Afs 11 12 12 f

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Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 2

|

N u m é r o

1 1 – 1 2

Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich

N o v e m b r e – D é c e m b r e

Production végétale Potentiel fourrager des pâturages du Jura

Page 516

Environnement Produits phytosanitaires et eaux superficielles: mesures de protection Economie agricole A quel point la sécurité alimentaire est-elle ­garantie?

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Sommaire Novembre–Décembre 2012 | Numéro 11–12 515 Editorial La nouvelle politique agricole vise à mieux utiliser les ­ressources naturelles locales et à favoriser l’autonomie fourragère des élevages. La production des pâturages est irrégulière dans l’ouest de la Suisse, en particulier dans le Massif du Jura. L’optimisation du potentiel de production des herbages exige par conséquent une bonne gestion des pâturages. (Photo: Juratourisme) Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.

516

Production végétale otentiel fourrager des pâturages du Jura P Eric Mosimann, Marco Meisser, Claire ­Deléglise et Bernard Jeangros

524

Production végétale e sorgho – une grande culture L

­intéressante ­encore inconnue en Suisse Jürg Hiltbrunner et al. Environnement Produits phytosanitaires et eaux superfi532

cielles: mesures de protection adaptées à la pratique

Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; ­ Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ­A LP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART) b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Philippe Droz (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich) Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58 Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

Katja Knauer et Olivier Félix Economie agricole A quel point la sécurité alimentaire 538

est-elle ­garantie? Stefan Mann, Ali Ferjani et Albert Zimmermann Production animale La charge en spores butyriques des 544

­ nsilages et du foin humide examinée à e la loupe Ueli Wyss et Daniel Goy Eclairage Des variétés de plantes fichées par leur 552

profil génétique Eric Droz et al. 556

Eclairage CSW56: position des paysannes et des

femmes rurales dans le monde – évolution et enjeux Ruth Rossier Eclairage Finlande: conférence internationale sur 560

les ensilages Ueli Wyss 563 Portrait 564 Actualités 571 Manifestations Listes variétales Encart Liste suisse des variétés de pommes de

terre 2013 Ruedi Schwärzel, Jean-Marie Torche, Thomas ­ ebeisen, Theodor Ballmer et Tomke Musa H


Editorial

News du projet «New Agroscope» Chère lectrice, cher lecteur,

Jean-Philippe Mayor, Directeur Agroscope ACW

Organisation d’Agroscope dès 2014 ••Institut des sciences en production végétale: Jean-Philippe Mayor ••Institut des sciences en production animale: Daniel Guidon ••Institut des sciences en denrées alimentaires: Hans-Peter Bachmann ••Institut des sciences en durabilité agronomique: Paul Steffen ••Domaine des ressources: Christine Grivel

Dans notre édition de mars 2012, nous annoncions notre intention de vous informer au fur et à mesure de l’avancement du projet «New Agroscope». Ainsi, le 24 mai 2012, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a nommé Michael Gysi nouveau responsable d’Agroscope. Michael Gysi, né en 1968, a étudié les sciences de l’environnement à l’EPFZ, où il a également déposé sa thèse en 2000. Il dispose en outre d’un Executive MBA de l’Université de Saint-Gall. Depuis peu, il est professeur titulaire à l’Université de Berne. Michael Gysi reprend dès à présent la gestion globale du projet New Agroscope. Dès 2013, il procédera au regroupement des trois stations actuelles ACW, ALPHaras et ART, qui deviendront la seule et unique station de recherche Agroscope, dont il assurera la gestion opérationnelle dès 2014. Dans le cadre de ses fonctions, il siégera également au Conseil Agroscope de l’OFAG. Le projet New Agroscope se déroule jusqu’à présent comme prévu. Des étapes importantes ont déjà pu être franchies: Le 23 mai 2012, le Conseil fédéral a adopté la révision totale de l’Ordonnance sur la recherche agronomique (ORA). Ainsi, Agroscope reste subordonné à l’OFAG. Ses trois tâches ne changent pas fondamentalement; elles sont définies de manière plus précise qu’auparavant: 1. recherche et développement au profit du secteur agricole et de la filière alimentaire; 2. mise à disposition de bases pour l’élaboration de la législation par les autorités fédérale; 3. tâches d’exécution dans le cadre des dispositions légales. La nouvelle ordonnance entrera en vigueur le 1er janvier 2013. Elle offrira ainsi au cours des années à venir la marge de manœuvre dont Agroscope a besoin pour son développement. Le siège social d’Agroscope est à Liebefeld jusqu’au transfert des activités de recherche à Posieux. Ensuite, le comité directeur d’Agroscope (CDA) examinera s’il est pertinent de le transférer aussi à Posieux ou s’il est préférable de le maintenir à Berne. Quatre instituts des sciences orientés par domaine de compétences et indépendamment du site sont définis et leur responsable nommés. Le CDA se composera du responsable d’Agroscope, des quatre responsables d’instituts des sciences et de la cheffe du domaine des ressources. Les dénominations entreront pleinement en vigueur au 1er janvier 2014. L’orientation et l’organisation à long terme de la structure des instituts des sciences reflètent les thèmes de recherche. Les secteurs stratégiques Recherche («corporate research») et Communication («corporate communication») seront du ressort de Paul Steffen, respectivement de Jean-Philippe Mayor, et seront gérés à la fois de façon décentralisée et centralisée. Les secteurs des finances, des ressources humaines et des technologies de l’information (IT) seront administrés de façon centralisée par le département des ressources, et certains collaborateurs-trices de ces secteurs travailleront de façon décentralisée sur les différents sites. Le Conseil de la recherche agronomique CRA est une commission de gestion avec une fonction consultative. Il pourra à l’avenir constituer des comités pour le traitement de tâches concrètes et notamment faire connaître les souhaits et avis des milieux scientifiques (internationaux) aussi bien que ceux des clients principaux d’Agroscope. Ce repositionnement est une évolution logique d’Agroscope. Sachons donc saisir de manière cohérente cette chance pour qu’Agroscope devienne un partenaire encore plus indispensable et hautement compétent du secteur agroalimentaire suisse et nous remercions d’ores et déjà toutes celles et tous ceux qui y contribuent passionnément.

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 515, 2012

515


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Potentiel fourrager des pâturages du Jura Eric Mosimann, Marco Meisser, Claire Deléglise et Bernard Jeangros Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Renseignements: Eric Mosimann, e-mail: eric.mosimann@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 47 36

L’espace pastoral jurassien, une ressource fourragère précieuse et un paysage attractif.

Introduction La nouvelle politique agricole (PA 14 – 17) prévoit une réallocation des paiements directs liés au nombre d’animaux vers des contributions à la surface. Elle vise à mieux utiliser les ressources naturelles locales et à favoriser l’autonomie fourragère des élevages (Mann et al. 2012; Barth et al. 2011). Dès lors, l’optimisation du potentiel de production des herbages exige une bonne gestion des pâturages et une adaptation du chargement (UGB/ ha) aux quantités d’herbe disponible. Dans les conditions du Plateau humide, la végétation à base de ray-grass anglais (Lolium perenne) et de trèfle blanc (Trifolium repens) fournit les meilleurs rende-

516

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 516–523, 2012

ments et sa croissance ne subit que de faibles variations interannuelles. En revanche, la production des pâturages est plus irrégulière dans l’ouest de la Suisse (Mosimann 2005), en particulier dans le Massif du Jura, où la présence d’un sous-sol calcaire très perméable augmente le risque de sécheresse. A l’avenir, les pertes de rendement dues au manque d’eau devraient être les plus importantes dans cette région de la Suisse (Fuhrer et al. 2009). Néanmoins, d’après Buttler et al. (2012), les pâturages boisés devraient mieux résister aux changements climatiques que les pâturages ouverts. Le gradient d’altitude rencontré sur l’Arc jurassien couvre une large gamme de conditions pédoclimatiques qui se traduit par une grande diversité de communautés végétales. En plaine, l’utilisation de graminées tolérantes à la sécheresse pour le semis des prairies, ainsi que la culture de fourrages annuels, sécurisent les systèmes herbagers fragilisés par le manque d’eau. En montagne, les pâturages sont traditionnellement conduits avec un chargement fixe et les animaux quittent les lieux dès que l’herbe vient à manquer. Les plans de gestion intégrée (PGI) appliqués aux pâturages boisés permettent de limiter la régénération des arbres, de préserver la diversité du paysage et de maintenir une bonne productivité (Vittoz 2003). Pour ces milieux complexes, le calcul du chargement s’appuie sur une typologie de la végétation qui prend en compte le taux de boisement, l’altitude et le recouvrement des espèces herbacées (Barbezat et Boquet 2008). Cet article donne un aperçu des mesures effectuées au cours des dix dernières années pour estimer le potentiel fourrager des pâturages du Jura et tenter de répondre aux questions suivantes: 1. Comment se différencie la croissance de l’herbe du Pied aux Crêtes du Jura ? 2. La mesure de la hauteur de l’herbe permet-elle d’évaluer la gestion d’un alpage, c’est-à-dire l’adéquation entre la disponibilité en fourrage et les besoins des animaux? 3. L’analyse de la composition botanique et le calcul de la valeur pastorale qui en découle permettent-ils de prédire le rendement d’un pâturage?


Potentiel fourrager des pâturages du Jura | Production végétale

Des mesures ont été effectuées sur divers pâturages du Massif du Jura (fig. 1), répartis en trois groupes d’essais conduits séparément (tabl. 1):

Résumé

Matériel et méthodes

1. Croissance de l’herbe en plaine et en montagne Les pâturages étudiés se situent à des altitudes comprises entre 500 et 1200 m, le long du versant sud du Jura. La période prend en compte deux années à pluviométrie «normale» (2002 et 2004) et une (2003) caractérisée par une sécheresse estivale. Pour mieux documenter les effets d’un manque de précipitations, la croissance de l’herbe en 2011, année marquée par une sécheresse sévère au printemps, est comparée aux références calculées sur plusieurs années à La Frêtaz et à Saint-George. Le dispositif consiste en deux bandes de 6,5 m² chacune, soustraites à l’action du bétail et fauchées à intervalles réguliers de quatre semaines, en alternance toutes les deux semaines. Le produit des récoltes est pesé, échantillonné et analysé en vue de déterminer le rendement en matière sèche (MS) et la matière organique digestible (MOD calculée selon l’équation de Scehovic, 1991). Les taux de croissance sont calculés toutes les deux semaines. Le rendement annuel en MS est obtenu en additionnant les rendements des 6 à 8 coupes effectuées durant la saison de végétation, correspondant à la fréquence normale d’utilisation de pâturages intensifs. 2. Mesures de hauteur de l’herbe Trois pâturages situés dans la zone d’estivage du Parc naturel régional du Jura vaudois (altitudes entre 1000 et 1350 m), ont fait l’objet d’un suivi particulier en 2004 et 2005. Ces pâturages hébergent des troupeaux laitiers dont la production est transformée en Gruyère d’alpage AOC. Les observations de la première saison, en 2004, ont donné lieu à la rédaction d’un mémoire de fin d’études dans lequel les protocoles sont décrits (Michaud 2004). Les mesures de la hauteur de l’herbe ont permis de suivre l’évolution de la disponibilité en fourrage (Mosimann et al. 2008). Celles-ci ont été réalisées avec un herbomètre Jenquip© (unité = clic = ½ cm) sur l’ensemble des parcs. Pour vérifier la cohérence des mesures, la croissance de l’herbe a aussi été déterminée sur deux à trois parcelles représentatives de chacun des pâturages. La consommation journalière d’herbe par les troupeaux a été estimée à partir de données recueillies auprès des exploitants (dates de montée et de descente, effectif du troupeau, fourrages complémentaires, concentrés).

La prochaine réforme agraire va contraindre les éleveurs à valoriser au mieux les ressources fourragères locales. Dans l’Arc jurassien, l’hétérogénéité des conditions naturelles se traduit par une multitude d’associations végétales au potentiel de production variable, souvent difficile à appréhender. Des méthodes ont été expérimentées en plaine et en montagne pour mieux connaitre la variabilité du rendement des pâturages. Au Pied du Jura et sur son versant sud, les sécheresses ont fortement ralenti la croissance de l’herbe en été (2003) et au printemps (2011), provoquant des diminutions du rendement annuel de 40 %. L’altitude plus élevée et l’exposition nord atténuent cet effet négatif, d’où l’intérêt porté aux zones d’estivage. Les mesures de hauteur de l’herbe donnent une image objective des pratiques et des conséquences d’un chargement constant en alpage. Les récoltes pesées sur des petites parcelles permettent d’évaluer le rendement et le chargement potentiel des pâturages. En revanche, le lien entre composition botanique/rendement et valeur pastorale/ rendement n’a pas pu être démontré explicitement sur la large gamme des végétations des pâturages boisés.

Croissance de l’herbe Hauteur de l’herbe Composition botanique Chaux-des-Breuleux

La Prise-Perrier

La Frêtaz

Reculfoz

Cerney Bursine

Pré de Bière La Palud Saint-George Trélex

Figure 1 | Localisation des lieux d’essais.

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 516–523, 2012

517


Production végétale | Potentiel fourrager des pâturages du Jura

Tableau 1 | Caractéristiques des lieux d’essai Thème Lieu (région, canton) période

Altitude (m)

Coordonnées

Exposition

Niveau thermique

490

505,3 / 140,4

Sud

très doux

Saint-George (VD) 2002 – 2011

950

509,4 / 151,3

Sud

frais

La Palud (VD) 2002 – 2004

1050

510,3 / 153,4

Sud-Nord

très frais

La Frêtaz (VD) 1988 – 2011

1200

534,6 / 188,3

Sud-Nord

assez rude à rude assez rude

1. Croissance de l'herbe en plaine et en montagne Trélex (VD) 2002 – 2004

2. Mesures de hauteur de l'herbe La Bursine (VD) 2004 – 2005

1040

503,8 / 158,1

Sud-Nord

Le Cerney (VD) 2004 – 2005

1280

505,2 / 157,6

Sud-Nord

très rude

Pré-de-Bière (VD) 2004 – 2005

1340

508,8 / 157,2

Sud-Nord

très rude à assez froid

Sud-Nord

très frais

3. Composition botanique et rendement des pâturages boisés (Projet Interreg) Reculfoz – Le Crouzet (France) 2007 et 2009

1020

501,0 / 173,8

La Chaux-des-Breuleux (JU) 2007 et 2009

1020

569,4 / 230,5

Sud-Nord

assez rude

La Prise-Perrier (VD) 2007 et 2009

1080

524,5 / 186,8

Sud-Nord

assez rude

3. Composition botanique et rendement des pâturages boisés Trois pâturages boisés situés à une altitude d’environ 1000 m ont été choisis en 2007, dans le cadre du projet Interreg (Barbezat et Boquet 2008). 17 parcelles (5 à 6 par lieu) de 6,5 m² ont été mises en défend contre le bétail et correspondaient à des zones de végétation distinctes. En 2007 et en 2009, les parcelles ont été fauchées deux fois, en juin et en septembre, et les récoltes ont été pesées et échantillonnées pour déterminer la teneur en MS, ainsi que la MOD du fourrage. Des relevés de végétation linéaires ont été effectués à fin juillet (50 points équidistants de 20 cm) pour le calcul de la valeur pastorale (VP), un indice de la valeur alimentaire du fourrage (Daget et Poissonet 1971).

Résultats et discussion 1. Croissance de l’herbe en plaine et en montagne Les rendements annuels ont fortement varié d’une année et d’un lieu à l’autre (tabl. 2). L’effet de la sécheresse de 2003 a été plus marqué à Trélex et à Saint-George qu’à La Palud, située dans une combe ombragée. La diminution du rendement annuel était de l’ordre de 40 % pour les deux premiers pâturages exposés au Sud. L’influence de l’exposition s’est également révélée en 2011 à La Frêtaz. Le rendement de la parcelle orientée au sud a diminué de près d’un tiers par rapport à la moyenne des années précédentes, alors que la parcelle exposée au nord n’a pratiquement pas réagi au manque de précipitations au printemps. Ces différences entre parcelles ont un impact important

518

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 516–523, 2012

sur la conduite des troupeaux au pâturage. De même, la dynamique saisonnière de la croissance de l’herbe requiert des adaptations régulières du chargement. La pousse de l’herbe du pâturage de basse altitude (Trélex) a été la plus fortement ralentie durant l’été 2003 (fig. 2). En juillet et en août, un hectare ne suffisait pas à couvrir les besoins journaliers d’une UGB. Durant cet épisode caniculaire, le classement des sites selon leur taux de croissance est inversé par rapport à celui obtenu durant les années de référence 2002 et 2004. Ce résultat souligne la complémentarité des ressources fourragères entre les zones de montagne et celles du Pied du Jura. L’herbe produite sur les alpages permet de sécuriser les systèmes herbagers de plaine fragilisés par le manque de précipitations. Les températures élevées en début d’année 2011 ont provoqué un démarrage précoce de la végétation dont la croissance a ensuite été fortement freinée par la sécheresse qui a sévi jusqu’en juin (fig. 3). Les parcelles exposées au sud n’ont pas produit le pic caractéristique du printemps, contrairement au secteur orienté au nord à La Frêtaz. A Saint-George, le retour de conditions climatiques plus humides en juillet a favorisé la pousse de l’herbe en fin d’été, compensant partiellement la faible récolte du printemps. Ces résultats soulignent les fluctuations de production des pâturages situés sur le versant sud du Jura et la difficulté de l’appréciation des besoins en surface pâturée lors d’aléas climatiques. En zone de plaine, la sécheresse estivale peut provoquer un arrêt de croissance de l’herbe et remettre en cause l’autonomie


Potentiel fourrager des pâturages du Jura | Production végétale

Tableau 2 | Rendement annuel en matière sèche des parcelles de mesure de la croissance de l’herbe (dt MS/ha/année) Moyenne pluriannuelle*

2011

79,0

62,8

La Frêtaz Sud

54,0

36,6

La Frêtaz Nord

43,8

41,6

Lieu

2002

2003

2004

Trélex Saint-George

92,3

61,5

118,7

77,6

49,1

83,2

La Palud

55,1

38,0

48,5

*Saint-George: 6 années (2001 – 2004, 2006, 2010). La Frêtaz: 10 années (1988 – 1990, 1994 – 1997, 2006, 2007, 2009).

fourragère des exploitations herbagères. En revanche, l’augmentation de l’altitude et l’orientation au nord des parcelles favorisent une plus grande stabilité de la production. 2. Mesures de hauteur de l’herbe La mesure avec l’herbomètre permet d’évaluer les quantités d’herbe offertes en vue d’adapter le chargement d’un pâturage, mais aussi d’expliquer les conséquences des pratiques pastorales. Les suivis de pâture en 2004 et 2005 révèlent les particularités des systèmes à chargement constant caractéristiques des alpages (fig. 4). Dans chacun des sites, la consommation du troupeau (ligne rouge=demande journalière) a peu varié durant la saison, alors que la croissance de l’herbe (ligne jaune=offre journalière) atteignait un maximum au début de juin,

puis diminuait progressivement. Le point d’intersection de ces deux courbes se situe en juillet, quand l’herbe a atteint sa hauteur maximale (colonnes bleues). Jusque-là, les animaux ne sont pas parvenus à manger tout le fourrage qui s’est accumulé sous la forme de refus plus ou moins piétinés. L’augmentation de la hauteur de l’herbe mesurée dans les parcs (flèches bleues) confirme cet excédent. En deuxième partie de la saison, une part des réserves sur pied a été mangée, une autre s’est décomposée et, finalement, le gazon était ras avant l’hiver. L’excédent d’herbe jusqu’en juillet favorise la multiplication générative des plantes à fleurs, un facteur essentiel au maintien de la biodiversité des pâturages d’altitude. Les mesures de hauteur de l’herbe donnent une image objective de la conduite des alpages. Elles se prêtent à l’analyse des dates de montée et de descente, ainsi que 

120

100

kg MS/ha/jour

80

60 Trélex moy. 2002-2004 Trélex 2003

40

Saint-George moy. 2002-2004 Saint-George 2003

20

La Palud moy. 2002-2004 La Palud 2003

0 mars

avr.

mai

juin

juil.

août

sept.

oct.

Figure 2 | Effets de l’altitude et de la sécheresse de 2003 sur la croissance de l’herbe des pâturages.

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 516–523, 2012

519


Production végétale | Potentiel fourrager des pâturages du Jura

120

100

kg MS/ha/jour

80

60 La Frêtaz Sud moyenne 10 ans La Frêtaz Sud 2011

40

La Frêtaz Nord moyenne 10 ans La Frêtaz Nord 2011

20

Saint-George moyenne 6 ans Saint-George 2011

0 mars

avr.

mai

juin

juil.

août

sept.

oct.

Figure 3 | Effets de l’exposition et de la sécheresse de 2011 sur la croissance de l’herbe des pâturages.

du niveau de chargement. Le début de la saison d’estivage s’est échelonné de mi-mai à début juin selon l’altitude. A 1000 m, à La Bursine, les animaux sont arrivés lorsque l’herbe mesurait environ 15 clics, puis dépassait 20 clics à la mi-saison. La quantité d’herbe disponible excédait alors largement la consommation du troupeau. Un broyage mécanique des refus a été mis en œuvre sur les surfaces planes qui recevaient chaque automne le fumier produit à l’étable. Ces pratiques répétées au cours des ans ont favorisé les graminées à touffes, telles que le dactyle (Dactylis glomerata) et le vulpin des prés (Alopecurus pratensis), ainsi que le développement de plantes indésirables comme le chardon des champs (Cirsium arvense). Dans les deux autres lieux situés à des altitudes plus élevées, les hauteurs d’herbe variaient de 5 à 15 clics, correspondant à un fourrage de très bonne valeur nutritive. La consommation du troupeau était donc bien adaptée au potentiel du milieu. Lors d’années sèches, une réduction progressive du nombre des animaux estivés ou une descente prématurée sont pratiquées. Les rendements annuels bruts mesurés sur les trois alpages étaient de 55, 31 et 22 dt MS/ha à La Bursine, au Cerney et au Pré-de-Bière, respectivement (moyennes de 3 années, 2004 – 2006). Compte tenu d’un taux de pertes de 30 %, de la surface des pâturages et d’une valeur d’ingestion de 15 kg MS/vache/jour, le chargement calculé était de 92, 110 et 116 pâquiers normaux

520

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 516–523, 2012

dans les sites respectifs. Ces valeurs correspondent bien aux pratiques fixées empiriquement au cours des années antérieures. Le principe d’un chargement constant établi sur la base du rendement annuel moyen est donc bien adapté à ces alpages du Jura. 3. Composition botanique et rendement des pâturages boisés La démarche des plans de gestion intégrée (PGI) mise en œuvre dans le Jura franco-suisse permet d’estimer le rendement des pâturages boisés et le chargement optimal. Dans les trois lieux d’observation, la flore herbacée s’apparente à l’alliance du Cynosurion. Comme attendu, la richesse floristique était inversement proportionnelle à la VP (tabl. 3). A Reculfoz – Le Crouzet, une moyenne de 31 espèces ont été touchées sur 50 points, témoignant d’une diversité botanique d’intérêt patrimonial. Dans les deux autres lieux, ce nombre était voisin de 20, signe d’un niveau plus élevé de fertilité. Les rendements mesurés en 2007 et 2009 étaient étroitement corrélés (R2= 0,85), ce qui indique un faible impact de l’année sur le classement des parcelles. D’autre part, les rendements mesurés en 2007 correspondaient (R2 = 0,74) à ceux estimés par les PGI et validés par comparaison avec les chargements réels (Barbezat et Boquet 2008). Au contraire des mesures de biomasse, la caractérisation botanique et le calcul de la VP des 17 parcelles n’a pas suffi pour


Potentiel fourrager des pâturages du Jura | Production végétale

5

10 0 mai

70

juin

juillet

août

sept.

30

10

0

60 50 40

15

30

10

20

avr.

mai

juin

juillet

août

sept.

40

15

30

10

oct.

Hauteur (clic)

5 0 mai

juin

juillet

août

sept.

oct. 25

Pré de Bière 2005

60

0

0

25 20

70

5

10

oct.

Cerney 2005

avr.

20

sept.

0

25

Pré de Bière 2004

août

50

oct.

kgMS/ha/jour

70

sept.

juillet

10

0 août

juin

20

5

10

0 mai

60 kgMS/ha/jour

15

20

5

70

Hauteur (clic)

kgMS/ha/jour

40

juillet

10

20

avr.

20

50

juin

30

0

25

Cerney 2004

mai

15

oct.

60

avr.

40

10

0 avr.

20

50

Hauteur (clic)

10

kgMS/ha/jour

30

Hauteur (clic)

15

Hauteur (clic)

kgMS/ha/jour

40

25

Bursine 2005

60

20

50

20

kgMS/ha/jour

70

25

Bursine 2004

60

20

50 40

15

30

10

20

Hauteur (clic)

70

5

10

0

0 avr.

mai

juin

juillet

août

sept.

oct.

