre

● ● ●●● ●

Morphologie correcte

●● ●

● ●● ●

●● ●●● ●

Tête expressive

Bonne formation de base

Confiance dans le vendeur/deuse

●●●●●

● ●● ●

Bonne santé

●●● ●●

● ●● ● ●

Aptitude aux concours

Prix bas

● ●● ●●

● ● ●●●

Santé de la race

Conditions de garde

● ● ●●

Origine suisse

● ●

●●

Mixtes−PY

Mixtes−FM

Purs−FM

Elevage−FM

Expert−FM

Figure 2 | Evaluation des propriétés du cheval à l’achat.

iffé ren t

Plu imp tôt sa ort ns anc e San s im por tan ce

Aucun−FM

Ind

ort ant

imp

tôt

● ●●

●● ●● ●

Plu

por tan t

Plu tôt im

imp ort ant

imp ort ant

ort ant

●● ●

●●

Imp

por tan t

s im

● ●●●

Aptitude à plusieurs disciplines Animal convenant également aux débutants Bonne aptitude à l'attelage

Ind iffé ren t Plu imp tôt sa ort ns anc e San s im por tan ce

Bons sabots (qualité de la corne)

Trè s

● ●●●●

Trè

Caractère coopératif

Aucun−FM

Mixtes−PY

Mixtes−FM

Purs−FM

Elevage−FM

Experts−FM

Figure 3 | Evaluation des autres aspects importants dans l’achat d’un cheval.

Ces résultats se recoupent largement avec ceux d’une étude sociologique réalisée en 2012 (Flierl 2012). Parmi les autres aspects importants qui interviennent dans la décision d’achat, la confiance dans le vendeur est prépondérante; toutes les personnes interrogées s’accordent à dire qu’elle est un critère essentiel. Le coup de foudre semble également jouer un grand rôle dans l’achat d’un cheval, quel que soit le groupe considéré. La présence d’une attestation de performances et le justificatif de bons résultats d’élevage n’ont été jugés importants que par les éleveurs de franches-montagnes. L’origine suisse joue un plus grand rôle pour les éleveurs et utilisateurs de franches-montagnes que pour les propriétaires d’autres races. Un prix bas est un critère qui n’est jugé important par aucun des groupes (fig. 3). Les experts consultés se sont exprimés de la façon suivante quant aux aspects cruciaux pour la vente d’un cheval: le cheval à vendre doit être tout de suite utilisable et posséder un excellent caractère. Les attributs sportifs sont moins demandés. L’attitude du vendeur ainsi que le lieu de la vente sont très importants: honnêteté, empathie et propreté participent grandement à ce que l’acheteur se sente entre de bonnes mains. La prise en charge du client avant et après la vente du cheval est également très importante. Le site Internet devrait toujours être à jour et le vendeur toujours rester disponible pour offrir ses conseils à l’acheteur.

Perception du franches-montagnes En ce qui concerne la perception du franches-montagnes, la bonne santé, la bonne qualité des sabots, le caractère coopératif et la docilité ont été considérés comme tout à fait positifs. Par conséquent, le franches-montagnes possède précisément les qualités qui semblent très importantes pour les propriétaires d’équidés lors de l’achat d’un cheval. La race a cependant été jugée de manière légèrement plus négative par ceux qui ne possédaient pas de franches-montagnes que par ceux qui en possédaient déjà (fig. 4). A la question de savoir pourquoi ils avaient choisi cette race de chevaux, les propriétaires de franchesmontagnes ont répondu en citant les caractéristiques suivantes par ordre de priorité: le caractère (42 % des réponses), la polyvalence (17 %) et la robustesse/santé/ bonne valorisation du fourrage (16 %). Analyse de l’image Parmi les participants à l’enquête propriétaires d’un franches-montagnes, l’image de la race a été classée comme très bonne par environ la moitié des personnes (Image ≤ 2). Chez les personnes qui ne possèdent pas de franches-montagnes en revanche, ce pourcentage est de l’ordre de 15 %. Les valeurs > 4 ont été relevées principalement dans les catégories de propriétaires sans franches-montagnes. Par conséquent, l’image du FM est 

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Production animale | Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval

● ● ●

Belle robe

Morphologie correcte

● ●

●● ●

Tête expressive

●●

●●

●●

Bonne formation de base

● ●

● ●

Aptitude aux concours

Bonne santé

●● ●

Bons sabots (qualité de la corne) ●

● ●●

●● ●●

Aptitude à plusieurs disciplines Animal convenant également aux débutants Bonne aptitude à l'attelage

● ●

● ●

●● ●

● ● ●●

●●

Mixtes−PY

Purs−FM

Elevage−FM

Mixtes−FM

0

ren t

exa tôt Plu

Aucun−FM

Ind iffé

ct

ct Exa

Ent ière me nt e xac t

● ●● ●●

Aucun−FM Mixtes−PY Mixtes−FM (1409) (187) (330) Image <=2.0

2.0< Image <=3

Purs−FM (342)

Elevage−FM (283)

3.0< Image <=4

Image >4

Figure 5 | Analyse de l’image du franches-montagnes 2 .

Figure 4 | Appréciation du franches-montagnes.

2 Image ≤ 2: très bonne; 2.0 < Image ≤ 3.0: bonne; 3.0 < Image ≤ 4.0: mauvaise; Image > 4.0: très mauvaise

évaluée de manière plus critique à l’extérieur que dans le milieu FM (fig. 5). Cette tendance se retrouve également dans les réponses sur les qualités du franchesmontagnes (fig. 4). Les efforts de la FSFM, du HNS et des éleveurs en vue de promouvoir l’image sur le marché ainsi que les ventes des franches-montagnes ont été évalués globalement de manière très positive par les différents groupes d’utilisateurs. Fait marquant, seuls les éleveurs de franchesmontagnes ont une position légèrement plus critique par rapport aux organisations affiliées, FSFM et HNS, que les autres personnes sondées.

Actuellement, la demande en chevaux formés ne peut pas être couverte par le marché intérieur, c’est pourquoi la majorité de ces chevaux sont importés. Selon les experts, il y a aujourd’hui divergence entre l’offre et la demande sur le marché. Tandis que de nombreux éleveurs sont contraints par leurs structures (manque d’infrastructure et de compétences pour la poursuite de l’élevage) de proposer leurs chevaux à l’âge de six mois, le consommateur final recherche en général un cheval formé, directement utilisable. Aussi l’offre de poulains est-elle excédentaire, les prix en baisse et le taux d’animaux abattus relativement élevé (environ 45 %).

Lieu de vente du cheval Concernant les priorités en termes de lieu de vente du cheval, la vente chez l’éleveur est arrivée en tête de classement dans tous les groupes, suivie de la vente chez une personne privée. Les foires ou les centres équestres sont moins demandés par les partenaires commerciaux.

Propension des clients à payer Comme le montre la figure 7, les propriétaires de chevaux qui n’ont aucun franches-montagnes (Aucun FM) sont prêts à payer un prix plus élevé. Les chevaux ayant l’expérience des concours sont généralement vendus à un prix plus élevé, quel que soit le groupe. Néanmoins, les prix de vente indiqués se situent à un niveau très bas. Les groupes «Elevage FM» et «Purs FM» notamment ne sont pas prêts à payer un supplément pour les chevaux plus âgés et formés. Dans le groupe «Purs FM», les prix de vente indiqués pour les chevaux de quatre à six ans sans expérience des concours ainsi que pour les chevaux de six ans et plus (avec ou sans expérience des concours) sont même plus bas que les prix de vente des chevaux de trois ans débourrés. L’étude de Flierl (2012) confirme ces résultats: la majeure partie des chevaux qui ont été achetés par des cavaliers amateurs coûtaient entre 5000 et 10 000 francs.

Classes d’âge et niveaux de formation recherchés Près de la moitié des utilisateurs ont indiqué qu’ils cherchaient un poulain ou un cheval de trois ans débourré ou non. Dans le groupe «Purs FM», le pourcentage était de 60 %, soit davantage que dans le groupe «Aucun FM» avec 40 % (fig. 6). La maturité précoce des franches-montagnes, leur caractère réputé docile et le système d’évaluation à l’aide du test en terrain pour les chevaux FM de trois ans portent leurs fruits et peuvent être considérés comme propices aux ventes.

140

80

●●

● ●●

60

Allant bien de l'avant

40

Bonnes allures

20

Docilité

● ●

100

● ●● ●●●

Nombre de propriétaires de chevaux en %

Caractère coopératif

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Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale

Utilisateurs Purs−FM

Elevage−FM (283)

(342) 31%

19%

17%

26%

12% 5% 20%

6%

6%

7%

6%

5% 15%

Utilisateurs Mixtes−FM (350)

8%

8% 14%

6%

15%

Jeune cheval, 3 ans (débourré) Cheval, 4-6 ans (sC) Cheval, 4-6 ans (aC)

13% 9%

Poulains Jeune cheval, 3 ans (brut)

15%

5%

Utilisateurs Aucun−FM (1576)

21%

19%

5%

18%

12%

Cheval de plus de 6 ans (sC) 7% 7%

16%

16%

11%

Cheval de plus de 6 ans (aC) Autres

Figure 6 | Classes d’âges et niveaux de formation souhaités par les clients 3. Vert: pas débourré; sC: sans expérience de concours; aC: avec expérience de concours.

chevaux ont été exportés (AFD 2013). Cependant, les conditions douanières ainsi que le taux de change peu favorable entravent la vente à l’étranger sur le long terme ( Schmidlin et al. 2015). Sources d’information privilégiées Selon l’enquête, les propriétaires de chevaux qui souhaitent acheter un cheval s’informent essentiellement dans leur environnement direct et par Internet. En second lieu, ils consultent les petites annonces, des pro- 

20000

Prix d’achat Mixtes−PY

Mixtes−FM

Purs−FM

10000

Prix en CHF

15000

Aucun−FM

● ● ● ●

● ●

● ● ● ●

● ● ●

ans ma xim um (bru t) ans Ch m axi eva m l, 4 um -6 (dé ans bou ave rré) ce xpé Ch rien eva ce l, 4 des -6 con ans cou san Ch rs eva se x l de pér ien plu ce sd des e6 con ans cou ave Ch rs ce eva xpé l de r i enc plu sd ed e6 es con ans cou san rs se xpé rien ce des con cou rs

Jeu ne che val ,3

Pou lain s

● ● ●

● ● ●

● ● ●

Elevage−FM

Jeu ne che val ,3

5000

Les cavaliers de concours ont généralement acheté leurs chevaux dans une fourchette de prix allant de 10 000 à 20 000 francs (Flierl 2012). Selon Flierl (2012), le prix de vente n’est pas un critère déterminant lors de l’achat. Par ailleurs, il n’existe pas non plus de relation significative entre le budget consacré à l’achat d’un cheval et sa race. 85 % des personnes sondées déclarent pouvoir s’offrir des chevaux aisément à très aisément. Le prix d’un cheval est défini uniquement par la propension à payer du client. Il n’y a que peu de données chiffrées officielles sur les prix de vente des chevaux. Les listes de ventes des fédérations d’élevage estiment le prix moyen d’un cheval franches-montagnes adulte et formé à 7000 francs (2013, n=76 chevaux, canton du Jura). Cet échantillon se base sur des chevaux bien formés et commercialisés avec un soutien professionnel conforme à une stratégie de qualité. Beaucoup d’éleveurs s’orientent vers une stratégie de prix avec un faible investissement en temps et en moyens financiers ainsi qu’un effort de commercialisation modeste qui mène à des prix de vente entre 4500 et 6500 francs pour des chevaux adultes et formés. Par contre, les coûts de production (prix intégral) d’un cheval FM de trois ans formé au niveau du test en terrain se situent entre 10 000 (Musard 2011) et 14 000 francs (SNG 2012; Schmidlin et al. 2015). En France, les prix de vente des chevaux de loisir se situent entre 1800 et 3000 euros ou 1700 euros pour des poneys. Les races étrangères comme le cheval lusitanien, le PRE, le frison, l’appaloosa, le Paint ou le Quarter Horse se vendent à des prix légèrement plus élevés, en moyenne 5000 euros (IFCE 2013). Malgré les prix élevés, on observe une demande pour les chevaux franches-montagnes à l’étranger. En 2013, 325

1000

3

Figure 7 | Prix d’achat des chevaux selon la catégorie d’âge et le ­n iveau de formation.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015

141


Production animale | Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval

Elevage−FM

Utilisateurs Purs−FM (342)

(283)

23%

18%

8%

13%

14%

11%

3%

28%

13% 17%

2% 15%

27%

Utilisateurs Mixtes−FM

8%

(1576)

25%

24% 14%

11%

16%

12% 7%

28,5%

Autres Sur l‘internet

2% 29%

Par les contacts

Utilisateurs Aucun−FM

(350)

Dans les petites annonces

7%

13%

par une présentation-vente d‘élevage

0,5% 11%

Par un professionel Par une fédération

Figure 8 | Sources d’informations privilégiées lors de la recherche d’un cheval.

fessionnels et les fédérations d’élevage. Les éleveurs de FM sont les seuls pour lesquels les présentations-ventes jouent un plus grand rôle (fig. 8).

Conclusions Pour la majorité des propriétaires ayant participé au sondage, les caractéristiques déterminantes lors de l’achat d’un cheval se recoupent avec l’appréciation des qualités et la perception générale du franches-montagnes. Ainsi, le FM possède des qualités qui sont en principe demandées sur le marché des chevaux de loisirs. Les qualités suivantes ont été relevées: le bon caractère, la polyvalence, la bonne santé, la robustesse ainsi que la bonne valorisation du fourrage. Ces caractéristiques seraient liées à une haute longévité et à des faibles coûts de détention. Le groupe de référence des poneys montre un profil d’utilisation quasi identique à celui du franchesmontagnes et s’avère ainsi être le concurrent direct du franches-montagnes, surtout du fait de leur population croissante. L’image du franches-montagnes au sein de la communauté FM est excellente. Un potentiel d’amélioration subsiste dans le groupe de propriétaires de chevaux sans chevaux FM. Les efforts de commercialisation de la FSFM, du HNS ainsi que des éleveurs ont, pour la plupart, été évalués positivement. Il n’est pas possible de déterminer dans quelle mesure les efforts des dernières années ont contribué au maintien de la population franches-montagnes. Des clarifications supplémentaires sont nécessaires. Les chevaux de trois ans détiennent la plus grande part du marché des chevaux FM commercialisés, ce qui est réjouissant d’un point de vue économique (immobi-

142

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 136–143, 2015

lisation du capital, coûts de détention). Il faut cependant mentionner qu’actuellement la structure de l’offre (beaucoup de poulains, commercialisation peu professionnelle) ne correspond pas à la structure de la demande (chevaux adultes, commercialisation professionnelle). La vente de chevaux adultes (formés ou non) n’est pas rentable, même lorsque la qualité et la commercialisation correspondent aux attentes des clients. Ce constat est en flagrante opposition avec la propension à payer ainsi que l’énoncé de l’ensemble des personnes sondées qui affirment que le prix d’achat n’est pas un argument important dans l’acquisition d’un cheval. Les importations de chevaux sont l’une des raisons pouvant expliquer les prix de référence si bas en Suisse. L’importation de chevaux est favorisée par les prix de production – et de ce fait le prix des produits – plus bas à l’étranger qu’en Suisse. Pour arrêter ou inverser la tendance négative dans la croissance de la population et le nombre de naissances des franches-montagnes, il est nécessaire de développer un dispositif d’actions efficace. L’amélioration de la rentabilité de l’élevage équin (et de ce fait la stabilisation des effectifs d’élevage) doit être prioritaire. Ce but ne pourra guère être atteint du côté des coûts, mais grâce à des efforts de commercialisation accrus (FSFM 2011). Pour ce faire, on pourrait développer une «brand community» (Geissler 2009), procéder à une sensibilisation au prix, à une prospection du marché adapté au segment de clientèle visé, à la direction de l’offre ainsi qu’à la promotion active des canaux de distribution. Etant donné les conditions d’exportation difficiles, l’accent devrait être mis sur le gain de parts de n marché en Suisse.


Il ruolo del Franches-Montagnes nel mercato equino svizzero Come molte altre razze locali di origine europea, i Franches-Montagnes (FM) devono lottare contro una diminuzione della popolazione e del numero delle nascite così come contro la mancanza di redditività a livello di produzione. Nel quadro della preparazione di un rapporto sulla strategia per il mantenimento dei FM, l’Istituto nazionale svizzero d’allevamento equino di Agroscope ha analizzato la conformità del cavallo di razza Franches-Montagnes al mercato realizzando un sondaggio presso i proprietari equini e intervistando diversi esperti del ramo. I risultati permettono di giungere alla conclusione che per la maggior parte dei proprietari intervistati nel sondaggio, le caratteristiche determinanti nell’acquisto di un cavallo coincidono con l’apprezzamento delle qualità e la percezione generale del FranchesMontagnes. Il FM possiede dunque qualità che sono in principio richieste sul mercato equino svizzero. Sono state individuate le qualità seguenti: buon carattere, polivalenza, buona salute, robustezza e buona valorizzazione del foraggio. L’immagine della marca FM è invece connotata meno positivamente presso i non proprietari che presso i proprietari di FM. I risultati del sondaggio nonché i colloqui con gli esperti dimostrano che è necessario migliorare le strategie di commercializzazione e l’immagine del cavallo FM al fine di aumentare le vendite di cavalli Franches-Montagnes e in questo modo promuovere a lungo termine l’aumento delle nascite.

Bibliographie ▪▪ OFAG, 1998. Rapport du groupe de travail «Les ressources génétiques dans le domaine des animaux de rente en Suisse»; Office fédéral de l’agriculture. ▪▪ Corpataux S, v. Niederhäusern, R, Wägeli S, 2014: Kundenzufriedenheit in der Pensionspferdehaltung. Tagungsband. 1. Netzwerktagung Osnabrück, 6.–7.10.2014. Osnabrück, Deutschland (uniquement en allemand). ▪▪ AFD, 2013. Chiffres de l’Administration fédérale des douanes, 2013. ▪▪ Flierl S., 2014. Empirische Studie zur Entscheidungsgrundlage aktiver Pferdebesitzer in der Schweiz in Bezug auf Reitweise, Pferd und Stall, ­D iplomarbeit im Studiengang Diplomsoziologie an der Technischen Universität Dresden (uniquement en allemand). ▪▪ Geissler C., 2009. Brand Communities. Harvard Business Manager. Accès:http://www.harvardbusinessmanager.de/heft/artikel/a-621445. html[17.12.2014] ▪▪ IFCE, 2013. Les prix des chevaux en France. Institut Français du cheval et de l’équitation. Accès: http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/filiere-economie/les-marches/prix-des-chevaux-enfrance.html[10.12.2014].

Summary

Riassunto

Le rôle du franches-montagnes sur le marché suisse du cheval | Production animale

The role of the Franches-Montagnes on the Swiss horse market Like many other local breeds of European origin, the Franches-Montagnes (FM) must fight against a fall in population and number of births, as well as a lack of profitability at the production level. As part of preparing a strategy report for preserving the FM breed, Agroscope Swiss National Stud Farm SNSF investigated the market compliance of the FM horse by conducting a survey of horse owners and interviewing experts in the sector. The results allow us to conclude that for a majority of owners taking part in the survey, the crucial characteristics when purchasing a horse overlap with the appreciation of the qualities of the FM and the general perception about this horse. The FM therefore possesses qualities that are in principle in demand on the leisure-horse market. The following qualities were noted: a good temperament, versatility, good health, hardiness and good feed utilization. By contrast, the FM brand image has fewer positive connotations with non-owners than with FM owners. The results of both the survey and the expert interviews demonstrate the need to improve FM marketing strategies and image in order to increase sales of FM horses and thus promote long-term growth in the number of births. Key words: horses, franches-montagnes, market monitoring, leisure activities.

▪▪ Musard A., 2011. Etude de marché du cheval des Franches-Montagnes. Travail de Bachelor, Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen. ▪▪ Schmidlin L, Bachmann I., Flierl S., Schwarz A., Roesch A., Rieder S. & von Niederhäusern R., 2013. Impact économique, social et environnemental du cheval en Suisse – Bilan 2013. Agroscope Station de recherche Liebefeld-Posieux ALP-Haras, Haras national suisse Avenches ▪▪ Schmidlin L., von Niederhäusern R., Rieder S. & Guidon D., 2015. Stratégie pour la préservation du cheval franches-montagnes, 2015. Agroscope Haras national suisse ▪▪ FSFM, 2011. Stratégie 2020 de la Fédération suisse du franches-­ montagnes, Avenches, Suisse. ▪▪ SNG, 2012. Vollkostenberechnungen Pferdeaufzucht, Beratungsstelle Pferd, Schweizerisches Nationalgestüt, Avenches.

