Afs 05 13 f

Page 1

Recherche Agronomique Suisse 2 0 1 3

|

N u m é r o

5

Agroscope | OFAG | HAFL | AGRIDEA | ETH Zürich

M a i

Production animale Analyse de cycle de vie de la production laitière au pâturage et à l'étable Page 230 Production végétale Lutte sans cuivre contre le mildiou de la pomme de terre en culture biologique? Page 238 Eclairage

L'agriculture suisse toujours plus ­gourmande en énergie Page 244


Des chercheurs d’Agroscope p ­ résentent l­ ’indicateur environnemental «Consommation énergétique de l’agriculture». Celui-ci fournit des chiffres qui pemettent de représenter et d’évaluer aussi bien la situation actuelle que les t­ endances d’évolution de la consommation énergétique dans l’agriculture. (Photo: Gabriela Brändle, ART)

Impressum Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées. Editeur Agroscope Partenaires bA groscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW; ­ Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ­A LP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART), www.agroscope.ch b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berne, www.blw.ch b Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofen, www.hafl.ch b Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau, www.agridea.ch b E cole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich, Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement, www.usys.ethz.ch Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch

Sommaire Mai 2013 | Numéro 5 215 Editorial 216

Abonnements Tarifs Revue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris (étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–* * Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch Adresse Nicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Changement d'adresse e-mail: verkauf.zivil@bbl.admin.ch, Fax +41 31 325 50 58 Internet www.rechercheagronomiquesuisse.ch www.agrarforschungschweiz.ch ISSN infos ISSN 1663 – 7917 (imprimé) ISSN 1663 – 7925 (en ligne) Titre: Recherche Agronomique Suisse Titre abrégé: Rech. Agron. Suisse © Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.

Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS

Détention d’animaux de rente à l’alpage – un aperçu de la littérature Sabrina Imfeld-Mueller

Production animale – Série AlpFutur Intensité de pâture et services 222

écosystémiques dans les alpages Manuel K. Schneider, Hermel Homburger, ­Michael Scherer-Lorenzen et Andreas Lüscher Production animale Analyse de cycle de vie de la production 230

laitière au pâturage et à l'étable Michael Sutter, Thomas Nemecek et ­ Peter Thomet 238

Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.ch Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Esther Weiss (AGRIDEA), Brigitte Dorn (ETH Zürich)

Production animale – Série AlpFutur

Production végétale L utte sans cuivre contre le mildiou de la

pomme de terre en culture biologique? Heinz Krebs, Tomke Musa, Susanne ­ ogel­gsang et Hans-Rudolf Forrer V Eclairage L'agriculture suisse toujours plus 244

­gourmande en énergie Annett Latsch, Thomas Anken et Franziska Hasselmann 248 Portrait 249

Actualités

251

Manifestations

Listes variétales Liste recommandée des variétés de colza Encart

d’automne pour la récolte 2014 Didier Pellet et Jürg Hiltbrunner Fiche technique Variété de pomme de terre Alexandra Encart


Editorial

Avenir des alpages – pratique et recherche, quel partenariat? Chère lectrice, cher lecteur,

Kim Anh Joly et Pierre Praz, ­AGRIDEA

Cette année, la revue Recherche Agronomique Suisse publie régulièrement des articles au sujet du projet intégré Alpfutur. La diffusion et la mise en valeur des résultats des projets partiels, nombreux et variés, sont cruciales pour ouvrir des perspectives pour l’exploitation des alpages suisses à court et moyen terme. Ces résultats arrivent en même temps que les réformes de la politique agricole, qui prévoient de nouvelles mesures pour les zones d’estivage. Dès lors se pose la question: comment faire bénéficier le monde des alpages et ses acteurs des résultats d’Alpfutur dans un contexte en pleine évolution? Pour tenter d’y répondre, le projet Systalp a développé une démarche qui sera appliquée dans certaines régions d’étude. L’objectif de cette démarche est d’assurer le transfert des résultats, tout en aidant les acteurs des alpages à intégrer les informations pertinentes dans leur stratégie de gestion de leur alpage. Une démarche participative La démarche proposée réunira les alpagistes et autres acteurs de la vulgarisation agricole autour d’une table, afin de discuter de leur situation, analyser l’évolution du contexte, inventorier les difficultés, définir les enjeux actuels et futurs, pour finalement déboucher sur une vision partagée pour les alpages de la région. Une deuxième phase consistera à évaluer les besoins d’action pour saisir les opportunités et faire face aux enjeux, tant au niveau régional qu’individuel, pour les alpagistes intéressés. La recherche de solutions pour satisfaire les besoins déterminés interviendra lors de la troisième phase de ce projet. A cette occasion, les résultats pertinents d’Alpfutur seront présentés et discutés dans les régions. Il pourra s’agir aussi bien de résultats bruts que d’outils ou de bons exemples. La discussion portera sur l’utilité des résultats présentés, sur les possibilités et les limites de leur intégration dans la gestion de l’alpage, sur le lien avec la pratique des acteurs concernés. Les débats permettront de tirer des leçons pour une diffusion à plus large échelle des résultats dans le monde de la vulgarisation et de la formation. Les enseignements tirés des expériences dans les régions d’étude se poursuivront par l’accompagnement de quelques initiatives dans la mise en œuvre de solutions dans la pratique. Lors de cette dernière phase, des objectifs seront définis, individuellement ou en groupes, et des solutions adaptées planifiées. S’ils le souhaitent, les acteurs locaux seront soutenus pour la détermination d’actions concrètes, d’idées et de mesures, voire du suivi de leur réalisation. Cette expérience permettra un suivi de la mise en œuvre des résultats de la recherche, en même temps que le rassemblement de tous les acteurs autour d’une même table. Outre l’évaluation du transfert de la recherche à la pratique, ce projet permettra de mesurer l’intérêt d’une démarche participative pour faciliter le dialogue entre recherche, vulgarisation et alpagistes.

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 215, 2013

215


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Serie AlpFUTUR Série

Détention d’animaux de rente à l’alpage – un aperçu de la littérature Sabrina Imfeld-Mueller1,2 ETH Zurich, Institut für Agrarwissenschaften, 8092 Zurich, Suisse 2 Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL, 8903 Birmensdorf, Suisse Renseignements: Stefan Lauber, e-mail: stefan.lauber@wsl.ch, tél. +41 44 739 24 83 1

Diversité de races à l'alpage de Mem, San Vittore (GR). (Photo: Stefan Lauber, WSL)

Introduction Les pâturages d’estivage en Suisse accueillent chaque année près de 800 000 animaux. Comme il manque des animaux au niveau local et comme la répartition des animaux sur les pâturages n’est pas toujours optimale, cela conduit à des signes de surexploitation ou de sousexploitation (Lauber et al. 2013). Cela engendre une

216

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 216–221, 2013

modification de la composition botanique et de la structure végétale. Tandis que les prescriptions d’exploitation de l’Ordonnance sur les contributions d’estivage aident à prévenir la surexploitation, d’autres approches sont nécessaires pour juguler la progression de l’embroussaillement et du reboisement. C’est la raison pour laquelle un aperçu détaillé de la littérature portant sur l’état des connaissances relatives


Détention d’animaux de rente à l’alpage – un aperçu de la littérature | Production animale

Production laitière, besoins en énergie et stress Durant l’estivage, les vaches laitières ont des besoins en énergie plus élevés que ceux des animaux qui ne sont pas estivés (Zemp 1985; Christen 1992). Cela se traduit par une baisse de la production laitière (Christen 1996), une perte de poids et par la mobilisation des réserves de graisse. Les essais menés pour tenter de compenser le déficit énergétique des vaches estivées se sont avérés peu concluants (Berry 2000): un kg d’aliment concentré remplaçait entre 1,4 et 2,6 kg de matière sèche d’herbe. Il n’y avait ainsi finalement pas d’augmentation d‘absorption d’énergie, malgré la distribution d’aliment concentré. La baisse de la production laitière dépend toutefois du potentiel de production laitière des vaches (Zemp 1985): plus le potentiel de production laitière est élevé, plus l’impact de l’estivage est marqué. Les vaches à fort potentiel ont malgré tout produit encore plus que les animaux ayant un faible potentiel de production laitière; on peut en déduire que les vaches ayant un niveau de production laitière élevé ont en principe également la capacité de s’adapter à l’estivage. Kreuzer et al. (1998) ont mis en évidence une élévation très marquée des valeurs de cortisol, de glucose et d’acides gras non estérifiés dans le sang des vaches laitières durant le transport à l’alpage. Mais ces valeurs redescendent en un à trois jours aux valeurs de départ. Dans une deuxième expérience, Kreuzer et al. (1998) ont trouvé une élévation significative des valeurs de cortisol sanguin encore après huit semaines à 2000 m d’altitude. Cela indépendamment du fait qu’il s’agisse de vaches gardées au pâturage ou à l’étable à cette altitude. Les vaches détenues à l’étable n’ont apparemment pas profité des conditions climatiques plus favorables et des efforts physiques moindres. Les auteurs des études sont arrivés à la conclusion que les modifications métaboliques sont surtout une réponse aux exigences plus élevées en matière d’énergie. En particulier au début de la lactation, les vaches réagissent au transport et à l’altitude en présentant des modifications marquées. Leiber et al. (2004) recommandent d’améliorer la qualité du

Résumé

à la détention d’animaux de rente à l’alpage a été établi dans le cadre du sous-projet AlpFUTUR 23 «Animaux de rente» (Imfeld-Müller 2013). Cet article se concentre sur trois aspects de cette analyse de la littérature: l’impact de l’estivage sur les animaux, l’aptitude des animaux à l’estivage et enfin les alternatives choisies à l’estivage du bétail laitier. Pour les espèces animales de niche, comme par exemple les buffles d’eau, les lamas ou les yacks, et pour d’autres aspects de la détention d’animaux de rente qui ne sont pas traités ici pour des raisons de place, se référer à Imfeld-Müller (2013).

Cet article met en lumière trois aspects d’une analyse détaillée de la littérature sur la détention d’animaux de rente à l’alpage: les impacts de l’estivage sur les animaux, l’aptitude des animaux à l’estivage et les alternatives à l’estivage du bétail laitier. Chez les vaches laitières, les conditions rencontrées sur les pâturages d’alpage conduisent à un déficit en énergie qui provoque en premier lieu une baisse de la production laitière. Chez le jeune bétail et le bétail d’engraissement, une croissance compensatoire après l’estivage est le plus souvent constatée. En outre, chez les génisses d’élevage, une production laitière plus élevée en première lactation a été démontrée. L’estivage des vaches-mères constitue une alternative possible à celui du bétail laitier. Le choix d’une race adaptée à l’endroit joue ici un rôle décisif. Dans le secteur des systèmes de pâturages mixtes, et chez les races adaptées aux conditions locales, il y a encore un potentiel d’amélioration de l’utilisation des pâturages d’alpage. Mais il manque à ce jour des études ciblées à ce sujet.

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 216–221, 2013

217


Production animale | Détention d’animaux de rente à l’alpage – un aperçu de la littérature

Figure 1 | Moutons Nez Noir du Valais à l'alpage de Lenges, Oberwald (Obergoms). (Photo: Stefan Lauber, WSL)

fourrage sur les pâturages d’alpage pour limiter le plus possible la baisse des quantités de lait. Santé des animaux Il y a beaucoup de controverses quant au fait de savoir dans quelle mesure le déficit en énergie et les adaptations métaboliques ont un impact négatif sur les performances de reproduction. Comparé à d’autres systèmes de gestion des sorties, l’estivage semble conduire à un intervalle plus court entre les vêlages (Köll 2004). Le nombre de vêlages ainsi que la durée globale d’utilisation n’ont pas été influencés de manière significative par la gestion des sorties ou par l’estivage. Lotthammer (1999) considère que l‘impact positif sur la fécondité et la santé des bovins est dû aux conditions climatiques à l’alpage et aux stimuli environnementaux naturels. Mais si le bilan énergétique est trop négatif, cela peut influencer négativement la fécondité et ainsi les performances zootechniques des vaches laitières (Buckley et al. 2003). En ce qui concerne la santé des animaux, d’autres risques sont à considérer en mettant ensemble à l’alpage des animaux provenant de différentes exploitations: il peut y avoir des transmissions de maladies (comme prouvé

218

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 216–221, 2013

par exemple pour l’épizootie diarrhée virale bovine BVD, Braun et al. 1999) ou des problèmes de santé de la mamelle. L’estivage augmente de manière significative le risque de mammite subclinique, c’est-à-dire une légère inflammation de la mamelle (Busato et al. 2000). Ce phénomène s’explique par les différents facteurs de stress dus à l’estivage qui agissent sur les animaux; ces derniers sont d’une part plus fortement sollicités au niveau physique dans les terrains en pente, et d’autre part confrontés à des modifications du déroulement de la traite et de la composition du troupeau ainsi qu’à des étables qui ne sont souvent pas idéales sur la plan sanitaire. C’est pourquoi les meilleures vaches laitières ne sont parfois pas du tout mises à l’alpage pour éviter les problèmes. D’après Walkenhorst et al. (2005), le nombre de cellules est influencé durant la période passée à l’alpage par le nombre de cellules en plaine, le nombre de lactations et le stade de lactation. Aucune nouvelle infection par des germes pathogènes n’a été constatée durant la période passée à l’alpage. Un trayeur inexpérimenté peut déclencher tellement de stress chez les vaches que cela peut provoquer des mammites (Sulzer et al. 2007).


Détention d’animaux de rente à l’alpage – un aperçu de la littérature | Production animale

Vaches-mères comme alternative aux vaches laitières Le nombre de vaches-mères estivées n’augmente pas assez vite pour compenser l’érosion de l’estivage des vaches laitières. Mais des sondages permettent de conclure que durant les années à venir, il faudra compter avec d’autres reconversions aux vaches-mères (von Felten et al. 2012). Vu la diversité des races rencontrées désormais, la question se pose de savoir avec laquelle il faut travailler. Dans un système traditionnel, plutôt extensif, les races locales peuvent être plus appropriées de par leur adaptation aux conditions naturelles, et leur garde peut donc s’avérer rentable (Rook et al. 2004). L’avantage des anciennes races réside avant tout dans les frais vétérinaires moindres auxquels on peut s’attendre, à la reproduction le plus souvent sans problème, ainsi qu’aux économies sur les aliments complémentaires. Mais une expérience faite avec des vaches des races Galloway et Hinterwälder (Elsaesser et Goyert 2009) a montré que lorsque les conditions changent, les races locales ne sont pas forcément les plus appropriées pour maintenir la qualité des surfaces pâturées: ainsi, les vaches Galloway mangeaient les colchiques toxiques qui sont en augmentation sur de nombreux pâturages (Colchicum autumnale), tandis que les vaches Hinterwälder les dédaignaient. Les vaches Galloway n‘ont toutefois montré aucun signe d‘intoxication. La Simmental, une race à deux fins, et l’Angus, une pure race à viande, sont des races de vaches-mères bien répandues. Les vaches de ces deux races et leurs veaux (tous de taureaux Angus) ont été comparées au cours d’une étude menée par Tschümperlin et al. (2000). Avec l’estivage, aucune des deux races n’a atteint un degré de finition optimal à l’âge de dix mois. Même sur les pâturages d’alpage avec une qualité de fourrage moindre, les vaches-mères de la robuste race écossaise Highland peuvent ingérer suffisamment de nutriments non seulement pour maintenir leur poids, mais même pour l’augmenter (Berry et al. 2002). Cette race ne peut en revanche pas valoriser de manière optimale une qualité de fourrage plus élevée. Engraissement et élevage de bétail bovin Lorsqu’on met des animaux d’engraissement et d’élevage à l’alpage, il est important d’assurer qu’une perte de poids n’ait pas de conséquences négatives durables. De nombreuses expériences ont confirmé qu’après une période d‘affouragement restrictif, il y avait une croissance compensatoire si l’offre en nourriture était suffisante (Read et Tudor 2004). La compensation de la perte de poids ou du ralentissement de l’accroissement dépend toutefois de la durée et du degré de restriction, ainsi que de l’âge, du sexe, de la race, du potentiel de

performances et de la condition physique de l’animal (Carstens 1995). Chez les bovins, une alimentation extensive durant l’élevage, telle que l’estivage la garantit, peut avoir un impact positif sur la production laitière durant la première lactation (Michel 1988). L’engraissement extensif de bœufs avec mise à l’alpage dans la deuxième année de vie peut constituer une alternative rentable à l’estivage de bétail laitier (Chassot et Troxler 2006). Chassot et Troxler (2006) ont toutefois estimé qu’une finition en plaine était recommandée. Quatre semaines de finition suffisent déjà pour obtenir une couverture optimale en graisse, ainsi qu’une amélioration de la charnure, du rendement d’abattage et du poids mort. Pâturages mixtes: instrumentaliser le comportement L’impact de l’utilisation d‘un pâturage sur la végétation varie en fonction de l’espèce et de la catégorie animale estivée, car le piétinement, la digestion, la manière de brouter et le comportement de prise de nourriture diffèrent (Schneider et al. 2013). Le bétail bovin broute de manière relativement non sélective et arrache le fourrage relativement haut avec la langue (Schmid 2003). Contrairement aux bovins, les moutons broutent l’herbe à ras et peuvent manger de manière plus sélective, ce qui peut conduire à une diminution de la biodiversité. Tout comme les moutons, les chèvres broutent de manière très sélective. Les moutons préfèrent le plus souvent les secteurs du pâturage situés en hauteur (fig.1), tandis que les chèvres se tiennent surtout dans les secteurs situés plus bas qui comportent des arbustes et des buissons (Leiber et al. 2009). Les chevaux mangent de grandes quantités de plantes de moindre qualité nutritionnelle (Fleurence et al. 2007). Ils utilisent en outre les surfaces de pâturage de manière très hétérogène, ce qui peut permettre la coexistence de nombreuses espèces végétales et animales. Ils broutent en mordant bien plus bas que les bovins (Rook et al. 2004). On peut tirer parti des différences de comportement alimentaire des différentes espèces animales dans les systèmes de pâturages mixtes (pacage en commun de différentes catégories ou espèces animales), de sorte à atteindre une meilleure utilisation des surfaces de pâturage (Loucougaray et al. 2004). Ce système est pratiqué avec succès avec les chèvres et le bétail laitier ainsi qu’avec les chevaux et les bovins. Les systèmes de pâturages mixtes offrent vraisemblablement un potentiel encore inexploité – également en intégrant des espèces animales plus exotiques – pour mieux utiliser les surfaces de pâturage, en devant toutefois encore combler des  lacunes de connaissances à ce sujet.