Hauteur de l'herbe (clic) Croissance de l'herbe (kg MS/ha/j) Consommation d'herbe par le troupeau (kg MS/ha/j) Figure 4 | Evolution de la hauteur de l’herbe dans les pâturages mise en relation avec la croissance et la consommation d’herbe.

appréhender correctement la production de fourrage. Le coefficient de détermination (R2 = 0,46) des données 2007 de la VP et du rendement annuel en MS démontre les limites du calcul d’une production potentielle à partir de la composition botanique. Cette impasse a déjà été relevée par divers auteurs, en particulier lorsque la végétation ne présente pas de grandes variations dans sa composition botanique, comme observé par Jeangros (2007) à La Frêtaz. D’autre part, les indices spécifiques utilisés pour le calcul de la VP tiennent non seulement compte de la productivité, mais également de la valeur fourragère des espèces (Daget et Poissonet 1971). Pour-

tant, le coefficient de détermination (R2 = 0,40) entre la VP et la quantité de matière organique digestible produite en 2007 n’est pas meilleur, ce qui montre qu’il n’y a pas de lien solide entre la composition botanique et le potentiel fourrager.

Conclusions Les conditions environnementales très variables rencontrées sur l’Arc jurassien sont à l’origine d’une mosaïque de communautés végétales au potentiel de production souvent difficile à appréhender. La disponi- 

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 516–523, 2012

521


Production végétale | Potentiel fourrager des pâturages du Jura

Tableau 3 | Caractéristiques botaniques et fourragères des trois pâturages boisés du projet Interreg Lieu (région) n° de parcelle

Reculfoz - Le Crouzet (F)

La Chaux-des-Breuleux (JU)

La Prise-Perrier (VD)

1

2

3

4

5

6

1

2

3

4

5

6

1

2

3

4

5

Type de pâturage boisé*

2001

2001

2004

2004

3004

3004

1002

2005

2005

2005

3007

3007

1002

1002

2004

2004

3003

Rendement estimé PGI (dt MS/ha)**

20 – 25

20 – 25

25 – 30

25 – 30

0 – 5

0 – 5

Nombre d'espèces touchées Valeur pastorale (VP)

55 – 60 50 – 55 50 – 55 35 – 40 25 – 30 20 – 25 40 – 50 40 – 50 10 – 20 10 – 20 0 – 10

37

36

28

29

26

31

16

16

21

18

21

22

17

21

17

24

22

40,8

37,2

57,6

62,8

18,8

24,4

59,9

65,1

60,6

76,6

44,9

45,7

58,1

71,0

33,8

43,1

45,9

6,9

Rendement en matière sèche (dt MS/ha) en 2007 et 2009 2007 - 1re coupe (27 juin)

15,9

13,6

26,4

28,0

12,7

9,4

28,2

42,3

47,6

18,9

34,1

22,9

28,2

32,4

9,8

9,5

2007 - 2e coupe (22 septembre)

7,2

3,8

10,9

11,3

2,2

2,9

19,3

2,4

18,5

6,1

8,8

5,2

8,1

17,2

1,2

3,7

1,9

2007 - total annuel

23,0

17,4

37,3

39,3

14,9

12,4

47,5

44,8

66,0

24,9

42,9

28,0

36,3

49,7

11,0

13,2

8,9

2009 - 1re coupe (12 juin)

36,8

14,7

41,7

14,6

12,3

14,6

28,9

5,0

4,4

5,0

2009 - 2 coupe (24 septembre)

20,3

21,1

10,2

13,5

8,5

14,0

23,5

3,4

6,4

4,8

2009 - total annuel

57,1

35,8

51,9

28,1

20,8

28,6

52,4

8,4

10,8

9,8

e

Matière organique digestible (MOD %) en 2007 2007 - 1re coupe (27 juin)

68,6

68,5

68,2

67,8

64,7

68,0

72,4

66,7

66,3

70,0

67,5

68,9

69,3

69,7

67,9

2007 - 2e coupe (22 septembre)

71,7

70,2

71,1

74,5

69,4

68,4

77,7

72,0

71,7

73,5

70,1

72,7

75,2

73,8

74,3

2007 - moyenne pondérée au rendement

69,6

68,9

69,0

69,7

65,4

68,1

74,5

68,2

67,6

70,7

68,0

69,8

71,4

70,8

69,3

Quantité de MOD (dt/ha) en 2007

16,0

12,0

25,8

27,4

9,8

8,4

35,4

45,0

16,8

30,3

19,0

25,3

35,5

9,3

6,1

*Type de pâturage boisé (selon Barbezat et Boquet, 2008). Taux de boisement < 1 % Taux de boisement de 1 à 20 % Taux de boisement de 20 à 70 % 1002 pâturage non boisé à haute VP 2001 pâturage peu boisé dominé par les espèces des pelouses 3003 p âturage très boisé dominé par les ­r ésineux, à VP moyenne 2004 pâturage peu boisé à VP moyenne 3004 p âturage très boisé dominé par les espèces des pelouses et des prés 2005 pâturage peu boisé à haute VP 3007 p âturage très boisé dominé par les résineux, à haute VP ** Rendement estimé PGI (selon Barbezat et Boquet, 2008) Dans le cadre du plan de gestion intégrée (PGI), il s'agit du rendement annuel en MS calculé à partir de la VP du polygone de végétation dans lequel se trouve la parcelle.

bilité en eau est le principal facteur qui explique les grands écarts de rendement observés. Les zones du Pied du Jura sont ainsi particulièrement sensibles aux conditions de sécheresse: en 2003 la réduction du rendement annuel en MS a atteint 40 % sur le versant sud du Jura. L’impact de la sécheresse diminue avec l’altitude et en cas d’exposition nord. Les surfaces d’altitude offrent des ressources fourragères intéressantes. Après un maximum au début de juin, la croissance de l’herbe décroit régulièrement. Lorsque le chargement en bétail est constant, cas fréquent sur les alpages, on assiste à un cumul de biomasse jusqu’à mi-juillet. Cette situation favorise la multiplication générative des plantes à fleurs et par conséquent à la biodiversité. Les mesures de la croissance et de la hauteur de l’herbe ont permis de caractériser la dynamique de production des alpages et de porter un regard critique sur les pratiques. Elles montrent que les chargements fixés sur la base des expériences des éleveurs sont généralement bien adaptés au potentiel du milieu, bien que des adaptations peuvent être envisagées concernant la date de montée à l’alpage et la pression de pâture en début de saison.

522

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 516–523, 2012

La production des pâturages boisés reste difficilement appréhendable, en raison de leur forte hétérogénéité. La valeur pastorale de ces milieux ne permet pas une estimation satisfaisante de leur production. Avec les plans de gestion intégrée, la prise en compte de grandes unités floristiques et du taux de boisement permet d’améliorer cette estimation. Suite à la réforme de la politique agricole, l’optimisation de l’exploitation des pâturages va être prioritaire. Les références agronomiques acquises à l’échelle des parcelles pourraient alors servir au développement d’outils de gestion à l’échelle des territoires, tels que la télédén tection.


Potenziale foraggero dei pascoli giurassiani La prossima riforma agraria costringerà gli allevatori a meglio valorizzare le risorse foraggere locali. Nell’arco giurassiano, l’eterogeneità delle condizioni naturali si traduce attraverso una moltitudine di associazioni vegetali relative al potenziale di produzione variabile, spesso difficile da comprendere. Per conoscere meglio la variabilità della resa dei pascoli si sono sperimentati metodi sia in pianura che in montagna. Al Piede del Giura e sul suo versante sud la siccità ha fortemente rallentato la crescita dell’erba in estate (2003) e in primavera (2011), provocando delle diminuzioni della resa annuale del 40 %. L’altitudine più elevata e l’esposizione a nord attenuano questo effetto negativo, da qui l’interesse rivolto alle zone di estivazione. Le misurazioni dell’altezza dell’erba danno un’immagine obiettiva delle pratiche e delle conseguenze di un costante carico al pascolo. I raccolti pesati su piccole parcelle permettono di valutare la resa e il carico potenziale dei pascoli. Tuttavia, il collegamento tra composizione botanica/resa e valore pastorale/ resa non ha potuto essere dimostrato in modo esplicito sulla vasta gamma di vegetazione dei pascoli alberati.

Bibliographie ▪▪ Barbezat V. & Boquet J. F. (Eds), 2008. Gestion intégrée des paysages ­s ylvo-pastoraux de l’Arc Jurassien - Manuel. Conférence TransJurassienne. La Chaux-de-Fonds, Besançon. 160 p. et 1 CD-ROM (Programme Interreg IIIA). ▪▪ Barth L., Lanz S. & Hofer C., 2011. Promotion de la production animale basée sur les herbages dans la politique agricole 2014 – 2017. Recherche Agronomique Suisse 2 (1), 20–25. ▪▪ Buttler A., Gavazov A., Peringer A., Siehoff S., Mariotte P., Wettstein J.B., Chételat J., Huber R., Gillet F. & Spiegelberger T., 2012. Conservation des pâturages boisés du Jura: défis climatiques et agro-politiques. ­Recherche Agronomique Suisse 3 (7–8), 346–353. ▪▪ Daget P. & Poissonet J., 1971. Une méthode d’analyse phytosociologique des prairies. Ann. Agron. 22 (1), 5–41. ▪▪ Fuhrer J. & Jasper K., 2009. Bewässerungsbedürftigkeit von Acker- und Grasland im heutigen Klima. Agrarforschung 16 (10), 396–401. ▪▪ Jeangros B., 2007. Suivi de prairies de fauche et de pâturages de La Frêtaz de 1994 à 2003. Rapport interne ACW. Workshop du 29 avril 2007.

Summary

Riassunto

Potentiel fourrager des pâturages du Jura | Production végétale

Forage potential of the Jura pastures The next land reform will force farmers to maximize the use of local feed resources. In the Jura, the heterogeneity of natural conditions drives to a variety of plant associations with specific production potential, often difficult to assess. Methods have been tested in plains and mountain regions to learn more about yield variability of the pastures. At the Jura foot and on its southern slope, droughts have greatly slowed the growth of grass in summer (2003) and spring (2011), causing decreases in annual yield of 40 %. The higher altitude and north exposure mitigate this negative effect, hence the interest in summering. Grass height measurements give an objective picture of the practices and consequences of a constant stocking rate on summer pastures. Small plots harvested and weighed allow a good assessment of the DM-yield and of the potential stocking rate. However, the link between botanical composition, respectively pastoral value, and yield has not been explicitly demonstrated by means of a wide range of vegetation observed on wooded pastures. Key words: mountain pastures, botanical composition, DM-yield, grass growth, grass height, stocking rate, drought.

▪▪ Mann S., Zimmermann A., Möhring A., Ferjani A., Mack G. & Lanz S., 2012. Quelles sont les conséquences de la réallocation des paiements ­d irects liés aux animaux? Recherche Agronomique Suisse 3 (6), 284–291. ▪▪ Michaud J., 2004. Ressources fourragères des pâturages d’altitude du Jura. Mémoire de fin d’études. Agrocampus-Rennes. 21 p. ▪▪ Mosimann E., 2005. Caractéristiques des pâturages pour vaches laitières dans l’ouest de la Suisse. Revue suisse d’Agriculture 37 (3), 99–106. ▪▪ Mosimann E., Muenger A., Schori F. & Pitt J., 2008. Pâturages pour vaches laitières. 1 | Modèle d’aide à la gestion du pâturage. Revue ­suisse d’Agriculture 40 (1), 33–40. ▪▪ Scehovic J., 1991. Considérations sur la composition chimique dans l’évaluation de la qualité des fourrages des prairies naturelles. Revue ­suisse d’Agriculture 23 (5), 305–310. ▪▪ Vittoz P., 2003. Prés-bois du massif jurassien. Gestion et usages. Cahier de la Fédération des Parcs naturels régionaux de France. 40 p.

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P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Le sorgho – une grande culture intéressante ­encore inconnue en Suisse Jürg Hiltbrunner1, Ueli Buchmann1, Susanne Vogelgsang1, Andreas Gutzwiller2 et Hans Ramseier3 1 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich 2 Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux 3 Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen Renseignements: Jürg Hiltbrunner, e-mail: juerg.hiltbrunner@art.admin.ch, tél. +41 44 377 73 57

Essai en petites parcelles avec différentes variétés de sorgho (Zurich, 2009).

Introduction Avec une surface cultivée de 40,5 millions d’hectares, le Sorghum bicolor (L.) Moench ou sorgho commun, un type de millet, arrive au 5e rang des grandes cultures dans le monde (FAOSTAT 2012). Les principales zones de culture du sorgho se situent dans les régions chaudes, comme l’Inde, l’Afrique, l’Amérique du Nord et du Sud. Mais en Europe aussi, le sorgho est cultivé avec succès: la France est le plus important producteur de sorgho en termes de surfaces, suivie de l’Italie, l’Espagne et quelques pays du Sud-Est de l’Europe qui en comptent plusieurs milliers d’hectares (tabl. 1). Contrairement aux variétés locales cultivées dans de nombreux pays d’Afrique et d’Asie, qui ont tendance à avoir des rendements plutôt faibles, et dont les récoltes sont utilisées essentiellement pour l’alimentation humaine (Smith et Frederiksen 2000; Zeller 2000), les variétés cultivées dans les pays industrialisés sont des variétés hybrides à haut rendement, utilisées surtout dans la production animale.

524

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 524–531, 2012

Du fait de ces différences de génétique et des facteurs liés à l’environnement, mais aussi en raison des intensités culturales variables (irrigation, protection des plantes et fumure), les rendements fluctuent considérablement (tabl. 1). En outre, le sorgho est également utilisé à des fins industrielles pour la fabrication de balais et d’éthanol (Smith et Frederiksen 2000; Berenji et Dahlberg 2004). Les rendements en matière sèche, parfois très élevés dans certains pays européens, ont notamment conduit à une importante extension de la culture de sorgho pour la production de substrat destiné aux installations de biogaz. Comme le maïs, le sorgho est une plante C4, mais il a besoin de moins d’eau pour pouvoir fournir un rendement en grains comparable à celui du maïs. Cette propriété et d’autres encore (encadré 1), dont, en particulier, l’existence d’une grande diversité génétique, font de cette plante un candidat idéal pour la sélection de variétés adaptées aux nouvelles conditions climatiques. Comme le sorgho ne contient pas de gluten, il peut être également utilisé pour produire des denrées alimentaires destinées aux personnes intolérantes à cette substance. Certains types de millet sont également capables de synthétiser des tanins (c’est-à-dire des molécules précipitant les protéines), qui en concentration élevée protègent certes les grains des oiseaux et des moisissures (Butler 1989), mais diminuent la digestibilité des nutriments. C’est la raison pour laquelle, dans l’Union européenne, seuls les sorghos avec une faible teneur en tanins (< 3 g de tanins kg−1) sont inscrits dans la liste des variétés. Ces derniers ne comportent aucun risque quant à la quantité utilisée et sont également appréciés des oiseaux. C’est pourquoi les variétés de sorgho à graines blanches sont aussi utilisées pour la fabrication d’aliments pour les oiseaux. Les quantités de sorgho importées varient considérablement d’année en année. Cela tient à la possibilité de remplacer le maïs par le sorgho dans les mélanges d’aliments pour animaux, lorsque le prix du maïs sur le marché mondial est plus élevé que celui du sorgho. Ces cinq


dernières années, la Suisse a importé entre 420 (2011) et 12 600 t (2008) de sorgho par an, ce qui correspond à une surface de 50 ha, respectivement 1490 ha, pour un rendement moyen en grains de 85 dt ha−1. Comme les informations concernant la culture du sorgho en Suisse étaient peu abondantes et limitées à quelques régions, de nouvelles variétés adaptées à la Suisse ont été étudiées pendant trois ans dans le cadre d’essais culturaux, dans différentes régions, parfois aussi dans des dépressions, dans des zones exposées ou en semis précoce. En outre, des études de qualité et un essai sur l’utilisation du sorgho dans l’affouragement animal ont fourni des informations complémentaires.

Matériel et méthodes Essais culturaux Des variétés hybrides précoces et très précoces (tabl. 2) ont été mises en place de 2009 à 2011 dans le cadre d’es-  Tableau 1 | Surface cultivée (ha) et rendement moyen en grains (dt ha -1) du Sorghum bicolor dans les pays sélectionnés en 2010 (FAOSTAT 2012)

Inde

Surface (ha)

Rendement (dt ha-1)

7 670 000

9,1

Soudan

5 612 880

4,7

Nigéria

4 736 730

10,1

Niger

3 322 140

3,9

Etats-Unis (USA)

1 945 750

45,1

Mexique

1 768 380

39,3

Ethiopie

1 618 680

18,5

Tchad

772 600

6,4

Argentine

750 640

48,4

Brésil

645 655

23,3

Chine

545 170

31,7

Australie

516 000

31

Kenya

225 782

7,3

Egypte

140 157

50,1

Arabie saoudite

81 200

33,9

France

52 100

55,1

Italie

40 700

66,7

Ukraine

28 700

21,4

Roumanie

9377

19,9

Russie

8700

10,5

Espagne

6900

45,4

Hongrie

3800

10,3

Bulgarie

3500

24,6

2400

28,8

Serbie Surface cultivée dans le monde Rendement moyen (dans le monde)

Résumé

Le sorgho – une grande culture intéressante ­e ncore inconnue en Suisse | Production végétale

Avec une surface cultivée de 40,5 millions d’hectares, le Sorghum bicolor (L.) Moench ou sorgho commun arrive au 5e rang des grandes cultures dans le monde. Bien qu’il soit principalement cultivé dans les régions plus chaudes, la surface qu’il occupe en Europe a augmenté ces dernières années, entre autres parce que le sorgho donne des rendements intéressants avec peu d’eau à disposition. Afin d’élargir le peu d’informations disponibles sur la culture du sorgho commun en Suisse, des essais ont été mis en place de 2009 à 2011 avec plusieurs variétés et dans différentes régions de Suisse. Dans des conditions environnementales favorables, les variétés les plus précoces affichaient des rendements qui allaient jusqu’à 110 dt ha−1 avec 16 % d’humidité au champs dans le cadre d’essais en petites parcelles. Comme ces plantes ont besoin de plus de chaleur que le maïs, il n’est pas recommandé de les cultiver dans des zones d’air froid, dans des dépressions ou encore de les semer trop tôt. En respectant ces paramètres, la levée du sorgho est relativement rapide et les fleurs entièrement pollinisées. Un essai d’alimentation de porcelets a montré que du sorgho produit en Suisse est de qualité comparable à du sorgho importé et qu’il satisfaisait les exigences alimentaires. De premiers essais d’infections avec les fusaries se sont traduits par des infections minimales et par des teneurs peu élevées en déoxynivalénole. Comme le montre le succès du Sorghum bicolor dans les régions favorables à la culture du maïs en Suisse, il devient crucial, avec le changement des conditions climatiques, pour les agriculteurs et les agricultrices suisses, d’avoir des informations plus détaillées au sujet des différents types de millets cultivés en Suisse.

40 508 600 23,7

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Production végétale | Le sorgho – une grande culture intéressante ­e ncore inconnue en Suisse

Encadré 1 | Sorghum bicolor − des propriétés intéressantes*

Encadré 2 | Fiche du Sorghum bicolor*

•B esoin en eau plus faible que le maïs pour un rendement en grains comparable: une couche de cire spéciale recouvre les feuilles de sorgho et permet de réduire l’évaporation hydrique à la surface des feuilles. En cas de forte sécheresse, la croissance peut être interrompue et reprendre plus tard (anhydrobiose). • Utilisation des grains dans l’alimentation humaine et animale (volaille, porcs, bovins). • Aucune infestation par la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica virgifera) et, en raison de la tige remplie de moelle, très faible infestation par la pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis). • Les espèces de sorgho peuvent être cultivées plusieurs années sur le même champ et s’intègrent bien dans l’assolement, car elles peuvent être mises en place après n’importe quelle culture excepté le tabac.

Nom latin: Sorghum bicolor (L.) Moench

Famille: graminées (Poaceae), plante C4 Origine: Afrique Préparation du lit de semences: lit de semences relativement fin et bien rassis Semis: de fin avril à mi-mai (température du sol min. 12−15 °C) semis en ligne ou mieux semis monograine à une profondeur de 3−5 cm. Distance entre les lignes 37,5−75 cm. Densité de semis: 25-40 grains m -2 dépendant de la variété et du sol. Sol: les sols sableux, limoneux et profonds sont idéaux. Les sols froids, humides et lourds ne conviennent pas. Fumure: 120 kg N ha−1; 100 kg P ha−1; 160 kg K ha−1. Le fumier, le lisier et le purin sont bien valorisés. Régulation des adventices: complexe, car le sorgho a un développement juvénile lent. Il est possible d’intervenir en surface avec des machines

Smith et Frederikson 2000; Zeller 2000; ­Berenji et Dahlberg 2004; A ­ nonymous 2009; Arvalis 2010

*

entre les lignes, mais il est recommandé de ne pas trop s’approcher des plantes (fig. 1). A l’étranger, plusieurs herbicides sont autorisés. En Suisse, Garda Gold est homologué depuis 2012 (principes

sais réalisés avec trois répétitions sur de petites parcelles à Zurich-Affoltern et Hüntwangen avec une interligne de 0,75 m. Chaque année, les variétés ont été semées avec trois densités de semis différentes (13,2, 17,3 et 21,5 grains m−2). Les mesures d’exploitation s’appuyaient sur les recommandations françaises et autrichiennes (Anonyme 2009; Arvalis 2010; tabl. 3). En complément, dix essais en bandes sans répétition ont également été mis en place pendant les trois ans, avec différentes variétés, interlignes, densités de semis ou dates de semis dans les cantons AG (1), BE (4), SH (2), SO (1), TG (1) et VD (1). A la HAFL (Zollikofen), deux thèses de bachelor et deux travaux de semestre ont permis d’étudier d’une part l’influence de l’interligne et de deux densités de semis pour deux variétés (Chambettaz 2011; Wyss 2011), et, d’autre part, la sensibilité du sorgho à l’infestation par les fusaries et la contamination par les mycotoxines (Gerber 2009 et 2010). Cet essai consistait à répartir dans les parcelles de la paille de maïs infectée naturellement et à infecter artificiellement les plantes deux fois en l’espace de dix jours à l’aide d’une suspension de conidies de Fusarium graminearum [isolat HAFL, 420 × 103 (date 1) respectivement 280 × 103 (date 2) de conidies ml−1]. Les parcelles étaient ensuite arrosées. La récolte a fait l’objet, à la station de

526

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 524–531, 2012

actifs Métolachlore + Terbuthylazine; titulaire de l’autorisation: Syngenta Agro AG). Maladies et ravageurs: en principe on observe une multitude de maladies et ravageurs dans les zones de culture traditionnelles. Jusqu’à présent, peu sont problématiques en Europe. Récolte: ne pas couper les plantes trop bas à la récolte (les tiges et les feuilles sont généralement encore vertes), ce qui nécessite le passage ultérieur de la mulcheuse. Dégagement possible de poussière lors de la récolte (causée par des champignons saprophytes). Repousses: plante peu résistante au froid, donc peu problématique pour les cultures d’automne; sinon possibilité de lutter contre les repousses avec des herbicides chimiques courants, excepté dans le maïs. *

Smith et Frederiksen 2000; Anonyme 2009; ­A rvalis 2010)

recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, d’un test sanitaire afin de déterminer le pourcentage d’infection par différentes espèces de Fusarium, et d’analyses en laboratoire pour déterminer la teneur en mycotoxine déoxynivalénole (DON).


Le sorgho – une grande culture intéressante ­e ncore inconnue en Suisse | Production végétale

Tableau 2 | Informations sur les variétés de sorgho grains testées en Suisse (indications des sélectionneurs) Somme des températures: semis jusqu’à 25 % H2O ­(récolte), Base 6 °C

Nom

Sélectionneur (pays)

Pays d’inscription (année)

Couleur des grains

Ardito

Semences de Provence (F)

I (2005)

blanc

Arfrio

Semences de Provence (F)

F (2003)

orange

1785

2009, 2010, 2011

Friggo

R 2n (F)

F (2003)

orange-rouge

1805

2009, 2010, 2011

Quebec

Semences de Provence (F)

F (1999)

orange-clair brun

1775

2009, 2010, 2011

Iggloo

R 2n (F)

I (2009)

orange

1790

2010, 2011

Maya

Semences de Provence (F)

F (2008)

orange-rouge

1805

2010

Arlys

Semences de Provence (F)

F (2003)

orange-rouge

1815

2011

Comme au début de la série d’essais aucun produit phytosanitaire n’était encore homologué en Suisse pour réguler les adventices dans les cultures de sorgho en grains, l’effet et la tolérance d’herbicides potentiels ont été testés dans le cadre d’essais en bandes et d’un essai bloc à Zollikofen. Essai d’alimentation Afin de récolter des informations quant à l’utilisation du sorgho de production suisse dans l’alimentation des porcs, la station de recherche Agroscope LiebefeldPosieux ALP a étudié les effets de rations contenant 20 % de sorgho sur les performances de 116 porcelets pesant 9 kg et sevrés à l’âge de quatre semaines. L’aliment témoin sans sorgho contenait 72 % d’orge, tandis que les aliments des trois variantes «sorgho» (sorgho suisse des récoltes 2009 et 2011 ainsi que du sorgho importé) contenaient environ 52 % d’orge et 20 % de sorgho. Les quatre mélanges étaient formulés de telle manière que leurs teneurs en énergie (13,6 MJ EDP kg−1) et en nutriments étaient égales et correspondaient aux recommandations d’ALP pour des porcelets pesant 8 kg.