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143


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Digestibilité et dégradabilité d’ensilages ­protéagineux-céréales immatures Yves Arrigo1, Silvain Henneberger2 et Ueli Wyss1 Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse 2 Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse Renseignements: Yves Arrigo, e-mail: yves.arrigo@agroscope.admin.ch 1

Mélange triticale-avoine-pois à la récolte. (photo: Yves Arrigo)

144

Les mélanges simples, composés de deux céréales et d’une à deux protéagineuses, sont les plus fréquents étant donné leur simplicité de mise en œuvre et leur faible coût. Les valeurs nutritives des MCPI sont plutôt moyennes et varient beaucoup en fonction de l’année, du stade de maturité des plantes et des proportions en espèces récoltées dans le mélange (Coutard 2014; Arrigo 2014). Dès qu’elle entre dans le calcul d’une ration, la valeur nutritive d’un aliment revêt toute son importance et doit être la plus réelle possible. Pour la prédiction des valeurs des MCPI, les références sont lacunaires. En effet, outre les innombrables combinaisons botaniques possibles, les variétés impliquées, le stade de récolte, les conditions météorologiques ou les caractéristiques des sols, les phénomènes de conservation peuvent aussi intervenir (Wyss et Arrigo 2015) et, finalement, la ration de l’animal. Lors de l’essai réalisé en 2013 concernant l’estimation de la valeur nutritive des MPCI (Arrigo 2014), le principe de l’additivité avait été retenu pour prédire la digestibilité de la matière organique (dMO) et de la dégradabilité de la matière azotée (deMA). Afin de vérifier cette hypothèse d’additivité et de compléter nos bases de données, des ensilages de deux mélanges et de leurs trois composants (triticale, avoine et pois) ont fait l’objet de déterminations de la digestibilité in vivo de la matière organique (dMO) et de la dégradabilité in sacco de la matière azotée (deMA).

Introduction

Animaux, matériel et méthodes

Les mélanges de protéagineux et de céréales immatures (MPCI) permettent de constituer des réserves de fourrages en prévision des pénuries engendrées par les sécheresses estivales. Ces mélanges offrent des rendements en matière sèche (MS) intéressants dans les zones marginales à la culture du maïs. Nécessitant peu d’intrants, ils sont fréquemment utilisés en agriculture biologique dans la perspective d’une certaine autonomie fourragère. Les MPCI semés en automne permettent de lutter contre l’érosion des parcelles en hiver.

Deux mélanges ont été semés le 29 octobre 2012 et de même pour leurs constituants, soit du triticale (Triamant), de l’avoine (Willand) et des pois fourragers (Arkta). Les deux mélanges se différenciaient par la quantité semée en pois (tabl. 1): le mélange POIS-b (basse concentration en pois) avec 50 kg/ha (45 grains/m²) – soit la quantité maximale semée lors de l’essai précédent (Arrigo 2014) et le mélange POIS-h (haute concentration en pois) avec 75 kg /ha (68 grains/m²). Aucun traitement contre les adventices ou d’autres maladies n’a été effectué. Un

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015


Digestibilité et dégradabilité d’ensilages p ­ rotéagineux-céréales immatures | Production animale

Nécessitant peu d’intrants, les mélanges de protéagineux et de céréales-immatures (MPCI) peuvent assurer un stock de fourrage en cas de pénurie. Afin de vérifier le principe de l’additivité dans la prédiction de la valeur nutritive, des essais de digestibilité in vivo et de dégradabilité in sacco ont été effectués pour évaluer des ensilages de deux mélanges avec des teneurs en protéagineux différentes. Le mélange à basse concentration en pois (POIS-b) était constitué de 60 % de triticale, 28 % d’avoine et 13 % de pois. Le mélange à haute concentration en pois (POIS-h) était constitué de 35 % de triticale de 24 % d’avoine et 41 % de pois fourrager. Les ensilages des trois constituants des mélanges (triticale, avoine et pois fourragers) ont aussi été analysés. Des deux mélanges, POIS-h obtient les digestibilités les plus élevées pour la matière organique (76,5 vs 61,9 %). La dégradabilité in sacco ne distingue pas statistiquement les mélanges. POIS-h atteint 6,4 MJ NEL (énergie nette pour lactation) par kg matière sèche (MS) tandis que POIS-b n’obtient que 4,9 MJ NEL/kg MS. Les mélanges reconstitués à la crèche avec les ensilages purs obtiennent des valeurs similaires à celles des mélanges semés. L’hypothèse d’additivité des constituants pour prédire les mélanges s’est avérée bonne pour POIS-b, le mélange à dominance céréales, alors que pour POIS-h les valeurs étaient fortement sous-évaluées.

Résumé

apport azoté sous forme de nitrate d’ammoniac a été réalisé en avril 2013 à raison de 54 unités de N/ha. L’ensilage des différents fourrages s’est déroulé dans de bonnes conditions le 11.7.2013. Les céréales étaient au stade laiteux pour l’avoine et pâteux pour le triticale. Les taux en matière sèche variaient de 25,6 % pour les pois à 38,1 % pour le triticale. Des analyses botaniques des parcelles ont été réalisées lors des deux semaines précédant la récolte et lors de celle-ci. Les parcelles ont été récoltées en fin de matinée avec une faucheuse rotative sans conditionneur. Le fourrage a été pressé sans adjonction d’agents de conservation en balles rectangulaires dans l’après-midi au moyen d’une presse équipée de six couteaux (New Holland type BB90/50). Les balles ont été enrubannées et stockées dans un bâtiment. Les caractéristiques fermentaires des fourrages ont fait l’objet d’un suivi au moyen de silos de laboratoires (Wyss et Arrigo 2015). Des déterminations in vivo et in sacco ont été réalisées pour les ensilages issus des deux mélanges cultivés et pour les ensilages de triticale, d’avoine et de pois. Afin d’étudier l’additivité, les deux mélanges ont été reconstitués avec les ensilages purs pour être déterminés in vivo et in sacco (fig. 1). L’essai de digestibilité a été réalisé avec quatre béliers castrés de race Brun Noir du pays (type Oxford) par t­raitement, rationnés à raison de 1,1 × 0,380 MJ d’énergie métabolisable / kg de PV0,75. Les poids des béliers sont restés stables (88,0 ± 10,8 avant la période de bilan; 88,0 ± 10,5 à la sortie de l’essai). L’essai de dégradabilité a été réalisé avec trois vaches fistulées de race Holstein en gestation (poids vif 763 ± 86 kg) selon la procédure habituelle (Dohme et al. 2007; incubation des sachets pendant 2, 4, 8, 16, 24 et 48 heures). Parallèlement, la digestibilité de la matière organique a fait l’objet de déterminations par la méthode enzymatique (Aufrère et al. 2007) et par la méthode  utilisant du jus de panse (Tilley et Terry 1963).

Tableau 1 | Densité des semis et compositions botaniques des mélanges composition botanique, % matière fraîche

semis kg/ha POIS-b

prévue au semis1

POIS-h

cultures pures

récoltée le 11.07.2013

POIS-b

POIS-h

POIS-b

POIS-h

Triticale (Triamant)

90

90

160

41,3

35,0

60,1

34,8

Hafer (Willand)

40

40

130

22,7

19,2

27,1

24,1

Erbsen (Arkta)

50

75

160

36,0

45,8

12,9

41,1

Selon poids 1000 grains (triticale 45 g, avoine 35 g, pois 110 g) et poids d’une plante récoltée en mélange.

1

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

145


Production animale | Digestibilité et dégradabilité d’ensilages ­p rotéagineux-céréales immatures

Essais de digestibilité et dégradabilité POIS-b semé

Triticale Avoine Pois

Triticale Avoine Pois

POIS-b R crèche

7 traitements déterminés:

POIS-h semé

2 mélanges originaux semés

2 mélanges reconstitués à la crèche avec les ensilages de triticale, d’avoine et de pois

POIS-h R crèche Triticale Avoine Pois

Triticale Avoine Pois

3 espèces seules

Triticale

Avoine

POIS-b R pond.

POIS-h R pond.

Triticale Avoine Pois

Triticale Avoine Pois

Pois

Reconstitution des mélanges par pondération (additivité) des coefficients de digestibilité et dégradabilité des ensilages seules

Figure 1 | Schéma expérimental.

Les valeurs nutritives ont été calculées avec les équations éditées dans le Livre Vert (Agroscope 2014) et les données expérimentales.

Résultats Les cultures se sont très bien développées dans de bonnes conditions climatiques. Aucune zone de verse n’a été enregistrée. Les mélanges ont atteint des rendements en MS supérieurs à ceux des cultures pures (tabl. 2). Sans tenir compte des pois dont une partie putréfiée n’a pas pu être ensilée, le rendement moyen récolté était de 7950 kg de MS par ha. Ces rendements concordent avec les résultats de 8000 kg obtenus par Coutard et Fortin en 2014. Lors des deux dernières semaines de culture, les pois ont augmenté encore leur masse sèche de 16 % et l’avoine de 3 % alors que les deux mélanges n’ont plus beaucoup évolué et que le triticale a stagné la dernière semaine. Mélanges semés – mélanges récoltés Les conditions météorologiques influencent fortement la germination et l’évolution des mélanges. Par conséquent, les compositions botaniques prévues lors du semis

146

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

et celles déterminées à la récolte divergeaient (tabl. 1). Avec une densité au semis de 50 kg/ha de pois (45 grains/ m²), la part à récolter prévue au semis (36 %) n’a pas été atteinte puisque la récolte atteignait seulement 13 % (en 2012 avec 50 kg/ha, on obtenait 14 %; Arrigo 2013). Par contre, avec la densité de 75 kg/ha de pois (68 grains/ m²), on approchait du taux recherché (41 % réalisé vs 46 % prévu). Les mélanges obtiennent des teneurs en nutriments moyennes (tabl. 2). Les valeurs du mélange POIS-b correspondent assez bien à l’additivité des teneurs des ensilages produits avec les espèces pures. Pour le mélange POIS-h, les teneurs en acides aminés et en lipides obtenues par additivité des composants ne correspondent pas aux valeurs du mélange original analysé. Cela pourrait s’expliquer par le fait que le facteur de pondération du triticale est nettement dominant dans le mélange POIS-b (68 %), alors qu’il ne l’est plus dans le mélange à haute teneur en pois POIS-h (45 %). Les teneurs des ensilages (tabl. 2) montrent que le pois présente des valeurs nettement plus élevées pour la matière azotée (MA), les cendres, le calcium, le phosphore, le magnésium, le potassium, pour tous les acides aminés et pour l’acide gras alpha-linolénique (C18:3). Le pois a les teneurs les plus basses en constituants parié-


Digestibilité et dégradabilité d’ensilages p ­ rotéagineux-céréales immatures | Production animale

Tableau 2 | Rendements, composition chimique des ensilages à l’affourragement, en g/kg matière sèche

Kg matière sèche par ha récoltés Matière sèche, en %

POIS-b

POIS-h

triticale

avoine

pois

10 085

7766

6813

7110

52 981

38,2

39,0

42,3

34,6

25,5

Matière azotée

69

68

64

52

158

Cellulose brute

318

316

301

326

289

Lignocellulose (ADF)

351

359

333

363

327

Parois (NDF)

514

542

501

527

439

Cendres

53

57

44

56

73 70

Sucres WSC (hydrosolubles)

116

118

185

84

Sucres ESC (solubles à l’éthanol)

85

80

112

54

25

Amidon

96

102

65

47

123

Graisse

16,1

16,7

12,6

38,1

20,4

Energie brute, en MJ

19,5

18,9

18,9

20,1

18,9

Calcium

4,4

4,9

2,1

2,4

12,6

Phosphore

2,5

2,4

2,5

2,3

4,0

Magnésium

1,1

1,2

1,1

0,9

2,1

Potassium

14,2

13,8

9,6

18,7

20,3

Acides aminés totaux

52

51

47

40

119

Lysine

2,6

2,6

1,9

1,9

6,6

Méthionine

0,9

0,9

0,9

0,8

1,8

Acide palmitique C16

2,7

2,8

2,4

5,5

3,2

Acide oléique C181C9

2,7

3,1

1,3

13,3

0,8

Acide linoléique C182C9C12

4,9

5,1

4,1

12,6

4,9

Produits fermentaires

57

71

47

71

144

Pois rampants, récolte partielle, car un solde putréfié a été laissé au champ; l’estimation de récolte en pois sur la base des échantillons serait d’env. 15 000 kg MS/ha.

1

taux (cellulose brute, lignocellulose et parois), en acide oléique (C18:1) et en sucres (WSC et ESC). En revanche, l’avoine a les teneurs les plus élevées en constituants pariétaux, en graisse et en acides gras palmitique (C16:0), oléique (C18:1) et linoléique (C18:2). L’avoine présente par contre les teneurs en acides aminés les plus basses. Expérimentation animale A l’exception de l’avoine, les ensilages distribués seuls n’ont pas été particulièrement appréciés par les moutons. La dMO de l’ensilage POIS-h (riche en pois) se distingue (p<0,01) de celle des autres variantes. Ce mélange détient la dMO la plus élevée de l’essai, suivie par le pois et le triticale. L’avoine obtient un coefficient moyen (tabl. 3). Les ensilages différencient également (p<0,01) les autres nutriments. Pour la MA, le pois obtient avec 72,4 % un coefficient de digestibilité (dMA) 2,9 fois supérieur à celui de l’avoine. Le mélange POIS-b et le triticale avoisinent les 40 %. Pour les constituants pariétaux, le mélange POIS-h domine, avec des valeurs supérieures à 70  %, les autres ensilages présentent des

valeurs entre 45 et 60 %. Le mélange POIS-h, excepté pour la dMA, obtient les digestibilités les plus élevées. A l’opposé, mis à part pour les digestibilités de la cellulose brute (dCB) et de la lignocellulose (dADF), c’est l’avoine qui a les coefficients les plus bas. La dégradabilité de la matière azotée (deMA) de l’ensilage de pois se distingue avec 84,6 % (p<0,01) des deux mélanges et du triticale. Avec 74,6 %, l’avoine obtient la plus petite deMA (tabl. 3). La comparaison entre les digestibilités et dégradabilités issues des mélanges semés, des mélanges reconstitués à la crèche (ou dans les sachets nylon) ou calculées par additivité des digestibilités ou dégradabilités des espèces cultivées seules est présentée dans le tableau 4. Dans le cas du mélange POIS-b (à dominance de céréales), les dMO, dCB, digestibilité de l’énergie brute (dEB) et deMA du mélange semé ne se distinguent pas de celles du mélange reconstitué à la crèche, mais se différencient de celles obtenues par additivité (p=0,03 à p<0,01), qui sont plus élevées. Dans le cas du mélange POIS-h, excepté pour les dMA et dEB, les digestibilités et la dégradabilité des trois variantes sont différentes 

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

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Production animale | Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures

Tableau 3 | Coefficients de digestibilité in vivo et dégradabilité in sacco des ensilages POIS-b

POIS-h

Triticale

Avoine

Pois

dMO

cd

61,9 ±0,5

a

76,5 ±2,2

bd

65,2 ±3,3

c

58,3 ±4,1

b

Sx

p

69,5 ±2,4

1,4

<0,01

dMA

42,8c±2,9

56,1b±7,0

38,5c±2,5

24,9d±3,0

72,4 a±2,3

2,3

<0,01

dCB

55,0 b±1,3

74,6a±3,9

59,6b±3,2

58,6b±6,2

52,1b±2,9

2,0

<0,01

dADF

b

49,7 ±1,1

a

71,4 ±3,8

b

55,8 ±1,5

b

53,4 ±4,9

51,1b±1,4

1,6

<0,01

dNDF

47,6bc±0,7

72,1a±3,7

53,7bc±3,7

44,6c±8,2

58,5b±2,6

2,4

<0,01

dEB

c

60,3 ±1,0

a

74,3 ±2,2

bc

61,9 ±3,6

c

57,4 ±3,9

b

67,1 ±2,1

1,4

<0,01

deMA

77,0 b±1,9

75,7bc±0,5

76,5b±1,6

71,4 c±2,5

84,6a±1,0

0,9

<0,01

Sx= erreur standard de la moyenne; p = seuil de signification. Les valeurs d’une même ligne portant un indice distinct sont statistiquement différentes. dMO = digestibilité de la matière organique; dMA = dig. de la matière azotée; dCB = dig. de la cellulose brute; dADF = dig. de la lignocellulose; dNDF = dig. des parois; dEB = dig. de l’énergie brute; deMA = dégradabilité de la matière azotée.

(p<0,01). Par additivité, on obtient, pour le mélange POIS-h, des valeurs nettement inférieures à celles des deux autres variantes, les valeurs du mélange semé étant plus élevées. Prédiction de la digestibilité Les deux méthodes de laboratoire, qui utilisent pour déterminer la dMO soit du jus de panse, soit des enzymes, sous-estiment les valeurs obtenues in vivo, le mélange POIS-h obtenant les plus grandes différences (>30 %) et l’ensilage de pois les plus faibles (<10 %). Les deux méthodes donnent des estimations relativement simi-

laires. La dMO de l’avoine semble être mieux évaluée par la méthode selon Tilley et Terry (1968), qui utilise du jus de panse (fig. 2). Valeurs nutritives Pour les ensilages en espèces pures, l’avoine obtient les valeurs nutritives dans la MS les plus faibles [(4,5 MJ d’énergie nette pour la production laitière (NEL), 54 g protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie fermentescible (PAIE)], suivie du triticale (5,3 MJ NEL, 65 g PAIE) et du pois (5,6 MJ NEL, 71 g PAIE). De par sa bonne digestibilité, le mélange POIS-h riche en

Tableau 4 | Coefficients de digestibilité des mélanges semés reconstitués et pondérés POIS-b semé

POIS-b reconstitué1

POIS-b pondéré2

Sx

dMO

61,9b

62,1ab

63,9a

0,5

0,03

dMA

42,8

32,0

b

42,4 a

1,9

<0,01

dCB

55,0 b

56,3ab

58,8a

0,9

0,03

dADF

49,7

53,2

54,8

dNDF

47,6b

a

b

a

52,2a

p

a

0,7

<0,01

52,2a

0,8

<0,01

dEB

60,3

59,0

61,2

0,7

0,15

deMA

77,0 b

79,8a

77,1b

0,7

0,05

POIS-h semé

POIS-h reconstitué1

POIS-h pondéré2

Sx

p

dMO

76,5

73,5

64,8

c

0,7

<0,01

dMA

56,1b

66,9a

54,6c

2,1

<0,01

dCB

74,6a

67,0 b

57,2c

1,2

<0,01

dADF

71,4 a

64,9b

53,8c

1,2

<0,01

dNDF

72,1

65,5

52,6

c

1,2

<0,01

dEB

74,3a

71,9a

62,3b

0,7

<0,01

deMA

75,7

83,5

80,5

0,2

<0,01

a

a

c

b

b

a

b

Coefficients des mélanges reconstitués à la crèche avec les ensilages de triticale, d’avoine et de pois. 2 Coefficients obtenus par pondérations des coefficients déterminés pour le triticale, l’avoine et les pois. Sx= erreur standard de la moyenne; p = seuil de signification. Les valeurs d’une même ligne portant un indice distinct sont statistiquement différentes. dMO = digestibilité de la matière organique; dMA = dig. de la matière azotée; dCB = dig. de la cellulose brute; dADF = dig. de la lignocellulose; dNDF = dig. des parois; dEB = dig. de l’énergie brute; deMA = dégradabilité de la matière azotée. 1

148

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015


Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures | Production animale

90,0 80,0 70,0

dmO, %

60,0 50,0 40,0 30,0 20,0 in vivo

10,0

Pepsine cellulase Tilley Terry

0,0 POIS-b semé

POIS-b reconst. crèche

POIS-h semé

POIS-h reconst. crèche

Triticale

Avoine

Pois

Figure 2 | Prédiction de la digestibilité de la matière organique des ensilages par méthodes de laboratoire.

pois obtient une bonne valeur nutritive de 6,4 MJ NEL, 74 g PAIE /kg MS, qui le situe au niveau d’un ensilage de maïs. Hormis celui de pois, tous les ensilages sont déficitaires en matière azotée avec un rapport inférieur à 15 g de matière azotée par MJ NEL. L’ensilage de pois atteint 28 g de MA/MJ NEL.