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 216–221, 2013

219


Production animale | Détention d’animaux de rente à l’alpage – un aperçu de la littérature

Conclusions A ce jour, l’impact de l’estivage sur l’animal a été bien étudié surtout dans le secteur du bétail laitier. Avec la grande diversité de races de vaches-mères, il est pour l’instant difficile de se prononcer sur l’impact sur l’animal et sur l’environnement, car il existe encore relativement peu de résultats de recherches à ce sujet en Suisse. Dans les secteurs concernant les systèmes de pâturages mixtes et les races adaptées au niveau local, il reste encore du potentiel pour une meilleure utilisation des pâturages d’alpage. Mais il manque des études ciblées à ce sujet. n

www.alpfutur.ch

Bibliographie ▪▪ Berry N. R., 2000. Production efficiency and nutrient cycling of Brown Swiss dairy and Scottish Highland sucklers on high altitude pastures under varied feeding conditions. Dissertation ETH Zurich. ▪▪ Berry N. R., Jewell P. L., Sutter F., Edwards P. J. & Kreuzer M., 2002. Selection, intake and excretion of nutrients by Scottish Highland suckler beef cows and calves, and Brown Swiss dairy cows in contrasting Alpine grazing systems. Journal of Agricultural Science 139, 437 – 453. ▪▪ Braun U., Schonmann M., Ehrensperger F., Hilbe M. & Strasser M., 1999. Intrauterine infection with bovine virus diarrhoea virus on Alpine communal pastures in Switzerland. Journal of Veterinary Medicine Series a – Physiology Pathology Clinical Medicine 46 (1), 13 – 17. ▪▪ Buckley F., O’Sullivan K., Mee J. F., Evans R. D. & Dillon P., 2003. Rela­ tionships among milk yield, body condition, cow weight, and reproduction in spring-calved Holstein-Friesians. Journal of Dairy Science 86 (7), 2308 – 2319. ▪▪ Busato A., Trachsel P., Schallibaum M. & Blum J. W., 2000. Udder health and risk factors for subclinical mastitis in organic dairy farms in Switzerland. Preventive Veterinary Medicine 44 (3 – 4), 205 – 220. ▪▪ Carstens G. E., 1995. Compensatory growth in beef cattle. Symposium: Intake by Feedlot Cattle, 70 – 84. ▪▪ Chassot A. & Troxler J., 2006. Extensive Ochsenmast mit Alpung. Agrarforschung 13 (9), 374 – 379. ▪▪ Christen R. E., 1992. Die Adaptation von Hochleistungskühen an die ­A lpung. Dissertation, ETH Zurich. ▪▪ Christen R. E., Kunz P. L., Langhans W., Leuenberger H., Sutter F. & Kreuzer M., 1996. Productivity, requirements and efficiency of feed and nitrogen utilization of grass-fed early lactating cows exposed to high Alpine condi-

220

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 216–221, 2013

tions. Journal of Animal Physiology and Animal Nutrition – Zeitschrift für Tierphysiologie, Tierernährung und Futtermittelkunde 76 (1), 22 – 35. ▪▪ Elsaesser M. & Goyert C., 2009. Differences in feed intake of Galloway and Hinterwaelder suckler cows in pastures with Colchicum autumnale. Vorgestellt an der Konferenz «Integrated research for the sustainability of mountain pastures», Les Diablerets, Suisse. ▪▪ Fleurance G., Dumont B., Farruggia A. & Mesléard F., 2007. Impact du pâturage équin sur la diversité biologique des prairies. In: 33 èmes Journées de la Recherche Equine, Paris, 245 – 258. ▪▪ Imfeld-Müller S., 2013. Alpwirtschaftliche Nutztierhaltung. Literatur­ übersicht. Schlussbericht zu AlpFUTUR-Teilprojekt 23 «Nutztiere». ETH, Zurich. 49 p. Accès: www.alpfutur.ch/publications.php?l=2. ▪▪ Köll S., 2004. Auswirkung von Haltungssystem und Wirtschaftsweise auf Milchleistung und funktionale Merkmale bei Fleckvieh und Braunvieh in Tirol. Diplomarbeit, Universität für Bodenkultur Wien. ▪▪ Kreuzer M., Langhans W., Sutter F., Christen R. E., Leuenberger H. & Kunz P. L., 1998. Metabolic response of early-lactating cows exposed to transport and high altitude grazing conditions. Animal Science 67, 237 – 248. ▪▪ Lauber S., Schüpbach B., & Koch B., 2013. Diversité spécifique en zone d‘estivage. Hotspot 27, 14 – 16. ▪▪ Leiber F., Kreuzer M., Jorg B., Leuenberger H. & Wettstein H. R., 2004. Contribution of altitude and Alpine origin of forage to the influence of Alpine sojourn of cows on intake, nitrogen conversion, metabolic stress and milk synthesis. Animal Science 78, 451 – 466. ▪▪ Leiber F., Kaulfers C., Schmid S., Kreuzer M. & Liesegang A., 2009. ­D ifferences in spatial grazing behaviour of sheep and goats in a heterogeneous high alpine environment. Vorgestellt an der Konferenz «Integrated research for the sustainability of mountain pastures», Les Diablerets, Suisse.


L’allevamento di animali da reddito in alpeggio: una panoramica sulla letteratura Il presente articolo mette in luce tre aspetti di un’ampia analisi della letteratura sull’allevamento degli animali da reddito in alpeggio: gli effetti dell’alpeggio sugli animali, l’idoneità degli animali all’alpeggio e le alternative all’alpeggio per le vacche lattifere. Le condizioni nei pascoli di montagna provocano un deficit energetico nelle vacche lattifere che ha innanzitutto come conseguenza una diminuzione della resa lattiera. Negli animali giovani e negli animali da ingrasso, dopo l’alpeggio, si verifica una crescita compensatoria nella maggior parte dei casi. Inoltre, nelle vacche da riproduzione si è registrato una maggiore resa lattiera durante la prima lattazione. Una possibile alternativa all’alpeggio delle vacche lattifere è rappresentata dalla monticazione delle vacche madri; in tal caso è decisiva la scelta della razza adatta al luogo. Nell’ambito dei sistemi di pascolo misto e con le razze che si sono adattate alle condizioni locali esiste ancora del potenziale per un migliore sfruttamento dei pascoli di montagna. A tale riguardo, tuttavia, non sono ancora state eseguite delle ricerche mirate.

▪▪ Lotthammer K.-H., 1999. Umweltbedingte Fruchtbarkeitsstörungen. In: Fertilitätsstörungen beim weiblichen Rind, 3. Auflage (Eds. E. Grunert & A. D. Kruif), Parey Buchverlag, Berlin, 307 – 335. ▪▪ Loucougaray G., Bonis A. & Bouzille J. B., 2004. Effects of grazing by horses and/or cattle on the diversity of coastal grasslands in western France. Biological Conservation 116 (1), 59 – 71. ▪▪ Michel A., 1988. Einfluss von Aufzuchtintensität, Erstkalbealter und ­A lpung auf Wachstum und Milchleistung von Rindern unterschiedlicher Zuchtrichtung. Dissertation, ETH Zurich. ▪▪ Read D. & Tudor G., 2004. Compensatory Growth in Beef Cattle. In: Farmnote 22/2004. ▪▪ Rook A. J., Dumont B., Isselstein J., Osoro K., WallisDeVries M. F., Parente G. & Mills J., 2004. Matching type of livestock to desired biodiversity outcomes in pastures – a review. Biological Conservation, 119 (2), 137 – 150. ▪▪ Schmid W., 2003. Themenbericht extensive Weiden. Relais – Praxis und Forschung für Natur und Landschaft, Schinznach-Dorf. ▪▪ Schneider M. K., Homburger H., Scherer-Lorenzen M. & Lüscher A., 2013. Intensité de pâture et services écosystémiques dans les alpages. Recherche Agronomique Suisse 4 (5), 222-229.

Summary

Riassunto

Détention d’animaux de rente à l’alpage – un aperçu de la littérature | Production animale

Livestock husbandry on alpine summer farms – a literature review This literature review focuses on three aspects of livestock husbandry on alpine summer farms: the impact of alpine summer farming on the animals; the suitability of the animals for alpine summer farming and alternatives to dairy cows on alpine summer pastures. The conditions on alpine summer pastures result in an energy deficit in dairy cows that leads first to a lower milk yield. For heifers and fattening stock, the period of alpine summer grazing is often followed by a period of compensatory growth. In addition, breeding cattle on alpine pastures had a higher milk yield during the first lactation after summer grazing. An alternative to alpine summer farming with dairy cows is to graze the alpine summer pastures with suckler cows. The challenge here is to choose the breed that best fits the conditions of each site. Mixed pasture systems may potentially lead to better use of alpine summer pastures, but this needs to be further investigated and the breeds best adapted to local conditions identified. Key words: alpine summer farming, animal production, dairy cows, suckler cows, literature review.

▪▪ Sulzer B., Schuler K. & Oestreich M., 2007. Wie melkt man eine Kuh? In: Neues Handbuch Alp. Handfestes für Alpleute, Erstaunliches für Zaungäste. 2. Auflage, zalpverlag, Mollis, 208 – 213. ▪▪ Tschümperlin K., Erdin D., Leuenberger H. & Künzi N., 2000. Effizienz und Umweltwirkung der Mutterkuhhaltung auf alpinen und subalpinen Weiden: Produktionsparameter zweier Mutterkuhtypen. Tagungsband PRIMALP «Kulturlandschaften im Alpenraum – nachhaltig nutzen und gestalten», Davos, 16 – 17. ▪▪ von Felten S., Fischer M., & Lauber S., 2012. Economie alpestre en Suisse: enquêtes sur la situation et le choix des exploitations d’estivage. Recherche Agronomique Suisse 3 (4), 186 – 193. ▪▪ Walkenhorst M., Spranger J., Klocke P. & Schaeren W., 2005. Risk factors contributing to udder health depression during alpine summer pasturing in Swiss dairy herds. In: Mastitis in dairy production (Ed. H. Hogeveen), Academic Publishers, Wageningen, 642 – 648. ▪▪ Zemp M., 1985. Einfluss der Alpung auf produktionstechnische und ­p hysiologische Parameter von Kühen mit mittleren bis hohen Milch­ leistungen. Dissertation ETH, Zurich.

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 216–221, 2013

221


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Série AlpFUTUR

Intensité de pâture et services écosystémiques dans les alpages Manuel K. Schneider1, Hermel Homburger1,2, Michael Scherer-Lorenzen2 et Andreas Lüscher1 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse 2 Université de Freiburg, faculté de biologie, géobotanique, 79104 Freiburg, Allemagne Renseignements: Manuel Schneider, e-mail: manuel.schneider@agroscope.admin.ch, tél. +41 44 377 75 98 1

Figure 1 | Vache avec récepteur GPS dans un alpage de Basse-Engadine. (Photo: Sandra Hilfiker) Bildlegende

Introduction L’extension des ressources fourragères de l’exploitation, l’amélioration de la santé des animaux et l’économie de travail durant l’été demeurent les principales raisons de l’estivage en Suisse (Fischer et al. 2012). De plus, les pâturages alpestres fournissent des services importants pour la société comme des denrées alimentaires de qualité, un

222

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 222–229, 2013

espace de détente et un paysage esthétique, services qui sont essentiellement liés au pâturage des animaux. En lien avec le développement des paiements directs, on peut se demander en quoi la baisse attendue de la charge en bétail (Flury et al. 2012) modifiera l’intensité de pâture et, par conséquent, les services écosystémiques offerts par les pâturages alpestres. Tandis qu’une ­relation évidente a été observée entre l’intensité d’exploitation


et les services écosystémiques comme le rendement fourrager et la biodiversité pour la surface agricole utile en région de montagne (p. ex. Kampmann et al. 2008, Peter et Lüscher 2009), cette relation est bien moins connue pour les alpages. Dans les régions d’estivage, le problème est de quantifier l’intensité de pâture, nécessaire pour pouvoir étudier ces interactions. En général, les parcelles d’une exploitation d’alpage sont en effet très grandes et le terrain très hétérogène sur le plan de la topographie comme celui de la végétation. Tant que les animaux peuvent choisir librement, ils privilégient certaines surfaces pour se nourrir et séjourner dans les limites de la superficie disponible. Dans le cadre du projet intégré AlpFutur (www.alpfutur.ch), l’intensité de pâture a été relevée à petite échelle sur deux alpages à l’aide du GPS. Nous nous sommes tout particulièrement intéressés aux forces qui déterminent le schéma de l’intensité de pâture dans l’espace ainsi qu’aux relations avec les services écosystémiques, production fourragère et diversité en espèces. Une attention particulière a été accordée à la gestion du pâturage, sachant qu’elle constitue le principal outil d’intervention de l’exploitant.

Matériel et méthode Les études ont été effectuées dans deux exploitations d’estivage, sur l’alpage Jänzimatt dans le canton d’Obwald (1600 m) et sur l’alpage Sura en Basse-Engadine (2120 m), tous deux avec vaches laitières. La surface de pâture étudiée représentait 26 ha à Jänzimatt et 125 ha à Sura. La surface de pâture de l’alpage Jänzimatt a été subdivisée en plusieurs petites pâtures de rotation à l’aide de clôtures fixes et mobiles. Les animaux passaient la nuit à l’étable. L’alpage Sura dispose d’une pâture diurne étendue qui reste inchangée tout au long de la période d’estivage et de quelques petits pâturages nocturnes. A Jänzimatt, la partie inférieure du pâturage orientée au sud-ouest est plantée de sapins espacés; près du chalet d’alpage et dans la partie nord, on trouve quelques pâturages humides où poussent des cypéracées. Les pâturages de Sura sont parsemés de genévriers et d’autres arbustes nains. Enfin, la zone de pâturage est coupée par une faille aux pentes abruptes. L’intensité de pâture a été relevée de deux façons: d’une part, on a demandé aux exploitants quelle était la charge en bétail et la durée d’occupation par parcelle, d’autre part, deux à trois vaches du troupeau ont été équipées de récepteurs GPS (Qstarz Ltd., Taipei, Taiwan) placés dans leurs colliers (fig. 1). Les récepteurs indiquaient la position des animaux pendant toute la durée 

Résumé

Intensité de pâture et services écosystémiques dans les alpages | Production animale

Dans la région d’estivage, l’intensité de pâture est l’un des principaux facteurs dont dispose l’exploitant pour influer sur la végétation et les services écosystémiques. Elle est cependant difficile à quantifier sur les pâturages alpestres vastes et hétérogènes. C’est pourquoi, l’intensité de pâture à petite échelle a été mesurée sur deux alpages de vaches laitières dans le canton d’Obwald et en Basse-Engadine, à l’aide du GPS. Les deux alpages choisis se distinguent par les conditions environnementales et par la gestion du pâturage. Dans les deux cas, l’intensité de pâture à petite échelle dépend largement des conditions naturelles, comme la déclivité du terrain, la qualité du fourrage et la distance par rapport à l’étable et aux points d’eau. Un effet de la gestion du pâturage sur l’intensité de pâture à petite échelle n’a pu être constaté que sur l’alpage qui pratique une rotation fréquente des parcelles. Sur cet alpage, l’intensité de pâture est également en corrélation négative avec la diversité en espèces végétales. En revanche, dans l’alpage avec de grandes parcelles et beaucoup de libre parcours, les services écosystémiques sont largement déterminés par les conditions environnementales et l’entretien des pâturages. C’est donc la preuve qu’il faut une gestion assidue de la pâture pour influencer les services écosystémiques des alpages avec l’intensité de pâture.