Résultats et discussion Résultats des cultures et propriétés des variétés Les semis effectués avec le semoir monograine ont réussi et donné des peuplements corrects. Toutes les variétés ont formé des pousses secondaires, quelle que soit la stratégie culturale employée. Cela s’est traduit par une maturation irrégulière, car les épis formés plus tard ont également fleuri plus tard, ce qui a retardé leur maturation. La variété Super Sile 15, intégrée à titre de comparaison dans les essais comme type de sorgho sucré, présentait les plantes les plus longues avec une hauteur d‘environ 1,7 m, tandis que les autres variétés étaient plus courtes avec

Années de test 2009, 2010, 2011

une hauteur de 1,1 à 1,3 m, mieux adaptée à la moisson. Sur le site de Zurich-Affoltern, lors des essais réalisés dans les petites parcelles, la récolte a eu lieu 153 jours (2009), 189 jours (2010) et 161 jours (2011) après le semis, à l’aide d’une moissonneuse-batteuse pour petites parcelles réglée pour les céréales. Le nombre de jours nécessaires jusqu’à maturation, plus élevé en 2010 et 2011 qu’en 2009, est lié aux conditions météorologiques et au site (topographie) ainsi qu’à la date de semis précoce qui n’est, en principe, pas recommandable pour le sorgho (tabl. 3). Pour ne pas trop augmenter la teneur en eau de la récolte, la coupe s’est faite directement sous les épis à une hauteur d’environ 0,7 m (Arvalis 2010). Cette méthode a toutefois nécessité un passage ultérieur pour broyer. Sur la moyenne des trois ans, la teneur en eau du grain a varié entre 16 (Quebec, Friggo) et environ 26 % (Ardito; tabl. 4). La variété Super Sile 15 est celle qui, toutes les années, a affiché la teneur en eau la plus élevée avec les rendements en grains les plus bas. Mais comme elle ne représente pas une variété typique de sorgho grain, il ne serait pas correct de baser l’évaluation uniquement sur les rendements en grains. Les faibles rendements de Super Sile 15 et dans une certaine mesure d’Ardito (années 2010 et 2011) ainsi que d’Arfrio (année 2011), sur le site de Zurich-Affoltern, sont dus à une mauvaise formation du grain, sans doute provoquée par les basses températures (Zeller 2000; Arvalis 2010). Par conséquent, Ardito ne peut développer son potentiel intéressant de rendement, avec un bon degré de maturation, que lorsque les conditions sont idéales. Parmi les variétés testées sur trois ans, la variété Friggo est celle qui a obtenu les rendements les plus élevés et les plus équilibrés avec environ 90 dt ha−1 (et 14,5 % H2O), tous sites confondus, que ce soit dans les essais sur petites parcelles ou en bandes. Le rendement de la variété Quebec était un peu moins homogène, mais 

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 524–531, 2012

527


Production végétale | Le sorgho – une grande culture intéressante ­e ncore inconnue en Suisse

Tableau 3 | Mesures d’exploitation dans les essais réalisés sur de petites parcelles avec différentes variétés de sorgho grains sur les sites de Zurich-Affoltern et Hüntwangen (années 2009–2011) Mesure d’exploitation

2009

Culture précédente

2010

2011

Zurich-Affoltern

Hüntwangen

Zurich-Affoltern

Zurich-Affoltern

Hüntwangen

Blé d’automne

Blé d’automne

Prairie temporaire

Prairie temporaire Betteraves sucrières

20 nov. 08

fév. 09

23 nov. 09

Travail du sol Travail primaire Préparation du lit de semences

Labour Cultivateur

29 oct. 10

fév. 11

13 avr. 10

Herse rotative à axes verticaux

20 mai 09

18 mai 09

22 avr. 10

9 mai 11

10 mai 11

Semoir monograine ­pneumatique

23 mai

19 mai

23 avr.

10 mai

11 mai

2 juin

juin

29 mai

30 mai

29 mai

24 mai

14 juin

16 juin

Semis

Régulation des adventices chimique

1,2 l ha-1 de Dual Gold et 2,2 l ha-1 de Stomp SC Passage de la sarcleuse étoile combiné avec la fumure

Autres mesures

10 juin 22 juin

Sarcleuse étoile

28 juin

Sarclage à la main

juillet

juillet

juin/juillet

Fumure Fumure de base Triple-Superphosphate [kg P ha-1]

15 avr. (70 kg P)

12 avr. (92 kg P)

Phosphate diammonique, DAP [kg N, P ha-1]

2 mai (36 kg N; 92 kg P)

60 sel de potasse [kg K ha-1]

2 mai (200 kg K)

10 mars (70 kg P) 29 avr. (77 kg N; 197 kg P)*

12 avr. (240 kg K)

10 mars (180 kg K)

29 avr. (300 kg K)*

Fumure de couverture 1er apport

Nitrate d’ammonium 27,5 % [kg N ha-1] resp. nitrate d’ammonium Mg [kg N, Mg ha-1]

22 mai (41 kg N)

30 avr. 24 mai (41 kg N; 3,75 kg Mg) (65 kg N; 6 kg Mg) 12 mai (128 kg N)

Urée 46 %

30 mai (180 kg N)*

2e apport

Nitrate d’ammonium Mg [kg N, Mg ha-1]

10 juin (41 kg N; 3,75 kg Mg)

29 mai (54 kg N; 5 kg Mg)

3e apport

Nitrate d’ammonium 27,5 % [kg N ha-1] resp. nitrate d’ammonium Mg [kg N, Mg ha-1]

22 juin (61 kg N)

14 juin (54 kg N; 5 kg Mg)

16 juin (65 kg N; 6 kg Mg)

Récolte 28 oct. Complément de fumier + compost.

*

528

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 524–531, 2012

27 oct.

28 oct.

18 oct.

17 oct.


Le sorgho – une grande culture intéressante ­e ncore inconnue en Suisse | Production végétale

Tableau 4 | Rendements en grains (dt ha-1 pour 14,5 % H2O), teneur en eau lors de la récolte (%) et poids de mille grains (en g) des variétés de sorgho testées pendant trois ans avec une densité de semis de 17,3 grains m -2 sur le site de Zurich-Affoltern (essais en petites parcelles avec trois répétitions, années 2009–2011) Paramètre

Rendement en grains (dt ha-1 pour 14,5 % H2O)

Teneur en eau lors de la récolte (%)

Poids de mille grains (g)

Année

Variété

Moyenne

Erreur standard

102,1

10,84

Ardito

Arfrio

Friggo

Quebec

2009

113,1

100,5

92,6

102,3

2010

73,1

91,6

103,7

80,3

87,2

15,56

2011

47,8

43,6

99,7

84,1

68,8

25,68

2009

18,6

16,5

15,7

15,2

16,5

1,39

2010

26,4

17,2

18,4

17,4

19,8

4,02

2011

23,7

24,0

16,2

15,5

19,8

5,02

2009

23,7

27,1

18,3

23,4

23,1

3,36

2010

24,5

26,2

24,6

20,0

23,8

2,44

2011

17,2

16,3

12,7

12,1

14,6

2,37

meilleur que celui d’Arfrio, Ardito et surtout de Super Sile 15. Des rendements allant jusqu’à 110 dt ha−1 (2009) ont été atteints dans les essais sur les petites parcelles. Dépendant de la variété et du sol, en général les rendements mesurés oscillaient entre 50 et 95 dt ha−1 et se situaient donc dans la plage des rendements des voisins européens ou clairement au-dessus (tabl. 1). Par ailleurs, les rendements les plus bas obtenus dans les essais présentés s’expliquent généralement par des propriétés sélectionnées dans un but précis (date de semis précoce, exposition) ou par une mauvaise régulation des adventices. Il n’est pas encore possible de préciser si les conditions liées au site ou à l’année sont les seules raisons du comportement différent des variétés avec les trois densités de semis appliquées dans les essais sur les petites parcelles. Il se peut également que les variétés réagissent différemment à la densité de semis et à la distance entre

Figure 1 | Racines de Sorghum bicolor (Zurich, 2009). (Photo: ART)

les lignes. Dans le cadre d’un essai bloc de la HAFL, on a observé des effets significatifs sur le degré de couverture du sol lorsque les interlignes et les densités de semis variaient, mais pas sur le tallage, la maturité, ni les rendements en grains (Wyss 2011). Comme les densités de semis recommandées en Autriche (environ 28 à 40 grains m−2) sont nettement plus élevées que celles étudiées en Suisse, il paraît approprié d’étudier pendant plusieurs années les questions de densité de semis et de distances entre les lignes. Protection phytosanitaire Réussir à réguler la flore adventice s’est révélé le plus grand défi de la culture de sorgho (Arvalis 2010). Dans deux essais en bandes, la pression des adventices était telle à l’issue des traitements que les essais ont dû être abandonnés. La première croissance des plantes très lente, en particulier lorsque les printemps sont frais, étant une des causes principales du développement des adventices, il est recommandé de ne pas semer trop tôt. Par ailleurs, dans le cas d’une régulation mécanique ou chimique, les conditions météorologiques et l’état du sol sont des facteurs déterminants pour la réussite des interventions. L’herbicide Gardo Gold homologué en Suisse depuis 2012, également pour la post-levée, a un spectre d’action intéressant aussi bien pour les espèces monocotylédones que pour les espèces dicotylédones. L’effet reste toutefois insuffisant pour la camomille, la morelle et les adventices pluriannuelles. Comme l’herbicide agit essentiellement par le sol, il est indispensable que ce dernier soit légèrement humide. De plus, pour le sorgho comme pour le maïs, on peut intervenir mécaniquement pour lutter contre les adventices. Le travail du sol ne devrait cependant pas avoir lieu trop près des lignes, car le sorgho pos sède un système racinaire fin et horizontal (fig. 1).

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 524–531, 2012

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Production végétale | Le sorgho – une grande culture intéressante ­e ncore inconnue en Suisse

entre 540 et 590 g et leur accroissement journalier entre 340 et 370 g. L’indice de consommation de 1,6 kg d’aliment par kilogramme d’accroissement était identique dans les quatre variantes expérimentales. Il n’y a eu aucune différence entre les performances zootechniques des quatre variantes (P > 0,1). Les résultats de l’essai montrent que 20 % de sorgho de production suisse peuvent être incorporés dans les aliments pour porcs sans effets négatifs sur les performances zootechniques. Le sorgho produit en Suisse est comparable au sorgho importé et peut donc être utilisé dans les mélanges d’aliments pour animaux au même titre que les produits importés. Comme l’utilisation du sorgho dans les rations alimentaires est semblable à celle du maïs (Berenji et Dahlberg 2004), on le trouve également dans les rations destinées aux bovins et à la volaille (Smith et Frederiksen 2000; Arvalis 2010). Figure 2 | Dégâts causés par les oiseaux (Zurich, 2009). (Photo: ART)

La tige étant remplie de moelle, seules quelques rares plantes ont été attaquées par la pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis). Des taches (Exserohilum turcicum (Pass.) K. J. Leonard & Suggs) ont été observées chaque année sur les feuilles de certaines plantes. En 2009, on a observé des dégâts causés par les oiseaux dans les essais sur petites parcelles, de même qu’en 2011 à Zollikofen (fig. 2). On suppose que les dégâts sont dus d’une part aux sélections pauvres en tanins et d’autre part aux surfaces d’essais relativement petites. Dans l’essai d’infection avec Fusarium spp., les résultats du test sanitaire ont montré que les taux d’infestation observés à la récolte étaient faibles et par conséquent, les concentrations en DON étaient basses (entre 0,061 et 0,141 ppm; pour une valeur limite de 1,25 ppm pour les céréales non transformées destinées à la consommation humaine; Gerber 2010). L’essai préliminaire ne permet pas encore de dire si le sorgho convient comme culture de nettoyage ou comme «briseur de Fusarium et de mycotoxines» dans les rotations où le blé est mis en place après le maïs. Pour répondre à cette question, il faudrait réaliser des essais de différentes variétés sur plusieurs sites avec des infections artificielles et naturelles. Essai d’alimentation Les animaux témoins ont mangé 550 g d’aliment par jour et avaient un accroissement journalier de 350 g pendant les cinq semaines expérimentales, tandis que l’ingestion des animaux des trois variantes «sorgho» se situaient

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Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 524–531, 2012

Conclusions Pour des raisons économiques (p. ex. coûts du séchage) et agronomiques (p. ex. stabilité des rendements, date de semis de la culture suivante), seules les variétés de sorgho à grains précoces Friggo et Quebec peuvent être recommandées en Suisse sur la base des essais variétaux effectués pendant trois ans. Le potentiel génétique de rendement ne peut toutefois être exploité, comme dans les autres grandes cultures, que si les éléments nutritifs et l’eau sont disponibles en quantité suffisante aux stades de développement déterminants pour le rendement. Selon notre expérience, le sorgho est accepté par les centres collecteurs et indemnisé au prix du maïs-grains. Cela rend la culture du sorgho économiquement inintéressante dans les zones favorables au maïs, où les précipitations sont suffisantes, car les rendements du sorgho sont inférieurs à ceux du maïs. Lorsque l’objectif de la production est principalement celui de maximiser les rendements, la culture du sorgho peut fournir une alternative à la culture du maïs-grains, mais uniquement dans les régions qui sont sèches en été. Pour compléter les recherches sur le type de sorgho porteur du gène de nanisme, il est nécessaire, compte tenu du changement des conditions climatiques, de fournir des informations plus détaillées aux agricultrices et agriculteurs suisses au sujet des différents types de millets cultivés en Suisse. n

Remerciements

Les semences ont été gracieusement mises à disposition par les entreprises O. Hauenstein Samen AG, Eric Schweizer Samen AG et RAGT.


Sorgo da granella - coltura dalle caratteristiche interessanti ancora sconosciuta in Svizzera Il Sorghum bicolor (L.) Moench, coltivato su una superficie di 40,5 milioni di ettari, è la quinta coltura campicola più importante al mondo. Sebbene venga coltivato nelle regioni più calde, in questi ultimi anni ha guadagnato di nuovo terreno in Europa perché dà rese ragguardevoli anche con poca acqua. Onde ampliare le poche informazioni disponibili in Svizzera sulla coltivazione di sorgo da granella, tra il 2009 e il 2011 sono stati condotti esperimenti con molteplici varietà in diverse regioni della Svizzera. Nel quadro di test su piccole parcelle le varietà più precoci hanno raggiunto, in condizioni ambientali favorevoli, rendimenti di 110 q ha−1 con 16 % di H2O. Considerato che il sorgo da granella necessita di maggior calore rispetto al mais, si raccomanda di evitare di coltivarlo in conche o in zone con aria fredda nonché di seminarlo troppo presto. Con questi accorgimenti sono garantite una levata relativamente rapida e un’impollinazione completa. Un esperimento condotto su giovani suini ha rivelato che il sorgo da granella indigeno ha una qualità comparabile a quella della merce d'importazione e soddisfa le esigenze di foraggiamento. Nel quadro di test d'infezione con fusarie sono emerse contaminazioni minime e bassi tenori di deossinivalenolo. Come evidenziato dal successo avuto con il Sorghum bicolor in regioni favorevoli alla coltivazione del mais in Svizzera, la disponibilità di informazioni più dettagliate riguardo ad altri tipi di sorgo e miglio diventa incalzante alla luce del cambiamento climatico.

Bibliographie ▪▪ Anonymous, 2009. Sorghum. Die Saat. 2. überarbeitete Auflage Frühjahr 2009 (www.diesaat.at, eingesehen Februar 2011). ▪▪ Arvalis, 2010. Culture et utilisation du sorgho grain. Institut de végétal, juin 2010, 28 p. ▪▪ Berenji J. & Dahlberg J., 2004. Perspectives of Sorghum in Europe. ­ J Agron Crop Sci 190, 332−338. ▪▪ Butler L. G., 1989. Sorghum polyphenols. In: Toxicants of Plant Origin, vol. 4. Phenolics (Hsg. Cheeke P. R.), CRC Press, Boca Raton, USA, 95−122. ▪▪ Chambettaz F., 2011. Sorgho grain en Suisse. Bachelorarbeit Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft, Zollikofen. ▪▪ FAOSTAT. FAO Statistics Division 2012. 5th March 2012, Rome.

Summary

Riassunto

Le sorgho – une grande culture intéressante ­e ncore inconnue en Suisse | Production végétale

Grain sorghum – an arable crop with attractive properties, as yet unknown in Switzerland With 40.5 million hectares under cultivation, Sorghum bicolor (L.) Moench is the world’s fifth-most important arable crop. Although primarily cultivated in warmer regions, the area devoted to this crop in Europe has increased over the past few years – among other things because sorghum produces attractive yields even when little water is available. In order to increase the sparse information on cultivating grain sorghum currently available in Switzerland, trials were conducted from 2009 to 2011 in various Swiss regions with several varieties. In favourable environmental conditions, the earliest maturing varieties achieved yields of up to 110 dt ha−1 with 16 % humidity at the day of the harvest in small-plot trials. Because of sorghum‘s greater need for warmth than maize, planting in cold-air zones or in basins, or early sowing should be avoided. This will ensure a relatively quick juvenile development and good pollination. A piglet feeding trial showed that Swiss-produced sorghum is of comparable quality to the imported grain, and meets feeding requirements. Preliminary infection trials with Fusarium species resulted in low infection rates and low deoxynivalenol (DON) contents. As evidenced by the successful cultivation of Sorghum bicolor in favourable maize-growing areas of Switzerland, changing climatic conditions make it essential for Swiss farmers to have access to more detailed information of different types of millet and sorghum grown in Switzerland. Key words: Sorghum bicolor (L.) Moench, variety, Switzerland, field trials, feeding trial, pig, Fusarium, climate change.

▪▪ Gerber C., 2009. Keine Sorgen im Sorghum; Sorghum bicolor – eine neue Kulturpflanze in der Schweiz? Semesterarbeit Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft, Zollikofen. ▪▪ Gerber C., 2010. Sorghum bicolor – eine neue Kulturpflanze für die Schweiz? Bachelorarbeit Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft, Zollikofen. ▪▪ Smith C. W. & Frederiksen R. A., 2000. Sorghum: Origin, History, Technology and Production. Wiley John & Sons, New York, 824 p. ▪▪ Wyss R., 2011. Sorghum bicolor : Einfluss der Saatmenge und des Reihenabstandes auf die Pflanzenentwicklung und den Ertrag. Semesterarbeit Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft, Zollikofen. ▪▪ Zeller F. J., 2000. Sorghumhirse (Sorghum bicolor L. Moench): Nutzung, Genetik, Züchtung. Bodenkultur 51, 71−85.

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E n v i r o n n e m e n t

Produits phytosanitaires et eaux superficielles: mesures de protection adaptées à la pratique Katja Knauer et Olivier Félix, Office fédéral de l’agriculture OFAG, 3003 Berne Renseignements: Katja Knauer, e-mail: katja.knauer@blw.admin.ch, tél. +41 31 323 11 44

Figure 1 | Application des produits phytosanitaires par pulvérisation. (Photo: OFAG)

Introduction Les produits phytosanitaires (PPh) sont utilisés sur les surfaces agricoles afin de protéger les plantes cultivées contre les organismes nuisibles. On peut les retrouver dans les écosystèmes voisins à la suite de dérive, de ruissellement ou d’infiltration. Le processus d’homologation des PPh prend en compte les dangers potentiels qui en découlent et détermine les conditions et charges fixées dans l’homologation en vue de diminuer les risques. L’efficacité des mesures édictées dépend toutefois de leur application dans la pratique. L’autorité d’homologation – en Suisse, l’Office fédéral de l’agriculture –

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Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 532–537, 2012

veille à fixer autant que possible des règles simples, adaptées à la pratique et influençant le moins possible la production agricole.

Méthode et discussion Transfert de PPh depuis les surfaces cultivées Les PPh sont la plupart du temps appliqués par pulvérisation (fig. 1). Leur bonne pénétration dans la culture garantit une efficacité optimale. Cependant, lorsque les gouttelettes sont trop fines, il existe un risque de dérive et une partie du produit peut être transportée sur des terrains voisins non cultivés. Une autre partie peut se


déposer sur le sol, soit directement, soit par lessivage des plantes traitées. Un risque de transfert de PPh par ruissellement après des précipitations existe surtout sur les terrains en pente. Risque de dérive selon les cultures On entend par dérive l’entraînement par le vent de gouttelettes de PPh sur des surfaces qui ne sont pas visées par l’application. Des essais sous des conditions de vitesse et d’orientation du vent déterminées ont été réalisés dans diverses cultures et avec divers types de pulvérisateurs afin d’évaluer les risques pour les écosystèmes avoisinants (Ganzelmeier et al. 1995, Rautmann et al. 2001). Les résultats obtenus ont permis de déterminer des valeurs standard de dérive, qui sont prises en compte lors de l’évaluation du risque. La dérive est plus ou moins importante selon la culture traitée, et les concentrations de PPh sur les terrains voisins varient en conséquence. Les transferts par dérive les plus importants ont été constatés dans les cultures fruitières et viticoles, tandis qu’ils sont moindres dans les grandes cultures et les cultures maraîchères. Erosion des sols cultivés par ruissellement Le transfert de PPh par ruissellement est appelé runoff en anglais. Il est constitué d’eau de ruissellement et de particules de sol érodé. Les substances actives facilement solubles peuvent rapidement être transportées par l’eau de ruissellement. Selon les propriétés physicochimiques des PPh, déterminant leur dégradation ou leur fixation dans le sol, par exemple, les substances actives peuvent être transportées sur de longues distances avec la terre érodée et atteindre ainsi les eaux de surface. Tests d’homologation des PPh Seuls les PPh homologués peuvent être utilisés. L’homologation précise les domaines d’application (indications) du produit en question. Elle détermine quels sont les produits qui peuvent être utilisés pour lutter contre les différents organismes nuisibles dans les différentes cultures. Protection de l’environnement L’Ordonnance sur les produits phytosanitaires (OPPh, 2010, art. 1) stipule qu’utilisés dans des conditions conformes aux prescriptions, les PPh ne doivent pas avoir d’effets secondaires inacceptables sur l’environnement. Cette exigence concerne non seulement l’air, le sol et les eaux souterraines, mais également les eaux superficielles et les organismes qui y vivent et qui ne sont pas visés par l’application du PPh. Cela signifie que les eaux superfi-

Résumé

Produits phytosanitaires et eaux superficielles: mesures de protection adaptées à la pratique | Environnement

Les produits phytosanitaires (PPh) sont utilisés sur les surfaces agricoles utiles pour protéger les plantes cultivées contre les organismes nuisibles. Une partie de ces PPh peut être transportée sur des écosystèmes voisins par dérive, ruissellement ou infiltration. Les concentrations réglementaires acceptables (RAC) de substances actives par rapport aux organismes aquatiques sont déterminées dans le cadre de l’homologation de ces produits. L’évaluation des risques pour l’environnement compare les valeurs RAC avec les concentrations prévisibles dans des eaux superficielles. Le cas échéant, des mesures spécifiques sont édictées pour diminuer les risques pour les milieux aquatiques. Des distances de sécurité sont prescrites afin de protéger les eaux superficielles de substances actives potentiellement dangereuses. Des mesures techniques, telles que le recours à des buses anti-dérive ou des barrières de végétation, permettent de réduire les pertes lors de la pulvérisation. Utilisés conformément aux prescriptions, les PPh n’engendrent pas d’effets secondaires inacceptables du point de vue environnemental.

cielles jouxtant des surfaces cultivées doivent être protégées d’effets secondaires inacceptables découlant de l’utilisation de PPh. Protection des eaux superficielles La protection des eaux superficielles englobe la prise en compte des effets des résidus de PPh sur les organismes aquatiques: l’absence d’effets inacceptables sur l’écosystème aquatique doit être garantie. Les risques pour les différents organismes aquatiques sont évalués aux différents niveaux d’organisation biologique, à savoir de celui de l’individu à ceux des populations et des biocénoses aquatiques. Les espèces représentatives du système aquatique sont des poissons (Oncorphynchus mykiss), des invertébrés (Daphnia sp. et Americamysis bahia), y compris des insectes (Chironomus riparius), des algues (Pseudokirch- 

Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 532–537, 2012

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Environnement | Produits phytosanitaires et eaux superficielles: mesures de protection adaptées à la pratique

Tableau 1 | Concentrations réglementaires acceptables (RAC) de produits phytosanitaires dans les eaux superficielles déterminées dans le cadre de l’homologation RAC [µg/l]

Substance active

RAC [µg/l]

Substance active

RAC [µg/l]

2,4-D (acid)

27

Epoxiconazole

0,43

Metaldehyd

750

Acetamiprid

0,5

Ethephon

100

Metribuzin

2

Aclonifen

0,5

Ethofumesate

32

Pencycuron

5

Azoxystrobin

3,3

Fenamidone

0,55

Penoxsulam

0,33

Benthiavalicarb

100

Fenhexamid

10,1

Phenmedipham

2,5

Bromoxynil

3,3

Fenpropimorph

0,2

Prochloraz

0,55

Captan

9,8

Fludioxonil

2,3

Propamocarb HCl

530

Carbetamide

100

Flufenacet

4

Propyzamide

56

Substance active

Carbosulfan

0,1

Fluroxypyr

143

Prosulfocarb

5

Chlorothalonil (TCPN)

0,5

Fluroxypyr-meptyl

6

Pyraclostrobin

0,16

Chlortoluron

2,4

Folpet

9,8

S-Metolachlor

7

Chlorpyrifos-methyl

0,1

Glufosinate

19

Spiroxamin

0,2

Clomazone

13,6

Glyphosat

50

Tebuconazol

1

Cymoxanil

3,4

Ioxynil

1,3

Terbuthylazine

1,2

Cyprodinil

3

Ioxynil octanoate

0,11

Thifensulfuron-methyl

0,13

Dicamba

45

Iprovalicarb

189

Triclopyr (acid)

4,6

Difenoconazole

0,76

Isoproturon

5,8

Triclopyr BEE (butoxyethyl ester)

3,1

Diflufenican

0,6

Linuron

0,7

Triclopyr 3,5,6-TCP (Metabolit)

5,8

Dimethachlor

5,4

Mancozeb

4,4

Trifloxystrobin

0,7

Dimethenamid

2,8

Mecoprop-P

160

Trinexapac-ethyl

7,3

Diquat

1,1

Metalaxyl-M

120

neriella subcapitata, Navicula pellicosa) et des plantes aquatiques (Lemna, sp. Myriophyllum sp., Glyceria maxima). Ces espèces doivent être protégées d’effets aigus et chroniques. Des effets limités dans le temps et au niveau des individus sont acceptés à condition qu’ils ne se répercutent pas sur la population. L’évaluation des risques tient compte de la capacité des populations à se régénérer rapidement après des effets limités dans le temps. Evaluation des risques pour les eaux superficielles L’évaluation des risques environnementaux nécessite des scénarios d’exposition basés sur des calculs, d’une part, et des données écotoxicologiques spécifiques obtenues au moyen d’essais, d’autre part. Les données pertinentes pour l’analyse des risques doivent être déterminées pour chaque substance active et chaque produit. Les risques sont évalués en mettant en relation l’exposition prévisible (predicted environmental concentration, PEC) et la concentration réglementaire acceptable (regulatory acceptable concentration, RAC) (Daniel et al. 2007; Knauer et al. 2009). Le tableau 1 indique les concentrations régle-

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mentaires acceptables pour les eaux superficielles, déterminées pour certaines substances actives dans le cadre de l’homologation de PPh. Ces valeurs correspondent aux concentrations qui n’ont aucun effet inacceptable pour les organismes aquatiques à court et long terme. Les valeurs RAC sont fixées en appliquant au résultat d’essai de l’espèce la plus sensible un facteur de sécurité (AF), qui tient compte des incertitudes liées à l’extrapolation des résultats de laboratoire portant sur un petit nombre d’organismes aux conditions rencontrées dans les eaux. Du point de vue écotoxicologique, la valeur RAC est considérée comme fiable. Cela signifie que l’on peut admettre qu’une concentration de PPh comparable ou inférieure à la valeur RAC ne présente pas de risque pour la biocénose aquatique. La valeur PEC est calculée pour un plan d’eau stagnante bien défini (petit plan d’eau de 100 m de long, 1 m de large et 0,3 m de profondeur situé le long d’une surface cultivée, en anglais small edge-of-field surface water) qui correspond à une situation du pire (worstcase). Le calcul se fait au moyen de modèles reflétant les conditions représentatives des différentes utilisations


Produits phytosanitaires et eaux superficielles: mesures de protection adaptées à la pratique | Environnement

Figure 2 | Les distances à respecter entre les terres cultivées et les eaux superficielles, formant des zones dites tampon, protègent les biocénoses aquatiques. (Photo: OFAG)

possibles d’un PPh; il se fonde sur les différentes indications et tient compte des dosages utilisés. Dans le cas de transferts par ruissellement, le calcul de la valeur PEC dépend dans une large mesure des propriétés physicochimiques de la matière active (coefficient de répartition sol/eau; solubilité à l’eau, etc.) et de la couverture du sol par la culture lors du traitement. Pour obtenir un haut niveau de sécurité, le risque est donc estimé en comparant une valeur PEC élevée (calcul du pire cas possible pour un petit plan d’eau longeant la culture) avec une concentration réglementaire acceptable (RAC). Si la valeur de la concentration prévisible (PEC) est inférieure à celle de la concentration réglementaire acceptable (RAC), la biocénose aquatique ne court aucun risque, et le PPh peut être homologué sans charges spécifiques. Si au contraire la valeur PEC est supérieure à la valeur RAC, il convient de prendre des mesures pour réduire le risque pour les eaux superficielles. Des conditions et charges, telles que des distances de sécurité, seront édictées en vue de diminuer les transferts dans les eaux superficielles et d’obtenir de plus faibles valeurs PEC. Dispositions concernant les PPh et protection des eaux La législation suisse comporte différentes dispositions qui permettent de limiter les transferts de PPh dans les eaux superficielles. Elles sont de trois types: les restrictions générales d’utilisation de PPh, les restrictions d’utilisation basées sur l’évaluation des risques spéci-

fiques aux différents produits et les exigences des prestations écologiques liées aux paiements directs de la Confédération. Restrictions générales d’utilisation de PPh Conformément à l’Ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques (ORRChim, annexe 2.5), les PPh ne peuvent être utilisés que sur des surfaces distantes d’au moins 3 m des eaux superficielles. Cette disposition s’applique à tous les PPh, même si aucune condition particulière relative à la distance de sécurité n’est mentionnée dans l’homologation. L’interdiction générale d’utiliser les PPh sur les surfaces et zones suivantes vise également à réduire les transferts dans les eaux: toits, terrasses, surfaces servant à l’entreposage, routes, chemins et places, talus et bandes de verdure le long des routes et des voies ferrées, régions classées réserves naturelles, roselières et marais, haies et bosquets, forêts, eaux superficielles, zone S1 de protection des eaux souterraines, voies ferrées et zones le long de cellesci dans la zone S2 de protection des eaux souterraines. Charges spécifiques relatives aux distances de sécurité Si nécessaire, des distances de sécurité spécifiques sont prescrites, sur la base de l’évaluation des risques décrite ci-dessus, dans le but de protéger les eaux superficielles, telles que des ruisseaux, fleuves, étangs et lacs, de la contamination avec des substances actives potentielle ment dangereuses.

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Environnement | Produits phytosanitaires et eaux superficielles: mesures de protection adaptées à la pratique

La largeur de ces bordures tampon est de 6, 20, 50 ou 100 m; elle est spécifiée sur l’étiquette du produit, par exemple de la manière suivante (phrase type SPe 3): «Pour protéger les organismes aquatiques, respecter une zone non traitée de 20 m par rapport aux eaux de surface» (fig. 2). La dérive de PPh lors de la pulvérisation peut être réduite grâce à des mesures techniques. Il existe différentes possibilités pour diminuer les distances de 20 ou de 50 m prescrites dans les homologations: soit le PPh est appliqué avec un pulvérisateur doté d’un dispositif ou de buses anti-dérive réduisant les pertes d’au moins 75 %, soit la bordure tampon comporte une ceinture de végétation suffisamment haute et dense, ou une barrière physique comparable, apte à réduire sensiblement la dérive (site internet OFAG, instructions du 9.1.2008). Si l’une de ces deux mesures (buse anti-dérive ou barrière de végétation) est appliquée, la bordure tampon de 20 m peut être réduite à 6 m; si les deux mesures (buse anti-dérive et barrière de végétation) sont appliquées, la bordure tampon de 50 m peut être réduite à 6 m. Les bordures tampon servent également de protection contre le transfert de PPh par ruissellement après des averses. Une bordure de 6 m couverte d’une végétation compacte, aménagée entre le champ cultivé et les eaux superficielles, permet de retenir les PPh entraînés par l’eau de pluie et ainsi de diminuer la contamination de l’eau. Prestations écologiques requises PER L’obtention des paiements directs de la Confédération est liée au respect d’une vaste palette d’exigences écologiques réunies sous l’appellation «prestations écologiques requises». Une de ces exigences est l’aménagement de bordures tampon d’au moins 6 m de large le long des eaux superficielles (OPD, art. 7) (Agridea 2009) (fig. 2). Grâce à elles, les engrais et les produits phytosanitaires épandus sur les surfaces cultivées ne sont pas transportés dans les eaux avoisinantes. Par ailleurs, la végétation de ces bordures protège de l’érosion et réduit les transferts de PPh par ruissellement dus aux averses. Ces bandes herbeuses sont un

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élément important pour la diversité des espèces et, du fait de leur utilisation extensive, elles représentent un biotope propice aux plantes sauvages et aux organismes utiles. Autres mesures de protection des eaux superficielles Outre les exigences susmentionnées, les bonnes pratiques agricoles sont un moyen de protéger les eaux superficielles des effets indésirables des PPh: ••entretenir et régler correctement les appareils d’application; ••surveiller le remplissage du réservoir, afin d’éviter les débordements; ••rincer les emballages vides et vider l’eau de rinçage dans le réservoir; ••régler le volume de pulvérisation en fonction de la surface à traiter, afin d’éviter autant que possible les restes de bouillie; ••ne pas traiter en cas de vent supérieur à 3 Beaufort (> 19 km/h), afin de réduire la dérive; ••ne pas traiter avant des conditions météorologiques extrêmes; ••rincer le pulvérisateur et épandre l’eau de rinçage dans le champ.

Conclusions Pour protéger les plantes contre les organismes nuisibles et les maladies, il est nécessaire d’avoir recours à des PPh, qui sont susceptibles d’avoir des effets secondaires sur l’environnement et en particulier sur les milieux aquatiques. L’homologation doit prévoir des mesures, déterminées sur la base de l’analyse des risques, permettant de garantir que l’utilisation des produits ne représente pas un danger pour les eaux superficielles. Ces mesures sont fixées compte tenu de leur faisabilité pratique. En les respectant lors de l’utilisation de PPh, les agriculteurs apportent une contribution importante à la protection des milieux aquatiques. n


Prodotti fitosanitari e acque di superficie: misure di protezione orientate alla pratica I prodotti fitosanitari (PF) vengono impiegati sulle superfici agricole utili per proteggere le piante utili contro gli organismi nocivi. Tuttavia, essi possono giungere in habitat attigui per deriva e convogliamento. Nell'ambito dell'omologazione dei prodotti fitosanitari per ogni materia attiva vengono stabilite le concentrazioni accettabili per gli organismi acquatici (regulatory acceptable concentration = RAC). La valutazione dei rischi ambientali mette a confronto tali valori RAC con le concentrazioni attese nelle acque di superficie. Nel caso in cui dovesse essere calcolato un rischio troppo elevato per la fauna acquatica, si disporranno misure specifiche per ridurlo. Per proteggere le acque di superficieda principi attivi potenzialmente pericolosi si emanano prescrizioni relative alla distanza. Provvedimenti di natura tecnica, quali l'uso di ugelli antideriva e/o di barriere vegetali, permettono di ridurre il rischio di deriva durante l'impiego di PF. Inoltre, un'applicazione di questi ultimi conforme alle prescrizioni non comporta effetti secondari inaccettabili per l'ambiente.

Summary

Riassunto

Produits phytosanitaires et eaux superficielles: mesures de protection adaptées à la pratique | Environnement

Pesticides and surface water: practical protective measures Plant protection products are applied to farmed land to protect crops from harmful organisms. From there, they might be transported via drift and run-off to adjacent habitats. For the active substances, regulatory acceptable concentrations (RAC) for aquatic organisms are determined during the authorization process. As part of the process of assessing the environmental risk, these RAC values are compared to predicted environmental concentrations in surface waters. If the result of this comparison indicates that the risk for aquatic communities is too high, specific measures to reduce the risk will be taken. In order to protect surface waters from potentially harmful substances, buffer strips between the site of application and the threatened habitat will be specified. By using technical measures such as anti-drift nozzles and/or vegetation barriers, it is possible to further reduce the drift from the farmland. If these substances are applied according to the regulations, there will be no adverse side-effects for the environment. Key words: protection goals, surface water, risk mitigation measure, plant protection.

Bibliographie ▪▪ Agridea KIP/PIOCH, 2009. Bordures tampon. Comment les mesurer, comment les exploiter? Accès: http://www.agridea-lindau.ch/index. php?id=187&L=0 ▪▪ Ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques (ORRChim), RS 814.81 (annexes 2.5 et 2.6). ▪▪ Daniel O., Gandolfi M., Aldrich A., Baumann H. & Buchi R., 2007. Analyse des risques écotoxicologiques des produits phytosanitaires. Agrarforschung 14 (6), 266–271. ▪▪ Ordonnance sur les paiements directs (OPD), RS 910.13 (articles 7, 48 et 73b). ▪▪ Ganzelmeier H., Rautmann D., Spagenberg R., Streloke M., Hermann M., Wenzelburger H. J. & Walter H. F., 1995. Studies On The Spay Drift Of Plant Protection Products. Mitteilungen Aus Der Biologischen Bundesanstalt für Land und Forstwirtschaft, Berlin, Deutschland.

▪▪ Knauer K., Knauert S., Felix O. & Reinhard E., 2010.Evaluation du risque des produits phytosanitaires pour l’écosystème aquatique. Recherche ­A gronomique Suisse 1 (10), 372–377. ▪▪ Ordonnance sur la mise en circulation des produits phytosanitaires OPPh, 2010. Ordonnance sur les produits phytosanitaires 919.161. ▪▪ Rautmann D., Streloke M. & Winkler R., 2001. New basic drift values in the authorisation procedure for plant protection products. In: Workshop on Risk Assessment and Risk Mitigation Measures in the context of the Authorisation of Plant Protection Products (WORMM; Forster, R., Streloke, M. Eds.), 27–29 September 1999, Heft 383, Biologischen Bundesanstalt für Land- und Forstwirtschaft, Berlin and Braunschweig, Deutschland.

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E c o n o m i e

a g r i c o l e

A quel point la sécurité alimentaire est-elle ­garantie? Stefan Mann, Ali Ferjani et Albert Zimmermann, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Stefan Mann, e-mail: stefan.mann@art.admin.ch, tél. +41 52 368 32 38

Les réserves contribuent à la sécurité alimentaire – dans les ménages également. (Photo: Stefan Mann, ART)

Introduction En Suisse, la sécurité alimentaire repose sur un système institutionnel relativement sophistiqué, même si le grand public n’en a souvent pas particulièrement conscience. Cet article a pour but de présenter le système et de lui rendre hommage sans pour autant négliger l’aspect critique. Le système de la stratégie de sécurité alimentaire sera d’abord décrit puis comparé aux systèmes correspondants en Allemagne et en Autriche. Les différences feront ensuite l’objet d’une brève explication. En conclusion, les derniers développements sur les marchés agricoles mondiaux et de la politique internationale seront abordés afin d’évaluer l’adéquation du système actuel.

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Sécurité alimentaire dans l’espace germanophone Suisse Le système suisse de sécurité alimentaire n’a pratiquement pas changé depuis sa description par Hättenschwiler et Flury (2007). Au sein de l’administration fédérale, la responsabilité de la planification stratégique et de l’approvisionnement du pays lors d’une crise appartient à l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE). Cette organisation comprend un comité de projet sur la sécurité alimentaire réunissant des acteurs de l’économie privée ainsi que des collaborateurs de l’administration fédérale. Le système consiste essentiellement à prévoir d’importantes réserves obligatoires de denrées alimentaires durables (céréales, riz,


A quel point la sécurité alimentaire est-elle ­g arantie? | Economie agricole

Résumé

sucre, huiles alimentaires, café) permettant d’approvisionner le marché à 100 % pendant au moins 6 mois (3300 kcal par personne et par jour). Ensuite, il faut s’attendre à ce que la population soit approvisionnée à un niveau inférieur, de l’ordre de 2300 kcal par personne et par jour (OFAG 2000). Si, après 6 mois, la crise perdure au point que les mesures prises pour agir sur l’offre ne suffisent plus à assurer l’approvisionnement du marché, des mesures agissant sur la demande comme le rationnement des denrées alimentaires permettent un certain équilibre entre l’offre et la demande. La simulation des mesures adéquates est effectuée à l’aide d’un modèle (DDSS-ESSA), qui peut être utilisé non seulement par des responsables compétents, mais aussi par un certain nombre de «super users» parmi les parties prenantes concernées dans l’industrie agro-alimentaire. Le modèle DDSS-ESSA (Distributed Decision Support System de la stratégie de sécurité alimentaire pour le contrôle de l’offre) a été développé par le Département d’informatique de l’Université de Fribourg. Ayant souvent servi d’exemple d’application dans le cadre de l’enseignement, il est conforme aux principes de base de la programmation et de la sauvegarde des données. Un système d’aide à la décision (SAD) aide les décideurs responsables, à répondre à des questions complexes le plus rapidement possible et de manière transparente  et efficace.

Interface utilisateurs Sélection Base de données

Base de données Connaissances factuelles enregistrées Statistique agricole Statistique commerce extérieur Experts

Solver Minimisation Déficit alimentaire

Hypothèses du scénario

Décisions stratégiques

Décisions opératives

L’extension de la production nationale à son maximum pour garantir l’approvisionnement en denrées alimentaires pendant la Seconde Guerre mondiale ayant donné de bons résultats, la planification des cultures et la constitution de stocks nationaux de sécurité alimentaire en vue des situations de crise ont joué un plus grand rôle en Suisse que dans les pays voisins. Avec le développement de la recherche opérationnelle, des systèmes destinés à l’optimisation de l’approvisionnement en calories et en éléments nutritifs font désormais partie intégrante de la prévention des crises. Le discours international sur la sécurité alimentaire de nos jours se focalise en revanche sur l’évolution dynamique et la volatilité des prix des denrées alimentaires, un aspect qui n’a pour l’instant pas trouvé d’écho dans la stratégie suisse de prévention. Les récentes crises alimentaires montrent toutefois que, en Suisse, les pannes d’approvisionnement nominales deviennent de moins en moins probables par rapport aux difficultés cardinales d’assurer la continuité d'approvisionnement, durant lesquelles les hausses de prix pourraient poser un problème d’accès aux biens vitaux à certaines fractions de la population. Pour adapter la planification alimentaire suisse à un tel type de crises, l’évolution des prix devrait également compter parmi les variables décisives dans la planification et la gestion des crises.

Rapports sur les résultats

Modèle Connaissances contextuelles enregistrées Production végétale Cultures (36) Production animale Catégories d’animaux (45)

Import/ Export

Stocks libres

Stocks obligatoires

Transformation/Utilisation Denrées alimentaires ou aliments pour animaux

Alimentation Niveau d’alimentation, rations de denrées alimentaires

Figure 1 | Vue d’ensemble du système DDSS-ESSA.

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Economie agricole | A quel point la sécurité alimentaire est-elle ­g arantie?

En tant que système étendu (DDSS), le système d’aide à la décision peut être utilisé simultanément par plusieurs conseillères et conseillers via un réseau commun. Le DDSS-ESSA peut à la fois vérifier passivement les conséquences de certaines décisions et proposer activement des solutions à de nouveaux problèmes. La figure 1 présente la structure du système DDSSESSA. La pièce centrale est un système basé sur des connaissances qui décrit et quantifie les principaux aspects de l’approvisionnement en denrées alimentaires. Il repose sur une base de données actualisée régulièrement et sur un modèle mathématique de simulation et d’optimisation. Toutes les applications, depuis le choix de la base de données, la description du scénario de crise, la définition des décisions préliminaires jusqu’à la rédaction des rapports de données et de résultats peuvent être gérées de manière souple depuis une interface utilisateur (fig. 2). La principale fonction du modèle d’optimisation est de minimiser le déficit alimentaire. Parallèlement, il s’agit de limiter le plus possible la violation de règles comme les recommandations d’affourragement dans la production animale ou les habitudes alimentaires. La période d’optimisation s’étend sur une durée pouvant aller jusqu’à trois ans. Les résultats essentiels du modèle sont les mesures nécessaires pour optimiser l’approvisionnement en denrées alimentaires comme la libération de réserves obligatoires, les limites à l’exportation et la planification des cultures. Les résultats peuvent être fournis dans des rapports détaillés. Le force du système modélisé tient non seulement à son architecture systémique et à sa convivialité, mais aussi à la formulation détaillée des aspects liés à la technique de production. Cet atout permet de générer des solutions modélisées, qui seraient presque impossibles à obtenir avec un simple calcul de planification. Le ­système présente néanmoins des faiblesses. Il manque d’informations sur les moyens d’atteindre la quantité d’offre optimale dans la réalité. Enfin, les valeurs monétaires en sont quasiment absentes. Seules les marges brutes constantes sont prises en compte dans le modèle. Allemagne Le système allemand est comparable au système suisse, bien qu’il soit utilisé à une échelle nettement plus petite. Le logiciel d’appui s’appelle «de NIS» (pour «deutsches Notfallvorsorge-Informationssystem», système allemand d’information sur la prévention d’urgence). Il n’est ni un instrument d’optimisation, ni spécifiquement conçu pour l’agro-alimentaire. Le système sert plutôt à diffuser rapidement des informations à la population allemande sur les risques actuels et les comportements recommandés.

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En Allemagne également, l’Etat garde des réserves de denrées alimentaires en cas d’urgence. C’est l’Office fédéral de l’agriculture et de l’alimentation et les autorités sous ses ordres qui en ont la responsabilité. Les réserves sont structurées en deux groupes: d’une part les réserves de céréales de l’Etat, et d’autre part les réserves civiles d’urgence prévues par l’économie privée, qui comprennent du riz, des pois, des lentilles et du lait condensé. La durée de conservation est le premier critère de sélection des denrées alimentaires. Ainsi, les réserves de «céréales» de l’Etat doivent par exemple être renouvelées environ tous les dix ans. Le ministère fédéral responsable déclare d’ailleurs clairement: «Les stocks de denrées alimentaires en vue de crises n’ont pas pour but d’assurer l’approvisionnement complet des plus de 82 millions de citoyens et citoyennes que compte la République Fédérale d’Allemagne pendant une longue durée. (…) Suivant le nombre de personnes à pourvoir et la ration quotidienne prévue, les réserves pourront suffire entre quelques jours et plusieurs semaines en fonction des produits stockés.» (Ministère fédéral de l’alimentation, de l’agriculture et de la protection des consommateurs 2012). Ceci montre que le système allemand est nettement moins ambitieux que celui de son voisin méridional. Autriche La littérature autrichienne ne fournit aucune information sur l’existence d’un système de prévention alimentaire, même si un tel système est parfois exigé (Wohlmeyer 2007). Une demande écrite sur le sujet aux organes officiels est restée sans réponse. Une publication du ministère fédéral compétent (Gruber 1998) porte certes le titre de «Prévention alimentaire en cas de crise», mais elle aborde plutôt la politique agricole internationale et les relations de l’Autriche avec l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Le fait que l’Allemagne et surtout l’Autriche se ­préoccupent nettement moins de la garantie de leur approvisionnement que la Suisse, a une explication à la fois historique et systémique. L’expérience de la Suisse réduite au statut d’ilot dans le territoire national-­ socialiste durant la Deuxième Guerre mondiale a certainement laissé des traces. Parallèlement, le taux d’autoapprovisionnement est de près de 100 % en Allemagne et en Autriche (BMELV 2010; BMLFUW 2010), alors qu’il est en dessous de 60 % en Suisse (USP 2011). Ces chiffres accentuent pour le moins le sentiment de vulnérabilité en cas de crise, même s’il est peu probable qu’un taux d’auto-approvisionnement élevé en situation normale contribue beaucoup à garantir l’approvisionnement du marché en biens vitaux lors d’une crise (Mann 2008).