Mélanges originaux vs reconstitués vs calculés Les deux mélanges reconstitués à la crèche obtiennent des valeurs proches de celles des mélanges originaux (tabl. 5). Par additivité des compositions chimiques, des coefficients de digestibilité et dégradabilité issus des ensilages de triticale, d’avoine et de pois, on obtient des approches 

Tableau 5 | Valeurs nutritives des ensilages de pois et céréales et des mélanges NEL MJ / kg MS

NEV MJ / kg MS

PAIE g / kg TS

PAIN g / kg TS

MA/NEL g / MJ

Triticale

5,3 (4,8)1

5,2 (4,5)

65 (59)

39 (44)

12

Avoine

4,5 (5,0)

4,1 (4,9)

54 (60)

32 (61)

11

Pois

5,6 (5,9)

5,6 (5,9)

71 (75)

98 (96)

28

POIS-b seméin vivo

4,9

4,6

62

42

14

POIS-b reconst. crèchein vivo

5,0

4,7

60

40

13

mélanges

POIS-b pond. des ens. pures

5,2

5,0

63

42

13

POIS-b pond.3 coeff. LV + teneurs ensilages seuls

5,0

4,7

63

42

14

POIS-b pond.4 valeurs LV

4,9

4,8

61

52

18

6,4

6,6

74

42

11

2

mélanges POIS-h seméin vivo POIS-h reconst. crèchein vivo

6,1

6,1

70

52

14

POIS-h pond. 2 des ens. pures

5,2

5,0

64

55

17

POIS-h pond. coeff. LV + teneurs ensilages seuls

5,2

5,1

64

42

13

POIS-h pond.4 valeurs LV

5,2

5,1

64

64

21

3

NEL énergie nette pour lactation; NEV = énergie nette viande; PAIE = protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de l’énergie disponible; PAIN = protéines absorbables dans l’intestin synthétisées à partir de la matière azotée dégradée. 1 Entre parenthèses: valeurs éditées dans la feed base (Agroscope 2014). 2 Calculé par pondération des compositions chimiques et des coefficients dMO, dMA et deMA, etc. des ensilages expérimentés en pure. 3 Pondérations des coefficients dMO, dMA et deMA des constituants éditées dans la feed base (LV) et des nutriments issus des mélanges analysés. 4 Pondérations des valeurs NEL, NEV, PAIE ou PAIN des constituants éditées dans la feed base (LV).

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

149


Production animale | Digestibilité et dégradabilité d’ensilages ­p rotéagineux-céréales immatures

divergentes selon les mélanges. Pour le mélange POIS-b, dominé par les céréales, les valeurs pondérées sont légèrement surestimées (6 % pour les NEL), alors que pour le mélange POIS-h les valeurs calculées sont nettement sous-estimées (-19 % pour les NEL). Cette différence d’estimation entre les mélanges se retrouve également lorsqu’on utilise les valeurs dMO et deMA des tables (Agroscope 2014) dans le calcul. La prédiction simpliste qui consiste à pondérer les valeurs NEL, NEV, PAIE et PAIN éditées dans les tables (Agroscope 2014) pour les ensilages de triticale, d’avoine et de pois donne des valeurs proches pour le mélange POIS-b, mais sous-estiment aussi la prédiction du mélange POIS-h. Dans le cas de l’utilisation d’une dMO «universelle» de 65 % [(valeur moyenne des 2 mélanges étudiés dans cet essai et des trois réalisés en 2012 (Arrigo 2014)], le mélange POIS-b obtiendrait une valeur énergétique de 5,2 vs 4,9 MJ NEL et de 64 vs 62 g PAIE, soit une surévaluation énergétique de 6 % et protéique de 4 %. Quant au mélange POIS-h, en obtenant 5,2 vs 6,4 MJ NEL et 64 vs 74 g PAIE, il serait sous-estimé de 18 % pour les NEL et de 14 % pour la matière azotée.

150

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

Conclusions Une prédiction de la valeur nutritive des MCPI requiert impérativement une analyse botanique à la récolte pour établir les coefficients (dMO, dMA, deMA) par additivité, car les quantités semées ne reflètent pas la composition botanique à la récolte. Dans cet essai, le principe d’additivité fonctionne relativement bien pour prédire le mélange dominé par le triticale, c’est-à-dire avec peu d’influence des deux autres plantes dans le calcul. Par contre, pour le mélange POIS-h, qui avait une composition botanique plus proportionnée entre les espèces et une digestibilité très élevée, la prédiction selon le principe d’additivité était nettement sous-estimée. Ce travail souligne la fragilité de la prédiction de la valeur nutritive par additivité d’un mélange sans dominance d’un type de plantes (céréales ou protéagineuses). La prédiction à l’aide d’équations basées sur la composition botanique ou certains nutriments serait plus appropriée et pourrait améliorer la prédiction des MCPI, mais cela nécessite encore la récolte de nombreuses données. Les prédictions des dMO avec les méthodes de laboratoire pourraient faciliter cette acquisition de données. Sous-estimant cependant les dMO in vivo des MCPI, elles devraient ponctuellement être validées par des essais in n vivo.


Digeribilità e degradabilità degli insilati di piante intere di cereali e piselli Le miscele di piante proteiche e cereali interi non ancora maturi sono poco impegnative in termini di lavoro e cura. Esse garantiscono quindi uno stock di foraggio in caso di penuria. Per valutare il principio di additivazione nella stima del valore nutritivo, sono state effettuate prove di digeribilità in vivo e di degradabilità in sacco su insilati composti da due miscele diverse con percentuali di piante proteiche differenti. La miscela POIS-b, con una percentuale bassa di piselli, era composta da 60 % di triticale, 28 % d’avena e 13 % di piselli. La miscela POIS-h, con una percentuale elevata di piselli, conteneva 35 % di triticale, 24 % d’avena e 41 % di piselli. Gli stessi test sono stati condotti anche sulle rispettive componenti (triticale, avena e piselli). La miscela POIS-h è risultata la più digeribile (per sostanza organica 76,5 vs 61,9 %). Non si sono invece riscontrate differenze tra le due miscele per quanto riguarda la degradabilità della proteina grezza nel rumine. Il valore nutritivo di POIS-h ammonta a 6,4 MJ di energia netta per la lattazione (NEL) per kg di sostanza secca (SS), mentre quello di POIS-b soltanto a 4,9 MJ NEL/kg SS. Le miscele ricostituite con insilati puri in mangiatoia raggiungono valori simili a quelli ottenuti dalle miscele seminate. L’ipotesi dell’additivazione, in cui per la stima dei valori nutritivi delle miscele vengono addizionate le singole componenti, si è confermata valida per POIS-b, la miscela con una percentuale dominante di cereali, mentre per POIS-h i valori sono risultati decisamente sottovalutati.

Bibliographie ▪▪ Agroscope, 2014. Apports alimentaires recommandés et tables de la valeur nutritive pour les ruminants (Livre vert). Accès: http://www.agroscope.admin.ch/futtermitteldatenbank/04834/index.html?lang=fr. [10.10.2014]. ▪▪ Aufrère J., Baumont R., Delaby L., Peccatte J.-R., Andrieu J., Andrieu J.-P., Dulphy J.-P., 2007. Prévision de la digestibilité des fourrages par la méthode pepsine-cellulase. Le point sur les équations proposées. INRA Prod. Anim. 20 (2), 129–136. ▪▪ Arrigo Y., 2014. Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de mélanges protéagineux et céréales immatures. Recherche Agronomique Suisse 5 (2), 52–59. ▪▪ Coutard J.P., Fortin J., 2014. Les associations céréales/protéagineux récoltées immatures: assemblages, valeurs nutritives et valorisation par les vaches allaitantes. Renc. Rech. Ruminants 21, 93–96.

Summary

Riassunto

Digestibilité et dégradabilité d’ensilages p ­ rotéagineux-céréales immatures | Production animale

Digestibility and degradability of silages from whole-plant pea–cereal mixtures Requiring few inputs, protein plant–immature cereal mixtures can guarantee forage stocks in times of shortage. In order to test whether and how the principle of additivity predicts nutritional value, we conducted in vivo digestibility tests and in sacco degradability tests (crude protein degradability, CPD) to evaluate silages from two mixtures with different protein-plant (i.e., pea) contents. The mixture with low pea content, PEAS-l, contained 60 % triticale, 28 % oats and 13 % peas, whereas that with high pea content, PEAS-h, contained 35 % triticale, 24 % oats and 41 % peas). The same tests were conducted with the silages of the constituents (triticale, oats and forage peas). Of the two mixtures, PEAS-h had the highest digestibility figures (for organic matter: 76.5 vs. 61.9 %. The CPD was statistically similar between the mixtures. Furthermore, PEAS-h produced 6.4 MJ net energy content for lactation (NEL) per kg of dry matter (DM), whereas PEAS-l produced 4.9 MJ NEL/ kg DM. Mixtures reconstituted at the manger with the pure silages produced values similar to those of sown mixtures. The constituent additivity hypothesis correctly predicted the values for PEAS-l, the cereal-dominated mixture, but strongly underestimated those for PEAS-h. Key words: digestibility; degradability; pea-cereal mixtures, nutritive values, additivity.

▪▪ Dohme F., Graf C. M., Arrigo Y., Wyss U. et Kreuzer M., 2007. Effect of botanical characteristics, growth stage and method of conservation on factors related to the physical structure of forage – An attempt toward a better understanding of the effectiveness of fiber in ruminants, Anim. Feed Sci. Technol. 138, 205–227. ▪▪ Tilley J. M. A. & Terry R. A.,1963. A two stage technique for in vitro ­d igestion of forage crops. J. Br. Grassl. Soc. 18, 104–111. ▪▪ Wyss U. & Arrigo Y., 2015. Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers. Recherche Agronomique Suisse 6 (4), 152–159, 2015.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 144–151, 2015

151


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

ualité des ensilages plantes entières de Q ­triticale, d’avoine et de pois fourragers Ueli Wyss et Yves Arrigo Agroscope, Institut des sciences en production animale IPA, 1725 Posieux, Suisse Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: ueli.wyss@agroscope.admin.ch

Le fourrage haché a été ensilé dans des silos de laboratoire. (Photo: Yves Arrigo, Agroscope)

Introduction En Suisse, on cultive et ensile toujours davantage de céréales plantes entières associées à des pois fourragers, et ce principalement pour deux raisons. D’une part, il est possible de semer ces plantes à l’automne, après la récolte du maïs, pour récolter le fourrage l’été suivant. D’autre part, on améliore ainsi l’apport en fourrage structuré des vaches laitières ou des vaches allaitantes. Les mélanges céréales-protéagineux sont particulière-

152

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

ment cultivés dans les régions peu adaptées à la culture du maïs et dans des exploitations biologiques (Thaysen 2010). En France, les ensilages plantes entières sont utilisés comme réserves de fourrage en cas de période de sécheresse (Brunschwig 2011). Entre 1985 et 1990, Agroscope avait entrepris des essais d’ensilage avec du triticale et un mélange d’orge et de pois fourragers (Schneider et al. 1991; Wyss 1994) et en avait tiré les conclusions suivantes: si les plantes sont récoltées à un stade de développe-


Qualité des ensilages plantes entières de ­t riticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale

Résumé

ment trop précoce (stade laiteux), le rendement maximal n’est d’une part pas atteint et les ensilages présentent d’autre part souvent des teneurs en acide butyrique élevées. Si au contraire les plantes sont récoltées tardivement, elles peuvent déjà perdre des graines et le fourrage plus grossier sera alors plus difficile à compacter, avec le risque de présence de moisissures et d’échauffement lors du désilage. Le moment idéal de récolte se situe au milieu du stade pâteux (environ deux à trois semaines avant la récolte des grains). A ce moment, les plantes présentent une teneur en matière sèche (MS) de 35 %. Pour empêcher la fermentation butyrique et donc améliorer la stabilité aérobie du fourrage au moment du désilage, il est conseillé d’utiliser un agent conservateur d’ensilage. En empêchant les fermentations indésirables provoquées par des bactéries butyriques, l’agent prévient les postfermentations. A l’automne 2011 et 2012, divers mélanges composés de triticale, d’avoine et de pois fourragers ont été cultivés à Agroscope à Posieux. En 2012, des cultures de triticale, d’avoine et de pois fourrager ont en outre été cultivées seules afin d’étudier l’additivité de la digestibilité dans les mélanges. Les essais de digestibilité ont été réalisés avec des moutons (Arrigo 2014; Arrigo et al. 2015). Ces essais ont permis d’analyser l’aptitude à l’ensilage des mélanges et des plantes seules et d’évaluer leur qualité.

En 2012 et 2013, des essais ont été menés à Agroscope avec divers mélanges de triticale, d’avoine et de pois fourragers et également avec ces plantes seules. Le fourrage à ensiler a été prélevé à deux dates, haché et ensilé dans des silos de laboratoire. En outre, dans certains mélanges, l’influence d’un agent conservateur d’ensilages sur la fermentation principale et les postfermentations a été étudiée. Le fourrage à ensiler présentait d’une part des teneurs en sucres et des coefficients de fermentation élevés et d’autre part des teneurs en nitrate basses. Les mélanges et les plantes seules, ensilés au premier prélèvement, affichaient des teneurs en acide butyriques relativement élevées et par conséquent une mauvaise qualité d’ensilage. Parmi les trois plantes contenues dans le mélange, c’est en particulier l’avoine qui est à l’origine de la mauvaise qualité. Par l’ajout d’un agent conservateur d’ensilage chimique, la formation d’acide butyrique et d’éthanol de même que les pertes gazeuses ont pu être réduites et la stabilité aérobie des ensilages améliorée.

Matériel et méthodes Au cours des années 2012 et 2013, respectivement trois et deux mélanges composés de triticale, d’avoine et de pois fourragers ont été récoltés et ensilés à deux dates différentes (fig. 1). Les données détaillées de ces mélanges et les dates de récolte figurent dans le tableau 1. Par ailleurs, en 2013, des plantes de triticale, d’avoine et de pois fourragers ont été ensilées séparément. Le fourrage a été haché et ensilé dans des silos de laboratoire d’une capacité de 1,5 litre (trois répétitions par variante). Lors de l’ensilage, des échantillons ont été prélevés pour déterminer la matière sèche (MS) et les nutri- 

Tableau 1 | Quantité de semences (kg/ha) et date de prélèvement Mélange

Triticale

Avoine

Pois fourragers

A 90/40/30

90

40

30

B 90/30/40

90

30

40

C 90/20/50

90

20

50

D 90/40/50

90

40

50

E 90/40/75

90

40

75

1re date de prélèvement

2e date de prélèvement

14.06.2012

28.06.2012

27.06.2013

11.07.2013

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

153


Production animale | Qualité des ensilages plantes entières de ­t riticale, d’avoine et de pois fourragers

Figure 1 | A la première date de prélèvement, les plantes ont été fauchées avec une motofaucheuse. (Photo: U. Wyss, Agroscope)

ments de même que la teneur en nitrate et le pouvoir tampon. Les coefficients de fermentation ont été calculés sur la base de la teneur en MS, de la teneur en sucres (hydrates de carbone hydrosolubles) et du pouvoir tampon (Weissbach et Honig 1996). Après une durée de

conservation de 90 jours, les silos de laboratoire ont été ouverts et une série d’échantillons prélevée. En plus des nutriments, les paramètres de fermentation (pH, acides fermentaires, ammoniac et éthanol) ont été analysés. Les pertes gazeuses ont été calculées selon les diffé-

Tableau 2 | Composants du matériel initial au moment de l’ensilage Date de prélèvement

Matière azotée g/kg MS

Cellulose brute g/kg MS

MS %

Cendres g/kg MS

29,5

43

89

296

28,7

49

90

309

C 90/20/50

30,8

43

82

289

A 90/40/30

36,8

47

79

293

Fourrage A 90/40/30 B 90/30/40

B 90/30/40

14.06.2012

Pouvoir tampon g/kg MS

CF

0,1

34

90

0,8

37

66

279

0,2

31

103

142

120

0,2

34

69 69

Sucres g/kg MS

Amidon g/kg MS

323

554

254

345

588

173

325

544

345

559

36,8

48

82

294

347

549

136

135

0,3

37

35,9

51

74

282

316

532

150

121

0,1

31

74

D 90/40/50

27,0

49

78

327

360

569

216

< 10

0,1

49

62

23,2

60

99

338

370

565

168

34

0,4

62

45

35,7

44

72

297

323

529

148

138

0,3

42

64

D 90/40/50 E 90/40/75

27.06.2013 11.07.2013

Triticale Avoine

27.06.2013

32,5

49

83

295

339

518

156

113

0,2

48

59

34,1

38

56

306

337

552

313

< 10

< 0,1

33

109

23,0

57

54

356

389

645

164

< 10

< 0,1

54

47

Pois fourragers

19,8

63

143

277

302

389

180

115

0,1

65

42

Triticale

38,1

38

58

293

315

511

264

105

< 0,1

29

112

Avoine Pois fourragers

11.07.2013

32,5

49

50

320

360

592

92

124

< 0,1

45

49

25,6

62

133

270

326

402

215

114

0,3

64

52

MS: matière sèche; CF: coefficient de fermentation ADF: lignocellulose; NDF: parois cellulaires; sucres: hydrates de carbone hydrosolubles.

154

Nitrates g/kg MS

NDF g/kg MS

C 90/20/50 E 90/40/75

28.06.2012

ADF g/kg MS

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015


Qualité des ensilages plantes entières de triticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale

100

1re date de prélèvement 14.06.2012

Proportion en % de la matière fraîche

90

1re date de prélèvement 27.06.2013

2e date de prélèvement 28.06.2012

2e date de prélèvement 11.07.2013

80 70 60 50 40 30 20 Triticale Avoine Pois fourragers

10 0

30

40/

0/ A9

40

30/

0/ B9

50

20/

0/ C9

30

40/

0/ A9

40

30/

0/ B9

50

20/

0/ C9

50

40/

0/ D9

75

40/

0/ E9

50

40/

0/ D9

75

40/

0/ E9

Figure 2 | Proportions des trois plantes dans les divers mélanges lors des deux années d’essai et dates de récolte.

rences de poids entre le début et la fin de l’essai. La stabilité aérobie a été déterminée au moyen de mesures de la température, relevées et enregistrées toutes les 30 minutes. Ces relevés ont été effectués sur une période de 9 à 14 jours. Les ensilages ont été qualifiés de stables du point de vue aérobie aussi longtemps que la température des ensilages ne dépassait pas la température ambiante de plus de 1° C.

Le fourrage des trois mélanges de la première année d’essai (2e récolte) et de tous les mélanges de la deuxième année d’essai ont été ensilés avec et sans agent conservateur. L’agent conservateur utilisé, le Kofasil Ultra, est un produit chimique contenant de l’hexamine, du nitrite de sodium, du benzoate de sodium et du propionate de sodium. Le dosage s’élevait à 4 l ou 4,7 kg par tonne de  fourrage.

Tableau 3 | Composants des ensilages

Fourrage

Date de prélèvement

A 90/40/30 B 90/30/40

Matière azotée g/kg MS

Cellulose brute g/kg MS

ADF g/kg MS

NDF g/kg MS

Sucres g/kg MS

Amidon g/kg MS

50

95

377

422

650

104

57

98

394

436

672

49

C 90/20/50

51

91

346

380

598

93

A 90/40/30

39

84

316

352

559

98

97

45

101

304

338

525

119

118

44

81

282

310

507

92

163

B 90/30/40

14.06.2012

Cendres g/kg MS

28.06.2012

C 90/20/50 D 90/40/50 E 90/40/75 D 90/40/50 E 90/40/75

27.06.2013 11.07.2013

Triticale Avoine

27.06.2013

Pois fourragers Triticale Avoine Pois fourragers

11.07.2013

47

83

350

388

604

66

8

62

102

349

390

582

89

13

42

75

291

334

531

83

96

51

91

310

347

548

63

102

45

64

340

368

550

234

< 10

54

57

386

449

731

39

< 10

69

154

289

344

387

89

63

40

62

309

341

527

111

65

54

55

369

406

660

58

47

56

150

285

322

383

56

123

MS: matière sèche; ADF: lignocellulose; NDF: parois cellulaires; sucres: hydrates de carbone hydrosolubles.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

155


Production animale | Qualité des ensilages plantes entières de ­t riticale, d’avoine et de pois fourragers

Figure 3 | Le mélange triticale-avoine-pois à la deuxième date de prélèvement en 2013. (Photo: U. Wyss, Agroscope)

Résultats et discussion Matériel initial – Coefficients de fermentation élevés On peut visualiser sur la figure 2 les proportions des trois plantes dans les différents mélanges par rapport à la matière fraîche au moment de la récolte. Alors que le triticale prédominait la première année, les mélanges contenaient davantage d’avoine et de pois fourragers la deuxième année (fig. 3).