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 222–229, 2013

223


Production animale | Intensité de pâture et services écosystémiques dans les alpages

Figure 2 | Placette mise en défens avec grille de 1 m2 interdisant la pâture pour mesurer la croissance de la végétation sur l’alpage Sura. (Photo: Claudia Hoffmann)

de l’estivage 2011 à intervalles de 20 secondes. Le comportement des vaches équipées de GPS a été observé par sondage et chaque modification relative aux déplacements, au comportement d'alimentation et au repos a été notée. Un système de classement a permis d’attribuer les points de position aux différentes catégories de comportements: déplacement, alimentation et repos (Homburger et al. 2012). Le nombre de points enregistrés dans la catégorie alimentation de chaque maille d’un quadrillage de 25 m x 25 m a servi à mesurer l’intensité de pâture et a été comparé à cinq facteurs d’influence possibles: (1) la déclivité du terrain, (2) la distance par rapport au bâtiment principal de l’alpage, (3) la distance par rapport au point d’eau le plus proche, (4) la densité d’occupation de la parcelle telle que décrite par l’exploitant et (5) la qualité du fourrage. Pour cette dernière, la surface d’alpage a été cartographiée par type de milieux naturels selon Delarze & Gonseth (2008) et reclassée en deux catégories de qualité fourragère (similaires pour les deux alpages): (A) végétation dominée par les graminées de bonne qualité fourragère et (B) végétation dominée par les laiches et les bosquets de faible valeur fourragère. L’influence de tous ces facteurs sur le schéma de pâture a été testée à l’aide de régressions spatiales. La méthode d’approximation intégrée de Laplace (INLA) a permis une estimation efficace des

224

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 222–229, 2013

paramètres du modèle pour les grandes séries de données, prenant en compte la dépendance spatiale des données entre elles (Rue et al. 2009). Pour mettre en évidence le lien entre intensité de pâture, production fourragère et diversité en espèces, onze surfaces de 25 m² ont été sélectionnées sur chaque alpage, classées selon la déclivité et la distance par rapport au chalet d’alpage. Afin de mesurer la production fourragère, une grille de 1 m² interdisant la pâture a été placée au centre de chaque surface à l’étude (fig. 2). La biomasse se développant sous cette grille a été relevée au milieu de la saison d’estivage et après la désalpe. De plus, la diversité des espèces de plantes vasculaires a également été enregistrée dans chaque surface de 25 m².

Résultats et discussion La charge en bétail par parcelle ne suffit pas à déterminer l’intensité de pâture L’intensité de pâture à petite échelle déterminée à l’aide du GPS diffère considérablement de la densité d’occupation moyenne indiquée par l’exploitant, notamment dans l’alpage Sura avec ses parcelles qui comptent parfois plusieurs hectares (fig. 3). Dans l’alpage Jänzimatt, du fait des nombreuses parcelles, les informations fournies par l’exploitant sur la densité d’occupation par par-


Intensité de pâture et services écosystémiques dans les alpages | Production animale

Sura

Jänzimatt

UGB/ha

1,5

1,0

densité d'occupation

Sura

0,5

Jänzimatt 0,0

intensité de pâture petit échelle

100 m

Figure 3 | Densité d’occupation (UGB/ha) dans les deux alpages étudiés, Jänzimatt (à gauche) et Sura (à droite), calculée à partir des informations fournies par l’exploitant sur l’occupation des parcelles (en haut) et intensité de pâture petite échelle (UGB/ha), calculée à partir des positions relevées par GPS (en bas). Les lignes oranges délimitent les parcelles. Les zones hachurées en orange sont fermées par des clôtures et ne sont pas pâturées par les vaches laitières

celle correspondent relativement bien à l’intensité de pâture calculée à l’aide du GPS. Toutefois, il existe aussi certaines zones dans cet alpage pour lesquelles les indications d’occupation sont insuffisantes. A Jänzimatt, de grandes portions de l’alpage sont pâturées avec la même intensité (fig. 3). A l’alpage Sura par contre, on observe quelques petites zones exploitées de manière intensive dans les pâtures nocturnes. Sur le reste de la surface, les zones à peine utilisées alternent avec les zones plus fortement utilisées. Différents facteurs déterminent l’intensité de pâture à petite échelle La représentation des deux alpages en trois dimensions (fig. 4) indique nettement l’influence des paramètres de l’environnement sur la répartition de l’intensité de

pâture. Sur l’alpage Jänzimatt, les surfaces en pente en dessous et au-dessus du centre de l’alpage sont les plus intensivement pâturées. Seuls les pâturages plats, relativement humides à proximité de l’étable et les surfaces humides et très pentues en périphérie ne sont pratiquement pas pâturées. Dans l’alpage Sura, on constate de manière très nette que l’intensité de pâture est largement déterminée par la déclivité du terrain. Ici, toutes les surfaces planes sont fortement pâturées pour autant qu’elles ne soient pas trop éloignées de l’étable. Le modèle de régression spatial confirme les observations à l’œil nu concernant les facteurs d’influence de l’intensité de pâture (fig. 5). Sur les deux alpages, la déclivité exerce une influence négative sur l’intensité de pâture. Cependant, cette influence ne se différencie de manière significative de zéro que dans l’alpage Sura, tan- 

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 222–229, 2013

225


Production animale | Intensité de pâture et services écosystémiques dans les alpages

Jänzimatt

Sura

Figure 4 | Intensité de pâture dans les alpages Jänzimatt (en haut) et Sura (en bas) calculées à partir des positions GPS. Les lignes blanches marquent les parcelles, les points bleus indiquent les surfaces étudiées pour les services écosystémiques. La différence de taille des deux images ne représentent que de manière approximative les différences réelles de la taille des surfaces. (Sources des données: swissimage©swisstopo, dom©swisstopo)

dis qu’elle est minime dans l’alpage Jänzimatt. Dans les deux cas, l’intensité de pâture est significativement plus élevée sur les surfaces où le fourrage est de bonne qualité que sur les surfaces dominées par les arbustes nains et les laiches. La végétation de meilleure qualité était nettement plus fréquente sur l’alpage Jänzimatt, avec une proportion de 85% par rapport à l’ensemble de la surface, que sur l’alpage Sura où la proportion était de 30%. Les deux distances étudiées ont des effets variables dans les deux alpages. A Jänzimatt, l’intensité de pâture augmente plus on s’éloigne de l’étable et diminue plus on s’éloigne des points d’eau. Cela s’explique par le fait que les zones à proximité de l’étable sont à peine pâturées. Sur l’alpage Sura au contraire, l’intensité de pâture est limitée par la distance par rapport à l’étable, tandis que la distance par rapport aux points d’eau exerce un petit effet positif. Il est particulièrement intéressant de constater qu’on peut observer, dans les alpages étudiés, une influence de la gestion de pâture – c’est-à-dire un effet de la densité d’occupation moyenne par parcelle – sur l’intensité de pâture à petite échelle. A Jänzimatt, la régression spatiale indique un effet limité, mais significativement

226

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 222–229, 2013

positif, de l’occupation des parcelles sur l’intensité de pâture. Sur l’alpage Sura par contre, aucune influence n’est visible. Cela signifie que la répartition de l’intensité de pâture à Jänzimatt est également déterminée par l’exploitant grâce à la rotation fréquente des parcelles, tandis qu’à Sura, elle dépend essentiellement de la topographie. Il faut ajouter qu’à Jänzimatt, la gestion du pâturage débouche aussi sur un coefficient de charge plus élevé qu’à Sura. Relations entre intensité de pâture et services écosystémiques typiques des alpages Sur les deux alpages, l’intensité de pâture entretient des rapports différents avec les services écosystémiques étudiés (fig. 6). Sur l’alpage Sura, le rapport est évident entre la production fourragère et l’intensité de pâture: les surfaces qui offrent beaucoup de fourrage sont ­souvent visitées par les animaux (Spearman’s ρ = 0,67, P < 0,05). Ce rapport existe également à l’alpage Jänzimatt, mais de manière moins marquée (Spearman’s ρ = 0,56, P < 0,1). La différence peut venir en partie du fait que les sorties au pâturage sont plus libres à Sura, ce qui permet aux vaches de privilégier les surfaces où la nourriture est abondante.


Intensité de pâture et services écosystémiques dans les alpages | Production animale

Sura

Jänzimatt

Déclivité du terrain Geländeneigung Distanz Stall Distance par rapport à l’étable Distanz Wasser Distance par rapport au point d’eau (hoch vs. QualitéFutterqualität du fourrage (élevée outief) basse) Weideschlag DensitéBesatzdichte d’occupation de la parcelle −2

−1

0

1

−2

2

−1

0

1

2

Figure 5 | Facteurs influençant l’intensité de pâture à petite échelle sur les deux alpages Jänzimatt et Sura. Les valeurs affichées sont les moyennes des coefficients des variables standardisées d’une régression spatiale avec intervalle de confiance de 95 %. Les coefficients sont significativement différents de zéro, lorsque leur intervalle de confiance ne chevauche pas la barre zéro. Les distances ont été préalablement transformées logarithmiquement.

La relation entre le nombre d’espèces végétales et l’intensité de pâture n’est pas très marquée dans les deux alpages. A Jänzimatt, il y a généralement moins d’espèces végétales sur les surfaces fortement pâturées, tandis qu’à Sura, on ne constate qu’un rapport faible entre les deux. Les modèles observés sont inattendus à première vue, mais peuvent s’expliquer par le fait qu’en région d’estivage, le bétail apprécie particulièrement certains types de végétation (p. ex. pâturages à pâturin des Alpes ou pelouses à seslérie), qui présentent une diversité d’espèces extrêmement élevée (Dietl 1998). Au contraire, certains types de végétation évités par les vaches (p. ex. landes à arbustes nains, pelouses à nard

raide) ne sont pas nécessairement riches en espèces (Schneider et al. 2011). Comparativement, la production de fourrage est un facteur nettement meilleur pour expliquer le nombre d’espèces végétales que l’intensité de pâture sur l’alpage Jänzimatt (Spearman’s ρ = -0,76, P < 0,01). Jänzimatt correspond ainsi à toute une série d’autres alpages qui présentent une relation négative et unimodale entre productivité et diversité végétale (Schneider et al. 2011). Sur l’alpage Sura, on n’observe pas non plus de lien entre la production en fourrage et la diversité végétale, car le nombre d’espèces varie considérablement à  productivité égale.

Jänzimatt

Nombre d’espèces végétales

5 4 3 2

70 Intensité de pâture (UGB/ha)

70

6 Production fourragère (t/ha)

Sura

60 50 40 30

1 0,0

0,5

1,0

Intensité de pâture (UGB/ha)

60 50 40 30

0,0

0,5

1,0

1

Intensité de pâture (UGB/ha)

2

3

4

5

6

Production fourragère (t/ha)

Figure 6 | Rapports entre production fourragère, nombre d’espèces végétales et intensité de pâture sur les deux alpages Jänzimatt (ronds rouges) et Sura (carrés bleus).

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 222–229, 2013

227


Production animale | Intensité de pâture et services écosystémiques dans les alpages

Conclusions En région d’estivage, l’intensité de pâture à petite échelle est nettement plus influencée par la topographie, les conditions d’accès et la qualité du fourrage que par le taux moyen d’occupation des parcelles, réglé par l’exploitant. Il faut une gestion de la pâture très stricte dans le sens d’une rotation fréquente des parcelles pour que l’on puisse observer un effet de l’intervention de l’exploitant sur la distribution spatiale de l’intensité de pâture. L’effet de la qualité du fourrage sur l’intensité de pâture à petite échelle montre que cette dernière peut aussi être influencée par l’entretien des pâturages.

L’impact marqué des conditions naturelles sur l’intensité de pâture à petite échelle laisse supposer que dans les pâturages alpestres, la production en fourrage et la diversité en espèces dépendent elles aussi essentiellement de facteurs naturels et ne peuvent être influencés que par une gestion stricte des pâturages et leur entretien. Les deux alpages étudiés le montrent bien: sur l’alpage Jänzimatt, où la gestion du pâturage est stricte, on observe un rapport entre l’intensité de pâture et les services écosystémiques, production en fourrage et nombre d’espèces; sur l’alpage Sura avec ses grandes parcelles et ses parcours plus libres, ces services écosystémiques sont en revanche essentiellement déterminées n par les conditions du milieu naturel. Remerciements

Le sous-projet 2 d’AlpFUTUR, intensité d’exploitation, a été financé par la Fondation Sur-la-Croix et le canton des Grisons. Nous remercions les exploitants d’alpage de leur précieuse collaboration.

www.alpfutur.ch

Bibliographie ▪▪ Delarze R. & Gonseth I., 2008. Lebensräume der Schweiz. Verlag Ott, Thun. 424 p. ▪▪ Dietl W., 1998. Wichtige Pflanzenbestände und Pflanzenarten der Alpweiden. Agrarforschung 5 (6), I–VIII. ▪▪ Flury C., Zimmermann A., Mack G. & Möhring A., 2012. Auswirkungen der Agrarpolitik 2014 – 2017 auf die Berglandwirtschaft: Bericht Forschungsprogramm AgriMontana, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Zurich. 16 p. ▪▪ Fischer M., von Felten S., & Lauber S., 2012. Surface fourragère dans l’exploitation agricole de base – Paramètre clé de la demande d’estivage. Recherche Agronomique Suisse 3 (4), 194 – 201. ▪▪ Homburger H., Schneider M. K., Hilfiker S., Scherer-Lorenzen M. & Lüscher A., 2012. Measuring grazing intensity in heterogeneous pastures using GPS-tracking. Grassland Sci. in Europe 17, 213 – 215.

228

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 222–229, 2013

▪▪ Kampmann D., Herzog F., Jeanneret P., Konold W., Peter M., Walter T., Wildi O. & Lüscher A., 2008. Mountain grassland biodiversity: Impact of site conditions versus management type. J. Nat. Conserv. 16, 12–25. ▪▪ Peter M. & Lüscher A., 2009. Magerwiesen der Alpen: Floristische Verän­ derung in 25 Jahren. Agrarforschung 16 (3), 76–81. ▪▪ Rue H., Martino S. & Chopin N., 2009. Approximate Bayesian inference for latent Gaussian models by using integrated nested Laplace approximations. J. Royal Stat. Soc. B 71, 319–392. ▪▪ Schneider M. K., Homburger H., Scherer-Lorenzen M. & Lüscher A., 2011. Survey of the biodiversity-productivity relationship in Swiss summer ­pastures. Grassland Sci. in Europe 16, 487–489.


Intensità di pascolo e prestazioni ecosistemiche nella regione alpestre Nella regione d'estivazione l'intensità di pascolo rappresenta uno dei principali elementi a disposizione del gestore per esercitare un influenza su vegetazione e prestazioni ecosistemiche. Essa, però, è difficilmente quantificabile sui pascoli alpestri estesi ed eterogenei. Abbiamo pertanto cercato di misurare l’intensità di pascolo su piccola scala su due alpeggi con mucche da latte nel Canton Obwaldo e in Bassa Engadina con l’aiuto di GPS. I due alpeggi si distinguono per le condizioni ambientali e la gestione del pascolo. In entrambi i casi l'intensità di pascolo su piccola scala è fortemente determinata dalle caratteristiche naturali del luogo, come la pendenza del terreno, la qualità del foraggio e la distanza dalla stalla e dalle fonti d'acqua. Un effetto della gestione sull'intensità del pascolo su piccola scala è visibile soltanto sull'alpeggio che pratica il pascolo a rotazione con spostamenti frequenti. Qui è anche riconoscibile una correlazione negativa tra intensità di pascolo e diversità floristica. Sull’alpeggio con parcelle estese e pascolo piú libero, le prestazioni ecosistemiche sono invece ampiamente determinate dalle condizioni ambientali e dalla manutenzione del pascolo. Ciò mostra la necessità di una gestione del pascolo assidua allo scopo di condizionare le prestazioni ecosistemiche degli alpeggi attraverso l’intensità di pascolo.

Summary

Riassunto

Intensité de pâture et services écosystémiques dans les alpages | Production animale

Grazing intensity and ecosystem services in the alpine region In the alpine summer-grazing area, grazing intensity is one of the most important management variables controlling vegetation and ecosystem services. In spite of this, grazing intensity is difficult to quantify on large, heterogeneous alpine pastures. For this reason, local grazing intensity on two alpine summer dairy farms in the canton of Obwalden and in the Lower Engadine, Switzerland, were quantified by means of GPS tracking. The two farms differed in terms of environmental conditions and grazing management. Local grazing intensity on both farms was strongly determined by natural conditions such as slope of the terrain, forage quality, and distance to sheds and water sources. An effect of grazing management on local grazing intensity was only detectable on the farm where strict rotational grazing is practised. On this farm, a negative correlation was also found between grazing intensity and plant species richness. By contrast, ecosystem services on the summergrazing farm with large pasture plots and free-range grazing were largely determined by environmental conditions and pasture management. This shows that strict grazing management is necessary in order to control the provision of ecosystem services on summer-grazing pastures via grazing intensity. Key words: grazing, subalpine pastures, GPS, INLA, ecosystem services.

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 222–229, 2013

229


P r o d u c t i o n

a n i m a l e

Analyse de cycle de vie de la production laitière au pâturage et à l'étable Michael Sutter1, Thomas Nemecek 2 et Peter Thomet1 Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen, Suisse 2 Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich, Suisse Renseignements: Michael Sutter, e-mail: michael.sutter@bfh.ch, tél. +41 31 910 22 63 1

Les cultures de maïs et de soja sont les principales sources d’impacts environnementaux pour le système troupeau gardé à l’étable.

La production laitière dans le système de la pâture intégrale ­p résente un grand potentiel environnemental.

Introduction

du point de vue de l’environnement de deux systèmes de production laitière au moyen d’une analyse de cycle de vie (ACV). Les deux systèmes sont les suivants: 1) pâture intégrale avec vêlages groupés à la fin de ­l’hiver et 2) alimentation à l’étable avec ensilages d’herbe et de maïs, complétée par une ration relativement importante d’aliments concentrés pour l’obtention d’un rendement laitier annuel élevé par vache.