A quel point la sécurité alimentaire est-elle ­g arantie? | Economie agricole

DDSS-ESSA +

Gestionnaire de données

-

Gestionnaire de scénarios

-

Scénario sécheresse

+

Commerce extérieur réduit

+

Gestionnaire de tâches

+

Gestionnaire de décisions

+

Gestionnaire d’évaluations

+

Gestionnaire de rapports

+

Autres utilisateurs

Figure 2 | Interface utilisateurs DDSS-ESSA.

Discussion internationale Le débat sur la sécurité alimentaire se tient autant au plan national qu’international. Pour situer la stratégie suisse, il est intéressant de connaître la portée du débat international. En bref, les responsables de la sécurité alimentaire de la FAO (Food and Agriculture Organization, Organisation pour l’alimentation et l’agriculture) ou de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), s’occupent de questions totalement différentes de celles du gouvernement suisse. La sécurité alimentaire dans les pays en voie de développement est une activité clé de la FAO en qualité d’organisation de l’ONU. L’organisation se concentre de plus en plus sur l’évolution et les fluctuations de prix des denrées alimentaires de base. Une publication récente de la FAO très détaillée (Prakash 2011) démontre que la flambée des prix entraîne des pertes soudaines de pouvoir d’achat, déjà faible, et a des effets particulièrement dévastateurs sur les couches les plus pauvres de la population. L’OCDE, du fait de la structure de ses membres, s’occupe davantage de la sécurité alimentaire dans les pays industrialisés. Toutefois, pour cette organisation aussi,

le niveau de prix est toujours au centre du débat lorsqu’il s’agit de prendre position sur la sécurité alimentaire (OCDE 2010). En effet, aujourd’hui encore, la faim dans le monde est plutôt due à un manque de pouvoir d’achat qu’au manque de disponibilité des aliments (Dewbre 2010). De surcroît, l’importance du développement macro-économique est mise en lumière: la sécurité alimentaire et la croissance économique ne peuvent pas être dissociées l’une de l’autre dans les pays encore touchés par la famine de nos jours. Dans l’ensemble, on peut affirmer que le discours international sur la sécurité alimentaire est étroitement lié au débat sur le prix des denrées alimentaires. D’une part, cette constatation est rassurante pour la Suisse, car le pouvoir d’achat en Suisse est élevé par rapport aux autres pays, de sorte que les crises alimentaires liées au pouvoir d’achat ne devraient se produire qu’en dernière éventualité. D’autre part, par rapport au discours actuel, la situation signifie également que la politique suisse, qui consiste à prévenir les goulets d’étranglement dans l’approvisionnement, est une politique largement autonome et qu’elle ne doit pas attendre de soutien significatif de la part de la communauté internationale.

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Economie agricole | A quel point la sécurité alimentaire est-elle ­g arantie?

Les crises sont-elles cardinales ou nominales? Comme déjà mentionné, la perception particulière des crises alimentaires en Suisse est encore très liée à ce qui s’est passé pendant la guerre. Dans le cas d’une guerre qui impliquerait par exemple les pays voisins de la Suisse, on constate aisément que les crises sont des événements nominaux. C’est-à-dire que l’apparition d’une crise est facile à observer et suit la logique de 1 (crise en cours) ou 0 (pas de crise). Ce schéma correspond souvent aux scénarios de crise en dehors du secteur alimentaire: les pannes de courant, qui exigent des mesures prévoyant l’approvisionnement économique du pays, sont également des événements nominaux au même titre que les pandémies. Même hors des situations de guerre, on peut facilement s’imaginer des crises nominales dans le secteur alimentaire, par exemple à la suite de catastrophes naturelles ou d’accidents nucléaires. Parallèlement, il est cependant de plus en plus possible qu’une crise alimentaire soit d’origine cardinale, c’est-à-dire qu’elle se manifeste insidieusement. Le point de départ d’un tel scénario pourrait consister à interdire les exportations des denrées alimentaires de base, comme l’ont fait de nombreux pays en 2007 et 2008 à cause de prix élevés et de quantités limitées. De telles mesures augmentent les prix sur les marchés mondiaux (Mitra et Josling 2009) et peuvent conduire à des situations, où pour cause de hausse du prix, il ne serait plus possible d’assurer un approvisionnement suffisant de certaines couches de la population, même dans des pays aussi privilégiés que la Suisse. A partir de quel moment peut-on parler d’une crise dans de tels cas et quelles mesures l’Etat doit-il prendre? La réponse à ces questions n’a pas été suffisamment définie jusqu’à présent. La situation se complique encore un peu plus du fait de l’article 30 de la Loi sur l’approvisionnement du pays, selon lequel: «Aussi longtemps que, du point de vue quantitatif, l’offre est suffisante, des mesures (…) ne peuvent être prises pour compenser des fluctuations de prix.» Il sera difficile de distinguer entre la situation de fluctuations temporaires des prix et la hausse quasi chronique des prix. Crise alimentaire 2003 La seule fois où la Confédération est intervenue dans une crise touchant l’approvisionnement dans un passé récent est un très bon exemple de crise cardinale. A la suite de des températures élevées et de la sècheresse qui a touché la Suisse, l’approvisionnement national en fourrage vert était extrêmement limité durant l’été 2003. Le 1er août 2003, les droits de douane sur le foin ont été abaissés à cinq francs pour 100 kg. Les droits de douane

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sur les balles d’ensilage d’herbe et de maïs ensilage ont été supprimés en deux temps. Le 1er septembre 2003, le droit de douane sur le foin a lui aussi été finalement totalement abrogé. Selon la «théorie pure», il s’agissait d’une mesure discutable, car le foin était également disponible dans les pays voisins avant l’abaissement du droit de douane et que la régulation ne s’est faite que par des mesures qui touchaient la politique de prix. Le modèle DDSS-ESSA n’a donc pu apporter aucune contribution à cette décision. En revanche, l’approvisionnement en denrées alimentaires d’origine animale a sans aucun doute été stabilisé par la décision prise.

Conclusions Dans l’éventualité de crises dans le secteur alimentaire, la Suisse est plus que bien préparée. Cependant, les stratégies existantes et les modèles sur lesquels elles s’appuient sont toujours restés très marqués par l’esprit de la prévention en temps de guerre. Les perturbations des marchés notamment, qui peuvent présenter une menace réelle, sont au contraire à peine anticipées. Une décision fondamentale sur la politique de recherche devra être prise sur la question de savoir si la planification alimentaire en Suisse doit continuer à s’appuyer sur des modèles. Au cas où cette décision serait positive, Agroscope a déjà présenté un concept, qui couvre à la fois les crises cardinales et nominales, inclut les prix comme variable déterminante et concrétise également une éventuelle planification des cultures ou canalisation de la production, en tenant compte des périodes de végétation. Les organes compétents évan luent actuellement ce concept.


Quanto è certa la sicurezza alimentare? Dopo le esperienze positive fatte con l’estensione massima possibile della produzione indigena per garantire l’approvvigionamento in derrate alimentari durante la Seconda guerra mondiale, la pianificazione della coltivazione e la detenzione di scorte per situazioni di crisi in Svizzera ha conservato un peso maggiore rispetto ai Paesi confinanti. Con la diffusione della ricerca operativa, i sistemi di ottimizzazione dell'approvvigionamento in calorie e sostanze nutritive sono diventati una componente fissa nella prevenzione delle crisi. Il dibattito odierno internazionale sulla sicurezza alimentare si concentra invece sull’evoluzione dinamica e sulla fluttuazione dei prezzi degli alimenti, un aspetto che finora non ha trovato alcun riscontro nella strategia preventiva svizzera. Le recenti crisi alimentari mostrano però che per la Svizzera la penuria nominale sarà sempre meno probabile rispetto alle difficoltà cardinali dell'offerta (ovvero fluttuanti), le quali comportano rincari che potrebbero diventare un problema per determinate fasce della popolazione per quanto riguarda l’approvvigionamento. Onde impostare la pianificazione alimentare anche in funzione di tali situazioni di crisi, l'evoluzione dei prezzi dovrebbe essere inclusa come variabile decisiva nella pianificazione della crisi.

Bibliographie ▪▪ Bundesministerium für Ernährung, Landwirtschaft und Verbraucherschutz, 2012. Staatliche Vorsorge. Accès: http://www.ernaehrungsvorsorge.de/de/staatliche-vorsorge/haeufig-gestellte-fragen-faq/ [27.3.12] ▪▪ BMELV, 2010. Die deutsche Landwirtschaft − Leistungen in Daten und Fakten. Bun-desministerium für Ernährung, Landwirtschaft und Verbraucherschutz, Berlin. ▪▪ BMLFUW, 2010. Lebensmittelbericht Österreich 2010. Bundesministerium für Land- und Forstwirtschaft, Umwelt und Wasserwirtschaft, Wien. ▪▪ Dewbre J., 2010. Food Security. OECD Observer n°278. ▪▪ Gruber H.-G., 1998. Ernährungsvorsorge im Krisenfall – ein wichtiges ­A nliegen der österreichischen Agrarpolitik. Der Förderungsdienst 8, 267−268. ▪▪ Hättenschwiler P. & Flury C., 2007. Beitrag der Landwirtschaft zur Ernährungssicherung. Agrarforschung 14 (11−12), 554−559.

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Riassunto

A quel point la sécurité alimentaire est-elle ­g arantie? | Economie agricole

How secure is food security? After the positive experience of expanding domestic production to the maximum in order to safeguard the food supply in the Second World War, greater importance has been attached to crop planning and storage for crisis situations in Switzerland than in neighbouring countries. The emergence of operational research meant that systems for the sole purpose of optimising calorie and nutrient supply became an integral component of crisis preparedness. Today’s international debate on food security, on the other hand, focuses on the dynamic price trends and price fluctuations of food, an aspect which has not as yet been incorporated into Swiss preventative strategy. However, the most recent food crises show that, especially for Switzerland, nominal supply failures are becoming increasing less likely than cardinal (i.e. fluid) supply constraints, in which price rises could become a supply problem for parts of the population. In order to gear Swiss nutritional planning to such crisis situations as well, price tre nds need to be included as a key variable in crisis planning. Key words: food security, modelling, price volatility.

▪▪ Mann S., 2008. Degrees of Jointness for Food Security and Agriculture. In: OECD: Multifunctionality in Agriculture – evaluating the degree of jointness, policy Implications, 159−170. Paris. ▪▪ Mitra S. & Josling T., 2009. Agricultural Export Restrictions: Welfare Implications and Trade Disciplines. Washington: IFPRI. ▪▪ Prakash A., 2011. Safeguarding Food Security in Volatile Global Markets. Rom: FAO. ▪▪ SBV, 2011. Statistische Erhebungen und Schätzungen über Landwirtschaft und Ernährung, 2010. Schweizerischer Bauernverband, Brugg. ▪▪ Wirtschaftliche Landesversorgung, 2000. Eckwerte und Schlüsselaus­ sagen zur Ernährungssicherungs-Strategie. Mimeo, Bern. ▪▪ Wohlmeyer H., 2007. Ich möchte im Leben nie mehr Hunger sehen. In: E. Loibl & Krammer J.: Das Politische ist persönlich, das Persönliche ist politisch. Bundesanstalt für Bergbauernfragen, Wien.

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P r o d u c t i o n

a n i m a l e

La charge en spores butyriques des ensilages et du foin humide examinée à la loupe Ueli Wyss et Daniel Goy, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 1725 Posieux Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: ueli.wyss@alp.admin.ch, tél. +41 26 407 72 14

Lors de l’ensilage d’herbe, il y a un risque élevé de fermentations indésirables comme la fermentation ­b utyrique (Photo : U. Wyss, ALP).

Introduction En Suisse, conformément à l’Ordonnance sur le soutien du prix du lait, la Confédération verse aux producteurs de lait de vaches nourries sans ensilages un supplément de 3 centimes/kg si ce lait est transformé en fromage à pâte mi-dure, dure et extra-dure. La raison de cet encouragement à produire du lait de vaches nourries sans ensilages réside dans les nombres élevés de spores de bactéries butyriques (spores butyriques, Clostridium tyrobutyricum) trouvés dans le lait issu d’ensilage; ces dernières peuvent entraîner des fermentations indésirables (fermentation butyrique) pendant l’affinage du fromage à pâte dure et mi-dure. Le fromage défectueux présente un gonflement typique dû à la formation d’hydrogène et est impropre à la consommation. Une teneur

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Recherche Agronomique Suisse 3 (11–12): 544–551, 2012

de 50 spores par litre de lait peut suffire à déclencher une fermentation butyrique dans les fromages affinés (Bachmann 1999). Selon une récente étude de Schaeren et al. (2005), le nombre de spores butyriques dans le lait de vaches affourragées avec des ensilages est, en particulier en hiver, plus élevé que dans le lait de vaches ne recevant pas d’ensilages. La charge en spores butyriques du lait de fabrication peut certes être fortement réduite par l’utilisation de procédés technologiques tels que la bactofugation ou la microfiltration, mais cette dernière présente le désavantage de détruire la flore du lait cru, avec pour conséquence une forte diminution, dans certains fromages à trous, de la formation de l’ouverture. Les cahiers des charges des fromages suisses AOC n’autorisent donc pas ces méthodes. La croissance de Clostridium tyrobutyricum peut aussi être freinée par l’ajout


d’additifs comme le nitrate ou la lysozyme, mais le fromage suisse doit rester un produit naturel, c’est pourquoi les cahiers des charges des fromages AOC de même que diverses dispositions et conventions privées interdisent aussi l’utilisation d’additifs. Le foin humide, qui lors du pressage a été traité avec un agent conservateur, est considéré lui aussi comme un ensilage, si sa teneur en MS lors de l’affouragement est inférieure à 82 %. Dans le cas de certaines sortes de fromage, comme le Gruyère AOC, l’emploi d’agents chimiques de conservation est interdit pour tous les types de fourrage, indépendamment de la teneur en MS. On peut donc s’interroger sur l’importance du risque subsistant en fabrication fromagère résultant de l’emploi d’ensilages ou de foin humide dans l’alimentation des vaches laitières. Les présents essais avaient pour objectif d’étudier la charge en spores butyriques du fourrage, des fèces et du lait lors de l’affouragement de foin humide et d’ensilages avec deux teneurs différentes en MS. Ils visaient aussi à contrôler si la charge en spores déterminée permettait la transformation du lait cru en fromage à pâte dure.

Matériel et méthodes Initialement, il était prévu de produire, à partir d’herbe de la même parcelle, des ensilages avec deux teneurs différentes en MS, du foin humide et du foin ventilé. Or, en raison des mauvaises conditions météorologiques, il n’a pas été possible de produire du foin humide lors du 1er essai. Pour cette raison, seules des balles carrées ayant des teneurs en MS de 38 et de 53 % ainsi que du foin ventilé (sechage en grange) ont pu être produits avec la récolte du 1er cycle en mai 2008. En août 2008, avec le troisième cycle de la même parcelle, on a à nouveau reproduit du foin ventilé (séchage en grange) ainsi que du foin humide. Celui-ci a été pressé en balles rondes avec une teneur en MS moyenne de 80 % et traité avec un agent conservateur à base d’acide propionique (Lupro Grain, 5,9 l/t fourrage). Au moment de l’affouragement, ce foin présentait une teneur en MS de 84 % en moyenne. Les essais d’affouragement et de fabrication fromagère ont été réalisés en juillet/août 2008 et en janvier/ février 2009. Pendant deux semaines (période préliminaire), toutes les vaches ont reçu la même ration, à savoir du foin à volonté, 0,3 kg d’un mélange de minéraux de même qu’un aliment concentré (mélange de céréales et concentré de protéines) en fonction de leur production laitière individuelle. Le foin affouragé au cours de la période préliminaire n’était pas le même que celui provenant des parcelles d’essai.

Résumé

La charge en spores butyriques des ensilages et du foin humide examinée à la loupe | Production animale

Le cahier des charges de certains fromages traditionnels suisses à pâte dure et mi-dure interdit l’affouragement aux vaches laitières de fourrages conservés ayant une teneur en eau supérieure à 18 %. La charge en spores butyriques du fourrage, des fèces et du lait lors de l’affouragement de foin humide et d’ensilages a fait l’objet de deux essais au cours desquels du fromage a été fabriqué avec le lait produit. Dans le 1er essai, des ensilages avec 38 et 53 % de matière sèche (MS) de même que du foin ventilé ont été produits à partir de la même matière première. Dans le 2e essai, on a produit du foin humide – traité avec de l’acide propionique – et du foin ventilé. Le foin humide a enregistré une teneur moyenne en MS de 80 % lors du pressage et de 84 % au moment de l’affouragement. Ces différents fourrages ont été affouragés pendant trois semaines à des vaches laitières. Des échantillons de fourrage, de fèces et de lait ont été régulièrement prélevés afin d’en déterminer la charge en spores butyriques. Au cours de la 3e semaine d’essai, du fromage à pâte dure a été fabriqué à deux reprises. La charge en spores butyriques dans le fourrage était basse. Dans le cas des ensilages d’herbe et du foin humide, le lait a enregistré des charges légèrement plus élevées, comparé au foin ventilé. Aucun problème n’a cependant été relevé au cours de la fabrication fromagère.

Divers fourrages et groupes de vaches testés A la fin de la période préliminaire, les vaches ont été réparties en trois groupes homogènes dans le 1er essai «foin ventilé/ensilages à 38 et 53 % MS» et en deux groupes, homogènes eux aussi, dans le 2e essai «foin ventilé/foin humide». Chaque groupe comprenait 10 vaches et a été isolé des autres groupes dans l’étable à stabulation libre. Pendant trois semaines (période expérimentale), les trois groupes du 1er essai et les deux groupes du 2e essai ont reçu le fourrage expérimental à volonté dans des crèches sur balance. Les animaux ont été complémentés comme lors de la période d’adaptation. Avant chaque traite, la mamelle de chaque vache a  été nettoyée avec un papier désinfectant.

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Production animale | La charge en spores butyriques des ensilages et du foin humide examinée à la loupe

Tableau 1 | Teneur en nutriments des fourrages 1er essai

Teneur en MS

2e essai

Foin adaptation

Foin ventilé

Ensilage 53 % MS

Ensilage 38 % MS

Foin adaptation

Foin ventilé

Foin humide

%

88,3

87,5

53,4

37,5

88,4

90,3

84,1

Cendres

g/kg MS

101

83

92

96

84

97

97

Matière azotée

g/kg MS

152

134

146

163

142

138

150

Cellulose brute

g/kg MS

298

234

249

252

221

305

300

ADF

g/kg MS

330

250

275

281

243

337

337

NDF

g/kg MS

522

455

462

450

447

540

535

Sucres

g/kg MS

96

149

145

66

131

83

78

NEL

MJ/kg MS

5,3

5,7

5,7

5,8

5,5

5,1

5,2

PAIE

g/kg MS

90

90

84

80

91

86

89

PAIN

g/kg MS

97

85

92

102

90

88

96

MS: matière sèche; ADF: lignocellulose; NDF: parois; NEL: énergie nette pour la production laitière. PAIE: protéines absorbables dans l’intestin, synthétisées à partir de l’énergie disponible. PAIN: protéines absorbables dans l’intestin, synthétisées à partir de la matière azotée dégradée.

Lors du 1er essai, toutes les vaches avaient un accès limité (max. 5 kg par jour) au foin de la période préliminaire. Lors du 2e essai, les deux fourrages expérimentaux (foin ventilé et foin humide) ont été les seuls fourrages distribués. Deux fois par semaine, des échantillons de fourrages ont été prélevés pour en déterminer les teneurs en MS et en spores butyriques. De même, des échantillons ont été prélevés dans les ensilages et le foin humide pour en déterminer les paramètres de fermentation. En plus, les nutriments des fourrages et de l’aliment concentré ont été analysés une fois par semaine et le nombre de levures, de moisissures et de bactéries aérobies mésophiles a été déterminé dans les fourrages. Des échantillons ont également été prélevés dans 5 balles de foin humide à 4 endroits différents. Analyses des fèces, du lait et du fromage Au cours de la période préliminaire ainsi que lors de la 2e et 3e semaine de chaque essai, des échantillons de fèces de chaque vache ont été prélevés pour constituer des échantillons représentatifs pour chaque groupe de vaches de chaque essai. Leur charge en spores butyriques a fait l’objet d’une analyse. L’ingestion de fourrage a été mesurée quotidiennement et la production laitière relevée deux fois par jour. Une fois par semaine, des échantillons de lait ont été prélevés pour en déterminer les composants. Durant la 3e semaine de chaque essai, le nombre de spores butyriques dans le lait a été déterminé et du fromage à pâte dure fabriqué à deux reprises avec un mélange de lait du soir et de lait du matin. Les spores butyriques des différents fourrages, des fèces et

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du lait ont été déterminées selon la méthode MPN (most probable number). Après 50, 100 et 150 jours d’entreposage, des échantillons ont été prélevés dans les fromages d’essai pour en analyser divers paramètres. Après 5 mois d’entreposage, la qualité des fromages a été jugée par une équipe d’experts. L’exploitation statistique des résultats a été effectuée avec une analyse de variance et le test Bonferroni (programme SYSTAT 12).

Résultats et discussion Teneurs des fourrages L’herbe utilisée pour la production d’ensilages et de foin provenait d’une prairie temporaire (1er et 3e cycle). Le 1er cycle a donné un fourrage de type équilibré, à dominance de raygrass, et le 3e un fourrage équilibré. Les nutriments des ensilages, du foin humide et du foin ­ventilé (séchage en grange) figurent dans le tableau 1. Au 1er cycle, les ensilages et le foin ventilé avec une teneur en MS croissante avaient moins de matière azotée et de fibres et davantage de sucres. Ceci est dû d’une part aux pertes mécaniques et, d’autre part, aux variations de fermentation dans les ensilages. Les deux ensilages avec 38 et 53 % de MS ont enregistré des valeurs pH de respectivement 4,5 et 5,5, des teneurs en acide lactique de 80 et 23 g/kg MS, des teneurs en acide acétique de 14 et 4 g/kg MS, des teneurs en acide butyrique de 1 g/kg MS pour les deux ensilages et un nombre de points DLG de respectivement 100 et 90. En d’autres termes, les deux ensilages avaient une excellente qualité fermentaire. Dans le cas du fourrage produit avec de


La charge en spores butyriques des ensilages et du foin humide examinée à la loupe | Production animale

8,0 7,0

Moisissures (log UFC/g)

6,0 5,0 4,0 3,0 2,0 y = - 0,666x + 7,634

1,0

R²= 0,54

0,0 0

1

2

3

4

5

6

7

8

Acide propionique (g/kg MS) Figure 1 | Relation entre la teneur en acide propionique et les moisissures dans le fourrage (UFC: unités formant colonies).

l’herbe du 3e cycle, le foin humide présentait même des teneurs en matière azotée, en PAIE, en PAIN et en NEL plus élevées que celles du foin séché en grange. Comme le foin ventilé a été pressé en balles carrées après le séchage en grange et que des pertes mécaniques ont été occasionnées par le pressage, ces différences sont probablement dues à ces facteurs. Le foin humide dans les balles n’a subi qu’une très faible fermentation lactique et aucune fermentation butyrique. La valeur pH s’est élevée à 6,0 et on a décelé en moyenne 5 g d’acide lactique, 1 g d’acide acétique, 3 g d’acide propionique par kg MS et aucun acide butyrique. Selon les analyses par zone effectuées dans les balles de foin humide, la teneur en MS variait à l’intérieur des balles. Elle s’élevait en moyenne à 83,2 %, avec des variations allant de 79,9 à 85,8 %. A ce propos, les valeurs étaient plus élevées dans le bord des balles qu’au centre, ce qui est probablement dû à une variation lors du séchage pendant le stockage. Par ailleurs, un lien a été constaté entre la teneur en acide propionique et la charge en moisissures (fig. 1). Plus on ajoutait d’acide propionique sous forme d’agent conservateur, moins les moisissures se développaient. ­Or, Wyss (2012) a démontré dans ses essais qu’un bon dosage de l’agent conservateur est indispensable pour lutter efficacement contre les moisissures. Aucune différence significative au niveau du lait Certes, les ensilages étaient de bonne qualité, mais l’ingestion de MS était plus faible dans les deux variantes d’ensilages que dans la variante avec le foin ventilé

(tabl. 2). Jans (1992) a aussi constaté lors de ses essais que les ensilages d’herbe sont souvent moins bien appréciés par les vaches laitières que le foin ventilé, pourtant produit avec la même matière première. Cette mauvaise ingestion est due à des teneurs élevées en cendres et/ou basses en MS. Toutefois, aucune différence significative entre les deux variantes d’ensilages et la variante de foin ventilé n’a été relevée au niveau de la production laitière et des composants du lait. Lors du 2e essai «foin ventilé/foin humide», le foin humide a été moins bien consommé (tabl. 2). Les différences ne sont cependant pas significatives. La diminution de l’ingestion de fourrage a entraîné une baisse de la production laitière chez le groupe de vaches nourries avec du foin humide. La quantité d’aliments concentrés a donc dû être adaptée, ce qui a eu pour conséquence que ces vaches ont reçu en moyenne moins d’aliments concentrés pendant les trois semaines expérimentales que celles du groupe «foin ventilé». Les quantités d’aliments concentrés ne se différencient cependant pas de façon significative. Il en va de même des quantités de lait et des composants du lait: aucune différence significative entre les deux variantes n’a été observée. Charge en spores butyriques Le nombre de spores butyriques dans les fourrages se situait entre 9 et 930 spores/g de fourrage. Tant le foin ventilé que les deux ensilages présentaient des valeurs pareillement basses (tabl. 3). Le foin, distribué au cours de la période préliminaire du 1er essai et en petites quantités lors de la période expérimentale, présentait en 

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Production animale | La charge en spores butyriques des ensilages et du foin humide examinée à la loupe

Tableau 2 | Ingestion et production laitière 1er essai

2e essai

Foin ventilé

Ensilage 53 % MS

Ensilage 38 % MS

ES

Sig.