En 2012, les plantes sont arrivées plus rapidement à maturité qu’en 2013. Au premier prélèvement, les deux variétés de céréales étaient au stade laiteux. Au deuxième, le triticale était au stade pâteux et l’avoine toujours au stade laiteux. Les teneurs en nutriments des divers mélanges et des plantes seules figurent dans le tableau 2. Les teneurs en MS ont augmenté en fonction de l’accroissement du degré de maturité et la plupart

Tableau 4 | Paramètres de fermentation des ensilages

Fourrage

Date de prélèvement

A 90/40/30 B 90/30/40

pH

Acide lactique g/kg MS

Acide ­ acétique g/kg MS

Acide ­butyrique g/kg MS

Ethanol g/kg MS

NH3/N tot. %

Points DLG

Pertes gazeuses %

Stabilité aérobie heures

26,5

5,1

21

1

31

29

34

20

11,2

336 336

24,8

5,1

20

1

37

29

36

15

11,3

C 90/20/50

28,8

4,6

36

11

14

20

30

44

7,7

336

A 90/40/30

33,2

4,4

36

13

4

12

8

93

2,8

204

32,3

4,4

35

18

1

7

9

100

1,9

293

35,0

4,2

41

17

1

8

7

100

2,0

295 216

B 90/30/40

14.06.2012

MS %

28.06.2012

C 90/20/50 D 90/40/50 E 90/40/75 D 90/40/50 E 90/40/75

27.06.2013 11.07.2013

Triticale Avoine

27.06.2013

Pois fourragers Triticale Avoine Pois fourragers

11.07.2013

25,9

4,4

44

20

8

20

10

65

4,5

22,8

4,5

57

18

3

14

12

86

2,9

159

34,0

4,6

33

15

4

12

11

89

3,4

259

31,0

4,7

36

11

13

14

10

51

4,5

312

32,8

4,5

25

9

12

19

9

58

4,2

312

22,1

4,7

28

2

42

13

7

6

6,4

312

18,9

4,0

145

22

4

18

12

90

4,3

222 289

35,4

4,5

29

21

2

8

11

100

3,8

30,0

5,1

19

1

21

22

10

31

7,1

312

24,4

4,3

123

27

0

13

10

93

3,4

198

MS: matière sèche; N-NH3/N tot.: proportion d'azote ammoniacal par rapport à l'azote total.

156

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015


Qualité des ensilages plantes entières de ­t riticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale

g/kg matière sèche

15,0

En ce qui concerne l’aptitude à l’ensilage des mélanges et des plantes seules, tous affichaient des coefficients de fermentation relativement élevés. Si ces valeurs sont supérieures à 45, le fourrage est considéré comme facile à ensiler (Weissbach et Honig 1996). Par contre, la teneur en nitrate était dans l’ensemble assez basse et, selon Kaiser et al. (1999), le fourrage avec moins de 1 g de nitrate par kg de MS est considéré comme exempt de nitrate. Le nitrate freine la croissance des bactéries butyriques et empêche ainsi les fermentations butyriques.

Acide butyrique

10,0 5,0 0,0

g/kg matière sèche

25,0

Ethanol

20,0 15,0 10,0 5,0 0,0 6,0

Pertes gazeuses

%

4,0 2,0

2e date de prélèvement 2012 sans conservateur

1ère date de prélèvement

D 90/40/50 E 90/40/75

D 90/40/50 E 90/40/75

D 90/40/50 E 90/40/75

D 90/40/50 E 90/40/75

Stabilité aérobie

A 90/40/30 B 90/30/40 C 90/20/50

336 288 240 192 144 96 48 0

A 90/40/30 B 90/30/40 C 90/20/50

heures

0,0

2e date de prélèvement 2013

avec agent conservateur

Figure 4 | Acide butyrique, éthanol, pertes gazeuses et stabilité aérobie des ensilages avec et sans agent conservateur d’ensilage.

des nutriments ont diminué, en faveur de l’amidon qui a augmenté. Les deux mélanges D et E, qui présentaient une proportion plus élevée de pois fourragers, ont affiché la même teneur en matière azotée que les mélanges A, B et C. Dans le cas des plantes seules, les pois fourragers se sont distingués par des teneurs en matière azotée plus élevées, une teneur en cendres brutes également plus élevée et des teneurs en constituants pariétaux plus basses. L’avoine présentait la teneur en constituants pariétaux la plus élevée et la teneur en sucres la plus basse.

Teneurs en acide butyrique en partie élevées Les résultats des analyses de nutriments des ensilages figurent dans le tableau 3. Comparé à la matière première, la plupart des nutriments étaient plus élevés dans les ensilages, à l’exception des teneurs en sucres et en amidon. La teneur en sucres, par le biais du processus de fermentation, s’est abaissée de 50 % et la teneur en amidon de 75 % par rapport aux valeurs de la matière première. Dans le cas des ensilages de plantes seules, l’avoine a présenté les teneurs en constituants pariétaux les plus élevées et les pois fourragers les teneurs en protéines les plus élevées. Dans le présent essai, comme cela se constate également dans des études antérieures (Weissbach et Haacker 1988; Schneider et al. 1991), des teneurs en acides butyriques plus élevées ont aussi été enregistrées dans certains ensilages (tabl. 4). C’était le cas en particulier dans les ensilages du premier prélèvement, autrement dit les ensilages réalisés avec le fourrage qui affichait les teneurs en MS les plus basses. En conséquence, ces ensilages présentaient aussi des pH plus élevés, un nombre de points DLG plus bas et les pertes gazeuses les plus élevées. Selon Weissbach et Haacker (1988), ce phénomène est dû aux teneurs en nitrate basses dans le matériel initial et donc à l’absence d’effet inhibiteur sur les spores de bactéries butyriques. Dans le cas des plantes seules, l’avoine en particulier a été fortement touché par la formation d’acide butyrique. Les teneurs en constituants pariétaux plus élevées et le caractère grossier du fourrage de même que la fermentation lactique moins intense et la baisse du pH ont certainement joué un rôle. Les ensilages d’avoine présentaient également le nombre de points DLG le plus bas. Quant aux ensilages de pois fourragers, ils ont aussi créé la surprise, car ils présentaient les teneurs en acide lactique les plus élevées et donc les pH les plus bas. Les analyses relatives à la stabilité aérobie ont montré que les ensilages restaient assez stables lors du désilage. Les teneurs en acide butyrique en partie élevées, qui du point de vue de la qualité fermentaire sont certes indésirables, ont inhibé l’activité des levures et amélioré la sta bilité des ensilages.

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

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Production animale | Qualité des ensilages plantes entières de ­t riticale, d’avoine et de pois fourragers

Agents conservateurs et qualité de l’ensilage L’utilisation d’un agent conservateur a influencé d’une part la fermentation initiale et, d’autre part, les postfermentations. Comme on peut le voir sur la figure 4, l’utilisation d’un agent conservateur réduit les teneurs en acide butyrique et en éthanol dans les ensilages. Ceci est probablement dû à l’effet inhibiteur des substances actives chimiques sur les bactéries butyriques et les levures. En réduisant les fermentations indésirables, les pertes gazeuses étaient plus faibles dans les ensilages traités que dans les ensilages non traités. En moyenne, les ensilages traités ont atteint 94 points DLG tandis que les ensilages non traités affichaient seulement 83 points. Les pH et les teneurs en acide lactique et acétique étaient pratiquement identiques avec et sans agent conservateur d’ensilages. Par contre, on a relevé tant dans les ensilages traités que dans ceux non traités en moyenne 118 et 87 g de sucres hydrosolubles, ce que l’on peut aussi attribuer à la réduction des fermentations indésirables. L’agent conservateur a aussi montré un effet sur la stabilité aérobie. Dans pratiquement tous les cas, les ensilages traités se sont échauffés moins rapidement (fig. 4).

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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 152–159, 2015

Conclusions ••La proportion d’avoine dans un mélange composé de céréales plantes entières et de pois fourragers ne devrait pas être trop élevée, car l’avoine influence négativement la qualité fermentaire des ensilages. ••Les mélanges de céréales plantes entières et de pois fourragers doivent être ensilés de préférence au stade pâteux, autrement dit avec une teneur en MS de 35 %. Si l’on récolte le fourrage plus tôt, il y a davantage de problèmes avec l’acide butyrique. ••L’ajout d’un agent conservateur d’ensilage peut réduire la formation d’acide butyrique et améliorer la n stabilité aérobie des ensilages.


Qualità degli insilati con piante intere di triticale, avena e piselli proteici Nel 2012 e 2013, presso Agroscope a Posieux, sono state effettuate analisi con diverse miscele a base di triticale, avena e piselli proteici. I prodotti colturali sono stati mietuti in due date diverse, trinciati e insilati in silo da laboratorio. In alcune miscele, è stata inoltre analizzata l’influenza di un coadiuvante per l’insilamento sulla fermentazione principale e il riscaldamento successivo. Nell’insilato sono stati da una parte individuati livelli elevati di zuccheri e di coefficienti di fermentazione e dall’altra tenori bassi di nitrati. Le miscele e le erbe che sono state utilizzate dopo la prima data di raccolta presentavano in parte livelli relativamente alti di acido butirrico e pertanto anche una cattiva qualità di insilamento. Dei tre prodotti colturali contenuti nella miscela, in particolare l’avena era responsabile della cattiva qualità. Tramite l’aggiunta di un coadiuvante chimico per l’insilamento, è stato possibile ridurre la formazione di acido butirrico ed etanolo e la perdita di gas di fermentazione e migliorare la stabilità aerobica degli insilati.

Bibliographie ▪▪ Arrigo Y., 2014. Estimation de la valeur nutritive d’ensilages de de mélanges protéagineux et céréales immatures. Recherche Agronomique Suisse 5 (2), 52-59. ▪▪ Arrigo Y., Henneberger S. & Wyss U., 2015. Digestibilité et dégradabilité d’ensilages protéagineux-céréales immatures et de leurs constituants. Recherche Agronomique Suisse 6 (4), 144–151. ▪▪ Brunschwig P., 2011. Ensiler des céréales immatures, dossier sécheresse, Institut de l’élevage. Accès: http://www.inst-elevage.asso.fr/spip. php?page=article_espace&id_espace=944&id_article=19868. ▪▪ Kaiser E., Weiss K. & Milimonka A., 1999. Untersuchungen zur Gärqualität von Silagen aus nitratarmem Grünfutter. Archives of Animal Nutrition 52, 75–93.

Summary

Riassunto

Qualité des ensilages plantes entières de ­t riticale, d’avoine et de pois fourragers | Production animale

Quality of whole-crop silage from triticale, oats and forage peas Experiments with various mixtures containing triticale, oats and forage peas were carried out at Agroscope Posieux in 2012 and 2013. The crops were harvested on two dates, chopped, and ensiled in laboratory silos. In addition, the influence of a chemical silage additive on lactic acid fermentation as well as the aerobic stability was studied for some mixtures. Results showed that the ensilaged materials had high sugar contents, high fermentability coefficients, and low nitrate contents. Some of the mixtures and individual plants ensiled on the first date had a relatively high butyric acid content and hence poor silage quality. Of the three plants contained in the mixture, oats were particularly responsible for the poor quality. The addition of a chemical silage additive reduced butyric acid and ethanol formation as well as fermentation gas losses; in addition, it improved the aerobic stability of the silages. Key words: whole crop silage, cereals, forage peas, silage quality, aerobic stability.

▪▪ Schneider S., Vogel R. & Wyss U., 1991. Die Eignung von Triticale zur Bereitung von Ganzpflanzensilage. Landwirtschaft Schweiz 4 (8), 407–411. ▪▪ Thaysen J., 2010. Ganzpflanzensilage. Rationalisierungs-Kuratorium für Landwirtschaft, S. 867–920. ▪▪ Weissbach F. & Honig H., 1996. Über die Voraussage und Steuerung des Gärungsverlaufs bei der Silierung von Grünfutter aus extensivem Anbau. Landbauforschung Völkenrode 46 (1), 10–17. ▪▪ Weissbach F. & Haacker K., 1988. Über die Ursachen der Buttersäuregärung in Silagen aus Getreideganzpflanzen. Das wirtschaftseigene Futter 34, 88-99. ▪▪ Wyss U., 1994. Gärqualität von Gerste-Proteinerbsen-Ganzpflanzensilagen. Agrarforschung 1 (1), 19–21.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures Bernhard Speiser1, Esther Mieves2 et Lucius Tamm1 Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL, 5070 Frick, Suisse 2 Universität Kassel, Fachgebiet Ökologischer Pflanzenschutz, 37213 Witzenhausen, Allemagne Renseignements: Bernhard Speiser, e-mail: bernhard.speiser@fibl.org 1

Figure 1 | Dans ce vignoble, le dépôt bleu sur les échalas témoigne d’une utilisation de quantités élevées de cuivre depuis des décennies (photo datant de 1989). (Photo: Andreas Häseli, FiBL)

Introduction Dès les années 1880, le cuivre a été utilisé dans les vignobles suisses pour lutter contre le mildiou (Plasmopara viticola). Entre 1920 et 1960, le cuivre a été abondamment utilisé; de nombreux vignerons ont appliqué en moyenne jusqu’à 50 kg/ha/an (Räz et al. 1987) (fig. 1). En Allemagne, les quantités appliquées ont parfois atteint 80 kg/ha/an, voire plus (Kühne et al. 2009). Aujourd’hui, la quantité maximale autorisée de fongicides à base de cuivre est limitée. La limite se réfère toujours à la proportion de cuivre pur contenu dans les substances actives (hydroxyde de cuivre, oxychlorure de cuivre, bouillie bordelaise, etc.). En Suisse, les quantités maximales autorisées de fongicides à base de cuivre sont définies: (i) par l’autorité compétente en matière d’autorisation des produits phytosanitaires (Office fédéral de l’agriculture, OFAG) pour l’agriculture d’une manière générale; (ii) par l’ordonnance sur l’agriculture biologique pour l’ensemble des producteurs bio, et (iii) par les cahiers des charges de Bio Suisse pour ses membres.

160

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015

Selon l’index des produits phytosanitaires de l’OFAG, la quantité de cuivre pur autorisée est de 4 kg/ha/an pour la plupart des cultures et 6 kg/ha/an pour la vigne. L’ordonnance sur l’agriculture biologique limite à 4 kg/ha/an la quantité maximale de cuivre pour la vigne. Il s’agit d’une moyenne à respecter sur une période de cinq ans; ponctuellement, jusqu’à 6 kg/ha/an peuvent être utilisés certaines années. En outre, Bio Suisse fixe une limite de 2 kg/ha/an pour les cultures de petits fruits et de 1,5 kg/ ha/an pour les fruits à noyaux. S’il existe un risque élevé d’infection par le feu bactérien, jusqu’à 4 kg/ha/an peuvent être appliqués sous réserve d’une autorisation cantonale. Comme le cuivre s’accumule dans le sol, son utilisation en agriculture biologique fait l’objet de critiques récurrentes. Il est en outre généralement admis que les quantités maximales autorisées sont réellement utilisées. Cette étude part de l’hypothèse que, au contraire, les quantités de cuivre utilisées par les agriculteurs bio suisses sont plus faibles, car ils sont conscients de la problématique du cuivre et font de gros efforts pour en minimiser l’application. L’enquête menée auprès de paysans bio décrite dans cet article présente pour la première fois des valeurs chiffrées des quantités de cuivre effectivement utilisées en pratique.

Méthodes Enquête Dans le cadre de cette étude, 38 producteurs de Bio Suisse ont été interrogés. L’enquête se fonde sur l’enregistrement des traitements phytosanitaires destiné au contrôle d’exploitation et couvre la période 2009–2012. Pour les fruits et les légumes, un nombre limité de producteurs ont été interrogés, sélectionnés parmi les fournisseurs les plus importants d’un détaillant particulier. Les agriculteurs interrogés assurent une part considérable de la production biologique suisse (tabl. 1). Toutefois, ils ne sont pas nécessairement représentatifs en termes de taille d’exploitation ni de répartition géographique. Selon toute vraisemblance, la taille des exploita-


tions ayant fait l’objet de l’enquête est supérieure à la moyenne et la Suisse orientale est surreprésentée. Pour la viticulture, un appel a été lancé auprès de producteurs de Bio Suisse, parmi lesquels douze vignerons ayant déclaré utiliser du cuivre sur leur exploitation ont été choisis. Quelques exploitations viticoles importantes ne figuraient pas dans cette liste, contrairement à la sélection de producteurs de fruits et légumes. De plus, la proportion de surfaces plantées en variétés fongirésitantes dans les exploitations étudiées était supérieure à celle observée dans l’ensemble de la Suisse. L’estimation de la moyenne pondérée par la surface (voir ci-dessous) permet toutefois de corriger ce biais. Évaluation La moyenne pondérée par la surface, calculée pour l’ensemble des producteurs et de la période, a été utilisée pour exprimer la quantité de cuivre appliquée pour chaque culture. À partir des données relatives aux légumes de plein champ et aux pommes de terre, la quantité moyenne de cuivre utilisée pour les surfaces d’assolement (pour l’ensemble des cultures) a été estimée comme suit: (i) parmi les cultures d’assolement, les pommes de terre, les carottes, les céleris et les choux peuvent être traités au cuivre; (ii) la quantité pondérée par la surface de cuivre utilisée pour ces quatre cultures a été déterminée; (iii) sur une exploitation modèle étudiée de façon plus précise, l’ensemble de ces quatre cultures représentait 52 % des surfaces d’assolement; (iv) cette donnée a été utilisée pour estimer la quantité de cuivre appliquée sur l’ensemble des surfaces d’assolement (l’ensemble des cultures = 100 % des surfaces). Les données relatives à la vigne ont été exploitées séparément selon les deux groupes de variétés: les variétés européennes et les variétés fongi-résistantes, les premières étant nettement plus sensibles au mildiou. La quantité moyenne de cuivre appliquée sur les vignobles bio a été estimée comme suit: (i) dans les vignobles bio suisses, la proportion de variétés européennes est estimée à 75 % et celle des variétés fongi-résistantes à 25 % (communication personnelle d’Andreas Häseli, FiBL). (ii) Les quantités moyennes de cuivre appliquées sur les deux groupes de variétés ont été déterminées séparément. (iii) Ensuite, la moyenne pondérée par la surface a été calculée pour les deux groupes de variétés.