Les exploitations suisses de production laitière doivent non seulement gérer des défis économiques mais encore se soucier toujours davantage de protection du climat, de protection de l’environnement et de gestion de ressources qui se raréfient. Pendant les décennies précédentes, c’est l’augmentation continue de la production laitière par vache et par lactation qui dictait la marche à suivre. Aujourd’hui, on se rend compte de plus en plus que, dans un pays d’herbages comme la Suisse, ce développement doit être reconsidéré sous l’angle d’une utilisation aussi efficiente que possible des ressources. En clair: il est temps que le paradigme du développement durable remplace celui de la maximisation de la production de lait. La présente contribution se concentre sur l’évaluation des impacts environnementaux. Se fondant sur le projet «Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain», d’une durée de trois ans, les auteurs ont analysé les points forts et les points faibles

230

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 230–237, 2013

Matériel et méthode Conditions expérimentales L’essai s’est déroulé sur l’exploitation du Centre de formation professionnelle nature et alimentation BBZN à Hohenrain (LU). Le troupeau gardé à l’étable (TE) a reçu une ration mixte partielle, complétée par de l’herbe pendant la période de végétation moyennant une sortie au pâturage d’environ trois heures par jour («pâture de sieste»). Ce troupeau a donc passé la majeure partie du temps en stabulation libre. En hiver, le troupeau à la


pâture (TP) a reçu du foin séché et de la paille, en été uniquement de l’herbe (pâture intégrale). Le TE comptait 12 vaches Brown Swiss et 12 Holstein, le TP 14 vaches Brown Swiss et 14 Swiss Fleckvieh. Le rendement laitier moyen du TE était de 8900 kg, celui du TP de 6074 kg (tabl. 1). Chaque troupeau disposait de 13 ha de surface agricole utile (SAU) et de 180 000 kg de droit de livraison par année. Pour le TP, la SAU a consisté entièrement en herbages, pour le TE, en herbages et en cultures de blé fourrager et de maïs (pour maïs grains et maïs ensilé). L’essai a duré de 2008 à 2010. Swiss Agricultural Life Cycle Assessment (SALCA) L’analyse de cycle de vie ACV (en anglais Life Cycle Assessment, LCA) considère les effets environnementaux d’un produit tout au long de sa vie. Il inclut dans les calculs l’impact sur l’environnement de l’ensemble des facteurs de production – engrais, machines, bâtiments, etc. – compte tenu des émissions et de la consommation de ressources (production et traitement des matières premières) ainsi que de l’élimination et de la revalorisation des déchets (Hersener et al. 2011). L’ACV a été calculée avec le logiciel SimaPro version 7.3 (PRé consultants, Amsterdam). L’inventaire environnemental est tiré des banques de données SALCA et ecoinvent version 2.2 du Centre suisse des inventaires environnementaux. Pour une description détaillée de la méthode SALCA, nous renvoyons au Rapport final sur le dépouillement centralisé des analyses de cycle de vie des exploitations agricoles (Hersener et al. 2011). Variante troupeau à la pâture avec herbages ensilés ­( TP-SILO) Le TP a été nourri sans aliments ensilés (tabl. 1) tandis que le TE a reçu principalement des aliments ensilés (maïs et herbe). Afin de pouvoir mieux comparer les résultats des deux systèmes malgré les différences au 

Résumé

Analyse de cycle de vie de la production laitière au pâturage et à l'étable | Production animale

La protection du climat, la protection de l’environnement et la gestion de ressources qui se raréfient sont trois défis toujours plus importants auxquels sont confrontés les exploitations suisses de production laitière. Dans le cadre du projet «Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain», la méthode d’analyse de cycle de vie SALCA (Swiss Agricultural Life Cycle Assessment) a permis de réaliser une évaluation globale des impacts environnementaux de la production de lait par une comparaison des points forts et faibles, du point de vue de l’environnement, de deux systèmes de production de lait, l’un basé sur la pâture, l’autre sur l’alimentation à l’étable. Le troupeau gardé à l’étable obtient des valeurs nettement meilleures que le troupeau gardé au pâturage dans trois des treize catégories d’impact. Par contre, le troupeau à la pâture est mieux placé que le troupeau à l’étable dans sept des treize catégories d’impact. Une des faiblesses majeures du troupeau à la pâture est la plus forte émission de méthane (+ 41 %) et le plus grand besoin de surface (x 1,5) par kg de lait corrigé pour l’énergie (ECM). Quant au troupeau gardé à l’étable, ses points faibles sont le déboisement, la consommation de ressources (phosphore et potasse) et l’écotoxicité, dus principalement à son alimentation en maïs et tourteau de soja.

Tableau 1 | Caractérisation des deux troupeaux (MF = matière fraîche) Troupeau à l’étable (TE) 24 vaches Brown Swiss / Holstein (1:1) Rendement laitier 8900 kg / lactation standard Ration mixte partielle avec maïs et herbe ensilés et aliments protéinés (potentiel production laitière = 27 kg)

Troupeau à la pâture (TP) 28 vaches Brown Swiss / Swiss Fleckvieh (1:1) Rendement laitier 6074 kg / lactation standard Pâture intégrale sur pâturage à gazon court Pas d’ensilage

Aliments concentrés selon besoins, env. 1100 kg MF / vache & lactation

Aliments concentrés uniquement en début de lactation, env. 300 kg MF / vache & lactation

«Pâture sieste» pendant la période de végétation (env. 3 h par jour)

Pâture intégrale

Vêlage toute l’année avec concentration entre juin et septembre

Vêlage de février à avril

Le protocole détaillé du projet «Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain» est décrit dans Hofstetter et al. (2011).

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 230–237, 2013

231


Production animale | Analyse de cycle de vie de la production laitière au pâturage et à l'étable

niveau de l’alimentation, une deuxième analyse de cycle de vie a été calculée pour le TP, qui reproduit le système TP avec herbages ensilés (TP-SILO). Par rapport au système TP, les points suivants ont été adaptés: réduction de la consommation de l’électricité (suppression de la consommation de l’électricité pour le séchage du foin), diminution du besoin en bâtiments (stockage des balles de silo comme pour le TE à l’extérieur) et réduction du nombre de passages pour le retournement du foin.

de compensation étaient identiques pour les deux troupeaux (0,91 ha), de même que la culture (prairie naturelle extensive). Comme l’utilisation de cette culture était également la même pour les deux troupeaux, il a été admis que les deux surfaces présentaient la même diversité. Le tourteau de soja dans l’essai n’est pas d’origine suisse: il vient principalement d’outre-mer. La méthode (SALCA-Biodiversité) n’étant pas adaptée à l’agriculture outre-mer, le soja n’a pas été pris en compte dans le calcul de la biodiversité.

Biodiversité Les impacts potentiels sur la biodiversité ont été calculés d’après la méthode pour l’évaluation des effets de l’activité agricole sur la biodiversité pour les analyses de cycle de vies (SALCA-Biodiversité) de la station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon (Jeanneret et al. 2009). Pour chaque troupeau, on a évalué la biodiversité des surfaces fourragères de l’exploitation et celle des surfaces externes (utilisation indirecte par l’achat d’aliments ou d’animaux). Pour calculer les impacts sur la biodiversité des deux systèmes de production laitière à l’étude, on s’est servi des données moyennes de l’initiative de recherche de Coop et Agroscope Reckenholz-Tänikon ART «Analyse de cycle de vie de la viande de bœuf, de porc et de volaille» (Alig et al. 2012). Les surfaces de compensation écologiques et les surfaces utilisées pour la culture de soja n’ont pas été prises en compte dans le calcul de la biodiversité. Les surfaces

Résultats Nette différence entre les deux systèmes De nettes différences sont observées entre les deux systèmes (TE et TP/TP-SILO), sauf pour trois des treize catégories d’impact. Le TP/TP-SILO cause plus d’émissions que le TE dans trois catégories d’impact et le TE plus d’émissions que le TP/TP-SILO dans sept catégories d’impact. Si l’on compare uniquement les deux variantes TP et TP-SILO, on relève les plus grandes différences dans les catégories d’impact «formation d’ozone» (+ 15 %), «potentiel d’écotoxicité aquatique» (+ 13 %), «potentiel d’effet de serre» (+ 11 %) et «besoin en ressources P»­ (+ 9 %) (tabl. 2). Comme les résultats de la variante ­TP-SILO sont davantage comparables avec les résultats du TE en raison de l’alimentation adaptée (avec aliments ensilés), les chapitres suivants avec les résultats des ana-

Tableau 2 | Résultats des analyses de cycle de vie pour les différentes catégories d’impact et les deux troupeaux (TE = troupeau étable, TP = troupeau pâture) y inclus la variante TP-SILO (moyenne des années 2008­ – 2010, impacts environnementaux par kg ECM vendu; entre parenthèses, l’écart en % par rapport au TE).

232

Catégorie d’impact

par kg ECM

TE

TP

Besoin en surface

m 2a

0,95

1,41 (+48 %)

TP-SILO 1,42 (+49 %)

Potentiel d’effet de serre

kg CO2 éq

1,14

1,39 (+22 %)

1,52 (+33 %)

Potentiel formation d’ozone

person.ppm.h

0,0010

0,0011 (+14 %)

0,0012 (+29 %)

Potentiel eutrophisation aquatique N

kg N

0,0047

0,0046 (-3 %)

0,0048 (+1 %)

Potentiel toxicité humaine

kg 1,4-DB éq

0,20

0,21 (+2 %)

0,20 (0 %)

Besoin en ressources énergétiques non renouvelables

MJ éq

5,10

5,18 (+2 %)

5,00 (-2 %)

Potentiel d’eutrophisation terrestre

m2

0,96

0,72 (-25 %)

0,72 (-24 %)

Potentiel d’acidification

m2

0,24

0,18 (-25 %)

0,18 (-25 %)

Potentiel d’écotoxicité aquatique

kg 1,4-DB éq

0,0274

0,0136 (-50 %)

0,0173 (-37 %)

Besoin en ressources P

kg P

0,0010

0,0004 (-57 %)

0,0005 (-47 %)

Potentiel d’écotoxicité terrestre

kg 1,4-DB éq

0,0014

0,0006 (-60 %)

0,0007 (-53 %)

Besoin en ressources K

kg K

0,0023

0,0002 (-90 %)

0,0004 (-84 %)

Déboisement

m2

0,0027

0,0004 (-96 %)

0,0004 (-96 %)

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 230–237, 2013


Analyse de cycle de vie de la production laitière au pâturage et à l'étable | Production animale

6

MJ éq. par kg ECM

5 4 Animaux Semences Pesticides Machines Bâtiments & installations Aliments Ressources énergétiques Engrais Total

3 2 1 0

Troupeau à l‘étable

Troupeau à la pâture-SILO

Figure 1 | Besoin en énergie des différents groupes d’intrants. Comparaison de systèmes de production l­ aitière à Hohenrain (2008 – 2010). ECM = lait corrigé pour l’énergie.

lyses de cycle de vie se limitent à la comparaison entre le TE et la variante TP-SILO. Besoin en énergie similaire pour les deux systèmes Pour la production d’un (1) kg de lait corrigé pour l’énergie (ECM), le TE nécessite environ la même quantité de ressources énergétiques non renouvelables que le TP-SILO, mais avec des différences marquées quant à la contribution des groupes d’intrants (fig. 1). Ainsi, pour le groupe d’intrants «aliments», le TE a utilisé 2,8 fois plus d’énergie pour la production d’un kg ECM que le TP-SILO (1,43 MJ éq. et 0,51 MJ éq. par kg ECM). Cette nette différence s’explique par l’affouragement de maïs grains, de gluten de maïs et de maïs ensilé pour le TE. En effet, à elle seule, la production de ces trois aliments nécessite déjà plus d’énergie par kg ECM que la production de tous les aliments du TP-SILO pris ensemble. La

production de gluten de maïs a représenté de loin le plus grand besoin énergétique pour le TE, avec 0,52 MJ éq. par kg ECM. Par contre, le besoin en énergie pour la construction des bâtiments et installations (0,98 MJ éq. et 0,60 MJ éq. par kg ECM) et pour la remonte du troupeau (1,09 MJ éq. et 0,93 MJ éq. par kg ECM) a été plus élevé pour le TP-SILO que pour le TE. Cette différence peut être mise sur le compte du plus grand nombre d’animaux du TP-SILO. Émissions de méthane – la faiblesse du TP-SILO Les plus fortes émissions de méthane par kg ECM relevées au moyen de calculs-modèles pour le TP-SILO ont conduit aux grandes différences notées par rapport au TE quant aux catégories d’impact «potentiel d’effet de serre» et «formation d’ozone». Pour le TP-SILO, elles ont occasionné 60 % du potentiel d’effet de serre, pour le TE, 

1,60

kg CO2 éq. par kg ECM

1,40 1,20 1,00 0,80 0,60

Autres émissions CH4 méthane

0,40

N2O gaz hilarant 0,20

CO2 - fossile CO2 du déboisement

0 Troupeau à l‘étable

Troupeau à la pâture-SILO

Figure 2 | Potentiel d’effet de serre pour les deux troupeaux. Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain (2008 – 2010). ECM = lait corrigé pour l’énergie.

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 230–237, 2013

233


Production animale | Analyse de cycle de vie de la production laitière au pâturage et à l'étable

l’importance du méthane (57 %) est un peu plus faible que pour le TP-SILO (fig. 2) (0,91 kg CO2 éq. resp. 0,65 kg CO2 éq. par kg ECM). Le méthane était à 99 % d’origine animale pour le TP-SILO et à 98 % pour le TE. Le méthane est généré principalement par la digestion des ruminants et le stockage des engrais de ferme. L’intrant «animaux» est donc très important pour l’impact «potentiel d’effet de serre», notamment parce que l’action du méthane sur ce potentiel est environ 25 fois plus forte que celle du CO2 (Forster et al. 2007). Par contre, la consommation trois fois plus élevée de Diesel du TE comptabilisée dans la catégorie «fossile» n’a que peu d’importance. Plus fortes émissions d’ammoniac pour le TE Le TP-SILO a un potentiel d’acidification et d’eutrophisation terrestre moins élevé que le TE, en raison des plus fortes émissions d’ammoniac du TE. Le potentiel d’acidification est dû pour 90 % (TE) et 89 % (TP-SILO) aux émissions d’ammoniac (0,21 m² et 0,16 m² par kg ECM). Les émissions d’ammoniac jouent un rôle plus important encore pour le potentiel d’eutrophisation terrestre: dans les deux systèmes, l’impact «eutrophisation terrestre» est dû pour 96 % à ces émissions. Les animaux du troupeau à la pâture intégrale ont passé près de 23 h par jour au pâturage pendant la période de végétation. Avec seulement 3 h de pâture par jour, le TE a produit nettement plus d’engrais de ferme, qu’il a fallu stocker et épandre. L’épandage de ces engrais a été effectué principalement pendant les mois d’été. Or, durant les mois d’été, les pertes d’ammoniac après l’épandage sont en moyenne 35 % plus élevées que durant le semestre d’hiver (Frick et al. 1996). La combinaison d’un volume plus important d’engrais de ferme et d’épandages plus fréquents en été induit finalement un tiers d’émissions d’ammoniac de plus pour le TE que pour le TP-SILO.

aussi des surfaces utilisées pour la production de bois de construction (forêt) ainsi que des surfaces occupées par les sites de production. Dans la comparaison des systèmes à Hohenrain, le TP-SILO a nécessité 49 % de surface de plus que le TE pour la production d’un (1) kg ECM, en admettant que les deux troupeaux occupaient la même surface d’étable et la même part de bâtiment par vache (tabl. 3). Globalement, le TP-SILO a besoin d’une plus grande surface, mais celle-ci est constituée principalement d’herbage. Comme l’herbage ne nécessite pas forcément une bonne terre arable sur laquelle on pourrait aussi bien cultiver des aliments, l’affouragement du TP est moins en concurrence avec la production alimentaire pour l’homme que celui du TE. Le TE, qui consomme de grandes quantités d’aliments concentrés et de maïs ensilé, a besoin de 2,3 fois plus de terre arable que le TP-SILO.

Pâturage versus herbage Pour le calcul du besoin en surface, on a tenu compte non seulement des SAU en Suisse et à l’étranger, mais

Potentiel du TP-SILO pas entièrement exploité Les impacts environnementaux du TP-SILO ont diminué d’une année à l’autre, alors que les résultats n’ont guère changé pour le TE, si ce n’est que ses émissions ont ­plutôt augmenté (fig. 3). Le recul noté pour le TP-SILO s’explique entre autres par le fait que les pâturages ont été réensemencés au début de l’essai. Pendant la première année de l’essai, ces pâturages n’avaient pas encore produit la biomasse maximale (semis en lignes larges, couverture végétale pas encore fermée). En outre, tant les exploitants que le troupeau ont dû s’habituer au système de la pâture intégrale. Le TP-SILO semble donc ne pas avoir pleinement exploité son potentiel pendant la période de l’essai. Le constant dépassement de la hauteur de pousse de l’herbe visée au printemps en est un indice. C’est à dire que le troupeau a disposé de plus de surface de pâture que nécessaire pendant les trois ans de la comparaison. Comment la situation aurait-elle évolué par la suite? Les impacts environnementaux auraientils continué de diminuer ou le système aurait-il été suffisamment rodé en trois ans pour que le recul ne se poursuive pas?