Foin ventilé

Foin humide

ES

Sig.

0,49

*

18,3

17,4

0,49

n. s.

3,0

2,5

0,56

n. s.

Fourrage essai

kg MS/jour

16,5a

14,4b

15,4 ab

Foin adaptation

kg MS/jour

1,5

b

2,5

2,1

0,21

**

Aliment concentré

kg MS/jour

1,9

1,9

1,6

0,60

n. s.

Minéraux

kg MS/jour

0,3

0,3

0,3

0,00

n. s.

0,3

0,3

0,00

n. s.

Ingestion totale

kg MS/jour

20,2

19,1

19,4

0,67

n. s.

21,5

20,2

0,67

n. s.

ECM

a

ab

kg/jour

22,5

23,7

22,4

1,70

n. s.

25,7

24,5

1,75

n. s.

Matières grasses

%

4,3

4,6

4,5

0,19

n. s.

4,1

4,6

0,16

n. s.

Protéines

%

3,5

3,5

3,5

0,08

n. s.

3,5

3,6

0,06

n. s.

Lactose

%

4,8

4,8

4,8

0,05

n. s.

4,8

4,7

0,10

n. s.

ECM: lait corrigé par rapport à sa teneur en énergie. ES: erreur standard; Sig: signification; n. s.: non significatif; * p<0,05; ** p<0,01; *** p<0,001.

moyenne 239 spores/g. Lors du 2e essai, aucune différence significative n’a été relevée entre le foin ventilé et le foin humide. Selon Zangerl (1989), on trouve dans l’herbe fraîche et le foin des valeurs situées entre 10 et 1000, dans les ensilages de bonne qualité moins de 10 000 et dans les ensilages de mauvaise qualité plus de 100 000 spores/g. Au vu de ces chiffres, on constate donc que tous les fourrages distribués lors des deux essais présentaient une charge en spores butyriques très faible. Les analyses effectuées par zones dans les cinq balles de foin humide ont donné des valeurs en moyenne plus élevées (247 spores/g) que les échantillons prélevés lors de l’affouragement. Celles-ci variaient entre 10 et 1500 spores/g. Comme le montre la figure 2, il n’existe aucun lien entre la teneur en MS et la charge en spores. Le dénombrement des spores butyriques dans les fèces a donné des valeurs situées entre 40 et 7500 spores/g. Lors du 1er essai «foin ventilé/ensilages», des différences significatives ont été relevées (tabl. 3). Ce n’est pas la variante «foin ventilé» qui a présenté les

valeurs les plus basses, mais la variante «ensilages 53 % MS». Lors du 2e essai, des valeurs très basses ont été relevées tant dans le foin ventilé que dans le foin humide (respectivement 222 et 142 spores/g). Selon Weissbach (1997), il est souhaitable d’avoir un nombre de spores dans les fèces inférieur à 10 000 spores/g; les nombres de spores supérieurs à 100 000 représentent toujours un risque important. La comparaison avec les données cidessus montre que le nombre de spores dans les fèces était très bas lors des deux essais. Dans les deux essais, c’est la variante foin ventilé qui a atteint le nombre de spores butyriques le plus bas dans le lait du soir, du matin de même que dans le lait de cuve (tabl. 3). La différence entre les nombres de spores n’était cependant significative que dans le 2e essai. Seul l’affouragement de foin ventilé a atteint des valeurs inférieures aux normes stipulées par Jakob (2011) pour le lait de producteurs (< 210 spores par litre) et le lait de cuve (< 140 spores par litre). Le risque d’une fermentation butyrique dans le fromage dépend surtout de la

Tableau 3 | Spores butyriques dans les fourrages, les fèces et dans le lait 1er essai Foin ventilé

Ensilage 53 % MS

2e essai

Ensilage 38 % MS

Sig.

Foin ventilé

Foin humide

S

Sig.

Fourrage

MPN/g

20

24

36

5

n. s.

174

19

107

n. s.

Fèces

MPN/g

1608b

1088b

4333a

634

**

222

142

68

n. s.

Lait du soir

MPN/l

140

213

233

52

n. s.

115

763

181

*

Lait du matin

MPN/l

49

498

328

127

n. s.

160 b

495a

43

**

Lait de chaudière

MPN/l

68

355

293

77

n. s.

103b

340a

46

*

ES: erreur standard; Sig. : signification; n. s.: non significatif; * p<0,05; ** p<0,01; *** p<0,001. MPN: most probable number.

548

ES

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b

a


La charge en spores butyriques des ensilages et du foin humide examinée à la loupe | Production animale

3,5 3,0

Spores butyriques (log/g)

2,5 2,0 1,5 1,0 y = - 0,083x + 8,685

0,5

R²= 0,03

0,0 79

80

81

82

83

84

85

86

87

Teneur en MS (%) Figure 2 | Relation entre la teneur en MS et les spores butyriques.

charge en spores butyriques du lait de fabrication. Les facteurs exacts qui favorisent la germination des spores dans le fromage ne sont toujours pas entièrement connus. Dans la pratique, il arrive parfois que des fermentations indésirables provoquées par des bactéries butyriques se déclenchent même avec un lait de très bonne qualité. La comparaison des nombres de spores des fourrages, des fèces et du lait démontre que des valeurs élevées dans le fourrage ou dans les fèces ne sont pas en relation, comme présupposé, avec des valeurs élevées dans le lait. Étant donné que des valeurs basses ont été relevées aussi bien dans les fourrages que dans les fèces, il faut tenir compte, en plus, d’autres facteurs pour expliquer la charge en spores dans le lait. Les observations faites quant au degré de propreté des vaches à l’arrière-main ou à la mamelle n’ont pas révélé de différences entre les diverses variantes. De même, l’hygiène de traite était la même pour toutes les vaches. Résultats d’analyse des fromages d’essai Vu que la charge en spores butyriques du lait de cuve était supérieure aux normes fixées par ALP tant dans les deux variantes d’ensilages que dans le foin humide, les résultats des essais de fabrication ont été attendus avec impatience. Après un entreposage de 150 jours, aucun gonflement tardif ni fermentation butyrique n’a été constaté dans aucun des fromages d’essai (fig. 3). Dans le tableau 4 figurent les résultats des analyses des fromages âgés de 150 jours. Aucune différence significative n’a été relevée entre les fromages fabriqués au cours des deux essais. A l’exception de l’acide n-caproïque, toutes les valeurs relevées correspondaient aux normes. La

teneur en acide n-caproïque était également plus élevée dans les variantes «foin ventilé» de chaque essai. Cette hausse est très probablement due à une altération de la graisse du lait. Lors de l’analyse sensorielle des fromages, le fromage d’essai de la variante «ensilage 38 % MS» présentait de légères différences au niveau du goût et de l’intensité de l’arôme. Toutefois, lors du 2e essai,  aucune différence sensorielle n’a été relevée.

Figure 3 | Fromage après un stockage de 150 jours des variantes foin ventilé et foin humide 1: Variante foin ventilé – 1er lot; 2: Variante foin humide – 1er lot; 3: Variante foin ventilé – 2e lot; 4: Variante foin humide – 2e lot. (Photo: ALP)

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Production animale | La charge en spores butyriques des ensilages et du foin humide examinée à la loupe

Tableau 4 | Acides dans les fromages après 150 jours de stockage (mmol/kg) 1er essai

2e essai Ensilage 38 % MS

Foin humide

Normes ALP

0,11

0,18

< 1,1

3,10

3,79

Foin ventilé

Ensilage 53 % MS

Foin ventilé

Acide formique

0,37

0,49

0,61

Acide acétique

3,22

3,27

3,50

Acide propionique

0,09

0,15

0,24

0,02

0,01

Acide i-butyrique

0,02

0,04

0,09

0,00

0,01

Acide n-butyrique

0,88

0,74

0,91

0,75

0,56

< 2,0 < 1,5

Acide i-valérique

0,01

0,02

0,05

0,02

0,02

Acide i-caproïque

0,01

0,00

0,05

0,00

0,00

Acide n-caproïque

0,33

0,22

0,30

0,24

0,35

< 0,2

ACVT

4,93

4,94

5,75

4,23

4,61

< 20,0

ACVT: acides carboxyliques volatils totaux.

Conclusions ••Fourrage: La charge en spores butyriques dans les fourrages était généralement basse. Aucune différence significative n’a été relevée entre la charge en spores butyriques des ensilages, du foin humide et du foin ventilé. ••Fèces: Comparé à l’affouragement d’ensilage avec 53 % MS et de foin ventilé (1er essai), l’affouragement d’ensilage avec 38 % MS a entraîné une augmentation significative du nombre de spores butyriques dans les fèces. En revanche, l’affouragement de foin humide et de foin ventilé (2e essai) n’a provoqué aucune différence au niveau de la charge en spores dans les fèces.

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••Lait: Le nombre de spores butyriques du lait de cuve était plus élevé tant dans les deux variantes d’ensilages et dans le foin humide que dans les deux variantes de foin. Par ailleurs, il était supérieur aux valeurs recommandées par ALP. Ce constat est difficilement explicable, mais indique que même si l’on affourage des aliments de bonne qualité, on ne peut exclure une charge élevée en spores butyriques dans le lait. ••Fromage: Malgré un nombre de spores parfois élevé dans le lait de fabrication, aucun des fromages fabriqués n’a présenté de signes de fermentation n butyrique.


Carico in spore dei batteri dell’acido butirrico in insilati e fieno umido sotto la lente Gli elenchi degli obblighi di numerosi formaggi tradizionali a pasta semidura e a pasta dura vietano di somministrare alle vacche lattifere foraggio conservato con un tenore in acqua superiore al 18 per cento. Nell'ambito di due prove che prevedevano il foraggiamento con insilati e fieno umido è stata analizzata la carica in batteri dell’acido butirrico del foraggio, degli escrementi e del latte. Con quest'ultimo si è quindi prodotto formaggio a pasta dura. Nella prima prova si sono prodotti, partendo dalla stessa materia prima insilati con il 38 e il 53 % di sostanza secca (SS) e fieno ventilato. Nella seconda prova si è trattato il fieno umido con acido propionico e si è prodotto fieno ventilato. Il fieno umido presentava, in media, l'80 % di SS in fase di pressatura e l'84 % in fase di foraggiamento. I singoli foraggi sono stati somministrati alle vacche lattifere per tre settimane, quindi sono stati regolarmente prelevati campioni di foraggio, escrementi e latte per determinare il numero di spore dei batteri dell’acido butirrico. Nella terza settimana dello studio, due giorni sono stati dedicati alla produzione di formaggio a pasta dura. Il foraggio presentava un basso contenuto di spore dei batteri dell’acido butirrico. Nei casi di foraggiamento con insilati d'erba o con fieno umido, il latte aveva una quantità leggermente maggiore di spore rispetto a quello derivato dalla somministrazione di fieno ventilato. Nella produzione di formaggio, tuttavia, non si è riscontrato alcun problema.

Bibliographie ▪▪ Bachmann H. P., 1999. Technologische Einflussfaktoren auf die Buttersäuregärung. Agrarforschung 6 (4), 137–140. ▪▪ Jakob E., 2011 Analytik rund um die Buttersäuregärung. ALP forum, 85, 1–20. ▪▪ Jans F., 1992. Foin ou ensilage d`herbe pour la vache laitière à haute performance? Revue suisse d'Agriculture 24 (1), 5–8. ▪▪ Schaeren W., Maurer J. & Luginbühl W., 2005. Composition du lait de vaches affouragées avec ou sans ensilage. Revue suisse d'Agriculture 37 (2), 55–60.

Summary

Riassunto

La charge en spores butyriques des ensilages et du foin humide examinée à la loupe | Production animale

A close look at the butyric acid bacterial spores in silages and moist hay The guidelines of different traditional Swiss semi hard and hard cheeses prohibit to feed conserved forage containing more than 18 % water to dairy cows. In two trials, the butyric acid bacterial content of the forage, faeces and milk of cattle fed with moist hay and silages was investigated. In the first trial, silages with 38 and 53 % dry matter as well as ventilated hay were produced from the same original material. In the second trial, moist hay was treated with propionic acid and ventilated hay was produced as a comparison. On average, the moist hay had a DM content of 80 % when baled and 84 % when fed. The different forages were fed to dairy cows for three weeks. Feed, faeces and milk samples were taken at regular intervals to determine the number of butyric acid bacterial spores. In the third week of the trial, hard cheese was made on two days. The forage had low contents of butyric acid bacterial spores. The milk of the cows fed with grass silage or moist hay exhibited slightly higher spores content than that of those fed with ventilated hay. However, no problems occurred during cheese making. Key words: butyric acid bacterial spores, silages, moist hay.

▪▪ Weissbach F., 1997. Qualitäts-Management-System für die Erzeugung von Milch mit geringstmöglichem Gehalt an Clostridien-Sporen. Bornimer Agrartechnische Berichte, Heft 18, 59–65. ▪▪ Wyss U., 2012. Efficacité d'un agent conservateur du foin humide– résultats 2011. Recherche Agronomique Suisse 3 (6), 314–321. ▪▪ Zangerl P., 1989. Aspekte der Clostridienproblematik und AnaerobierZüchtung. Milchwirtschaftliche Berichte 101, 223–228.

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E c l a i r a g e

Des variétés de plantes fichées par leur profil génétique Eric Droz, Susete Ulliel, Corinne Julmi-Moreillon, Stéphane Dorsat, Jean-Pierre De Joffrey, Daniel Thomas, ­Cong-Linh Lê et Katia Gindro Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon 1 Renseignement: Eric Droz, e-mail: eric.droz@acw.admin.ch, tél. +41 22 363 44 08

Conservation in vitro des accessions en chambre de culture.

Agroscope Changins-Wädenswil entretient un conservatoire de plantes in vitro contenant à l’heure actuelle plus de 500 variétés, modernes ou anciennes, de différentes espèces: pommes de terre, petits fruits, plantes médicinales et aromatiques, vignes, artichaut, etc. Ces variétés lui ont été confiées par des institutions de protection des anciennes variétés, des producteurs ou des sélectionneurs. Afin d’assurer leur identité et d’éviter des mélanges, elles sont petit à petit caractérisées par leur profil génétique, et, si nécessaire, par une description morphologique.

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Pommes de terre Le conservatoire in vitro d’Agroscope ACW est chargé de maintenir les variétés de consommation courante en Suisse (une trentaine de variétés de pommes de terre réunies dans la Liste des variétés recommandées). Le conservatoire est également chargé de fournir, sur demande, les premières plantes saines pour la multiplication avant la production à large échelle. Le profil génétique de ces variétés est établi de manière à servir de référence dans des cas de litiges qui peuvent apparaître suite à un mélange de variétés ou à des importa-


Des variétés de plantes fichées par leur profil génétique | Eclairage

Figure 1 | Exemple de génotypage au moyen d’un microsatellite pour 25 variétés de pommes de terre.

tions d’origine douteuse. Les anciennes variétés sélectionnées dans le cadre du Plan d’action national pour la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (PAN) sont aussi maintenues au conservatoire après assainissement. En effet, la plupart de ces anciennes accessions sont arrivées infestées par des virus. L’établissement de leur profil génétique au moyen de 25 microsatellites (fig. 1) et la comparaison de ceux-ci ont permis de mettre en évidence de fausses appellations, des mélanges de variétés, ainsi que des doublons (fig. 2). Une confirmation de ces assertions est en cours, par caractérisation morphologique selon des critères bien établis portant aussi bien sur la forme des plantes et des feuilles, la forme et la couleur des fleurs, des tubercules et des germes, que sur la qualité gustative des tubercules.

La présence de ces doublons a causé de grandes surprises, la plupart de ces accessions n’ayant jamais été cultivées côte à côte dans des conditions identiques auparavant. Certaines n’étant cultivées qu’en altitude, d’autres qu’en plaine, certaines ayant leur morphologie légèrement modifiées par la présence de virus, leurs similarités n’avaient pas pu être démontrées. Il s’avère ainsi que la même variété a pu être cultivée dans plusieurs cantons ou plusieurs vallées sous des appellations locales différentes. Le conservatoire a participé en 2010 à un test interlaboratoire aux côtés de six laboratoires français (Marhadour et al. 2011). Ce test a permis de valider les méthodes utilisées, ainsi que les microsatellites choisis pour l’établissement des profils génétiques. Il a aussi permis de vérifier l’identité de certaines variétés conservées dans plusieurs des laboratoires impliqués. L’étape suivante qui vient de commencer concerne les anciennes variétés européennes. Dans le cadre du projet AEGIS (A Euro- 

Quelques définitions: • Accession: échantillon d’une variété connue ou non. Une variété peut comprendre ­plusieurs accessions. • Microsatellites: zones de l’ADN contenant des répétitions de nucléotides. Ces zones sont sujettes à beaucoup de variations d’une ­variété à l’autre. On parle alors de marqueurs moléculaires. • Génotypage: caractérisation d’accessions au moyen de marqueurs moléculaires. Dans les cas mentionnés ici, les marqueurs sont des microsatellites. • Profil génétique: résultat du génotypage. Ensemble des données obtenues par micro­ satellites pour une accession

Figure 2 | Exemple de confusion entre variétés de pomme­ de terre. En haut la variété Parli, en bas la variété Wiesner aus Wiesen. Leurs profils génétiques et leurs descriptions morphologiques sont identiques, comme ici dans le cas de leurs tubercules. Il s’agit donc d’une seule variété connue sous deux appellations locales différentes.

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Eclairage | Des variétés de plantes fichées par leur profil génétique

Figure 3 | Conservatoire en serre à l’abri des insectes du matériel de base des cépages homologués en Suisse.

pean Genebank Integrated System) qui fait partie d’un programme européen pour la conservation des ressources génétiques des plantes cultivées, un certain nombre d’anciennes variétés cultivées en Suisse vont être caractérisées par microsatellites, et leurs profils comparés à ceux établis pour une sélection d’anciennes variétés européennes. Petits fruits Actuellement, une centaine d’anciennes variétés de petits fruits (framboises, mûres et fraises) sont conservées in vitro et caractérisées génétiquement dans le cadre du PAN. Les profils génétiques obtenus sont collectés dans deux bases de données (Rubus pour les framboises et les mûres, et Fragaria pour les fraises). Une fois ces données complétées et le nombre de microsatellites jugé suffisant, ces bases de données serviront d’outil pour définir quelles autres anciennes variétés il serait judicieux de conserver. Vigne Dans le cadre de la certification de la vigne, les plants de base des cépages homologués sont conservés dans une serre protégée des insectes, vecteurs de nombreux virus

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(fig. 3). Une partie de ces cépages sont aussi conservés in vitro. L’établissement de leurs profils génétiques est en cours ainsi que leur comparaison avec ceux stockés dans deux bases de données contenant les profils génétiques des cépages européens (Swiss Vitis Microsatellite Database et European Vitis Database). La première contient des profils établis au moyen de 6 microsatellites, alors que la deuxième se base sur ces 6, implémentés de 3 microsatellites supplémentaires. Les nouveaux cépages obtenus par sélection à ACW sont aussi caractérisés. Leur identité est en cours de confirmation en comparant leurs profils pour une trentaine de microsatellites avec ceux de leurs parents selon des techniques de recherche de parenté (Bowers et al. 1999). Artemisia annua L’artémisinine, produite naturellement par Artemisia annua, est une des rares molécules utilisées comme médicament et qui a un effet contre la malaria. Des isolats de plantes en provenance de diverses parties du monde ont montré que toutes les plantes ne produisaient pas les mêmes quantités d’artémisinine. Des programmes de croisement et de sélection ayant pour but d’obtenir des plantes à hautes teneurs en artémisinine


Des variétés de plantes fichées par leur profil génétique | Eclairage

Figure 4 | Artichaut Petit Violet de Plainpalais en pleine terre et conservé in vitro.

ont été mis en route par Médiplant et l’Université de York au Royaume-Uni (Graham et al. 2010). Le conservatoire in vitro d’ACW a été chargé de maintenir les accessions issues de ces croisements et d’assurer leur identité par une caractérisation génétique. Une septantaine d’accessions sont en cours d’évaluation au moyen de 9 microsatellites. Une fois les profils obtenus, ils seront comparés avec ceux de la base de données de York. Artichaut et cardon L’artichaut violet de Plainpalais est arrivé à Genève avec les Huguenots. Redécouverte récemment, cette variété fait l’objet d’un travail de sauvegarde par le Service de la production et du développement agricoles du canton de Genève. L’artichaut est sensible à de nombreux pathogènes. Son installation et sa conservation in vitro permettent de lutter contre les risques d’infection et un approvisionnement rapide en matériel de base de haute qualité sanitaire pour la production. Afin d’assurer l’identité de cette variété, un génotypage a été initié. Cette caractérisation génétique vise à situer une variété suisse, cultivée principalement dans le canton de Genève, au sein des collections étrangères et à démontrer son originalité, justifiant ainsi l’attribution à cette variété d’un label de qualité de type AOC, AOP ou Produit du Terroir. Une dizaine de microsatellites ont été utilisés pour caractériser une quarantaine d’accessions d’arti-

chauts et de leurs proches parents, les cardons, dont le cardon épineux argenté de Plainpalais qui a obtenu une AOC en 2003. Pour établir une comparaison avec les autres artichauts européens, il est nécessaire d’augmenter le nombre de microsatellites testés. n

Bibliographie ▪▪ Bowers J., Boursiquot J.-M., This P., Chu K., Johansson H. & Meredith C., 1999. Historical genetics: the parentage of chardonnay, gamay and other wine grapes of northeastern France. Science 285, 1562–1565. ▪▪ Graham I. A., Besser K., Blumer S., Branigan C. A., Czechowski T., Elias L., Guterman I., Harvey D., Isaac P. G., Khan A. M., Larson T. R., Li Y., Pawson T., Penfield T., Rae A. M., Rathbone D. A., Reid S., Ross J., Smallwood M. F., Segura V., Townsend T., Vyas D., Winzer T. & Bowles D., 2010. The genetic map of Artemisia annua L. identifies loci affecting Yield of the antimalarial drug artemisinin. Science 327, 328–331. ▪▪ Marhadour S., Droz E., Laversin N., Méar A., Pavy V., Perramant M., Wambre V., Cloatre E., Ponserre N. & Le Hingrat Y., 2011. Potato variety identification using SSR in France and Switzerland. In: EAPR 2011, The 18th Triennal Conference of the European Association For Potato Research, Oulu, Finland (Eds J. Santala & J. P. T. Valkonen), 205. ▪▪ The European Vitis Database. Accès: http://www.eu-vitis.de/index.php [01.09.12] ▪▪ Swiss Vitis Microsatellite Database. Accès: http://www1.unine.ch/svmd/ index.php?details=117 [01.09.12]

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CSW56: position des paysannes et des femmes rurales dans le monde – évolution et enjeux Ruth Rossier, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich Renseignements: Ruth Rossier, e-mail: ruth.rossier@art.admin.ch, tél. +41 52 368 32 33

Figure 1 | La CSW56 sur les femmes rurales a eu lieu au siège principal de l'ONU à New York. (Photo: Ruth Rossier, ART)

La session annuelle de la Commission sur la condition de la femme (CSW) du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC) s’est tenue du 27 février au 9 mars 2012 au siège général de l’ONU à New York. Elle a porté sur la question du renforcement de la position des paysannes et des femmes rurales et de leur rôle dans la lutte contre la pauvreté et la famine (fig. 1). Pour la délégation suisse, la priorité était aux négociations pour la rédaction d’un document conclusif et à diverses résolutions. Malheureusement et pour la première fois, le manque de consensus entre les Etats n’a pas permis d’aboutir à des conclusions concertées (Agreed Conclusions).