Résultats La quantité moyenne de cuivre utilisée varie fortement selon la culture (tabl. 1). Dans le cas des pommes, des petits fruits, des choux, des tomates et des concombres,

Résumé

Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures | Production végétale

Aujourd’hui, l’utilisation de fongicides à base de cuivre est soumise à des limites quantitatives. Pour les producteurs biologiques suisses, les limites applicables sont fixées par l’autorité compétente en matière d’autorisation des produits phytosanitaires, par l’ordonnance sur l’agriculture biologique et par les cahiers des charges de Bio Suisse. Les quantités maximales s’élèvent à 1,5 kg/ha/an pour les fruits à noyaux, à 2 kg/ha/an pour les petits fruits et à 4 kg/ha/an pour les autres cultures. Une enquête a été menée auprès des producteurs de Bio Suisse pour savoir quelles quantités de cuivre étaient réellement appliquées en pratique. Les producteurs ont été interrogés sur les quantités de cuivre utilisées sur la période 2009–2012. La quantité moyenne de cuivre utilisée pour les surfaces d’assolement et pour les surfaces viticoles a été estimée. La quantité moyenne de cuivre utilisée pour les pommes, toutes les espèces de petits fruits, les choux, les tomates, les concombres et les variétés résistantes de vigne, est inférieure à 1 kg/ha/an. Pour les poires, les abricots et les carottes, elle est comprise entre 1 et 2 kg/ha/an et pour les cerises, les pommes de terre, les céleris et les variétés de vigne européennes traditionnelles, elle est supérieure à 2 kg/ha/an. La quantité moyenne de cuivre utilisée est de 0,7 kg/ha/an sur les surfaces d’assolement et de 2,5 kg/ha/an sur les surfaces viticoles. Cette enquête montre que les paysans bio suisses utilisent nettement moins de cuivre que les quantités maximales autorisées. Toutefois, l’apport de cuivre dans l’environnement doit encore être réduit. Pour cela, l’agriculture biologique poursuit aujourd’hui une stratégie combinée, qui comprend la culture de variétés résistantes, des adaptations de la conduite culturale, des optimisations de l’application de cuivre et l’utilisation de produits de substitution.

elle est inférieure à 1 kg/ha/an. Dans celui des poires, des abricots et des carottes, elle se situe entre 1 et 2 kg/ha/an, et dans le cas des cerises, des pommes de terre et des céleris, elle est supérieure à 2 kg/ha/an. En viticulture, la quantité de cuivre appliquée sur les variétés fongi-résistantes est près de six fois moindre que celle utilisée pour les variétés européennes. La quantité de cuivre utilisée, 

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015

161


Production végétale | Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures

Tableau 1 | Producteurs interrogés, quantité moyenne de cuivre utilisée et part réellement utilisée de la quantité maximale autorisée pour différentes cultures. Les quantités maximales autorisées varient selon la culture (voir introduction) Producteurs interrogés Culture

Nombre

Part de la surface bio (%)

Quantité de cuivre (kg/ha/an)

Part réellement utilisée de la quantité maximale autorisée (%)

Cultures fruitières

13

Pommes

10

50

0,9

60

Poires

6

50

1,2

80

Abricots

3

40

1,7

43

Cerises

2

10

2,5

63

Mûres

2

50

0,6

30

Fraises

5

30

0,4

20

Myrtilles, framboises, groseilles

5

30

0,1

5

Pommes de terre et légumes

7

Pommes de terre

6

10

2,8

70

Carottes

4

*

1,4

35

Céleris

3

*

2,7

68

Choux

6

*

0,1

3

Estimation des surfaces d’assolement

0,7

Cultures en serres

6

Tomates

5

*

0,2

5

Concombre

6

*

0,1

3

Vignes

12

Variétés européennes

8

11

2,9

73

Variétés fongi-résistantes

9

8

0,5

13

Estimation des surfaces de vignobles

2,5

La part de la surface bio n’a pas pu être déterminée pour ces cultures.

*

estimée à partir d’une surface d’assolement moyenne, s’élève à 0,7 kg/ha/an, tandis que la quantité estimée à partir d’une surface moyenne de vignoble est de 2,5 kg/ha/an. La part réellement utilisée de la quantité maximale de cuivre autorisée varie fortement selon les cultures (tabl. 1, dernière colonne). Dans le cas des fraises, des myrtilles, des framboises, des groseilles, des choux, des tomates, des concombres, la part utilisée est inférieure à 25 % de la quantité maximale autorisée. Dans le cas des abricots, des mûres et des carottes, la part utilisée est comprise entre 25 et 50 % de la quantité maximale et dans celui des pommes, des poires, des cerises, des pommes de terre et des céleris, elle est supérieure à 50 % de celle-ci. En viticulture, la part appliquée rapportée à la quantité maximale autorisée diffère fortement selon qu’il s’agit de variétés fongi-résistantes ou de variétés européennes. En ce qui concerne la culture de fruits à pépins et à noyaux, seuls quelques producteurs utilisent la quantité maximale autorisée. Dans les autres cultures, aucun des agriculteurs interrogés n’atteignait cette limite.

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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015

Discussion Cette enquête montre que les paysans bio suisses utilisent en moyenne nettement moins de cuivre que les quantités maximales autorisées. Les effets de l’utilisation du cuivre doivent être évalués en fonction des quantités réellement appliquées. Dans certaines cultures, elles peuvent être 10 à 30 fois plus faibles que les quantités maximales autorisées. Les producteurs interrogés utilisent volontairement des quantités inférieures aux limites autorisées. Cette réduction n’est possible qu’en luttant par d’autres moyens contre les maladies. Selon la culture, différentes solutions sont disponibles (voir plus loin). Pour pouvoir minimiser les applications de cuivre sur leur exploitation, les producteurs doivent cependant être prêts à consentir des frais plus élevés et/ou à prendre davantage de risques. Les producteurs de fruits et légumes interrogés assurent une part sensible de la production biologique suisse. En revanche, les données relatives à la viticulture n’incluent pas certaines exploitations viticoles impor-


Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures | Production végétale

Figure 2 | Une application sous les feuilles des produits phytosanitaires permet une meilleure pulvérisation à la surface inférieure du limbe. Dans les cultures de pommes de terre, cette technique ne convient que jusqu’à la fermeture des rangs. Par la suite, les «Droplegs» s’empêtreraient dans les plants et les endommageraient. (Photo: Bernhard Speiser, FiBL)

tantes, de sorte que la quantité moyenne de cuivre utilisée a dû être extrapolée. Les quantités de cuivre appliquées, déterminées pour l’agriculture biologique suisse, sont du même ordre de grandeur que les quantités utilisées par les paysans bio allemands. Les agriculteurs interrogés lors des enquêtes les plus récentes des associations agricoles allemandes utilisent environ 1 à 2 kg/ ha/an selon les cultures (Kanthak et al. 2014). Le cuivre est souvent utilisé aussi en production intégrée et conventionnelle pour les raisons suivantes: (i) le cuivre est la seule substance active autorisée pour lutter contre certaines maladies; (ii) pour la gestion des résistances; (iii) pour des raisons de coûts. Une étude allemande montre que les quantités de cuivre utilisées par unité de surface dans la plupart des cultures en agriculture conventionnelle sont plus faibles qu’en agriculture biologique. Cette différence s’explique par le fait que de nombreux autres fongicides sont autorisés en agriculture conventionnelle (Kühne et al. 2009). Possibilités actuelles de réduction du cuivre L’agriculture biologique poursuit aujourd’hui une stratégie combinée destinée à minimiser l’utilisation du cuivre: cultiver des variétés résistantes ou tolérantes, adapter la conduite culturale, optimiser les applications de cuivre et utiliser des produits de substitution. L’intérêt des variétés résistantes apparaît clairement dans cette enquête, particulièrement en viticulture où les quantités de cuivre appliquées sur les variétés fongi-résistantes sont six fois plus faibles que sur les variétés européennes. Une application minimale de cuivre est toutefois conseillée, même sur les variétés

de vignes résistantes, pour éviter l’apparition de souches de mildiou résistantes. Diverses variétés résistantes de pommiers, requérant une utilisation minimale de cuivre, sont également disponibles. La culture de ces variétés est cependant freinée par les besoins du marché, par exemple par la demande de la variété Gala, très appréciée, mais sensible à la tavelure. Grâce à un intense effort de marketing du commerce de détail, la proportion de variétés résistantes a pu être continuellement augmentée et représente actuellement plus de 40 % en Suisse. De même, il existe aujourd’hui diverses variétés de pommes de terre résistantes, mais leur commercialisation se heurte aux mêmes obstacles que celle des variétés résistantes de pommiers ou de vignes. Cette enquête met également en lumière l’importance de la conduite culturale en particulier pour les cultures en serres. L’humidité de l’air dans les serres peut être régulée de façon à éviter les infections. L’application de cuivre n’est alors nécessaire qu’en périodes de forte humidité prolongées, pendant lesquelles la régulation de l’humidité est insuffisante. Dès lors, la quantité moyenne utilisée sur les tomates et les concombres est très faible mais pas nulle. L’enquête montre également l’influence de la conduite culturale pour la production de cerises. Ainsi, dans un verger haute-tige en plein air, un producteur doit utiliser jusqu’à 4 kg de cuivre/ha/an. Un autre producteur de cerises de table exploite un verger moderne avec protection contre les intempéries. Cette pratique réduit si fortement le risque d’infection par la tavelure, la cylindrosporiose, la pourriture amère et en partie également la moniliose, que les traitements par le cuivre peuvent être considérablement réduits. Dans l’optique d’une minimisation de l’utilisation du cuivre, les vergers modernes avec protection contre les intempéries sont à privilégier, alors que, du point de vue de la préservation des paysages, les vergers haute-tige sont plus avantageux. L’efficacité de la réduction du dosage de cuivre peut être optimisée par les mesures techniques suivantes: (i) les modèles prévisionnels permettent de faire coïncider le mieux possible les applications de cuivre avec les périodes d’infection anticipées. Les modèles utilisés en pratique sont, par exemple, RIMpro (tavelure de la pomme), Vitimeteo-Plasmopara (mildiou de la vigne) et phytoPRE (mildiou de la pomme de terre). (ii) Les techniques modernes favorisent l’application uniforme du dépôt de cuivre sur les surfaces supérieure et inférieure de la feuille (fig. 2 et 3). Compte tenu de l’action purement protectrice du cuivre, l’application doit être homogène pour être efficace. (iii) Les formulations modernes 

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 160–165, 2015

163


Production végétale | Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures

Figure 3 | En mélangeant une substance fluorescente à la bouillie pulvérisée, il est possible d’observer sous lumière ultra-violette comment le dépôt se distribue sur les feuilles. Cette méthode permet de vérifier l’efficacité de nouvelles techniques d’application. (Photo: Bernhard Speiser, FiBL)

de cuivre permettent d’obtenir une bonne répartition à la surface des feuilles et offrent une meilleure résistance à la pluie, ce qui permet de réduire les doses. Les produits de substitution contribuent également à réduire l’utilisation de cuivre. Le soufre, l’argile et le bicarbonate de potassium figurent parmi les constituants habituels du programme de traitement des producteurs bio suisses et remplacent les applications de cuivre à de nombreux stades de culture. En Allemagne, l’utilisation de sulfure de calcium est répandue en agriculture biologique. Il est appliqué du début des cultures jusqu’en milieu de saison et le produit peut être utilisé pendant la phase d’infection. En Suisse, l’utilisation de sulfure de calcium comme produit phytosanitaire est encore soumise à autorisation; ce produit ne peut donc pas être utilisé actuellement. L’application de phosphonate de potassium (phosphite de potassium) comme produit de substitution fait encore l’objet de discussions. En Allemagne, ce produit a été utilisé en viticulture bio jusqu’en 2013. Actuellement, son emploi en agriculture biologique n’est pas autorisé; une demande d’autorisation dans l’UE a cependant été déposée. Il est peu probable que cette demande aboutisse. Les critiques portent en particulier sur la présence de résidus de phosphonate dans les produits récoltés et dans le vin (EGTOP 2014). Autres sources de cuivre Cette étude traite de l’application de fongicides à base de cuivre. Il existe cependant d’autres sources de cuivre dans l’environnement. En agriculture, des quantités considérables de cuivre proviennent de l’épandage d’engrais de ferme, d’engrais commerciaux, de composts et de résidus de fermentation. Dans une étude autrichienne, la charge moyenne de cuivre due à l’épandage de fumier

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a été estimée à près de 0,2 kg/ha/an pour le fumier de volaille, à 3 kg/ha/an pour le fumier de porc et à 1,5 kg/ ha/an pour le fumier de dinde (Zethner et al. 2007). La teneur en cuivre dans les engrais dépend directement du contenu en cuivre des aliments. En particulier, les aliments pour porcelets sont fortement enrichis en cuivre. Pour minimiser également cet apport de cuivre, Bio Suisse a fixé des limitations strictes pour la teneur en cuivre des aliments bio pour animaux. Par exemple, selon la liste contraignante des aliments pour animaux, la teneur autorisée en cuivre dans la nourriture pour porcelets conforme au cahier des charges de Bio Suisse est de 6 mg/kg, alors que, dans la nourriture conventionnelle 170 mg/kg sont autorisés. Par ailleurs, il existe également des sources non agricoles importantes de cuivre. Les plus importantes sont le trafic routier (abrasion des freins), les conduites d’eau potable, les lignes électriques aériennes et les toitures (Hillenbrand et al. 2005). La quantité totale de cuivre due au trafic routier dans l’environnement est nettement plus élevée que la charge due aux fongicides. Toutefois, l’apport par unité de surface résultant du trafic est vraisemblablement plus faible, car ces émissions concernent des surfaces non agricoles et les eaux.

Conclusions L’apport de cuivre dans l’environnement doit encore être réduit. Toutefois, renoncer totalement aux fongicides à base de cuivre est actuellement impossible tant en agriculture biologique que conventionnelle. Il est en revanche possible de réduire davantage l’utilisation de cuivre, en affinant la stratégie de réduction du cuivre décrite schématiquement ci-dessus et en la mettant résolument en œuvre. Le développement de nouveaux types de fongicides pourrait être un facteur décisif en vue d’une suppression totale du cuivre. Actuellement, différents projets de recherche visant à trouver des alternatives au cuivre sont en cours. Le projet CO-FREE a pour objet de faire progresser simultanément le développement de nouveaux fongicides, l’élaboration de nouveaux modèles prévisionnels et l’amélioration de l’acceptation de variétés n résistantes par le marché.

Remerciements

Nous tenons à remercier pour leur précieuse collaboration le détaillant et tous les producteurs qui ont participé à cette étude.


Uso di rame in diverse colture da parte di biocontadini svizzeri I quantitativi di fungicidi a base di rame sono attualmente limitati. Per i bioproduttori svizzeri valgono le limitazioni imposte dal servizio di omologazione per prodotti fitosanitari, dall’Ordinanza bio e dalle direttive di Bio Suisse. I quantitativi massimi ammessi ammontano a 1,5 kg/ha/anno per frutta a granella, a 2 kg/ha/anno per bacche e a 4 kg/ha/anno per le altre colture. Abbiamo analizzato quanto rame viene impiegato effettivamente nella pratica. Per questa valutazione abbiamo interrogato diversi produttori di Bio Suisse in merito all’uso di rame negli anni 2009–2012. Da questi dati abbiamo estrapolato l’uso medio di rame sulle superfici di avvicendamento e nei vigneti. Per quanto riguarda le mele, tutte le specie di bacche, i cavoli, i pomodori, i cetrioli e le varietà di vite resistenti, l’impiego medio di rame è risultato inferiore a 1 kg/ha/anno. Per le pere, le albicocche e le carote il valore si è situato tra 1 e 2 kg/ha/anno e per le ciliegie, le patate, il sedano e le varietà di vite europee tradizionali ha superato 2 kg/ha/ anno. L’uso medio di rame su superfici di avvicendamento è risultato pari a 0,7 kg/ha/ anno, nei vigneti 2,5 kg/ha/anno. Da questo sondaggio emerge che i contadini bio svizzeri spargono nettamente meno rame di quanto è permesso. L’agricoltura biologica persegue attualmente una strategia combinata per minimizzare l’uso di rame, che implica la coltivazione di varietà resistenti, adeguamenti nella gestione delle colture, ottimizzazione dell’uso di rame e impiego di prodotti alternativi.

Summary

Riassunto

Utilisation de cuivre par les paysans bio suisses dans différentes cultures | Production végétale

Crop-specific copper applications by Swiss organic farmers There are currently quantitative restrictions on the use of copper-based fungicides. In Switzerland, restrictions are imposed on organic farmers by the licensing authority for pesticides, the Swiss Organic Farming Ordinance and the Bio Suisse Standards. The maximum permitted quantities are 1.5 kg/ ha/a in pome fruit, 2 kg/ha/a in soft fruit and 4 kg/ha/a in other crops. We have examined the actual quantities of copper applied on farms. For this study, we surveyed Bio Suisse producers on their use of copper-based fungicides in the years 2009–2012 and extrapolated the average quantities of copper applied on crop rotation plots and viticulture plots. Average copper applications were less than 1 kg/ha/a in apples, all soft fruit species, cabbages, tomatoes, cucumbers and resistant grape cultivars. Between 1 and 2 kg/ha/a were applied to pears, apricots and carrots, whereas cherries, potatoes, celeriac and traditional European grape cultivars received more than 2 kg/ha/a. Copper was applied at average rates of 0.7 kg/ha/a in crop rotation plots and 2.5 kg/ha/a in viticulture plots. This survey shows that Swiss organic farmers apply significantly less copper than the maximum permitted quantities. The organic farming sector is pursuing a combined strategy for minimizing copper applications that involves resistant cultivars, adaptations in crop husbandry, optimized copper applications and the use of alternative products. Key words: Bio Suisse, copper fungicides, plant protection, organic farming, Switzerland.

Bibliographie ▪▪ EGTOP, 2014. Final Report on Plant Protection Products (II). www.ec.europa.eu/agriculture/organic. ▪▪ Hillenbrand T., Toussaint D., Böhm E., Fuchs S., Scherer U., Rudolphi A. & Hoffmann M., 2005. Einträge von Kupfer, Zink und Blei in Gewässer und Böden – Analyse der Emissionspfade und möglicher Emissionsminderungsmaßnahmen. Texte 19 / 05. Umweltbundesamt, Dessau. ▪▪ Kanthak S., Kienzle J. & Patzwahl W., 2014. Saisonberichte und Stand der Umsetzung der Kupferminimierungsstrategie. Présentations au séminaire professionnel sur le cuivre 2014 du 21 novembre 2014 à Berlin. http://kupfer.jki.bund.de.

▪▪ Kühne S., Strassemeyer J. & Rossberg D., 2009. Anwendung kupferhaltiger Pflanzenschutzmittel in Deutschland. Journal für Kulturpflanzen 6, 126–130. ▪▪ Räz B., Schüepp H. & Siegfried, W., 1987. Hundert Jahre Plasmopara-­ Bekämpfung und Kupfereintrag in die Rebberge. Schweizerische Zeitschrift für Obst- und Weinbau 123, 272–277. ▪▪ Zethner G., Sattelberger R. & Hanus-Illnar, A., 2007. Kupfer und Zink im Wirtschaftsdünger von Schweine- und Geflügelmastbetrieben. Umweltbundesamt, REP-0073, Vienne.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur Emilie Carrera, Gaétan Riot, Werner Reust, Jean-Paul Dutoit, Jean-Marie Torche et Brice Dupuis Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260, Nyon, Suisse Renseignements: Brice Dupuis, e-mail: brice.dupuis@agroscope.admin.ch

Essai dégermage à La Frêtaz (photo: Gaétan Riot)

Introduction La liste suisse des variétés de pomme de terre 2015 recommande 32 variétés (Schwärzel et al. 2014). Chacune d’elles dispose d’une physiologie propre qui peut être caractérisée par deux phases consécutives, la dormance et l’incubation. La durée de chaque phase est propre à chaque variété. Le développement de la pomme de terre commence avec la formation du tubercule. Une fois celui-ci formé, il va passer par une première phase de dormance durant laquelle il ne va pas germer. Cette phase peut être divisée en deux parties successives. La première est l’endodormance, période pendant laquelle le tubercule est incapable de germer quelles que soient les conditions. La seconde période est une dormance maintenue artificiellement par des conditions de conservation retardant le démarrage de la germination (température entre 4 et 10 °C) (Rousselle et al. 1996; Martin et Gravoueille 2001). A la fin de cette phase de dormance, le tubercule va entamer sa germination et entrer dans sa phase d’incubation durant laquelle les germes des tuber-

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cules vont s’allonger. Dans un premier temps, les réserves en amidon de la pomme de terre vont permettre la croissance des germes. Dans un deuxième temps, à la suite de la levée, les feuilles fourniront l’énergie nécessaire par photosynthèse (Mazoyer 2002). Les variétés sont caractérisées par la rapidité de leur vieillissement qui peut être défini comme étant l’évolution de l’âge physiologique du tubercule (Delaplace 2007). L’âge physiologique est un processus de transformation des tissus végétaux de réserves (l’amidon), qui aura une influence sur la capacité du tubercule à croître et à tubériser (Delaplace 2007). Les trois principaux facteurs faisant varier le vieillissement sont la génétique de la variété, l’âge chronologique du tubercule et l’environnement dans lequel il se trouve (Reust 1981; Delaplace 2007). Au début de la vie du tubercule, c’est la génétique de la variété qui détermine majoritairement sa vitesse de vieillissement. A la suite de l’endodormance, c’est l’environnement qui devient déterminant (Delaplace et al. 2008). Les composantes de l’environnement qui influent sur le vieillissement sont principalement les caractéristiques pédoclimatiques du lieu de production ainsi que la température de conservation (Reust 1981). Le vieillissement passe par trois stades consécutifs particulièrement importants pour les agriculteurs, car ils déterminent le rendement et la qualité de la production. Peu après la levée de la dormance, la croissance des germes est lente et la dominance apicale est forte, ce qui implique qu’un seul germe principal se développe. Par la suite, la dominance apicale va diminuer et d’autres germes à croissance plus rapide vont apparaître. Enfin, les ressources du tubercule (l’amidon) s’épuisent, le tubercule est alors trop vieux et présente de multiples germes ramifiés (Rousselle et al. 1996). Le vieillissement influence également le nombre et la rapidité de croissance des tiges, mais aussi le démarrage de la formation des tubercules fils (appelée tubérisation) et leur nombre par plante de pomme de terre. Dans certains cas, où le vieillissement est très avancé, il est possible d’observer un phénomène de boulage (fig. 1), c’est-à-dire la formation de tubercules fils sur les germes sans que la plante ne lève. Ces tubercules fils sont de moindre qualité, ce


qui engendre des pertes conséquentes pour les producteurs (Martin et Gravoueille 2001; Rousselle et al. 1996). En connaissant les différentes durées des stades du vieillissement, il est possible de déterminer le moment le plus opportun pour la plantation d’une variété donnée, c’est-à-dire quand le plant présente un nombre important de germes à croissance rapide (Reust et Hebeisen 2003). En effet, une germination abondante garantit un nombre important de tiges, une tubérisation importante ainsi qu’un rendement conséquent. Les plants de pommes de terre des variétés à dormance courte conservés dans des conditions sous-optimales peuvent commencer à germer dès le stockage. Si cette germination est trop importante, ceux-ci doivent être dégermés avant la plantation. Dans le cas où le vieillissement de ces plants est déjà avancé, ceux-ci vont présenter des retards à la levée ainsi qu’un faible développement végétatif et par conséquent donner un rendement faible. Dans des cas extrêmes où le vieillissement des plants est très avancé, il est possible d’observer le développement de tubercules fils en l’absence de feuillage, c’est-à-dire du boulage (fig. 1.). La sensibilité au dégermage permet donc d’évaluer l’état de vieillissement du plant. Les variétés présentant des yeux superficiels sont en général plus sensibles au dégermage, car leurs germes se cassent plus facilement lors de la manipulation des plants (Rousselle et al. 1996). Deux essais distincts sont menés chaque année par Agroscope afin de mesurer la sensibilité au vieillissement des différentes variétés de pomme de terre. Le premier essai repose sur l’étude de la durée de la dormance et de l’incubation. Le second s’intéresse à la différence de développement et de rendement entre des plants dégermés et des plants non dégermés conservés  dans des conditions optimales.