Tab. 3 | Besoin de surface pour la production d’un (1) kg ECM en moyenne sur les trois ans de l’essai. Comparaison de systèmes de production laitière à Hohenrain (2008–2010). ECM = lait corrigé pour l’énergie. Troupeau à l’étable (TE) m2 par an et kg ECM

234

Troupeau à la pâture-SILO (TP-SILO) m2 par an et kg ECM

Terre arable

0,32

0,14

Prairie intensive

0,50

1,06

Prairie extensive

0,08

0,10

Forêt

0,06

0,09

Autres surfaces

0,02

0,02

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 230–237, 2013


1,8 1,6 1,4 1,2 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0

m² par année et kg ECM

kg CO2 éq. par kg ECM

Analyse de cycle de vie de la production laitière au pâturage et à l'étable | Production animale

2008

2009

2010

1,8 1,6 1,4 1,2 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0

2008

2009

2010

Troupeau à la pâture-SILO Troupeau à l‘étable

Figure 3 | Evolution des deux troupeaux pendant les trois ans de l’essai en prenant pour exemples les deux catégories d’impact «potentiel d’effet de serre» et «besoin en surface». ECM = lait corrigé pour l’énergie.

Meilleurs score «biodiversité» pour TP S’agissant des surfaces exploitées, le TP obtient un plus grand nombre de points biodiversité que le TE, soit 6,7 points pour le premier et 5,5 points pour le second. Le moins bon résultat du TE est dû pour l’essentiel à la forte proportion de maïs dans la ration alimentaire de ce troupeau.

Discussion Le problème des émissions de méthane D’après les résultats de l’essai comparatif, l’émission de méthane est la principale faiblesse du TP-SILO. Ce troupeau a produit 1,08 kg ECM par kg de matière sèche (MS) et donc nettement moins que le TE avec 1,28 kg ECM par kg MS, la teneur énergétique de la ration étant de 6,58 MJ NEL pour le TE et de 6,07 MJ NEL pour le TP (Hofstetter et al. 2011). Par conséquent, le TP-SILO ingère aussi davantage d’énergie que le TE (5,62 MJ NEL contre 5,14 MJ NEL par kg ECM). D’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Eggleston et al. 2006), il devrait en résulter des émissions de méthane plus élevées. Toutefois, des recherches récentes tendent à infirmer ces conclusions. O’Neill et al. (2011), par exemple, ont pu établir que la production de méthane était plus faible dans le système de la pâture intégrale que dans le système de la ration mixte totale (TMR), aussi bien par kg MS que par kg ECM. Les chercheurs s’étaient fondés sur des valeurs mesurées et non sur des calculs-modèles comme nous l’avons fait pour la présente ACV. Ils ont expliqué la production de méthane nettement moindre par kg MS pour le système de garde au pâturage par la haute digestibilité de l’herbe, qui réduit le pH dans la panse des vaches, ce qui induit à son tour une plus faible digestibilité des fibres végétales à l’intérieur de la panse et donc de moindres pertes d’énergie sous forme de méthane. Pour O’Neil et al. (2011), la forte concentration de protéines crues dans

l’herbe fraîche est une autre explication pour la production plus faible de méthane du système de la pâture intégrale. Contrairement à la dégradation des hydrates de carbone, celle des protéines dans la panse génère beaucoup moins de méthane. Buddle et al. (2011) ont établi la thèse qu’une forte proportion de sucres solubles dans l’herbe avait pour effet de réduire la production de méthane. En 2002 déjà, Robertson et Waghorn (2002) avaient relevé que le système d’alimentation TMR n’induisait pas de pertes d’énergie moins importantes sous forme d’émissions de méthane que le système de la pâture intégrale (en % de l’énergie brute). Et dans cette étude, on a constaté une perte d’énergie nettement plus élevée sous forme de méthane pour la digestion d’herbe ensilée que pour la digestion d’herbe fraîche. Il conviendrait éventuellement de réévaluer les émissions de méthane à la lumière des connaissances les plus récentes; les résultats pourraient bien faire pencher la balance en faveur du TP/TP-SILO. Le problème des cultures de maïs et de soja Les cultures de maïs et de soja sont les principales sources d’impacts environnementaux pour le système TE. Ainsi, la culture du maïs destiné au fourrage animal sous forme de maïs ensilé ou de maïs grains en combinaison avec du tourteau de soja ou de maïs représente la plus grande proportion du potentiel d’écotoxicité (terrestre et aquatique). L’utilisation de tourteau de soja comme fourrage animal est responsable de 99 % des résultats de la catégorie d’impact «déboisement» pour le TE et de 92 % pour TP-SILO. La ration du TP-SILO a été complétée avec du tourteau de soja uniquement pendant la première année de l’essai. Quant au TE, sa ration a été complétée dans une proportion nettement plus grande avec du tourteau de soja et cela pendant les trois ans de l’essai. Par conséquent, la production de lait du système TE a nécessité une plus grande mesure de déboisement que  celle du système TP-SILO.

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 230–237, 2013

235


Production animale | Analyse de cycle de vie de la production laitière au pâturage et à l'étable

Proportions des différentes surfaces agricoles Si l’on accorde la priorité à la production alimentaire, c’est le système TP-SILO qui obtient la meilleure note. Pour la production de lait, ce système a utilisé une ­surface agricole constituée à 75 % environ d’herbages, soit une surface qui n’est pas a fortiori en concurrence directe avec l’alimentation humaine. Le troupeau gardé à l’étable a certes eu besoin de 40 % de surface en moins, mais un tiers environ de cette surface était en concurrence directe avec l’alimentation humaine à base de produits végétaux comme les céréales et les betteraves sucrières. L’Office fédéral de l’agriculture OFAG exige désormais des exploitations agricoles une utilisation accrue d’aliments fourragers indigènes et une production adaptée au site (OFAG 2011) – un défi mieux à même d’être relevé avec le système TP-SILO.

Les faiblesses du TP résident dans les émissions de méthane plus élevées et le plus grand besoin de surface. Ces deux valeurs se sont toutefois rapprochées de celles du TE pendant les trois années de la comparaison. Cela semble indiquer que la moyenne des trois ans sousestime le potentiel du TP-SILO. Si l’on se réfère à des études plus récentes, les rejets de méthane du TP-SILO pourraient être surestimées dans l’ACV. Sans compter que le troupeau gardé à l’étable nécessite nettement plus de surface agricole qui pourrait être destinée directement à l’alimentation humaine. Il ressort de cette discussion que la production laitière dans le système de la pâture intégrale présente un grand potentiel environnemental et donc d’intéressantes perspectives pour l’avenir. n

Conclusions Les deux systèmes présentent aussi bien des forces que des faiblesses. Cependant, d’un point de vue global, les avantages du TP-SILO priment pour ce qui concerne les impacts acidification, eutrophisation terrestre, écotoxicité, besoin en ressources P et K, déboisement et biodiversité. En outre, le TP-SILO exploite mieux les ressources naturelles et le potentiel régional que le TE.

Bibliographie ▪▪ Alig M., Grandl F., Mieleitner J., Nemecek T. & Gaillard G., 2012. ­Evaluation environnementale de la viande de bœuf, de porc et de volaille. Résumé, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART. ­Z ürich/Ettenhausen, 45 p. ▪▪ Buddle B. M., Denis M., Attwood G. T., Altermann E., Janssen P. H., Ronimus R. S., Pinares-Patiño C. S., Muetzel S. & Wedlock D. N., 2011. Strategies to reduce methane emissions from farmed ruminants grazing on pasture. The Veterinary Journal 188 (1), 11–17. ▪▪ Eggleston H. S., Buendia L., Miwa K., Ngara T. & Tanabe K., 2006. 2006 IPCC Guidelines for National Greenhouse Gas Inventories. prepared by the National Greenhouse Gas Inventories Programme. IGES, Japan. ▪▪ Forster P., Ramaswamy V., Artaxo P., Berntsen T., Betts R., Fahey D.W., Haywood J., Lean J., Lowe D.C., Myhre G., Nganga J., Prinn R., Raga G., Schulz M. & Van Dorland R., 2007. Changes in Atmospheric Constituents and in Radiative Forcing. In: Climate Change 2007: The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Fourth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [Solomon, S., D. Qin, M. Manning, Z. Chen, M. Marquis, K.B. Averyt, M.Tignor and H.L. Miller (eds.)]. Cambridge University Press, Cambridge, United Kingdom and New York, NY, USA. ▪▪ Frick R., Menzi H. & Katz P., 1996. Pertes d’ammoniac après l’épandage d’engrais de ferme. Station fédérale de recherches en économie et technologie agricoles, Rapports FAT 486, 1 – 10.

236

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 230–237, 2013

▪▪ Hersener J.-L., Baumgartner D. U., Dux D., Aeschbacher U., Blaser S., Gaillard G., Glodé M., Jan P., Jenni M., Mieleitner J., Müller G., Nemecek T., Rötheli E. & Schmid D., 2011. Zentrale Auswertung von Ökobilanzen landwirtschaftlicher Betriebe (ZA-ÖB) Schlussbericht, éd. Station de r­ echerche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART. Zurich/Ettenhausen, 148 p. ▪▪ Hofstetter P., Frey H., Petermann R., Gut W., Herzog L. & Kunz P., 2011. Garde à l’étable vs garde au pâturage – alimentation, performances et efficience, Recherche Agronomique Suisse 2 (9), 402–411. ▪▪ Jeanneret P., Baumgartner D. U., Freiermuth Knuchel R. & Gaillard G., 2009. Méthode d’évaluation de l’impact des activités agricoles sur la biodiversité dans les bilans écologiques (SALCA-Biodiversité), Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Zürich/Ettenhausen, 74 p. ▪▪ Office fédéral de l’agriculture OFAG, 2011. Stratégie Climat pour l’agriculture. Protection du climat et adaptation au changement climatique pour une agriculture et une économie alimentaire suisses durables, OFAG, 48 p. ▪▪ O’Neill B., Deighton M., O’Loughlin B., Mulligan F., Boland T., O’Donovan M. & Lewis E., 2011. Effects of a perenniual ryegrass diet or total mixed ration diet offered to spring-calving Holstein-Friesian dairy cows on methane emissions, dry matter intake, and milk production. Journal of Dairy Science 94 (4), 1941–1951. ▪▪ Robertson L., Waghorn G., 2002. Dairy industry perspectives on methane emissions and production from cattle fed pasture or total mixed rations in New Zealand. Proceedings of the New Zealand Society of Animal Production 62, 213–218.


Confronto dell’bilancio ecologico della produzione di latte tra stalla e pascolo Protezione del clima, protezione dell’ambiente e l’uso di risorse che scarseggiano sono le parole chiave con cui le aziende svizzere produttrici di latte sono obbligate a confrontarsi maggiormente. Nell’ambito del progetto «Confronto di sistemi di produzione lattifera Hohenrain», con il metodo d’analisi del ciclo di vita SALCA (Swiss Agricultural Life Cycle Assessment) si è effettuata una valutazione completa degli impatti ambientali della produzione di latte. A questo scopo si sono confrontate le forze e debolezze ecologiche di due sistemi; uno basato sul pascolo, l’altro sull’alimentazione in stalla. La mandria alimentata in stalla in tre categorie di impatto su 13 risulta essere significativamente migliore rispetto alla mandria alimentata al pascolo-SILO. Per contro la mandria alimentata al pascolo-SILO ottiene risultati migliori in sette categorie d’impatto su 13. Una delle principali debolezze di quest’ultima è la maggiore emissione di metano (+ 41 %) e l’elevato bisogno di superficie (x 1,5) per kg di latte corretto per il contenuto energetico (ECM).I punti deboli della mandria alimentata in stalla sono rappresentati dal disboscamento, il consumo di risorse (fosforo e potassio) e l’ecotossicità, dovute principalmente alla sua alimentazione con mais e soja.

Summary

Riassunto

Analyse de cycle de vie de la production laitière au pâturage et à l'étable | Production animale

Life cycle assessment of intensive and pasture-based dairy production systems Swiss dairy farms must increasingly cope with climate protection, environmental conservation and the use of limited resources. In the context of the Hohenrain comparison of dairy production systems, a comprehensive assessment of the environmental impacts was conducted using the Swiss Agricultural Life Cycle Assessment method. The environmental strengths and weaknesses of seasonal full-pasture and indoor feeding systems were compared. The indoor herd performed significantly better than the pasture herd in three of thirteen impact categories. In contrast, the pasture herd performed better in seven of thirteen impact categories. A considerable weakness in the pasture herd was its higher methane emissions per kilogram of energy-corrected milk and the oneand-a-half times greater land requirement per kilogram of energy-corrected milk. The indoor herd had its main weaknesses in deforestation, the phosphorous and potassium resource requirements and higher ecotoxicity. The main causes for poor performance in these categories were maize and soybean meal. Key words: life cycle assessment, LCA, milk production systems, pasture, total mixed ration, enteric methane.

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 230–237, 2013

237


P r o d u c t i o n

v é g é t a l e

Lutte sans cuivre contre le mildiou de la pomme de terre en culture biologique? Heinz Krebs, Tomke Musa, Susanne Vogelgsang et Hans-Rudolf Forrer Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, Reckenholzstrasse 191, 8046 Zurich, Suisse Renseignements: Heinz Krebs, e-mail: heinz.krebs@agroscope.admin.ch, tél. +41 44 377 72 34

Essai sur le mildiou, Zürich-Reckenholz 2012; variété Agria. Devant: témoin non traité, au fond: traitement avec Phosfik. (Photo: ART)

Introduction Le cuivre exerce une bonne action protectrice contre le mildiou de la pomme de terre (Phytophthora infestans). En Suisse, la dose maximale autorisée dans les cultures biologiques de pommes de terre est fixée à 4 kg Cu/ha/ an. Dans l’UE, le cuivre est autorisé conditionnellement comme produit phytosanitaire jusqu’au 30 novembre 2016: des mesures doivent être prises pour en réduire les immissions (UE 2009). Etant donné que le cuivre s’accumule dans le sol, il y a un risque évident pour les organismes terricoles. En conditions de plein champ, une baisse de la reproduction des vers de terre a été constatée avec 32 mg de cuivre par kg de sol; 100 mg/kg peuvent entraîner une modification de la structure des populations de vers de terre (Kula et al. 2002). Dans les terres assolées mi-lourdes et lourdes, des teneurs en

238

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 238–243, 2013

cuivre de 20 mg/kg de sol sont considérées comme élevées. Cependant, le cuivre est aussi un élément nutritif essentiel pour tous les êtres vivants, mais à toutes petites doses. Chez les plantes, il est indispensable aux processus de synthèse des protéines; chez les animaux, il est nécessaire à la synthèse et à l’action de quelques enzymes ainsi qu’à la formation de l’hémoglobine dans le sang. A cet égard, une interdiction totale du cuivre serait ­contre-indiquée (Lundsgaard et al. 2003). Du point de vue écotoxicologique, les doses maximales sont fixées à 360 g de Cu/ha/an (Kratz et al. 2009). Il se trouve qu’en utilisant seulement 4 kg de Cu/ha dans une culture de pommes de terre incluse dans une rotation de six ans, la quantité de cuivre qui contamine le sol atteint près du double de ce qui est normalement toléré. C’est ce qui nous a incités à examiner d’autres substances, admissibles en culture biologique, afin de réduire les quantités de cuivre. Au sein d’Agroscope, l’efficacité de plusieurs substances naturelles contre le mildiou a été examinée au cours des dernières années, tant au laboratoire qu’au champ (Dorn et al. 2007). Dans d’autres essais, des préparations à base de végétaux aux propriétés antimicrobiennes ont également été testées contre P. infestans dans des essais complémentaires en cultures de pomme de terre. En Allemagne et en Autriche, en viticulture biologique, on utilise le phosphite de potassium en tant que renforçateur des défenses des plantes pour réduire l’utilisation du cuivre dans la lutte contre le mildiou de la vigne (Plasmopara viticola; Kühne 2010). C’était une bonne raison d’inclure le phosphite de potassium dans nos essais de lutte contre le mildiou de la pomme de terre.