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L’égalité des sexes, pour le bien de tous Lors de la séance d’ouverture, de nombreuses conférencières ont souligné que l’égalité des sexes ne profitait pas seulement aux femmes, mais à l’ensemble de la société, et qu’elle conduisait à un développement économique positif (fig. 2). Dans le domaine de l’agriculture, il est donc temps de mettre un terme aux discriminations juridiques, économiques et structurelles. L’autonomisation des femmes rurales et des paysannes ne signifie par exemple pas seulement l’accès à la formation, au droit coutumier et au droit de succession, à la propriété foncière, aux marchés, aux crédits (et pas seulement aux


CSW56: position des paysannes et des femmes rurales dans le monde – évolution et enjeux | Eclairage

Délégation suisse CSW56

La Suisse membre de l’ONU

Sylvie Durrer (BFEG, direction de la délégation) Christine Löw (mission New York, vice-direction de la délégation) Christine Schneeberger (SG DFAE, coordination) Annemarie Sancar (DFAE, DDC) Ruth Rossier (DFE, OFAG/ART) Brigitte Schnegg (experte externe, IZGF) Christine Bühler (USPF) Marigona Isufi (représentante de la jeunesse)

En 2002, la Suisse est devenue le 190e Etat-membre de l’Organisation des Nations-Unies (ONU). Depuis dix ans exactement, elle joue activement de sa carte de membre pour représenter ses intérêts et convictions. La Suisse siège à l’ONU à Genève et à New York. Elle est reconnue comme un partenaire solidaire, ferme et porteur d’initiatives par la communauté internationale. Elle a imposé des priorités dans les domaines de la paix et de la sécurité, des droits de l’homme, du développement ­ ­durable et des questions budgétaires et administratives. Pour la première fois, la Suisse a été élue comme membre ayant le droit de vote dans la CSW pour la ­période de 2013 à 2016.

micro-crédits), aux moyens de technologie et de communication modernes et aux énergies renouvelables, mais aussi l’abolition des mutilations génitales, des mariages forcés de jeunes filles mineures et la réduction de la mortalité maternelle.

tique, l’absence de ressources personnelles et financières, les difficultés récurrentes dans l’accès à la justice, le manque de données statistiques et la persistance de rôles stéréotypés prédéfinis font partie des principaux obstacles cités dans la lutte contre la discrimination des femmes et le respect de l’égalité des sexes. La Suisse considère l’agriculture nationale et internationale comme très importante. Dans le secteur agricole suisse, les femmes représentent environ un tiers de la population active. Même si les femmes sont en général 

Application de l’égalité des sexes dans les pays En séance plénière, les différents Etats ont fait le bilan de l’application de l’égalité des sexes dans le contexte national et international. Le manque de volonté poli-

Figure 2 | Cérémonie d'ouverture de la CSW56 dans la salle plénière de l'ONU. (Photo: Ruth Rossier, ART)

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Eclairage | CSW56: position des paysannes et des femmes rurales dans le monde – évolution et enjeux

mieux placées en Suisse que beaucoup de femmes sur les autres continents, elles n’en sont pas moins défavorisées, sur le plan de la succession par exemple. Seul un petit nombre de femmes dirigent une exploitation agricole de manière indépendante. De plus, le travail des femmes lorsqu’elles participent aux tâches agricoles en qualité de membres de la famille n’est pas suffisamment reconnu socialement et indemnisé financièrement, ce dont témoigne l’insuffisance de leur couverture sociale. En Suisse, on ne dispose pas de statistiques actuelles sur la situation des femmes dans l’agriculture. C’est pourquoi un nouveau relevé sera effectué en 2012 et publié à l’automne dans le cadre du Rapport agricole 2012 (OFAG / Agroscope). Les paysannes suisses doivent en outre de plus en plus souvent assumer trois fonctions: le travail dans l’exploitation, la charge du ménage et une activité professionnelle extra-agricole. Renforcer la position des paysannes et des femmes rurales La session avait pour but de rédiger des conclusions concertées communes, dites Agreed Conclusions, sur le renforcement de la position des paysannes et des femmes rurales. Les divergences étonnamment profondes sur ce que l’égalité des sexes signifie dans les différents pays, étaient cependant frappantes. La délégation suisse, et des Etats comme l’UE, la Turquie, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Norvège, etc. qui partageaient son avis, ont défendu la notion de parité hommes-femmes née d’un consensus au fil des ans. Des Etats comme l’Iran, le Pakistan, l’Egypte (cachée dans le groupe africain), la Russie et le Saint-Siège ont lutté contre les normes existantes d’une manière à la fois systématique et étonnamment véhémente. La Suisse et les Etats partageant les mêmes idées étaient en faveur du maintien des normes acquises sur l’égalité des sexes et contre un affaiblissement de la «terminologie convenue» dans les précédents traités (p. ex. Peking Plan of Action, CEDAW, précédentes conclusions concertées de la CSW, résolutions). En général, les Etats con­ servateurs luttent contre la notion de parité hommesfemmes acquise par consensus au fil des ans. Pour la Suisse, il était également important lors des négociations d’introduire le sujet de l’accaparement des terres (Land Grabbing), de l’agriculture durable et respectueuse de l’environnement, de la sécurité des denrées alimentaires et de l’alimentation. En dépit d’une prolongation de la session de la CSW, il n’a pas été possible d’aboutir à un document final commun. Les Etats du Nord se sont montrés profondément déçus et ont regretté l’échec des négociations. Ils ont manifesté leur préoccupation par rapport aux tendances négatives au détriment des droits des femmes. Le groupe africain a

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souligné une fois de plus que le terme de sexe ne signifiait selon lui que «masculin ou féminin» et excluait toute homosexualité ou intersexualité. Les Etats du Nord ont été accusés d’introduire des sujets qui n’avaient pas leur place dans les discussions de la CSW, comme les droits sexuels et reproductifs ou encore l’abolition de «pratiques traditionnelles dangereuses pour la santé». La prise de parole des Etats a illustré à quel point les positions des défenseuses des droits des femmes sont éloignées de celles des forces ultraconservatrices aujourd’hui. Une fois de plus, des pratiques traditionnelles et culturelles ont été systématiquement mises en avant pour justifier la discrimination des femmes et des fillettes et empêcher de faire progresser la cause première des droits de la femme. La prochaine session de la CSW, la 57e, sera consacrée au thème de la «violence contre les femmes et les fillettes», un sujet également extrêmement sensible. Egalité des chances pour les paysannes et les femmes rurales (panels 1 et 2) Des panels sur le sujet principal de la CSW ont montré que les décisions économiques, mais aussi les crises financières et alimentaires, se répercutaient sur l’égalité des chances des femmes rurales (paysannes, productrices, ouvrières et entrepreneuses). Dans l’ensemble, on a souligné l’importance de l’accès des femmes à la propriété, au capital, aux terres, au marché du travail et à la sécurité sociale, notamment dans les régions reculées où habitent la plupart des «femmes rurales» et où le risque de pauvreté et d’exclusion financière est grand. Pour appréhender la grande diversité des femmes, il est indispensable de disposer d’analyses de données spécifiques à chaque sexe ainsi que de plus d’informations sur le budget temps, le taux d’occupation, la propriété et le revenu des femmes. Le revenu agricole a tendance à perdre de l’importance, tandis que le revenu tiré des activités extra-agricoles en gagne. Les intervenants considèrent comme fondamentale la formation de capital humain des femmes rurales par l’éducation, la formation, la santé et la réduction du cumul des charges grâce à des prestations de service comme la garde des enfants en dehors de la famille. Les contributions des expertes et experts soulignent notamment l’importance de la mise à disposition de données statistiques et qualitatives. Il s’agit de supprimer tous les handicaps juridiques et d’encourager les réformes agricoles qui amènent des conditions de propriété plus respectueuses de l’égalité des sexes. Outre les mesures de soutien spécifiques aux paysannes et la promotion de l’agriculture durable et inté-


CSW56: position des paysannes et des femmes rurales dans le monde – évolution et enjeux | Eclairage

Figure 3 | Manifestation parallèle sur le thème de la budgétisation favorisant l'égalité des sexes à la mission s­ uisse de l'ONU. (Photo: Ruth Rossier, ART)

grée, des mesures de politique sociale sont requises pour améliorer les conditions de vie, notamment des paysannes qui vivent seules dans de petites fermes. «Manifestations parallèles» Budgétisation favorisant l’égalité des sexes (Gender-­ responsitive Budgeting GRB) L’experte autrichienne Vera Jauk a présenté l’introduction, la stratégie et l’application de la budgétisation favorisant l’égalité des sexes en Autriche à travers plusieurs exemples (économie, santé publique, transports publics, sport). L’experte suisse Annemarie Sancar, de la DDC, a parlé de l’expérience qu’elle avait de la «budgétisation soucieuse de l’égalité des sexes» dans la coopération suisse au développement, notamment dans l’agriculture (fig. 3). La GRB est un instrument central pour aboutir aux objectifs de la parité hommes-femmes. Le respect de l’égalité des sexes dans le budget et le processus budgétaire signifie que toutes les dépenses sont faites également sous l’aspect de l’égalité des sexes, et non qu’une part spécifique du budget est attribuée aux questions qui concernent les femmes. Depuis 2009, l’Autriche a adopté un article sur la «Budgétisation favorisant l’égalité des sexes» dans sa constitution, qui se réfère au budget de toute l’administration.

«Equality – the Nordic Way» Des personnalités appartenant aux ministères norvégiens, danois, suédois, finlandais et islandais ont participé à cet événement. Les Etats du Nord de l’Europe ont montré comment ils avaient appliqué une politique systématique et approfondie d’égalité des sexes qui avait servi à leur développement social et économique. Ils ont souligné que la parité hommes-femmes n’était pas un luxe réservé aux pays riches, mais au contraire un élément qui a contribué à la situation économique positive des pays nordiques aujourd’hui. Suivi en Suisse Le 16 octobre 2012, à l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, et sous l’égide de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), l’Institut agricole de Grangeneuve à Posieux, dans le canton de Fribourg, à accueilli une conférence nationale «les femmes dans l’agriculture suisse». n

Bibliographie ▪▪ http://www.un.org/womenwatch/daw/csw/csw56/general-discussions/ member-states/Switzerland.pdf ▪▪ http://www.un.org/womenwatch/daw/csw/56sess.htm ▪▪ http://www.ekf.admin.ch/aktuell/index.html?lang=fr

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E c l a i r a g e

Finlande: conférence internationale sur les ensilages Ueli Wyss, station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 1725 Posieux Renseignements: Ueli Wyss, e-mail: ueli.wyss@alp.admin.ch, tél. +41 26 407 72 14

Lors de la conférence, il y avait beaucoup de présentations de posters. Ceux-ci ont fait l’object ­ ’intenses discussions pendant les sessions de posters. d

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La XVIe Conférence internationale sur les ensilages a eu lieu du 2 au 4 juillet 2012 à Hämeenlinna en Finlande. Dans ce pays, la production d’ensilages a une longue tradition. C’est en effet en 1945 qu’A. I. Virtanen a obtenu le prix Nobel pour ses travaux dans ce domaine. A l’occasion de cette conférence, 320 personnes provenant de 40 pays ont débattu sur des thèmes actuels en matière d’ensilages. Au total, 35 conférences et 177 posters ont été présentés.

au cours des 30 dernières années, sur la production d’ensilages d’herbe et en particulier de légumineuses de bonne qualité de même que sur une complémentation adéquate des rations de base. Mais la recherche s’est aussi concentrée sur la consommation alimentaire des animaux et l’évaluation des fourrages. Au cours des dernières années, les chercheurs se sont également penchés sur les aspects environnementaux dans la production laitière et les influences sur la qualité des produits.

Priorités de la recherche en Finlande En raison de la courte période de végétation, la production d’ensilages joue un rôle important en Finlande. Aujourd’hui encore, 50 – 60 % des ensilages sont traités avec un agent chimique d’ensilages, 25 – 30 % avec des inoculants à base de bactéries lactiques et seulement 10 – 15 % sont exempts de traitements. Selon Huhtanen (Umeå, Suède), les chercheurs finlandais ont mis l’accent,

Du haylage pour les chevaux Selon Cecilla Müller (Uppsala, Suède), la tendance en Scandinavie depuis une quinzaine d’années en matière d’alimentation des chevaux est le remplacement total ou partiel du foin par le haylage. On entend par haylage des ensilages qui enregistrent des teneurs en MS situées entre 40 et 60 %. La qualité hygiénique de ce type de fourrage étant très importante, sa production, son

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Finlande: conférence internationale sur les ensilages | Eclairage

entreposage et sa distribution doivent être effectués de façon rigoureuse. En effet, au fur et à mesure de la croissance de la plante, la charge en germes augmente et la production d’un fourrage irréprochable du point de vue hygiénique et de bonne qualité devient plus difficile. La contamination par des levures et des moisissures peut être réduite par l’emploi d’un agent conservateur. Särkijärvi et al. (Jokioinen, Finlande) ont étudié l’influence de haylages traités et non traités sur la consommation de fourrage par les chevaux. Ils sont parvenus à réduire fortement l’infestation de levures en ajoutant des acides et à améliorer ainsi la stabilité aérobie du fourrage. Les chevaux ont préféré le fourrage traité, qui présentait une meilleure qualité hygiénique. Le nombre de couches plastiques influence aussi la qualité microbiologique des balles de haylage (Johansen et Müller, Stiordal, Norvège). Il a été possible de réduire la charge en germes en utilisant 12 couches au lieu de quatre. Microbiologie Muck (Wisconsin, USA) a montré que les méthodes microbiologiques de détermination des microorganismes ont été modifiées au cours des dernières années en raison de la découverte de nouvelles souches. Pour comprendre les processus dans les silos, mais aussi lors du prélèvement d’ensilages, il est important de disposer de connaissances exactes sur les différents microorganismes.

Alors que les chercheurs pensaient jusqu’à aujourd’hui que des teneurs élevées en acide acétique se répercutaient de façon négative sur la consommation de fourrage, il se pourrait bien qu’ils doivent revoir leur copie. En effet, d’autres substances, qui se forment lors du processus de fermentation et qui n’ont encore jamais été déterminées, pourraient être à l’origine de la mauvaise consommation par les animaux. Weiss et Auerbauch (Berlin, Allemagne) ont démontré que les ensilages qui présentaient des teneurs élevées en éthanol, en particulier en acétate d’éthyle et en lactate d’éthyle, sont peu appréciés des animaux. Certaines équipes de chercheurs japonais et chinois sont aussi très actives dans le domaine de la microbiologie, comme le montrent les travaux qu’ils ont présentés. Post-fermentations dans les ensilages L’échauffement des ensilages a aussi fait l’objet de diverses contributions lors de la conférence d’Hämeenlinna. Selon Wilkinson et Davis (Nottingham, UK), les facteurs-clé à l’origine des post-fermentations dans les ensilages sont l’influence de l’oxygène lors du prélèvement ou la quantité de prélèvement de l’ensilage de même que la charge en levures dans l’ensilage. Borreani et Tabacco (Turin, Italie) ont également démontré dans leurs études réalisées avec le concours d’une centaine d’exploitations agricoles que les quantités de prélève- 

Figure 1 | La bonne technologie pour le dosage des agents conservateurs est essentielle pour la réussite des ensilages.

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Eclairage | Finlande: conférence internationale sur les ensilages

ment sont un facteur déterminant dans l’échauffement. Même avec une gestion rigoureuse des ensilages, les exploitants sont régulièrement confrontés, dans les siloscouloirs, à des problèmes d’échauffement lorsqu’ils prélèvent moins de 0,5 m d’ensilage par semaine en hiver et moins de 0,8 m en été. Gerlach et al. (Bonn, Allemagne) ont étudié les modifications de la qualité bactériologique d’ensilages de maïs pendant huit jours après le prélèvement de même que la consommation d’ensilages par des chèvres. Ils ont démontré que plus la concentration de levures augmentait dans l’ensilage, moins les chèvres en consommaient. Etant donné qu’en cas de post-fermentation, les moisissures peuvent aisément se développer et former des mycotoxines, Novinski et al. (Paraná, Brésil) ont essayé à l’aide d’une caméra infrarouge d’établir un lien entre l’échauffement et la teneur en mycotoxines. Or, il s’est avéré que cette méthode ne convenait pas bien à la mesure de la teneur en mycotoxines. Utilisation de trèfle Selon Dewhurst (Dunsany, Irlande), diverses études montrent que les ensilages contenant du trèfle favorisent la consommation de fourrage et entraînent donc une augmentation de la production laitière. Par ailleurs, les chercheurs ont relevé dans le lait des teneurs plus élevées en acides gras polyinsaturés et des teneurs plus basses en azote dans l’urine. Il faudra cependant des études supplémentaires pour déterminer si les ensilages de trèfles peuvent contribuer à abaisser la concentration en méthane. Selon Scollan (Aberystwyth, Pays de Galle), les ensilages contenant du trèfle entraînent une meilleure digestibilité du fourrage et des gains de poids journaliers plus élevés. Sécurité des aliments pour animaux et des denrées alimentaires Les fabricants de denrées alimentaires sont responsables de la sécurité et de la qualité de leurs produits. Mais en ce qui concerne la matière première, à savoir le lait cru, l’agriculteur est aussi impliqué dans une large mesure. Selon Driehuis (Ede, Pays-Bas), les aliments pour animaux représentent une source importante à l’origine de contaminations chimiques et microbiologiques du lait. En plus des spores de bactéries butyriques, diverses spores de bacilles, des listérias et des mycotoxines jouent un rôle important. Les ruminants sont toutefois en mesure de dégrader certaines mycotoxines dans la panse. Seule l’aflatoxine B1 passe dans le lait lorsqu’elle se trouve en grande quantité (1 à 6 %). Pour déterminer les nutriments, on utilise de plus en plus souvent la détermination SPIR (spectrométrie

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proche infrarouge). Cette méthode permet non seulement d’analyser les échantillons de fourrage séchés, mais aussi les échantillons frais. Or, selon une étude de Davies et al. (Ceredigion, UK), qui ont analysé des échantillons provenant de 58 exploitations selon les deux méthodes, des différences existent entre la méthode classique (séché et analyse chimique) et la détermination SPIR, en particulier lors de la détermination de la matière azotée. Ces différences sont dues au fait que les échantillons frais sont beaucoup plus hétérogènes que les échantillons séchés et moulus.

Conclusions O’Kiely (Dublin, Irlande) a eu pour tâche de résumer la Conférence internationale sur les ensilages d’Hämeemlinna et de présenter les perspectives de développement futur. Mais celle-ci s’est avérée difficile, a-t-il constaté, «en raison de la diversité des thèmes et du nombre des contributions (plus de 200)». Toutefois, il a remarqué que certains travaux, notamment dans le domaine de la biologie moléculaire, et l’utilisation accrue d’ensilages dans les installations de biogaz, étaient des thèmes nouveaux. Il en va de même des méta-analyses, qui englobent les résultats de plusieurs études mis en valeur statistiquement, ou des travaux de détermination des fractions protéiniques dans les ensilages, qui représentent également de nouveaux domaines de recherche. «Ce qui est important, c’est que les chercheuses et chercheurs se fixent des objectifs réalisables», a-t-il ajouté. Les résultats des recherches doivent en fin de compte servir aux agriculteurs-trices et leur apporter des améliorations dans leur travail quotidien. Ils doivent pouvoir appliquer ces nouvelles connaissances de façon plus économique, conséquente, calculable et efficiente. Le chercheur ou la chercheuse doit donc clairement réfléchir aux bénéfices de ses recherches pour la pratique. Ces réflexions, A. I. Virtanen se les est aussi faites il y a plus de 60 ans et elles l’ont conduit à développer une méthode (méthode A.I.V.) qui a grandement contrin bué à la production d’ensilages.

Les comptes-rendus de la conférence «Proceedings of the XVI International Silage Conference Hämeenlinna, Finland, 2 – 4 July 2012» peuvent être téléchargés à partir du lien suivant: Accès: https://portal.mtt.fi/portal/page/portal/Artturi/artturi_web_service/xvi_ international_silage_conference/ISC2012_Proceedings_5July2012.pdf.


P o r t r a i t

Josy Taramarcaz, vulgarisateur engagé Dès son enfance à Fully, Josy Taramarcaz évolue au sein d’un réseau social dense lié à l’agriculture. Il seconde régulièrement ses parents qui tiennent une épicerie villageoise, gèrent la section régionale d’une caisse maladie et exploitent 1 ha de vigne. Il se confronte ainsi aux préoccupations des villageois et aux travaux de la vigne. Après un apprentissage d’employé de laboratoire, il travaille dans l’industrie agrochimique à l’optimisation des procédés de fabrication des produits phytosanitaires. Il en retiendra un goût pour la nouveauté et la recherche et un respect pour ces produits qui exigent des précautions élevées lors de leur manipulation. Il réoriente sa carrière en direction de l’agriculture et se forme à Châteauneuf où il rencontre un étudiant, architecte et anthroposophe, qui lui montre que d’autres voies sont possibles. C’est pour lui une révélation. Il rejoint alors la fondation Aigues Vertes (GE) où il gère en biodynamie une ferme avec intégration d’handicapés mentaux adultes. Au contact avec ces handicapés, Josy Taramarcaz, paysan et éducateur, expérimente que les points de vue peuvent être divers et que les critères d’appréciation ne sont pas universels. Tout en conservant son emploi à la fondation, il complète sa formation agronomique au Technicum de Zollikofen. Son diplôme en poche, il se tourne vers la vulgarisation, d’abord à la Chambre neuchâteloise d’agriculture, où en 1994 il initie le conseil en agriculture biologique pour les cantons de Neuchâtel, du Jura et du Jura bernois, puis au FiBL et ensuite chez Prométerre. Après des années de contact avec les agriculteurs et leurs questions, et fort d’une expérience très riche en production biologique qui s’installe progressivement, Josy Taramarcaz rejoint AGRIDEA en 2006 où il occupe le poste de coordinateur pour l’agriculture biologique. Parmi ses activités professionnelles, la gestion du domaine de Mapraz, cultivé en agriculture biologique sans bétail depuis 1999, mérite une attention particulière. Ce domaine est un vaste laboratoire d’expériences grandeur nature où de nombreuses techniques culturales et rotations peuvent être testées et leur effet à long terme étudié. Il réunit régulièrement les conseillers en agriculture biologique pour échanger leurs expériences au sein d’un groupe soudé dont le dynamisme a permis le développement de nombreux projets en lien avec la vulgarisation, la recherche et les organisations de producteurs.

Josy Taramarcaz s’engage avec conviction dans le milieu associatif, notamment en faveur de l’agriculture locale. Il a contribué activement au lancement de deux projets d’agriculture contractuelle de proximité à Neuchâtel. Côté hobbys, lorsqu’il lui reste du temps, il s’exerce au jardinage mais avant tout, Josy Taramarcaz est passionné de photographie. Il cultive l’art de mettre en lumière les côtés cachés des choses comme la beauté des taches de la rouille qu’il a âprement combattues autrefois. Philippe Droz, AGRIDEA, Lausanne

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A c t u a l i t é s

Actualités

ACW organise une rencontre inter­ nationale sur le colza en 2013 Un Symposium international sur le colza se tiendra du 28 avril au 1er mai 2013 à Changins, organisé par Agroscope Changins-Wädenswil sous le patronage de l’OFAG: les «Rencontres techniques du Groupe Consultatif International de Recherche sur le Colza (GCIRC)». Le GCIRC est une association qui offre aux scientifiques et techniciens suisses et du monde entier la possibilité d’échanger et de rester en contact étroit sur les derniers développements dans le domaine du colza et des crucifères. Pour les professionnels suisses, chercheurs, vulgarisateurs, enseignants et représentants du commerce, ce symposium est une occasion de contacts avec des collègues et leurs travaux en provenance du monde entier. Le programme est le suivant: Dimanche 28.04.13 ••Arrivée des délégués et cocktail de bienvenue Lundi 29.04.13 Sessions (présentations orales et posters) ••Aspects économiques ••Génétique et amélioration des plantes Souper officiel

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Mardi 30.04.13 Sessions (présentations orales et posters) ••Phytotechnie (protection des végétaux et agronomie) ••Analytique et utilisations du colza Assemblée générale du GCIRC Mercredi 1er mai 2013 ••Excursion professionnelle (visite d’essais au champ et unité de production de bio – diesel) ••Excursion touristique et culturelle Plus d’informations sont disponibles sous: http://www.agroscope.admin.ch/GCIRC Les inscriptions (sur invitation) sont enregistrées dès octobre 2012 jusqu’au 31.01.2013 Renseignements: didier.pellet@acw.admin.ch


A c t u a l i t é s

Surfaces* de plants de pommes de terre visitées et admises en Suisse 2012 Henri Gilliand et Brice Dupuis, Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon Theodor Ballmer, Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich

Surface admise

Surface inscrite (ha)

Surface refusée ou retirée (%)

Lady Christl

29,8

2,7

Agata

41,3

0,0

41,3

2,8

Annabelle

51,0

3,5

49,2

3,3

Variété

Total pour toutes les classes de certification (ha)

Répartition des surfaces par variété (%)

29,0

2,0

Amandine

41,4

0,0

41,4

2,8

Celtiane

5,6

0,0

5,6

0,4

Charlotte

181,8

0,0

181,7

12,3

Lady Felicia

49,2

4,7

46,9

3,2

Gourmandine

30,2

0,0

30,2

2,0

Bintje

22,8

0,0

22,8

1,5

Victoria

113,5

2,3

110,9

7,5

Ditta

47,0

0,0

47,0

3,2

Nicola

18,9

6,4

17,7

1,2

Désirée

35,9

0,0

35,9

2,4

Laura

18,6

7,5

17,2

1,2

Agria

437,2

4,3

418,3

28,2

Jelly

28,0

4,8

26,7

1,8

Challenger

14,2

0,0

14,2

1,0

Lady Claire

52,5

0,0

52,5

3,5

Innovator

89,3

0,1

89,2

6,0

Lady Rosetta

36,5

0,0

36,5

2,5

Pirol

21,5

0,0

21,5

1,4

Fontane

56,8

4,8

54,1

3,6

Hermes

11,1

0,0

11,1

0,8

Markies

59,6

21,3

46,9

3,2

Antina

8,2

0,0

8,2

0,6

Panda

22,4

13,7

19,4

1,3

Stella

2,9

0,0

2,9

0,2

5,1

0,0

5,1

0,3

2012

Bleue de St-Gall

1532,0

3,2

1483,0

100

2011

1538,1

2,2

1505,6

100

*Surfaces provisoires, sous réserve de changements dus à des refus aux analyses virologiques (ELISA).