Réumé

Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale

La physiologie du tubercule de pomme de terre est caractérisée par deux phases consécutives: la dormance et l’incubation. La dormance est la période durant laquelle le tubercule est en repos végétatif et ne germe pas, tandis que l’incubation commence à la germination et se termine au moment de la formation des premiers tubercules fils. La durée des périodes de dormance et d’incubation est propre à chaque variété. Les variétés à dormance courte seront plus difficiles à conserver et les variétés à incubation courte vieilliront plus rapidement. Si le vieillissement du tubercule est trop avancé, le plant lèvera avec difficulté et les rendements seront faibles. De plus, certaines variétés sont particulièrement sensibles au dégermage, manipulation provoquant l’accélération artificielle du vieillissement des plants. Des essais spécifiques ont été mis en place par Agroscope afin de caractériser la physiologie des variétés de pommes de terre inscrites dans la liste recommandée 2015. Ces essais ont montré qu’il n’y avait pas de lien entre la durée de la dormance, la durée de l’incubation et la sensibilité au dégermage. Ils ont également permis de caractériser la physiologie de l’ensemble des variétés de la liste recommandée 2015 (les résultats obtenus sont présentés dans un tableau synthétique). Cette caractérisation est primordiale afin de garantir un stockage approprié des plants, de déterminer les conditions et la durée de la prégermination, de garantir une bonne levée et un développement végétatif rapide, autant d’éléments déterminants pour un rendement élevé en tubercules.

Figure 1 | Boulage au champ. (photo: Werner Reust)

Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

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Production végétale | Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur

Plantation (G0) (Goumoëns-la-Ville)

Avril

Phase de dormance Phase d’incubation Laps de temps variables

Mai Tubérisation au champ (G1)

Juin Juillet

Août Récolte (G1) Cicatrisation à 18 °C (Changins)

Septembre

Stockage à 18 °C, 80 % HR Germination

Octobre

Novembre

Décembre Prégermination Stockage à 15°C, 80% HR

Janvier

Boulage (G2)

B

upe Gro

upe

Gro

Février

A

Stockage à 4 °C, 80% HR

Mars

Avril

Mai

Juin

Prégermination Stockage à 15 °C, 80% HR Groupe A et B

Dégermage

Plantation à La Frêtaz (G2) (Groupe A et B)

Essai dégermage

Essai incubation

Figure 2 | Schéma de l’essai dégermage et de l’essai incubation. Les traits bleus indiquent la phase de dormance du tubercule et les traits verts la phase d’incubation. Les carrés oranges représentent des laps de temps variables selon les variétés analysées dans le cadre de ces essais.

Matériel et méthodes Les caractéristiques physiologiques de 29 variétés de pomme de terre ont été étudiées dans deux essais. Afin que ces deux essais soient réalisés avec des tubercules présentant des antécédents culturaux identiques, tous les plants des différentes variétés utilisées ont été produits au même endroit, à Goumoëns-la-ville, à 650 m d’altitude (Reust et Hebeisen 2003). L’essai incubation commence, comme illustré dans la figure 2, par la plantation des tubercules G0 à Goumoëns-la-ville (VD). La détermination pour chaque variété de la date de tubérisation au champ de l’individu

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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

G1 est obtenue grâce à l’arrachage de plants deux fois par semaine et à l’observation de l’apparition des premiers tubercules. Une fois cette date déterminée, les tubercules se développent sans intervention extérieure jusqu’à la récolte. Après celle-ci, les tubercules sont stockés pendant deux semaines à 18 °C afin que la peau se cicatrise. Vingt tubercules de chaque variété sont ensuite disposés dans une caisse de 17×40×60 cm sur un lit de perlite de 3 cm (fig. 3). Les pommes de terre sont ensuite entreposées dans des conditions idéales pour la germination, c’est-à-dire à 18 °C et 80 % d’humidité relative (HR). La perlite est arrosée une première fois lors de la mise en place de l’essai, puis deux fois par semaine


Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale

Figure 3 | Caisse de l’essai incubation. (photo: Gaëtan Riot)

jusqu’à la fin de celui-ci. Les tubercules sont contrôlés tous les deux jours et la date de germination est établie lorsque 80 % des tubercules sont munis de germes. La date d’apparition d’une nouvelle génération de tubercules sur les germes (boulage G2) est également contrôlée tous les deux jours (Reust et Hebeisen 2003). Les résultats pour chaque variété sont ensuite exprimés en degrés-jours. Ils sont composés de la somme des températures journalières entre l’initiation de la tubérisation et la germination (période de dormance) ainsi que de la somme entre la germination et le boulage (période d’incubation) (Reust et al. 2001). Les données de température au champ sont collectées à partir de la station météorologique de Goumoëns (réseau Agrométéo), grâce à une sonde de température à 10 cm de profondeur dans le sol. Après la récolte, c’est la température de stockage (18 °C) qui sera utilisée pour le calcul des degrés-jours. Afin d’atténuer les différences annuelles provoquées par l’environnement dans cet essai, la variété Bintje a été utilisée comme témoin. En effet, les écarts de degrés-jours moyens entre la variété et Bintje et les variétés étudiées ont été utilisés dans l’analyse des données. L’essai dégermage suit les mêmes étapes que l’essai incubation jusqu’à la fin de la phase de cicatrisation des tubercules (fig. 2). Après cette étape, les tubercules sont placés 4 à 5 mois à 4 °C et 80 % HR puis séparés en deux groupes (A et B). Le groupe A est maintenu pendant 2 à 5 mois supplémentaires à 4 °C et 80 % HR, puis mis en prégermination à la lumière à 15 °C et 80 % HR pendant une période qui peut varier de 4 à 6 semaines selon la variété, afin d’obtenir des germes d’une longueur suffisante pour être plantés. Le groupe B est prégermé une

première fois dans l’obscurité pendant 4 mois à 15 °C et 80 % HR, puis dégermé manuellement avant d’entamer une nouvelle phase de prégermination à la lumière (15 °C; 80 % HR) avant la plantation. Les groupes A et B de chaque variété sont ensuite plantés côte à côte au champ sur le site de La Frêtaz (Bullet, VD) à 1200 m d’altitude selon un dispositif en bloc aléatoire complet avec 3 à 4 répétitions. Chaque parcelle d’essai compte deux lignes de 25 tubercules (30 cm entre les plants et 75 cm entre les buttes). Pour chacune d’elles, le pourcentage de plants ayant levé et le rendement des tubercules sont alors comptabilisés (Reust et Hebeisen 2003; Dupuis et al. 2014). Les résultats ont été ensuite traités de façon semblable à ceux de l’essai incubation. La variété Bintje a été utilisée comme témoin pondérant les fluctuations annuelles dues à l’environnement. La différence moyenne de rendement entre les groupes A et B de la variété étudiée a été soustraite à la différence moyenne de rendement entre les groupes A et B de la variété Bintje pour l’année correspondante. Durant les années où la variété Markies a été étudiée, la variété Bintje n’a pas été cultivée. Ces années-là, la moyenne de la variété Bintje sur toutes les années étudiées a été utilisée. Pour chacun des trois caractères physiologiques observés (durée de la dormance, de l’incubation et sensibilité au dégermage), les variétés ont été regroupées selon trois classes. Ces trois classes ont été déterminées en utilisant la formule suivante: taille des classes = amplitude entre les extrêmes/3. Pour la durée de la dormance, il a été distingué les variétés à dormance courte, à dormance moyenne et à dormance longue. Un regroupement similaire a été réalisé afin de qualifier la durée de la période d’incubation des variétés. Après regroupement de ces deux critères, les variétés ont été triées selon neuf classes (positionnement matriciel) considérant conjointement la longueur des périodes de dormance et d’incubation. Enfin, les variétés ont été classées selon leur sensibilité décroissante au dégermage en distinguant les variétés fortement, moyennement et faiblement sensibles.

Résultats Les résultats de ces essais ont permis de caractériser la physiologie de la plupart des variétés inscrites à la liste recommandée des pommes de terre 2015. Toutes les variétés, à l’exception d’Amandine, d’Agata, de Lady Christl et de Victoria, ont une dormance plus longue que Bintje (fig. 4). Parmi toutes les variétés étudiées, Innovator présente la plus longue dormance et Pirol la plus longue incubation. Amandine et Annabelle sont les variétés ayant respectivement la dor- 

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Production végétale | Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur

Durée de la dormance et de l'incubation de variétés de pommes de terre -&',.%/"&)*"&+,() Incubation longue Classe 8

Classe 7

500

Classe 4

Classe 5

-500

Amandine

Classe 1 Agata

Classe 9

-300

L. Christl

-100

Erika Gwenne

Markies Laura

300 100

Dormance )'",#0( ) courte

Pirol

700

-100

Classe 6

Panda Alexandra

Bintje 100

Gourmandine L. Claire

Classe 2

L. Rosetta 300

Venezia

Jelly500 Antina Challenger Ditta Agria

Fontane L. Felicia

-300

Victoria

Celtiane

-500

Annabelle

700

Dormance !"#$%&'()) *"&+,( ) longue

Classe 3

Innovator Verdi

-700

-&',.%/"&)'",#0() Incubation courte Figure 4 | Durées moyennes de dormance et d’incubation (en degrés-jours) de différentes variétés analysées comparativement à celles de la variété Bintje. Les neuf différentes classes ont été précédemment définies dans le texte. Axes en degrés-jours

mance et l’incubation la plus courte. Il n’existe pas de variété de pomme de terre dans les classes 7 et 9. Ces classes désignent soit une variété ayant une dormance courte et une incubation longue (classe 7), soit une dormance et une incubation longues (classe 9). La plus grande partie des variétés se situent dans la troisième classe, c’est-à-dire que celles-ci sont dotées d’une dormance longue suivie d’une incubation courte. La perte moyenne de rendement de la variété Bintje en cas de dégermage atteint 49 %. Les variétés les plus sensibles au dégermage sont, selon le graphique (classe 1), Alexandra, Annabelle, Celtiane, Ditta, Lady Felicia, Nicola, Gwenne et Bintje. Les variétés présentant le moins de sensibilité au dégermage (classe 3) sont Challenger, Charlotte, Fontane, Gourmandine, Innovator, Jelly, Laura, Markies et Verdi. La variété la plus sensible est Celtiane et la moins sensible Fontane. Les trois caractéristiques physiologiques étudiées sur les variétés dans les deux essais sont relativement indépendantes les unes des autres (tabl. 1). La sensibilité au dégermage et la durée d‘incubation sont les deux caractéristiques présentant le coefficient de corrélation le plus élevé (r = 0,31ns).

Discussion Les trois caractéristiques étudiées, c’est-à-dire la durée de la dormance, la durée d’incubation et la sensibilité au dégermage, sont des facteurs qui influencent le vieillissement des tubercules de pomme de terre. Le tableau 2 montre que chacune des variétés de la liste recommandée 2015 présente des caractéristiques physiologiques propres.

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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

Les variétés à dormance courte devront être stockées à basse température (2 – 3 °C) pour éviter qu’elles ne germent durant le stockage. Les variétés à dormance courte et à incubation rapide sont conseillées pour les cultures précoces, car elles auront un développement optimal au moment de la plantation et par conséquent un rendement maximal à la récolte (Rousselle et al. 1996). Les variétés à dormance longue et à faible sensibilité au dégermage devront impérativement être prégermées quelle que soit leur vitesse d’incubation, afin d’éviter tout retard de levée au champ. Il s’agit des variétés Challenger, Fontane, Innovator, Jelly, Panda et Verdi. Les variétés à dormance longue, à incubation moyenne et moyennement sensibles au dégermage pourront également être prégermées sans trop de risques liés au dégermage, car la vitesse de croissance des germes est relativement lente. Il s’agit des variétés Agria, Antina et

Tableau 1 | Résultats des régressions linéaires simples entre la durée de dormance, la durée d’incubation et la sensibilité au dégermage pour les 29 variétés étudiées. Le r est le coefficient de corrélation, le r2 est le coefficient de détermination et le p donne la significativité de la régression (ns=non significatif). r

r2

p

sensibilité au dégermage/durée de dormance

0,03

<0,01

ns

sensibilité au dégermage/durée d‘incubation

0,31

0,09

ns

durée d‘incubation/durée de dormance

-0,20

0,04

ns


Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale

Tableau 2 | Durée de la dormance, durée de l’incubation et sensibilité au dégermage des 32 variétés de la liste des variétés recommandées 2015 (synthèse des données issues des deux essais et ­d ’informations complémentaires).

Variétés

Durée de la dormance

Durée de l’incubation

Sensibilité au dégermage

Agata

Courte

Courte

Moyenne

Agria

Longue

Courte

Moyenne

Alexandra

Moyenne

Moyenne

Élevée

Amandine

Courte

Moyenne

Élevée1

Annabelle

Moyenne

Courte

Élevée

Antina

Longue

Moyenne

Moyenne

Bintje

Moyenne

Moyenne

Élevée

Longue

Courte

Élevée Faible

Celtiane Challenger

Longue

Courte

Charlotte

Courte1

Moyenne

Faible

Moyenne

Moyenne

Ditta

Longue

Courte

Élevée

Erika

Moyenne

Longue

Moyenne

Désirée

Fontane

1

1

Longue

Moyenne

Faible

Gourmandine

Moyenne

Moyenne

Faible Élevée

Gwenne

Moyenne

Longue

Hermes

Longue2

Courte2

Innovator

Longue

Courte

Faible

Jelly

Longue

Moyenne

Faible

Lady Christl

Courte

Moyenne

Moyenne

Lady Claire

Moyenne

Moyenne

Moyenne

Lady Felicia

Longue

Courte

Élevée

Lady Rosetta

Moyenne

Moyenne

Faible2

Laura

Moyenne

Longue

Faible

Markies

Moyenne

Longue

Faible

Nicola

1

Courte

Moyenne

Élevée

Panda

Longue

Moyenne

Faible

Pirol

Moyenne

Longue

Moyenne

Ratte

Courte2

Moyenne-élevée2

Venezia

Longue

Moyenne

Moyenne

Longue

Courte

Faible

Moyenne

Courte

Moyenne

Verdi Victoria

Informations recueillies auprès de sites internet regroupant plusieurs obtenteurs. Informations recueillies dans les fiches de variétés de pomme de terre d’Agroscope.

1 2

Venezia. En revanche, les variétés à dormance longue et sensibles au dégermage, telles que Celtiane, Ditta et Lady Felicia, devront impérativement être plantées lorsque leurs germes sont à peine visibles (stade point blanc), sous peine d’observer des manques à la levée liés à des cassures de germes à la plantation.

Parmi les variétés à dormance courte, Charlotte ne nécessite pas de précaution particulière, car elle est peu sensible au dégermage. En revanche, les variétés Agata, Amandine, Lady Christl, Nicola et Ratte présentent non seulement une dormance courte mais aussi une sensibilité au dégermage moyenne à élevée. Tout comme Celtiane, Ditta et Lady Felicia, ces variétés devront donc être plantées lorsque les germes sont à peine visibles. Pour ces variétés, une «stimulation» des plants semble plus indiquée qu’une prégermination proprement dite. Cette stimulation consiste à stocker les plants pendant 3 à 4 jours dans un local à 15 – 20 °C juste avant la plantation. Les variétés Alexandra, Annabelle, Bintje et Gwenne se conservent relativement bien (dormance moyenne), par contre elles sont fortement sensibles au dégermage. Pour ces variétés également, une stimulation des plants semble plus indiquée qu’une prégermination classique. Toutefois, la variété Gwenne présente une incubation très longue, ses germes se développent lentement, ce qui réduit le risque lié au dégermage. Les autres variétés à dormance moyenne, telles que Désirée, Erika, Gourmandine, Lady Claire, Lady Rosetta, Laura, Markies, Pirol et Victoria posent peu de problèmes d’un point de vue physiologique. Il convient toutefois de surveiller de près la germination de Victoria, car elle est dotée d’une incubation courte et est moyennement sensible au dégermage. En cas de report de la plantation en raison de conditions météorologiques défavorables, il est possible de freiner la croissance des germes ainsi que le vieillissement des plants par une prégermination à la lumière. Une enquête réalisée auprès des quatre principales coopératives de producteurs de plants de pommes de terre en Suisse (établissements multiplicateurs) a révélé que trois variétés de pomme de terre posaient occasionnellement des problèmes de levées irrégulières. Il s’agit de Gourmandine, Alexandra et, dans une moindre mesure, Amandine (résultats non publiés). La forte sensibilité au dégermage des variétés Alexandra et Amandine pourrait expliquer les problèmes rencontrés au champ. Le cas de Gourmandine est plus atypique, car malgré ses caractéristiques physiologiques plutôt favorables, celle-ci pose occasionnellement des problèmes à la levée. Etant donné sa dormance moyenne, il est peu probable que les retards à la levée soient dus à un réveil du plant plus tardif. De plus, les germes de cette variété grandissent moyennement vite (incubation moyenne) et elle est peu sensible au dégermage. Par conséquent, il est peu plausible que les retards à la levée observés soient dus à des cassures de germes à la plantation. Il est 

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Production végétale | Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur

Sensibilité au dégermage de variétés de pommes de terre Agata Classe 1

52,6

Agria

45,6

Alexandra

n=2

Annabelle

n=2

Antina

Classe 2

n=2

Classe 3

n=13 23,1 39,4

51,1 n=2

Celtiane

n=2

Challenger

58,3

Charlotte

50,7 n=2

Ditta Erika

17,1

Fontane

72,4

Gourmandine

70,2

Gwenne

17,1

Innovator

52,6

Jelly

64,4

L. Christl

41,8

L. Claire

37,9 n=12

L. Felicia Laura

52,6

Markies

49

Nicola

n=2

Pirol

39,4

Venezia

16,4

Verdi

70,2

Victoria -30

-20

-10

58,3 n=2 n=2 73,2 n=2 n=2 n=2 n=2 n=2 n=2 n=2 n=9 41,6 n=2 n=2 50,7 n=2 n=2 n=2

n=2 60,2 0

10

20

grande sensibilité au dégermage

30

40

50

60

70 (%)

faible sensibilité au dégermage

Figure 5 | Sensibilité au dégermage des différentes variétés analysées comparativement à celle de Bintje (=0) (différence moyenne en %). Les chiffres en bleu représentent le pourcentage moyen de perte de rendement de la variété Bintje pour les années d’essai de chacune des variétés testées. Les chiffres en noir indiquent le nombre d’années de test pour chaque variété. Les lignes rouges délimitent les trois différentes classes de sensibilité au dégermage.