Matériel et méthodes Pour la préparation des extraits de plantes médicinales destinées à l’expérimentation (fig. 1) toutes les parties des plantes (racines, écorces, feuilles ou fleurs) ont été passées dans un moulin centrifuge (Retsch ZM 200, Haan) en plusieurs étapes successives jusqu’à la grille de 0,25 mm. Pour chacune des substances à tester, une prise


de 3 g a été placée dans 75 ml d’une solution d’éthanol à 10 % et soumise à l’action d’un brasseur magnétique durant deux heures à température ambiante; la suspension a ensuite été filtrée sous vide à travers un microfiltre en fibre de verre Whatmann®, Cat. No. 1820 060 (VWR, Dietikon). Pour le test de germination des sporanges, le filtrat a encore été centrifugé durant 10 minutes à 6000 t/min et filtré à travers un filtre-seringue Acrodisc® 25 mm, membrane Tuffryn® HT seuil de rétention de 0,2 µm (Pall, Basel). Le produit standard pour la comparaison était l’hydroxyde de cuivre Kocide DF® dosé à 0,05 %; le phosphite de potassium Phosfik® (Biolchim GmbH, Hannover) a été utilisé à la concentration de 1 %. Test de croissance du mycélium (test de diffusion sur agar) Les différentes substances ont été testées en boîtes de Petri sur un milieu de culture à base d’agar au seigle. Au centre de chaque boîte, une culture de mycélium (souche n° 01– 001) a été inoculée sur 6 mm de diamètre. Autour de ce disque, à 1,5 cm, 6 trous de 6 mm de diamètre ont été évidés, dans lesquels on a pipeté 70 ml de l’extrait à tester. Les boîtes ont été mises en incubation à 18 °C et à l’obscurité. Après 8 jours, la croissance radiale de la culture de mycélium a été mesurée, et l’effet d’inhibition calculé. Chaque série testée comprenait un témoin à l’eau stérile et un standard de référence à base de Kocide DF®. Test de germination des sporanges Sur des porte-objets, quatre anneaux de silicone d’un diamètre de 1 cm ont été déposés, au centre desquels on a pipeté 40 µl d’extrait à tester. Après 24 h de séchage, on y a ajouté 40 µl d’une suspension de sporanges (densité de spores: 5,7 × 105). Les porte-objets ont ensuite été déposés sur un papier-filtre humide dans une boîte fermée et conservés à l’obscurité dans un réfrigérateur à 4 °C. Après 24 h, on a déterminé sous le microscope la fréquence des sporanges germés et calculé le taux de germination relatif. Chaque série testée comprenait aussi un témoin à l’eau stérile et un standard de référence à base de Kocide DF. Test sur feuilles Des plantes de pomme de terre de la variété sensible Bintje ont été traitées au stade BBCH-14 avec 20 ml d’extrait contenant 0,1 % du mouillant et adhésif NuFilm-17® (Andermatt Biocontrol AG). Un jour après l’application, quatre portions de feuilles ont été prélevées sur les plantes traitées puis placées dans des boîtes transparentes mesurant 5 × 20 × 30 cm et tapissées d’un papier-filtre reposant sur une grille. Les boîtes ont été

Résumé

Lutte sans cuivre contre le mildiou de la pomme de terre en culture biologique? | Production végétale

Le cuivre est fréquemment utilisé dans les cultures biologiques de pommes de terre pour combattre le mildiou Phytophthora infestans. Mais cet élément s’accumule dans le sol et, à partir d’un certain taux de contamination, il nuit aux organismes terricoles. En Suisse, la dose d’utilisation autorisée pour le cuivre est de 4 kg/ha/an; en une seule année de culture de pommes de terre dans une rotation de six ans, la limite écotoxicologique de 360 g/ha/an admise pour le cuivre est dépassée à peu près du double de cette valeur. Au cours des dernières années, Agroscope a examiné de nombreuses substances dans le but de réduire ou supprimer le cuivre dans les cultures de pomme de terre. En conditions de plein champ, de bons résultats ont été obtenus avec le phosphite de potassium. Cependant, selon les quantités utilisées, des résidus se retrouvent dans les tubercules. Par conséquent, les phosphites ne sont guère utilisables en culture de pommes de terre. Dans d’autres essais au champ, une suspension d’écorce de bourdaine (Frangula cortex) finement moulue a permis d’atteindre une efficacité partielle comparable à celle du cuivre à 3 kg/ha. Pour ne pas dépasser la quantité de cuivre autorisée, les derniers traitements pour protéger les cultures de pommes de terre du mildiou pourraient être réalisés en recourant à des substances végétales possédant des propriétés antimicrobiennes suffisantes.

légèrement inclinées pour recevoir 150 ml d’eau. Ainsi, seule la base du papier-filtre était en contact direct avec l’eau, le but étant d’entretenir une forte humidité relative dans les boîtes. Les morceaux de feuilles ont été inoculés avec 75 µl d’une suspension de spores d’une densité de 1,4 × 105. Après 5 à 7 jours à 18 °C et 12 h de lumière, le taux d’infection des feuilles a été déterminé. Essais au champ Les substances ayant montré une bonne efficacité dans le test sur les morceaux de feuilles ont été testées au champ en petites parcelles de 5 m² sur les sites Agroscope de Reckenholz et Tänikon. En 2011, on a planté à cet effet Agria et Nicola, deux variétés mi-sensibles, auxquelles on a ajouté, en 2012, la variété très sensible Bintje. Les procédés expérimentaux ont été disposés en 

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 238–243, 2013

239


Production végétale | Lutte sans cuivre contre le mildiou de la pomme de terre en culture biologique?

Cornouiller japonais Ecorces de tabebuia Sauge Mousse d'Islande Rhizomes de chiendent Feuilles d'indigo Racines de rhemannia Fleurs de chrysanthèmes Graines de ginkgo Racines de réglisse Fleurs de mauve Racines de scutellaire Racines d'angélique Inflorescences de brunelle Racines de sophora Bardane Racines de platycodon Rhizomes de coptidis Racines de picrorrhiza Acide tannique Galle chinoise Extrait de bourdaine Bois de guajaci Ecorce de bourdaine Armoise Racines de rhubarbe Racines de ratanhia Ben ailé Racines de sanguisorbe Phosphite de potassium Hydroxyde de cuivre

T H H H T B T T T H H H H T T T T T T H B H H H T H T H T

Fournisseurs: B: Berg Apotheke, Zürich H: Hänseler AG, Herisau T: Theater Apotheke, Freiburg D

Corni fructus Tabebuiae cortex Salviae folium Lichen islandicus Graminis rhizoma Indigo herba Rehmanniae radix Chrysanthemi flos Ginkgo semen Liquiritiae radix Malvae flos Scutellariae radix Angelicae radix Prunellae spica Sophorae radix Arctii fructus Platycodi radix Coptidis rhizoma Picrorhizae rhizoma Tannic acid Galla chinensis Frangulae normatum Guajaci lignum Frangulae cortex Artemisiae scop herb Rhei radix Ratanhiae radix Moringa oleifera Sanguisorbae radix Phosfik® Kocide DF

Germination des sporanges Croissance du mycélium Test sur découpes de feuilles 0

20

40 60 Efficacité %

80

100

Figure 1 | Effets du cuivre, du phosphite de potassium et des extraits de plantes sur le taux d’infection des découpes de feuilles, sur l’inhibition de la croissance du mycélium et sur la germination des sporanges de Phytophtora ­i nfestans . Moyennes de deux répétitions de l’essai.

blocs randomisés répétés quatre fois. Huit pulvérisations ont été réalisées chaque année, les substances végétales à tester étant appliquées sous forme de suspension aqueuse à 4 % avec ajout de 0,5 % de Nu-Film 17®. Le procédé de référence a été traité au Kocide DF® à raison de 300 g de Cu/ha. Le phosphite de potassium Phosfik®, Biolchim GmbH, Hannover, a été appliqué à 1,5 l/ha en 2011 et à 3,0 l/ha en 2012 à cause de la forte pression d’infection. En 2011, les produits à base de plantes médicinales Frangulae normatum à 4 % et Sanguisorbae radix à 4 % ont été appliqués en alternance avec Phosfik® 3,0 l/ha. En 2012, les quatre premiers traitements dans les procédés 4 et 5 ont été effectués en alternance avec Phosfik® à 3,0 l/ha et les suivants respectivement avec Kocide DF® à 300 g/ha et Frangulae cortex à 4 %. Dès le début de l’infection et jusqu’à la récolte, le taux d’attaque sur les feuilles a été déterminé chaque semaine et le rendement en tubercules a été mesuré lors de la récolte. Les tubercules du procédé Phosfik® ont été soumis à un contrôle sur les résidus d’acide phosphoreux.

Résultats et discussion Les screenings effectués au laboratoire et en chambre climatisée ont permis de détecter les substances présentant une action contre P. infestans. La figure 1 présente les procédés expérimentaux dans l’ordre croissant de leur efficacité dans le test sur les morceaux de feuilles en

240

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 238–243, 2013

regard de leur effet inhibiteur sur la croissance du mycélium et sur la germination des sporanges. Il apparaît clairement que seuls Kocide DF® et Sanguisorbae radix ont présenté une bonne efficacité dans les trois types de tests. Corni fructus s’est révélé efficace sur la croissance du mycélium et la germination des sporanges mais sans aucun effet au niveau des feuilles. Tout au contraire, Phosfik® n’a été que partiellement efficace sur le développement du mycélium et sur la germination des sporanges; mais appliqué sur feuilles, il s’est révélé efficace. Ceci indique un faible effet direct de l’acide phosphoreux mais de bons effets induits contre P. infestans dans la plante de pomme de terre. Essais au champ En 2011 et en 2012, dans les essais en petites parcelles sur les sites Agroscope de Tänikon et de Reckenholz, le taux d’infection des plantes a été évalué dès le début de l’attaque et la récolte a été pesée. Dans la partie supérieure de la figure 2, les colonnes illustrent l’efficacité des différents traitements effectués à Tänikon en 2011. On peut noter une efficacité significative des traitements suivants: Kocide DF®, Phosfik® et F. cortex ainsi que F. normatum et S. radix utilisés en alternance avec Phosfik®. Au niveau du témoin non traité, la variété Agria a fourni le meilleur rendement grâce à une résistance à la maladie légèrement meilleure et à une contamination plus


Infections sur feuilles AUDPC**

Lutte sans cuivre contre le mildiou de la pomme de terre en culture biologique? | Production végétale

Rendement tubercules kg/a

1000 900 800 700

Agria Nicola

600 Non traité

Kocide DF 300 g Cu/ha

Frang. cortex 4%

Phosfik 1,5 l/ha

Galla chinen. 4%

Rhei radix 4%

Frang. norm. / Sangui. radix Sangui. radix / Phosfik 3 l/ha 4% Phosfik 3l/ha

350 300 250

Agria Nicola

200 Non traité

Kocide DF 300 g Cu/ha

Frang. cortex 4%

Phosfik 1,5 l/ha

Légende: Non traité Frangula cortex 4 %1 8x Kocide DF 300 g Cu/ha 8x Galla chinensis 4 %1 8x Phosfik 1,5 l/ha 8x Rhei radix 4 %1 8x 1 +Nu-Film-17 0,5 %

Galla chinen. 4%

Rhei radix 4%

Frang. norm. / Sangui. radix Sangui. radix / Phosfik 3 l/ha 4% Phosfik 3l/ha

Frangula norm 4 %1 ↔ 2Phosfik 3l/ha 4x chacun Sanguisorba 4 %1 8x 2 Sanguisorba 4 %1 ↔ 2Phosfik 3l/ha 4x chacun 2 Produits appliqués en alternance 2

Figure 2 | Infections sur feuilles et rendement en tubercules des variétés Agria et Nicola à Tänikon en 2011. **AUDPC = Area Under the ­D isease Progress Curve.

tardive. Nicola, quant à elle, a réalisé un supplément de rendement de plus de 20 % (statistiquement assuré) qui est à mettre en relation avec les traitements hebdomadaires avec cuivre et Phosfik® ainsi qu’avec F. normatum und S. radix utilisés chacun en alternance avec Phosfik®. En 2012, la pression d’infection est restée forte durant toute la période de végétation à cause des conditions climatiques. Dans ces conditions, sur le site de Zurich-Reckenholz, aucun des traitements appliqués sur la variété sensible Bintje n’a été en mesure de contrer suffisamment le mildiou pour éviter des pertes de rendement (fig. 3). Les valeurs AUDPC inférieures de Bintje par rapport à Agria s’expliquent par une dégradation précoce de son feuillage par la maladie. Sur Agria, la bonne efficacité du Phosfik® est visible. De plus, les deux procédés comprenant quatre applications de Phosfik® suivies de quatre applications de Kocide DF® ou de F. cortex ont été plus efficaces contre le mildiou que les applications continues de cuivre. Huit applications de F. cortex ont permis d’atteindre un taux de protection comparable à celui de huit applications de cuivre (8 × 300 g Cu/ha), mais cependant insuffisant en regard de la forte pression d’infection. A Tänikon, on a aussi enregistré des effets négatifs sur le rendement d’Agria et de Nicola à cause de l’attaque de mildiou de 2012. La meilleure protection et les meilleurs rendements ont de nouveau été obtenus grâce à huit applications de Phosfik®. On a aussi constaté que

les deux procédés comprenant quatre applications de Phosfik® suivies de quatre applications de Kocide DF® ou de F. cortex ont été plus efficaces contre le mildiou que huit applications de cuivre; l’effet sur les rendements s’est manifesté dans la même ampleur. Dans cet essai, huit applications de F. cortex se sont révélées comparables à celles du cuivre, sans effet positif sur le rendement, en particulier chez Nicola. En 2012, les premières attaques de mildiou ont eu lieu trois semaines plus tôt que l’année précédente et la pression d’infection était élevée. Pour ces raisons, le Phosfik® a été appliqué à la dose recommandée la plus élevée (3 l/ha). Ainsi, les effets sur le rendement, par rapport au témoin non traité, on été beaucoup plus marqués qu’en 2011. Dans les conditions de très forte infection de l’année 2012, les traitements au cuivre et avec Frangula sont restés sans effet significatif sur le rendement. La bonne efficacité anti-mildiou et l’excellent effet sur le rendement du traitement au Phosfik® sont dus à la résistance de ce produit à la pluie ainsi qu’à l’action protectrice et curative du phosphite de potassium. Compte tenu de leur efficacité, les produits à base de phosphite constituent une bonne solution de substitution au cuivre pour au moins en diminuer l’accumulation dans le sol. Cependant, on sait que ce type de produit laisse des résidus qui peuvent s’accumuler dans la récolte. Toutefois, des études faites en arboriculture on montré que les applications de phosphites avant la flo- 

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 238–243, 2013

241


Production végétale | Lutte sans cuivre contre le mildiou de la pomme de terre en culture biologique?

PPDS 0,05 AUDPC Rendement Agria 212,4 35,4 Nicola 188,4 34,4

Phosfik®

Agria

400 Tubercules kg/a

3

350

3

5

4

Non traité

2

3

350

5

4 6

4

Nicola Tubercules kg/a

450

1

300 6

300

Bintje

Non traité

6 250

5

3

2

4

1 6

1

250

Agria

5

200 2

PPDS 0,05 AUDPC Rendement Agria 269,4 40,0 Bintje 95,1 28,4

Phosfik®

2 1

150 500

1000

1500

2000

2500

Attaque sur feuilles *AUPC 1 Non traité 2 Kocide DF 300 g Cu/ha 8x 3 Phosfik 1,5 l/ha 8x

500

700

900

1100

1300

1500

1700

1900

2100

Attaque sur feuilles *AUPC

4 Phosfik 3l/ha je 4x, puis Kocide DF 300 g/Cu/ha 4x 5 Phosfik 3l/ha je 4x, puis F. cortex 4 %1 4x 6 Frangula cortex 4 %1 8x 1 +Nu-Film-17 0,5 %

Figure 3 | Taux d’attaque sur feuilles et rendement en tubercules dans les essais de Tänikon (à gauche) et de Zurich-Reckenholz (à droite), en 2012. *AUDPC = Area Under the Disease Progress Curve.

Phosfik® 3 l/ha 8x

70

y = 0,0046x + 6,916 R² = 0,79136

Résidus H3PO3 mg/kg

60 50

Phosfik® 3 l/ha 4x

40

Phosfik® 1,5 l/ha 7x

30 20 10 0

Non traité 0

2000

4000 6000 H3PO3 épandu g/ha

8000

10 000

Figure 4 | Essais au champ de 2011 et 2012: Résidus d'acide phosphoreux dans les tubercules de pomme de terre en fonction des quantités de Phosfik ® appliquées sur le feuillage pour combattre le mildiou.

raison ne laissaient pas de résidus dans les fruits (Kelderer et al. 2010). On a donc examiné si les applications précoces de Phosfik® sur pomme de terre permettaient de réduire les quantités de résidus dans les tubercules. Les analyses quantitatives d’acide phosphoreux par chromatographie ionique ont montré que la quantité de résidus dans les tubercules dépend dans une large mesure des doses appliquées (fig. 4). Bien que l’acide phosphoreux ne présente guère de risques au point de vue toxicologique (Michalik 2010), des résidus dans les tuber-cules sont incompatibles avec l’éthique de la culture biologique.

242

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 238–243, 2013

L’efficacité insuffisante du cuivre peut être expliquée de différentes manières: 1. E n 2012, le modèle Bio-PhytoPRE a fait déclencher la première intervention beaucoup trop tard compte tenu du mode d’action préventif du cuivre. 2. Lors d’applications de cuivre inférieures à 400 g Cu/ha suivies de plus de 20 mm de pluie, l’effet protecteur ne suffit pas pour tenir la semaine. 3. Le système prévisionnel Bio-PhytoPRE devrait permettre de mieux optimiser les dates d’intervention. La bonne efficacité du Phosfik® repose pour l’essentiel sur une absorption rapide par les plantes, une bonne résistance à la pluie ainsi que sur les propriétés curatives du phosphite de potassium si l’application suit directement l’infection. Malheureusement, les phosphites ne pourront guère être pris en considération pour diminuer l’utilisation de cuivre en cultures biologiques de pomme de terre à cause des résidus qu’ils lais-sent dans les tubercules. Toutefois, une démarche intégrée commençant par la culture de variétés peu sensibles au mildiou, en utilisant de nouvelles formulations du cuivre, en recourant à des substances végétales adéquates et en adaptant le système prévisionnel Bio-PhytoPRE, il devrait être possible de diminuer les quantités de cuivre de manière substantielle. n


Lotta alla peronospora della patata nella coltivazione biologica senza utilizzo di prodotti a base di rame? Il rame viene utilizzato nella coltivazione biologica delle patate contro la Phytophthora infestans, agente patogeno della peronospora. Esso si accumula nel terreno e in quantità elevate nuoce agli organismi presenti nel suolo. La quantità di rame consentita in Svizzera, ovvero 4 chilogrammi per ettaro e anno, supera di circa il doppio quella ecotossicologicamente sopportabile di 360 grammi l’ettaro e l’anno già con un anno di coltivazione di patate in una rotazione delle colture sessennale. Negli ultimi anni, Agroscope ha esaminato diverse sostanze allo scopo di ridurre o sostituire il rame nella coltivazione delle patate. Sono stati ottenuti buoni risultati con potassio fosfato bibasico anidro in condizioni normali. A seconda, però, delle quantità immesse di tale sostanza, nei tuberi si formano residui. Per tale ragione, i prodotti a base di fosfonati non vengono quasi mai applicati nella coltivazione biologica di patate. Negli esperimenti in pieno campo è stato raggiunta un’efficacia parziale comparabile a quella di 3 chilogrammi di rame per ettaro con una sospensione di corteccia di frangola Frangulae cortex finemente macinata. Per non superare le quantità di rame consentite, negli ultimi trattamenti si potrebbero proteggere le patate dall’infestazione tramite un’adeguata formulazione di sostanze vegetali con proprietà antimicrobica.