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Actualités

Nouvelles publications

Concentrer le maïs d’ensilage, gain ­énergétique et gaspillage de biomasse

ALP actuel

Concentrer le maïs d’ensilage, gain énergétique et gaspillage de biomasse Fiche technique destinée à la pratique

nº 45 | 2012

Yves Arrigo Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras Tioleyre 4 CH-1725 Posieux yves.arrigo@alp.admin.ch Impressum Editeur: Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras www.agroscope.ch Rédaction: Gerhard Mangold, ALP Mise en page: RMG Design, Fribourg Impression: Tanner Druck AG, Langnau im Emmental Copyright: Reproduction autorisée sous condition d’indication de la source et de l’envoi d’une épreuve à l’éditeur. ISSN 1660-7627

Yves Arrigo, ALP

Auteur

Faire plus avec moins… une idée qui vise l’apport d’ensilage de maïs plus riche dans les rations des bovins. Cet enrichissement concerne principalement la valeur énergétique, en ne prélevant qu’une partie des plantes à la récolte. Gain énergétique contre pertes en matière sèche et nutriments, cet ALP actuel tente de mesurer les avantages et les inconvénients de cette pratique. Deux techniques offrent la possibilité de concentrer la teneur énergétique (NEL énergie nette lait ou NEV énergie nette viande) de l’ensilage de maïs : la première, plutôt réservée aux entreprises de travaux agricoles, requiert des machines spécialisées capables de ne récolter que les épis de certains rangs, laissant au sol le solde de la plante plus ou moins broyé pour en faire de l’humus. La deuxième technique consiste à élever la hauteur de coupe et laisser au champ les bases des tiges peu digestibles. Si l’ensilage offert aux animaux est plus éner-

gétique en abandonnant une partie de la récolte au champ, à quoi renonce-t-on effectivement ? Pour tenter d’y répondre cet ALP actuel présente: • La constitution de la plante de maïs • Les teneurs en nutriments des constituants et de la plante entière • La valeur nutritive d’ensilages issus de plantes entières ou concentrées • L’abandon de biomasse exprimé en lait et viande • L’incidence sur le rationnement des vaches laitières • L’incidence sur le rationnement de bovins à l’engraissement Les investigations qui suivent se basent sur une étude menée en 2008 et 2010 à Agroscope sur deux variétés de maïs (Amadeo et LG32.52) récoltées à trois stades de maturité différents.

ALP actuel n˚ 45 Faire plus avec moins… une idée qui vise l’apport d’ensilage de maïs plus riche dans les rations des bovins. Cet enrichissement concerne principalement la valeur énergétique, en ne prélevant qu’une partie des plantes à la récolte. Gain énergétique contre pertes en matière sèche et nutriments, cet ALP actuel tente de mesurer les avantages et les inconvénients de cette pratique. Deux techniques offrent la possibilité de concentrer la teneur énergétique (NEL énergie nette lait ou NEV énergie nette viande) de l’ensilage de maïs: la première, plutôt réservée aux entreprises de travaux agricoles, requiert des machines spécialisées capables de ne récolter que les épis de certains rangs, laissant au sol le solde de la plante plus ou moins broyé pour en faire de l’humus. La deuxième technique consiste à élever la hauteur de coupe et laisser au champ les bases des tiges peu digestibles. Si l’ensilage offert aux animaux est plus énergétique en abandonnant une partie de la récolte au champ, à quoi renonce-t-on effectivement? Pour tenter d’y répondre, cet ALP actuel présente: ••La constitution de la plante de maïs ••Les teneurs en nutriments des constituants et de la plante entière ••La valeur nutritive d’ensilages issus de plantes entières ou concentrées ••L’abandon de biomasse exprimé en lait et viande ••L’incidence sur le rationnement des vaches laitières ••L’incidence sur le rationnement de bovins à l’engraissement Les investigations qui suivent se basent sur une étude menée en 2008 et 2010 à Agroscope sur deux variétés de maïs (Amadeo et LG32.52) récoltées à trois stades de maturité différents. Yves Arrigo, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras

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Actualités

Internetlinks

Graswachstum auf denCoûts-machines ALP Versuchs­ betrieben in Posieux und 2012dem Biobetrieb «l’Abbaye» in Sorens Rapport ART 753

Coûts­machines 2012 Valable jusqu’en septembre 2013

Septembre 2012 Sommaire

01. Véhicules à moteur 8 02. Equipements supplémentaires pour vehicules à moteur 12 03. Chars et remorques 16 04. Travail du sol 16 05. Semis et entretien 20 06. Fumure et compostage 24 07. Récolte de céréales, colza et maïs 30 08. Récolte des pommes de terre, du tabac et des betteraves 32 09. Récolte des fourrages 34 10. Stockage, reprise et distribution du fourrage 38 11. Autres équipements de ferme 40 12. Travaux forestiers et engins de chantier 42 13. Arboriculture fruitière (Données se basent sur 8 ha) 44 14. Viticulture et Vinification (Pour vignerons-encaveurs avec 3–6 ha de vigne) 46 15. Cultures maraîchères (Données se basent sur 20 ha) 50

www.agroscope.ch > Praxis > Tierernährung > Weidemanagement > Graswachstum

ISSN 1661–7576

Evolution économique de l’agriculture suisse en 2011

Evolution économique de l’agriculture suisse en 2011

20.05. – 20.05.2010 AGFF-Waldhoftagung AGFF, Inforama, SHL, ALP, ART Inforama Waldhof, Langenthal (BE) Rapport principal n° 35 du Dépouillement centralisé des données comptables (série temporelle 2002–2011) Septembre 2012

Juni 2010 Dierk Schmid et Andreas Roesch, ART dierk.schmid@art.admin.ch, andreas.roesch@art.admin.ch

Impressum

Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d’abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch

Rapport ART no. 755

(Photos: Christian Gazzarin, ART).

ALP untersucht weidebetonte Produktionssysteme und gibt das erworbene Wissen den interessierten Kreisen weiter. Ab Vegetationsbeginn werden Angaben über das Graswachstum für den ALP-Versuchsbetrieb in Posieux und den Biobetrieb «l’Abbaye» in Sorens auf dem Internet zur Verfügung gestellt und regelmässig aktualisiert. Rapport ART 753 La présente compilation de données contient des bases et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des machines agricoles utilisées en commun. Les tarifs d’indemnisation ont un caractère purement indicatif. Ce sont des valeurs calculées qui permettent d’utiliser la machine en couvrant les coûts entre les exploitations agricoles, dans le cadre des hypothèses admises. Par V o r s c h alesu tarifs ne peuvent pas être comparés conséquent, directement à ceux des entreprises de travaux agricoles März 2012 / Heft 3 (www.agrartechnik.ch). Les rendements se réfèrent uniDas Walliser quement au temps de travail effectifSchwarznasenschaf au champ; par wird in der warmen Jahreszeit conséquent, les temps de panne, de préparation et de ­g esömmert. ACW hat auf einer trajet (sauf pour les véhicules ne sont pas Alpde imtransport) Oberwallis Versuche pris en compte. Les tarifs d’indemnisation mit Umtriebsweides’appliquent bei der Schaf ­s ömmerung durchgeführt. par séquence de travail. Les coûts de carburant sont Die Schafe compris. Pour le calcul des coûts dans der les Versuchsherde cas particuliers, gehörten den Rassen «Weisses les hypothèses doivent être adaptées à la situation ­A lpenschaf» und «Walliser concrète de l’exploitation. Dans la pratique,an. les tarifs Schwarznasenschaf» •d’indemnisation • Umtriebsweide bei der Schafsömmerung: effectivement en vigueur sont en Auswirkungen diede Vegetation, M. Meisser und de outre soumis à auf la loi l’offre et de la demande, C. Chatelain ACW plus ou moins des tarifs ART. sorte qu’ils divergent ••Bedroht der Gelbrost die Weizenproduktion in der Christian Gazzarin et MarkusetLips, Schweiz?, F. Mascher al. ART ACW ••Rekultivierungen im Vergleich mit natürlich gewachsenen Böden, M. Stettler et al. SHL und Geotechnisches Institut AG Bern ••Biolandbau: Warum nur wenige Ackerbaubetriebe umstellen, A. Ferjani ART ••Siliermittel: Testergebnisse 2009, U. Wyss ALP Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: ART

Mai 2010

Auteurs

Auteurs Christian Gazzarin et Markus Lips, ART christian.gazzarin@art.admin.ch

Veranstaltungen

La présente compilation de données con­ tient des bases et des valeurs indicatives pour l’indemnisation des machines agri­ coles utilisées en commun. Les tarifs d’in­ demnisation ont un caractère purement indicatif. Ce sont des valeurs calculées qui permettent d’utiliser la machine en cou­ vrant les coûts entre les exploitations agricoles, dans le cadre des hypothèses admises. Par conséquent, les tarifs ne peuvent pas être comparés directement à ceux des entreprises de travaux agricoles (www.agrartechnik.ch). Les rendements se réfèrent uniquement au temps de tra­ vail effectif au champ; par conséquent, les

temps de panne, de préparation et de tra­ jet (sauf pour les véhicules de transport) ne sont pas pris en compte. Les tarifs d’in­ demnisation s’appliquent par séquence de travail. Les coûts de carburant sont com­ pris.

Pour le calcul des coûts dans les cas parti­ culiers, les hypothèses doivent être adap­ tées à la situation concrète de l’exploita­ tion. Dans la pratique, les tarifs d’indemni­ sation effectivement en vigueur sont en outre soumis à la loi de l’offre et de la demande, de sorte qu’ils divergent plus ou moins des tarifs ART.

Impressum Edition: Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Tänikon, CH-8356 Ettenhausen, Traduction: Etel Keller, ART

2011 l’augmentation du revenu du travail est moins marquee en altitude.

En 2011, les revenus moyens ont considérablement augmenté par rapport à l’année précédente. Le revenu agricole des exploitations de référence se monte à 59 500 francs par exploitation, contre 55 200 francs l’année précédente, ce qui représente une augmentation de 7,8 %. Le revenu agricole rémunère, d’une part, 464 800 francs de fonds propres investis dans l’exploitation et d’autre part, le travail de 1,21 unités de main-d’œuvre familiale par exploitation. Le revenu du travail par unité de maind’œuvre familiale a augmenté de 11,1 % par rapport à 2010, passant ainsi de 39 100 francs à 43 500 francs. C’est la valeur la plus élevée de ces dix dernières années. L’augmentation du revenu du travail est moins marquée en altitude. Elle représente 14,9 % en région de plaine tandis qu’elle n’est que de 3,6 % en région de montagne. La variation du revenu du travail par rapport à l’année précédente dépend largement de

l’orientation de l’exploitation. Ainsi, les exploitations de grandes cultures sont parvenues à augmenter le revenu du travail par unité de main-d’œuvre familiale de 22 % par rapport à l’année précédente grâce une bonne année culturale, tandis que les exploitations de transformation, elles, ont enregistré une hausse d’à peine 1 % à cause de l’offre trop importante de porcs de boucherie. Le revenu extra-agricole a augmenté en moyenne de 430 francs (+ 1,6 %) pour atteindre 26 700 francs. Il représente donc environ 31 % du revenu total. Le revenu total par exploitation a augmenté de 4700 francs (+ 5,8 %) ce qui le porte à 86 200 francs.

03.06. – 05.06.2010 IGN-Tagung 2010: Internationale Gesellschaft für Nutztierhaltung Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen Les Rapports ART paraissent environ 20 fois par an. Abonnement annuel: Fr. 60.–. Commandes d‘abonnements et de numéros particuliers: ART, Bibliothèque, 8356 Ettenhausen T +41 (0)52 368 31 31 F +41 (0)52 365 11 90 doku@art.admin.ch Downloads: www.agroscope.ch ISSN 1661-7568

Des résultats détaillés portant sur l’ensemble de l’exploitation se trouvent dans les tableaux des pages 10 à 19.

06.06.2010 Breitenhoftagung 2010, Treffpunkt der SteinobstRapport brancheART 755 En 2011, lesChangins-Wädenswil revenus moyens ont considérablement Agroscope ACW Wädenswil augmenté par rapport à l’année précédente. Le revenu agricole des exploitations de référence se monte à 16.06. – 17.06.2010 59 500 francs par exploitation, contre 55 200 francs l’année Tänikoner Agrartechniktage précédente, ce qui représente une augmentation de Agroscope Reckenholz-Tänikon ART 7,8 %. Le revenu agricole rémunère, d’une part, 464 800 Tänikon, Ettenhausen francs de fonds propres investis dans l’exploitation et 18.06. – 20.06.2010 d’autre part, le travail de 1,21 unités de main-d’oeuvre Tage der offenen Tür 2010 Le revenu du travail par familiale par exploitation. Agroscope Changins-Wädenswil ACW unité de main d’oeuvre familiale a augmenté de 11,1 % Changins, Nyon par rapport à 2010, passant ainsi de 39 100 francs à 43 500 francs. C’est la valeur la plus élevée de ces dix August 2010 dernières années. L’augmentation du revenu du travail est moins marquée en altitude. Elle représente 14,9 % 12.08. – 12.08.2010 en région de plaine tandis qu’elle n’est que de 3,6 % en AGFF-Futterbautagung région montagne. La variation duSG, revenu AGFF, de Landwirtschaftliches Zentrum ART du travail par rapport à l’année Neu St. Johann (SG) précédente dépend largement de l’orientation de l’exploitation. Ainsi, les exploitations 13.08.2010 de grandes cultures sont parvenues à augmenter le Info-Tag Medizinal- und Gewürzkräuter revenu du travail par unité de main-d’oeuvre familiale Agroscope Changins-Wädenswil ACW, deForschungszentrum 22 % par rapport Conthey à l’année précédente grâce une bonne année culturale, tandis les exploitations de Bei Fam. Theiler, Hergiswil bei que Willisau transformation, elles, ont enregistré une hausse d’à peine 1 % à cause de l’offre trop importante de porcs de boucherie. Le revenu extra-agricole a augmenté en moyenne de 430 francs (+ 1,6 %) pour atteindre 26 700 francs. Il représente donc environ 31 % du revenu total. Le revenu total par exploitation a augmenté de 4700 francs (+ 5,8 %) ce qui le porte à 86 200 francs.

Informationen: Dierk Schmid et Andreas Roesch, ART

www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen

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Actualités

Indicateurs de biodiversité pour les ­systèmes d’agriculture européens ART-Schriftenreihe 17 | September 2012

Biodiversity Indicators for European Farming Systems

Cahiers d’ART 17 Le rapport résume les leçons tirées du projet de recherche EU FP7 BioBio (Indicateurs de biodiversité dans les systèmes d’agriculture biologique et à faible niveau d’intrants, KBBE-227161), réalisé entre 2009 et 2012. Il est destiné aux parties prenantes et aux utilisateurs potentiels des indicateurs instaurés à l’issue de ces recherches. Des informations complémentaires et tous les rapports publics du projet BioBio sont disponibles sur le site www. biobio-indicator.org.

A Guidebook Editors: Felix Herzog, Katalin Balázs, Peter Dennis, Jürgen Friedel, Ilse Geijzendorffer, Philippe Jeanneret, Max Kainz, Philippe Pointereau

APPRENDRE

Editeurs: Felix Herzog, Katalin Balázs, Peter Dennis, Jürgen Friedel, Ilse Geijzendorffer, Philippe Jeanneret, Max Kainz, Philippe Pointereau Agroscope Reckenholz-Tänikon ART

ÉCHANGER

Poster Stades phénologiques de la vigne Tout le cycle végétatif de la vigne en grand format: une décoration attractive et intéressante pour vos caves, carnotzets, salles de réunion etc. Français, allemand ou italien, 100 x 70 cm, CHF 30.- (port inclus) Tél. +41 79 659 48 31 | antoinette.dumartheray@acw.admin.ch

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Actualités

DÉTERMINER

GÉRER

Flore des vignes Ce petit livre de terrain présente les 33 plantes les plus fréquemment observées et leur impact (favorable, neutre ou indésirable) sur le vignoble. Le CD joint aborde la gestion écologique de cette flore. Français, allemand ou italien, 72 pages, CHF 50.Tél. +41 79 659 48 31 | antoinette.dumartheray@acw.admin.ch

SAVOURER

DÉCOUVRIR

Cépages Ce beau livre, unique en son genre, donne une description précise et richement illustrée des 57 principaux cépages cultivés en Suisse. Le glossaire en images qui l’accompagne permet de guider l’amateur et le professionnel dans la reconnaissance des caractères distinctifs. Français, allemand ou italien, 130 pages, CHF 57.Tél. +41 79 659 48 31 | antoinette.dumartheray@acw.admin.ch

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Actualités

M C oem d ime un nmi iqtut e é isl ud ne gperne s s e

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 08.11.2012 Bilan 2012 du ravageur Drosophila suzukii en Suisse

16.10.2012 Le safran de Mund passé au crible de la génétique

La drosophile du cerisier, ou drosophile à ailes tachetées (Drosophila suzukii), a été détectée pour la première fois en Suisse l’année passée. Le danger dû à ce ravageur est désormais avéré, menaçant le jardinier amateur comme le producteur professionnel. Cette année, l’information et la prévention ont débuté dès le début de la saison. Un réseau de surveillance a été mis en place au printemps et tous les cantons y ont participé activement. Le ravageur a été détecté dans tout le pays mais ses dégâts ont été moins importants qu’en 2011.

La culture du safran est une tradition de la commune de Mund (Haut-Valais) où cette plante est cultivée depuis le Moyen Âge. Comparée par analyse ADN à plus d’une dizaine d’autres populations provenant de huit pays, celle de Mund ne montre aucune différence génétique. Un cas rare de variabilité génétique a toutefois été mis en évidence pour une population du Maroc.

06.11.2012 La recherche au service de la production laitière Organisée le 31 octobre dernier à Grangeneuve, la Journée de recherche Profi-Lait a réuni plus de soixante experts pour débattre de l’état actuel de la recherche suisse en production laitière. Les chercheurs ont été expressément invités à trouver des solutions innovatrices pour faire face à la complexité croissante du marché du lait. Divers projets de recherche ont été présentés dans le cadre d’un marché de l’information. Au cours de quatre ateliers, les participant-e-s ont élaboré des questions portant sur la recherche et auxquelles il faut aujourd’hui répondre afin de relever les défis de demain.

29.10.2012 Soigner la vigne par la vigne? Afin de trouver des molécules novatrices permettant de garantir la protection de la vigne contre les principaux agresseurs fongiques, Agroscope a réussi à valoriser «les déchets» de la vigne en y découvrant des molécules fongicides puissantes permettant de stopper le développement de la pourriture grise, du mildiou et de l’oïdium. Cette recherche, financée par le regroupement de Neuf Premiers Grands Crus Bordelais, a permis le dépôt d’un brevet.

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05.10.2012 Agroscope, le CHUV et l’Université de Lausanne réunis pour mieux comprendre les interactions entre les aliments et l’organisme humain La station de recherche Agroscope, le Centre hospitalier universitaire vaudois, en particulier son Service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme, et l’Université de Lausanne, sa Faculté de biologie et de médecine notamment, ont signé un contrat-cadre de collaboration. Celui-ci confirme leur volonté d’accélérer la transition entre le laboratoire et le consommateur dans le domaine de la nutrition humaine.


Actualités

Liens internet

Manifestations

La recherche agronomique allemande en un coup d’œil www.fisaonline.de Fisaonline.de donne une vue d’ensemble de la recherche en sciences agronomiques et alimentaires allemande financée par des fonds publics. Les objectifs et thèmes de recherche du «Bund» et des différents «Länder» de même que la promotion de la recherche par les pouvoirs publics y sont également présentés. Le site est en allemand et en anglais.

Dans le prochain numéro

Novembre 2012 22. – 26.11.2012 Agroscope ART à Agrama 2012 Association suisse de la machine agricole ASMA Berne 29.11.2012 Pflanzenschutztagung Gemüsebau 2012 Agroscope Changins-Wädenswil ACW Wädenswil 30.11.2012 Pflanzenschutztagung Obstbau Agroscope Changins-Wädenswil ACW Wädenswil Janvier 2013

Janvier 2013 / Numéro 1 Le pâturage estival en montagne entretient le paysage unique des alpages, prévient le développement de buissons et contribue à préserver la biodiversité. Une expérience a été conduite par des chercheurs de l’ETH Zurich afin comparer deux systèmes de pâturage (tournant et permanent) en termes de performances d’engraissement et d’abattage, et de qualité de la viande d’agneaux d’alpage. (Photo: Christian Gazzarin, ART)

•• Influence du système de pâturage sur les performances d’engraissement et d’abattage et la qualité de la viande d’agneaux d’alpage, Helen Willems et al., ETH Zürich •• Ressources génétiques d’espèces fruitières: de la diversité pour l’avenir, Kaspar Hunziker et al., ACW •• La lutte contre la chrysomèle des racines du maïs est un succès à ce jour, Mario Bertossa et al., ACW •• Le procédé de fumure azotée CULTAN testé en conditions de culture suisses, Rene Flisch et al., ART •• Le flétrissement bactérien – une maladie mystérieuse des graminées fourragères, Roland Kölliker et al., ART •• L’efficacité de l’azote dans l’engraissement des porcs, Edith Sollberger et al., HAFL et ALP

24.01.2013 ART-Tagung: Bio-Landwirtschaft Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Zürich Février 2013 08.02.2013 Journée Agriculture 2013 Agroscope Changins-Wädenswil ACW Nyon Mars 2013 20. – 21.03.2013 4. Täniker Melktechniktagung Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Ettenhausen Avril 2013 25. April 2013 8. réunion annuelle du réseau de recherche équine en Suisse Haras national suisse HNS Avenches 28.04. – 01.05.2013 GCIRC technical meeting 2013 Agroscope Changins-Wädenswil ACW Nyon

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

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Vendredi 8 février 2013 (9h00 -16h15)

La qualité dans les grandes cultures : un défi pour la recherche Station de recherche Agroscope ACW - Changins Objectif de la journée

Montrer comment la variété, les techniques culturales et le climat peuvent influencer la qualité des récoltes de grandes cultures

Mettre en évidence les possibilités et les contraintes de la production pour obtenir une qualité qui réponde aux besoins des transformateurs et des consommateurs

Exposés + marché de l’information (posters)

Journée Agriculture à Changins

Inscription (jusqu’au 25 janvier 2013) et renseignements http://www.agroscope.admin.ch/journee-agriculture

ou

Agnès Welten Tél. 022 363 46 71 agnes.welten@acw.admin.ch

Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra

ProfiCrops Programmes de recherche Agroscope

Département fédéral de l'économie DFE Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW

The International Consultative Group of Research on Rapeseed, GCIRC, is interested in scientific and technical advances made in the production and uses of oilseed rape and cruciferous crops. Participants to the technical meeting will be informed about the last progresses in the fields of economy, genetics/breeding, phytotechnics, analysis and uses of rapeseed, with oral presentations and poster papers.

with the support of : April 28th – May 1st Nyon / Switzerland

Will be held under the patronage of the Federal Office for Agriculture, FOAG

Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra

Federal Department of Economic Affairs FDEA Agroscope Changins-Wädenswil Research Station ACW

Information : www.agroscope.admin.ch/GCIRC


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