à noter cependant que les yeux de cette variété sont très superficiels, ce qui rend fragiles les germes en cas de manipulation du tubercule. Dans le cadre de notre expérimentation, les germes n’ont été cassés qu’une seule fois. Par contre dans des conditions habituelles de production, il est possible que les germes puissent être cassés plus d’une fois entre la sortie du stockage et la plantation. Il est donc très important de veiller à manipuler cette variété avec beaucoup de précautions dès l’apparition des germes.

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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 166–173, 2015

Conclusions Cette étude a mis en évidence que chaque variété de pomme de terre présente des caractéristiques physiologiques propres (tabl. 2). Une bonne connaissance de la physiologie des variétés est primordiale afin de pouvoir garantir un stockage approprié des plants, une bonne levée et un développement végétatif rapide, autant de facteurs qui sont déterminants pour un rendement élevé en tubercules. n


Fisiologia delle varietà di patate e conseguenze per il produttore La fisiologia del tubero di patata è caratterizzata da due fasi consecutive: la dormienza e l'incubazione. La dormienza è il periodo di riposo vegetativo durante il quale il tubero non germina, mentre l'incubazione inizia con la germinazione e si conclude con la formazione dei primi tuberi figli. La durata dei periodi di dormienza e di incubazione è un fattore caratteristico di ogni varietà. Le varietà con un periodo di dormienza breve presenteranno maggiori difficoltà di conservazione mentre le varietà con periodo di incubazione breve invecchieranno più rapidamente. Se l'invecchiamento del tubero si trova in uno stadio troppo avanzato, la piantina spunterà con difficoltà e la resa sarà scarsa. Inoltre, alcune varietà sono particolarmente sensibili alla degerminazione, una manipolazione che provoca l'accelerazione artificiale dell'invecchiamento delle piantine. Agroscope ha condotto sperimentazioni specifiche, finalizzate alla caratterizzazione della fisiologia delle varietà di patate inserite nella lista raccomandata 2015. Gli esperimenti hanno dimostrato l'assenza di una correlazione tra la durata della dormienza, la durata dell'incubazione e la sensibilità alla degerminazione. Essi hanno inoltre consentito di caratterizzare la fisiologia dell'insieme delle varietà della lista raccomandata 2015 (i risultati ottenuti sono presentati in una tabella di sintesi). Tale caratterizzazione è fondamentale per garantire un adeguato immagazzinamento delle piantine, determinare le condizioni e la durata della pregerminazione, garantire una buona emergenza e uno sviluppo vegetativo rapido. Tutti questi elementi sono determinanti per un'elevata resa del tubero.

Bibliographie ▪▪ Delaplace P., 2007. Caractérisation physiologique et biochimique du ­p rocessus de vieillissement du tubercule de pomme de terre (Solanum ­t uberosum L.), Université de Liège, Liège, Belgique.Thèse: 171. ▪▪ Delaplace P., Fauconnier M. L, Du Jardin P, 2008. Méthodes de mesure de l'âge physiologique des tubercules semences de pomme de terre (Solanum tuberosum L.). Biotechnologie Agronomie Societe Et Environnement 12, 171–84. ▪▪ Dupuis B., Tallant M., Riot G., Hebeisen T., Ballmer T. & Vetterli C., 2014. Essais pomme de terre 2013. Plantes Agroscope Transfer 26. ▪▪ Martin M. & Gravoueille J.-M., 2001. Stockage et conservation de la pomme de terre. Institut technique des céréales et des fourrages. ▪▪ Mazoyer M., 2002. Larousse agricole. Larousse.

Summary

Riassunto

Physiologie des variétés de pommes de terre et conséquences pour le producteur | Production végétale

Tuber physiology of different potato varieties has consequences for the grower The physiology of the potato tuber is characterized by two consecutive periods: the dormancy and the incubation. During the dormancy period, the tuber is under vegetative rest and is unable to sprout. The incubation period begins at sprouting and ends when the first progeny tuber appears on the stolons. The duration of both periods varies depending on the variety. Varieties with a short dormancy period will be difficult to store, and varieties with a short incubation period will show a fast aging. An old tuber will emerge with difficulties and the yield will be low. In addition, some varieties are susceptible to desprouting, which accelerates tuber aging. Specific trials have been managed by Agroscope in order to characterize the physiology of the varieties listed in the 2015 Swiss list of recommended potato varieties. No link was found between the duration of the dormancy period, the duration of the incubation period, and the susceptibility to desprouting. The identified physiological characteristics of the varieties are presented in a summary table. This characterization is important in order to optimize the potato seed storage, identify the optimal duration of pre-sprouting, and guarantee a fast emergence and a rapid development of the plant. All these elements will contribute to high tuber yield. Key words: potato, physiology, physiological age, dormancy, incubation, presprouting, yield, varieties, storage, desprouting.

▪▪ Reust W., 1981. Physiologie de la pomme de terre. Revue suisse d'Agriculture 13, 34. ▪▪ Reust W. & Hebeisen T., 2003. Vieillissement physiologique des plants de pommes de terre: comportement des variétés. Revue suisse d'Agriculture 35, 17–20. ▪▪ Reust W., Winiger F. A., Hebeisen T. & Dutoit J. P., 2001. Assessment of the physiological vigour of new potato cultivars in Switzerland. Potato Research 44, 11–7. ▪▪ Rousselle P., Robert Y. & Crosnier J.-C., 1996. La pomme de terre: production, amélioration, ennemis et maladies, utilisations. Editions Quae. ▪▪ Schwärzel R., Torche J.-M., Ballmer T., Musa T. & Dupuis B., 2014. Liste ­suisse des variétés de pomme de terre 2015. Recherche Agronomique ­Suisse 5.

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E c l a i r a g e

Conflits d’objectifs entre promotion de la ­biodiversité et protection phytosanitaire Karin Ruchti et Christoph Studer Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse Renseignements: Karin Ruchti, e-mail: karin.ruchti@bfh.ch

Attaque de feu bactérien sur un poirier Gelbmöstler. Cette maladie n’est souvent pas détectée sur les arbres très ­v olumineux. (Photo: Karin Ruchti)

Les mesures de promotion de la biodiversité entrent parfois en conflit avec la protection phytosanitaire. En effet, certaines maladies et certains organismes nuisibles peuvent apparaître en plus grand nombre dans et autour des structures écologiques. Les bonnes pratiques agricoles et des mesures d’entretien adaptées peuvent diminuer les effets négatifs de la promotion de la biodiversité. Comme il n’existe pratiquement pas d’études scientifiques à ce sujet, une analyse approfondie des effets de la promotion de la biodiversité semble indiquée.

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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 174–177, 2015

La biodiversité et l’agriculture ont besoin l’une de l’autre. D’un côté, la diversité biologique représente une ressource essentielle pour l’agriculture. De l’autre, l’agriculture est importante pour la promotion et la conservation de la biodiversité. Au cours des vingt dernières années, différents programmes en faveur de la préservation et de la promotion de la diversité biologique ont été lancés sur les surfaces agricoles. Bien qu’il existe des synergies prouvées entre la protection phytosanitaire et la promotion de la biodiversité, des problèmes phytosanitaires relevés dans la pratique indiquent qu’une réflexion cri-


Conflits d’objectifs entre promotion de la ­b iodiversité et protection phytosanitaire | Eclairage

Figure 1 | Les éléments de structure favorisant la biodiversité comme les ourlets peuvent causer des problèmes en matière de protection des cultures avoisinantes. (Photo: Katja Jacot)

tique à ce sujet s’impose, afin de déterminer si ces mesures en faveur de la biodiversité sont toujours opportunes. Souvent, les problèmes phytosanitaires sont dus au côtoiement, sur un espace restreint, de formes de production poursuivant des objectifs différents. Au travers de recherches bibliographiques et de discussions avec des experts, une étude a été menée afin de déterminer si et dans quelle mesure les surfaces et les structures censées favoriser la biodiversité (appelées par la suite «surfaces de biodiversité») augmentent la pression des organismes nuisibles dans les différents systèmes de production. Il s’agissait également d’évaluer si une séparation géographique des différents systèmes peut atténuer ces problèmes (Ruchti et Studer 2014). Conflits d’intérêt dans différentes cultures En grandes cultures et en production fourragère, certains organismes nuisibles et pathogènes peuvent migrer depuis des habitats comme les ourlets, les haies ou les lisières de forêt et causer des dommages aux plantes cultivées. Les limaces, par exemple, sont favorisées par les surfaces de promotion de la biodiversité (p.ex. les ourlets ou les jachères florales) car aucun travail du sol n’y est effectué (fig. 1). On peut donc s’attendre à de plus fortes attaques de certaines espèces de limaces dans les cultures sensibles situées près de telles surfaces (Eggenschwiler et al. 2012). L’ergot du seigle (Claviceps purpurea) peut se développer sur les graminées non fauchées des surfaces écologiques et des bordures de champs, puis se propager dans les cultures céréalières avoisinantes (Richter et al. 1997; Schubiger F. X., ART et Ramseier R., HAFL; comm.

pers.). Sur les surfaces non exploitées, les bords de route, les jachères florales et autres surfaces extensives, le chardon des champs (Cirsium arvense) peut représenter un risque pour les surfaces voisines une fois que ses graines sont arrivées à maturité (Zwerger 1996). La présence accrue du chardon dans les grandes cultures (Hintsche et Pallut 1995) est attribuée par Häni et al. (2008) et Zwerger (1996) à la part plus importante de surfaces de biodiversité, ainsi qu’à un manque d’entretien ou à des changements dans l’exploitation des surfaces cultivées, entre autres. En Autriche et en Allemagne, une densité dangereusement élevée du colchique d’automne (Colchicum autumnale) a été constatée ces dernières années sur les surfaces herbagères exploitées extensivement (Jung et al. 2010). Ce mode d’exploitation favorise en effet le colchique d’automne, car il n’est pas maintenu sous contrôle par une coupe tardive (Winter et al. 2011). La culture maraîchère de plein champ peut être affectée par des adventices en fin de floraison poussant sur les surfaces de compensation écologiques avoisinantes (Neuweiler R., ACW; comm. pers.). Une végétation dense (haies, ronds d’orties ou cultures voisines et végétation de bordure de taille élevée) peut favoriser les attaques de mouches de la carotte (Psila rosea) dans les cultures de carotte (Herrmann et al. 2010). Arboriculture Les arbres fruitiers haute-tige qui ne sont pas entretenus de manière appropriée peuvent contribuer à la dissémination de ravageurs et de maladies en tant que plantehôte. La mouche de la cerise (Rhagoletis cerasi) peut se 

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Eclairage | Conflits d’objectifs entre promotion de la ­b iodiversité et protection phytosanitaire

48 communes sont attribuées à la zone arboricole 1 32 communes sont attribuées à la zone arboricole 2 Zone arboricole 1 – surveillance intensive Zone arboricole 2 – surveillance extensive Figure 2 | Division du canton de Thurgovie en deux zones arboricoles: (1) surveillance stricte et lutte contre le feu ­b actérien (priorité = arboriculture commerciale) et (2) mesures de lutte facultatives (priorité = protection des arbres fruitiers haute-tige). (Graphique: Bruno Hugentobler)

multiplier fortement lorsque les cerisiers ne sont pas suffisamment entretenus ou que les fruits ne sont pas récoltés (Hensel G., DLR et Linemann M., Ebenrain; comm. pers.). Quand les populations de mouches sont importantes et que ces dernières ne trouvent pas suffisamment de cerises pour la ponte, elles se déplacent pour trouver de nouvelles plantes-hôtes (Daniel et Grunder 2012; Katsoyannos et al. 1986). Dans le canton de Bâle-Campagne, une migration vers les vergers commerciaux de cerisiers en provenance de cerisiers hautetige non entretenus et non récoltés situés à proximité a été observée (Linemann M., Ebenrain; comm. pers.). Un suivi effectué dans la région de la Hesse rhénane, en Allemagne, confirme cette observation. Hensel et Dahlbender (2013) ont constaté une très forte augmentation de la pression du ravageur sur les vergers commerciaux en provenance de vergers âgés, non entretenus et inexploités. La densité de mouches de la cerise peut ainsi atteindre un niveau élevé, ce qui peut nécessiter un traitement phytosanitaire. En Suisse, la lutte contre le feu bactérien (Erwinia amylovora), une dangereuse maladie bactérienne, constitue une tâche exigeante en raison des structures de petite taille. Parmi les plantes-hôtes importantes figurent, outre certaines plantes ornementales des jardins, l’aubépine, qui se développe dans les haies et les lisières de forêt, ainsi que certains arbres fruitiers hautetige. Les plantes hôtes infectées représentent une source d’infection dangereuse pour les cultures fruitières et les pépinières (Müller U., Arenenberg; comm. pers.). Sur les

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Recherche Agronomique Suisse 6 (4): 174–177, 2015

arbres très volumineux, les infections ne sont souvent pas détectées (Szalatnay D., Strickhof; comm. pers.). Si l’on néglige de prendre des mesures d’assainissement ou d’éradication, la pression de l’agent infectieux augmente localement et le risque d’infection s’accentue (EIP inférieur1). De plus, l’efficacité de la streptomycine et des autres moyens de lutte diminue (Szalatnay D., Strick­ hof; comm. pers.). La séparation géographique comme solution? En raison des problèmes massifs causés par le feu bactérien, le canton de Thurgovie a été divisé début 2010 en deux zones arboricoles (fig. 2): une zone de surveillance stricte et de lutte contre le feu bactérien et une autre où les mesures de lutte sont facultatives et généralement pas indemnisées. Dans la première zone, l’objectif consiste à éviter des dégâts pouvant menacer l’existence des vergers commerciaux. Dans la seconde zone, le but est de sauvegarder les arbres fruitiers haute-tige précieux sur le plan écologique et paysager2 (Hugentobler 2011). Notre étude montre que le fait de séparer géographiquement des systèmes principalement orientés vers la production de ceux favorisant la biodiversité peut, dans certains cas, diminuer la pression des organismes nuisibles. Cependant, ce concept comporte aussi des risques et est difficilement applicable en Suisse en raison

EIP: potentiel infectieux épiphyte. Un projet de soutien est actuellement en cours pour différentes espèces d'arbres dans les deux zones.

1

2


Conflits d’objectifs entre promotion de la ­b iodiversité et protection phytosanitaire | Eclairage

des structures de petite taille et des rotations. De plus, les avantages de la biodiversité fonctionnelle devraient l’emporter sur certains aspects négatifs.

Conclusions La biodiversité fournit incontestablement de précieuses ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture et rend de nombreux services écosystémiques. Par ailleurs, l’agriculture revêt une grande importance pour la promotion et la conservation de la biodiversité. Cette étude a permis de considérer la promotion de la biodiversité sous un angle critique. Elle a montré que des conflits d’objectifs peuvent surgir entre la protection des plantes et les mesures de promotion de la biodiversité. Les surfaces sur lesquelles la biodiversité est promue peuvent faire augmenter la pression des maladies et des organismes nuisibles en abritant leurs plantes hôtes ou en leur fournissant des habitats. Les mesures de promotion de la biodiversité doivent donc être intégralement évaluées et adaptées, si nécessaire, aux particularités régionales. Pour prévenir les problèmes phytosanitaires, il faudrait imposer une gestion et un entretien corrects des surfaces de promotion de la biodiversité. Cette approche semble plus appropriée en Suisse pour diminuer les effets involontaires des mesures de promotion de la biodiversité qu’une séparation géographique

Bibliographie ▪▪ Daniel C. & Grunder J., 2012. Integrated Management of European Cherry Fruit Fly Rhagoletis cerasi (L.): Situation in Switzerland and Europe. Insects 3, 956–988. ▪▪ Eggenschwiler L., Speiser B., Bosshard A. & Jacot K., 2012. Improved field margins highly increase slug activity in Switzerland. Agronomy for Sustainable Development 33, 349–354. ▪▪ Häni F., Popow G., Reinhard H., Schwarz A. & Voegeli U., 2008. Pflanzenschutz im nachhaltigen Ackerbau. Handbuch für prozessorientiertes Handeln. Edition LMZ, 466 p. ▪▪ Hensel G. & Dahlbender W., 2013. Hinweise Kirschfruchtfliege. Power Point Präsentation, unveröffentlicht. Dienstleistungszentrum Ländlicher Raum, Rheinland Pfalz, Oppenheim, 13 p. ▪▪ Herrman F., Wedemeyer R., Liebig N., Buck H., Hommes M. & Saucke H., 2010. Entwicklung situationsbezogener Strategien zur Vermeidung von Möhrenfliegenschäden auf Praxisbetrieben. Universität Kassel, D-Witzenhausen, Fachgebiet Ökologischer Pflanzenschutz, 60 p. ▪▪ Hintsche E. & Pallutt B., 1995. Zunehmendes Auftreten der Ackerkratzdistel. Pflanzenschutz Praxis 3, 23–25. ▪▪ Hugentobler B., 2011. Projekt «Zukunft Obstbau» – Weisung für die Pflanzung von hochstämmigen Bäumen und Hecken. BBZ Arenenberg. Accès: http://www.landwirtschaftsamt.tg.ch/documents/WeisungenZukunftObstbau.pdf [13.5.2013].

de la production et de la promotion de la biodiversité. Cette étude est censée déclencher une discussion sur le potentiel de conflits entre la promotion de la biodiversité actuelle et la protection phytosanitaire. Comme il n’existe cependant pratiquement pas d’études scientifiques sur le sujet, une analyse approfondie semble indiquée, basée sur des données de terrain, des effets positifs visés ainsi que de potentiels effets indésirables de la promotion de la biodiversité sur la protection des plantes. Les résultats détaillés de l’étude présentée ici figurent dans le rapport «Conflits d’objectifs entre la protection phytosanitaire et la promotion de la ­biodiversité»3 et peuvent être obtenus auprès de: karin.ruchti@bfh.ch. n Les auteurs remercient l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) pour le financement de cette étude.

3

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P o r t r a i t

Ruedi von Niederhäusern: «Pour moi, c’est le team qui compte!» Apprentissage en agriculture, cours de chef d’exploitation et en 1991, la maîtrise. Puis plus rien pendant plusieurs années. Ensuite, en 2008, un diplôme en Advanced Studies à l’Institut pour le management des associations (Université de Fribourg), suivi en 2010 d’un Executive Master of Business Administration à la Haute école bernoise: Ruedi von Niederhäusern (1965) aime la diversité. Il a grandi à Bümpliz, à la périphérie de Berne, dans un contexte urbain. Pourtant, il sait dès l’âge de 12 ans qu’il sera un jour agriculteur. «Le métier d’agriculteur et l’amour des animaux sont inscrits dans mes gènes», dit-il avec un sourire. Si ses parents ne sont pas du métier, il compte beaucoup d’agriculteurs parmi les membres de sa famille. Aussi passe-t-il toutes ses vacances scolaires dans une ferme à la campagne. Alors qu'enfant, le catalogue des taureaux le fascinait, aujourd’hui ce sont les étalons FM. C’est à la suite d’un travail de six mois à la clinique vétérinaire de Berne en 1984, où il s’occupe des chevaux, qu’il en vient à s’intéresser à la plus belle conquête de l’homme. Dès lors, la passion des chevaux ne le quittera plus. Depuis 1986, il travaille au Haras national, d’abord en tant que palefrenier, puis en tant qu’étalonnier à Weinfelden (TG), et plus tard en qualité de responsable de l’exploitation agricole de 120 ha «Les Long-Prés» (qui a appartenu au Haras jusqu’en 1998), puis à nouveau comme palefrenier, dans la comptabilité analytique et comme responsable de produit. Finalement, depuis le 1er janvier 2014, Ruedi von Niederhäusern est responsable du groupe de recherche d’Agroscope Elevage et détention de chevaux. «Je ne suis pas un chercheur, mais plutôt quelqu’un de polyvalent, un gestionnaire et un responsable qui fait en sorte que ses collaborateurs travaillent dans les meilleures conditions possibles». Et d’ajouter: «Ce qui compte, c’est ce que nous réalisons en tant qu’équipe. Mon nom importe peu». Des prestations traditionnelles pour les éleveuses et éleveurs aux exigences de la recherche de pointe en sciences équines, les attentes vis-à-vis du Haras national ne pourraient être plus diverses. «Le plus grand défi consiste à trouver une voie médiane pour le futur afin de répondre à ces attentes parfois si opposées.» Et de conclure: «Il n’y a pas de meilleur job pour moi!» S’il avait un vœu? Il souhaiterait que l’agriculture traditionnelle suisse, qui produit des céréales et du lait, prenne au sérieux la filière équine comme alternative de production et lui accorde la considération nécessaire.