Bibliographie ▪▪ Dorn B., Musa T., Krebs H., Fried P. & Forrer H.-R., 2007. Control of late blight in organic potato production: evaluation of copper-free preparations under field, growth chamber and laboratory conditions. European Journal of Plant Pathology 119, 217–240. ▪▪ EU 2009. Amtsblatt der Europäischen Union, Richtlinien der Kommission 2009/37/EG, vom 23. April 2009, Anhang I, 91/414 EWG, N 282. ▪▪ Kelderer M. & Gramm D., 2010. K-Phosphonat als Wirkstoff für den Pflanzenschutz. 14. Fachgespräch, Berlin-Dahlem, 09. November 2010: Pflanzenschutz im Ökologischen Landbau – Probleme und Lösungsansätze, 14–16. ▪▪ Kratz S., Haneklaus S. & Schnugg E., 2009. Kupfergehalte in Acker- und Grünlandböden und das Verhältnis dieser Gehalte zu den durch Pflanzenschutz ausgebrachten Kupfermengen. Journal für Kulturpflanzen 61, 112–116. ▪▪ Kula Ch. & Guske S., 2002. Auswirkungen von Kupfer auf Bodenorganismen bei langjähriger Anwendung. 7. Fachgespräch, Berlin-Dahlem,

Summary

Riassunto

Lutte sans cuivre contre le mildiou de la pomme de terre en culture biologique? | Production végétale

Copper free control of potato late blight in organic potato production? Copper is used in organic potato production to control the late blight pathogen Phytophthora infestans. A disadvantage of copper is, that it accumulates in the soil and damages soil organisms. In Switzerland, the application of 4 kg of copper per hectare and year is allowed. In a six year crop rotation, the ecotoxicologically acceptable amount of 360 g per hectare and year is exceeded by a factor of around two by just one year of potato cultivation. Over the past few years, Agroscope has been testing different substances with the aim to reduce or replace copper in potato production. Satisfying results were achieved with potassium phosphonate under field conditions, however, residues are accumulated in the tubers depending on the input quantity. For this reason, phosphonate products will probably not be applied in organic potato farming. In the field trials, a partial effect comparable to 3 kg copper per hectare was achieved by a suspension of finely ground alder buckthorn bark (Frangulae cortex). In order not to exceed the permitted amount of copper, the potatoes could be protected from late blight infestation by using suitable formulations of plant substances with antimicrobial properties in the final treatments. Key words: late blight, organic potato production, copper fungicides, plant extract, phosphonate, laboratory screening, field trial.

06. Juni 2002: Alternativen zur Anwendung von Kupfer als Pflanzenschutzmittel, 11–16. ▪▪ Kühne S., 2010. Phosphonate. 14. Fachgespräch, Berlin-Dahlem, 09. November 2010: Pflanzenschutz im Ökologischen Landbau – Probleme und Lösungsansätze, 4. ▪▪ Lundsgaard K., Prochazka V. & Fuchs N., 2003. Kupfer ist mehr als ein Schwermetall – Kupfer als Pflanzenschutzmittel im biologischen Rebbau. Eine Literaturstudie, 11. Accès: http://www.sektion-landwirtschaft.org/ uploads/media/Kupfer_ist_mehr_als_ein_Schwermetall_01.pdf ▪▪ Michalik S., 2010. Phosphonate: Dünger? Pflanzenstärkungsmittel? ­Fungizid? 14. Fachgespräch, Berlin-Dahlem, 09. November 2010: Pflanzenschutz im Ökologischen Landbau – Probleme und Lösungsansätze, 10–13.

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 238–243, 2013

243


E c l a i r a g e

L'agriculture suisse toujours plus gourmande en énergie Annett Latsch, Thomas Anken et Franziska Hasselmann Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8356 Ettenhausen, Suisse Renseignements: Thomas Anken, e-mail: thomas.anken@agroscope.admin.ch, tél. +41 52 368 33 52

Figure 1 | Outre l’énergie directe nécessaire par exemple pour l’éclairage ou l’aération d’un bâtiment, beaucoup d’énergie indirecte est également contenue dans l’enveloppe du bâtiment et les films des balles d’ensilage. (Photo: ART)

Sans énergie, aucun tracteur, aucune machine à traire et aucun séchage en grange ne fonctionne. Mais combien l’agriculture suisse consomme-t-elle d’énergie en réalité? Quels sont les secteurs les plus gourmands? Et parvenons-nous à réduire la consommation énergétique au fil des ans? Un indicateur environnemental facilite l’estimation.

244

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 244–247, 2013

L’indicateur environnemental «Consommation énergétique de l’agriculture» fournit des chiffres fiables qui permettent de représenter et d’évaluer aussi bien la situation actuelle que les tendances d’évolution de la consommation énergétique dans l’agriculture. L’indicateur saisit de manière rétrospective la consommation totale d’énergie (GJ/ha), utilisée pour la production de


L'agriculture suisse toujours plus gourmande en énergie | Eclairage

Tableau 1 | Consommation directe d’énergie – bases de calcul et qualité des données Sources énergétiques Diesel et essence Mazout et gaz (serres)

Sources des données OFEV 2008: Consommation de carburant et émissions polluantes du secteur non routier Surfaces: OFS: Relevé des structures agricoles Consommation d’énergie: AEnEC 2011, non publié Nombre d’animaux: OFS

Mazout et gaz (étables)

Surface nécessaire par animal: ART 2008: ­Mesures des systèmes de stabulation

Electricité

OFEN 2010: Statistique globale de l’énergie

produits agricoles primaires (EK/EUROSTAT 2010a; Vinther et al. 2011). On l’obtient en faisant la somme de la consommation d’énergie directe et indirecte. L’énergie directe comprend la consommation inhérente au fonctionnement et à l’utilisation des machines et bâtiments agricoles. L’énergie indirecte ou énergie grise est la quantité d’énergie nécessaire à la fabrication des moyens de production, (p. ex. aliments pour animaux, engrais) et de l’infrastructure (p. ex. machines, bâtiments). Le calcul ne prend pas en compte la transformation ultérieure des produits (p. ex en fromage ou en vin), ni les activités agricoles comme l’agrotourisme (OFAG 2007). L’indicateur se réfère à l’ensemble du territoire suisse et est compatible avec les normes européennes. Base de données solide pour la consommation directe d’énergie Les calculs de la consommation directe d’énergie se fondent sur la consommation annuelle de carburants (diesel, essence) ainsi que la consommation de mazout, de gaz et d’électricité dans les serres et les étables (tabl. 1). Les calculs sont basés sur les statistiques officielles et les études des données de consommation effectives du secteur agricole. Il est parfois nécessaire d’estimer les besoins car les données correspondantes ne sont pas disponibles. Pour les carburants, par exemple, les informations ne sont publiées que tous les cinq ans (OFEV 2008). Les valeurs des années intermédiaires sont donc calculées par régression. Depuis 2005, la consommation de mazout et de gaz dans les serres est enregistrée en continu dans 120 serres dans le cadre d’un monitoring (AEnEC 2011). Depuis 1999, la consommation d’électricité par l’agriculture est également publiée chaque année (OFEN 2010). De grosses incertitudes subsistent dans le calcul de la consommation de mazout et de gaz des étables. L’amplitude de variation des valeurs relatives à la consommation d’énergie par place d’animal est énorme et pour les extrapolations, on dispose uniquement d’estimations faites par des experts.

Coefficient énergétique (équivalent MJ) Pouvoir calorifique inférieur (Conseil suisse de l’énergie)

Qualité des données Catégorie 2

Catégorie 1–2

Valeurs max./min. pour les étables avec équipement différent (Van Caenegem 2011)

Catégorie 2–3

Catégorie 1–2

La qualité des données est estimée suivant la méthode de Nathani et al. (2011): Catégorie de qualité 1: d onnées fiables sur la consommation réelle (statistiques officielles avec données annuelles). Catégorie de qualité 2: d onnées de consommation basées sur les besoins sans actualisation annuelle (p. ex. études, données des associations, données extrapolées). Catégorie de qualité 3: d onnées basées sur les estimations d’experts ou sur des paramètres auxiliaires. Les chiffres relatifs à la consommation d’énergie indirecte sont souvent incertains Outre l’énergie grise nécessaire à la production de carburants, de mazout, de gaz et d’électricité, le calcul de l’énergie indirecte comprend également l’énergie dépensée pour la fabrication des machines, des outils, des moteurs et des bâtiments agricoles (entrepôts, serres, étables). Ceci inclut également l’énergie indirecte des engrais minéraux, des produits phytosanitaires ainsi que des semences et des aliments pour animaux importés (tabl. 2). L’énergie indirecte comprise dans les machines agricoles est assortie d’une grande part d’incertitude car les informations sur la durée d’utilisation et le poids ne sont pas assez détaillées. La durée d’utilisation de 40 ans qui sert d’hypothèse pour les entrepôts et les serres est sans doute réaliste, mais n’est pas non plus certaine. Les nombres d’animaux sur lesquels se base le calcul de l’énergie indirecte des étables proviennent de la base de données en ligne de l’Office fédéral de la statistique. L’attribution des espèces animales aux différents bâtiments d’étables et à leur teneur en énergie est basée sur des estimations. On ne dispose pas non plus d’indications précises sur la durée d’utilisa- 

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 244–247, 2013

245


Eclairage | L'agriculture suisse toujours plus gourmande en énergie

Tableau 2 | Consommation indirecte d’énergie – bases de calcul et qualité des données Sources énergétiques

Sources des données

Coefficient énergétique (équivalent MJ)

Qualité des données

Diesel et essence

Cf. tabl. 1

Coefficient énergétique Ecoinvent moins pouvoir calorifique inférieur (Conseil suisse de l’énergie)

Catégorie 2

Mazout et gaz (serres)

Cf. tabl. 1

Coefficient énergétique Ecoinvent moins pouvoir calorifique inférieur (Conseil suisse de l’énergie)

Catégorie 1−2

Mazout et gaz (étables)

Cf. tabl. 1

Coefficient énergétique Ecoinvent moins pouvoir calorifique inférieur (Conseil suisse de l’énergie)

Catégorie 2−3

Electricité

Cf. tabl. 1

Coefficient énergétique Ecoinvent moins pouvoir calorifique du courant (3,6 Eq MJ)

Catégorie 1−2

Ecoinvent (6 catégories)

Catégorie 2−3

Ecoinvent (construction en bois non isolée)

Catégorie 2−3

Rossier (2000)

Catégorie 2

SALCA (spécifique en fonction du type d’étable)

Catégorie 2−3

Administration fédérale des douanes AFD

Ecoinvent (6 catégories), Rossier (2000)

Catégorie 1

Produits phytosanitaires

OFAG, non publié

Ecoinvent (spécifique en fonction du produit phytosanitaire)

Catégorie 2

Importation de semences de céréales

OFS 2003

Rossier 2000

Catégorie 1

Importation d’aliments pour animaux

Administration fédérale des douanes

Ecoinvent (spécifique en fonction de l’aliment)

Catégorie 1

Nombre: OFS 2003 Machines agricoles, outils et moteurs

Poids: rapports FAT, informations des fabricants, rapports de test, chiffres internes ART Durée d’utilisation: Rapport ART- 747 (CoûtsMachines 2011) Nombre de machines: OFS 2003

Entrepôts

Surfaces nécessaires: Rapport FAT- 590 Durée d’utilisation: Bureau d’estimation des bâtiments Zurich, communication orale (40 ans) Surface: OFS: Relevé des structures agricoles

Serres

Durée d’utilisation: Bureau d’estimation des bâtiments Zurich, communication orale (40 ans) Nombre d’animaux: OFS: Recherche base de données en ligne

Etables

Répartition des espèces d’animaux par cat. d’étable Cat. d’étable: estimation ART Surface nécessaire catégories d’étable: ART 2008, DBF-GCH 2009, Calendrier Wirz 2012 Durée d’utilisation: Bureau d’estimation des bâtiments Zurich, communication orale (40 ans)

Engrais minéraux

tion des étables, de sorte que les chiffres ont une grande part d’incertitude. A l’opposé, les calculs énergétiques des engrais minéraux, des aliments pour animaux et des semences reposent sur des séries de données actualisées chaque année qui reflètent la consommation effective de l’agriculture (Administration fédérale des douanes, AFD 2003). La consommation énergétique de l’agriculture suisse La figure 2 montre que la consommation totale d’énergie en 2010 a nettement augmenté par rapport à 1990 (>10 %). Après un léger recul au départ, les chiffres n’ont cessé d’augmenter depuis 2001.

246

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 244–247, 2013

Au total, la consommation d’énergie directe n’a pratiquement pas varié au fil des ans. On observe certes une légère hausse de la consommation d’électricité et de carburants, mais parallèlement on constate un recul du même ordre de la consommation de mazout et de gaz. Par conséquent, les évolutions de la consommation totale d’énergie proviennent essentiellement des variations de l’énergie indirecte, qui, avec près de 70 %, représente un part décisive de la consommation totale d’énergie. Dans la période considérée, la consommation d’énergie indirecte a nettement augmenté (de 38 à 43 GJ/ha). Une grande partie de cette énergie se trouve dans les bâtiments et les machines agricoles. En outre,


L'agriculture suisse toujours plus gourmande en énergie | Eclairage

Consommation énergétique[GJ/ha]

70 Energie indirecte Mise à disposition d’énergie directe Machines, outils, moteurs Bâtiments Engrais minéraux Produits phytosanitaires Importations de semences de céréales Importations d’aliments pour animaux

60 50 40 30

Energie directe Carburants Mazout et gaz Electricité et énergies renouvelables Energie directe (GJ/ha)

20 10 0 1990

1992

1994

1996

1998

2000

2002

2004

2006

2008

2010

Figure 2 | Indicateur environnemental «Consommation énergétique de l’agriculture» – Evolution de 1990 à 2010.

du fait de l’extension de la production animale, il est nécessaire d’importer davantage d’aliments pour les animaux. Les chiffres des engrais minéraux, eux, ont baissé de 1990 à 1998 et sont stables depuis lors. Les produits phytosanitaires et les semences de céréales importées ne représentent pas un pourcentage significatif dans la consommation d’énergie indirecte. Perspectives L’évolution de la consommation énergétique agricole déterminera en grande partie la durabilité, l’efficience et la compétitivité du secteur agricole à l’avenir. Il est donc important de continuer à la surveiller à l’aide de l’indicateur environnemental «Consommation énergétique de l’agriculture». La méthode de calcul est simple sur le principe et ne pose aucun problème. Elle se base

sur des chiffres énergétiques spécifiques relatifs à la teneur énergétique par unité (p. ex. par kg ou m²) ou sur des données de la base Ecoinvent. A l’avenir, il serait souhaitable d’améliorer la qualité des sources de données (notamment dans le domaine de la production animale et dans celui des machines et des bâtiments agricoles) et de saisir tous les paramètres importants pour obtenir une représentation de la consommation énergétique de l’agriculture suisse qui soit la plus proche possible de la réalité. Informations complémentaires Des détails sur les méthodes de calcul, la bibliographie et d’autres informations de fond sont disponibles sur le site www.agrartechnik-agroscope.ch. n

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 244–247, 2013

247


P o r t r a i t

Martin Scheeder: tranches de vie Martin Scheeder est professeur en qualité et technologie de la viande à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL. Il est également responsable de la recherche et du développement pour la qualité de la viande et des carcasses chez SUISAG. Cela fait plusieurs années qu’il partage son temps entre la HAFL et le Centre de prestations pour la production porcine. Ces deux aspects de son activité professionnelle ont un point commun constituant un fil rouge que Martin Scheeder suit depuis toujours: son intérêt scientifique pour la viande. Lors de ses études d’agronomie à l’Université GeorgAugust de Göttingen, il avait déjà choisi de se spécialiser en production animale plutôt qu’en sciences végétales. Pour lui, cette décision était évidente: «J’ai toujours trouvé les animaux plus passionnants que les plantes. À mon avis, ils sont tout simplement plus complexes et m’ont donc toujours plus intéressé.» Et d’ajouter, presque philosophiquement: «Ce n’est que grâce à l’élevage de bétail et à la chasse que les hommes ont pu coloniser des régions inhospitalières comme la Mongolie ou l’Arctique par exemple.» Avec ses travaux de diplôme et de thèse, Martin Scheeder a encore approfondi ses connaissances en production animale et fait de la viande l’objet principal de ses recherches scientifiques. L’idée de mener une activité à cheval entre l’agronomie et les sciences alimentaires le fascine particulièrement: «D’un côté, il y a l’animal en tant que modèle physiologique avec ses compétences, ses exigences et ses propriétés. En même temps, l’animal est également un produit de consommation pour nous, les humains.» Déménagement dans sa deuxième patrie Martin Scheeder est venu en Suisse il y a plus de 15 ans. La Suisse est son pays d’origine du côté maternel et il avait appris à la connaître et à l’apprécier lors de nombreuses visites avant de s’y installer. Toutefois, ce qui l’a attiré en Suisse n’est pas son attachement pour ce pays, mais une offre d’emploi pour un posteà l’EPF de Zurich. Évidemment, tout tournait également autour de la viande dans ce nouveau poste. Engagé comme professeur en alimentation animale et en biologie de la nutrition, il s’est ménagé une place entre les deux groupes de recherche en faisant de la qualité des produits animaliers sa spécialité.