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Ruedi von Niederhäusern, responsable du groupe de recherche E­ levage et détention de chevaux au Haras national d’Agroscope.

Que fait ce père de deux enfants – un garçon (1995) et une fille (1997) – hyper-occupé quand il n’est pas au Haras? Il se voue avec passion à la formation de ses quatre chiens de troupeaux avec lesquels il participe à des concours nationaux et internationaux. Par ailleurs, il détient chez lui à Lugnorre (FR) une jument FM de trois ans qu’il dresse pour la monte western. Quand il lui reste un peu de temps, il aime sillonner les montagnes, les skis de randonnée aux pieds – toujours en compagnie de ses chiens. Christine Caron-Wickli, Agroscope


A c t u a l i t é s

Actualités A la pointe de la politique agricole Restez à la pointe de l’actualité agricole grâce à la newsletter de l’OFAG ! Regarder ce message dans

Disponible en trois langues (fr, de, it), la newsletter électronique «Quoi de neuf à l’OFAG?» propose, tous les deux mois environ, une sélection des informations les plus pertinentes de l’Office fédéral de l’agriculture. S'adressant directement aux agriculteurs et aux agricultrices, ainsi qu’à tout le secteur agricole, cette newsletter informe de manière rapide, courte et transparente sur la politique agricole et sur les nouveautés de l’office. «Quoi de neuf à l’OFAG?» met en avant des actualités sélectionnées avec soin par les spécialistes de l’OFAG, telles que des messages du directeur de l’office en exclusivité, des informations pratiques pour les agriculteurs et des nouvelles sur les évènements à venir. Elle offre également la possibilité de pouvoir commander rapidement et gratuitement les dernières publications de l’office.

Nos objectifs

un navigateur

No 3 | 05.09.2014

– Etre plus proches des agriculteurs et des agricultrices

d’information de troisième numéro de la lettre Vous recevez aujourd’hui le Nous vous « Quoi de neuf à l’OFAG ? ». l’Office fédéral de l’agriculture: en souhaitons bonne lecture.

ion

Sécurité alimentaire et intensificat durable

Mais quel est un défi central pour l’avenir. Assurer la sécurité alimentaire étude publiée en Europe à cet égard? Une rôle joue la production agricole Suisse. qui peuvent s’appliquer à la récemment fournit des réponses » Suite

A la pointe de l’actualité agricole

– Être à vos côtés, tout simplement

Chères lectrices, chers lecteurs, Au lancement de cette lettre d’information, nous évoquions plus notre credo : « plus proche, attractif, plus court et plus le interactif ». Après trois éditions, nos succès est au rendez-vous : de articles suscitent des réactions la votre part, ils sont repris dans ne presse et le nombre d’abonnés cesse d’augmenter. Cet outil répond à un besoin, il nous permet de vous informer des nouveautés de la politique à agricole. Pour que vous soyez la pointe de l’actualité.

Paquets d’ordonnances 2014 Train d’ordonnances automne fin octobre 2014 des nouvelles Le Conseil fédéral devrait décider 1er janvier 2015. qui entreront en vigueur le dispositions d’ordonnances au même moment leurs ordonnances. Le DEFR et l’OFAG adapteront 2014. 146 a duré du 12 mai au 4 juillet L’audition sur ces ordonnances après la d’audition sera disponible peu avis ont été exprimés. Le rapport décision du Conseil fédéral.

Vos avantages – Des thèmes d’actualité extrêmement variés

Répondant au souhait d’un dès lecteur, nous vous proposons maintenant un lien sur les offres d‘emploi proposées par l’OFAG. Merci de votre fidélité et de remarques. Bonne lecture !

2015 Train d’ordonnances printemps pour le printemps 2015. L’OFAG prépare un train d’ordonnances à mi-janvier 2015. durer de mi-novembre 2014 L’audition y relative devrait devrait tomber sur ce train d’ordonnances La décision du Conseil fédéral en mai 2015.

Mise en œuvre des premiers qualité du paysage

– Informer de manière rapide, courte et transparente sur la politique agricole et sur nos actualités

Edito

Madame, Monsieur,

– Des informations sélectionnées pour vous par nos spécialistes

vos

Anne Rizzoli Porte-parole

– Une vision objective des actualités agricoles Nouveau dépliant pour les signes officiels de la Confédération pour les produits ! de montagne et d’alpage

– L’exclusivité de pouvoir commander rapidement nos dernières publications

projets de

année, 25 un grand intérêt: dès la première Le nouvel instrument suscite de projets qui ont reçu l’approbation cantons ont déjà présenté 71 maintenant conventions d’exploitation sont voie l‘OFAG. Au plan régional, les de la diversité paysagère en conclues et les mesures de promotion projets approuvés sont publiés sur relatifs aux de réalisation. Les rapports le site Internet de l’OFAG. » En savoir plus

Notre «petit plus»

» Version électronique » Version imprimée à commander auprès de info@blw.admin.ch » Pourquoi ces nouveaux logos

?

Etes-vous à la recherche d’un nouveau défi professionnel?

Näfels, et prairies de fauche à Obersee Mosaïque de forêts, pâturages Samuel Trümpy) GL (Kantonsmarketing Glarus,

La mauvaise gestion favorise d’adventices résistantes

» Pour consulter les offres d‘emploi proposées par l’OFAG

l’apparition

stratégie sur une longue période, sans à L’utilisation d’un même herbicide conduit presque immanquablement est de gestion de la résistance adaptée, résistantes à ce produit. Le risque l’apparition de plantes adventices aux de plantes réputées tolérantes plus grand dans les cultures avec des variétés communes. En effet, herbicides que dans celles de tentant de renoncer à la diversification on a variétés résistantes, il est très des méthodes de lutte auxquelles en nécessaire, mais plus compliquée, tolérantes aux herbicides, et plantes aux problème le de recours. Imputer modifiées, est trop facile et particulier à celles qui sont génétiquement est en premier lieu due à aux herbicides surcroît injustifié. La résistance part des utilisateurs. une mauvaise gestion de la » Suite

L’OFAG vous offre de multiples possibilités d’engagement.

Chaque collaborateur et chaque collaboratrice de l’OFAG apporte son expertise à notre newsletter. C’est parce que nous mettons toutes nos compétences à votre service que notre lettre d’information propose un large éventail de sujets.

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Succès des négociations sur les Principes pour un investissement responsable dans l’agriculture et les systèmes alimentaires (rai) » En savoir plus Photo ©FAO/Giulio Napolitano

Intéressé(e)s ? Abonnez-vous sans tarder ! Vous recevrez notre publication tous les deux mois.

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Actualités

Nouvelles publications

Umwelt Agroscope Science | Nr. 14 / Februar 2015

Agroscope-Bodendatenarchiv Bodendaten aus Bodenkartierungen 1953–1996

Autoren Urs Grob, Andreas Ruef, Urs Zihlmann, Leta Klauser, Armin Keller

Les données du sol de quatre décennies Agroscope Science no 14 / 2015 Les données du sol fiables sont rares en Suisse: les informations sur la répartition et les propriétés des différents sols ne sont disponibles que pour un tiers de la surface agricole utile. Elles constituent une base indispensable pour pouvoir gérer efficacement les exigences en matière d’exploitation en assurant la durabilité de la politique des ressources et la sécurité de l’alimentation. Avec le soutien des Offices fédéraux du développement territorial (ARE), de l'environnement (OFEV) et de l'agriculture (OFAG) ainsi que des cantons, Agroscope a mis à disposition sous forme numérique des informations approfondies sur les sols provenant des archives de la recherche agricole. On estime qu'il aurait coûté plus de quarante millions de francs s'il avait fallu recréer ces données à neuf. Ces travaux ont été effectués en collaboration étroite entre Agroscope, les services cantonaux, les experts externes et la Société suisse de pédologie (SSP). Comme les profils de sol ont été établis sur plusieurs décennies, ils ont dû être traduits dans le modèle de don-

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nées en vigueur depuis 1996 lors de leur numérisation. Cette harmonisation a été laborieuse, mais a permis d'avoir un jeu de données comparables à l'échelle nationale. Avec le système national d'information pédologique NABODAT, l'OFEV met à disposition des cantons une solution informatique aboutie pour la sauvegarde, la gestion et l'utilisation des informations numérisées sur les sols. Besoin d'agir pour la Confédération et les cantons Contrairement aux pays voisins comme l'Allemagne ou l'Autriche, la Suisse n'a pas effectué un inventaire des sols à l'échelle du pays. Il n'existe à ce jour aucune carte pédologique pour plus de deux tiers de la surface agricole utile. Des informations fiables sur les sols de l'ensemble des surfaces agricoles ne sont disponibles que dans quelques cantons (BL, ZG, ZH). Dans d'autres cantons, seules certaines zones ont été cartographiées (par exemple AG, GE, GL, LU, SG, SH, SO, VS). Des inventaires supplémentaires sont nécessaires en particulier dans les régions où l'aménagement du territoire est source de conflits marqués par rapport à l'utilisation des sols et pour lesquelles il n'existe pas d'informations suffisantes sur la qualité des sols. Les cantons sont compétents en la matière, mais ils ont besoin de soutien notamment pour permettre plus tard la comparaison des informations sur les sols à l'échelle nationale. Les cantons ont également besoin de conditions-cadres cohérentes pour que les inventaires puissent être réalisés à faibles coûts. Il leur faut enfin des bases méthodologiques actualisées et un soutien technique. Agroscope considère donc que des efforts supplémentaires sont indispensables. Il s'agit par exemple d'établir des bases de travail homogènes pour l'exécution et d'encourager la collaboration entre Confédération, cantons et spécialistes externes. A partir des données issues des inventaires de sols, il est possible d'élaborer des bases pour l'aménagement du territoire. L'intégration des informations relatives aux sols permettra de tenir compte de la valeur du sol et de ses différentes fonctions dans les futures décisions concernant l'exploitation et le développement territorial. Urs Grob, Andreas Ruef, Urs Zihlmann, Leta Klauser et Armin Keller, Agroscope La publication est disponible uniquement en allemand et peut être téléchargée gratuitement dans l’app «Publications Agroscope» (www. agroscope.ch/apps) ou sur www.agroscope.ch/science


F ICHE TECHNIQUE Q

Actualités

Bien réussir la manipulation des bovins: percevoir, comprendre, communiquer

Bien réussir la manipulation des bovins: percevoir, comprendre, communiquer

2004 Ausgabe Deutschland

L’élevage allaitant et d’autres types d’élevage extensif destinés à la production de viande de pâturage sont considérés comme particulièrement respectueux des bovins. En raison du peu de contact avec les humains, les animaux deviennent souvent craintifs à leur égard. Cela rend plus difficile l’interaction avec eux, et lorsque celleci devient inévitable, cela engendre du stress, tant chez l’humain que chez le bovin. Bien comprendre le comportement des bovins et respecter certaines règles de base peuvent faciliter et détendre l’interaction avec eux. Cette fiche technique transmet les bases des perceptions sensorielles et de l’apprentissage des bovins domestiques et montre com-

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ment les éleveurs d’un cheptel peuvent créer une relation positive avec leurs bovins.

Nouveau guide technique sur la manipulation détendue des bovins L’élevage allaitant et d’autres types d’élevage extensif destinés à la production de viande de pâturage sont considérés comme particulièrement respectueux des bovins. En raison du peu de contact avec les humains, les animaux deviennent souvent craintifs à leur égard. Cela rend plus difficile l’interaction avec eux, et lorsque celleci devient inévitable, cela engendre du stress, tant chez l’humain que chez le bovin. Bien comprendre le comportement des bovins et respecter certaines règles de base peuvent faciliter et détendre l’interaction avec eux. Deux expertes du FiBL ont donc recueilli dans un guide pratique des résultats de leurs propres recherches et des expériences d'autres professionnels au sujet de la manipulation respectueuse de bovins. Cette publication transmet les bases des perceptions sensorielles et de l’apprentissage des bovins domestiques et montre comment les éleveurs d’un cheptel peuvent créer une relation positive avec leurs bovins. Auteurs: Johanna Probst, Anet Spengler Neff Édideurs: FiBL, Bio Suisse, Demeter, MABD, IBLA 1re édition 2014, 24 pages, ISBN 978-3-03736-266-2, N° de commande FiBL: 1659 La publication peut être commandée auprès du FiBL pour Fr. 9.– ou peut être téléchargée gratuitement depuis www.shop.fibl.org > Manipulation.

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Actualités

Communiqués de presse

www.agroscope.admin.ch/communiques 27.03.2015 Mélanges graminées-trèfles pour une production fourragère efficace et durable en Europe

12.03.2015 La qualité en grandes cultures sous la loupe des experts

Les mélanges de trèfles et de graminées présentent de nets avantages par rapport aux monocultures de graminées, et ce dans différentes conditions climatiques. L’étude publiée dans la revue scientifique Global Change Biology s’appuie sur des études réalisées sur seize sites dans neuf pays d’Europe centrale et septentrionale. Elle montre que les mélanges de trèfles et de graminées atteignent un rendement en azote supérieur de 55 % par rapport à celui des monocultures de graminées. Il suffit d’un tiers de trèfles dans le mélange pour obtenir un tel résultat.

Agroscope fournit aux agriculteurs des données objectives sur la qualité des récoltes et sur les facteurs qui l’influencent. Ses recherches proposent des solutions afin de répondre aux exigences des producteurs et des transformateurs. Réunis durant deux jours à Morat à l’occasion des 2e Journées Nationales Grandes Cultures, des experts de la recherche, de la production, de la transformation et de la consommation ont dégagé des pistes d’avenir pour assurer la qualité en grande culture.

RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE

Recherche Agronomique Suisse est une publication d’Agroscope et de ses partenaires: l’Office fédéral de l’agriculture OFAG, la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, AGRIDEA Lausanne & Lindau, l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l’Environnement et l’institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL. Elle paraît en allemand et enfrançais et s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

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Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich | FiBL

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F é v r i e r

Commandez un numéro gratuit! Informations actuelles de la recherche pour le conseil et la pratique: Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois par année et informe sur les avancées en production végétale, production animale, économie agraire, techniques agricoles, denrées alimentaires, environnement et société. Recherche Agronomique Suisse est également disponible on-line et app sous: www.rechercheagronomiquesuisse.ch.

RECHER AGRON CHE SUISSE OMIQUE

RECHERCHE AGRONOMIQUE SUISSE

Enviro

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Production Production végétale

Eclaira Utilisation des produits phytosanitaires en Suisse de 2009 à 2012 Page 48 ge

Production animale

Production de foin et de haylage de deux mélanges avec graminées Page 64

Eclairage

Bases génétiques de l’absence de cornes chez les bovins

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Diversité des papillo ns diurne Sélecti s et des on de variété zygène s dans s de pomm les herbag es toléran es de basse ies de tes au la rhizos monta feu bactér gne Page phère ien Page freinent 392 414 la croissa nce de l'agen t du mildio u Page

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Nom / Société Prénom Rue/N° Code postal / Ville Profession E-Mail Date Signature

Talon réponse à envoyer à: Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope, Case postale 64, 1725 Posieux, Tel. +41 58 466 72 21, E-Mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch www.rechercheagronomiquesuisse.ch

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Actualités

Liens internet

Manifestations

Pyramide alimentaire personnalisée online

Avril 2015

www.mapyramide.ch

16.04.2015 10e Réunion annuelle du Réseau de recherche équine en Suisse Haras national suisse HNS Avenches

«Ma pyramide» est un nouvel outil online, qui permet à chacun de composer sa propre pyramide alimentaire selon ses préférences, en vue d’une alimentation variée et équilibrée. Plaisir et diversité sont au cœur de cette offre, disponible gratuitement sous www.mapyramide.ch, proposée par la Société suisse de nutrition (SSN) et l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV).

V Doa rnssc hl ea up r o c h a i n n u m é r o Mai 2015 / Numéro 5 Dans les régions de montagne suisses, la biodiversité représente une ressource importante à divers points de vue. Les chercheurs et chercheuses de l’ETHZ et du FiBL ont interrogé des exploitants de montagne au sujet des deux approches mises en place par la Confédération pour promouvoir la biodiversité: l’approche axée sur les mesures et l’approche axée sur les résultats. (Photo: ­Gabriela Brändle, Agroscope)

••Approche axée sur les résultats pour l’encouragement de la biodiversité: acceptation en région de montagne, Sophia Rudin et al., ETH Zürich et FiBL ••Quelle est l’influence du taux de change sur les exportations agroalimentaires suisses?, Andreas Kohler et Ali Ferjani, Agroscope ••Classes ou labels? Prix et qualité de la viande bovine, Stefan Mann et Daniel Erdin, Agroscope et Union suisse des paysans •• Ramularia collo-cygni, un nouveau champignon pathogène de l’orge, Peter Frei et Katia Gindro, Agroscope ••Du laboratoire à la pratique: congrès international sur la reproduction de l’être humain et de l’animal, David Kradolfer et al., ETH Zurich et Faculté Vetsuisse Zurich ••Sécurité microbiologique et chimique des aliments, Marc Mühlemann, Agroscope ••Liste recommandée des variétés de colza d’automne pour la récolte 2016, Agroscope

Mai 2015 13.05.2015 Gesunde und leistungsfähige Nutztiere: Futter an ­Genotyp oder Genotyp an Futter anpassen? Fachtagung ETH Zürich, Vetsuisse Zürich und Bern, Agroscope INT ETH-Zentrum 31.05.2015 Breitenhof-Tagung 2015 Treffpunkt der Steinobstbranche Agroscope Steinobstzentrum Breitenhof, Wintersingen Juin 2015 14. – 17.06.2015 54. IALB-Tagung ( Internationale Akademie landund hauswirtschaftlicher Beraterinnen und Berater) 3. EUFRAS-Konferenz Effizienz in der Land- und Ernährungswirtschaft Agridea Solothurn Informations: http://url.agridea.ch/IALB2015 25.06.2015 Agroscope: 125 Jahre Forschung in Wädenswil Agroscope Wädenswil

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

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Mittwoch, 13. Mai 2015

Gesunde und leistungsfähige Nutztiere: Futter an Genotyp oder Genotyp an Futter anpassen ?

Themen:

Anmeldung:

• Was definiert künftige Schweizer Nutztiersysteme? • Braucht es neue Bedarfsnormen für moderne Genotypen? • Ziele in der Schweizer Milchviehzucht • Highlights aus der Forschung

Bis spätestens Dienstag, 28. April 2015, an folgende Adresse: ETH Zürich Institut für Agrarwissenschaften Sekretariat / LFW B 58.1 8092 Zürich Schweiz

Ort: Zürich, ETH Zentrum, Hauptgebäude, Rämistrasse 101 Auditorium Maximum (HG F 30)

E-Mail: tiziana-lanzini@ethz.ch

Universität Zürich UZH

54. IALB-Tagung 3. EUFRAS Meeting 14. – 17. Juni 2015 in Solothurn, Schweiz Effizienz in der Land- und Ernährungswirtschaft Sein und Schein in Betrieb und Beratung

Ein Open Space behandelt das Thema «Effizienz und Effektivität – das Spannungsfeld zwischen Wunsch und Realität im Berufsalltag und wie wir damit umgehen können». Acht spannende Fachexkursionen ermöglichen einen Einblick in die Praxis und den Austausch mit Landwirtinnen und Landwirten vor Ort.

Reichhaltiges Programm zur Auswahl

Detailprogramm und Anmeldung http://url.agridea.ch/de/IALB2015

Plenumsveranstaltungen u. a. mit Bernard Lehmann zum Thema «Die Schweizer Landwirtschaft – ein Überblick» und «Die Schweizer Landwirtschaft – im Lichte der Effizienz»

Auskunft Roland Künzler, Tel. +41 (0) 52 354 97 87, ialb@agridea.ch Johanna Schoop, Tel. +41 (0) 52 354 97 43, ialb@agridea.ch

Fach- bzw. Projektforen und Workshops u. a. zu den Themen: Arbeitseffizienz – Arbeitsorganisation Ressourceneffizienz Handlungsorientiertes Lernen Effizienz und Effektivität im Alltag der Beratung

Anmeldeschluss 15. Mai 2015

IALB

Internationale Akademie land- und hauswirtschaftlicher Beraterinnen und Berater

Tagungsort Tagungslokal Landhaus, Landhausquai 4, Solothurn


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