248

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 248, 2013

Toujours plein d’appétit N’importe qui ayant passé près de 30 ans à s’occuper intensivement de production animale, de qualité de la viande ou de carcasses pourrait bien en avoir assez et préférer ne plus jamais entendre parler de viande. Ce n’est pas le cas de Martin Scheeder. La thématique l’intéresse toujours au plus haut point et il ne renie pas non plus les plats à base de viande: «Malgré mon travail, je mange de la viande. Même les saucisses sont fréquemment au menu chez moi.» Malgré son activité de chercheur, il peut donc profiter sans arrière-pensée du contenu de son assiette et ne soumet pas forcément ce dernier à une analyse qualitative scientifique. D'après lui, une bonne qualité de l’alimentation est très importante, et ce pas uniquement pour la viande… Matthias Zobrist, Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen


A c t u a l i t é s

Actualités Les stades phénologiques des fruits à ­pépins en grand format!

Stades phénologiques repères du poirier Auteurs: Bernard Bloesch et Olivier Viret, Agroscope, 1260 Nyon

0 Repos hivernal

5 Apparition de l’inflorescence

Bourgeon d’hiver

6 Floraison

7 Développement des fruits

(dormance)

Gonflement des bourgeons

Début floraison

00 (A)

51 (B)

61 (F)

Eclatement des bourgeons

Code BBCH

Code Baggiolini

00 51 ➝ 59 61 ➝ 69 71 ➝ 77 81 ➝ 89

(A) (B ➝ E2) (F ➝ H) (I ➝ J)

Nouaison 71 (I)

Début maturation 81

Pleine floraison

53 (C)

Stades 0 = Repos hivernal 5 = Apparition des inflorescences 6 = Floraison 7 = Développement des fruits 8 = Maturation des fruits

8 Maturation des fruits

Taille noisette 72 (J)

65 (F2)

Oreille de souris 54 (C3)

Bouton vert

Maturité avancée

Floraison déclinante

56 (D)

85

Stade T

67 (G)

74

Agroscope | AMTRA

Sources b Baggiolini M., 1952. Les stades repères dans le développement annuel de la vigne et leur utilisation pratique. Revue romande d’Agriculture et d’Arboriculture 8 (1), 4–6. b Lancashire P. D., Bleiholder H., Van Den Boom T., Langelüddeke P., Stauss R., Weber E. & Witzenberger A., 1991. A uniform decimal code for growth stages of crops and weeds. Ann. appl. Biol. 119, 561–601. b Hack H., Bleiholder H., Buhr L., Meier U., SchnockFricke U., Weber E. & Witzenberger A., 1992. Einheitliche Codierung der phänologischen Entwicklungsstadien mono- und dikotyler Pflanzen. – Erweiterte BBCH-Skala, Allgemein. Nachrichtenbl. Deut. Pflanzenschutzd. 44 (12), 265–270.

Bouton rose 57 (E)

Ballonnets 59 (E2)

Fin floraison

Croissance des fruits

69 (H)

77

Récolte maturité gustative 87– 89

Photographies: Carole Parodi

Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra

Les deux affiches peuvent être commandées au prix de CHF 30.– le poster (port inclus) auprès de: AMTRA, Mme Antoinette Dumartheray, route de Duillier 50, ­ case postale 1006, 1260 Nyon 1, tél. +41 79 659 48 31, e-mail: info@revuevitiarbohorti.ch ou sur www.revuevitiarbohorti.ch Stades phénologiques repères du pommier Auteurs: Bernard Bloesch et Olivier Viret, Agroscope, 1260 Nyon

0 Repos hivernal

5 Apparition de l’inflorescence

Bourgeon d’hiver

6 Floraison

7 Développement des fruits

(dormance)

Gonflement des bourgeons

Début floraison

00 (A)

51 (B)

61 (F)

8 Maturation des fruits

Nouaison 71 (I)

Début maturation

Eclatement des bourgeons

81

53 (C)

Stades 0 = Repos hivernal 5 = Apparition des inflorescences 6 = Floraison 7 = Développement des fruits 8 = Maturation des fruits

Oreille de souris 54 (C3)

Code BBCH

Code Baggiolini

00 51 ➝ 59 61 ➝ 69 71 ➝ 77 81 ➝ 89

(A) (B ➝ E2) (F ➝ H) (I ➝ J)

Pleine floraison

Taille noisette

65 (F2)

72 (J)

Bouton vert 56 (D)

Stade T 74

Sources

Agroscope | AMTRA

2 posters de 100 x 70 cm, en français, allemand ou italien Après deux ans de relevés photographiques au verger, à guetter patiemment les moments caractéristiques du développement des arbres fruitiers à pépins, l’AMTRA se réjouit de proposer le cycle complet du pommier (cv. Gala) et du poirier (cv. William’s) aux arboriculteurs professionnels et amateurs, en format poster et dans les trois langues nationales. Du débourrement du bourgeon hivernal au fruit prêt à être récolté, l’année végétative est ainsi décrite en 18 étapes magnifiquement illustrées et codifiées selon le système international BBCH applicable à toutes les plantes cultivées. Les photographies originales ont été prises dans des parcelles d’Agroscope, à Changins. Ces documents sont destinés aux producteurs, aux instances agricoles et aux formateurs, mais constituent aussi une très belle décoration pour stands d’exposition, salles de réunion ou espaces de vente.

Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche DEFR Agroscope

b Baggiolini M., 1952. Les stades repères dans le développement annuel de la vigne et leur utilisation pratique. Revue romande d’Agriculture et d’Arboriculture 8 (1), 4–6. b Lancashire P. D., Bleiholder H., Van Den Boom T., Langelüddeke P., Stauss R., Weber E. & Witzenberger A., 1991. A uniform decimal code for growth stages of crops and weeds. Ann. appl. Biol. 119, 561–601. b Hack H., Bleiholder H., Buhr L., Meier U., SchnockFricke U., Weber E. & Witzenberger A., 1992. Einheitliche Codierung der phänologischen Entwicklungsstadien mono- und dikotyler Pflanzen. – Erweiterte BBCH-Skala, Allgemein. Nachrichtenbl. Deut. Pflanzenschutzd. 44 (12), 265–270.

Bouton rose 57 (E)

Maturité avancée 85

Floraison déclinante 67 (G)

Ballonnets 59 (E2)

Fin floraison

Croissance des fruits

69 (H)

77

Récolte maturité gustative 87– 89

Photographies: Carole Parodi

Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra

Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche DEFR Agroscope

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 249–251, 2013

249


Actualités

M C oem d ime un nmi iqtut e é isl ud ne gperne s s e

www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen www.agroscope.admin.ch/communiques 29.04.2013 Détruire le souchet comestible à la vapeur Le souchet comestible a encore gagné du terrain en 2012. Cette plante adventice envahissante menace la flore indigène et les plantes cultivées. Le problème s'est aggravé ces dernières années et il est urgent de trouver de nouvelles solutions. La détection précoce des nouveaux foyers continue d’être d’actualité, de même que l’arrachage sur un large périmètre et l’élimination des déchets, pour éviter la contamination du champ entier. Les chercheurs d'Agroscope ont testé une alternative: traiter ces indésirables à la vapeur. Les premiers résultats montrent que cette technique, bien qu’onéreuse et énergivore, offre néanmoins l’avantage de laisser le sol en place.

25.04.2013 Visions de l’avenir de la recherche équine en Suisse A l’occasion de sa 8ème réunion annuelle le 25 avril 2013 à Avenches, le Réseau de recherche équine en Suisse a voulu chercher à s’inspirer de ce qui se passe au-delà de nos frontières pour poser à temps des jalons pour le futur. Des chercheurs venus de France et d’Allemagne ont ainsi présenté comment les chevaux pourront être entraînés à l’avenir, ou comment évaluer la personnalité d’un cheval. Ces deux sujets gagnent en importance tant pour les chevaux de sport que pour les chevaux de loisirs. Les travaux de recherche que les jeunes chercheuses et chercheurs de Suisse ont présentés à l’occasion de cette journée ont suscité un vif intérêt.

15.04.2013 Agroscope lance Divico, un premier cépage multi-résistant profilé pour la viticulture du futur Après le beau succès des cépages Gamaret, Garanoir, Diolinoir, Carminoir et Galotta, sélectionnés par Agroscope pour leur potentiel de qualité et leur résistance à la pourriture du raisin, la recherche s’est attelée, dès 1996, à créer des variétés résistantes aux principales

250

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 249–251, 2013

maladies fongiques de la vigne. Cette année, Agroscope présente le premier cépage rouge doté d’une résistance élevée au mildiou, à l’oïdium et à la pourriture grise, et dont la qualité des vins se rapproche de celle du Gamaret. Divico, ainsi nommé en l’honneur de notre mythique chef helvète, ouvre la voie vers une viticulture plus écologique en permettant de réduire drastiquement l’utilisation des produits phytosanitaires.

04.04.2013 Récolte 2012: infestation accrue par les champignons du genre Fusarium dans le maïs et le blé En 2012, l’infestation par les champignons du genre Fusarium dans le maïs-ensilage, le maïs-grains et le blé d’automne était plus marquée que les années précédentes. La charge en produits toxiques générés par le métabolisme de ces champignons a plusieurs fois dépassé les valeurs indicatives et limites. C’est ce que montrent des études réalisées par Agroscope sur mandat des cantons de Berne et d‘Argovie. Pour le maïs, on recommande des variétés et des récoltes précoces. Dans le cas du blé d’automne, un assolement approprié, le travail du sol ainsi que le choix de variétés peu sensibles peuvent réduire le risque d’infection.

25.03.2013 L’ambroisie sous contrôle Au cours de l’hiver 2012/2013, Agroscope a fait analyser plus de 50 échantillons de mélanges de graines destinées aux oiseaux vivant en liberté, dans le cadre du contrôle officiel des aliments pour animaux, afin de détecter l’éventuelle présence de graines d’ambroisie. Hormis deux aliments pour animaux fabriqués à l’étranger, tous les échantillons étaient exempts de ces graines indésirables. Ceci peut être considéré comme un succès dû à la surveillance systématique en place depuis 2005 et aux efforts entrepris par les fabricants.


Actualités

Liens Internet

Manifestations

La société suisse de nutrition SSN est sur Facebook www.facebook.com/sgessn La Société suisse de nutrition SSN est désormais sur Facebook. Les utilisateurs et amis de la SSN peuvent ainsi être informés en premier lieu des faits les plus récents de la science de l’alimentation, ainsi que des événements importants relatifs à la nutrition. Une plate-forme est également à disposition des utilisateurs, pour échanger des recettes, recevoir les dernières informations en continu de la SSN, découvrir ses nouveaux produits, ainsi que les nouvelles de Tabula, son journal de l’alimentation.

D a rnssc h l ea up r o c h a i n n u m é r o Vo Juin 2013 / Numéro 6

Mai 2013 22. – 23.05.2013 Fachtagung Düngerkontrolle MARSEP-/VBBo-­ Ringversuche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART et OFAG Berne 28.05.2013 Die wichtigsten Anbausysteme der Schweiz im Vergleich Wissenschaftstagung und 1. Flurbegehung Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Zürich 30.05.2013 AGFF-Tagung AGFF / Agroscope / Inforama Innereriz BE Juin 2013

Des chercheurs d’Agroscope ont comparé la qualité du lait produit dans des exploitations laitières dotées d’un robot de traite et celle de lait produit dans des exploitations avec salle de traite. Leur objectif était d’étudier l’influence d’une installation de traite robotisée sur la technique de traite et la qualité du lait. (Photo: Agroscope)

••Traite robotisée et qualité du lait de fromagerie: des améliorations sont requises, Ernst Jakob et al., ALP-Haras ••Foin ou haylage dans l’alimentation des chevaux, Johanna Besier et al., ALP-Haras ••Série AlpFUTUR: Simulation du reboisement en 2021 et diversité des espèces dans la région d’estivage, Beatrice Schüpbach et al., ART ••Série AlpFUTUR: Les fonctions de l’économie alpestre jugées par la population, Xenia Junge et Marcel Hunziker, WSL ••Essais de variétés de trèfle d’Alexandrie et de trèfle d’Incarnat, Rainer Frick, ACW

07. – 08.06.2013 Journées porte ouverte 2013 Agroscope Changins-Wädenswil ACW Wädenswil 19. – 20.06.2013 Agrartechniktage Tänikon Agroscope Reckenholz-Tänikon ART Ettenhausen Juillet 2013 02. – 05.07.2013 ISHS Fireblight 2013 Agroscope Changins-Wädenswil ACW et ETH Zurich ETH Zurich Août 2013 23.08.2013 Journée d'information plantes médicinales et ­aromatiques Agroscope Changins-Wädenswil ACW Attiswil BE

•• Sensibilité de la pomme de terre à la pourriture molle provoquée par Dickeya spp., David Gerardin et al., ACW ••Au secours des faons, Nicole Berger, HAFL ••Liste recommandée des variétés de blé pour la récolte 2014, Jürg Hiltbrunner et Lilia Levy, ART und ACW

Informationen: Informations: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen www.agroscope.admin.ch/manifestations

Recherche Agronomique Suisse 4 (5): 249–251, 2013

251


Branchentreffen

im Rahmen der Tage der offenen Tür

Obst, Gemüse und Wein

Forschung erleben

Agroscope in Wädenswil Freitag, 7. Juni, 8.30 – 13 Uhr

Agroscope in Wädenswil, 7. und 8. Juni 2013

Gemüsebau, 8.30 – 11.30 Uhr, Aula der ZHAW, Wädenswil Grundlagen sowie phytopathologische und pflanzenbauliche Aspekte der Gründüngung.

Agroscope und die Zukunft, 11.45 Uhr, Agroscope Referat von Bernard Lehmann, Direktor des Bundesamtes für Landwirtschaft

Weinbau, 9.00 – 11.20 Uhr, Festzelt, Agroscope 18. Hefe- und Weinbautagung: Hefeversuche bei RieslingSilvaner und Blauburgunder. Blauburgunder-Klone im Vergleich. Anmeldung erforderlich: www.agroscope.ch Obstbau, 9.15 – 11.20 Uhr, Sandhof, Wädenswil Pflanzenschutzstrategien zur Rückstandsvermeidung, Totaleinnetzung, Einfluss von Pflanzenschutzstrategien auf Lagerung und Qualität.

Landwirtschaft – Lebensmittel – Umwelt

Gemeinsamer Apéro der Branchen, 12.15 Uhr, Agroscope. Freier Rundgang Tage der offenen Tür, ab 13 Uhr Anfahrt mit dem Auto: Ausfahrt Wädenswil und Wegweiser Parkplatz Geeren folgen. Shuttle-Bus zur Hochschule (Gemüsebau), zur Forschungsanstalt (Weinbau) und zum Sandhof (Obstbau). Anfahrt mit dem Zug: Bis Bahnhof Wädenswil, Bus 123, 126 oder 150 bis «Hochschule» (Gemüsebau); Bus 123 oder 126 bis «Forschungsanstalt» oder Bus 150 oder 160 bis «Mühlebach» (Weinbau); Bus 150 oder 160 bis «Sandhof» (Obstbau).

www.agroscope-forschung-erleben.ch

Für mehr Infos diesen QR Code mit Ihrem Smartphone scannen

Schweizerische Eidgenossenschaft Confédération suisse Confederazione Svizzera Confederaziun svizra

Eidgenössisches Departement für W irtschaft, Bildung und Forschung WBF Agroscope

Mittwoch/Donnerstag, 19./20. Juni 2013

Tänikoner Agrartechniktage Forschungsanstalt Agroscope, Tänikon, Ettenhausen TG

Trends und Aussichten der Agrartechnikbranche • Farmstar – satellitengestütztes Management von Getreidefeldern • Blackenbekämpfung im Biolandbau – Durchbruch in Sicht? • TASC 3 berechnet Druckausbreitung, Zugkraft und Treibstoffverbrauch • Automatische Lenksysteme • Ecodrive – Neue Initiative zum Spritsparen • Anhängerbremsen und Sicherheit im Strassenverkehr

inserat_a5_agrartechnik_13.indd 1

Patronat Agrartechnikforum Schweiz Tagungsort Forschungsanstalt Agroscope Refental, Tänikon CH-8356 Ettenhausen TG Detailprogramm und Anmeldung: www.agroscope.ch >Veranstaltungen

10.04.2013 08:29:26


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.